Nouvelle Societe

11-09-09

Les anticomplotistes

Filed under: Auteur — pierrejcallard @ 8:38

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En ce 11 septembre, il est bon de se rappeler que tout n’a pas commencé avec la chute des tours du World Trade Center le «911», même si c’est à partir de là que c’est devenu très grave. Il y a toujours eu des gens pour penser que l’explosion du «Maine», le bombardement de Pearl Harbour, le soin qu’on a mis a ce que Hess ne raconte jamais son histoire et mille autre faits pouvaient cacher autre chose. Pour chacun qui l’a pensé, il y a eu quelqu’un pour dire «paranoia!».

À chaque complot vrai ou présumé, il y a ceux qui y croient… et ceux qui n’y croient pas. Il y a toujours eu des gens naïfs qui croient à toutes les rumeurs de complots… et d’autre encore plus naïfs qui pensent qu’il n’y a jamais de complots: les «anticomplotistes». A partir d’un certain seuil, l’anticomplotisme est une forme de stupidité.

Une stupidité, car dès que deux personnes qui visent un but arriment leurs actions et font en sorte que les autres ne le sachent pas, il y a un complot. Toutes les transaction d’affaires sont des complots. Toutes les stratégies sont des complots. La plupart des rendez-vous galants sont des complots et ce qu’on en dit dans les «powder rooms» en révèle bien d’autres…

Penser que les partis politiques relatent des faits véridiques et les commentent en toute franchise, sans autre but que le bien du peuple, est d’une naïveté qui confine à la stupidité. Croire que quoi que ce soit qu’on nous dit est bien «toute la vérité et rien que la vérité» est une faiblesse de jocrisse.

Je suis donc un peu las de voir des gens qu’on souhaiterait plus doués ou moins hypocrites, déchirer leurs vêtements d’indignation quand on leur dit que la crise financière actuelle est un complot. Elle n’est pas un complot parce qu’elle n’est pas bien réelle, mais parce qu’elle n’a pas eu les causes qu’on nous dit et mènera encore moins aux conséquences qu’on nous annonce.

Elle est un complot parce que tout ce qui bouge dans l’univers politico-financier ne cherche pas à la régler, mais à en tirer parti pour ses propres intérêts. Cela vaut aussi pour ceux chez-nous qui proposent des solutions à la crise, en disant le moins possible sur les moyens qu’ils prendront pour la résoudre, ce qui leur donne la plus grande liberté de manœuvre pour danser ça en tango.

Quand vous vous serez jeté dans leur bras, ce sera un pas en arrière aussi souvent qu’un pas en avant… et on vous collera de très, très près. Ne croyez pas trop que vos partenaires vous aiment. Le tango a été d’abord une danse de voyous.

Politicien ou financier, regardez votre danseur mondain dans les yeux: vous verrez «complot» au fond de sa prunelle.

Pierre JC Allard

07-07-14

LE JEU ÉLECTORAL

Filed under: Auteur — pierrejcallard @ 12:00

 (N.B   Ce texte  est long et n’est pas d’actualité . Il n’a pas été écrit pour que vous le lisiez en ligne,  mais pour que vous le mettiez en référence dans vos archives)

LE JEU ÉLECTORAL

00 quijote couverture

 

INTRODUCTION :

Je me suis toujours intéressé à la politique. J’ai écrit sur divers sites, des commentaires, des billets, des articles… Écrit aussi des bouquins dont la politique est le contexte ou le leitmotiv et dont le processus électoral est un élément important. Comment n’aurai-je pas eu la curiosité d’aller voir ca de plus près…. ?

De plus près et même en y devenant un acteur ! Je l’ai fait, en me portant candidat à quelques reprises. J’ai ainsi vécu trois (3) campagnes électorales dans le rôle de « Don Quichotte » et sans y investir les moyens sans lesquels il est impossible de mener ces aventures à terme, mais toujours avec plaisir. Bon choix bien assumé de causes sans espoir, car si le destin facétieux eut fait que je sois élu à quelque fonction que ce soit, mes objectifs de carrière et ma vie même en auraient été assez fâcheusement bouleversés…

Résultat ssans surprise, donc, de ces barouds d’honneur, mais il ne faut pas croire que j’ai vécu ces luttes en dilettante. Je les ai conduites sabre au clair, toujours en y mettant toute la passion et l’énergie qui donnent leur valeur a ce genre d’expériences.  J’en ai pris prétexte pour écrire et diffuser, ici un programme quand j’ai cru qu’on manquait tragiquement d’un programme, là un journal de bord, quand il ma semblé qu’il était bon que soient mieux connues les péripéties standard d’une élection au Québec rural, au tout début du XXIe siècle

J’ai réuni dans ce livre ce qui m’a semblé valoir d’être dit de quatre (4) épisodes distincts de mon flirt vivace avec notre démocratie électorale

 

1)         Ma candidature a la mairie de Montréal en 1994, course dont je me suis retiré la veille du scrutin afin que les résultats ne soient biaisés en aucune façon par les quelques votes qui auraient pu m’échoir . L’intéressant, cette fois était le programme, car aucun des candidas n’avait proposé quoi que ce soit d’original qui eut mérité qu’on en discutât. J’ai eu souvent par la suite eu impression, que ce programme de 1994, correctement dépoussiéré, aurait pu être encore utile pour les deux ou trois élections subséquentes…

2)         La description au jour le jour de mes activités et de mes réflexions comme candidat du NPD dans la  circonscription de Saint-Maurice-Champlain en 2004

3)         Le suivi quotidien que j’ai fait, comme blogueur, de la campagne provinciale de 2008. Une tout autre perspective, quand tout esprit partisan est enlevé et qu’on ne se pose plus en candidat, concurrent pour convaincre, mais en spectateur pour chercher une logique aux gestes posés par tous.

4)         Lorsque a débuté de la campagne de 2012., il y avait des thèmes dont je croyais essentiel qu’ils soient au moins identifiés. Il est vite appartu qu’ils ne le seraient pas… Mettant à profit un candidature comme candidat indépendant dans Westmount-St-Louis, j’ai eu l’occasion de parler quelques fois de ces thèmes a la radio et j’en ai aussi tiré prétexte à écrire quelques billets… que je crois toujours d’actualité.

 

A) Un programme pour Montréal – 1994

 

A l’automne 1994, il était évident qu’aucun candidat à la Mairie de Montréal n’allait apporter quelque proposition que ce soit pour résoudre les problèmes de la ville. J’ai décidé alors – comme je le disais à l’époque – «d’offrir un programme sans candidat comme solution de rechange à des candidats sans programmes».

Il en est résulté 18 propositions concrètes, une esquisse de budget et un scénario de fonctionnement du conseil municipal, le tout constituant un programme. Malheureusement, les medias, dans l’intention avouée de restreindre la lutte aux 4 partis en lice à l’exclusion des candidats indépendants, ont totalement occulté ce programme.

ll y avait à ce choix des medias une certaine ironie, puisque l’un des éléments fondamentaux de ce programme était de dénoncer les conséquences néfastes d’une structure partisane au palier municipal. Compte tenu de ce qu’avait vécu Montréal depuis la dernière élection on aurait pu espérer que les medias auraient été, en 1998, plus ouverts à considérer une alternative au système des «partis» qui ne sont que des « machines à faire élire », sans programmes, sans principes directeurs et sans cohésion.

Considérant que rien d’original n’avait été proposé cette année là non plus, j’ai pensé mettre alors en évidence sur ce site, sans RIEN EN MODIFIER, ce programme de 1994. Bien sûr, ce programme devrait aujourd`hui, en 2002, être remis à jour, ne serait-ce que pour changer les chiffres avancés à l’époque. Mise à part la proposition de création d’une entité métropolitaine – ce qui est enfin chose faite – les autres éléments de ce programme demeurent étonnamment d’actualité. Serait-ce que nous ne nous sommes pas beaucoup déplacés … ?

Mon but n’est évidemment plus de faire accepter ce programme; on peut désormais faire bien mieux. Je voudrais simplement inviter tout le monde à proposer des solutions aux problèmes de Montréal, aux problèmes des villes en général.

On remarquera que certaines des propositions qui sont faites devraient, si notre société fonctionnait à peu près correctement, être réalisées par les gouvernements de Québec ou d’Ottawa plutôt qu’au palier d’une ville. Je ne fais pas ici ces propositions parce que je confond les responsabilités des divers paliers de gouvernement, mais en application du principe que, quand le conducteur s’endort, le passager le mieux placé pour ce faire a le devoir de saisir le volant.

 

Pierre JC Allard

 

Préambule.  Penser une ville… en dix-huit (18) propositions

1. MONTRÉAL: Une ville, une voix, un avenir 
Créer le Grand Montréal: une structure démocratique qui réunira les pouvoirs d’une Région administrative du Québec, de la CUM et de ses villes constituantes.

2. Une ville ouverte au monde
Montréal doit affirmer son IDENTITÉ multiculturelle. Créer un Conseil Consultatif des Communautés Culturelles et permettre l’usage subsidiaire de l’anglais, langue internationale, dans tous les cas où l’intérêt de la Ville et de ses citoyens l’exige.

3. Une ville sans violence
Priorité à la lutte contre la violence. Créer un service de quarteniers bénévoles, former des volontaires au sein des diverses ethnies de Montréal, subventionner le raccordement du domicile au poste de police, protéger les chauffeurs de taxi en organisant le paiement des courses par cartes de crédit et cartes à puces.


4. Sourire et en vivre
Priorité au tourisme. Faire de Montréal la «Capitale de l’Été», organiser des festivals des communautés culturelles et établir dans les Îles une ambiance de France à prix nord-américains.


5. Le pari de l’hospitalité
Amener le « carnet de réservations » de Montréal, comme ville hôte de congrès, au niveau de Paris et de Londres. Planifier l’établissement d’entreprises de pointe, « en grappes » avec les PME qui approvisionnent ces industries de pointe.


6. Que la solidarité ait une ville…
Mettre immédiatement en marche un programme d’urgence pour lutter contre la misère, dès cet hiver. Remettre à chaque résidant de Montréal une Carte de Citoyen qui pourra porter la mention « solidarité» et lui conférer alors certains avantages.


7. Solidarité «Transport»
Obtenir que la Carte de Citoyen – « solidarité» soit acceptée comme équivalent de la CAM et doubler le réseau du métro par une utilisation des voies du CN et du CP. Pour les automobilistes, un système de prise en charge des voitures au centre-ville avec retour à heure fixe ou sur appel.

8. Solidarité «Habitat»
Faire désigner un curateur à l’itinérant et lui fournir gîte et couvert contre paiement d’un montant prélevé de son allocation du B.S. Créer un organisme qui aidera ceux qui veulent partager un même logement et demander à Québec l’abrogation de la norme pénalisant les assistés sociaux qui veulent le faire.

9. Un toit bien à soi
Montréal apportera sa caution, à la hauteur de 5 000 $, aux locataires achetant le logement qu’ils occupent, à condition qu’ils aient un emploi stable et que leurs paiements mensuels subséquents n’excèdent pas 35% de leur revenu. Montréal favorisera aussi la vente des logements sociaux à ceux qui les habitent, limitant ensuite son aide au logement social à des subventions à la location des logements existants.

10. Solidarité «Interface»Montréal lancera un projet pour faciliter le placement des travailleurs, par téléphone ou ordinateur. Montréal distribuera également à la population un guide des organisations de bénévolat.

11. Culture «à la carte»
Montréal, établira un Centre de Réservation des Activités Culturelles de Montréal et assumera le coût de six événements, à la hauteur de 10 $ par événement, pour chaque détenteur d’une Carte de Citoyen – «solidarité». Montréal avancera aussi les fonds pour la préparation des événements culturels à la hauteur de la valeur des réservations reçues pour cet événement.

12. Tous au stade, ensemble
Montréal prendra position en faveur du soutien à la venue et au maintien à Montréal de franchises de ligues majeures et négociera une entente pour assurer l’entrée gratuite des détenteurs de Cartes de Citoyen – « solidarité» aux matchs des Expos de même qu’aux rassemblements des Montréalais pour certaines activités culturelles ou sportives.

13. Une ville de beauté
Montréal, définira ce qui a valeur historique sur son territoire et mettra ce patrimoine à l’abri; ce qui ne sera pas « à préserver » pourra être modifié sans tracasseries. Avec l’accord des riverains, Montréal lancera un concours ouvert à tous les architectes pour planifier à long terme une rue modèle.

14. Les infrastructures
Montréal fera l’inventaire de ses infrastructures, déterminera les travaux à faire et en annoncera le calendrier ferme de réalisation. Au moment d’accorder les contrats, on tiendra mieux compte des mesures prises par les entrepreneurs pour minimiser les inconvénients des travaux à exécuter.

15. Une fiscalité réaliste
Montréal présentera une demande d’octroi au Gouvernement du Québec, accompagnée d’une étude comparative du statut et des moyens de financement des grandes villes nord-américaines, demandant qu’on lui accorde un potentiel effectif de financement et un octroi complémentaire lui permettant, à responsabilités égales et fardeau égal pour ses résidants, de disposer d’un budget équivalent à celui dont jouit la grande ville « moyenne » d’Amérique du Nord. C’est à partir de ce budget « moyen » que Montréal relèvera le défi d’atteindre l’excellence.

16. Budget «Choix multiples»
Montréal présentera chaque année, à partir de 1996, trois plans d’action correspondant à des taux d’imposition différents, s’assurant préalablement que les trois plans protègent bien les droits des plus faibles et vont dans le sens de la justice sociale.

17. Une démocratie pour agir Structures pour l’action ontréal clarifiera les responsabilités du maire et des conseillers, le premier « proposant » – et « exécutant » avec l’aide du Secrétaire général – les seconds « légiférant ». Le Maire devra être un leader sans allégeance, les Conseillers des décideurs sans parti pris et le Secrétaire général un administrateur efficace. Des Conseils Consultatifs bénévoles apporteront leur contribution.

18. Une administration à l’écoute
Aucun projet ne sera soumis au Conseil si les sondages indiquent qu’une majorité de la population s’y oppose. La Mairie adressera chaque semaine aux médias un document synthèse de son action. Montréal apportera son soutien aux journaux de quartiers, faisant d’eux les relais privilégiés des communications entre l’administration municipale et la population.

CONCLUSION : agir et interagir Un nouveau processus de discussion et de décision au Conseil Municipal, accéléré au cours des mois de novembre et décembre 1994, permettra de faire face aux urgences et de reprendre le contrôle du destin de la Ville.

Pierre JC Allard

 

1.MONTREAL: Une ville, une voix, un avenir

Montréal – la communauté réelle – a bien grandi depuis un demi-siècle, passant de un à trois millions d’habitants. Pendant ce temps, les frontières formelles de la municipalité sont restées à peu près les mêmes. Nous avons donc aujourd’hui une ville privée des deux-tiers de sa population… et deux millions de banlieusards privés de leur ville. C’est inviter les injustices fiscales et des querelles intestines entre Montréal et ses banlieues, les « quartiers » de ce tout réel que constitue le Grand Montréal.

Pire, ce Grand Montréal – qui a son identité propre au Québec tout autant que Paris a la sienne en France – qui a ses intérêts, son histoire et sa culture bien typée, n’a pas de voix pour les exprimer. On a mis le Grand Montréal sous la tutelle d’une structure non-démocratique, la CUM, laquelle il semble que l’on veuille bientôt remplacer ou assujettir à une instance régionale en voie de création et tout aussi peu représentative.

Il faut que cesse cette dilution de la démocratie au profit des technocrates. Il faut que la démocratie renaisse à la dimension de l’agglomération montréalaise. Il faut que les Montréalais, tous ensemble, aient une voix. Il faut que Montréal puisse retrouver et exprimer son identité propre et que les citoyens reprennent leur pouvoir de décision sur des éléments aussi essentiels à la vie communautaire, entre autres choses, que la police, le transport, l’évaluation foncière. Il faut refaire le vrai Montréal.

Il y a aujourd’hui ce que la Ville de Montréal peut faire: faisons le vite et bien. Il y aussi a ce que trois millions de citoyens du Grand Montréal devraient pouvoir faire et ce qu’ils ont le pouvoir politique d’exiger: le droit de recréer une métropole – une de ces grandes « villes-coeurs » du monde où bat la vie d’un peuple – et de se faire un avenir. Le droit de chercher collectivement à faire franchir à tous les Montréalais le seuil de l’indispensable, comme de relever ensemble, unis, le défi de l’excellence.

Avant la fin de 1995, un plan opérationnel sera déposé auprès des autorités compétentes pour la constitution, avant l’An 2000 ,du Grand Montréal: une structure démocratique réunissant les pouvoirs d’une Région administrative du Québec, de la CUM et de ses villes constituantes.Reprenant sa vraie dimension et les vrais pouvoirs d’une métropole, Montréal cessera de se voir comme une ville au déclin, désuète, dépassée. Montréal se reconnaîtra un avenir et une vocation. Montréal retrouvera l’Esprit de « 67, quand nous étions un exemple pour le monde entier.Montréal est l’une de ces villes bien-aimées qui n’ont jamais cessé d’être le lieu privilégié de l’identification et de l’appartenance de leurs citoyens et qui, aujourd’hui, dans un monde en révision, sont à redevenir aussi les vrais modules de base de l’activité humaine. Montréal a la vocation de mettre à profit les circonstances exceptionnelles que lui ont imposées son histoire et sa géographie pour devenir un modèle pour l’organisation de ces &laqno;villes-coeurs » qui vont donner son rythme au prochain siècle.

Montréal doit être un exemple de l’affirmation d’une spécificité culturelle dans le respect des autres… et le modèle de la tolérance, de la solidarité, de l’ouverture sur le monde.

Un exemple d’une haute qualité de vie, à la mesure d’une redéfinition du travail et du loisir… et le modèle d’une société dynamique d’ordre, de justice, de partage, de richesse et de mieux-être

Un exemple de transparence… et le modèle d’une façon démocratique, participative, efficace de gérer et de développer la Cité.

 

2. Une ville ouverte au monde

Montréal est la métropole du Québec. C’est une ville où l’on doit pouvoir vivre et travailler en français. Le français doit être la langue de travail et la langue de l’administration montréalaise. Mais Montréal n’est pas une ville de France comme Lyon, Marseille ou Toulouse. Montréal est un carrefour pluriethnique et multiculturel comme New-York ou Paris. C’est ce qui fait sa spécificité, son charme, sa force. C’est ce qui en fait, au Québec, un lieu unique. C’est un aspect essentiel de notre IDENTITÉ de Montréalais.

Montréal doit relever le défi de mettre fin à l’incompréhension, à l’intolérance et à la méfiance qui se sont installées entre les communautés ethniques qui y cohabitent. Il faut mettre prioritairement l’accent sur le rapprochement entre ces communautés. Par delà toute émotivité, la simple efficacité exige que le français soit notre langue de travail. Montréal est une ville francophone, mais il n’en est pas moins indispensable que la multiplicité des cultures y soit non seulement permise mais encouragée.

Montréal doit accueillir les nouveaux immigrants avec joie. Il faut y promouvoir le respect de leurs coutumes et de leurs traditions, lesquelles doivent toutes se refléter dans le tissu urbain pour faire de Montréal la ville unique que nous aimons; on peut le faire sans mettre en péril les droits de la majorité. C’est une richesse pour Montréal qu’on y trouve une « Petite Italie », un quartier hassidique qui n’a vraiment rien d’un ghetto, et des rues où l’on parle grec, chinois ou créole. Je suis fier d’avoir joué personnellement un modeste rôle dans la venue au Canada de la minorité vietnamienne, comme de pouvoir parler dans leur langue aux hispanophones. Et ce n’est pas du folklore, dans un monde où vivent désormais plus d’un milliard de musulmans, que quelques milliers de Libanais et de Marocains se sentent bien chez-eux parmi nous.

Et comment le respect qu’on doit aux Néo-Québécois ne serait-il pas tout aussi essentiel à l’égard de ces Québécois d’autres souches — Anglais, Écossais, Irlandais – qui, depuis des générations, ont bâti et enrichi Montréal aux cotés des francophones? Montréal doit faire tout en son pouvoir pour qu’il n’y ait pas de mesures vexatoires à l’égard de ses minorités, pour s’assurer que leur participation est encouragée à tous les niveaux de l’administration, et pour veiller à ce que leurs cultures soient perçues et appréciées comme un apport vital, irremplaçable, à notre réalité quotidienne.

Montréal créera un Conseil Consultatif des Communautés Culturelles et tiendra compte de l’avis de ce Conseil quant à l’impact de chaque décision de la Ville sur la vie et le développement des diverses communautés qui composent notre ville.Montréal est une ville à vocation internationale: assumons notre identité multiculturelle. Notre essor comme ville passe par l’expansion au delà de nos frontières et la culture québécoise francophone ne doit surtout pas être imposée: elle peut et elle doit séduire. Elle peut séduire, et elle séduira à la mesure de ce que nous réaliserons et de ce que nous serons capables d’offrir.

Il est urgent de réinsérer Montréal dans le réseau des grandes villes nord-américaines, des villes-coeurs et des capitales du monde. Il est important qu’a coté du français, notre langue nationale, soit accueilli l’anglais, langue véhiculaire internationale de communication avec le monde. Il faut que le bilinguisme ne soit plus perçu comme une trahison mais comme une richesse.

Montréal doit obtenir du Gouvernement de Québec la reconnaissance d’un statut particulier qui permette l’usage subsidiaire de l’anglais dans tous les cas où l’intérêt de la Ville et de ses citoyens l’exige.

 

Pierre JC Allard

 

3. Une ville sans violence

Il faut que la vie, les droits et les biens des Montréalais soient protégés. Il n’est plus question que la violence, à Montréal, s’affiche et reste impunie. Il ne doit plus y avoir un quartier, ni une rue de Montréal, où quiconque ne puisse être en sécurité à tout heure du jour ou de la nuit. Cet objectif réclame des mesures immédiates et ces mesures seront prises. Quand leur sécurité est en cause, les jeux subtils de juridiction entre paliers de gouvernement n’intéressent pas les Montréalais.

D’abord, Il faut s’assurer que le corps policier qui assure la sécurité des Montréalais dispose des ressources suffisantes pour assurer l’ordre. Il faut que ses effectifs soient suffisants pour être VISIBLES et donc pour pouvoir jouer un rôle de dissuasion. Il faut s’assurer, aussi, que les membres de ce corps policier jouissent non seulement des meilleures conditions de travail mais aussi du respect de la population. Ceci exige que soient mis en valeur dans les médias le rôle social et la dignité du travail policier.

Le corps policier doit être incorruptible et on doit le purger immédiatement, le cas échéant, des éléments dont le comportement pourrait en ternir la réputation. Corollairement, on doit aussi mettre en place, à l’intention de tous les policiers, une formation continue qui étayera le statut professionnel qui leur revient .

Deuxièmement, le corps policier doit recevoir le mandat clair de lutter en priorité contre la VIOLENCE. La priorité, c’est de prévenir les vols à main armée, les attaques, les assauts, les viols, les rixes, de stopper l’intimidation des passants, des commerçants et des écoliers par des gangs de voyous et de malfrats, d’intervenir sur appel, avec toute la célérité et la fermeté nécessaire, pour mettre un frein à la violence à domicile.

Tout en collaborant au mieux avec les autres corps policiers (SQ et GRC) pour le respect des lois du pays, les policiers, à Montréal, doivent savoir que leur priorité n’est pas de traquer les petits revendeurs, d’empêcher que les jeux qui ne sont pas légaux fassent concurrence à ceux qui le sont, ni de tendre des pièges aux automobilistes ou aux prostitué(e)s et à leurs clients potentiels. Leur priorité, c’est d’arrêter la violence. Pour ceci, les policiers doivent pouvoir compter sur l’appui de la population.

Montréal mettra le réseau du métro, chaque îlot urbain et chaque zone scolaire sous la protection d’un service de sécurité professionnel ou celle d’un service de quarteniers bénévoles qui auront reçu une formation adéquate et dont le protocole d’interface avec les policiers, selon divers cas de figure, aura été déterminé à l’avance. Le corps policier formera, au sein des diverses éthnies de Montréal, des volontaires qui auront le mandat et la compétence d’intervenir, dans certaines circonstances bien spécifiques, pour aider à maintenir l’ordre sans créer de ressentiments.

Manifestant sa sensibilité au sentiment de crainte qui s’est développé au sein de la population, la Ville prendra une position d’avant-garde concernant la protection de proximité des lieux privés, ce qui est désormais possible à coût modique via la localisation automatique de l’appelant et le ré-acheminement automatique du signal vers le poste de police. Montréal subventionnera – en priorités pour les personnes âgées vivant seules – le raccordement du domicile au poste de police le plus proche.

Illustrant sa détermination à devenir une ville sans violence – ce qui sera sa meilleure publicité dans un monde où la criminalité est devenue une préoccupation majeure des investisseurs – Montréal aidera à la protection de ces travailleurs menacés que sont les chauffeurs de taxi en contribuant techniquement et financièrement à la mise en place d’un système universel de paiement des courses par cartes de crédit et cartes à puces, en assurant, en particulier, le paiement à demande des sommes dues aux chauffeurs sur ces cartes

 Pierre JC Allard

 

4. Sourire et en vivre

Montréal est en crise, Montréal est sans travail; iI n’y a qu’une solution définitive à la crise et c’est de remettre tout le monde au travail. Cette crise n’a que peu à voir avec une quelconque récession; les secteurs de production industrielle qui ont fait la richesse de Montréal sont simplement en déclin et leurs méthodes de production désuètes. Si ces secteurs renaissent, ils ne renaîtront qu’en substituant des machines aux travailleurs: rien ne permettra jamais d’y créer à nouveau de l’emploi…, à moins que les travailleurs montréalais ne veuillent travailler pour des salaires mexicains, ce qui n’est ni probable ni souhaitable. Si nous voulons que les Montréalais travaillent, il faut créer des emplois dans le secteur tertiaire.

Montréal, ne nous leurrons pas, n’a que peu de marge de manoeuvre pour créer des emplois. Ce n’est pas Montréal qui contrôle, ni ne devrait contrôler, les politiques de main-d’oeuvre ni les politiques monétaires: nous ne règlerons pas la crise du pays par des mesures au palier municipal. Montréal, cependant, peut créer un foyer de prospérité et générer des revenus qui se diffuseront sur toute la population, si nous mettons à profit une ressource que Montréal possède en abondance: l’hospitalité et la joie de vivre de sa population.

Montréal, c’est l’Expo, les Olympiques, le Festival du Jazz. Montréal, après New-York et Washington, c’est la ville d’Amérique qui accueille le plus de congrès d’envergure internationale. Montréal est une ville de fêtes. Or on néglige trop souvent que le tourisme est devenu la première industrie du monde et que nous possédons des ressources et des avantages concurrentiels importants pour miser sur cette industrie tertiaire, à forte intensité de main-d’oeuvre et donc créatrice d’emploi

Notre avantage extraordinaire, en plus des qualités propres à notre population même, c’est que nous sommes une ville d’été. La plupart des villes du monde se vident de leurs habitants en été et en perdent leur âme. Montréal, avec ses festivals et la profusion de théâtres saisonniers qui l’entourent, a cette rare caractéristique d’être une ville où l’été est la saison active. Il faut exploiter le potentiel touristique de cette singularité en y joignant l’effet d’attraction du visage français et multiculturel de Montréal.

Montréal agencera les événements déjà récurrents chaque année à Montréal de la fin mai à la fin septembre – et d’autres qui s’y ajouteront – de façon à offrir au touriste un calendrier ininterrompu d’activités qui fera de Montréal la 
 »CAPITALE DE L’ÉTÉ »

Dans le cadre de ce calendrier, chaque communauté culturelle de Montréal qui en fera la demande recevra la collaboration technique et financière de Montréal pour organiser, au cours de l’été, dans un secteur de Montréal signifiant pour cette communauté, un festival mettant en évidence la spécificité culturelle de celle-ci.

Cette communauté deviendra alors, durant cette période, non seulement l’hôte des autres éthnies de Montréal mais aussi, si elle fait de cet événement un succès, le point de ralliement en Amérique du Nord de tous les membres de cette communauté.

 

Mettant également à profit la relâche des activités culturelles en France durant la période estivale, Montréal établira, dans les Îles ou ailleurs, avec la collaboration des industries culturelles et des restaurateurs de France, une ambiance complètement française à prix nord-américains– du Moulin Rouge au Musée d’Orsay et du bal musette à la Tour d’Argent – qui complétera la séduction de la clientèle américaine.

RIEN ne peut apporter à Montréal un essor économique et des emplois aussi rapidement que le tourisme. Activité saisonnière, le tourisme peut être complété par une autre activité à forte intensité de main-d’oeuvre: la rénovation. Un projet innovateur dans ce secteur sera mis en place, dont il serait cependant irresponsable de discuter aussi longtemps que ne sera pas rendue publique la position définitive du gouvernement quant à la Loi 142.

Pierre JC Allard

 

5. Le pari de l’hospitalité

Rien ne peut apporter à Montréal un essor économique permanent et durable mieux que la mise en valeur systématique de son potentiel d’accueil. D’abord le tourisme. On doit viser le tourisme de vacance, mais aussi, et surtout, le marché en expansion des congrès. Il faut qu’à la fin de 1997 le « carnet de réservations » de Montréal comme hôte de congrès soit le plus important en Amérique, et du même ordre de grandeur que celui de Paris ou de Londres, les leaders incontestés du marché mondial.

Non seulement le tourisme est-il immédiatement créateur d’emplois et générateur de richesse, mais on doit garder en mémoire qu’il faut aussi construire l’hôtel où le touriste loge et le restaurant où il dîne, meubler cet hôtel et ce restaurant, en approvisionner la table et le bar… Derrière la création d’emplois du tertiaire, le tourisme apporte un soutien appréciable au maintien des industries du secteur secondaire et de leurs emplois.

De plus, notre volonté d’accueil doit naturellement être soutenue par un programme d’infrastructures qui permette d’accueillir le touriste, d’où la création d’autres emplois temporaires, même si la prudence exigera alors que les investissements publics consentis ne viennent qu’appuyer les investisseurs privés qui auront été convaincus du succès de notre démarche. Montréal accordera une priorité au développement d’infrastructures d’accueil et aidera le secteur touristique privé, mais ne se substituera pas à celui-ci et n’en deviendra pas le concurrent.

L’hospitalité qu’offrira Montréal, cependant, ne se limitera pas au tourisme. Il y a aussi le potentiel d’accueil des sociétés étrangères. La Ville encouragera de toutes ses forces l’établissement et le développement d’entreprises industrielles à Montréal. Mais « encourager », par delà les voeux pieux, veut dire convaincre un à un des investisseurs, surtout étrangers, de s’établir chez-nous. Ceci ne peut être fait efficacement que si on comprend bien les règles du jeu.

Comprendre d’abord que si Montréal, comme toutes les autres villes, doit naturellement encourager l’accueil prioritaire d’entreprises de haute technologie comme l’industrie pharmaceutique, l’aérospatiale etc., il ne faut pas s’attendre à ce qu’il en résulte directement une création significative d’emplois: le propre de la haute-technologie est de produire beaucoup avec peu de travailleurs. Pour que l’établissement de ces entreprises de pointe mène à une création significative d’emplois, Montréal planifiera et facilitera aussi l’établissement des PME qui approvisionneront ces industries de pointe. Coté emplois, si on ne fait pas cette planification « en grappes » on perd son temps.

Comprendre aussi que ce n’est pas par la concession d’avantages fiscaux qu’il faut séduire l’investisseur – ce qui mène souvent à des situations où la relation avec l’entreprise qu’on accueille ne dure que le temps durant lequel l’opération d’accueil est déficitaire ! – mais en mettant l’accent sur la qualité de vie de Montréal. Montréal ville multiculturelle, Montréal ville sans violence, Montréal ville de fêtes. C’est le cadre et l’employé de la société cible qu’il faut convaincre de la qualité de vie de Montréal. Quand il en est convaincu – et à juste titre – son opinion pèse lourd sur la décision de l’employeur, lequel sait mesurer la valeur ajoutée de la satisfaction de son personnel.

Montréal a beaucoup à offrir. Notre relance économique, pour l’avenir prévisible, passe par la promotion de notre qualité d’accueil. Aussi bien pour le tournage de films – nous en sommes l’un des sites privilégiés en Amérique – que pour le tourisme et l’établissement d’entreprises étrangères. Mais il ne suffit pas d’avoir beaucoup à offrir, il faut le faire savoir. Montréal mettra donc en place en toute priorité, en collaboration si possible avec les autorités du Québec et le gouvernement fédéral, un programme mondial d’information de sa qualité de vie et de sa volonté d’accueil.

Pierre JC Allard

 

6. Que la solidarité ait une ville

Il est inacceptable dans un pays d’abondance que des êtres humains souffrent du froid et de la faim. Nous ne l’accepterons pas. Montréal va convier immédiatement les leaders des mouvements communautaires et des représentants du monde des affaires à se réunir et à proposer sur le champ des mesures concrètes pour lutter contre la misère. Cet hiver 1994-95 sera l’hiver de la solidarité.

Nous allons réorienter nos propres ressources pour parer aux besoins les plus urgents. Nous allons aussi demander l’aide de toutes les organisations bénévoles, chacune selon ses ressources et selon ses objectifs, pour un assaut frontal contre la misère. Nous n’imposerons rien, nous n’exigerons rien. Nous faisons appel à la solidarité. Nous allons livrer notre première bataille à la misère. Il faut qu’un plan de campagne soit établi, et approuvé par le Conseil avant le 1er décembre.

Une ville ne peut contribuer que sa part à la solution des problèmes de notre société. Montréal ne peut donc tout faire, mais Montréal et sa population peuvent montrer la voie et servir de modèle. Il faut que la solidarité. devienne notre point de ralliement. Pour que ceci soit possible, il faut faire comprendre, à tout le monde, que la solidarité n’est pas un nouveau nom pour la pitié mais bien autre chose…. et que la solidarité, aujourd’hui, n’est pas essentiellement affaire de charité mais plutôt d’intelligence.

Il faut expliquer qu’une économie de marché ne fonctionne que si la population TRAVAILLE et dispose du revenu qui lui permet d’acheter ce qui est produit. Expliquer qu’un partage plus équitable est désormais nécessaire à notre effort d’enrichissement collectif et qu’il est suicidaire de thésauriser, de refiler la facture aux classes moyennes et de permettre que diminue le nombre de ceux qui travaillent alors qu’augmente le nombre de ceux qui vivent de paiements de transfert.

Il faut que Montréal illustre comment toutes les classes d’une société peuvent choisir de s’entraider pour assurer des conditions de vie plus décentes à ceux qui vivent au seuil de la pauvreté. Il est essentiel aussi, toutefois, de démontrer que la solidarité peut aller de paire avec l’équité. Montréal ne sera vraiment un modèle que si la ponction sur la fortune et le revenu de ceux qui possèdent ne devient pas une confiscation. C’est l’essence même d’une collectivité que l’on s’y entraide, mais aussi que chacun y trouve son avantage: celui qui paye des taxes doit en voir la légitimité et l’intérêt.

En signe tangible de cette solidarité qui doit tous nous unir, Montréal émettra annuellement et remettra une Carte de Citoyen nominative à chaque résidant de Montréal de 7 ans et plus. Cette Carte de Citoyen pourra porter la mention « solidarité» et conférer alors certains privilèges à son titulaire: l’accès gratuit au transport en commun, l’accès gratuit – ou à prix réduit – à six (6) événements culturels chaque années et l’accès gratuit au Stade Olympique pour tous les événements sportifs ou culturels auxquels la Ville aura décidé que cette mesure s’applique, incluant tous les matchs des Expos.

La mention « solidarité» sera apposée gratuitement sur la carte de quiconque verse à la Ville des taxes excédant 400 dollars. Elle le sera, pour tout autre résidant de Montréal, en considération du paiement de la somme de 400 dollars s’il est âgé de 18 à 60 ans, ou de 200 dollars s’il a plus de 60 ans ou a de 7 à 18 ans, s’il est étudiant à plein temps ou est bénéficiaire de l’assistance sociale. Cette somme pourra être acquittée en versements mensuels, par débits pré-autorisés, par carte de crédit ou de toute autre façon raisonnable

La Carte de Citoyen subventionne le transport en commun, la culture et les loisirs au profit de la classe moyenne, surtout des étudiants et des aînées. Si le Gouvernement de Québec accepte de contribuer une part raisonnable du coût de cette initiative, Montréal ira plus loin vers la solidarité: Montréal remettra gratuitement la Carte de Citoyen avec la mention « solidarité» aux assistés sociaux.

Pierre JC Allard

 

7. Solidarité – Transport

En considération d’un montant annuel forfaitaire, négocié avec la STCUM et le Gouvernement du Québec, la Ville de Montréal obtiendra que la Carte de Citoyen portant mention « solidarité» soit acceptée comme équivalent de la CAM. Le résultat premier de cette mesure est une assistance financière significative aux utilisateurs réguliers du transport en commun, c’est à dire surtout les travailleurs salariés et les étudiants. Cette assistance est-elle acceptable pour les payeurs de taxes ?

Oui, parce qu’il en découle deux résultats secondaires importants. D’abord, on peut s’attendre à un virage vers l’utilisation du transport en commun, ce qui diminuera substantiellement la congestion dans les rues de Montréal. Or, celui dont l’aisance est suffisante pour qu’il persiste à utiliser une voiture privée – au lieu d’un transport en commun qui sera alors devenu gratuit – a vraisemblablement non seulement les moyens mais aussi la bonne volonté de payer l’équivalent de quelques cents par trajet, matin et soir, pour circuler à son aide plutôt que pare-chocs à pare-chocs.

Ensuite, cette mesure constitue – ce qui n’est pas négligeable, loin de là – un incitateur important pour les employeurs potentiels voulant s’établir à Montréal et dont les exigences salariales des employés pourront s’avérer moins pressantes si la population y jouit du transport en commun gratuit. Ceci est d’autant plus important, dans le contexte des restrictions que GATT et ALENA imposent, qu’il s’agira d’une mesure sociale d’intérêt général dont on ne peut que louer l’impact sur l’environnement et qu’il serait odieux d’assimiler à une subvention. Posons ce geste vite, car d’autres le feront.

Pour que cette mesure ait vraiment tout son impact, toutefois, le système de transport en commun doit être amélioré. Montréal doublera le réseau du métro par une utilisation négociée des voies de surface du CN et du CP sur le territoire urbain , voies qui sont présentement extraordinairement sous-utilisées. Il est possible de doubler encore ce réseau en réservant une voie au transport en commun, peut-être au bon vieux tramway, le long de certaines artères. Ceci n’est vraiment efficace, toutefois, que si – comme à Amsterdam, par exemple – on synchronise les feux de circulation en fonction de la circulation sur cette voie réservée.

Pour que la gratuité du transport en commun soit acceptable à tous, cependant, il faut simultanément régler le problème du stationnement qui menace la survie même du centre-ville. En collaboration avec les terrains de stationnement existants du centre-ville et les commerçants qui choisiront de participer à cette initiative, Montréal mettra en place, dès l’été 1995, un système à coût modique permettant de prendre en charge les voitures à certains endroits du centre-ville, de les garer en périphérie proche, et de les ramener à leurs propriétaires à heure fixe ou sur appel.

L’ensemble de ces mesures fera de Montréal un modèle de transport urbain. Efficace et modulé aux préférences des utilisateurs, puisqu’il ne s’agit pas d’imposer le transport en commun aux citoyens; il s’agit de le rendre économique, confortable et plus accessible. Il s’agit aussi d’enlever l’image de misère qui colle au transport en commun et de dire clairement que c’est une forme de civisme de l’utiliser. Hors ses fonctions officielles, le Maire de Montréal circulera régulièrement en métro.

L’équivalence entre la CAM et la carte Carte de Citoyen devrait être en vigueur au printemps 1995 et un plan global de transport en commun élargi sera présenté à la STCUM à l’été 1995. En cas de divergence entre la CUM et Montréal, le Gouvernement du Québec sera appelé à trancher et à donner acte à la volonté démocratique des citoyens de Montréal.

Pierre JC Allard

 

8. Solidarité – Habitat

Il y a des situations inacceptables que nous laissons passer, parce que l’habitude nous a appris à fermer les yeux. Il faut, de temps en temps, que l’Abbé Pierre secoue la France pour que, décalage horaire aidant, l’on prenne ici conscience du problème des itinérants avec quelque retard et pendant quelques jours. Il faut ouvrir les yeux une fois pour toutes et comprendre que Montréal doit loger et nourrir ses itinérants. Il n’y a pas de raison valable, dans une société comme la nôtre, pour qu’il n’y ait pas chaque jour un peu de nourriture saine et un lit chaud pour tout le monde.

L’itinérant est un pauvre différent, généralement seul et alcoolique: ce n’est pas seulement un pauvre, c’est d’abord un malade dont il faut en prendre soin, et en prendre soin comporte des avantages pour les contribuables tout comme pour les bénéficiaires. Montréal fournira à chaque itinérant la certitude d’un vrai lit et d’un repas chaud, chaque nuit, à la même place, contre paiement d’un montant prélevé de son allocation du B.S.

L’itinérant aura SON lit. Il aura désormais une adresse. Il faut s’assurer que chaque itinérant est inscrit au B.S. et touche bien toute l’assistance financière auquel il a droit. Si son comportement semble indiquer qu’il n’a pas l’autonomie requise pour bien gérer l’assistance qu’il reçoit, ce qui sera souvent le cas, Montréal demandera à ce qu’un curateur soit désigné à l’itinérant incapable. Ce curateur pourra verser à la Ville le juste prix du gîte, du couvert et des autres services que celle-ci procurera à l’itinérant.

Le véritable itinérant ayant alors été pris en charge – et les structures adéquates ayant été renforcées pour lutter contre la vraie misère – personne ne devra plus quêter sur la voie publique. Il n’y a pas de raison pour que les passants soient embêtés par des hordes de marginaux qui feignent d’être pauvres pour s’offrir une ligne de coke. Celui qui le fait devra être arrêté et traduit en justice; Montréal, prenant ses responsabilités, aura apporté un peu de bien-être aux vrais déshérités et aura retrouvé sa dignité.

Il y a aussi des lois qui sont inacceptables, que nous ne contestons pas parce que la solidarité nous fait défaut et que l’habitude nous appris à regarder ailleurs. Ainsi cette pénalité imposée aux assistés sociaux qui tentent de boucler leur budget en partageant un logement. Le Protecteur du Citoyen, Me Daniel Jacoby, a déjà manifesté une certaine insatisfaction quant aux conséquences de cette règle. Montréal prendra formellement position pour que cette norme soit abrogée.

La cohabitation est une planche de salut pour les assistés sociaux mais elle n’avantage pas qu’eux. Elle peut être une solution idéale pour un vaste éventail de groupes sociaux. Faisant un pas de plus, Montréal créera un Secrétariat au Commensalisme qui facilitera les contacts initiaux et aidera à la rédaction et à la conclusion des ententes entre ceux qui, sans constituer un ménage au sens strict, veulent toutefois partager un logement..

Le commensalisme peut être une alternative pour les jeunes, pour qui la meilleure façon de s’offrir une qualité de vie correcte autonome et à bas prix est de vivre en groupe. Une alternative pour les aînés qui ne demeurent pas en ménage et pour qui la meilleure façon de garder le contrôle de leur vie peut être de vivre dans des résidences dont ils assurent collectivement la gestion, nommant un directeur qui est LEUR employé. Une alternative pour les familles monoparentales, pour qui le partage d’un logement peut réduire les frais de gardiennage, la plus importante dépense reliée à l’éducation d’un enfant.

Montréal prendra fermement le parti de ceux qui, acceptant de vivre ensemble, collaborent à l’amélioration de leur qualité de vie et à une meilleure utilisation des ressources collectives. Jeunes, aînés ou adultes, ceux qui prendront ainsi ménage en commensaux créeront aussi, ne l’oublions pas, une demande accrue non négligeable sur le marché du logement à Montréal.

Pierre JC Allard

 

9. Un toit bien à soi

Montréal est une ville de locataires. Ce n’est pas un déshonneur, mais c’est un inconvénient. L’immense majorité des Montréalais qui ne gagnent pas 40 000 $ par année sont locataires et 40% d’entre eux doivent dépenser plus de 30 % de leur revenu pour se loger. Pendant ce temps, malgré les hauts et les bas de la conjoncture, les loyers montent. Mais la valeur des maisons n’augmente pas toujours.

Depuis quelques années, la valeur des maisons n’augmente plus. En fait, en dollars constants, la valeur de la propriété domiciliaire, à Montréal, a perdu 19% depuis 1989. Beaucoup de propriétaires souhaiteraient sans doute placer leurs capitaux ailleurs, sur des marchés plus actifs, s’ils avaient la possibilité de vendre à un juste prix ; mais la demande n’est pas forte pour la vente des duplex, triplex, quadruplex qui constituent une part importante du parc de logements de Montréal.

Pourtant, il existe un marché pour l’achat en condominium des «hauts-de-duplex-dont-le propriétaire-habite-en-dessous» et autres logements locatifs: le marché que constituent ceux qui les habitent. Compte tenu de l’évolution de la valeur marchande des propriétés à Montréal, des taxes qu’ils paient et des alternatives de placement qui s’offrent à eux, il est certain que bien des propriétaires vendraient volontiers en co-propriété les logements qu’ils offrent en location.

Compte tenu des avantages fiscaux accordés au propriétaire occupant, de l’occasion de faire des économies et de réaliser un gain à long terme que représente l’investissement dans une propriété ainsi que du prestige et de la crédibilité qui s’attachent au statut de propriétaire, il est tout aussi certain que beaucoup de locataires désireraient se porter acquéreurs du logement qu’ils habitent.

Pour qu’ils puissent le faire, il faut que soient éliminées toutes les restrictions et obstacles réglementaires à la transformation des logements locatifs en condominiums et à leur achat par leur occupant actuel. Par surcroît, dans le cadre d’un programme ad hoc dont une étude rapide proposera le budget plafond, Montréal apportera sa caution, auprès d’une institution bancaire, à la hauteur de 5 000 $, pour tout prêt ayant rang de deuxième hypothèque consenti à des locataires achetant le logement qu’ils occupent depuis au moins trois(3) ans, aux deux seules conditions, d’abord qu’ils aient un emploi stable depuis aussi au moins trois (3) ans et, deuxièmement, que les paiements mensuels qu’ils devront faire par la suite sur le logement acheté n’excèdent pas 35% de leur revenu.

Ce programme devrait permettre, au cours de la prochaine décennie, de transformer Montréal d’une ville de locataires en une ville dont la majorité des ménages seront propriétaires. Cette transformation constituera un élément favorable de stabilisation de la population et tendra, sans léser qui que ce soit, à une plus juste répartition de la richesse.

Donnant le bon exemple, Montréal favorisera la vente, sous condition suspensive, des logements sociaux actuels à ceux qui les habitent depuis trois (3) ans. Le prix de vente devra être fixé en fonction de la valeur marchande réelle des logements cédés et les conditions devront être compatibles avec les ressources des acheteurs, ne les obligeant jamais à des paiement supérieurs à 35 % de leur revenu. A ces conditions, c’est la durée des hypothèques qui devra être variable, cet aspect étant négocié avec les institutions financières.

Tous, à ces conditions, ne deviendront pas propriétaires. Pour les autres, Montréal, ne construira pas de nouveaux logements sociaux alors qu’un pourcentage désolant des logements de Montréal sont présentement inoccupés; Montréal apportera plutôt une aide au logement social sous la seule forme d’une assistance financière pour la location des logements existants. C’est une approche plus valorisante pour l’assisté – qui ainsi n’est pas «ghettoïsé» – et qui constitue une autre contribution utile à la relance du marché de la location.

Pierre JC Allard

 

10 . Interface emploi

Montréal ne devrait pas avoir à assumer la charge d’établir le contact entre les travailleurs et les employeurs: deux paliers de gouvernement sont déjà commis à cette tâche. Il faut bien remarquer, toutefois, que les techniques de rencontre professionnelles sur le marché du travail mises en place par Québec et Ottawa tirent beaucoup de l’arrière sur celles que le secteur privé à conçues pour faciliter les rencontres sentimentales.

Si on cherche, à Montréal, l’utilisation par les gouvernements responsables de méthodes modernes de communication directe entre les partenaires sociaux comme façon de lutter contre le chômage, on ne trouve que quelques machines bien expérimentales, disséminées dans quelques centres d’achat par Emploi Canada. Ou sont les techniques de «téléplacement» modernes, équivalentes à celles des systèmes de «télérencontre»,?

Pourtant, rien ne s’oppose, bien au contraire, à ce que les travailleurs et les employeurs, disposant d’un code pour identifier respectivement leurs compétences et les exigences des emplois à pourvoir, puissent communiquer et se faire connaître les uns des autres via le téléphone, le fax et un système d’aiguillage branché à l’indicatif 1-900.

Les gouvernements pourraient faire beaucoup mieux – favorisant le téléplacement par un ordinateur central – mais ils devraient au moins mettre en place ce système de placement par téléphone. Ils devraient raffiner et standardiser les codes qui rendraient cette approche de plus en plus performante. S’ils ne le font pas, il faudrait souhaiter que le secteur privé – soit les journaux au soutien de leurs annonces classées, soit les professionnels de la télérencontre y voyant un marché lucratif, soit les compagnies de téléphonies elles-mêmes – mettent en place une telle approche, au moins sommaire.

Si nul ne le fait avant le printemps 1995, Montréal lancera un projet pour faciliter le contact par téléphonie ou ordinateurs entre travailleurs et employeurs et mettra ce système en marche à l’automne 1995

Sous la même rubrique «interface» – mais sans condition suspensive, en ce cas – Montréal aidera aussi les organismes de bénévolat. Il n’est pas toujours facile, pour celui qui veut donner de sa personne, d’identifier l’organisme qui pourra lui confier, au moment où il est disponible, la tâche concrète qui correspond à ses habiletés et dans le cadre de laquelle il pourra rendre les services les plus utiles.

Réciproquement, mêmes les plus grandes organisations de bienfaisance – et à plus forte raison les petites – ne trouvent pas toujours les ressources humaines bénévoles dont elles ont besoin, en quantité et en qualité suffisante pour pouvoir mener à bien leur mission.

Pour résoudre ce problème de communication, qui représente un manque à gagner énorme en termes d’heures de disponibilité, de sympathie et de l’expression tangible de notre solidarité, il faut faciliter le contact entre les bénévoles et les organismes de bénévolat. Il faut le faire, toutefois, sans s’ingérer dans la relation entre ceux-ci et ceux-là. Sans surtout en tenter l’encadrement par une autorité supérieure, ce qui est la négation même de l’esprit du bénévolat privé.

Montréal publiera et distribuera à la population un guide des organisations de bénévolat qui décrira sommairement les buts de l’organisation, le profil des bénévoles recherchés, le type de tâches qui leur seront confiées et les moments où leurs services peuvent être requis. Montréal aidera aussi les organisations qui en feront la demande à préparer les textes qu’ils inséreront dans le guide et en assurera la standardisation.

Pierre JC Allard

 

11. Culture « à la carte »

Montréal doit soutenir les arts. Aujourd’hui plus que jamais, parce que la publicité nous attire vers d’autres produits plus terre-à-terre et réduit la part des dépenses de consommation qui va à la culture. Mais ceci ne veut pas dire qu’on doive soutenir les auteurs des pièces que le public boude, ni les peintres de tableaux qu’on ne veut pas voir. Il ne s’agit pas de contrarier les goûts du public au nom d’une certaine « culture » définie par une toute petite élite, mais plutôt de faire en sorte que les Montréalais aient plus de la culture qui leur plaît.

La politique culturelle de Montréal doit être de promouvoir une culture qui soit pour les gens une source de plaisir et, pour en arriver à cet objectif, il faut que Montréal subventionne la consommation plutôt que la production de l’art, facilitant ainsi à une beaucoup plus grande partie de la population l’accès à la culture de son propre choix.

Je propose de le faire en offrant à chaque détenteur de plus de 18 ans d’une Carte de Citoyen portant mention &laqno; solidarité» d’assister gratuitement ou à rabais à six (6) événements culturels de son choix – théâtre, exposition, concert, film d’auteur québécois, etc – la Ville prenant en charge le coût du billet à la hauteur de 10 $. Si on subventionne ainsi l’entrée de 900 000 citoyens à 6 événements culturels par année, on injecte 54 millions de dollars dans la consommation culturelle. C’est un gain presque net pour les arts, la culture et les artistes, puisque ce pouvoir d’achat sera mis majoritairement entre les mains de Montréalais qui ne sont pas présentement des consommateurs fréquents de culture.

Montréal, en collaboration avec le secteur privé, établira un Centre de Réservation des Activités Culturelles de Montréal (CRACM) Ce Centre, en accord avec les responsables d’événements culturels, acceptera et portera au débit de leur carte, à la hauteur de 15 $ par événement, les réservations faites par les détenteurs d’une Carte de Citoyen portant la mention « solidarité ».Chaque détenteur de plus de 18 ans d’une Carte de Citoyen pourra aussi emmener gratuitement, à tout spectacle auquel il assiste, une personne de 7 à 17 ans: ce sont tous ces enfants et adolescents qu’on initiera ainsi aux événements culturels qui deviendront la clientèle de demain.

Montréal avancera aussi à certains artistes les fonds nécessaires pour la préparation d’événements culturels, garantissant le coût de location de la salle et de l’équipement ainsi que les salaires des techniciens permettant de réaliser ces projets à la hauteur de la valeur des réservations fermes faites au CRACM pour cet événement.Le choix des artistes ou promoteurs auxquels on avancera ces fonds ne sera pas arbitraire. Tous les candidats à ce financement bénéficieront d’une publicité préalable gratuite; Montréal accordera ensuite prioritairement un financement à ceux dont le projet aura recueilli le plus grand nombre de réservations fermes anticipées au Centre de Réservation (CRACM).

Les recettes anticipées correspondant aux réservations fermes au CRACM seront d’abord mises de coté pour servir au paiement de la salle, des équipements et des salariés. C’est seulement quand ces frais seront intégralement couverts qu’ils seront garantis et que la subvention sera accordée, sous condition que l’événement soit produit. On avancera dès lors à l’artiste, pour ses frais de préparation, 70 % de la valeur des réservations fermes subséquentes, le reste lui étant remis après l’événement.

En subventionnant le consommateur d’activités culturelles plutôt que l’artiste lui-même, Montréal aidera les arts sans s’immiscer dans le problème épineux de savoir quel artiste et quelle forme d’art sont subventionnés. Ce choix deviendra celui de la population elle-même. La culture « à la carte » permettra à la Ville de jouer le rôle de mécène tout en laissant la population exprimer démocratiquement ses préférences.

Pierre JC Allard

 

12. Tous au stade ensemble

Montréal doit encourager la pratique des sports de participation; ce point n’est contesté par personne. La Ville doit aussi encourager le sport-spectacle qui, dans une société moderne, est une nécessité vitale: la réponse la plus évidente au besoin social de gagner ensemble ou de s’identifier ensemble à un gagnant. Compte tenu de l’intérêt du sport comme facteur de cohésion sociale et du prestige associé à une équipe de ligue majeure, Montréal doit, en cas de nécessité, s’en porter acquéreur plutôt que d’en abandonner la franchise.

Cette prise de position, dans le contexte de la saison annulée de 1994 qui a laissé le Expos dans une situation financière précaire, est loin d’être académique: c’est une décision qui devra peut-être s’appliquer dès 1995. Cette prise de position vaut pour le baseball, mais le même raisonnement devrait s’appliquer si la preuve était faite de la popularité suffisante du football, du soccer ou de tout autre sport de masse.

Montréal prendra position en faveur du soutien à la venue et au maintien à Montréal de franchises de ligues majeures de tout sport pour lequel on pourra constater un intérêt suffisant de la population et des commanditaires.

Se porter acquéreur d’une franchise pour qu’elle ne nous échappe pas n’est pourtant pas la seule solution. Une autre approche est de garantir un revenu ferme au propriétaire en achetant, par exemple, pour un prix forfaitaire, les billets d’«admission générale» du stade tout en lui laissant le marché des autres catégories de billets. Quelle que soit la solution choisie, la Ville minimisera ses risques financiers tout en offrant un avantage à sa population si elle prend en charge l’exploitation de la publicité au stade … et en rend l’entrée gratuite aux détenteurs de la Carte de Citoyen portant mention «solidarité».

En effet, le stade est un endroit où l’on annonce et la valeur des annonces dépend de la clientèle attendue. Si l’entrée au stade est gratuite, il est raisonnable d’espérer un plus grand nombre de spectateurs et le prix des annonces peut être augmenté. Or, les annonces constituent un revenu moins aléatoire que les admissions elles-mêmes. Jouant la carte de la publicité plutôt que des droits d’admission, on augmente les revenus fixes, mais on en accepte de renoncer à la possibilité d’un gain considérable lorsque l’équipe est très populaire. Cette approche sans risques est l’approche correcte, car le but de la Ville n’est pas de prendre des risques pour maximiser ses profits mais d’offrir un service à la population.

Cette approche de tirer tous les revenus de la publicité est-elle réaliste? A titre de comparaison, quinze secondes de publicité sur le seul grand écran du stade de Toronto, où il y a en moyenne 45 000 spectateur par match des Blue Jays, valent la somme de 750 $. C’est à dire un potentiel-publicité de 450 000 $ pour la durée moyenne d’un match, l’équivalent de 10 $ pour chacun de ces 45 000 spectateurs. Ces revenus peuvent facilement remplacer les revenus des entrées. Et nous ne parlons pas du prix des concessions de vente de nourriture et d’alcool, dont la valeur augmente si le stade est rempli. On peut très bien laisser entrer le spectateur gratuitement au stade, pourvu qu’il vienne et que le commanditaire sache qu’il viendra.

Or, les Montréalais iront au stade si c’est gratuit. Montréal négociera immédiatement une entente avec la RIO, pour assurer l’entrée gratuite aux matchs des Expos des détenteurs de Cartes de Citoyen mention « solidarité» et garantir du même coup que Montréal garde sa franchise de la Ligue Nationale de Baseball. Ce qui est vrai pour le sport l’est pour tout événement, sous réserve de son intérêt et de l’attention que le spectacle permet d’accorder à la publicité. Montréal, après accord avec la RIO, encouragera l’utilisation optimale du stade et favorisera toute initiative de nature à permettre le rassemblement dans l’harmonie des Montréalais, en se contentant des revenus de commandite publicitaire du stade quand les promoteurs n’exigeront pas de droits d’entrées.

Pierre JC Allard

 

13. Une ville de beauté

Montréal est une ville charmante. Une ville-coeur, une ville bien-aimée. On la quitte à regret on y revient avec plaisir. On l’aime pour ses habitants, pour son rythme et pour son site plus que pour son urbanisme et ses monuments. Montréal n’est pas encore une ville de beauté. Rome ne s’est pas bâtie en un jour, mais il faut bien un beau jour commencer à bâtir pour l’histoire.

Montréal doit commencer à se faire une beauté. Il faut commencer à penser la ville de demain. Je ne verrai pas cette ville, mais je voudrais en rêver. Montréal doit penser au delà de l’utilitaire et planifier son développement en fonction de la beauté. Ne plus concevoir ses édifices publics comme si chaque lot était isolé dans l’espace, mais en voir l’ensemble, avec des perspectives, des esplanades… ce qui ne coûte pas plus cher.

Pour planifier un développement esthétique de Montréal, il faut, dans une première étape, identifier ce qui ne doit PAS changer. Il est exaspérant que chaque nouveau projet de construction à Montréal donne lieu à une levée de boucliers pour défendre un patrimoine caché dont personne, la veille, ne semblait vouloir reconnaître l’existence. Nous perdons un temps précieux à réagir contre le développement de nouveaux projets, au lieu d’agir pour la protection de ce qui a valeur historique.

Montréal, en collaboration avec les autorités québécoises compétentes et les autres intervenants intéressés, définira ce qui a valeur historique sur son territoire et mettra ce patrimoine à l’abri. Simultanément, tout ce qui ne sera pas ainsi classé « à préserver » devra pouvoir être modifié ou rasé sans tracasseries administratives.
Ceci fait, la deuxième étape exige un choix. On peut attendre que les siècles donnent à Montréal un visage plus typé; on peut, comme Haussmann pour Paris, refaire en quelques années, en y mettant le prix, une ville merveilleuse; ou on peut choisir le vrai « façadisme » et donner à peu de frais un coup de pouce à l’histoire. Le vrai façadisme, ce n’est pas de garder debout un vieux mur pour compliquer la vie des architectes; c’est de déterminer jusqu’au détail les façades d’un ensemble architectural afin que cet ensemble soit BEAU. C’est ainsi qu’on a fait la Place Vendôme.

Montréal désignera une rue dont les propriétaires riverains seront d’accord et lancera un concours ouvert à tous les architectes pour en planifier à long terme la façade.Les projets seront soumis au public, lequel indiquera le visage qu’il veut donner à cette rue de Montréal. Le projet choisi deviendra la norme de façade à laquelle devront se conformer toutes les futures constructions sur cette rue, le promoteur demeurant libre d’utiliser comme il l’entend l’espace derrière cette façade. Le prix de l’architecte consistera des honoraires professionnels pré-établis que devront lui verser les promoteurs, au moment où les édifices seront construits.

Faire une beauté à Ste-Catherine, de Guy à Berri, serait un excellent choix; si les riverains de Ste-Catherine ne veulent pas du projet, toutefois, il sera fait ailleurs: il ne s’agit pas d’imposer quoi que ce soit. Si l’initiative est un succès – se traduisant non seulement par un avantage esthétique mais par une hausse de la valeur des terrains et des propriétés attenantes – elle sera reprise ailleurs.

On peut ainsi aider à un développement harmonieux de Montréal, en planifiant pour l’avenir certaines rues. Cette approche, toutefois, ne sera pas généralisée; car s’il peut-être avantageux de fixer pour l’avenir le caractère d’une rue, qui devient ainsi la vitrine d’une époque, il ne serait pas souhaitable de décider que toute une métropole sera astreinte à perpétuer le style des années « 90… dont rien ne nous dit qu’on ne fera pas un jour beaucoup mieux. Agissons avec modération, mais posons un geste pour affirmer que Montréal veut devenir une ville de beauté.

Pierre JC Allard

 

14. Les infrastructures

Tout le monde est d’accord pour qu’il y ait à Montréal plus de parcs, d’arénas, de patinoires et de jardins communautaires. Tout le monde ne veut que du bien aux Maisons de la Culture et personne ne dit beaucoup de mal des bureaux d’Accès Montréal. Il ne s’agit pas de prendre position pour ou contre ces services et ces équipements d’agrément, mais de déterminer quelle priorité concrète on accordera à l’ouverture d’un nouveau parc ou d’une nouvelle patinoire dans une quartier donné… et quand précisément on pourra le faire.

Or, s’il est facile de constater que la couverture de services est moins dense dans certains quartiers que d’autres – et donc de décider, par exemple, où sera construite la prochaine patinoire – il l’est moins de fusionner cette liste des investissements d’agrément dans la liste plus générale de nos priorités, laquelle doit aussi inclure des équipements essentiels moins gratifiants: les rues, les trottoirs, les égouts.

Chaque année durant laquelle on a laissé se détériorer ces infrastructures essentielles lourdes, on a insidieusement modifié pour l’avenir la liste réelle de nos priorités, puisqu’il y a un point à partir duquel on ne peut plus retarder les travaux de gros oeuvre. Le plan de relance du Gouvernement fédéral offre à Montréal une amnistie miraculeuse de sa négligence passée. Ne la refusons pas. Ne la gaspillons pas. A la fin de son mandat, la future administration doit laisser à Montréal des équipements adéquats et des rues qui aient cessé de ressembler à celles des pays du tiers-monde.

Ce travail sur les infrastructures essentielles est urgent et nécessaire; il serait irresponsable de promettre aujourd’hui de nouveaux équipements d’agrément aussi longtemps que l’on n’aura pas revu l’état de nos infrastructures essentielles. Mais on fera cet examen et une liste des priorités sera établie; quand elle l’aura été, les engagements pris seront tenus à l’échéance prévue.

Montréal, dès 1995, fera un inventaire de ses infrastructures et reverra au besoin le plan triennal d’affectation des 500 millions déjà prévus pour la rénovation et la construction des équipements d’infrastructure .La priorité de chaque chantier sera alors établie et la liste des priorités sera rendue publique. Montréal, avec quelques réserves pour imprévus, annoncera immédiatement à la population et aux soumissionnaires éventuels la liste des travaux qui seront effectués au cours du mandat de la nouvelle administration, ces travaux étant repartis sur les années à venir selon un calendrier précis.Le but de cette démarche n’est pas de priver la population d’un suspense. Il s’agit, d’une part, de mieux documenter les demandes d’assistance financière – dans le cadre des programmes supplémentaires d’emplois que les gouvernements de Québec et d’Ottawa ne manqueront pas de proposer – et d’en tirer donc une plus large part pour Montréal. Il s’agit, d’autre part, de permettre aux entrepreneurs de mieux planifier l’utilisation de leur main-d’oeuvre et de leurs équipements et donc de réduire leurs coûts.Il s’agit aussi d’un effort de transparence. Montréal réalisera les projets selon la priorité fixée au départ, les projets à faible priorité pouvant donc ne pas être exécutés si les fonds dont dispose la Ville sont inférieurs aux prévisions, mais l’ordre de priorité n’étant pas chambardé par des pressions indues.

Montréal accordera aussi toute l’attention requise à l’impact des travaux à réaliser sur la qualité de vie de ses résidants.Montréal, au moment d’accorder les contrats, tiendra largement compte des mesures auxquelles s’engageront les entrepreneurs pour minimiser les inconvénients des travaux à exécuter, tant sur la circulation que sur la qualité de vie en général des citoyens.

Pierre JC Allard

 

15. Une fiscalité réaliste

L’année dernière, Montréal, comme les autres villes de la province, a reçu de Québec une autre fournée de responsabilités. C’est une excellente décision. Le Gouvernement a compris que, dans une société complexe moderne, il est plus efficace de confier l’administration des services à l’autorité qui est la plus proche du contribuable, celle à laquelle il s’identifie le plus et sur laquelle il sens avoir le meilleur contrôle. En fait, c’est devenu un principe reconnu de l’administration moderne, publique comme privée, que les décisions doivent être prises « au niveau le plus près de l’exécution où toute l’information est disponible ».

Ce fut une excellente décision de transférer des responsabilités aux autorités locales, mais cette décision a été prise avec les plus mauvaises intentions. Québec s’est simplement déchargé de ses obligations traditionnelles sur les municipalités, ce qui a évité au Gouvernement l’odieux d’avoir à choisir entre réduire les services… ou augmenter la dette ou les impôts.

Ce sont les villes qui ont porté l’odieux. Et elles le porteront de plus en plus – jusqu’à ce qu’on ait expliqué clairement à la population la manipulation dont elle est l’objet – puisque la tendance vers la décentralisation des services est irréversible et que l’importance relative et le coût des services qu’il faut rapprocher de la population augmentent aussi. La Cité reprend sa place historique comme le lieu premier et privilégié de l’appartenance, mais elle n’a pas les moyens de ses nouvelles responsabilités. On va le lui reprocher jusqu’à ce qu’elle les aient obtenus. Elle doit les obtenir.

Montréal ne peut pas, – et ne souhaite pas non plus ! – lever un impôt sur le revenu ou une taxe à la valeur ajoutée, ni spéculer sur la masse monétaire: ce n’est pas son rôle. Montréal ne peut donc aujourd’hui taxer de façon pratique que ses propriétaires fonciers et ses commerçants. Si ceci ne change pas, une augmentation progressive des responsabilités de Montréal ne peut se traduire que par une détérioration continue des services ou une pression fiscale accrue sur une catégorie bien précise de contribuables: les propriétaires et les commerçants

Accepter une détérioration des services, ou taxer davantage les immeubles résidentiels, c’est consentir à une baisse injustifiée de la qualité de vie des Montréalais. Taxer davantage les immeubles commerciaux et le commerce lui-même, c’est chasser les nouveaux investisseurs et faire obstacle au développement de ceux qui sont déjà en affaires. Deux mauvaises solutions.

La seule bonne solution est un transfert de recettes fiscales des autres paliers de gouvernement vers les municipalités et, surtout, vers les villes qui, comme Montréal, ont la masse critique qui leur attirera inéluctablement de nouvelles responsabilités. On pouvait financer des trottoirs et des égouts avec une taxe foncière, mais on ne financera correctement les activités sociales, sanitaires, éducatives et promotionnelles des villes de demain qu’en leur octroyant une part des recettes globales que tire l’État du revenu et des activités des citoyens et des entreprises de ces villes.

Il serait ridicule de demander à Montréal de mettre en place de nouveaux mécanismes de taxation. C’est l’État qui doit percevoir des personnes physiques et morales résidantes de Montréal, pour remise à la Ville, le montant déterminé par celle-ci. Il importe peu que l’octroi consenti à Montréal provienne des taxes directes ou indirectes de l’État, puisque c’est celui-ci qui doit les percevoir. Montréal va faire ses comptes et estimer ses besoins, étudier les services à rendre et calculer leur coût, proposer ce qu’il semble équitable de tirer des taxes que la Ville a le pouvoir de lever et demander au Gouvernement du Québec de percevoir et de lui octroyer la différence. Cette demande n’est pas négociable.

Cette demande n’est pas négociable. Par par intransigeance, mais simplement parce que Montréal n’a aucun droit ni pouvoir formel pour négocier quoi que ce soit avec le Gouvernement du Québec. Il n’y a pas d’autonomie municipale: Montréal est une créature du Gouvernement du Québec, lequel peut modifier à sa guise la charte de la Ville de Montréal ou légiférer demain que Montréal, comme entité légale, n’existe plus. Il n’y a pas à parler ici de négociation, mais d’une requête, d’une supplique.

Montréal va étayer sa supplique au Gouvernement du Québec d’une enquête comparative auprès d’un échantillon adéquat des grandes villes d’Amérique du Nord, établissant les services que rendent celles-ci et, toutes choses étant égales, les moyens fiscaux et financiers dont elles disposent.

Montréal présentera dans le plus bref délai une demande d’octroi au Gouvernement du Québec, accompagnée d’une étude comparative du statut et des moyens de financement des grandes villes nord-américaines.Montréal demandera qu’on lui accorde un potentiel effectif de financement et un octroi complémentaire lui permettant, à responsabilités égales et fardeau égal pour ses résidants, de disposer d’un budget équivalent à celui dont jouit la grande ville « moyenne » d’Amérique du Nord.

A partir de ce budget « moyen », Montréal assumera la responsabilité d’instaurer plus de justice et d’atteindre l’excellence. C’est ça le défi que Montréal veut relever. C’est une demande équitable. Cette demande ne pourra pas être présentée à temps pour que l’impact puisse s’en faire sentir en 1995, et personne ne devrait avoir la témérité, aujourd’hui, de promettre plus pour 1995 qu’un effort acharné pour augmenter l’efficacité et maintenir les dépenses au niveau de 1994. La réponse des autorités de Québec à la demande d’octroi de Montréal sera connue, toutefois, avant l’automne 1995. 1996 sera l’année du changement fiscal.

Montréal ne négociera pas les termes et conditions de l’octroi demandé à Québec: une ville n’en a pas le pouvoir. Montréal plaidera sa cause, et s’en remettra à l’équité du Gouvernement du Québec, lequel jugera du bien fondé de la requête qui lui sera présentée. Il appartiendra aux Montréalais de juger de l’équité du Gouvernement du Québec.

Pierre JC Allard

 

16. Budget  » Choix multiples »

Montréal financera ses activités futures à partir de ses propres taxes, complétées d’un octroi du Gouvernement du Québec. Cet octroi mettra fin à la contrainte d’assurer toutes les dépenses de la Ville à partir d’une ponction sur les seuls propriétaires et commerçants et permettra donc de réduire leur fardeau fiscal. Ce nouveau mode de financement, toutefois, ne changera pas, du seul fait qu’il est mis en place, les besoins de la Ville ni le montant global perçu de la population. Ceci est une autre décision.

La décision d’augmenter ou de réduire les dépenses de la Ville dépend de notre projet de société. Rien n’est gratuit. On n’a que les services collectifs municipaux dont on est disposé à assumer les frais. Qui prétend le contraire trompe la population. Un régime compétent, c’est celui qui peut offrir un meilleur rapport qualité-prix – c’est-à-dire services-taxes – et chaque administration, sur ce point, doit être jugée à son mérite. Elle ne peut l’être qu’à la fin de son mandat.

Ce qui importe, en début et en cours de mandat, c’est de choisir un juste point d’équilibre entre les deux options extrêmes dont la première consiste à privilégier le meilleur service à tout prix (au meilleur coût possible, bien sûr), et la seconde à adopter le budget le moins gourmand… tout en maintenant les services les moins médiocres que ce budget permet. Il faut faire ce choix d’un point d’équilibre. Cacher la nécessité de ce choix sous de vagues promesses, c’est aussi mentir à la population.

On peut faire ce choix discrètement entre élus: c’est le pouvoir qu’accorde la loi. Mais on peut aussi consulter la population, en lui offrant des plans d’action alternatifs cohérents dont chacun à son coût. En donnant son avis sur ces plans, la population indique clairement à quels engagements elle veut consentir et ce qu’elle souhaite recevoir en retour. C’est un pas de plus vers la vraie démocratie. La mise en place de la Carte de Citoyen permettra de consulter aisément et à peu de frais la population sur ce point.

Montréal présentera chaque année à la population, à partir de 1996, au moins trois plans d’action dont chacun déterminera un budget et correspondra à un taux d’imposition bien concret.Au moins un de ces plans correspondra à un budget égal ou inférieur à celui de l’année précédente et donc à une baisse du taux d’imposition global des contribuables montréalais. La population étant ainsi consultée quand à ses préférences concernant ces trois plans d’action, le payeur de taxes aura son mot à dire dans les choix que fait la Ville en son nom.

Les citoyen seront consultés. Ceci ne veut pas dire que la Ville abdiquera sa responsabilité de décider en dernier ressort de ce qui doit être fait; mais la population pourra savoir quand ses dirigeants auront suivi ses désirs et quand ils auront jugé préférable de privilégier une autre approche. Lorsque l’administration leur rendra des comptes, on peut penser que les électeurs auront – à juste titre – tendance à juger plus sévèrement des décisions néfastes qui auraient été prises envers et contre la sagesse populaire.

Ceci dit, la solidarité que nous voulons vivre à Montréal exigera que ne soient jamais sacrifiés ceux qui n’ont pas de comptes de taxes à recevoir, tout simplement parce qu’ils n’ont rien d’autre à donner que leur travail.

Montréal défendra les droits des moins nantis. Aucune proposition ne sera soumise à l’avis des citoyens dont on ne se sera pas préalablement assuré qu’elle protège les droits des plus faibles et va dans le sens de la justice sociale.

 Pierre JC Allard

 

17. Une structure pour l’action

Pour être bien géré, il faut répartir correctement l’autorité et les responsabilités. Montréal doit se doter d’une structure efficace, établissant mieux la distinction de base entre ceux qui font la loi (les règlements) et la structure d’exécution. Montréal doit avoir un Maire et des Conseillers élus, un Secrétaire général nommé pour la durée du mandat des élus et des directeurs de services qui sont ses hauts-fonctionnaires permanents. La Ville a aussi des employés, sur lesquels elle doit compter et envers lesquels elle a une responsabilité qu’elle doit assumer.

Au soutien de cette structure, il y a les citoyens de Montréal qui doivent être continuellement informés de tout et consultés fréquemment et, pour s’en faire les interprètes au moment de régler de toute urgence les cinq (5) grands dossiers prioritaires auxquels on doit s’attaquer, cinq (5) Conseils Consultatifs dont les membres, tous bénévoles, seront désignés par le Maire.

– Le Maire: un leader sans allégeance

Le Maire de Montréal n’a pas à être le chef d’un Parti. Il doit être le leader et le guide de toute la population. Son rôle est de comprendre les besoins et les demandes des Montréalais et de les exprimer sous la forme de projets clairs aux conseillers qui en décideront démocratiquement. Il est l’exécutif, responsable de la réalisation des projets qui sont acceptés par le Conseil, organe de décision.

Le Comité exécutif: un palier inutile.

En créant le poste de Secrétaire général, la Ville de Montréal s’est orienté vers une conception plus présidentielle que parlementaire de la démocratie; c’est bien celle qui convient à l’administration d’une ville. Le Secrétaire général assurant la permanence de l’autorité et la direction des fonctionnaires municipaux, un Comité exécutif ne sert plus qu’à priver les conseillers démocratiquement élus d’intervenir directement au processus de décision: il doit être aboli.

Les Conseillers : des décideurs sans parti pris

C’est la négation de la démocratie de vouloir qu’un conseiller municipal suive aveuglément les directives d’un parti; chaque conseiller sera présumé élu sur la base de son propre mérite et sera présumé voter selon sa propre conscience. Le Maire soumettra tous les projets et règlements au Conseil Municipal, lequel constituera l’assemblée normative de l’administration de la Ville, sans nul besoin de partis, ni d’un comité exécutif. C’est ainsi que la ville de Montréal ne sera pas régie par une seule clique, mais par plusieurs têtes qui, on le sait, valent mieux qu’une.

– Le Secrétaire général: un administrateur efficace

Un Secrétaire général coiffant les directeurs des services municipaux, premier fonctionnaire municipal et se rapportant au Maire dont il tient son autorité, sera embauché sur une base contractuelle, par décision du Conseil municipal, sur proposition du Maire appuyée des recommandations d’experts indépendants spécialistes en recrutement de personnel. Le Secrétaire général peut être assisté d’une équipe d’experts et conseillers, mais ceux-ci n’ont pas à se substituer aux directeurs de services qui constituent la chaîne hiérarchique.

– Les Directeurs de services: des gestionnaires compétents.

Une ville doit avoir une structure administrative qui correspond aux services qu’elle doit offrir. En mettant l’accent sur l’aspect multiculturel de Montréal, en accordant une priorité à l’ordre public, au transport, à l’habitat et au tourisme, on change les besoins. L’avènement éventuel du Grand Montréal apportera aussi des responsabilités nouvelles et une nouvelle répartition des tâches. Ce n’est pas le détail de ces changements qui importe, mais l’esprit qui doit y présider. Il faut affirmer clairement que tous les changements administratifs requis se feront dans le respect de tous les droits acquis.
– Les employés municipaux: des partenaires loyaux

Ce qui est dit des gestionnaires vaut pour tous les employés de la Ville. Montréal ne règlera pas ses fins de mois sur le dos de ses employés. Exigeant la compétence à tous les postes, ouverte à toutes les hypothèses permettant d’améliorer la productivité, disposée à réduire ses effectifs quand faire se pourra, la Ville ne procédera cependant à aucune mise à pied et respectera tous ses contrats et toutes ses conventions, visant à offrir à chacun de ses employés l’équivalent d’un salaire indexé au coût de la vie et à la moyenne québécoise des gains de productivité.

Les Conseils Consultatifs

Chaque conseil consultatif est présidé par le Maire, assisté d’un membre du Conseil Municipal qui le remplace au besoin et d’un haut-fonctionnaire municipal proposé par le Secrétaire général et qui sert de rapporteur. Les avis du Conseil Consultatif sont déposés au Conseil Municipal.

Les Conseils Consultatifs sont:

Le Conseil Consultatif des Communautés Culturelles – dont nous avons déjà parlé – pour en finir avec l’intolérance et assurer les droits de tous;

Le Conseil Consultatif pour l’Économie et l’Emploi, réunissant des membres du patronat, des travailleurs et des spécialistes en semblables matières

Le Conseil Consultatif de Solidarité Sociale, réunissant des membres des organisations communautaires et du monde des affaires;

Le Conseil Consultatif pour Vaincre la Violence, réunissant les représentants des forces de l’ordre et des groupes particulièrement concernés par la violence;

Le Conseil Consultatif contre le Fardeau Fiscal, regroupant des citoyens, contribuables à titres divers, et des spécialistes du financement public et des mécanismes fiscaux

Pierre JC Allard

 

18. Une administration à l’écoute

Au soutien de la démocratie en action, il y a les citoyens de Montréal qui doivent être continuellement informés de tout et consultés fréquemment. Ils le seront de trois (3) façons complémentaires.


1. La population doit être informée régulièrement de l’état des grands dossiers par les médias, dont c’est le rôle premier d’assurer cette information. La Mairie adressera chaque semaine aux médias un document synthèse de ce qui aura été réalisé, expliquant le pourquoi et le comment des actions de la Ville. Le Maire commentera publiquement ce document et répondra aux questions des journalistes et du public.

2. La population sera consultée. Pas seulement sur le budget annuel mais aussi avant que les autres décisions ne soient prises. Un consensus, le plus large possible, conférera une légitimité à ces décisions et assurera le soutien massif nécessaire au succès des projets entrepris. La Carte de Citoyen, couplée au réseau Interac, peut être un outil pratique pour maintenir ce contact avec les Montréalais et élaborer des politiques et des programmes qui répondent mieux à ce que veut la population

Il faut aussi utiliser pleinement l’outil des sondages, sans se préoccuper de l’hypocrisie de politiciens qui, ayant peaufiné à partir des sondages les messages ambigus qui les ont fait élire, s’enorgueillissent ensuite de ne pas « gouverner par sondages » quand on les avise que les décisions qu’ils veulent prendre à tout prix ne représentent pas la volonté populaire. Aucun règlement, aucun projet ne sera soumis au Conseil municipal par le Maire si des sondages scientifiques impartiaux indiquent qu’une majorité de la population s’y oppose.

3. Il faut informer et consulter au palier des quartiers. Une grande ville est une ensemble de quartiers dont chacun est un lieu d’appartenance. Les mesures déjà prises pour favoriser la consultation de la population des quartiers et leur sensibilisation aux besoins locaux constituent un acquis. La délégation de certaines fonctions et la reconnaissance de la représentativité de certaines structures au palier des arrondissements sont des mesure d’avenir, qui deviendront d’autant plus utiles que Montréal s’élargira à la dimension de l’agglomération montréalaise.

4. Il faut informer, mais aussi former. La consultation de la population des quartiers ne prend tout son sens que lorsque la population s’intéresse vraiment à la vie de son quartier et a développé le sentiment d’&laqno;en être». Il est impossible de mettre efficacement en place un processus démocratique qui ne fait pas l’objet d’une demande réelle, sous peine de voir des groupuscules mettre à profit l’apathie générale pour s’arroger un pouvoir que la majorité n’a jamais voulu leur accorder. Il faut conscientiser la population.

Pour développer la vie des quartiers, la priorité ne doit pas être mise sur le développement de structures supplémentaires couteuses, mais sur l’information et la sensibilisation aux ressources déjà disponibles et sur les possibilités sous-utilisées qui sont déjà offertes aux citoyens de s’en approprier la gestion.

5. L’information relative à la prise en charge progressive de la vie des quartiers par leurs résidants se fera par le biais d’un programme étoffé, lequel sera transmis par les journaux de quartier. Montréal apportera tout le soutien financier nécessaire à l’action des journaux de quartiers et des radios communautaires – lesquels sont devenus un élément indispensable de la démocratie municipale – en négociant avec eux les conditions financières de diffusion de ce programme de conscientisation et en faisant aussi de ces journaux de quartier et radios communautaires les relais privilégiés de la communication entre l’administration municipale et la population.

Pierre JC Allard

 

CONCLUSION. Agir et interagir

Nous sommes en guerre sur cinq fronts. Contre l’intolérance, le chômage, la misère, la violence et une façon désuète et inefficace d’administrer la Ville et de financer ses activités qui a créé un fardeau fiscal intolérable pour le contribuable montréalais. Il faut prendre la mesure de cette guerre. Décider. Agir.

Il faut établir un échéancier rigoureux d’ACTION. Il faut que les mesures que propose ce programme soient appliquées sans délai et, pour qu’elles le soient, il faut d’abord animer le processus de prise de décision. Le Conseil Municipal doit siéger une fois par semaine. Un projet présenté au Conseil une semaine (Semaine 1) doit normalement y être discuté deux semaines plus tard (Semaine 3) et voté ou rejeté deux semaines après (semaine 5).

Un projet doit être présenté par écrit et distribué aux Conseillers accompagné des documents au soutien; il ne fait l’objet, lors de sa présentation, que de questions permettant d’en éclairer l’intention, la nature et la portée. Au cours des deux semaines suivantes, tout commentaire écrit soumis au Greffe par un Conseiller, y compris une proposition d’amendement, fera l’objet d’une distribution auprès de tous les Conseillers.

Les discussions en Conseil sur le projet (Semaine 3) se feront dans l’ordre d’intervention des écrits reçus et mèneront à la présentation formelle de la proposition initiale et/ou d’une ou plusieurs propositions amendées. Si les discussions ne sont pas terminées en fin de séance, elles seront poursuivies le lendemain. Au cours des deux semaines suivantes, chaque conseiller pourra faire connaître sa position et la défendre par écrit, le Greffe en assurant la distribution auprès de tous les Conseillers.

Le vote aura lieu sans discussions en Conseil (Semaine 5) sur la proposition et chacun des amendements, la version du projet ayant recueilli le plus de voix étant adoptée, sauf si aucune n’a obtenu une majorité, auquel cas le projet est rejeté.

Exceptionnellement, la fréquence des réunions du Conseil sera augmentée et le rythme du processus d’examen des propositions accéléré, en novembre et décembre 1994, pour tenir compte du besoin urgent d’une décision:

a) sur les modifications proposées au mode de fonctionnement de l’administration;

b) sur le budget 1995;

c) sur les paramètres d’un pacte fiscal avec Québec;

c) sur un plan d’action contre la misère durant l’hiver 1994-95;

d) sur la position que doit prendre la Ville lors de la prochaine réunion des maires des municipalités du Grand Montréal.

Au début janvier, la nouvelle administration aura déjà pris des positions fermes sur ces dossiers et aura établi l’agenda qui lui permettra de mettre en marche ses autres projets, particulièrement concernant la promotion du tourisme pour l’été 1995.

Les Montréalais vont reprendre le contrôle du destin de leur Ville. Tout de suite.

Pierre JC Allard

 

 

B) Une ‘Guerre’ en Mauricie – 2004

 

Avant-propos:  Le sacre du printemps 2004

Au printemps 2004, au Canada, le fragile gouvernement Libéral à Ottawa croulait sous les scandales.  Il ne se maintenait au pouvoir que par une ahurissante ineptie de l’opposition, dont la trahison d’une de ses vedettes au moment le plus inopportun n’avait été que la plus spectaculaire manifestation.  Il semblait ridicule de voir en Stephen Harper un rival sérieux et que quoi que ce soit pût convaincre les Canadiens de choisir autre chose que la gouvernance apparemment de droit divin du Parti Libéral du Canada.

C’est dans ce contexte que Paul Martin, Premier Ministre succédant  à Jean Chrétien par la seule volonté de son parti – et donc en mal de reconnaissance populaire – exaspéré par les critiques et confiant dans la toute puissance de ses soutiens, a décidé de tenir les élections de juin 2004 qui servent de cadre à cette série de petits textes.

Ayant été élu délégué de la Jeunesse à l’Éxécutif National du parti à son Congres de fondation de 1961…. 43 ans auparavant. . J’étais déjà, en 2004, sans doutele plus ancien membre vraiment actif du Nouveau Parti Démocratique (NPD), J’ai eu cette coquetterie d’insérer une campagne électorale dans ma soixante-dixième année. Celle dont la Bible nous dit… Bon, parlons d’autre chose

Ne voulant surtout pas que ma candidature puisse nuire aux chances du parti dans une circonscription où il aurait eu la moindre chance de l’emporter, j’ai choisi celle de  Saint Maurice- Champlain, ancien fief de Jean Chrétien lui-même,  gardée « rouge » pour cette seule raison en plein pays péquiste et dont la retraite du vieux fils du pays ouvrait désormais les digues à une vague bloquiste dont nul ne doutait qu’elle allait l’emporter. Dans cet environnement – avec des intentions de vote NPD autour de 2% – ma candidature ne pouvait faire de mal et je pourrais tenter qu’il en sorte un peu de bien.

Tout motif personnel mis à part, j’ai pensé que l’occasion était bonne de voir « in vivo » ce que peut faire un individu, sans ressources autres que son temps et ses idées,  qui se lance a corps perdu dans une joute électorale selon les règles du système électoral actuel.  J’ai donc décidé dès le départ de tenir un « livre de bord, décrivant objectivement les péripéties de ce parcours du combattant. Une démarche qui pourrait donner quelques bons tuyaux à ceux qui seraient tentés par cette expérience.

Bonne occasion, aussi, de voir l’impact que pourrait avoir l’internet, la nouvelle arme de construction massive de la pensée populaire qui en était encore à ses premiers tests.  En 2004, on ne pensait pas encore vraiment « blogue » et donc interaction, mais « site », avec une communication de type traditionnel, de ceux d’en haut vers ceux d’en bas… mais je ferais pour le mieux.

De mes efforts est résulté un site ad hoc, sur lequel j’ai publié chaque jour un message et un rapport ultra succinct de mes activités.  Ce site qui a reçu 4 visites le premier jour en recevait quotidiennement plus de 200 en fin de campagne et me valait chacun deux ou trois courriels…  C’était la préhistoire.  Ce que vous trouverez dans cette section, ce sont ces 36 messages courts qui ressemblent…. à des blogues.

Pour respecter la démarche originale, vous avez aussi, accompagnant ces textes, le bref coup-par-coup – pas-à-pas serait plus exact – de mes activités de candidat.  J’ai laissé ces textes de « parcours » en l’état. Ils n’ont plus d’interêt ajourd’hui, sauf, si on est vraiment amateur, celui de montrer l’ambiance. Comme la grisaille et les vieux bouts de ferraille dans les film néo-réaliste italiens. Les idées, elles, cependant, n’ont pas tellement vieilli ; le monde change moins vite que nous…

Pierre JC Allard

 

Préambule: La bataille pour Saint-Maurice

Un titre accrocheur : il n’y a pas eu de véritable lutte dans Saint-Maurice en 2004.  Avec le départ de Jean Chrétien, son organisation s’est investie dans la zizanie et des luttes de succession, ce qui est si typique des organisateurs qui survivent à leurs organisés qu’il est difficile d’y voir un événement.

Du tohu-bohu des libéraux locaux et des interventions de  la tête du parti a finalement émergé, comme candidate, une adorable jeune femme que j’aurais volonté adoptée comme sœur à ma fille,  tout en regrettant les 40 ans de trop qui ne me permettaient pas de la voir autrement.   Intelligente, répartie facile,  elle a fait bonne figure, mais  personne – et surtout pas les Libéraux – ne pensait qu’elle devait ni pouvait gagner  cette élection.

Cette élection était déjà  concédée au candidat bloquiste.  Un candidat bien sympathique, bien représentatif  de la mouvance nationaliste largement majoritaire dans la région et que nul brutal défi ne poussait à se faire pousser des griffes.  Il aurait pu être élu in absentia.

Les conservateurs avaient leur candidat, produit du terroir, aussi fermement collé à une petite fraction du vote que je pouvait l’être à celle encore plus infime dévolue au NPD. Au demeurant, un perdant tout aussi aimable dans sa défaite annoncée que le  gagnant bloquiste dans sa victoire qui l’était tout autant.

Un Vert, aussi, dans la course, issu des marches éloignées du « comté »…  Vert typique, fait sur mesure, tout aussi gentil que les autres, mais avec en plus une cause sympathique. Enfin, un candidat Marijuana. Ai-je dit que le Vert était typique ? Lui l’était également. On pouvait croire sans peine que, au contraire d’Attila, l’herbe pousserait toujours partout où passerait sa monture…

Et, bien sûr, il y avait moi, qu’on pourrait dire typique … des candidats atypiques que peuvent produire des partis idéalistes, comme le NPD.    Voyez ci-haut la photo de notre petite famille de candidats. L’ami vert, est arrivé trop tard des grands bois, mais je vous le présente plus loins en débat animé avec le Conservateur.   Une petite famille, je vous dis. On n’allait tout de même pas se faire la  guerre… !

Alors la « bataille » pour Saint-Maurice a été un ballet, une chorégraphie plutôt qu’une bataille. Deux (2) débats bien polis, des contradictions sans surprises, par médias interposés. On a vécu la démocratie tranquille. Des élections de folklore. Une messe pour la démocratie, comme ces enterrements où l’on arrive tard à dessein pour rester sur le parvis, puisque le corps est déjà froid et que l’important est de saluer les parents et les potes.

Un folklore amusant, mais qui ne suscite tout de même pas l’intérêt du Festival western de St-Tite  Nous tous, les candidats, aurions pu être mêlés, tirés d’un énorme chapeau et distribués au hasard entre les partis sans que les résultats changent d’un iota.

J’ai bien aimé l’expérience. Pays superbe, population accueillante et j’en ai même tiré – comme on le verra – le même exercice vivifiant que m’aurait procuré le pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle que je préparais quand j’ai bifurqué vers ma conscience citoyenne au lieu de poursuivre le salut de mon âme.

J’ai aimé… , mais le constat à faire est que, dans le  modèle électoral que nous avons, ces campagnes sont inutiles.  Les candidats sont inutiles et les députés eux-mêmes sont inutiles, puisqu’ils n’ont d’autres fonctions que de suivre les directives de leurs partis respectifs

Toute notre pseudo démocratie est à repenser et l’un des éléments majeurs à revoir est celui de la représentation des citoyens; j’en parle d’abondant dans une autre série de textes. Dans les textes qui vont suivre, cependant, ce n’est pas de ça que je parle. Vous trouverez quelques idées, mais surtout un prise de vue en direct sur le folklore électoral.  Dans la symbolique d’une « démocratie »… qui nous fait marcher :-

Pierre JC Allard

 

INTRODUCTION:  LE PREMIER PAS

Le plus long voyage commence par un pas en avant(Lin Yutang)

Une bonne tête… un grand coeur… deux longues jambes… mais pas commandité ! Je n’ai d’autres ressources à investir dans cette campagne que des idées, du courage et de la détermination.

Après des générations de « démocratie », est-ce qu’on peut faire en 2004 une campagne électorale au Québec avec des idées, du courage, une volonté infatigable de servir… mais pas d’argent ?

C’est important, parce que si sans argent on ne peut pas faire de changements, on n’est pas loin de dire qu’avec de l’argent on peut faire en sorte que les choses ne changent pas…

Ce qui serait bien regrettable, car il y a des choses à changer pour qu’on ait une société plus juste. Une société où tout le monde peut travailler et être respecté. Une société où la vraie priorité est mise sur la vie. Sur vous et sur vos besoins, pas sur le rendement du capital des autres.

Ne laissez pas les commanditaires parler à votre place et dire que c’est impossible. Nous pouvons changer la société.

Pour que les choses changent, il faut faire un pas en avant. Au cours des cinq (5) prochaines semaines, je vais faire les 500 000 premiers pas.

Je vais prendre le bâton du pèlerin pour la démocratie et faire, pour aller vous rencontrer, les centaines de kilomètres d’un pèlerinage à St-Jacques de Compostelle.

Si vous m’accueillez et que vous faites LE pas suivant, les choses vont changer. Si le jour du scrutin vous faites le pas suivant et votez pour le changement, ce sera le commencement d’une nouvelle démocratie.

Une société où ce sont les citoyens qui ont le dernier mot, pas ceux qui signent les chèques. VOUS, pas les commanditaires.

(Les articles suivant sont les 36 textes quotidiens de mon ‘livre de campagne »)

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 1    24 mai 2004

Une victoire possible

Quand on demande aux électeurs de s’identifier au programme d’un parti politique, l’immense majorité choisissent celui du NPD. Ils ne votent pas pour le NPD, toutefois, parce qu’ils ne CROIENT pas que le NPD puissent prendre le pouvoir.

Mais nous ne sommes plus en 1950, quand les idées évoluaient lentement. Nous sommes à l’heure de la télévision et de l’Internet.

Au cours des deux (2) dernières semaines seulement, selon les sondages, 12 millions d’Americains ont changé d’avis concernant Georges W. Bush et décidé de soutenir les démocrates.

En Inde, lors de la toute récente élection, 40 MILLIONS d’ÉLECTEURS ONT CHANGÉ D’AVIS DANS LES 4 DERNIERS JOURS AVANT LE SCRUTIN, faisant mentir tous les sondages et donnant la majortité à une jeune italienne, veuve de Rajiv Gandhi, qui ne semblait avoir aucune chance.

Que 2 ou 3 millions de Canadiens réfléchissent au cours des prochaines semaines et décident d’élire un gouvernement néodémocrate N’EST PAS une impossibilité: c’est le genre de choses que l’on va voir au XXIème siècle.

Il n’en tient qu’à vous que ce soit ICI et MAINTENANT.

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 2    25 mai 2004

Une victoire probable

Que 2 ou 3 millions de Canadiens réfléchissent au cours des prochaines semaines et décident d’élire un gouvernement néodémocrate N’EST PAS une impossibilité. Mais supposons que ça n’arrive pas. Supposons que les choses continuent d’aller à leur rythme du siècle qui vient de se terminer, avec une bonne part des rouges déçus par l’insignifiance et la corruption qui virent simplement au bleu. Ça nous donne quelle sorte de gouvernement le 28 juin ?

Eh bien, si la tendance se maintient, comme disait l’ami Bernard Derome, on se retrouve le matin du 29 juin avec Libéraux et Conservateurs nez-à-nez et de substantielles représentations néodémocrates et bloquistes avec lesquelles doit composer celui qui veut former un gouvernement. Quels sont les scénarios crédibles ?

On ne peut pas s’imaginer Libéraux et Bloquistes, après ce qu’ils se seront dit au Québec durant la campagne, se mettant d’accord pour former un gouvernement. Peut-on penser à une alliance entre Conservateurs et Néodémocrates ? A Layton et Harper d’en juger, mais c’est une idylle qui ferait sourciller bien des gens.

Conservateurs et Bloquistes ? Ils faudraient que Harper soit suicidaire pour se présenter devant le reste du Canada avec un gouvernement reposant sur la complaisance du Bloc. Reste l’alliance « naturelle » entre Libéraux et Néo-démocrates, dont Pearson avait dit qu’ils ne sont que « des Libéraux trop pressés ».

C’est une alliance qui s’est déjà nouée et dénouée quelques fois et avec des résultats qui, sans être aussi spectaculaires que si l’on avait pour une fois choisi de donner une chance à la gauche, ont néanmoins été acceptables. Si l’on prenait des paris, la meilleure gageure pour cette élection serait sans doute un gouvernement minoritaire, coalition de Libéraux et de Néodémocrates.

Voter NPD n’est pas soutenir un groupuscule d’illuminés. C’est donner son vote à un parti qui non seulement a la justice et l’honnêteté pour lui, mais qui a aussi d’excellentes chances d’être au pouvoir le mois prochain.

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 3   26 mai 2004

Une victoire certaine

Il est possible et même probable, si on en croit les sondages, que les Néodémocrates soient portés au pouvoir le mois prochain dans le cadre d’un gouvernement de coalition. Bon. C’est certainement une bonne nouvelle pour tous les Canadiens, car non seulement la politique du prochain gouvernement devra-t-elle alors tenir compte des engagements du NPD et glisser au moins un peu – et peut-être pas mal – vers la justice et l’équité, mais la présence du NPD comme soutien d’un gouvernement Martin donnerait aussi à celui-ci une excuse pour faire bien des bonnes choses…

Prendre ses distances envers les Etats-Unis, par exemple, dans toute cette abomination de la guerre et de l’après-guerre en Iraq. Se tenir plus droit dans ces histoires de bois d’oeuvre et autre différends dans le cadre de l’Alena où l’on voit bien que les Etats-Unis ne respectent que ce qui fait leur affaire. Convaincre les entreprises, aussi, qu’il faut un peu de solidarité face au chômage. Faire un budget qui favorise la classe moyenne plutôt que les riches.

Il y a beaucoup de choses qu’un gouvernement libéral n’ose pas faire quand il est seul au pouvoir et doit rendre des comptes à ses commanditaires traditionnels, mais qu’il peut se permettre de faire s’il a le NPD à blâmer. Allez-y, le NPD a le dos large. Nous sommes prêts à porter le chapeau pour tous ces gestes de justice et de bon sens dont les Américains et les grandes entreprises vous tiendront rigueur. On est là pour ça.

Regardons les dossiers de mise-à-pied et de fermeture d’usine qui risquent de s’ouvrir à l’automne. Est-ce qu’il ne vaudrait pas mieux avoir en place un gouvernement qui pense d’abord aux travailleurs ?  Un pouvoir néodémocrate, c’est une victoire certaine. Pour vous, pour moi, pour tout le monde.

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 4    27 mai 2004

Le grand adversaire

J’ai commencé mon pèlerinage dans Shawinigan. J’ai rencontré pas mal de gens sur les 4e et 5e Rues. D’abord, merci à tous ceux qui m’ont accueilli: Shawinigan est une ville où l’on sourit, ça fait chaud au coeur. Parce que l’on sourit beaucoup, ici, ça donne encore plus d’importance à ce qui ne fait pas sourire. À ce qui renfrogne. Or, le seul moment où j’ai vu les gens cesser de sourire, c’est quand on dit le mot « politique ».

Ils grimacent. Pas longtemps – la cordialité naturelle revient au galop -, mais il y a un petit moment d’agacement, presque de hargne. Pire, un moment de dégoût. À Shawinigan, on est dégoûté de la politique. Pas dégoûté d’un politicien ou d’un autre, dégoûté de TOUS les politiciens.

Je suis arrivé avec des arguments rationnels, mais je m’aperçois que la question n’est pas de prouver que le programme du NPD est le meilleur, tout le monde en convient. Le problème est de convaincre qu’un politicien, quel qu’il soit, peut dire une vérité, respecter une promesse, faire autre chose que s’en mettre plein les poches. Le grand adversaire, c’est la perte de confiance qui devient l’apathie. Le gagnant le plus probable de cette élection, à l’heure actuelle, c’est l’abstention.

Il y aura, le soir du scrutin, plus de gens qui n’auront pas voté que de votes pour le gagnant de cette élection. Si on ne renverse pas la vapeur, il y aura même plus d’abstentions que de votes pour tous les candidats réunis ! Ça, quel que soit celui qui aura gagné, ce serait une défaite pour la démocratie.

«  » »

Le parcours du Combattant

Aujourd’hui a commencé la Longue Marche.

Nous sommes 19 221 (longs) pas plus près du but.

Je recueille les feuillets orangés que Monique et moi allons distribuer et qui constitueront sans doute notre seule dépense publicitaire. Ils sont prêts à temps. Merci, Copie Services.

Approche de l’Association générale des étudiants du CEGEP. (Avez-vous remarqué le cynisme de Paul Martin qui déclenche les élections à une date où une bonne partie des jeunes ne pourront pas voter ?)

Monique et moi avons sillonné les 4e et 5e rues et rencontré 208 personnes. EXCELLENT accueil.

Nous nous sommes faits de nouveaux amis; nous avons pris quelques photos. Je vous inviterai à venir voir notre () dès que j’aurai eu le temps de mettre les photos sur le site

Ce soir, 18 h 30 je rencontre Jack Layton à Montréal de même que quelques-uns des autres candidats NPD du Québec. Vous verrez à la télévision.

DEMAIN 28 mai 2004

D’abord, mettre la dernière main à la logistique: local, voiture, téléphone, Internet, procédures de présentation, etc.

13.30 Entrevue à Trois-Rivières avec Le Nouvelliste.

Marcher quelques rues pour maintenir le contact et garder la forme

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 5    28 mai 2004

Voter pour quoi ?

On ne peut répondre à la question « Pourquoi voter » – qui est celle que tout le monde ici me pose – qu’en répondant à une autre question que les gens, hélas, ne posent même plus: « Voter pour quoi ? » Il y a quelques bons choix à faire.

Voter POUR une médecine gratuite et CONTRE la privatisation des services de santé. Voter POUR la protection des régimes de pension et CONTRE leur érosion hypocrite par une inflation non compensée. POUR une éducation post-secondaire culturelle et technique de qualité et CONTRE une éducation réservée à une élite et une formation qui ne suit plus l’évolution des besoins.

POUR un environnement et des énergies propres, CONTRE la pollution débridée. POUR l’habitat à prix modique et un équilibre entre transports publics et privés, CONTRE la hausse galopante des loyers et le marginalisation du transport en commun. POUR un Canada qui suit sa conscience sur la scène internationale et CONTRE un Canada qui entérine les décisions de son voisin au mépris de l’opinion nationale et mondiale.

POUR un gouvernement financièrement responsable et qui inspire l’adhésion par le respect, CONTRE un gouvernement qui thésaurise ou dilapide les fonds publics selon ses caprices, puise dans les fonds réservés à la protection des chômeurs et détourne des dizaines de millions pour ses « commanditaires ».

Et quand on sait pour quoi voter, on sait aussi pourquoi voter: pour que vive la démocratie et que les choix de la population deviennent des directives claires données au gouvernement que celle-ci s’est choisi.

***

Parcours du Combattant

Jour 5 de la campagne.

Nous sommes 6 923 pas plus près du but.

Une bonne partie de l’avant-midi en contact avec des médias.

Réponses aux courriels reçus.

Concertation pour une conférence de presse régionale, lundi, à Trois-Rivières

13 h 30 Entrevue à Trois-Rivières avec Le Nouvelliste.

Je termine mon parcours de la 5e rue de Shawinigan

Km parcourus depuis le début de la campagne: 24, 57

DEMAIN 29 mai 2004

Réunion de coordination à Montréal

Premier contact avec Grand-Mère : La 6ème avenue

Pierre JC Allard

 

 

Saint Maurice Jour 6    29 mai 2004

Alors, cette campagne, on la fait ?

Depuis que j’ai commencé à circuler dans St-Maurice-Champlain et à parler aux gens, je n’ai pas entendu qui que ce soit me dire un mot sympathique des autres partis, de leurs candidats ou de leurs programmes. Pas qu’on m’en dise du mal, mais simplement qu’on semble ne pas trop savoir qu’en dire.

De temps en temps, un Bloquiste me dira qu’il ne voit pas d’autre utilité à cette élection que d’envoyer quelques Québécois au Parlement canadien répéter qu’ils ne devraient pas y être, mais ça s’arrête là. Pour ce qui est de ce que l’on devrait faire à ce Parlement qui va tout de même décider de notre sort pendant 4 ans au moins et dépenser pendant ce temps la moitié de nos taxes, rien.

Pour ce qui est d’un partisan libéral, d’un »Rouge » convaincu, rien en vu. Pas un mot. Comme si le parti libéral et son programme n’existaient pas, remplacés par d’innombrables pancartes parlant d’une « Équipe Martin », toutes illustrées du portrait de la candidate, bien mignonne d’ailleurs.

Les 9 milliards de Paul Martin pour la santé, les autres milliards pour les villes…. Bof…! Ça ne semble pas faire battre les coeurs ni susciter d’indignation.

Personnellement, je ne pense pas que les propositions de Paul Martin soient bêtes et encore moins insignifiantes. Insuffisantes, peut-être, certainement litigieuses au palier des relations avec les provinces, mais pas à accepter sans discussion ni à écarter sans débat du revers de la main. Il faudrait en parler. Je ne suis pas certain que la population veut écouter, mais est-ce qu’il n’y a pas d’autres candidats qui voudraient au moins ESSAYER de lui en parler ?

***

Parcours du Combattant

Jour 6 de la campagne.

Nous sommes 9 678 pas plus près du but.

Je débute ma marche le long de la 6e avenue de Grand-Mère. Je ne pourrai faire qu’une demi-journée de contacts personnels, car je dois aller à Montréal pour une autre réunion de coordination. Je suis à pied d’oeuvre à 8 h 30 au restaurant Palace. Enfin, quelques conversations qui touchent le fond du débat. Quel Canada on veut et comment y parvenir. J’ai tout de même rencontré 106 citoyens… et l’intérêt monte

Réunion à Montréal. Une stratégie qui met l’accent sur la présence et la franchise. Le courage des convictions. Une campagne axée sur des propositions concrètes. Bonne nouvelle: à l’échelle nationale, les résultats des sondages indiquent que les intentions de vote pour le NPD montent en flèche.

DEMAIN 30 mai 2004

Établir les listes d’envois définitives de nos communiqués.

Continuer la marche interrompue sur la 6e Avenue de Grand-Mère.

Km parcourus à date: 33,66

Pierre JC Allard

 

 

Saint Maurice Jour 7    30 mai 2004

Ça sert à quoi, un député ?

Dans une démocratie parlementaire, le Parlement est souverain. L’ensemble des députés représentent leurs électeurs respectifs et constituent ce Parlement souverain. Ça, c’est en théorie. En pratique, ce sont les partis politiques qui proposent chacun un candidat aux électeurs. Les électeurs, qui veulent d’abord choisir un gouvernement, votent d’abord pour un parti sans trop se soucier du candidat lui-même. C’est une pensée qui ramène à une saine humilité tout candidat qui commencerait à se prendre pour un caïd.

Cela dit, est-ce que le député doit se limiter à être la petite boîte où l’on met les votes pour les partis ? Certainement pas. Un député devrait se voir comme le lien entre le gouvernement et les électeurs.Celui qui explique aux électeurs ce que fait le gouvernement, pourquoi et comment il le fait. Celui qui dit au gouvernement ce que veulent les citoyens. Ça, le député doit le faire pendant toute la durée de son mandat. Il peut le faire qu’il soit du parti au pouvoir ou de l’opposition. Il le fait bien s’il comprend que c’est pour ça qu’il a été élu et s’il s’organise correctement pour le faire.

***

Parcours du Combattant

Jour 7 de la campagne.

Nous sommes 12 269 pas plus près du but.

Retour de Montréal. C’est dimanche, La majorité des commerces sont fermés, mais il fait beau, les gens sont aux terrasses et dans les bars et restaurants. Le moment d’avoir des conversations plus en profondeur. À Shawinigan sur la 5è rue, mais surtout sur la 6e avenue de Grand-Mère. 234 personnes rencontrées

J’ai encore l’impression que le plus gros problème sera d’amener les gens à voter. Pour qui que ce soit. L’accueil cependant est particulièrement chaleureux. On apprécie un candidat déjà âgé, mais qui lutte pour ses convictions. Un candidat qui n’est ni commandité ni financé, mais qui y va de sa poche pour faire passer un message.

Nous avons préparé les listes d’envois aux médias et organismes

DEMAIN 31 mai 2004

10,30 Conférence de presse conjointe à Trois-Rivières des candidats néodémocrates de la Mauricie.

En après-midi. Beau temps mauvais temps, je marche à Shawinigan-Sud.

Km parcourus depuis le début de la campagne: 45,19

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 8    31 mai 2004

Santo Duplicità

Depuis 2 ans, je passe plusieurs mois par année en Italie. Milan, pour être exact, où ma fille est consul du Canada. Jolie ville Milan et, en plein milieu, une vieille forteresse: le chateau/palais des Sforza. Belles pierres, beaux jardins, mais, si je vous en parle, ce n’est pas pour l’architecture: c’est pour l’Histoire. Sur 30 mètres, en une douzaine de panneaux, on offre au touriste en dégustation l’histoire du château. WOW !

Des Visconti à Napoléon, des Autrichiens aux Espagnols en passant par les Français, on en a tué du monde au château ! Remarquez que ça se faisait beaucoup à l’époque; l’intérêt du château ne vient pas des meurtres qu’on y a commis, mais de la manière dont on s’y est entretué. Par le poison, le couteau, le mousquet… mais toujours avec une omniprésente fourberie. Le château est un monument à la duplicité.

Je ne vous raconterai pas tout le « soap », mais le thème principal est du type suivant: le duc fout sa femme au donjon parce qu’elle complote avec le duc du nord voisin, son amant, mais est assassiné par son fils aîné qui la libère et prend le pouvoir. Manque de pot, le fils cadet file chez le duc du sud, l’autre voisin, et lève une armée de mercenaires pour revenir venger son père. Le fils aîné confie le chateau à son plus loyal ami et entreprend une campagne préventive contre son frère. En son absence, le loyal ami livre la ville au duc du nord qui empoisonne la mère dont, de toute façon, il ne voulait plus. Les deux frères se réconcilient et viennent reprendre le château après un long siège, au cours duquel va périr une bonne part de la population de la ville.

Et ça se répète pendant des siècles… et des siècles. Au début on éprouve un vague malaise, puis une étrange nausée puis, vers le dixième panneau, quand Bonaparte qui se prépare à devenir empereur vient rétablir à Milan les « valeurs républicaines », on rigole et on va prendre un espresso.

Ce soir, en prenant un espresso, j’ai appris que Martin s’était réconcilié avec Chrétien et que les Libéraux voulaient revenir nous donner quelques années d’un gouvernement honnête. Vraiment ? Bon, si vous le dites…

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 9    1er juin 2004

A droite, toute !

 

Pincez-moi, je rêve ! Alors que Paul Martin semble vouloir illustrer son slogan « Tout droit » en dirigeant son parti vers une défaite à la Kim Campbell par le plus court chemin, Stephen Harper semble se précipiter pour lui barrer la route. Plus d’argent pour l’armée canadienne ? Acheter des armes plus performantes ? Se coller de plus près à la politique américaine ? Où diable les Conservateurs ont-il été chercher l’idée que c’est ce que veulent les Canadiens, alors que 80% d’entre eux sont d’accord avec la décision de ne PAS intervenir en Iraq ?

Et pourtant…, les sondages enregistrent toujours un lent virage du vote libéral vers les Conservateurs. Simple décalage entre l’information et la réaction des électeurs, ou les Canadiens sont-ils tellement dégoûtés du présent régime qu’ils sont prêts à tout pour un changement ? Même à un virage brutal vers la droite?

Pendant ce temps, le NPD grimpe aussi dans les intentions de vote, mais nous partons de plus loin. Si on prolonge les courbes, on voit qu’il y a une zone pendant laquelle on quitte la probabilité d’un gouvernement libéral minoritaire sans atteindre celle d’une victoire néodémocrate. Si nous sommes dans cette phase de la courbe au moment des élections… le pays vire à droite.

Ceux qui quittent la barque libérale par milliers – peut-on les en blâmer ? – devraient faire un solide examen de conscience avant de choisir la solution de facilité et de passer simplement du rouge au bleu. Ils devraient se demander s’ils veulent VRAIMENT du programme conservateur. Si la réponse est NON, il faudrait qu’ils aient le courage de ne pas voter simplement pour autre chose mais pour MIEUX. Il faudrait bien peu de chose pour que tout bascule vers le NPD. Continuons le combat.

***

Parcours du Combattant

Jour 9 de la campagne.

Nous sommes 20 645 pas plus près du but.

9 h 00 Entrevue téléphonique avec Réjean Harvey de CFLM-AM (1240 AM)

10 h 00 Dépôt officiel de l’acte de candidature chez le Directeur du Scrutin.

Rendez-vous organisés avec quelques personnalités. Vous aurez des surprises…

Shawinigan Sud. La 5 aime avenue. Ça marche. Compte tenu de la pluie, tous les commerces sauf un acceptent avec gentillesse que je distribue ma documentation à l’intérieur de leurs établissements. Ai rencontré 254 personnes.

Beaucoup de gens m’ont vu à la télévision, ou ont vu l’article me concernant publié ce matin dans Le Nouvelliste. Quelques-uns ont entendu parler de moi par des gens que j’ai déjà rencontrés à Shawinigan ou Grand-Mère. La roue commence à tourner.

DEMAIN 2 juin 2004

Je marche sur St-Marc à Shawinigan

Parcourus depuis le début de la campagne: 82.48 Km.

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 10    2 juin 2004

Au nom du Christ, partez !

Il y a une dizaine de jours que je marche inlassablement le long des rues de Shawinigan et de Grand-Mère. Je deviens peu à peu un élément permanent du décor, ce qui devrait être le premier objectif d’un député: ETRE PRÉSENT. Plus je deviens un familier, plus l’on me parle. J’écoute, j’en apprends, je comprends… Les Montréalais qui parlent grande politique aux terrasses de la rue Bernard, à Outremont, n’ont pas la moindre idée de ce que ça peut donner la corruption dans une ville familiale de taille moyenne où tout le monde se connaît.

Je ne parle pas de tel ou tel scandale, d’un tel ou d’un tel, la médisance est sans intérêt. Je parle d’une ambiance où l’appartenance à un parti politique plutôt qu’un autre a un impact direct sur votre vie et votre avenir. Un climat où tout dépend de la décision de se rallier ou de ne pas se rallier à telle ou telle faction d’un même parti, voire à tel ou tel clan de telle faction, de tel parti….

Quand on parle de démocratie, il ne faut pas penser à un droit acquis ; ça, c’est fait. Il faut penser à une réalité à créer et à introduire dans la vie quotidienne; c’est ça qui reste à faire. Quand je passe d’une terrasse à un commerce, à une taverne, j’entends le même message de la population aux Bleus comme aux Rouges et ce n’est pas original, c’est celui de Cromwell au Parlement anglais en 1649, après 9 ans d’inepties et de babillage inutile:

 » Vous avez été là trop longtemps pour le peu de bien que vous avez fait. Allez-vous en ! Au nom de Dieu, partez !  »

***

Parcours du Combattant

Jour 10 de la campagne.

Nous sommes 22 149 pas plus près du but.

Je marche sur la rue St-Marc à Shawinigan. 291 personnes rencontrées.

A cause d’un malentendu, les volontaires chargés de recueillir les signatures requises pour ma mise en candidature ont introduit des signataires d’autres circonscriptions. Il me faut en recueillir d’autres rapidement.

C’est fait. Merci à tous les clients du Restaurant Palace de Grand-Mère qui m’ont dépanné.

J’ai rendez-vous avec Madame la Mairesse Lise Landry le 17.

Invitation à LaTuque.

Nombreux contacts avec les médias.

Parcourus depuis le début de la campagne: 103,30 Km.

DEMAIN 3 juin 2004

Marche intensive sur St-Marc et rappel à Shawinigan-Sud.

J’attends la réponse à des démarches importantes. On en parle demain.

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 11    3 juin 2004

Responsabilité et langue de bois

 

J’ai été particulièrement fier de Jack Layton ce soir, à l’émission Le Point, quand il a prouvé à la fois qu’il avait appris le Français et qu’il n’apprendrait pas la langue-de-bois. Bernard Derome, qui est un redoutable inquisiteur, n’a pas réussi à lui arracher la concession au « politiquement correct » d’une excuse à Paul Martin, excuse qui aurait été totalement déplacée.

Jack a dit que Paul Martin était responsable de la mort des sans-abri jetés à la rue par l’arrêt brutal de la politique d’aide au logement social. Ce n’est pas une insulte, c’est le constat d’une évidence. Gouverner, c’est prévoir et un homme d’État digne de ce nom doit prévoir les conséquences prévisibles des gestes qu’il pose. S’il les prévoit, il en est responsable. S’il ne les prévoit pas, il est un irresponsable… et ce n’est pas un homme d’État.

Il est temps que l’on appelle une casserole une casserole, un magouilleur un magouilleur et les promesses qu’on a faites et refaites sans les tenir des mensonges. Les questions tenaces de Derome lui ont valu une réponse claire…. et le regard le plus franc qu’on ait jamais vu dans une émission de télévision politique au Canada.

Chapeau Jack !

***

Parcours du Combattant

Jour 11 de la campagne.

Nous sommes 26 433 pas plus près du but.

Je marche à Shawinigan, sur la rue St-Marc, mais aussi sur la 5e rue. À Grand-Mère, aussi, sur la 6e Avenue. Un programme un peu décousu mais gratifiant, alors que je réponds a diverses demandes. 318 personnes rencontrées.

Faits marquants: une entrevue avec L’Hebdo de St-Maurice et un contact avec Global News. Je commence à recevoir un nombre significatif d’offres de collaboration

Parcourus depuis le début de la campagne: 128.14 Km.

DEMAIN 4 juin 2004

St-Gérard

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 12   4 juin 2004

Amour et défusions

Maintenant que je marche dans la circonscription, je regarde la carte avec des yeux neufs et je comprends à quel point les fonctionnaires de Québec qui ont ordonné les fusions n’avaient pas seulement des oeilleres mais des lunettes noires, pas de chiens et pas de cannes blanches. Une ville ou un village, c’est une histoire commune et donc une histoire d’amour, une appartenance. Une appartenance, ça se développe, ça ne se commande pas. C’était donc une incommensurable bêtise de fusionner des municipalités contre leur gré, comme de demander que des gens qui vivent à 2 heures de route les uns des autres ne se sentent pas un peu différents.

Il peut être opportun, administrativement parlant, que des plans de développement et certaines politiques soient établis à l’échelle d’un territoire plus vaste. C’est pour ça qu’on a créé des MRC et rien n’empêche qu’on mette en place des structures adéquates pour gérer les problèmes qu’ont en commun les gens de Shawinigan et de Saint-Gérard, par exemple, ou ceux de La Tuque et de l’un ou l’autre des villages qu’on y a joints de force. Mais n’allons pas dire aux habitants d’une ville ou d’une commune que, par ordre de Big Brother, ils ne sont plus eux-mêmes, mais sont devenus autre chose.

Pas très astucieux, non plus, l’idée d’une campagne référendaire pour les défusions. À cause de cette bourde, les gens qu’on a réunis de force et qui auront lutté pour se séparer seront, au moins pour quelque temps, bien plus réticents à confier à une structure distincte la responsabilité de résoudre les problèmes qu’ils doivent affronter en commun. Il aurait mieux valu annuler tout simplement les fusions et se rendre autrement là où il semble inévitable d’aller, en modifiant le partage des pouvoirs entre les municipalités et des structures ad hoc mises en place pour régler ces problèmes communs.

Le gouvernement fédéral n’a rien à voir dans cette affaire, mais même un candidat a le droit de penser, n’est-ce pas ?

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Parcours du Combattant

Jour 12 de la campagne.

Nous sommes 14 007 pas plus près du but.

Aujourd’hui, c’était à pied mais aussi en voiture; St-Gérard est trop grand, la population trop dispersée pour un porte-à-porte traditionnel. Mais quel superbe pays ! J’ai aussi découvert en passant, Sainte-Flore, où je retournerai. En après-midi, un retour sur Grand-Mère et, en soirée, une petite tournée des bars de la 5è, à Shawinigan. Les joueurs de pétanque, aussi, qui me rappellent la Provence et Hyères où j’ai vécu quelque temps.

J’ai parlé aujourd’hui à 186 personnes. Le Soleil de Québec me voit demain. Le 16 juin, je serai à La Tuque, pour le débat sur les enjeux locaux.

Parcourus depuis le début de la campagne: 141,30 Km.

DEMAIN 5 juin 2004

Entrevue avec Le Soleil et je quadrille Shawinigan Sud.

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 13  5 juin 2004

Le Canada, vous connaissez ?

Je parlais hier de fusions et de défusions municipales. Je disais qu’une ville ou un village, c’est une histoire d’amour, une appartenance. et que ce n’était pas bien futé de vouloir rayer tout ça d’un trait de plume parce que c’est plus commode pour les fonctionnaires de tenir un seul registre plutôt que plusieurs. À bien plus forte raison, Sa Majesté Britannique n’a peut-être pas été sagement inspirée par l’Esprit Saint quand elle a choisi, au siècle dernier, de fusionner ses loyaux sujets francophones et anglophones de l’Amérique du Nord.

Loyaux sujets ? Eh oui ! La seule chose que nous avions en commun, au nord du 45e parallèle, c’était une volonté tenace de rester britanniques pour NE PAS ÊTRE ETATS-UNIENS…. mais ça, nous l’avions. Nous l’avions férocement. C’était ça, NOTRE problème.

Au lieu d’imposer une fusion, est-ce qu’il n’aurait pas mieux valu mettre en place une structure pour gérer nos problèmes communs – en fait, NOTRE problème commun – et nous laisser, pour le reste, demeurer ce que nous étions ? Peut-être. Peut-être qu’il vaudrait mieux, encore aujourd’hui, annuler tout simplement la « fusion et se donner, en discutant entre provinces, un gouvernement fédéral et une constitution qui correspondent mieux à la répartition des pouvoirs que nous souhaitons.

Peut-être. On ne réglera pas ce problème ce matin. Mais ce qu’on peut se dire tout de suite, c’est que NOTRE problème n’est pas réglé lui non plus et qu’il faut, plus que jamais, une structure pour gérer les efforts communs de ceux au nord du 45e parallèle qui veulent plus de justice et d’égalité, des programmes sociaux et la paix dans le monde. C’est une structure NECESSAIRE pour nous tous qui ne voulons pas d’une guerre en Iraq, d’un embargo contre Cuba, d’une CIA qui tire à vue sur la démocratie partout en Amérique latine et d’un système de santé qui laisse les gens crever à la porte des hôpitaux.

On pourrait appeler cette structure la « Confédération des Pas-Etats-Uniens » ou n’importe quoi, mais « Canada » ne sonne pas si mal… et la publicité a déjà été payée.

Union, fédération, confédération, association… Une répartition des tâches entre deux structures ça se corrige et il y aura un temps pour corriger la structure canadienne. Mais le maintien d’une structure « Pas-Etats-Unienne » est notre affaire, à Québec tout comme à Vancouver. Le 28 juin, on demande qui de Martin, Layton ou Harper la défendra le mieux. Les Québécois doivent le dire.

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Parcours du Combattant

Jour 13 de la campagne.

Nous sommes 8 226 pas plus près du but.

Entrevue avec Le Soleil de Québec.

Mes entrevues précédentes avec Le Nouvelliste et le Journal de Trois-Rivières sortent en nouvelles. Surtout, mon entrevue avec Bernard Lepage sort dans l’Hebdo du Saint-Maurice. Il traite le sujet avec humour. Bravo. Si vous aimez le style de Lepage, vous aimerez le mien… La photo est moche, mais j’assume la pleine responsabilité de ma tronche comme de mes idées.

Quelques contacts établis avec des groupes de l’âge d’or

Pour des raisons de logistique, je fais un peu de porte-à-porte à Grand-Mère plutôt qu’à Shawinigan Sud comme je l’avais prévu.

DEMAIN 6 juin 2004

Je vais découvrir le Sud-Est de la circonscription

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 14   6 juin 2004

Supposons…

 

« Supposons que vous êtes élu… » Le simple fait qu’on me pose si souvent cette question me fait bien plaisir.Pas que ça augmente mes chances de gagner, mais je pense que c’est une bonne question et que j’ai une bonne réponse. Une réponse si bonne, qu’elle pourrait servir à quiconque sera élu, moi ou un autre.

Celui qui sera élu, devrait être présent dans la circonscription. Si sa présence est requise à Ottawa – ce sera souvent le cas – il doit laisser en charge du bureau de comté une personne en qui il a si confiance que ce qu’elle dira vaudra comme si lui-même l’avait dit. Répondre  » Monsieur le député vous rappellera » à un électeur qui demande quelque chose, ce n’est pas la bonne réponse. La bonne réponse, c’est « oui » ou « non » avec une date.

Ensuite, la circonscription est vaste et avoir un bureau de comté ne règle pas tout. Le député – ou celui ou celle qui le représente en son absence – doit se déplacer. Aller vers les gens. Une journée par semaine dans chaque MRC du sud du comté, une par mois dans le nord et dans chaque réserve importante. Et l’on n’y va pas pour serrer des mains: on y va pour faire avancer les dossiers et régler les problèmes.

Chaque semaine, un bulletin doit être distribué par la poste et sur Internet qui fait le bilan de ce qui s’est passé au Parlement et des décisions qui doivent s’y prendre. La population doit faire ses commentaires, proposer des idées… et on doit lui répondre. Le député doit savoir ce que veut la population et le faire savoir au gouvernement.

Le député doit constituer un comité de « conseillers » représentant les forces vives de la circonscription: employeurs, travailleurs industriels et ruraux, commerçants, étudiants, pensionnés… Il doit les informer, prendre leur avis…, agir VRAIMENT comme le représentant de la population

LA PREMIERE CHOSE A FAIRE, C’EST DE RÉTABLIR LE CONTACT AVEC LA POPULATION.

CRÉER LA DÉMOCRATIE !

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Parcours du Combattant

Jour 14 de la campagne.

Nous sommes 11 349 pas plus près du but.

La journée d’aujourd’hui consiste essentiellement en trois visites à la grande vente de trottoir de Shawinigan-sud. J’ai distribué 1 000 pamphlets, ce qui était mon objectif, puis immédiatement la pluie a commencé. Une coïncidence, mais j’apprécie quand même cette courtoisie des Autorités Supérieures. 1 000 personnes rencontrées, mais bien plus brièvement que d’habitude

Je n’étais pas seul à y être, mais quelqu’un m’a dit avec un clin d’oeil : »C’est pas toujours vrai que la beauté passe avant l’âge…  » Si seulement quelqu’un pouvait organiser un débat entre les candidats !

DEMAIN 7 juin 2004

Je planifie mes visites aux clubs de l’Âge d’or et je vais voir les gens au Centre La Plaza de Shawinigan

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 15   7 juin 2004

Bon, qu’est-ce qu’on fait ?

 

Ayant été à mes heures Directeur général de la Main-d’oeuvre du Québec – et conseiller en planification des ressources humaines auprès d’assez de gouvernements pour que je risque d’en oublier – je suis un peu biaisé quant à la source de nos problèmes. Je pense que seul le travail crée la richesse, et qu’on ne réglera les problèmes de la pauvreté et de l’exclusion sociale, ici comme dans le monde entier, qu’en mettant au travail tous ceux qui peuvent travailler. LA PRIORITÉ ABSOLUE, c’est de mettre tout le mode au travail.

Pratiquement, ça veut dire de garder les emplois que nous avons, d’en créer d’autres dans la mesure du possible, mais aussi d’encourager CONCRETEMENT les travailleurs autonomes qu’il faut considérer comme de véritables entrepreneurs. Il y a un vide présentement dans le système d’aide de l’État qui s’intéresse évidement aux travailleurs et aux employeurs, mais jette un regard distrait sur tous ceux qui ne sont ni ne veulent être a court terme l’un ou l’autre, mais seulement rendre un service à la mesure de leur compétence et en retirer un revenu.

On a tort de négliger le travailleur autonome car, dans une société de services comme celle que nous sommes devenus – c’est vers ce statut que doit se diriger une proportion croissante de la main-d’oeuvre. Il ne reste que 18% des travailleurs dans le secteur industriel. Quiconque peut créer SON travail mérite d’être aidé.

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Parcours du Combattant

Jour 15 de la campagne.

Nous sommes 9 836 pas plus près du but.

Quelques visites à Grand-Mère. Shawinigan et Shawinigan-Sud dans des résidences et clubs de l’Âge d’Or. Je suis heureux de constater que l’intérêt pour la chose politique reste toujours vif auprès des gens de ma génération. Le désenchantement envers les politiciens traditionnels est tout aussi présent que chez les plus jeunes, cependant. Il y aura un travail en profondeur à faire après les élections pour informer régulièrement TOUS les groupes d’âge.

Une longue promenade au centre d’achat La Plaza. Accueil TRES sympathique et de plus en plus de gens me connaissent déjà. L’article de Bernard Lepage a eu d’énormes conséquences. Ai rencontré 446 personnes et distribué tout autant de mes feuillets.

DEMAIN 8 juin 2004

Je vais découvrir le Sud-Est de la circonscription. St-Stanislas et toute la région. Cette fois, c’est la bonne.

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 16   8 juin 2004

On a des idées !

Quand on écoute, les idées viennent de partout. À profusion. Ce matin, j’étais à quelques kilomètres du village de Saint-Maurice, une belle ferme, un chien adorable et surtout, bien sûr, un citoyen sympathique. On parle, on jase… et on en arrive à cette affaire d’enregistrement des armes à feu. Au NPD, on est d’accord avec l’enregistrement des armes à feu, tout en reconnaissant bien que ce n’est pas ça qui va régler le problème de la violence. Aider un peu, oui… mais le régler non. C’est seulement un élément d’une stratégie pas mal plus complexe.

Parce qu’on parle d’un élément entre autres d’une stratégie plus vaste, il ne faut pas que cette affaire d’enregistrement vienne épuiser tout le budget qu’on a pour lutter contre le crime et la violence. Quand on nous dit qu’on a dépensé 2 milliards (2 000 millions) pour ça, on se pose des questions. On cherche des réponses.

À Saint-Maurice, j’entends une proposition qui me semble intéressante. Au lieu de dépenser 2 000 000 000 pour demander aux citoyens de remplir des formules concernant les armes à feu, est-ce qu’il ne serait pas plus simple de procéder comme on le fait pour le recensement: envoyer des gens sur le terrain et poser les questions qu’on veut pour bâtir les registres qu’on veut ?

Je ne suis pas un expert de la question, mais je sais compter. Ajouter quelques questions au prochain recensement quinquennal qui aura lieu bientôt ne coûterait pas 2 000 000 000. En fait, ça ne coûterait à peu près rien et l’on éviterait ces problèmes de formules incomplètes …. et de confirmations retardées ou perdues qui laissent dans l’incertitude même ceux qui se conforment à la loi.

C’est une idée. Les gens ont d’innombrables idées. C’est le mérite de la démocratie de permettre que tout le monde puisse proposer des idées. Mais il faut écouter.

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Parcours du Combattant

Jour 16 de la campagne.

Nous sommes 11 937 pas plus près du but.

Visites à N.D du Mont Carmel, Saint-Maurice, Saint-Narcisse, Saint-Stanislas, Saint-Prosper, Sainte-Anne-de-La Pérade, Batiscan… des bars, des restaurants, des dépanneurs, des stations services, des maisons de retraite, etc.

Rencontre au SADC de Saint-Stanislas: invitation au débat de St-Tite le 22. Je n’y manquerai pas.

Lunch Chez Isabelle – 80 bières à choisir, d’ici mais aussi de Belgique et même du Vietnam !

On cherche sans succès la tombe du grand-père de Monique, Hector Hardy, à Batiscan. Peut-être la trouvera-t-on demain, à Ste-Genevieve…

Nous avons rencontré 179 personnes.

Depuis le début de la campagne, j’ai marché 180,14 Km.

DEMAIN 9 juin 2004

Je vais poursuivre à Batiscan puis aller ensuite à Sainte-Geneviève, Saint-Luc, Champlain, cherchant à prendre contact surtout avec les propriétaires et travailleurs agricoles.

https://nouvellesociete.wordpress.com/2004/07/01/saint-maurice-jour-17/

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 17  9 juin 2004

Ruralité

Quand on parle de ruralité, on risque une confusion. Confusion entre d’une part le secteur agricole qu’on identifie traditionnellement au monde rural et, d’autre part, toute la vie en milieu non urbain. Ce sont deux questions dont chacune a sa problématique.L’agriculture/élevage est une activité économique que ceux qui la connaissent mal associe au passé et au folklore, alors qu’en réalité c’est la première qui ait franchi le seuil de l’hyper mécanisation et que c’est justement les extraordinaires gains de productivité qu’on y a connus qui ont forcé les changements auxquels notre société doit d’adapter. 2% de la main-d’oeuvre suffisent à satisfaire les besoins du secteur. Aider l’agriculture, aujourd’hui, c’est éclairer les choix, assurer le financement des équipements, offrir la formation de la main-d’oeuvre et garantir la distribution à profit des produits.

La vie en milieu non urbain, c’est une conséquence inéluctable du passage à une société post-industrielle, passage qui n’en est qu’à ses débuts, mais qui promet à terme un renversement complet de la tendance vers une concentration démographique à laquelle on assiste depuis plus de deux siècles. L’avenir à moyen et à long terme ne verra pas le dépeuplement des toutes les zones rurales, comme on semble le craindre, mais, au contraire, un retour sélectif vers certaines zones privilégiées qui pourront offrir la meilleure qualité de vie: un milieu vert, un peuplement beaucoup moins dense que même la plu cossue des banlieues actuelles et, plus que tout, la possibilité de recréer des relations humaines gratifiantes entre « voisins » qui se connaissent.

Ce « retour à la terre » n’est pas un phénomène de l’an prochain, c’est une tendance lourde en marche depuis 50 ans ! Le résultat du progrès des transports et des communications et de la migration des travailleurs vers les services. Le retour se fera vers certaines régions privilégiées par la nature, mais offrant aussi des infrastructures physiques et culturelles adéquates. Il en existe déjà des exemples en Californie et dans les Alpes de Haute-Provence. La Mauricie peut en être une. Ce sera le défi des 2 prochaines générations. Il faudrait commencer à y penser.

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Parcours du Combattant

Jour 17 de la campagne.

Nous sommes 14 645 pas plus près du but.

Visites à Sainte-Geneviève de Batiscan. Entrevue avec le Bulletin des Chenaux. Batiscan; ai rencontré plusieurs propriétaires de fermes laitières et j’ai une meilleure compréhension des enjeux. Champlain. Je signe avec plaisir une pétition sur cette question du site d’enfouissement qui préoccupe tant la population.

Retour accéléré sur Shawinigan. J’ai l’occasion d’obtenir des commentaires à chaud sur la visite du chef bloquiste. À cause des distances à parcourir, je n’ai finalement vu aujourd’hui que 86 électeurs mais je comprends mieux la différence énorme entre les problèmes de l’ex-comté de Champlain et celui de Saint-Maurice. Est-ce que cette façon de réunir en une seule des circonscriptions si différentes n’ajoute pas à cette désaffection de la population que je perçois de plus en plus clairement ?

Depuis le début de la campagne, j’ai marché 193, 90 Km.

DEMAIN 10 juin 2004

Porte-à-porte et visites de centres de l’Âge d’or. On néglige trop ce segment de la population.

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 18 10 juin 2004

Les grandes douleurs

 

On dit que les grandes douleurs sont muettes. Le message de Stephen Harper, tel qu’il ressort de son entrevue par Bernard Derome au Point, a été pour moi une grande douleur située quelque part a mi-chemin, comme dirait sans doute Harper lui-même, entre l’ébahissement et la consternation. Je ne sais vraiment pas qu’en dire.

Ce n’est pas tant le contenu du message qui m’a stupéfié – les journalistes nous préparent depuis quelque temps à ce qu’il soit odieux et il l’est ! – que sa forme. Comment peut-on oser introduire ainsi dans chaque réponse toute chose et son contraire … et vice-versa, comme disent les surréalistes ? Est-ce qu’on peut vraiment en 2004, prendre à ce point les gens pour des sots ?

Qu’on ne vienne pas me dire que c’est le français de Monsieur Harper qui le trahit: Monsieur Harper ne manie pas seulement le français avec toute l’aisance qu’on espère d’un candidat conservateur, il le manipule avec toute la dextérité d’un politicien retors. C’est lui qui trahit la langue en voulant ajouter un « oui » à chaque « non » et amener ainsi chaque phrase vers un contenu sémantique nul.

Je n’ai appris hier la position concrète des Conservateurs sur aucune question concrète, mais j’ai pris une première bonne mesure de l’opportunisme du loup Stephen Harper qui peut se déguiser en chasseur, en mère-grand ou même en descente de lit pour tromper les petits Chaperons Rouges que nous sommes.

Je meurs d’envie de voir le débat des Chefs. Je rêve de Layton posant une question claire, simple, incontournable a Stephen Harper et la répétant, sans le quitter de son regard franc, jusqu’à ce qu’il devienne évident pour tout le monde que Harper NE VEUT PAS répondre. Le mécanisme Harper qui consiste a toujours avoir en réserve une assertion qui contredit celle qu’on est à énoncer est simpliste et produit un équilibre extrêmement précaire. Comme dit le vieux conte pour enfant, il suffit de « tirer la chevillette et la bobinette cherra »

Et la porte s’ouvrira sur une toute autre campagne.

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Parcours du Combattant

Jour 18 de la campagne.

Nous sommes 15 714 pas plus près du but.

J’ai visité une dizaine de résidences pour aînés et il m’en reste à voir. J’ai été frappé non seulement de la propreté universelle et du charme exceptionnel de certaines d’entre elles, mais aussi du rapport entre ceux qui dirigent ces maisons et leurs pensionnaires. Je n’ai JAMAIS vu auparavant une telle satisfaction chez des aînés en résidence

Alors que les listes d’attentes s’allongent à Montréal pour aller s’entasser dans des résidences où la joie n’est pas toujours omniprésente, est-ce qu’il ne serait pas opportun de mettre en valeur ce talent inné pour l’accueil dont semble jouir les gens de la région ? Pas seulement pour le tourisme, mais aussi pour offrir une qualité de vie aux aînés citadins dont beaucoup aimeraient bien revenir vers leurs racines et couler des jours heureux entourés d’une réelle sympathie ? On a peut-être ici quelques choses à développer.

Je suis retourné à Ste-Flore, aussi, et vu deux restaurants qui m’ont impressionné et où je retournerai, après la campagne afin de profiter pleinement de leur caves comme de leur fourneaux. Tout un pan également du Boulevard des Hêtres, où l’on me pose enfin des questions. Est-ce seulement une population différente ou les gens commencent-ils à prendre conscience des enjeux de cette campagne ?

Ce soir, je verrai l’entrevue/débat Dérome-Harper au Point

Depuis le début de la campagne, j’ai marché 208, 67 Km.

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 19   11 juin 2004

Moi, c’est simple…

Je disais, il y a quelques jours, que ces élections semblaient baigner dans l’intrigue. Ça ne faisait que commencer; maintenant, ça se complique. On nous dit depuis quelques temps qu’un vote pour le Bloc est un vote pour les conservateurs et j’ai vu dans un journal sérieux que les Néo-démocrates y vont mollo contre les libéraux en Ontario, de peur de faire élire un gouvernement conservateur majoritaire et de pas pouvoir être au pouvoir en coalition avec un gouvernement Martin minoritaire (Ce qui, dit en passant, est selon La Presse l’option préférée des Canadiens !)

Aujourd’hui j’ai entendu mieux. « Moi, c’est simple, je vote pour vous » – me dit un monsieur bien, type comptable-marguiller. Je me prépare à le remercier, mais il continue:  » Je ne suis pas socialiste, je suis Libéral, mais je ne voterai pas pour l’Équipe Martin. Je ne voterai pas séparatiste non plus. Je vais voter pour vous, et on va faire passer Gagnon (candidat du Bloc Québécois), mais sans augmenter le vote du Bloc. Le message va passer. Quand Martin va avoir été battu, il va démissionner. Dans un an, un gouvernement Conservateur « backé » par le Bloc va tomber. Pis là, avec un nouveau Chef du Québec, les Libéraux vont rentrer fort et pour longtemps. »

Ah… bon. Simple. Mais est-ce qu’on est en vraie démocratie ou à jouer au Québec une partie de poker-menteur ? J’aimerais bien qu’à travers les magouilles et les intrigues, quelques Québécois votent simplement pour le meilleur programme et le chef qu’ils croient le meilleur.

Nous sommes à la mi-temps, les sondages montrent que le Bloc mène largement au Québec, ce qui n’est pas une surprise, mais aussi que les Conservateurs – et non les Libéraux – sont désormais en tête au palier canadien, ce qui n’était pas prévu au départ.

Ceci ne modifie pas la stratégie NPD qui est d’obtenir tous les suffrages de ceux qui souhaitent un vrai changement. Dans Saint-Maurice – Champlain, bien des nationalistes de gauche, maintenant que le Bloc a cette avance historique de 32 points sur les Libéraux au Québec, peuvent se permettre de penser à ce qui arrivera concrètement au palier fédéral et voteront NPD pour témoigner de leur préférence pour la social-démocratie contre le libéralisme. Chaque voix sera comptée… et compte.

Sur le plan canadien, je ne peux encore me résigner à penser à une victoire conservatrice. Je m’attends à une reprise des Libéraux, les amenant à la formation avec les Néodémocrates d’un gouvernement qui accueillera nos idées. Les deux débats des chefs pourraient sceller le sort de cette élection ou, au contraire, la relancer de façon inattendue. À suivre.

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Parcours du Combattant

Jour 19 de la campagne.

Nous sommes 13 898 pas plus près du but.

Ce matin, réunion des candidats au bureau du Directeur de scrutin. Première occasion de rencontrer ceux du Parti Marijuana et du Parti Conservateur. Ensuite, visites sur le Boulevard des Hêtres et distribution de feuillets au Centre d’achat la Plaza. Une journée sans histoires où Monique et moi avons vu 231 personnes.

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 20  12 juin 2004

« Sortez vos tuques »

(Paul Martin, La Presse, 11 juin 2004)

 

Quelle bonne idée. On a parfois froid aux yeux dans cette campagne. Il faudrait parfois chauffer un peu. Par exemple, ici – et pour 1 000 Km au nord où c’est encore « ici » – la question du bois d’oeuvre n’est pas une affaire de rhétorique. C’est le pain et le beurre et des milliers d’emplois. Quand nos voisins et amis du sud les États-uniens, nos partenaires dans l’accord de libre-échange, imposent des droits punitifs à l’exportation de notre bois chez eux, ils nous font bien du mal.

Évidemment, on peut dire qu’un accord exige des sacrifices de part et d’autre, qu’on a parfois tort et parfois raison et qu’il faut avoir une vue d’ensemble. Mais justement, pour que prévale une vue d’ensemble, des mécanismes d’arbitrage ont été mis en place qui doivent décider en chaque cas de litige qui a tort et qui a raison. Dans le cas du bois d’oeuvre, c’est nous.

Les arbitres impartiaux qui jugent du bien et du mal dans les conflits commerciaux entre le Canada et les USA ont déjà dit deux ou trois fois que nous avions raison. Je ne crois pas, d’ailleurs, que bien des arbitrages aient donné raison aux États-Uniens sur quelque point que ce soit depuis que nous leur avons ouvert nos frontières. Les droits punitifs sur l’exportation de bois d’oeuvre sont cependant toujours là.

Qu’est-ce qu’on fait ? Qu’est-ce qu’on fait contre la force ? Qu’est-ce qu’on fait avec nos « voisins et amis du sud, partenaires… etc, etc ». ? JE NE LE SAIS PAS. Je ne sais pas plus avec précision comment nous défendre des États-Uniens que je n’ai d’idée brillante sur la façon de nous prémunir des grands froids en hiver. Leur existence est une réalité avec laquelle il faut vivre. Ce que les Anglais appellent un « Act of God », ce qui serait blasphématoire si ce n’était dit avec l’humour anglo-saxon.

Ce que je sais, toutefois, c’est qu’il faut y penser et trouver une solution. Il vaut mieux avoir un gouvernement qui met ses culottes et sa tuque, ne voit pas Bush & Cie comme le Bon Dieu, mais plutôt les États-Unis comme une présence inévitable dont il faut parfois se protéger au mieux. Comme du froid en hiver. Mais est-ce que Paul Martin peut le faire ? Est-ce que Harper VEUT le faire ?

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Parcours du Combattant

Jour 20 de la campagne.

Nous sommes 16 765 pas plus près du but.

C’est ma dernière journée de visite des résidences pour aînés et clubs de l’Âge d’or, commençant avec le Domaine des Cascades et se terminant avec la danse à la salle Sérénité. Je ne me sentirais pas offusqué qu’on me suggère, comme il paraît qu’on l’ait dit à un autre candidat, qu’il est temps que je cherche une maison pour mes vieux jours. J’ai l’oeil ouvert et, jusqu’à présent, je n’ai pas vu meilleure région pour le faire.

Entre les rendez-vous, porte-à-porte à Shawinigan, 5e rue. Bonne discussion à la terrasse du Figaro, « le meilleur café en ville et peut-être au pays », dit Monique qui a bourlingué à travers toute l’Italie. Je parle beaucoup d’indépendance. L’indépendance du Canada face aux États-Unis, s’entend, mais on me demande beaucoup pourquoi je ne milite plus pour celle du Québec. A ceux que ça intéresse, la réponse détaillée est sur Internet: http://nouvellesociete.org/707.html

Nous avons rencontré 323 personnes aujourd’hui.

Depuis le début de la campagne, j’ai marché 237, 48 Km.

 

Saint Maurice Jour 21  13 juin 2004

« Jack-out-of-the-box »

 

La Presse d’aujourd’hui consacre un long article à Jack Layton. L’article est ambivalent. Le lecteur en retire l’impression que le Chef du NPD est intéressant, bien sûr – il serait bien difficile de le nier ! – mais qu’il est parfois un peu trop … disons « spontané ». Est-ce qu’on veut d’un Premier Ministre spontané? Je ne connais pas les motivations conscientes et inconscientes de Marissal, mais je luis donne le bénéfice du doute qu’il ne veut être qu’impartial. Cela dit, cet article, pour des dizaines de milliers de Québécois, va être une première analyse de Layton. Vont-ils voir le pouce de César tourné vers le haut ou vers le bas ?

Je crois que nous allons d’abord engranger quelques milliers de voix. Depuis le début de cette campagne, j’ai parlé – je ne dis pas serré une main avec un air absent, mais vraiment PARLÉ – avec des centaines sinon des milliers d’électeurs et je pense que je commence à avoir une idée de ce qui a changé chez les Québécois. Ils n’ont plus peur.

Ils sentent qu’ils ont été floués et en retire le courage qui vient avec la colère et le dégoût. Ils veulent vraiment mettre une baffe à quelqu’un. Au Parti libéral, d’abord, mais surtout à Martin, qu’en plus de percevoir comme partie prenante au complot pour les manipuler ils voient aussi comme déloyal. Au gouvernement d’Ottawa, ensuite, ce qui explique l’envolée prévisible du vote bloquiste. A tous les politiciens, enfin, ce qui explique le danger d’un taux record d’abstention.

Dans ce contexte, le leader DIFFÉRENT, franc, provocateur, incisif, flamboyant est un cadeau inespéré. C’est exactement ce que veut la population. Si on publiait 10 articles comme celui-là et qu’on mettait une copie de chacun à toutes les portes du Québec, le cours de ces élections changerait.

Même si on ne le fait pas, Jack qui entre au Parlement, à quelque titre que ce soit, c’est Jack qui sort de sa boîte. Au diable le politiquement correct. Finie la grisaille d’une politique par des chefs qui « ne sont pas responsables ». Et la population ne le regrettera pas.

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Parours du Combattant

Jour 21 de la campagne.

Nous sommes 14 528 pas plus près du but.

St-Georges, St-Tite, Ste-Thècle – charmante auberge – Lac-aux-sables, Notre-Dame de Montauban. Un coin de la circonscription à ne pas manquer, surtout que bien des électeurs se croient toujours dans Portneuf. Je crains beaucoup d’abstentions. Je souhaite que le débat entre candidats que nous aurons le 22 à St-Tite suscitent l’intérêt. Il ne faudrait pas que la démocratie soit la grande perdante de ces élections.

Cela dit, il faudrait penser à de nouvelles façons de la mettre en pratique, cette démocratie. On parle de plus en plus de représentation proportionnelle; peut-être pourrait-on réfléchir et offrir encore mieux. TOUT LE MONDE devrait y penser. Quel que soit le résultat de ces élections, c’est un sujet sur lequel je reviendrai.

Nous avons rencontré 218 personnes aujourd’hui.

Depuis le début de la campagne, j’ai marché 251, 13 Km.

DEMAIN 14 juin 2004

Entrevue Radio-Canada à 17 h 40. Je marche à Shawinigan-Sud. En soirée, le débat des chefs en français: exceptionnellement, je ne prendrai pas d’appels.

 

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 22   14 juin 2004

Convergence

 

Je sors du débat des chefs de ce soir profondément marqué par la convergence des politiques sociales et internationales du NPD et du Bloc. Quelles que soient les spéculations qui vont bon train concernant un gouvernement minoritaire conservateur appuyé par le Bloc pour une stratégie du pire, je suis persuadé que, si les gains du NPD étaient suffisants pour que l’appui du Bloc lui permette de constituer le gouvernement, c’est une coalition de gauche qui gouvernerait ce pays.

Je suis persuadé, d’autre part, que le respect des droits du Québec par un gouvernement Layton permettrait que les Québécois qui en doutent aujourd’hui puissent alors croire de nouveau à un fédéralisme canadien. Dans ce contexte, il n’est pas impossible de rêver d’une population québécoise renouant très majoritairement avec un idéal pancanadien et dont le poids politique, jeté à gauche dans la balance, permettrait que le Canada sorte enfin de son mode traditionnel de gouvernance par alternance entre un parti de droite et un parti de centre-droite.

C’est ce déplacement permanent vers la gauche de l’équilibre de la politique canadienne, allant de pair avec une solution à la crise d’identité québécoise des quarante dernières années, qui serait la conclusion d’une victoire du NPD hors-Québec. Une conclusion dont l’importance pour le Canada transcenderait toutes les autres enjeux actuels. Je trouve un peu dommage qu’on n’en parle pas assez dans le reste du Canada.

À court terme, cet argument pourrait être celui qui détacherait du parti libéral. et amènerait dans le giron du NPD ce 25% des électeurs qui hésitent encore et qui résident essentiellement au centre-gauche de l’éventail politique. À long terme, c’est notre destin à tous qui serait transformé.

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Parours du Combattant

Jour 22 de la campagne.

Nous sommes 16 073 pas plus près du but.

Ce matin à 7 h 40, 2ème entrevue à Radio-Canada, à l’émission de Bernatchez. Ensuite, entrevue au Journal de Trois-Rivières qui paraîtra samedi en encart du Journal de Montréal. Le coté médiatique de ma campagne va bien

Coté contact avec la population, je ne ralentis pas. Beaucoup de porte-à-porte à Shawinigan-Sud jusqu’à 17 h, puis repos jusqu’au débat des chefs. Le nombre des gens qui m’on déjà vu augmente: une douzaine aujourd’hui

Nous avons rencontré 203 personnes aujourd’hui.

Depuis le début de la campagne, j’ai marché 266, 23 Km.

 

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 23  15 juin 2004

Divergence

 

Ce soir, après le débat des chefs en anglais., je suis allé faire un tour en ville. Je voulais voir comment réagissait la population au débat J’aurais aussi bien pu chercher une réaction à la mort de Pie XII. Je n’ai rencontré personne qui ait pris la peine de le regarder. Évidemment, on peut dire que la population qui traîne dans les bars à minuit n’est pas celle qui regarde des débats politiques à 9 heures. On peut le dire et c’est vrai, mais PERSONNE… c’est beaucoup.

Hier, on a regardé le débat en français et on a compté les coups. Si on ne parlait pas de knock-out, il y avait un très large consensus pour accorder à Duceppe une victoire aux points. Ce soir, ça se passe en anglais et donc… ailleurs. Sans intérêt.

Mais ailleurs, c’est ici. On peut parler d’indépendance du Québec, mais ça n’empêchera pas que demain le gouvernement canadien gère encore la plus grande part des impôts des Québécois et donc leur vie. Ce soir, pendant que ceux qui se préparent à assumer cette gestion en discutent, le Québec n’écoute pas. À Montréal, peut-être, mais à Shawinigan non. Il n’est pas nécessaire d’avoir une vision divine pour voir ce qui va se passer au cours des prochaines années . Le Québec n’est pas seulement différent… il devient de plus en plus divergent

Quand le Parti Libéral joue la carte qu’un vote pour le Bloc est un vote pour Harper, il joue la mauvaise carte, car il n’y a rien là pour dissuader un bloquiste, au contraire. Il serait infiniment plus habile de tapisser les rues du « Rest-of-Canada » de pancartes disant qu’un vote pour Harper est un vote pour le Bloc, puisque les chances sont grandes qu’un gouvernement conservateur ne pourra se maintenir qu’avec l’appui de celui-ci… et que ce n’est pas ça qui va nous rapprocher.

Mais le Parti Libéral de Martin est, comme l’a été le Parti Libéral de Turner, dans une de ces phases d’ajustement durant lesquelles il cesse de réfléchir et passe la main aux Bleus, affaire de se faire regretter… Cette fois, ça pourrait être plus grave. Si on ne donne pas sa chance au NPD et à un vrai dialogue entre Ottawa et la nation québécoise, on pourrait avoir tout un pays à regretter.

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Parours du Combattant

Jour 23 de la campagne.

Nous sommes 17 267 pas plus près du but.

Une journée tout entière bain de foule et porte-à-porte. Je termine un secteur de la rue des Hêtres, ensuite les Halles du St-Maurice, puis la rue Royale avec ses rues attenantes d’entreprises industrielles de tailles variées.

Je suis étonnée de la réceptivité des gens que je rencontre aux idées du Nouveau Parti Démocratique. Il n’est pas évident que cette affinité se traduise en votes, mais il me semble clair que si le NPD pouvait disposer de moyens matériels similaires à ceux des autres partis, les élections fédérales au Québec pourraient revêtir un aspect bien différent.

Nous avons rencontré 315 personnes aujourd’hui.

Depuis le début de la campagne, j’ai marché 282, 47 Km.

DEMAIN 16 juin 2004

La Tuque et un débat entre candidats.

Pierre JC Allard

 https://nouvellesociete.wordpress.com/2004/07/02/saint-maurice-jour-24/

 

Saint Maurice Jour 24   16 juin 2004

Que de cris, que de bruit…

 

Je viens de participer, à La Tuque, à un débat réunissant les six (6) candidats de Saint-Maurice – Champlain. J’ai passé auparavant quelques heures dans cette petite ville charmante. Le paysage est splendide et je note « tourisme ». Je regarde les cheminées de l’usine et je pense : « travail ». Je consulte les stats sur Internet et je vois « licenciements », « baisse démographique »… les plus hauts taux de chômage du Canada. Je rencontre le Maire, sympathique et dynamique, toute une panoplie d’organismes type CLD qui ont l’air de faire leur boulot…. Qu’est-ce qui ne va pas ?

Je pense que c’est de ça qu’il aurait fallu parler ce soir. J’ai proposé quelques pistes et même plus que des pistes. Des orientations pour un développement accéléré. Des choses aussi concrètes que des charters touristiques vers l’aéroport local, une diversification de la production des produits dérivés du bois, etc. Autant que l’ont peut concevoir et proposer en quelques heures. Mais régler le problème est un job à plein temps pour une équipe qui veut le régler. Dans cette équipe, il faut un député qui fait ce qu’il doit faire.

Je n’ai rien entendu ce soir des autres candidats qui ne soit la répétition de ce que je venais de dire… sauf des insultes. Pas des insultes à mon égard, mais des insultes les uns envers les autres. Les commandites, les « voleurs des chômeurs »… et ce « vieux » – mon cadet, d’ailleurs – à mettre à la retraite parce qu’il n’a « rien fait depuis des années ».. L’avenir ? Un projet ? … bof… ! Une approche TOTALEMENT négative qui constitue en bloc une insulte à la population qui s’est déplacée pour apprendre comment on proposait de la représenter. Le 29 prochain, on se demandera pourquoi tant de gens n’auront pas voté.

Quand vous voudrez vraiment le savoir écrivez-moi, je vous le dirai. Sans crier.

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Parours du Combattant

Jour 24 de la campagne.

Nous sommes 6 421 pas plus près du but.

Visite-éclair sur La Tuque. Entretien bien agréable avec le Maire Gaudreault. Conversations avec le Directeur de la principale industrie de la ville, des responsables du CLD et de la Chambre de commerce, ainsi qu’avec quelques simples citoyens bien informés et qu’on m’avait recommandés. Entrevue avec l’Écho de La Tuque.

Un débat en soirée avec les 5 autres candidats, ce qui me permet de proposer quelques solutions concrète: transformations inédites de la matière ligneuse, tourisme, financement/investissement, etc. Le hasard veut que le collaborateur attitré du Nouvelliste à La Tuque soit choisi par hasard pour poser l’une des « question de la salle » et qu’il choisisse de la poser au candidat conservateur. Un autre hasard veut que ce dernier ait justement en poche une réponse toute faite et bien fignolée à cette question. Quand je demande un éclaircissement, ça se défignole… Bon, je ne suis pas méchant; je ne suis qu’un grand naïf.

Ai rencontré aujourd’hui 27 personnes, plus naturellement une centaine ou plus qui assistaient au débat et que je n’ai pas comptées.

Depuis le début de la campagne, j’ai marché 288, 50 Km.

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 25   17 juin 2004

La démocratie que vous voulez

 

J’aurais pu dire « la démocratie que nous voulons », mais nous sommes en période électorale et je suis candidat néo-démocrate. Je ne veux pas m’identifier à quelque proposition que ce soit qui diffère ou aille au-delà de la plateforme de mon parti. Je dis donc la démocratie que VOUS voulez, vous les électeurs, telle que vous me la décrivez par bribes tous les jours, dans nos milliers de brèves rencontres.

Vous voulez une procédure électorale qui vous permette de voter pour le candidat qui vous apparaît le plus apte à devenir votre député, quel que soit son parti…. et voter sur un autre bulletin pour le parti politique, son programme et son chef qui vous semblent les plus aptes à gouverner ce pays.

Vous voulez dire clairement le programme que vous PRÉFÉREZ sans craindre qu’un vote pour un parti dont les chances sont limitées fasse « passer » le candidat d’un parti que vous détestez plutôt que celui d’un parti que vous considérez comme un moindre mal. Voter localement NPD sans faire le jeu du Bloc, votez Bloc sans faire le jeu de Harper.

Vous voulez que le choix se fasse sur les idées et la valeur des hommes et des partis, sans être occulté par une publicité bébête à pleurer et des pluies d’insultes personnelles sans pertinence réelle. Vous voudriez que les parties puissent se battre à armes égales et s’adresser à votre intelligence.

Il existe des formes de démocraties qui satisfont à ces conditions: régime présidentiel, scrutin à deux tours, limitation de la propagande électorale et prise en charge exclusive des dépenses électorales par l’État.

On en reparlera. Après les élections.

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Parcours du Combattant

Jour 25 de la campagne.

Nous sommes 11 376 pas plus près du but.

Retour de La Tuque.Je marche a Shawinigan-Sud, l’autre secteur de la 5e Avenue, la 12e …. Le Nouvelliste et Radio-Canada nous présentent aujourd’hui des nouvelles sur le débat d’hier soir à La Tuque. L’accent est mis sur la bagarre, les idées passent totalement inaperçues.

Il semble qu’un enthousiasme que personnellement je n’ai pas ressenti aurait accueilli la réponse hier soir du candidat conservateur à la question que lui a posée le correspondant du Nouvelliste. On verra si cet enthousiasme se maintient dans les prochains débats… ou si ce n’était qu’un hasard

Aujourd’hui, j’ai rencontré 218 personnes

Depuis le début de la campagne, j’ai marché 299, 19 Km.

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 26   18 juin 2004

(Je n’ai pas pu écrire un billet)

PJCA

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Parcours du Combattant

Nous sommes 17 033 pas plus près du but.

Ce matin, je vais vers le nord de Grand-Mère, St-Georges et Grandes Piles, un secteur que je n’ai pas encore visité. Mis à part la Pépinière, la concentration d’électeurs n’est pas dense. Monique et moi avons voté par anticipation. En après-midi, retour vers le centre de Shawinigan puis Shawinigan-Sud.

Aujourd’hui, j’ai rencontré mon 5 000ième électeur. Simultanément, la proportion de gens qui me reconnaissent dans le Grand Shawinigan lorsque je les aborde a atteint 20%, ce qui naturellement ne constitue pas un sondage, mais une simple indication. C’est peu, mais ma photo n’est pas accrochée à la moitié des poteaux de la circonscription. On continue.

Aujourd’hui, j’ai rencontré 163 personnes

Depuis le début de la campagne, j’ai marché 315, 20 Km.

DEMAIN 19 juin 2004

Je circule et je sonde

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 27   9 juin 2004

Harper et ses fantasmes

 

Quand Harper prétend que Martin favorise la pornographie infantile, j’avoue que je me méfie. Un homme qui, à première vue, a l’air sain d’esprit et qui a eu l’habileté de reconstituer à droite un parti politique qui peut aspirer sérieusement à diriger le pays peut-il dire de semblables énormités ?

Je pense immédiatement à un coup fourré des Libéraux qui en ont fait bien d’autres. Je pense qu’une « taupe » libérale s’est glissée dans l’organisation conservatrice et a envoyé ou fait envoyer aux médias ce message stupide, forçant Harper à une rétractation. Une rétractation qui, même immédiate, laissera des séquelles. Deux (2) ou trois (3) % des intentions de votes peuvent glisser vers les Libéraux ou les Néo-démocrates… et chaque vote compte. Ce serait l’hypothèse la plus plausible.

Mais je donnais sans doute à Stephen Harper trop de crédit. La rétractation de vient pas. Elle ne vient pas comme elle aurait dû venir, en cherchant le coupable de cette incroyable bourde et en montrant ses liens avec les Libéraux. Elle vient à moitié, avec des explications alambiquées qui laissent croire que Harper croit VRAIMENT que Martin ne lutte pas comme il devrait contre la pornographie.

Orgueil ? Surmenage ? Obsession sexuelle ? On ne sait plus trop quoi penser. Mais je parie qu’un nombre significatif de Canadiens vont reculer devant la perspective d’un gouvernement Harper qui peut dire des âneries et qui, surtout, peut vouloir ensuite les défendre à tout prix. L’entêtement n’est pas une vertu de chef d’État. Je crois que les sondages de lundi vont ramener les Libéraux en tête et il n’est pas dit que le NPD ne gagnera pas aussi quelques points importants.

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Parcours du Combattant

Jour 27 de la campagne.

Nous sommes 18 436 pas plus près du but.

Je refais des parcours où je suis déjà allé, mais en insistant beaucoup sur mon NOM. En effet, vérification faite par un petit sondage téléphonique maison, il y a un nombre significatif de gens qui ont gardé au moins un préjugé favorable envers « le vieux Monsieur qui marche »… mais qui n’ont pas retenu son nom. La raison en est évidente: ma photo et mon nom n’apparaissent pas sur les poteaux comme ceux de autres candidats

Centres de Grand-Mère et de Shawinigan, Centre d’achat La Plaza. Bonne occasion de voir si on se souvient de moi. Le résultat confirme le sondage téléphonique: on se souvient de moi… mais pas de mon nom. Je fais l’impossible pour corriger cette situation.

Aujourd’hui, j’ai rencontré plus de 500 personnes, mais j’ai perdu le compte exact

Depuis le début de la campagne, j’ai marché 329, 88 Km.

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 28   20 juin

Harper et « union sacrée »

 

Il y a, dans chaque pays, des valeurs qui doivent transcender le jeu politique sous peine que le pays lui-même ne se désagrège. C’est ainsi jadis qu’en France l’assassinat de Jaurès, qui en d’autres heures aurait entraîné une guerre civile, est passé presque inaperçu dans la perspective d’un conflit avec l’Allemagne. De même aux Etats-Unis, dès qu’une guerre menace, se forme une « union sacrée » qui rallie derrière le Président même ses détracteurs, jusqu’à ce que le pays se donne un nouveau Président, comme il est vraisemblable qu’il le fasse en novembre cette année.

Ce qui est intouchable au Canada, c’est le bilinguisme. Quand Harper donne des signes de renoncer au bilinguisme, dans cette affaire d’Air Canada comme dans toutes les autres qui ne peuvent que suivre, il met en péril le Canada lui-même. Est-ce l’ambition qui l’aveugle… ou souhaite-t-il que ce pays éclate, le laissant majoritaire dans le « Rest-of-Canada », un pays qu’il croit solidement à droite ? Un pays qui ne vivrait alors que le temps de le joindre aux USA pour y étayer la Droite « à-la-Bush »?

Dans la conjoncture actuelle d’un Québec qui refuse ses idées, la réaction de Harper de punir le Québec en contre-attaquant sur le front du bilinguisme est une provocation et un geste totalement irresponsable. Harper brise l’union sacrée. Les socio-démocrates québécois qui comme moi croyons à un Canada de justice et de paix ne pourrions plus nous reconnaître dans le Canada de fanatisme et d’intolérance que Harper semble vouloir bâtir.

Nous implorons ceux dans les autres provinces canadiennes qui ont les mêmes idéaux que nous de redoubler d’effort pour que n’arrive pas au pouvoir à Ottawa un gouvernement auquel, si un choix leur était offert, une majorité des Québécois choisirait probablement de ne plus prêter allégeance.

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Parcours du Combattant

Jour 28 de la campagne.

Nous sommes 16 973 pas plus près du but

Dimanche, il fait beau et c’est le jour du vote sur les défusions. Il ne semble pas raisonnable de penser susciter aujourd’hui un grand enthousiasme pour les élections fédérales. Excellente occasion de connaître la population dans un autre contexte que celui de la distribution de feuillets

Monique et moi passons au Marché aux puces « incognito », si on peut dire, puisque nous n’abordons personne. Ceci n’empêche pas que bien des gens nous reconnaissent et viennent nous saluer. Une bonne demi-douzaine de personnes me disent d’ailleurs qu’elles vont voter pour moi, sans même que je le leur aie demandé. Réconfortant.

Monique a quelques petites choses à acheter et nous passons chez Wal-Mart. À la porte, quelques personnes me posent des questions et vite arrivent, pour m’expulser du périmètre Wal-Mart, incluant le stationnement, deux (2) sbires de la sécurité Wal-Mart, les mêmes sans doute qui traquent les travailleurs qui cherchent à se syndiquer. Bâton, menottes à la ceinture, walkie-talkie… purs produits de la culture américaine. Il ne leur manque qu’un billet pour l’Iraq.

Par curiosité, je passe à une entreprise canadienne voisine de même taille. Je parle du besoin d’amener les gens à voter. On me laisse faire mon travail. Je suis fier d’être Canadien. Ceux qui disent que nous, Québécois, sommes différents des autres Canadiens, ne réalisent pas à quel point eux comme nous sommes VRAIMENT différents de nos voisins du sud. La menace est à Washington, pas à Ottawa.

Aujourd’hui, j’ai rencontré plus de 214 personnes.

Depuis le début de la campagne, j’ai marché 345, 83 Km.

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 30   22 juin

Au temps des Jonathans

 

À l’émission de François Paradis sur TVA, à 12 h 30, lundi 21 juin, on demandait des commentaires sur la publicité de la Brasserie Labatt mettant en vedette le Parti Bleue. 83% des gens sont d’accord. 17% croient qu’elle est une menace pour la démocratie. Pour une fois, je suis avec la majorité. Je tiens même à féliciter TVA de cette initiative ; il était temps de tuer dans l’oeuf la cabale envieuse qui cherchait à s’organiser contre cette campagne publicitaire indubitablement réussie.

Quant au fond du débat, étant moi-même candidat aux présentes élections, j’ai eu l’occasion de haranguer depuis un mois la clientèle de centaines de bars dans la circonscription de Saint-Maurice ­ Champlain, et je puis témoigner de l’effet salutaire de cette publicité qui ne tourne pas en dérision la démocratie, mais une certaine façon de faire de la politique.

Je constate, moi aussi, qu’un pourcentage énorme de la population et surtout des jeunes a perdu tout respect pour les politiciens, mais ce rejet vient du ridicule des politiciens eux-mêmes et non pas du pastiche qu’en fait Jonathan. Ce que cette publicité ne respecte pas, ce sont les politiciens qui ne sont pas respectables.

Quand apparaît à l’écran un ou plusieurs politiciens dont ils ne croient pas le discours, les habitués des bars commentent déjà qu’il s’agit d’un « Jonathan» ou d’une «  bande de Jonathans ». Comme on dit Tartuffe, comme on disait un « Séraphin » pour un avare. Et l’on sait très bien ce que ça veut dire. Avoir créé un type et un mot pour un type, ce n’est pas rien… !

Cette publicité qui fait rire joue un rôle utile. Elle désamorce la grogne des électeurs, bien plus profonde qu’on ne l’imagine, mais elle a aussi la valeur d’un coup de semonce. Elle ne tuera pas le dialogue politique, elle le forcera à se hausser d’un cran.

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Parcours du Combattant

Jour 30 de la campagne.

Nous sommes 5 976 pas plus près du but

J’ai réfléchi aujourd’hui plus longuement aux conséquences à très court terme de ces élections pour le Québec et le Canada; j’en parlerai bientôt. J’ai écrit un texte sur la Fête nationale que je publierai sur ce site comme « pensée du jour » le 24. Un texte aussi sur le phénomène de Jonathan Bleu et ce qu’il signifie. (Voir page suivante).

J’avais prévu aller à Trois-Rivières pour une rencontre avec les autres candidats de la région et Omar Aktouf, mais une tuile de dernière minute avec la voiture m’en empêche.

Ce soir, présence à St-Tite pour le lancement de la programmation du Festival Western. Pas de véritable débat, mais des échanges constructifs entre la salle et les candidats.

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 31   23 juin

Le jour d’après-demain…

 

Moins probable qu’un gouvernement de coalition entre libéraux et NPD, l’hypothèse d’un gouvernement conservateur soutenu par le Bloc l’est tout de même plus qu’une vague géante engloutissant New York. Il n’est pas mauvais de faire la scénario-fiction de cette « catastrophe ».   Imaginez…

Avec 103 députés conservateurs et 52 Bloquistes qui l’appuient, Stephen Harper est devenu Premier Ministre. L’appui du Bloc n’étant acquis que sur ce que leurs programmes ont en commun, ce qui est bien peu, les Conservateurs se limitent à gérer au quotidien et à régler le déséquilibre fiscal au profit des provinces. La moindre défection signifiant la fin de son règne, Harper passe le plus clair de son temps à recevoir les députés « backbenchers »et à leur accorder n’importe quoi. L’espérance de vie du gouvernement étant quasi nulle, les organisateurs conservateurs travaillent 24 heures par jour à mettre en place et a exécuter un plan ingénieux qui leur rapportera IMMEDIATEMENT plus que les commandites.

Les fonctionnaires nommés par les Libéraux restant en place – on n’a même pas le temps de les limoger ! – l’administration du pays demeure inchangée. En hommage à Harry Potter et pour faire mieux que les Français, le régime est surnommé la « 4 1/2 république ». Pettigrew explique que nous ne sommes pas une république et Harper affirme que les conservateurs ne font pas les choses à moitié. Ceux qui connaissent l’Histoire de France sont à Paris, expliquant Jonathan aux Français; les autres sont rue Duluth, manifestant contre le démembrement de la terrasse de Panos, la fin de la Soirée du Hockey ou le départ des Expos. Un été chaud à Montréal.

Dans la chaleur de l’été, Paul Martin démissionne, Charest le remplace, lui-même remplacé par le Maire Tremblay. Le parti libéral sait se choisir des gagnants et, confiant malgré les sondages, déclenche des élections provinciales. Adoptant la tactique du Bloc, Landry qui sait lire les sondages part pour une expédition en Amazonie. On lui annonce son triomphe par téléphone au Méridien Rio et, sans perdre une minute, il annonce la tenue en octobre d’un référendum sur l’indépendance. Pas la souveraineté, l’indépendance. La question est parfaitement claire.

Parizeau passe à Landry, Landry passe à Duceppe, Duceppe passe à Harper un plan de refonte de la constitution canadienne…. mais Harper ne compte pas. En fait, il ne compte plus. Achille-Duceppe rentre sous sa tente, se tait et laisse les chroniqueurs spéculer sur ses haussements de sourcils. Une semaine avant le référendum au Québec, Duceppe s’indigne des manoeuvres de Harper qui veut intervenir et « brimer le libre choix des Québécois » et retire son appui aux Conservateurs.

Charest se joint a Harper in extremis dans un gouvernement d’Unité Nationale, mais, échaudé refuse de dire si, à titre personnel, il votera oui ou non au référendum. Libéraux et Conservateurs maintenant unis reprennent les commandites et rien n’est négligé pour couvrir le Québec de banderoles…. Le Chef de l’Opposition à Québec dit que la partition du Québec pourrait être une grande victoire.

La tronche de Jonathan apparaît maintenant sur les cannettes de bière. Un jeune universitaire dénonce le culte de la personnalité…. Si vous connaissez la fin de cette histoire de référendum, ne la dites à personne. Vous gâteriez le plaisir

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Parcours du Combattant

Jour 31 de la campagne.

Nous sommes 15 121 pas plus près du but

Il faisait trop beau pour rater l’occasion et, malgré mes plans d’hier, j’ai tout de même fait 4 heures de rue et de poignées de main. Heureuse surprise, LA PLUPART DES GENS sur la 6e avenue de Grand-Mère et la 5e rue de Shawinigan me reconnaissent.

C’est un changement radical de la situation qui prévalait, il y a à peine quelques jours. Je reçois aussi des courriels d’approbation et d’encouragement, même des offres de collaboration. Curieusement, on semble me percevoir non seulement comme un candidat que comme une ressource éventuelle pour le développement de la région.

Il semble qu’on ait retenu l’idée d’un aéroport local capable d’accueillir des charters et misant sur des touristes passant une, deux ou trois semaines en région, attirés par un éventail de forfaits combinés qui ne se font pas concurrence mais se complètent. À suivre, peut-être, après les élections.

Depuis le début de la campagne, j’ai marché 381, 10 Km.

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour   32  24 juin

UNE NATION À NAÎTRE

 

Qu’est-ce qu’on fête le 24 juin?   Ça dépend… On a dit que ceux qui ignorent l’Histoire sont condamnés à la répéter; il n’est donc pas mauvais de se rappeler que, de mémoire d’homme – j’en suis la preuve vivante – la Saint-Jean-Baptiste a été d’abord la Fête de la Race. Nous étions « nés d’une race fière », notre berceau avait été béni et notre carrière tracée par le Ciel. Le genre de contexte qui n’incite pas à des remises en question, de sorte que l’on ne s’en posait pas trop, des questions.

La « parade » de la St-Jean montrait des zouaves pontificaux, moins nombreux chaque année; les orphéons des orphelinats – ils étaient encore pleins – jouaient des marches mussoliniennes pudiquement présentées en chants scouts; le petit Saint-Jean-Baptiste fermait la marche, gagnant d’un concours de beauté entre enfants de notables. Des enfants blonds, bien sûr. En ce temps-là, les notables se portaient bien et le blond se portait beaucoup. Pas de questions.

Quand est venue la Révolution tranquille et le temps des questions, Saint-Jean-Baptiste s’est mué en Précurseur. Un prophète adulte, musclé, vêtu d’une peau de bête. Un type sérieux qui erre dans le désert et qui pourrait chercher des ennuis. On les a eu, les ennuis: les bombes de l’ALQ et des deux FLQ, les événements d’Octobre « 70, deux référendums. Après ça, Saint-Jean-Baptiste version II a été mis en veilleuse, comme un écran d’ordinateur.

Quand la St-Jean s’est rallumée en version III, il y a quelques années, c’était en Fête nationale, avec réjouissances populaires et allégories triomphalistes commanditées par le gouvernement et le secteur privé. Le secteur privé se porte bien, la coopération entre l’État et les nouveaux notables est revenue au zénith. Plus de questions. Ou plutôt, si: on fête quoi, le 24 juin? Il faudrait le dire vite et le redire souvent, avant qu’il ne se crée des malentendus: nous fêtons une nation qui n’existe pas. Nous fêtons une nation à naître.

Une nation à naître? Mais la « nation québécoise », alors? « Nous-autres », au sens de Jacques Parizeau le soir du référendum? « Nous-autres », nous sommes un peuple de blancs, francophones, étant ou ayant été catholiques et comptant au moins un ancêtre établi ici avant 1760. Nous sommes une grande famille, une tribu, un clan, une ethnie, un peuple. Nous sommes conscients d’être un tout et d’avoir des affinités. Une nation? Mais oui, pourquoi pas! Le malentendu, soigneusement entretenu depuis trente ans, ne consiste pas à dire que nous sommes une nation mais à nous être approprié le vocable « Québécois ».

On dit « Québécois », c’est plus commode; comme »Américain » sonne mieux que « États-unisien ». Mais quand vous et moi nous disons « nation québécoise » ou « culture québécoise », c’est à « nous-autres » que nous pensons: les « blancs, francophones, étant ou ayant été catholiques et comptant au moins un ancêtre établi ici avant 1760 ». Nous ne pensons pas à un million d’Autres qui ne sont pas « nous-autres » mais qui cohabitent avec nous sur le territoire du Québec. Pas plus que les « Américains » ne pensent aux Boliviens ou aux Guaranis quand ils définissent la culture américaine.

Mais le Autres sont ici, tout comme les Guaranis sont bien en Amérique. De sorte que, malgré le vocabulaire politiquement correct qu’on nous sert – avec souvent, d’ailleurs, pour des motifs électoraux, le ton de ne pas vraiment y croire – nous savons bien que la notion d’une nation québécoise tirant son sentiment d’appartenance de ce qu’elle habite au Québec et se définissant comme telle est une fiction. La nation québécoise « territoriale » n’existe pas. Pas encore.

Ce qui est là aujourd’hui, sur le territoire du Québec – et qu’on partage ou non les options de Jacques Parizeau ne change rien à cette réalité – c’est « nous-autres » … et les autres. Les Autres peuvent chanter et danser avec nous, mais nous savons que, même si officiellement c’est aujourd’hui la fête nationale du Québec, l’immense majorité d’entre eux ne croient pas plus à une « nation québécoise » que le Québécois moyen ne croit que cette fête soit encore celle de Saint-Jean-Baptiste.

Or, si les Autres ne commencent pas à y croire, nous sommes perdus. Perdus, parce que ce million d’étrangers parmi nous qui sont là pour rester rend inévitable que la population du Québec, bientôt, ne soit plus ni si blanche ni si post-catholique… mais qu’elle se réclame en nombre croissant d’ancêtres venus non pas il y a longtemps de Normandie ou du Poitou, mais de quelque part « ailleurs » et au cours du vingtième siècle.

Désormais, il n’y aura de nation « québécoise » – au sens territorial du terme, qui est le seul correct – que si cette nation intègre les Autres. Ce que nous fêtons aujourd’hui, c’est notre espoir que cette nation naîtra. Notre espoir que les Québécois de demain – qui ne seront certes plus tout à fait « nous -autres » – garderont néanmoins une culture que nous leur transmettrons et qui les gardera semblables à nous-mêmes.

Une culture francophone. Le 24 juin est d’abord l’affirmation de notre volonté de garder le Québec français. Il n`y a pas de logique formelle à ce choix, mais c’est sur ce terrain que nous avons décidé de jouer notre honneur. Pas de logique formelle, car nous ne serions pas morts de honte si nous étions nés au sein de ces 97% de l’humanité qui ne parlent pas français, mais disent néanmoins parfois aussi, en leurs propres mots, des choses intéressantes; la question n’est pas là.

Nous serions honteux si, étant de ceux qui l’ont appris de leur mère, nous ou nos enfants CESSIONS de parler français. Honteux comme quelqu’un à qui l’on a collé les épaules au plancher; parce que nous serions conscients alors que moi, vous, « nous-autres », n’avons simplement pas dit assez de choses intéressantes pour que les « autres » jugent indispensable de venir nous écouter.

En ce 24 juin, pour que naisse la nation québécoise, prenons donc la résolution de dire des choses « intéressantes ». Il ne s’agit pas de contraindre les Autres à l’usage du français, mais de les séduire. Faisons-le. Disons, en français, plus de choses intéressantes.

Rappelons-nous cette réalité triviale qu’il ne faut pas de Loi 101 pour que tous les grands restaurants du monde présentent leur menu en français; il suffit d’être les meilleurs…

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Parcours du Combattant

AUJOURD’HUI 24 juin 2004

Jour 32 de la campagne.

Nous sommes 20 017 pas plus près du but

Je suis présent. A Shawinigan en journée, à Grand-Mère le soir. Plutôt qu’une sollicitation active qui me paraîtrait déplacée dans cette ambiance de fête nationale, je me contente de répondre à ceux qui me saluent… et il y en a de plus en plus.

Cette campagne tire à sa fin. Il me reste à faire deux jours de marche intensive, non pas pour rencontrer les gens, mais simplement pour distribuer en zone domiciliaires les derniers feuillets qui permettront à plus d’électeurs de savoir que le « vieux monsieur qui marche » s’appelle Pierre JC Allard.

C’est à ce niveau bien terre-à-terre que la disproportion des moyens disponibles prend toute son importance et vient s’ajouter au biais d’une couverture médiatique qui, dans le système actuel, ne peut que polariser la lutte entre les candidats en tête à l’échelle du Québec.

Depuis le début de la campagne, j’ai marché 399, 91 Km.

DEMAIN 25 juin 2004

Distribution de feuillets à partir de 8 h 00. En soirée, voir comment débutent les festivités.. si j’ai encore un peu d’énergie.

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour   33  25 juin 25 juin

Une nouvelle démocratie

 

En 1998, un sondage publié dans « Actualité » – et très largement diffusé – nous apprenait que 4% seulement des électeurs « faisaient très confiance à leurs hommes politiques ». Plus récemment, d’autres sondages ont révélé que 70% des électeurs « ne croyaient pas que les promesses faites par les candidats seraient tenues ». Notre forme de démocratie n’inspire plus confiance. Devrait-on lui donner une autre forme ?

Quand 96 % de la population n’a plus très confiance en ses chefs et qu’une bien large majorité d’entre elle ne croit plus en leurs promesses, on fait face à une crise de confiance grave. Cette crise mène à une désaffection profonde de l’électorat, qui ne perçoit plus très bien l’utilité de son vote, ni même la nécessité de sa participation au processus électoral.

Pourquoi cette crise de confiance et cette désaffection? À cause de sept (7) vices ou carences graves de notre démocratie actuelle qu’il faudrait de toute urgence corriger:

1 – La valeur nulle de tout engagement préélectoral;

2 – La marginalisation du Parlement (Assemblée Nationale);

3 – L’aliénation du citoyen de la chose publique;

4 – Le biais médiatique qui déséquilibre le dispositif électoral;

5 – L’exclusion des « petits partis » qui est un veto à l’évolution de la pensée

politique;

6 – La démarche à huis clos de conception et de préparation des lois;

7 – L’absence de contrôle efficace du citoyen sur l’application des lois.

Aucune réforme de nos institutions démocratiques ne sera adéquate qui ne corrigera pas ces vices. Quelles sont les modifications essentielles qu’il faut apporter à notre régime démocratique ?

J’invite ceux que cette question intéresse à prendre connaissance du Mémoire à cet effet présenté en septembre 2002 au COMITÉ DIRECTEUR DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR LA RÉFORME DES INSTITUTIONS DÉMOCRATIQUES. http://www.nouvellesociete.org/620.html

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Parcours du Combattant

Jour 33 de la campagne.

Nous sommes 28 885 pas plus près du but

L’objectif d’aujourd’hui et demain est de distribuer 5 000 fac-similes du bulletin de vote, mettant en évidence mon nom et m’identifiant comme candidat NPD. Un travail fastidieux et qu’un peu d’argent aurait permis de confier à des ressources externes, mais le défi est justement de faire avec les moyens du bord.

Monique et moi, assistés d’une jeune bénévole, sommes à pied d’oeuvre dès 8 h 00, couvrant simultanément Shawinigan (Rues 1, 2, etc.) Grand-Mère (3e avenue du début à la 12e rue, 4e, etc.) et Shawinigan-Sud (10e rue, 11, etc.)

Quelques conversations à mesure que la journée avance. – « Vous êtes bien courageux; je vais voter pour vous… » Je pense, en souriant, à cette phrase qu’on nous citait au collège: « Le sang des martyrs fut une semence de Chrétiens « . Je pense que je commence à être un peu fatigué…

Nous en avons bien distribué la moitié. Évidemment, il en faudrait 10 fois plus et à la grandeur du comté, avec des douzaines de bénévoles. Un jour….

Depuis le début de la campagne, j’ai marché 427, 06 Km.

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 34  26 juin

Le pratico – pratique

 

Si c’était à refaire… On peut tirer une grande satisfaction du devoir accompli et je crois, qu’au cours de cette campagne, j’ai accompli mon devoir. Cela dit, il y a aussi un certain plaisir à apprendre à faire mieux. Je voudrais noter aujourd’hui quelques erreurs que j’ai commises, engageant ceux qui viendront après moi à ne pas les commettre.

1. Si c’était à refaire, j’enverrais d’abord un descriptif à tous les médias de la circonscription AVANT que ne commence la campagne; n’étant pas présumé au départ un candidat sérieux, le temps qui s’est écoulé avant que je n’établisse le contact avec chaque média a été un temps durant lequel je n’ai pas été couvert.

2. Je mettrais une vingtaine d’affiches dans le comté, dont douze dans le grand Shawinigan. Ceci aurait permis aux gens de savoir dès le départ qu’il y avait un candidat NPD dans le comté et aurait été un multiplicateur efficace de mon action sur le terrain.

3. J’investirais les efforts qu’il faut pour obtenir un soutien formel et actif du mouvement syndical. Les syndicats québécois qui sous prétexte de souverainisme transportent au palier fédéral leur appui au PQ privent le NPD d’une chance de percer au Québec et jouent un jeu malhabile dont il ne serait pas opportun de faire ici l’analysel, mais que je pourrais leur expliquer de vive voix.

4. Je verrais à tout prix à ce qu’un débat soit organisé entre les candidats locaux et largement couvert par les médias. La volonté manifeste des corps constitués de la circonscription, à deux exceptions près, de NE PAS avoir un débat qui mette en lumière les querelles intestines et les problèmes locaux a évité une remise en question qui aurait été au détriment des partis traditionnels.

Ce sont des évidences… mais bien plus claires lorsqu’on y a été confronté.

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Parcours du Combattant

Nous sommes 26 371 pas plus près du but

Les jours se suivent et parfois se ressemblent. Aujourd’hui comme hier, il s’est agi de distribuer les fac-simile qui augmenteront l’effet de familiarité avec le candidat NPD au moment de voter. La plus grande partie de la journée se passe à Shawinigan sud.

Rien d’autre à signaler.

Depuis le début de la campagne, j’ai marché 451, 84 Km.

DEMAIN 27 juin 2004

Dernier jour de la campagne. Nous distribuerons ce qui nous reste de matériel et tenterons d’être présents aux festivités.

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 35  27 juin

Mes meilleurs voeux

 

J’ai appris à aimer cette région, de Ste-Anne à La Tuque et de Notre-Dame à Shawinigan; le reste, au Nord, m’en est demeuré inconnu. Je souhaite que quiconque représentera cette circonscription demain soir donnera suite à certaines actions qui me semblent importantes.

D’abord, être présent, mettre en place une structure de consultation continue de la population et forger un consensus démocratique qui permettra d’EXIGER de l’État ce qui est nécessaire au développement de cette région. Au coeur de ce consensus, un dialogue et une alliance entre les segments industriels, agricoles, commerciaux du comté qui doivent parler d’une seule voix. C’est cette voix que le député devra relayer.

Ensuite, engager une concertation entre les élus à tous les niveaux et les grands employeurs du comté. Il faut connaître leurs intentions, leur apporter un soutien en échange d’un engagement de solidarité envers la population, pour le maintien et la création d’emploi.

Enfin, développer une vision commune GLOBALE d’entrepreneuriat se manifestant par des projets concrets dans les secteurs de la transformation des produits du bois, du tourisme, de l’industrie laitière, de l’hébergement social. Un plan de développement innovateur jouissant de l’appui de tous les intervenants permettrait, non seulement d’obtenir les financements publics auxquels la région a droit, mais aussi les investissements privés qui garantiraient la reprise et l’essor de cette région.

Il existe présentement des capitaux énormes qui désespèrent presque de pouvoir s’investir dans des projets de production de biens et de services, faute de pouvoir trouver réunis les trois éléments qu’ils recherchent: un concept novateur offrant des possibilités raisonnables de rentabilité, des intervenants qualifiés souhaitant travailler en concertation et non dans la confrontation, un encadrement politique intelligent, dynamique et honnête. Pour que cette région puisse remplir ces trois conditions et redevienne prospère, il ne lui manque qu’un fil conducteur que celui ou celle qui la représentera devra lui offrir.

***

Parcours du Combattant

Jour 35 de la campagne.

Nous sommes 25 507 pas plus près du but

C’est à 15 h 08 aujourd’hui, face au Café Figaro de la 5e rue de Shawinigan, que j’ai posé mon 500 000ième pas et donné mon dernier feuillet que j’avais gardé pour marquer ce moment. J’avais auparavant distribué tout le reste de mon matériel publicitaire à Grand-Mère, dès très tôt ce matin.

Tel que nous en avions décidé au départ, Monique et moi aurons fait cette campagne sans autres ressources que celles bien modestes que nous y avons nous-mêmes consacrées. Quel qu’en soit le résultat, cette campagne aura été pour nous une expérience extraordinaire et nous ne gardons que des souvenirs heureux de l’accueil de la population de ce pays que nous considérons plus que jamais comme le nôtre.

Depuis le début de la campagne, j’ai marché 475, 33 Km.

DEMAIN 28 juin 2004

Jour du scrutin. Monique et moi sommes mes seuls représentants et nous ferons le tour des bureaux de scrutin.

Pierre JC Allard

 

Saint Maurice Jour 36  28 juin

14 507 pas de plus… et la fin du parcours.

J’ai passé la journée à circuler d’un bureau de votation à l’autre et à me faire connaître. Une majorité de la population, même dans le Grand Shawinigan, ne sait même pas encore qu’il y a un candidat NPD dans cette circonscription !

Pourtant, j’ai été couvert par tous les médias et la couverture a été plus qu’honnête, souvent carrément favorable. J’ai participé à 2 débats dont je suis sorti avec une excellente image. J’ai rencontré personnellement plus de 7 000 personnes, distribué mes feuillets dans 4 500 foyers et, durant cette campagne, j’ai marché 488, 96 Km.

J’ai la satisfaction d’avoir fait ce qui pouvait être fait avec les moyens dont je disposais. J’espère avoir contribué à faire un peu mieux connaître le NPD, ses principes et ses buts.

 

Conclusion

Les résultats achèvent d’être diffusés et la situation, après bien des hauts et des bas et sous réserve des changements que les recomptages pourraient apporter, est celle qu’on attendait en début de campagne: un gouvernement libéral minoritaire que maintiendra au pouvoir une coalition avec le NPD en échange d’un réajustement des politiques libérales dans le sens que souhaite le NPD.

C’est bien ce que nous étions en bon droit d’espérer, mais la marge de sécurité est cependant plus mince que nous l’aurions souhaité… On sort de la politique pour entrer dans la diplomatie et Jack Layton devient un homme d’État. Espérons pour le bien du pays que l’équilibre qui résulte de ce scrutin se maintienne le temps qu’il faudra pour que soit mis en place un nouveau mode de scrutin. Le temps aussi de nous dissocier des aventures spatiales américaines, de réajuster les droits sociaux et de corriger les plus graves injustices. Ensuite…

Ensuite, c’est la fin du parcours, mais ce n’est PAS la fin.

Demain, 29 juin 200,  je me repose, mais je reviendrai.

Le combat continue. J’invite ceux qui cherchent une vision cohérente de l’avenir à plus long terme à visiter le site NOUVELLE SOCIÉTÉ

https://nouvellesociete.wordpress.com

 

Pierre JC Allard

 

C) ELECTIONS AU QUEBEC… en 33 jours et 33 billets – 2008

 

5 novembre (1/33)

EN ATTENDANT GODOT…

Le Premier Ministre Jean Charest a déclenché aujourd’hui des élections dont, comme nous le souligne Guy Rainville, Chef du Parti Vert, 70 % des Québécois ne veulent pas. Il a le fardeau de la preuve de nous convaincre que cet exercice est utile.

Utile pour la nation, s’entend, car pour le Parti Libéral du Québec, l’utilité est évidente : infliger à l’ADQ de Mario Dumont une défaite cinglante qui fera disparaître la menace que ce parti ne devienne une alternative crédible au PLQ au centre de l’échiquier politique.

L’ADQ a déjà eu l’occasion de prendre cette place au centre où il ne se passe jamais rien et qui est donc le lieu privilégié où va se loger par défaut l’électeur timoré. Il lui suffisait, en avril 2007, de convaincre le PQ de faire tomber le gouvernement Charest, alors au nadir de sa popularité. Elle aurait pu le faire en offrant alors à André Boisclair de former avec l’ADQ un gouvernement de coalition pour deux (2) ans

Si l’ADQ avait ainsi permis à Boisclair d’ammener son parti au pouvoir, celui-ci n’aurait pas démissionné. C’est Charest qui aurait dû partir et le Parti Libéral aurait été évincé d’un paysage politique où une ADQ de centre-droite et un PQ de centre gauche seraient probablement devenus les deux pôles d’une alternance.

C’est la polarité vers laquelle se dirigent aujourd’hui tous les pays démocratiques et ce sont ces deux partis, après une trève de gouvernement en commun à laquelle la crise actuelle aurait servi de prétexte pour mettre fin, qui seraient maintenant en campagne, pour nous offrir un vrai choix entre deux (2) visions de la société.

En ratant le coche, en avril 2007, Dumont a sans doute condamné l’ADQ à disparaître: ces occasions se présentent bien rarement deux fois. Il a du même coup préparé d’éventuels face-à-face, dont celui du 8 décembre ne sera que le premier, entre un Parti Québécois prisonnier d’une option indépendantiste solidement minoritaire et un Part Libéral qui pourra se définir par cette indépendance qu’il ne fera pas… et rien d’autre.

Dans ces duels, c’est l’immobilisme du Parti Libéral qui sera sans doute le plus fort – dans 33 jours et souvent par la suite – jusqu’à ce que soit créé autre chose qui viendra comme, l‘ADQ était venue, réunir ceux qui veulent un changement. Cette fois sera peut-être la bonne.

Pierre JC Allard

 

6 novembre (2/33)

YES HE CAN… VRAIMENT ?

Frappant bien d’aplomb ce clou dont je parlais hier , Mario Dumont s’est dit « inspiré par la victoire historique de Barack Obama à la présidentielle américaine » . Il espère que les Québécois manifesteront aussi un volonté de changement et il se voit comme l’outil de ce changement. Un Obama québécois…

Peut-être. Mais il n’y a que dans les vieux contes sanskrits que l’on est vierge deux fois. J’ai peine à croire que le Québec lancera de nouveau la balle a Mario qui a bien déçu. Pas déçu par ce qu’il a fait, mais par ce qu’il n’a pas fait. Pour susciter un grand enthousiasme en cette période de crise économique annoncée, il nous faudrait un Warren Buffet Québécois.

Je vous parierais que Laliberté du Cirque du Soleil ou Angelil de la multinationale Celine Dion enlèveraient l’affaire… Mais je ne parierais pas qu’on amènera l’un ou l’autre en politique…

Pendant que Dumont voudrait que revienne la chance qu’il a ratée, on est à faire chez Québec Solidaire ce que l’on n’avait pas fait très sérieusement la dernière fois. Françoise David, a présenté hier à Québec les détails d’un programme électoral.

Un programme axé sur la réponse à la crise économique qu’on nous annonce. 8,5 milliards en 5 ans pour créer 40 000 emplois, remplaçant ces emplois dont la récession/dépression nous privera. Créer des emplois, dans le transport en commun, le logement social, les centres de la petite enfance…. Rien de bête, quoi.

Pendant ce temps, Jean Charest, l’homme qui a voulu ces élections pour être confirmé comme grand timonier et piloter le Québec durant la crise, vient de se faire accuser par le Vérificateur général de « violer l’esprit de la loi» sur l’équilibre budgétaire ». De telle sorte qu’on ne sait plus trop si l’État a deux (2) milliards de surplus pour voir venir ou trois (3) milliards de dettes qu’on ne nous montre pas. Tout de même un écart de 1 000 $ par citoyen adulte…

On sait seulement que les états financiers du gouvernement pour 2007-08 n’ont pas été et ne seront pas dévoilés avant les élections… Qu’est-ce qui’on nous cache ? Est-ce bien là le comportement d’un gouvernement qui veut inspirer confiance ?

Pierre JC Allard

 

7 novembre (3/33)

UN POUR TOUS….

Le but de ce billet n’est pas de répéter ce que tout a le monde a dit, surtout quand l’évidence s’impose et que le bon sens prévaut. Je vais donc d’abord m’éviter une tâche fastidieuse en vous référant à la chronique de Jean-Robert Sansfaçon dans Le Devoir de ce matin. La substantifique moelle de ce que combinent nos hommes politiques est là en clair et concis. Comme le deuxième Dupond, je dirais même plus: c’est concis et parfaitement clair.

Pour résumer cette concision en un mot, disons INUTILITÉ. Cette élection est inutile. Nos politiciens sont inutiles. Relisez encore une fois le texte de Sansfaçon et vous verrez se dessiner en filigrane la Pensée. La pensée néo-liberale une et indivisible, dans toute sa pureté. On va mettre un peu de fric ici et un peu de fric là, pour créer des emplois et redistribuer un peu le revenu, pour corriger à corps défendant ce que la main invisible du marché nous a fait. La Main Invisible dont on continuera a dire qu’elle ne se trompe jamais…

On fera ce qu’il faudra, mais la grande question à nos politiciens qui me brule les lèvres – et sans doute celles de quiconque n’a pas été lobotomisé par le scalpel de la bien-pensance économique – c’est : pourquoi n’avez-vous pas fait auparavant ce qu’il vous semble maintenant à tous si absolument impérieux de faire ? Pourquoi, petits cachottiers, semblez-vous tous avoir eu simultanément accès à la gràce d’état ? A quoi pensiez-vous, hier ? On hésite entre deux explications, également choquantes, inquiétantes…

La première, c’est qu’on savait que la crise arrivait en trompe, mais qu’on a pris le temps de vider toutes les bouteilles jusqu’à la dernière goutte avant de quitter le pique-nique… il y aura des gens pour mettre tout ça en ordre sous la pluie, pendant que les politiciens seront à couvert…. La deuxième, c’est que nos chefs n’ont rien vu, parce qu’ils n’ont pas la moindre idée du fonctionnement de l’économie ni de la société ; il y a des fonctionnaires mandarins qui s’en occupent, prenant leurs instructions ailleurs et n’avisant les politiciens de l’histoire qu’ils devront raconter que lorsqu’il faut rassurer le bon peuple.

Généralement on leur fournit a chacun une version différente, ce qui permet une discussion démocratique sur les franges du tapis pendant que le pouvoir financier continue de tricoter la moquette avec le seul fil qu’il sait tisser, mais cette fois on s’est attardé, alors on leur a donné à tous la même partition. Vous chanterez en canon, les enfants, c’est vous, la chorale. Nous, financiers, sommes les maîtres..

Puisque le marguillier, le bedeau et la dame patronnesse nous fredonnent le même refrain, nous savons cette fois mieux que jamais ce qu’on va nous turlurer après cette élection. On n’a qu’à écouter la fanfare USA, dans la pièce à côté. Une rengaine à la Paulson qui va nous donner du Bobin Hood inversé, avec plus de protection pour les riches et un minimum pour les démunis. Etait-ce vraiment la peine de nous inviter à l’église ?

Finissons sur une note joyeuse. Luc Godbout, économiste, est apparu hier pour nous dire qu’a defaut d’être vraiment les « plus meilleurs » à la Chrétien, nous, Québécois, sommes aujourd’hui les moins pires du monde occidental. La fiscalité et la politique sociale du Québec se combinent pour nous donner 5/5 partout et les nuages qui sont noirs partout ailleurs ne sont ici que gris acier. A chaque politicien, maintenant, de nous dire que c’est grâce à lui et qu’on va faire tous ces changements pour que ça ne change pas.

Luc nous dit du gentil quand on en a bien besoin, avec cette bonhomie « à la René » qui suscite la confiance. Je n’ai pas regardé ses chiffres, mais il a a une bonne bouille a ne pas dire de grossières faussetés. Il ira loin ce petit… Reste à voir s’il le fera en rebelle, comme Lauzon, ou se mettra a l’apprentissage intensif de la langue de bois. Un homme à suivre.

Pierre JC Allard

 

 

8 novembre (4/33)

QUAND LA CHANCE EST AVEC VOUS…

La grande nouvelle de la journée… n’en est pas une. On vient juste de nous montrer spectaculairement ce que nous savions déjà : nos politiciens de tous bords et de tout acabit sont … mélangés. Mélangés, ou mélangeant, ce qui est pire. Mélangés, on leur donne le bénéfice de la bonne foi et on lève les yeux aux ciel ; mélangeant, il faut comprendre qu’ils nous roulent dans la farine et on fronce les sourcils. Qu’est-ce qu’ils ont fait, encore ?

Cette fois, c’est Lachance, notre vérificateur géneral. Pas un politique, pas un fonctionnaire, un surveillant, si on peut dire, un angelot du troisieme ordre (contrôle) du premier chœur (exécutif) des anges qui nous font la gouvernance.

Lachance qui est impartial, apolitique et peut être vierge, pendant qu’on y est, s’est fendu d’une déclaration qui avait des conséquences politiques et pourrait faire douter de son impartialite. Il a dit que le gouvernement libéal « violait l’esprit de la loi sur l’équilibre budgétaire ». Dans un contexte de campagne électorale, le moins qu’on puisse dire est que Lachance jetait un pavé dans la mare.

L’opposition – figurativement – déchire ses vêtements et hurle à la mort. Que cache Jean Charest ? Le surplus d’exercice financier s’evapore et apparaît un sombre deficit. 3, 5, 7 milliards ? Les huissiers du FMI sont à la porte …

Cédant aux objurgations de l’opposition, Charest ouvre ses livres… et on découvre un surplus pour le dernier exercice de près de 2 millards. Tiens donc… Il y avait un lapin dans ce chapeau. Et là, on entre dans l’univers politique qui est celui des perceptions gigognes

Grosse bonne nouvelle. Le gouvernement a cedé à la demande de l’opposition: grande démocratie, grande trasnparence. Deuxieme bonne nouvelle, on l’a, ce surplus. Mais la bonne nouvelle #2 en recèle un mauvaise : c’est quoi cette formule comptable qui laisse penser – l’opposition nous le rappellera – qu’on s’est endetté de 5,8 milliards en 2 ans tout en ayant un surplus ? Et dans cette mauvaise nouvelle, se découvre cette autre mauvaise nouvelle que le verificateur a signé comme parfaitement conformes, des états financiers dont il nous dit par la suite qu’il violent l’esprit de la loi. Rien de contradictoire, juste la perception d’une réalité complémentaire, n’est-ce pas ?

Mélangeant, que je vous dis… Je parie toute la dette publique – qui ne sera jamais remboursée – contre la valeur des réserves du FDR américain – qui ne valent plus un clou – que vous ne savez plus du tout, vous non plus, quelle est notre situation financière. Je parie que vous la connaîtrez de moins en moins, à mesure que les politiciens vous l’expliqueront.

Ce qui est le but de l’opération : que le peuple ne comprenne surtout pas ! Ça le perturberait, alors qu’il a bien besoin de sommeil. Mais pendant que le peuple dort, il peut avoir des cauchemars. S’étonner que la déclaration de Lachance, qui a jugé qu’il était de son devoir de créer cette confusion, permette si opportunément a Charest d’attirer l’attention sur un surplus, un lapin qui autrement aurait pu sortir du chapeau en passant inaperçu.

Manipuler le débat en feignant de ne pas avoir des chiffres qu’on a, pour les asséner au bon moment… Ça ne vous rappelle pas Dumont aux dernières élections ? Il apprend vite, Jean Charest…

Pierre JC Allard

 

9 novembre (5/33)

LES DAMES AU CHAPEAU VERT

« Mais qu’est-ce que cette dame peut bien avoir dans la tête ! » Ce n’est pas de moi, c’est un extrait verbatim d’une conversation entendue a Verdun, entre un québéco-maghrebin et un québéco-asiate, dans une boutique d’informatique tenue par un pure-laine de centre-droite qui n’est pas agressif avec sa clientèle de centre-gauche.

La conversation a lieu en français, dans ce village Wellington que personne ne suggère de renommer Bonaparte. Un petit coin tranquille qui semble préservé d une époque où l’on se parlait poliment. On est a des années-lumière de l’Assômption, où on se tape sur la gueule pour une affaire de candidats. D’ici, l’Assomption semble à côté d’Uranus. Le Parti Québécois à l’air à côté de ses pompes. Madame Marois a l’air à côté de la track.

Les velléités de cassage de gueules au sein du Parti Québécois sont un peu surréalistes. L’ancien député St-André, indépendantiste accroché au PQ en ignorant sans doute que le monde a tourné du bleu au vert, s’est fait montré la porte. Il a été viré au profit de Scott McKay, ci-devant des Verts, désormais transfuge après sa propre défaite à la chefferie de son parti.

Transfuge des Verts, mais ici un converti… et choix personnel de Pauline, qui ne demande qu’à devenir la grande petite dame au chapeau vert. Une affirmation d’autorité faite au vif déplaisir de certains poids-lourds du PQ local. Jamais, depuis Levesque, les Hautes Instances du Parti ne se sont ainsi opposées à sa base. Les chefs sont pendus pour bien moins que ça au PQ…

La valeur respective de St-André ni celle de McKay ne sont ici en cause, mais la question qu’on entend dans les tranchées de Verdun n’est pas tout à fait rhétorique. « Qu’est-ce que cette dame peut bien avoir dans la tête ? » Une dissension exposée sur la place. Ne veut-on vraiment pas reprendre le comté du vieux chef ? Madame contre Monsieur ? La question encore plus pertinente, en fait, serait de se demander à quoi pensait le Parti Québécois quand il a mis à sa tête cette dame qui n’en veut faire qu’à la sienne, en vert … et contre tous.

Pierre JC Allard

http://les7duquebec.wordpress.com/2008/10/20/quebec-independant-quand-vous-voudrez/

 

10 novembre (6/33)

EN VERT… ET POUR TOUS

Les Verts ont lancé hier leur campagne. Maintenant, vous pouvez VOTER UTILE . J’ai déjà dit qu’entre le marguillier Charest, le bedeau Dumont et la dame patronnesse Marois qui tiennent le même discours, ça ne valait vraiment pas la peine d’aller à la messe du 8 décembre. Il est inutile et même un peu sacrilège, de jouer le mauvais rôle dans le scénario de la bête à deux dos le jour de l’Immaculée Conception.

Avec les Verts dans la course, vous pouvez faire un geste démocratique, sans vous sentir comme un couillon. Pourquoi ? D’abord, parce que les Verts ne formeront pas le gouvernement et vous n’aurez donc jamais à le regretter. Ensuite, parce que les Verts n’ont pas vraiment de programme et ne disent donc pas de bêtises. Bien sûr, ils auront une plateforme avant l’élection, mais comme ils n’ont pas de pouvoir a prendre et donc aucune compromission à faire, ils auront tout bon.

Ne perdez pas trop de temps avec ce programme. C’est l’ébauche du vrai programme qui sera fait pour une prochaine élection ; il sera alors temps de s’en préoccuper. Pour l’instant, être Vert, c’est dire qu’on est CONTRE la politique actuelle. Contre ses objectifs, contre ses manières de faire et contre ceux qui la font. C’est un premier geste indispensable d’assainissement de la société qui doit aller de paire avec celui de la planète.

Être Vert, c’est aussi contribuer de façon positive au changement, de trois (3) façons. D’abord, le dire. Quiconque se dit Vert va convaincre un peu plus son voisin que ce n’est pas ridicule d’être Vert. Le monde en parle, les médias en parlent … et tout à coup on s’aperçoit qu’il y a du vert partout ! Ensuite, soutenir le Parti Vert, c’est encourager l’émergence d’une nouvelle classe politique. C’est chez les Verts qu’il y a l’enthousiasme gratuit qui produit des jeune D’Allemagne, des jeunes Bourgault, des jeunes Levesque. Allons voir ça de plus près.

Enfin, chaque vote pour les Verts signifie une contribution financière de l’État pour les années a venir qui permettra, lors des prochaines consultations populaires, que David ait quelques cailloux à mettre dans sa fronde pour affronter Goliath. Il faut que Goliath soit abattu.

PQ, PLQ, ADQ… Même politique, même vision du monde. Ce sont les Philistins. Un choix inutile. Rendez vous utile…

Pierre JC Allard

http://les7duquebec.wordpress.com/2008/11/10/la-boite-a-surprises-des-elections/http://nouvellesociete.org/6.html

 

11 novembre (7/33)

LES JABS DE LA GAUCHE

Le boxeur Joey Maxim, vainqueur étonné d’un Sugar Ray Robinson qui l’avait outrageusement dominé pendant 13 rounds, mais qui s’était simplement évanoui, terrassé par une chaleur de 40 dégré sans même avoir été frappé, avait eu cette parole de confucéenne sagesse. « So, it was hot for him too… yeah ?>

Il faut penser aux autres. Quand Charest cherche à éviter un débat télévisé, on comprend qu’il ne tienne pas a affronter Dumont, dont le sens du clip se s’est pas démenti et qui connaît bien mieux que lui le Québec profond. Une mauvaise taloche verbale est si vite arrivée… Jean Charest a bien tort…

Il a tort, parce qu’il ne pense qu’à lui. Il pense aux coups qu’il pourrait recevoir, mais ils ne semble pas voir que, dans un débat de style « canadien » – on s’asseoit et on jase – contrairement à Harper, ce n’est pas lui qui prendra tous les coups. La vraie empoignade, la méchante, la brutale, la vicieuse, ce sera celle entre les deux gentilles dames.

Le plein des votes à faire, pour QS, c’est sur la clientèle du Parti Québécois. Tous ceux et surtout celles, qui se sont pas riches, pour qui vivre en banlieue et deux revenus au foyer ne veut pas dire frôler le million, mais prendre un autobus ou un train. Et tous ces gens qui sont pour l’indépendance et qui pensent que cinq ans sans référendum, c’est une quinquenat sans soleil.

Simultanément, le PQ sait bien que, sans ce (censuré) QS qui lui a raflé des votes, il aurait eu 5 députés de plus, aurait été l’opposition officielle et aurait géré les choses à l’Assemblée bien autrement. Comme il sait que, cette fois non plus, il ne menacera pas sérieusement le Parti Libéral, si quiconque veut virer a gauche pense QS plutôt que PQ. Pour un débat viril, voyez ces dames.

Comptez sur Dumont – qui est tout sauf un imbécile – pour taper aussi sur le PQ qui est son rival dans le coeur des insatisfaits. Donc son véritable adversaire car, si malgré tout ce qu’on a dit, l’ADQ demeurait l’opposition officielle, ce serait un victoire énorme pour Dumont.

Une nouvelle carte politique se dessinerait au Québec, l’ADQ profitant d’un gouvernement Harper sympathique et du glissement de l’opinion vers la droite qui accompagne souvent le début d’une période crise quand la gauche semble velléitaire.

L’ADQ pourrait redevenir un danger, mais tout ça, c’est pour plus tard. Le 8 décembre, à moins que les prochains sondages ne changent tout, la grande menace pour Charest, c’est le PQ. Il aurait donc avantage a faire ce brin de causette au salon qui sera surtout un match Marois-David et dont il sera le grand gagnant de tous les points que marquera Québec Solidaire.

Pierre JC Allard

 

12 novembre (8/33)

4 ANS ? SURTOUT PAS !

Nos politiques de tout acabit, au Québec, demandent un mandat pour « gérer la crise ». La réponse est NON. Nous ne sommes pas en crise. Pas encore. Nous ne savons même pas de quoi aura l’air cette crise. Aujourd’hui, nous sommes en transition vers on ne sait quoi. . Forcer une décision électorale avant que la crise n’ait même commencé à produire ses effets perceptibles est un abus de confiance.

Nous sommes à l’orée d’une crise qui est bien plus sérieuse que celle de 1929, car elle est GLOBALE. Il ne s’agit pas d’ajuster des équilibres nationaux en manipulant le crédit par des DTS, ni pour le capital de jouer à cache-cache avec la crédulité populaire en sautant d’un paradis fiscal au suivant. C‘est plus grave que ça. Cette crise est la fin du monde que nous avons connu.

En disant, il y a deux semaines, quelle garantissait des fonds « illimités » en dollars aux banques centrales européennes, la Federal Reserve américaine a avoué que le dollar ne valait plus rien, ni donc les autres monnaies dont les réserves sont en dollars : l’argent ne vaut plus rien. Notre société qui reposait sur l’argent ne repose plus que sur la confiance précaire que nous accordons à l’État.

La confiance, d’abord, mais une société un peu complexe ne peut fonctionner sans un moyen d‘échange et il va falloir rebâtir un système financier… ce qui équivaut à rebâtir la société. Ça ne se fera pas sans heurts, car il y a des intérêts acquis en jeu et, historiquement ces heurts apportent des guerres. La priorité aujourd’hui est de faire consensus pour la nécessité d’un changement radical, mais dans l’ordre et la paix.

Ce consensus doit réunir la gauche comme la droite, dans une redéfinition du rôle de la société face à l’individu et des objectifs même de la société… et une acceptation de nouvelles règles du jeu politique. Dans ce contexte, les élections actuelles au Québec sont néfastes, car elles visent à confier le pouvoir à un parti pour 4 ans, alors qu’au cours des 4 prochaines années, la situation va évoluer davantage à chaque 6 mois, qu’elle ne le faisait auparavant en une décennie.

Il n’y a personne qui mérite aujourd’hui un tel mandat ferme de 4 ans. Il faut voir les gouvernemants à l’œuvre et au besoin en changer, même au milieu du gué. IL NOUS FAUT UN GOUVERNEMENT MINORITAIRE. Il faut mettre la même détermination à NE PAS donner une majorité à l’un ou l’autre des partis que l’on a mis ne pas donner un gouvernement majoritaire à Harper.

La population en ces temps de crise doit rester souveraine. Le 8 décembre, elle doit diviser pour régner.

Pierre JC Allard

http://nouvellesociete.org/5193.html

 

13 novembre (9/33)

REVENU GARANTI INDEXÉ : la seule solution à la crise

Il y a 41 ans, j’étais Directeur Général de la Main d’Oeuvre au Québec. Il n’était pas question de me transformer en rond-de-cuir – je n’avais déjà pas le profil ! – mais de mettre vite sur pied un service fonctionnel et, surtout, de préparer une « politique de main-d’œuvre », un concept dont on avait vaguement entendu parler au bureau du Ministre Bellemarre. Je l’ai fait.

Ce plan a été recopié assez souvent pour que, 25 ans plus tard, je puisse en retrouver des pages entières inchangées dans les « nouvelles politiques de main-d’œuvre » que les gouvernements québécois ont pondues depuis lors, à tous les trois ou cinq ans, comme une poule de bonne volonté, mais qui n’a pas tout fait stabilisé ses hormones.

Ce plan n’a pas perduré parce qu’il était génial – c’était du crû OCDE de l’époque, inspiré par Parnes, Blum et les penseurs « resources humaines » première génération – mais parce que, par la suite, au Québec, on a simplement cessé d’y réfléchir. On crée des emplois… et on verra bien. Pauvres crétins…

Quand j’entends Charest et les autres dire qu’ils vont répondre à la crise en « créant des emplois », j’ai le goût, même à mon âge, d’aller leur botter le derrière. On ne produit pas pour créer des emplois ; on crée des emplois pour produire. On ne fait pas travailler les gens pour leur payer un salaire, on leur paye un salaire pour travailler. Il faut avoir un objectif de production.

L’économie de production est complexe. Il y a des liens entre ce qu’on fait ici et ce qu’on doit alors faire là. Autrement. on fabrique des vis et des écrous qui n’ont pas le même filage. Pour créer intelligemment des emplois il faut savoir de quoi il retourne.

L’article #1 d’une politique de main-d’œuvre, c’est un inventaire des ressources humaines définissant leurs compétences en termes compatibles avec le vocabulaire utilisé pour la formation. L’article #2 c’est l’identification des postes de travail, par une analyse des tâches – utilisant aussi ce même vocabulaire – et l’article #3 est l’appariement de l’offre à la demande de travail.

La crise arrive et, au Québec, elle se manifestera par le chômage. Or, le gouvernement actuel dit et fait des bêtises en matières de création d’emploi et rien ne permet de penser qu’un gouvernement péquiste ou adéquiste ferait mieux. Ils répètent des mots qu’ils ont entendus et dont le sens et la réalité leur échappent. La réponse à la crise, c’est REVENU GARANTI INDEXÉ. Tout le reste ne sert qu’à ça.

Si vous avez 5 minutes, lisez : https://nouvellesociete.wordpress.com/2008/03/10/15-le-travail-garanti/
Si vous avez 5 heures, lisez : http://nouvellesociete.org/701.html

Pierre JC Allard

Nota bene au futur élu: si vous ne vous en sortez pas, passez moi un courriel: pjca@iname.com

 

14 novembre (10/33)

LE WATERBOARDING DE l’INFORMATION

Pour qui se prend ce consortium de diffuseurs, pour s’autoproclamer l’arbitre de ce que doit ou ne doit pas entendre la population lors d’une campagne électorale ? En décidant d’exclure les Verts et le QS du débat télévisé, les diffuseurs biaisent si outrageusement l’issue du prochain scrutin que nos droits à tous sont lésés. Gravement lésés, et notre démocratie qui claudique entre manipulation et corruption n’a pas besoin de ce sale coup supplémentaire.

Qui se cache derrière ce consortium ? Des médias qui sont pour partie au service de l’État et, pour le reste, propriété d’intérêts corporatifs eux-mêmes en étroite relation incestueuse avec la pouvoir. Laisser ceux qui sont en place décider du droit de parole de ceux qui les contestent augure bien mal de l’état de notre démocratie. On peut étouffer la vérité, sans l’étrangler trop visiblement; juste en ne la laissant pas respirer.

Quand la loi électorale oblige les médias à fournir du temps d’antenne gratuit à tous les partis ayant obtenu plus de 3% des votes à la dernière élection générale, est-ce que l’esprit de la loi est que ce temps peut être fourni discrétionnairement en tout temps, en laissant les bonnes heures d’écoute – dont le temps du débat est la meilleures – uniquement à ceux qui montrent patte blanche au système ?

Parce qu’une population jocrisse ne proteste jamais, le pouvoir s’enhardit à tricher avec de moins en moins de pudeur avec les exigences de ses propres règles. Dangereux, car on a perdu la foi en cette pseudo démocratie qui oppose toujours bonnet blanc a blanc bonnet. On perd l’espérance en la possibilité d’un changement. On va bientôt perdre la charité de ne pas le leur dire plus brutalement.

Pourquoi faut-il les Verts et QS au débat ? D’abord, pour avoir des idées neuves. Autre chose que l’insignifiant magma de solutions éculées que la petitesse intellectuelle et l’imagination pitoyable des trois “grands” partis nous proposent. Il est bien téméraire de penser résoudre par des moyens ordinaires un crise extraordinaire comme celle qui vient. Il faut avoir d’autres options en réserve. Laissons ceux qui réfléchissent nous les montrer. Que le Directeur général des élections intervienne

Ensuite, par équité. Si le DGE n’intervient pas, voyons quel est le statut juridique de ce consortium. Diminuer la visibilité d’un parti politique reconnu, c’est aussi limiter son accès au financement que l’État lui accorde au prorata des votes obtenus. C’est un dommage concret dont il ne reste qu’à fixer le quantum. QS et les Verts doivent bien avoir un avocat quelque part ?

Pierre JC Allard

http://les7duquebec.wordpress.com/2008/10/06/une-democratie-en-faillite/

 

15 novembre (11/33)

LA COMPLEXITÉ VOLONTAIRE

Jean Charest nous prend vraiment pour des imbeciles. Le pire, c’est que, comme disait Coluche, depuis le temps qu’il le fait, ca doit bien être un peu vrai…. Hier, Michel David du Devoir est venu jeter du sel sur la plaie en nous expliquant doucement, comme a des enfants un peu attardés, comment Jean Charest se fiche de nous.

Je ne reprendrai pas tout son argumentaire qui est accablant; je me permet seulement d’ajouter ici un mot sur le thème “gestion de crise” qui serait, paraît-il, le point fort de Charest. Il n’est pas sorcier de résoudre la crise; il suffit de VOULOIR la régler, mais personne ne veut le faire…

Facile de régler la crise, car c’est une anomalie tout a fait artificielle. Quand on a la main-d’oeuvre et les matières premières on peut produire pour tous les besoins. La crise vient quand ceux qui ont des besoins n’ont pas d’argent, que ceux qui ont de l’argent n’ont pas de besoins… et qu’on décide de produire moins.

Ceux qui le décident sont ceux qui ont le pouvoir et dont les besoins sont satisfaits; il en découle pour le autres beaucoup de souffrances… Les décideurs racontent alors des sornettes à la population, sur le capital, le crédit, l’équilibre budgétaire … mais il ne s’agirait, en fait, que de virer un peu de fric de ceux qui en ont vers ceux qui n’en ont pas. Ce que ceux qui en ont ne veulent pas qu’on fasse.

De temps en temps, ceux qui souffrent ne croient plus aux sornettes; ils pendent où fusillent ceux qui ont pris cette mauvaise décision de ne plus produire… Un nouveau pouvoir s’installe qui vire l’argent qu’il faut virer et ça va mieux pour un temps.

Après un temps, le nouveau pouvoir – qui a fait son fric – cesse de vouloir en virer. Quand ceux qui en manquent n’achetent plus, on décide à nouveau de ne plus travailler, de ne plus produire…. et c’est à nouveau la crise. Simple.

J’ai un doctorat en sciences-économiques et je pourrais le dire en termes bien compliqués, mais c’est simple: virer un peu de fric et travailler. Toute l’astuce du pouvoir est de nous faire croire que ce n’est pas simple et de ne pas virer le fric. Ils préfèrent gérer la crise… Mais un jour vient où ils sont pendus.

Pierre JC Allard

 

16 novembre (12/33)

LA JOIE ÉLECTORALE

Au Nicaragua, le 8 décembre est une espèce de Halloween pour grandes personnes. On va de maisons en maisons, en se faisant inviter pour un pot. La phrase–sesame pour être accueillie est : Que causa tanta alegria ? (Quelle est la cause de tant de joie ?) Personne ne répond. Allez donc savoir pourquoi on est content ! La foi…

Il faut en effet une grande foi pour bien comprendre le plaisir qu’il y a à concevoir sans péché… mais on peut prendre un pot entre voisins. C’est ça, sans doute, la joie dont on parle. Il va nous falloir une grande foi, nous aussi, le 8 décembre, pour penser que le gouvernement qu’on aura conçu n’aura pas le péché originel.

Plusieurs péchés, dont le plus évident sera de ne pas avoir été désiré et, tout de suite après, celui de naître d’un père qu’on n’aime pas tellement. Ajoutons-y que le Belle Province aura été engrossée sans préliminaires affriolants, sans qu’on lui récite d’autre aubade qu’une liste d’épicerie de ce qu’elle mange tous les jours et un rappel du prix des semences.

Tu veux plus de soins de santé ? Tu es folle Marie ? Tu ne vas pas me tomber malade pendant qu’on fait le tabac ? Plus de liberté ? C’est le travail qui libère, Marie, on te l’a déjà dit… T’auras des sous, Marie – on les prendra dans ta dot – et tu ne manqueras pas de lessive. Pour le reste on verra

Et ce gouvernement qui sera conçu sans plaisir va trainer l’hérédité de la manipulation. Des yeux qui ne regardent qu’à droite. Des oreilles qui n’entendent que le langage du fric. Un langue qui dénonce les options politiques mal-pensantes. Des mains pour prendre tout que qui peut être arraché aux plus faibles. Surtout, le gène récessif qui vient de Papy Maurice et qui fait que la démocratie disparaît une génération sur trois, quand il y a une crise et qu’on nous dit que doit finir le temps des folies. Nous avons besoin d’une sérieuse rédemption.

Moi, ce qui me causerait une grande joie, ce serait qu’un mécène – ou un commanditaire avisé – paye le temps d’antenne et mette en onde un Débat des Méprisés, avec les Verts et le QS. En y invitant peut-être aussi Mario, que les médias traitent aujourd’hui si mal. Un débat où les Petits ne se taperaient pas dessus, mais nous diraient seulement tout le mal que font les Grands. Tout le mal que les bien-pensants font aux défavorisés, à l’environnement et aux valeurs du Québec. Et je pense qu’on serait nombreux a prendre un pot en écoutant ce débat ¡ Que alegria !

Pierre JC Allard

 

17 novembre (13/33)

QS: UN TEMPS POUR FAIRE DES PLANS

Depuis maintenant 11 ans que je m‘exprime sur le Web – bien avant que le mot « blog » ne soit même inventé – j’ai reçu plus de 700 00 visites, dont 150 000 depuis un an. Je suis identifié comme « de gauche ». Pourquoi, ne suis-je pas aux barricades avec Québec Solidaire ? Parce que ce n’est pas le moment . Je suis plutôt à tirer QS par la manche en lui soufflant qu’il y a des marées dans la destinée des idées comme des hommes et qu’il devrait regarder l’almanach.

Quand QS a été créé, en 2006, j’ai dit que ce parti ferait peut-être un jour du bien, mais qu’il ferait d’abord du mal en fragmentant la gauche contre une droite en ascension. Ça n’a pas loupé et l’on a eu l’ADQ qui a coiffé le PQ au poteau lors des dernières élections pour devenir l’opposition officielle.

Il a manqué au PQ précisément les 6 comtés que les votes pour QS lui ont fait perdre. Si on n’a pas pleuré dans les chaumières comme Ralph Nader aurait dû pleurer quand il a fait passer Bush contre Gore aux USA, c’est qu’on ne sait pas compter dans les chaumières

On me dira que le Parti Québécois n’est pas la gauche, que l’Action démocratique n’est pas la droite et qu’être la Loyale Opposition de Sa Majesté n’est pas gouverner…. mais vous voulez qu’on recommence ?

Et cette fois c’est pour vrai : les votes pour QS vont sans doute faire la différence entre une victoire libérale et un victoire péquiste. Est-ce qu’on veut que Charest gère cette crise à l’américaine, en lançant les bouées de sauvetage aux institutions financières et aux corporation pendant que les petits écopent ?

Parce que c’est une chose de pardonner au gens ce qu’ils font, c’est est une toute autre de les excuser de ce qu’ils sont. Ce ne sont pas vraiment des « péchés » que Mario a commis, ce sont ses « vices » qui se sont manifestés. Son vice, en fait, car le politicien en lui n’en a sans doute qu’un vice qui soit mortel : la temporisation.

Dumont est intelligent, habile et connaît mieux que ses adversaires la réalité québécoise. Il sait et il sent ce que veut le Québec profond. Le Québec profond qui a encore le pouvoir démocratique dans le régime politique où nous vivons, mais est sur le point de le perdre. Ce Québec-là est encore plus rural qu’urbain, plus prés de Henri Bourassa et du Curé Labelle que de Michel Tremblay et des bars du Plateau.

Ce Québec-là peut être manipulé par les médias, mais il ne les écoute pas. On lui triture l’inconscient et il fait un peu par négligence ce qu’on lui dit, mais dès qu’il s’en aperçoit il réagit par la rébellion. On aurait bien tort de prendre pour acquis que le petit catéchisme et la révolte des berceaux, c’est de l’histoire ancienne. L’erreur de Dumont a été de les écouter, lui, les journaux et de vouloir ménager la chèvre et le chou. De vouloir subtilement donner une vision jazzy des vieux airs de folklore.

On disait de Hannibal qu’il savait vaincre, mais pas profiter de la victoire. Dumont a misé sur le Québec profond, mais n’a pas voulu aller au bout de son choix. Il a raté un rendez-vous avec sa clientèle qui l’attendait un peu plus à droite Il a, en quelque sorte, manqué d’extrêmisme

Ceux qui se disent progressistes et se félicitent de la baisse de popularité de l’ADQ auraient donc tort de penser que c’est parce que leur message à eux a passé. La population ne s’est pas éloignée de Dumont parce qu’elle lui reproche d’être réactionnaire, mais parce qu’elle est déçue. … Elle attendait de lui plus de courage. Plus de force…

Nous avons un peu de cet atavisme des villages de Vendée, où il y a presque toujours au grenier de vieilles photos de communiantes… et une cane de Camelot du Roi. Ici c’est un beret blanc. Après les excuses, voyons quel langage Dumont tiendra.

Il est difficile à un électorat qui cherche un homme fort de lui pardonner la faiblesse. Mais si Dumont dit « Adieu Prudence ! », se radicalise et paraît fort, convaincu, dur, sans concessions, il pourrait remonter bien vite dans les suffrages.

Pierre JC Allard

 

19 novembre (15/33)

L’inexcusable

Mario Dumont a fait des excuses. Qu’on les accepte ou non est un autre débat – j’en parlais hier – mais il en a fait. Ça mérite le salut du bon entendeur. Madame Marois, elle, ne s’excuse pas. Elle reste droite dans ses étriers et ne regarde rien sous le naseau de son cheval. Elle a été complice de la pire infamie de l’histoire récente du Québec, mais, comme la môme Piaf, elle ne regrette rien : elle se fout du passé.

Pas moi. J’ai eu jadis des mots très durs pour les responsables de cette mise à la retraite anticipée de nos médecins et infirmières qui, couplée a la limitation des inscriptions en médecine, a fait de nous sur le plan de la santé un pays en voie de sous-développement. J’aimerais en avoir de plus cinglants encore, maintenant que le scénario sordide que prévoyais n’est plus une prévision, mais une réalité

On a sacrifié un système de santé performant que nous avions mis une génération à bâtir et qui nous avait coûté des milliards pour… équilibrer le budget. Comment peut-on avoit été aussi ignoble ? Si Madame Marois, complice de de qui me semble un crime, venait a genoux, la corde au cou comme une bourgeoise de Calais implorer son pardon, on pourrait peut-être y songer : il faut bien faire avec ce qu’on a…

Mais quand avec cette morgue qu’on est unanime à lui reprocher elle vient nous dire que cette décision était justifiée, elle justifie seulement qu’on ravive une rancune tenace et qu’on l’ajoute au mépris qu’on ne devrait jamais avoir oublié pour tous ceux qui ont participé à cette affaire.

Ce sont ceux qui nous parlent d’indépendance qui ont alors accepté, sans aucune pudeur, leur totale servitude envers les agences de crédit étrangères. Ce sont des banquiers américains qui nous ont dicté notre politique. Cette humiliation était peut être inévitable, résultat d’une faiblesse qu’on répugne à s’avouer, mais la suite ne l’était pas. S’il fallait boucler ce budget, un gouvernement qui se dit social-démocrate aurait pu demander un peu d’argent aux riches. Il a préféré prendre celui du monde ordinaire et mettre en gage notre vie et notre santé à tous. Vous étiez là, Madame Marois. Vous êtes inexcusable.

Pierre JC Allard

 

20 novembre (16/33)

LE VRAI POUVOIR

Quand je dis que j’écarterais avec plaisir les trois (3) candidats qui ont une chance sérieuse de gagner ces élections, il y a toujours quelqu’un pour me souligner que c’est un questionnaire fermé et qu’il faut bien en choisir un. Alors le meilleur ? Le moins mauvais, si vous voulez… ? On le met où, ce X ?

Comme je le disais la semaine dernière, vous devriez donner votre aux Verts et contribuer a préparer la relève. Si vous craignez que par votre faute le meilleur candidat ne gagne pas, c’est que vous ne comprenez pas comment fonctionne l’État. Voyons voir…

Vous allez voter dans votre circonscription pour un candidat que vous ne connaissez sans doute pas. Ce n’est pas vous qui l’avez choisi, c’est son Parti. C’est donc pour le Parti que vous votez. En fait, vous allez voter pour un Premier ministre qui aura tous les pouvoirs..

Votre député n’a aucun pouvoir et les ministres désignés n’en auront pas davantage. Le Premier Ministre, en effet, n’est pas responsable devant le Conseil des ministres ; ceux-ci sont ses créatures et il peut les limoger à sa discrétion. C’est au Premier Ministre que vous donnez un mandat populaire pour gouverner.

Le fait-il ? En pratique, ce sont des fonctionnaires largement inamovibles qui vont gèrer les affaires de l’État. Ces fonctionnaires prennent leurs instructions des sous-ministres qui ne sont PAS nommés par leurs ministres respectifs, mais par le Secrétaire général du Conseil exécutif.

Ce dernier se rapporte au Premier Ministre et c’est là qu’une administration permanente nommée reçoit en principe ses directives d’un gouvernement élu. C’est à point charnière que prend effet votre volonté démocratiquement exprimée… mais il y a un os.

C’est l’élu qui a le pouvoir formel, mais ce sont les fonctionnaires qui ont les connaissances, l’expérience, les contacts avec le secteur privé au palier où l’on agit. C’est cette armée de fonctionnaires qui SAIT ce qui doit être fait …et c’est ce qui se fera. Qu’un Premier ministre veuille s’écarter du plan que les fonctionnaires lui tracent et il est sans appui, sans ressources… Ses commanditaires lui suggèreront – fermement – de s’y conformer.

Que le Premier Ministre soit l’un ou l’autre des candidats, le plan sera donc suivi. Le plan concocté par des experts… et des banquiers. Ne vous inquiétez pas de savoir si l’un ou l’autre des candidats a les compétences pour régler nos problèmes, car aucun d’entre eux ne peut les avoir.

Si l’un d’eux avait pris le temps de les acquérir, il n’aurait pas eu celui d’apprendre son vrai boulot de politicien, qui est de convaincre la nation du bien fondé du plan qui est suivi… Politicien est un job à plein temps. L’élu sera la cerise déposée sur le clafoutis. Choisissez seulement la couler qui vous plait. Tout ira pour le mieux. Comme le système le souhaite.

Pierre JC Allar

 

21 novembre (17/33)

HONNEUR AUX SOLDATS INCONNUS

Patrick Lagacé, sur son blogue de Cyberpresse, nous disait hier du bien d’un Adéquiste. Sébastien Proulx, candidat dans Trois-Rivières. J’en suis bien heureux. Pas parce que je suis adéquiste, je ne le suis vraiment pas, même si je souhaitais, après les dernieres élections, que PQ et ADQ s’allient pour nous débarrasser de Charest dont je prévoyais l’évolution vers la non signifiance. Pas parce que j’aime particulièrement Sébastien – je ne le connais pas – mais parce que je pense qu’il est bon qu’un citoyen insoumis du Royaume Gesca sorte du prêt-à-porter et nous parle d’un candidat.

Pas d’un parti, mais d’un candidat au poste oublié de député. C’est une bonne nouvelle qu’on se souvienne que, même si on les traite comme des jetons dans les parties de poker-menteur que jouent les partis politiques, leur fonction de député a un sens et ils devraient avoir un autre rôle que de se lever l’Assemblée pour voter comme on leur dit de le faire. Les députés devraient être indépendants, ils devraient être élus pour représenter leurs électeurs et voter les lois qu’il considèrent les bonnes, sans être inféodés à un parti.

Évidemment, ce n’est pas le cas. Mais ça pourrait le devenir, si on repensait cette mochetée de démocratie que nous avons et qui n’est qu’une mauvaise plaisanterie. Bonne idée, donc, que profitant de ces élections – qui n’ont aucun autre enjeu que de dispenser le gouvernement de nous rendre plus tard des comptes, quand la crise commencera vraiment a faire des ravages – on parle un peu des candidats qui ont une valeur personnelle, sans égard au parti dont ils portent l’étendard.

Ayons une bonne pensée pour les poilus qui se débattent dans les tranchées de cette guerre électorale, moins cruelle, bien sûr, mais aussi bête que la Guerre de 14-18 dont Brassens nous vantait les « mérites ». Une bonne pensée pour Sebastien Proulx, qui est peut-être un élément de la réserve pour l’après-crise, puisque Patrick l’a remarqué, et pour autres aussi, dans tous les partis, que nous ne connaissons pas assez et qui nous consoleraient peut-être de ceux que nous connaissons trop…

Guy A. Lepage devrait nous présenter en gerbes quelques-un de ces jeunes génies qui ont encore une pensée personnelle. Nous les présenter 4 ou 5 à la fois, pour qu’on puisse les comparer… Ce sont eux les options pour l’avenir. Invictis cras victoribus

(Cette petite perle en latin est juste une devinette pour ceux qui m’accusent d’utiliser des mots qui tiendraient jusqu’à Pontoise et des citations abstruses…) ☺

Pierre JC Allard

22 novembre (18/33)

LA GROSSE CAISSE

Monsieur Richard Guay, PDG de la Caisse de depot et de placement du Québec, s’est mis en congé-maladie. J’espère que ce n’est pas grave. Je ne le connais pas et je ne lui souhaite que du bien. Je suis tout de même un peu perplexe. La Caisse, c’est ce qu’on a de plus gros au Québec. Bombardier et SNC–Lavalin, le Cirque du Soleil et Celine… des broutilles à côté de la Caisse.

Ce n’est pas juste de comparer la Caisse avec nos autres entreprises qui doivent faire de l’argent. La Caisse doit en faire, bien sûr, mais si elle en a tant, c’est parce qu’on lui en met plein les poches : on lui demande surtout de ne pas le perdre. Or la rumeur veut qu’elle en ait perdu 30 milliards depuis le début de cette crise … et ce n’est évidemment pas fini.

Alors je m’inquiète un peu. Car si j’avais perdu le portefeuille de ma femme ou même la tirelire de ma fille, je les chercherais avant d’aller me coucher. Je les chercherais avec beaucoup de diligence, même si j’avais une grosse migraine. Si j’étais TRES malade, on me mettrait sans doute au lit, mais je demanderais qu’on téléphone vite chez moi. Pour rassurer mes proches quant à mon état de santé, mais aussi pour leur dire que je ne les oublie pas …

On ne sait pas trop ce qui a rendu Monsieur Guay malade. On espère que ce n’est pas grave. On espère que ce n’est pas la situation de la Caisse qui l’a rendu malade. Monsieur Charest devrait nous parler de la santé et de la gestion de Monsieur Guay

Concernant sa gestion, il devrait surtout nous dire si les actifs de la Caisse ont baissé plus ou moins que la moyenne des cours de la Bourse. Ne serait-ce pas la seule façon objective d’évaluer son travail ? Concernant sa santé, il devrait nous confirmer que, qu’elle que soit l’évaluation que l’on fasse de la performance de Monsieur Guay, le seul fait qu’il ait dû s’absenter durant cette crise suffit à établir que sa santé est précaire et qu’il sera remplacé. On ne laisse pas au volant d’un autocar quelqu’un qui a des absences. L’évaluation de sa performance est sans pertinence quant à cette décision de le remplacer; elle ne peut que déterminer la couleur de son parachute.

Cela fait, on devrait aussi s’étonner que le Premier Ministre n’ait pas vu venir cet incident. Comment prétendre qu’on va gérer l’économie avec doigté, quand la plus belle fleur de la gerbe se fane sous nos yeux sans qu’on s’en préoccupe ? Il a peut-être aussi besoin de repos. Ce sera à nous, le 8 décembre, de décider s’il a une bonne excuse pour ne pas l’avoir vu, ou s’il ne devrait pas quitter le monticule et se diriger vers les douches.

Pourquoi Pauline et Mario, qui encore une fois chantent à l’unisson, ne nous facilitent-ils pas la vie en concluant une alliance qui permettrait qu’une majorité incontestable de la population signifie son congé au lanceur partant qui n’arrête pas de décevoir ? C’est ce front commun contre Jean Charest qu’ils constitueraient, s’ils mettaient l’intérêt de la nation au-dessus de leurs ambitions personnelles.

Pierre JC Allard

 

23 novembre (19/33)

 

HIPPOCRATE ET LES HYPOCRITES

Si mon toubib arrivait chez-moi à l’aube sans prévenir, pour m’éveiller et me dire de ne pas m’inquiéter, je pense qu’il me faudrait un peu de Valium… Si ce n’était pas mon toubib, mais un de ses collègues, me disant que le mien a besoin de repos pour quelques temps, il m’en faudrait un peu plus et je regarderais avec une certaine appréhension toutes ces fioles sur ma table de chevet. Dites, Docteur, votre collègue mon toubib en titre, vous êtes sûr qu’il était reposé quand il m’a donné cette liasse de prescriptions ?

Quand Fernand Perreault, « président pas intérim de la Caisse » vient nous rassurer un vendredi soir par une conférence de presse qui coincide presque avec la fermeture des marchés pour le week-end, il nous fait bien plaisir. D’abord, on sait qu’il y a vraiment un nouveau barreur, ce qui est prudent avec toute cette houle et le vent qui ne tombera pas avec le serein. Ensuite il nous replace dans une problématique de bon sens.

Le bon sens, c’est que, comme je le soulignais hier, la Caisse est le lac vers lequel affluent nos épargnes ; elle n’a rien à inventer pour s’enrichir, juste à ne pas faire de bêtises. Donc, quant on nous dit que le flux des entrées et sorties da capitaux la Caisse est positif et le sera encore pour des années, on dit exactement ce qui est vraiment important.

Il me rassure encore plus quand il précise qu’il calcule ses liquidités sans tenir compte des 12 milliards de papier commercial à ses livres, vu que la valeur de tout ce papier commercial est disons… incertaine. Merci Docteur , je vois que la Caisse respectera la première admonestation d’Hippocrate » : Primum non nocere. D’abord ne pas nuire. Gestion prudente. Compris. J’aime Hippocrate.

Quand Perreault nous dit que la Caisse va « bien » – ce qui est formellement vrai – il évite toutefois soigneusement de nous donner un bulletin de santé qui, hélas, ferait vraisemblablement la preuve qu’elle ne va pas « mieux ». Sinon, on l’aurait dejà su… Vous savez, ces 12 milliards… Passons.

Pourquoi parler de mieux, alors que l’essentiel est qu’on n’ait pas chaviré et qu’on pense gagner la jetée sans encombres ? Parce que la Caisse avait une régate à gagner contre le Dow Jones. Si elle ne retire pas un meilleur rendement de nos épargnes que nous pourrions le faire en éparpillant nos jetons au hasard sur le tapis vert, elle ne devrait pas se mêler d’investir. Alors dites moi, skipper, cette régate, on la gagnera ?

C’est a dessein que je vous promène entre deux métaphores. Si vous m’avez suivi, donnez-vous tout bon : vous pouvez suivre le parcours de Jean Charest. Vous comprenez que le gouvernement exige de la Caisse une performance de placements à risque, car il faut gagner cette régate, mais avec une gestion de médecin de famille, car il y a une méchante grippe qui rôde et il ne faut pas compromettre le bas de laine des Québécois.

Bravo. Il ne vous reste plus qu’a comprendre que le gouvernement n’intervient pas dans la gestion de la Caisse, afin d’éviter de politiser les activités de celles-ci, mais que, par un simple effort de pensée, il peut susciter chez celle-ci un vif désir de s’exprimer en pleine campagne électorale pour rassurer les badauds. Compris. Mais je n’aime pas les hypocrites.

Pierre JC Allard

 

24 novembre (20/33)

LA LIBERTÉ COMPLAISANTE

Madame Marois a fait bonne figure à Tout Le Monde En Parle. Le contraire aurait été bien étonnant. Quoi qu’en dise Guy A. Lepage, il est tout à fait évident que le traitement réservé aux invités n’est pas le même pour tous. La presse est libre… elle peut être complaisante.

Avant de hurler à la partialité, à l’ostracisme, au favoritisme et que sais-je, il faudrait tout de même, cependant, jeter un regard lucide sur le comportement des médias en général et s’interroger sur la loi électorale.

La loi qui limite les dépenses électorales est une fumisterie, puisque l’on interviendra avec fermeté pour porter plainte contre le citoyen ordinaire qui distribue quelques tracts de son crû, on dénoncera avec vigueur une publicité de trop par un parti qui ne l’aura pas comptabilisée, on aboiera contre un blogueur, mais sans trop de véhémence, car la blogosphere commence a avoir des muscles … mais on accepte sans broncher qu’un journaliste – ou pire, un groupe comme Gesca – soutienne a pleines pages un parti ou un candidat.

Il y a la liberté de la presse à défendre… Oui, oui, on veut bien, mais il faudrait être stupide pour ne pas voir que l’opinion d’un chroniqueur comme Foglia ou Lagacé, ou d’un éditorialiste comme Pratte ou Sansfaçon, a sur le vote une influence autrement plus forte que celle du premier quidam venu. Ici, l’hypocrisie est totale.

Totale, car on ne peut pas sérieusement prétendre qu’on égalise les chances entre les partis en contrôlant leurs dépenses, alors que la publicité gratuite – ou apparemment gratuite – qui suinte de tous les médias a un impact que n’aurait pas une fortune en publicité payée. On pourrait corriger cette situation, mais on ne le veut pas.

Pourquoi ne pas baliser la liberté et la complaisance ? Ce n’est pas pour favoriser un parti plutôt qu’un autre, car tous les partis susceptibles de prendre le pouvoir ne sont que des factions d’un seul grand parti unique du statu quo qui permet que notre élite financière nous applique son programme. C’est toujours, pour l’essentiel, bonnet blanc et blanc bonnet.

Il ne s’agit pas tant d’en favoriser un que de les favoriser tous et le processus avec eux, de soutenir l’intérêt des électeurs dans notre démocratie médiatique dont toutes les discussions qui prêteraient vraiment à controverse sont résolument bannies. On a transformé le processus électoral en spectacle, en favorisant les aspects ludiques et surtout ce qu’on peut y introduire de suspense.

Dans ce contexte, que TLMEP devienne un petit écrin douillet pour Madame Marois ne me semble pas une ignominie. Tout au plus un élément d’un problème autrement plus vaste : les vraies questions ne seront jamais abordées. ON y apportera les réponses correctes et on nous tiendra au courant. Quand ce sera absolument nécessaire…

Pierre JC Allard

 

25 novembre (21/33)

LES VRAIES AFFAIRES

Il y aura un débat des chefs ce soir… De quoi nous parleraient nos politiciens, s’ils voulaient vraiment que la population ait un mot à dire dans sa gouverne ? Ils nous parleraient des choses que vous avez toujours voulu savoir, mais que vous n’osez plus demander.

1. D ‘abord, s’il y a une crise et qu’on veut des sous, pourquoi pas un impôt sur le capital ? Pourquoi s’en tenir aux REVENUS, alors que c’est l’argent des milliardaires qui roupille et qui cause problème ?

2. Pourquoi ne pas ne pas mettre en place un système de travail-revenu garanti pour tous, plutôt que ces mesures sottes de création d’emplois alternant avec des paiements de transfert pour ceux qu’on n’arrive pas à caser ? On ne réalise pas combien il est stupide de dire qu’on manque de travail dans une société où il y a encore tant à faire ?

3. Ensuite, quand on parle santé, pourquoi ne pas former en grand nombre les ressources médicales spécialisées nécessaires, qu’on rémunérerait le tiers ou la moitié du revenu d’un docteur en médecine – qui n’est pas toujours ce dont on a besoin – … et fournir a chaque Québécois un médecin qu’on payerait par capitation et qui l’ACCOMPAGERAIT dans sa démarche de santé ?

4. Pourquoi pas une éducation reposant sur une relation personnelle entre une élève et un enseignant, comme Illytch en parlait, il y déjà trente ans, plutôt qu’une formation en polyvalentes qui ne sont que des garderies pour adolescents ? Pourquoi ne pas s’en remettre aux enseignant pour toute pédagogie ne laissant à l’État que l’évaluation normative ?

5. Et si on parlait un peu de la justice GRATUITE ? C’est une ignominie que, dans un État de droit, on doive payer pour obtenir justice et qu’il n’y ait donc pas de justice pour le monde ordinaire.

6. Il y a aussi à la question de la criminalité. Va-t-o comprendre enfin que le but premier de la justice qu’on dit pénale ne devrait pas être de punir ni de réhabiliter les criminels, mais de protéger et d’indemniser les innocents ? Qu’est-ce qu’on attend pour proposer une nouvelle approche ?

7. Quant à la culture, il faut qu’on sorte d’une rémunération basée sur la limitation de l’accès aux œuvres – une méthode qui incite à la tricherie et qui brime la diffusion de la littérature comme des arts – pour passer à une rémunération, pour chaque créateur, correspondant à sa part déterminée par les consommateurs de ce que le consensus social choisit de consacrer à la création artistique et littéraire.

Et ce n’est qu’un aperçu de ce dont il faudrait discuter. Pendant ce temps, des gens qui n’y connaissent rien énoncent des chiffres, nous demandant si on préfère investir 1 000 000 000 ou 600 000 000 de dollars en création d’emplois… alors que ce sont naturellement les circonstances qui dicteront la marche à suivre. On ment, on dit des bêtises… et on évite surtout soigneusement toutes les vraies questions.

Pierre JC Allard

 

26 novembre (22/33)

À BIEN Y PENSER…

Il n’est pas si faux qu’on pourrait le croire de prétendre que cette campagne commence avec le débat d’hier. La stratégie du système, consistant a dire que Charest est le seul gagnant possible, a été menée rondement, mais qui fréquente les blogues ne voit pas cette vague de fond. Ne la voit tellement pas, qu’on en vient à en douter…

Un scepticisme qui s’accroît encore, quand on se souvient de tous ces sondages dont on nous a abreuvés durant la campagne fédérale et dont force est de constater qu’ils n’ont pas seulement été erronés, mais publiés pour tromper. La manipulation qui est l’essence de la démocratie médiatique semble s’être hissée a un nouveau palier… Mais il y a les médias-citoyens. Un hâvre pour la liberté quand souffle l’ouragan du mensonge.

Charest avait-il 14 point de pourcentage d’avance au sein de la population avent le débat ? On ne le saura jamais, mais les sondages qui suivront devront tenir compte des limites à la crédulité populaire. Osera-t-on nous dire que Marois, hier, n’a pas marqué des points ? Et si on en tient compte, déterminera-t-on le nouvel écart « correct » par un savant calcul, ou ira t-on au plus pressé d’affirmer simplement qu’il y en a un… disons de 7 ou 8 points ?

Si on en met trop, la population ne croira pas que la performance lamentable de Charest – et les FAITS qu’elle a tenté de dissimuler – peuvent avoir eu si peu d’impact ; si on l’écart trop mince, on risque de déclencher un effet d’entrainement en faveur du PQ, perçu alors comme en remontée.

Et il y a Dumont. Il y a des semaine qu’on veut le montrer en totale décrépitude ; or, on vient de le voir habile, déterminé, meilleur orateur que Charest, beaucoup plus créatif…… et infiniment plus sympathique.

Je ne vois pas Mario en premier ministre. On nous a tant convaincus qu’il ne pouvait pas prendre le pouvoir, toutefois, que les défauts de Dumont n’ont plus d’importance. Ses qualité, au contraire, apparaissent bien utiles dans l’opposition, si nous devons être gouvernés par un Jean Charest dont on sait plus que jamais qu’il n’a pas de respect pour la population québécoise et qu’il peut dissimuler et mentir sans vergogne.

Si j’avais voté adéquiste l’an dernier, et que j’avais vu la performance de Dumont au débat, je ne suis pas du tout certain que je changerais de loyauté… Un gouvernement Marois minoritaire avec un bonne présence adéquiste serait le meilleur résultat pour le Québec. Puis on irait voir combien de milliards sont disparus de la Caisse… et on ferait pour le mieux.

Pierre JC Allard

 

27 novembre (23/33)

UN TEMPS POUR RESSENTIR…

En ce lendemain du débat des chefs, j’ai fureté de-ci de-là sur la Toile, parlé à gauche et à droite – au propre comme au figuré – cherchant à voir si quelqu’un avait convaincu qui que ce soit de quoi que ce soit et si quelque chose avait changé… puis j’ai tout a coup compris que je cherchais mal et que je voyais tout à l’envers.

Je cherchais des électeurs qui auraient changé d’opinions. Je sautais une étape, car les changements d’opinions, si changements d’opinions il devait y avoir, ne viendraient que plus tard. Pour l’instant, chacun redevenait simplement lui-même, ramené par ce débat qu’il avait vu un peu par habitude et sans grand intérêt, à une réalité qu’il aurait préféré ne pas voir .

OUI, il y aura une crise, et OUI il faudra s’en occuper, et OUI il faudra faire confiance à quelqu’un… Mais à qui ? Tout entier dans la parfaite insignifiance de son train-train quotidien, de la première neige, des cadeau des fêtes et du party de Noel, chacun qui n’a jamais connu une crise, ne sait pas vraiment de quoi il s’agit et n’en sait donc pas les causes ni les effets.

Chacun redevient lui-même et se prépare à choisir en fonction de sa nature profonde, sans trop d’attention pour les faits ni surtout pour les idées. Chacun se retrouve et va se lover dans ses émotions primales.

Ce lendemain de débat, j’ai retrouvé inchangés, au Québec de 2008, les deux clans que j’avais déjà identifiés il y a une décennie : les Peurdurix et les Ombelix.

 Je vous invite à lire CE TEXTE. Plus de gauche ni de droite qui tienne, juste des gens pour qui, comme le disait si bien André Gide, l’importance est dans le regard et non dans la chose regardée.

Pour les idées, on les a déjà depuis longtemps. Pour le évenements, on n’y comprend rien. Reste à trouver celui ou celle qui fera marcher cette machine compliquée qu’on appelle une société et dans laquelle on est sans l’avoir demandé à une place qu’on n’a pas choisie. On se résigne donc à ne plus réfléchir, mais à RESSENTIR.

On nous consulte pour passer le volant ? Ah bon… Tiens, lui il a l’air sérieux, mais pas très avenant. Il nous bouscule. Abusera-t-il de nous ? Et le petit jeunot ? Il sourit, il pense vite, y a-t-il plus important que de penser vite quand on est en terrain inconnu ? Et la dame ? Sait-elle vraiment ce qu’elle doit faire, ou ne veut–elle que faire ce qu’elle sait faire ?

Si ces gens se taisaient et nous laissaient ressentir, tout irait mieux. De toute façon, on ne les écoute plus… On veut suivre nos instincts, la peur et la vanité… après on verra bien…

Pierre JC Allard

 

28 novembre (24/33)

NOTRE OBAMA

Le résultat le plus sûr de ces élections, c’est qu’une large majorité des citoyens n’en seront pas satisfaits. Il y aura d’un côté ceux dont le candidat aura perdu, plus tous ceux qui se seront abstenus – ce qui fera déjà 70 à 75 % de la population – mais il ne faut pas croire que l’autre 25 % sera enthousiaste. Une bonne part de ceux-ci auront l’impression d’avoir échappé au pire en luttant pour le moindre mal.

Les Québécois ne sont pas satisfaits de leurs leaders politiques. On ne sent ni « trudeaumanie », ni cette dévotion qu’inspirait René Levesque, ni même ce respect révérenciel qu’on avait pour Bourassa, notre « universelle arachne » à nous. Juste un haussement d’épaules … Plutôt elle que lui, plutôt celui-ci que celui-là… Rien pour marcher en chantant vers des dépassements.

Or, c’est de ça que nous aurions besoin. Un nouveau projet emballant. Un leader qu’on veut suivre. Des objectifs qui méritent des sacrifices. Notre plus gros problème n’est pas cette crise financière qu’on nous promet, c’est de ne plus avoir de projet de société. Nous ne croyons plus vraiment à un véritable progrès social et il y a déjà une génération que collectivement l’on ne s’enrichit même plus !

Les gros ennuis que la crise va nous apporter seront peut-être un bien pour un mal, s’ils nous arrachent à tous les petits problèmes mesquins qu’on vit sans même sortir de notre torpeur, mais il faudrait qu’on puisse suivre quelqu’un avec confiance. QUI ?

J’ai le goût de vous le demander. De tous ceux que l’on connaît et qui ne sont PAS des homme politique, n’y en a-t-il pas un en qui vous auriez confiance pour définir un but, un projet et un plan que nous suivrions avec enthousiasme ? Cherchez bien dans toutes les sphères d’activités, car ce n’est pas d’un spécialiste que nous avons besoin. Nous avons besoin de quelqu’un qui fasse consensus et qui nous inspire…

Si chacun identifiait son leader idéal et le disait a tout le monde, des noms surgiraient sur lesquels se bâtiraient des consensus de plus en plus larges… Et au lieu d’attendre qu’un nouvel ambitieux se pointe et veuille nous convaincre qu’il est le messie, on découvrirait chez-nous la perle rare, qu’on pourrait aller chercher a sa charrue comme Cincinnatus et qui sortirait peut-être notre société du marasme…

Vous avez des idées ?

Pierre JC Allard

 

29 novembre (25/33)

LE CHARISMATIQUE

Je viens d’assister à l’émission Un Chef chez vous animée par Patrice Roy et diffusée en direct sur RDI. En vedette : Mario Dumont, parlant d’économie, de famille et de santé. Qu’en ai-je retiré ? D’abord une meilleure compréhension du phénomène Dumont.

Ce qui passe à la télévision chez Dumont comme une aisance et un sens de la repartie, apparait lorsqu’il est présent comme un undéniable magnétisme. On comprend parfaitement que celui qui VOIT Dumont ait la première réaction instinctive de le préférer à Madame Marois et à Monsieur Charest.

Le charisme est de son côté. Ça explique la surprise du dernier scrutin : toutes choses étant égales, il faut une bonne raison pour NE PAS choisir Dumont. Evidemment, toutes choses ne sont pas égales. Dumont ne fait pas mystère de sa préférence pour le secteur privé.

Presque indécent, car après une génération de social-démocratie affirmée, ce que dit Dumont semble à contre courant. Ses positions sur les Centres de la Petite enfance, sur l’immigration, sur la remise au travail des assisté sociaux, sur le rôle du privé en santé semblent bien loin de la pensée dominante… Mais est-ce bien vrai ?

Je préfère de loin pour ma part l’approche CPE à un subside familial, mais est-ce bien l’opinion de la population ? Sur la remise au travail des assistés-sociaux aptes au travail, – telle qu’il l’explique –on ne peut que lui donner raison. Même chose pour l’immigration, dont il prend bien soin d’extirper toute connotation négative aux étrangers de la politique qu’il préconise.

Quant à l’éducation, quand il suggère de laisser la pédagogie aux enseignants et le contrôle normatif (docimologie) à l’État. je ne puis que souscrire à sa vision. Je reste sur ma faim, car il ne propose pas une réforme globale comme celle du site Nouvelle Société, mais tout ce qu’il souhaite faire dans le domaine de l’éducation m’apparaît comme une suite de pas timides, mais nécessaire, dans la bonne direction.

Sur la santé, son programme est bien loin encore de cette rémunération par capitation et d’une réforme des curricula en médecine qui permettraient d’avoir les ressources dont nous avons besoin, mais la part qu’il veut faire à la medecine privée, au-dela du systeme public, ne me semble pas odieuse

Je reste avec de nombreux désaccords concernant les propositions de l’ADQ, mais je n’ai pas l’impression d’une opposition irrémédiable aux objectifs progressistes ; plutôt d’une démarche encore inachevée, mais qui demeure perfectible et qui, surtout, accepte des remises en question.

Disons que si Dumont prenait le pouvoir, je verrais un dialogue à engager plutôt qu’une guerre à entreprendre. C’est un hypothèse bien peu plausible, mais s’il pouvait seulement obtenir la balance du pouvoir je pense que ce serait le meilleur scénario de gouvernance au Québec pour l’avenir immédiat.

Pierre JC Allard

 

30 novembre (26/33)

L’ANEMOMETRE

Je reçois des courriels. Ce n’est pas le courrier du cœur de Paris Hilton, mais j’en reçois quelques-un, parce que j’écris un site sur le Web depuis 11 ans et que, pendant longtemps, le concept d’un blogue où tout le monde vient apporter son grain de sel n’existait simplement pas. Ceux à qui ma prose plaisait – ou qu’elle rendait furieux – venaient me le dire. Un tout petit pourcentage des lecteurs le faisaient, mais c’était du sérieux, du senti, jamais anonyme et on s’engueulait en proposant des solutions. Alors certains en ont pris l’habitude…

Ainsi, depuis que je jase un peu tous les jours sur ces élections au Québec, j’ai reçu quelques courriels – une vingtaine – dont six (6) me disent à peu près la même chose. Le message ? « Pourquoi changer vous d’idée tous les jours ? Vous aimez ou vous n’aimez pas , X, Y ou Z ? »

J’ai compris que le « lecteur de sites » est une espèce différente du « lecteur de blogues ». Alors que le commentateur d’un article sur un blogue vient au micro et parle a la salle, celui qui écrit à l’auteur ne s’adresse qu’a ce dernier. Sur un blogue, un thème est lancé et on contribue tous à le développer. Celui qui va lire un site, au contraire, vient, en quelque sorte, consulter… Les attentes sont différentes.

Mes « vieux clients » me reprochent d’être de gauche tout en regrettant que QS soit dans la course, de dire que, comme individu, Mario dont je me partage pas la philosophie de base m’impressionne plus que Jean ou Pauline et que, pour l’éducation, entre autres, il a la meilleure solution, encourageant donc ses supporters à lui rester fidèles.

Ils s’étonnent que j’invite a voter Vert, alors que ce parti n’est pas vraiment une option de gouvernance et ils me reprochent, surtout, de me montrer bien insatisfait de Madame Marois – « colportant des ragots d’il y a dix ans « … tout en souhaitant qu’elle forme un gouvernement (minoritaire). On m’a parlé de girouette…

J’avoue que je change parfois d’opinion. Je le fais surtout quand il ne me paraît pas évident de louvoyer par babord ou tribord, tant la brise est elle-même inconstante, ne souffle pas très fort et ne va pas où je voudrais aller. Je me demande si je ne devrais pas rentrer à la marina en attendant qu’un vrai vent se lève…

Ne me voyez donc pas comme une girouette, mais comme un anémomètre. Je mesure la force du vent et j’attends avec confiance qu’une idée neuve apparaisse, avec quelqu’un capable de prendre la barre et d’affronter les vagues. Quand on aura un capitaine, on hissera la voile et on prendra le large. Pour l’instant, on teste les manoeuvres simples. On en est au dériveur.

Pierre JC Allard

 

1 décembre (27/33)

DEMOS VOUS DIT M…

Pendant qu’on essaie de régler nos problèmes entre nous au Québec, les cousins Stephen et Stéphane de la grande famille élargie recommencent à se bagarrer et risquent de nous distraire. On croyait que les gens d’Ottawa nous laisseraient respirer une peu… Bon, de toute façon on en reparlera. Ce qui me chicote un peu, ce matin, c’est qu’ils nous dérangent.

Parce que le Stephen qu’on vient d’élire pose des gestes qui font douter de son sérieux, on a Jean Charest ici qui vient nous dire que c’est très dangereux les gouvernements minoritaires… Parfois , vous savez, ça ne dure pas. Pour un oui, pour un non, il faudrait vous déranger encore. Donnez-moi une majorité et c’est juré, vous n’en entendrez plus parler.

Ciel ! La vésanie est contagieuse ! Surtout, la folie vient sous diverses formes. Alors que celle de Harper est de la forme hubris (arrogance), celle de Charest n’est pas tant de se penser au-dessus de tous, que de nous croire en-dessous de tout.

Le Québécois moyen, qui n’est pas plus moyen que le Canadien moyen, comprend que le coup de force qu’a tenté Harper est létal pour la démocratie et que ce retour en arrière pour un financement des partis politiques par et pour les copains doit être tué dans l’œuf. Et cela, sans même penser aux mesures ahurissantes en période de crise que les Conservateurs proposent ! HEUREUSEMENT, ils sont minoritaires et Demos – le peuple démocratique – va pouvoir s’opposer, par la vois de ses représentants,

Dans une minute d’aberration, Charest nous dit qu’il suffit de lui donner une majorité pour qu’il puisse faire toutes les bêtises qu’il voudra sans que nous puissions rien faire. Demos aura les mains liées, – (expression populaire ces jours-ci, qui prend ici tout son sens) – et un gouvernement libéral pourra gérer la crise à sa guise, sans nous « déranger ». Il pourra mettre le feu à l’écurie sans réveiller les chevaux… et même à la maison.

Il pourra faire face à la tempête « à la Paulson », en donnant des parapluies aux amis et en disant aux autres qu’il y aura un jour des serviettes… quand on aura les moyens. Avec un gouvernement majoritaire, on peut penser à une gestion dont celle de la Caisse de dépôt et placement pourrait être prémonitoire. Des pertes – on s’y attendait – mais surtout une volonté ferme de NE PAS faire la lumière.

Typique de l’approche libérale, de penser que la transparence est vraiment un inconvénient. Tout ce qui pourrait éveiller Démos est une menace pour les copains. Vite une majorité, et vous serez tranquilles, qu’il nous dit… Mais le peuple ne veut pas être tranquille, car l’incendie couve. Demos, c’est vous et c’est moi, qui voulons être aux aguets et garder par devers nous les clefs de l’écurie… NON à une majorité pour Jean Charest.

Pierre JC Allard

 

2 décembre (28/33)

Les Anticomplotistes

Tout n’a pas commencé avec la chute des tours du World Trade Center le « 911 », mais c’est à partir de là que c’est devenu très grave. Il y a toujours eu des gens pour penser que l’explosion du « Maine », le bombardement de Pearl Harbour, le soin qu’on a mis a ce que Hess ne raconte jamais son histoire et mille autre faits pouvaient cacher autre chose. Pour chacun qui l’a pensé, il y a eu quelqu’un pour dire « paranoia ! ».

A chaque complot vrai ou présumé, il y a ceux qui y croient… et ceux qui n’y croient pas. Il y a toujours eu des gens naïfs qui croient à toutes les rumeurs de complots… et d’autre encore plus naïfs qui pensent qu’il n’y a jamais de complots : les « anticomplotistes ». A partir d’un certain seuil, l’anticomplotisme est une forme de stupidité.

Une stupidité, car dès que deux personnes qui visent un but arriment leurs actions et font en sorte que les autres ne le sachent pas, il y a un complot. Toutes les transaction d’affaires sont des complots. Toutes les stratégies sont des complots. La plupart des rendez-vous galants sont des complots et ce qu’on en dit dans les « powder rooms » en est bien souvent d’autres…

Penser que les partis politiques relatent des faits véridiques et les commentent en toute franchise, sans autre but que le bien du peuple, est d’une naïveté qui confine à la stupidité. Croire que quoi que ce soit qu’on nous dit est bien « toute la vérité et rien que la vérité » est une faiblesse de jocrisse. Je suis donc un peu las de voir des gens qu’on souhaiterait plus doués ou moins hypocrites, déchirer leurs vêtements d’indignation quand on leur dit que la crise financière actuelle est un complot.

Elle n’est pas un complot parce qu’elle n’est pas bien réelle, mais parce qu’elle n’a pas eu les causes qu’on nous dit et mènera encore moins aux conséquences qu’on nous annonce. Elle est un complot parce que tout ce qui bouge dans l’univers politico-financier ne cherche pas à la régler, mais à en tirer parti pour ses propres intérêts.

Cela vaut aussi pour ceux chez-nous qui proposent des solutions à la crise, en en disant le moins possible sur les moyens qu’ils prendront pour la résoudre, ce qui leur donne la plus grande liberté de manœuvre pour danser ça en tango quand vous vous serez jeté dans leur bras. Un pas en arrière aussi souvent qu’un pas en avant… et vous coller de très près.

Ne croyez pas trop que vos partenaires vous aiment. Le tango a été d’abord une danse de voyous. Regardez votre danseur mondain dans les yeux : vous verrez « complot » au fond de sa prunelle.

Pierre JC Allard

 

3 décembre (29/33)

Les priorités

Le brouhaha à Ottawa remet en perspective les conséquences du choix électoral qui sera fait au Québec. On voit d’entrée de jeu que les pouvoirs n’y sont pas pour agir sur la composante monétaire qui est au cœur de la crise. Le Québec sur ce plan n’est pas un gouvernement, seulement un gros ponte, comme une multinationale qui gère des milliards, mais doit s’en remettre à son pouvoir de persuasion pour obtenir le cadre législatif et règlementaire qu’elle juge souhaitable.

Une sérieuse limitation de sa gouvernance qui semble apporter de l’eau au moulin indépendantiste… jusqu’à ce qu’on regarde les choses d’un peu plus près, pour constater que le système monétaire international, par un réseau dense d’accords et de non-dits, est devenu indépendant du pouvoir politique, sauf peut-être celui des USA auquel il n’obéit pas tant qu’il en phagocyte les éléments. Les mesures que peut prendre le gouvernement canadien sont elles-mêmes bien limitées.

En fait, ce n’est pas sur la crise que peut agir le gouvernement du Québec, mais sur les effets de la crise sur les Québécois. De sorte que ce que tous les partis au Québec proposent – saupoudrer des subsides pour créer des emploi – a le démérite de l’approche Paulson aux USA, qui donne de l’argent aux institutions financières en espérant qu’elles le prêteront et que les roues se remettront à tourner. Elles le feront… quand les intermédiaires se seront servis.

La première chose que doit faire le gouvernement de Québec, c’est de s’assurer que TOUS LES PAIEMENTS DE TRANSFERT (pensions, allocations familiales, prestations pour chômage, bien-être, etc ) sont finement indexés mensuellement pour protéger les citoyens qui touchent ces paiements et qui seraient autrement les premières victimes de la crise. Cette indexation n’est possible que si le principe de solidarité est reconnu qui augmentera automatiquement les taxes directes pour que soient perçus les montants nécessaires pour en compenser les coûts.

La deuxième est de garantir les obligations de toutes les institutions financières qui relèvent du gouvernement de Québec. Cette garantie, toutefois, ne sera jamais un don, mais un prêt à l’institution, et l’institution qui devra y recourir sera en tutelle de l’État jusqu’à ce que le prêt ait été entièrement remboursé.

La troisième est l’exécution accélérée des travaux d’infrastructure, sous l’égide d’une corporation autonome qui empruntera de l’État – remboursable en 30 ans – mais pourra aussi conclure ses propres ententes avec le secteur privé, afin qu’une part des frais en soit éventuellement assumée par les utilisateurs. Libre à l’État, quand viendront des jours meilleurs, de « re-nationaliser » ces services et de les rendre gratuits pour tous.

Pierre JC Allard

 

4 décembre (30/33)

« Les Français sont des veaux » (C.de Gaulle)

Je ne me permettrais pas de le rappeler, si je ne m’en sentais pas partie prenante. Les médias de Gesca, La Presse en tête, ont lancé un campagne sans réserve contre les Coalitionnistes qui veulent en finir avec Harper. Non seulement tous les chroniqueurs ont été invités à monter à l’assaut, mais les blogues de Cyberpresse sont pleins de commentaires qui viennent en rajouter. Je mets sérieusement en doute l’authenticité de ces commentaires.

Ceux qui ont rassemblé cette milice – ou plus probablement la petite équipe de rédacteurs qui produisent ces messages de supposés blogueurs – ont négligé deux choses : a) celui qui commente ne le fait que bien rarement une seule fois ; les pseudos dans la blogosphère ont un petit air de déjà vu. Quand un survenant apparaît dont le pseudo n’évoque rien, une petite lumière clignote dans l’inconscient. Quand tous ces nouveaux inspirés défendent UNE OPINION QUI EST À L’ENCONTRE DE CELLE DE PRÈS DE 80% DES QUÉBÉCOIS, on se dit que quelque chose se passe… b) l’écriture du blogueur-type est truffée de coquilles et pas seulement par ignorance, surtout parce qu’on est pressé et que l’intendance de l’orthographe suivra… Or, ces nouveaux blogueurs ont un langage bien plus châtié que la moyenne…

Il se passe quelque chose. Mon opinion est qu’un certain establishment – dont Gesca est l’outil et une partie significative du cerveau – appréhende l’arrivée au pouvoir d’une gauche qui, en cette période de crise, disposerait d’un auditoire réceptif pour introduire dans la société cette équité dont c’est le premier but de l’establishment de se prémunir. On a donc lancé cette opération de manipulation de l’opinion publique en deux volets :

Dans le reste du Canada, on parle du complot des « Three Quebeckers ». Ces êtres différents des Albertains, viscéralement enclins au crime dont on a tant accusé Obama, de vouloir redistribuer un peu la richesse. Au Québec, cette accusation ne conduit personne à l’échafaud ; on tient donc un autre langage. Un galimatias, de constitutionnalisme, d’ironie facile et de mensonges, pour tenter de convaincre les Québécois qu’il ne faut pas empêcher Harper de gouverner a droite ce pays dont les DEUX TIERS DES ÉLECTEURS SOUHAITENT QU’iL LE SOIT AVEC INTELLIGENCE DE LA SITUATION. Ils pensent vraiment que les Québécois sont des veaux.

Pourquoi en parler dans ce billet consacré à nos élections provinciales ? Parce que c’est un même combat. Pendant que Harper continue sa provocation pour obtenir un autre scrutin dont il tirera enfin sa majorité – en faisant une campagne anti-Québec – il devient impérieux que nous, les provinciaux, nous donnions un gouvernement pour maintenir ici nos acquis sociaux.

C’est le moment de tout faire et de conclure toutes les alliances possibles pour que Charest ne soit pas élu. « Libéral », c’est le nom qu’on donne à un Conservateur au Québec. Harper à Ottawa et Charest à Québec, nous seront des veaux et ce sera l’abattoir

Pierre JC Allard

05 décembre (31/33)

Attention, danger !

Pas un seul sondage depuis le débat des chefs. Or il n’est pas besoin d’être grand clerc pour deviner que les Libéraux d y ont perdu des plumes. Tiens donc ! On ne veut plus rien voir ? On a arrêté la vidéo de l’opinion publique en marche sur l’image de Charest triomphant. Le PQ vient donc de faire son propre sondage maison – lesquels sont généralement plus fiables que ceux des médias ! – et découvre que Marois est encore à la traîne de Charest par 5,5%, mais en avance sur le vote francophone, ce qui signifie que le gouvernement Charest majoritaire n’est plus une certitude.

Par la même occasion on apprend que Dumont est remonté de 12 à 17%, ce que sa performance au débat justifie amplement. En condamnant ce matin la stratégie de Harper – qui pour garantir sa réélection fait du Québec un bouc émissaire et fait ainsi plus pour la souveraineté du Québec que les deux derniers leaders du PQ réunis! – Mario pourrait prendre encore un ou deux points, lui permettant de garder quelques sièges et son statut de troisième parti.

Et tout ça avant même qu’on n’ait pu noter l’impact sur les sondages du psychodrame d’Ottawa. Parions que les Québécois, qui ont eu durant des années la présence d’esprit de garder l’Union Nationale à Québec face aux Libéraux d’Ottawa, puis celle de voter pour un gouvernement souverainiste ici, tout en s’assurant qu’un gouvernement fédéraliste là empêcherait qu’elle ne se produise, auront cette fois la bonne réaction de basculer vers le PQ socio-démocrate pour se prémunir des horreurs qu’un gouvernement Harper majoritaire pourrait tenter d’imposer.

Si cette saine réaction se produit, on pourrait espérer une fragile victoire du PQ. Un gouvernement minoritaire du PQ est notre meilleur choix. Un gouvernement majoritaire libéral serait le pire, non seulement à cause de la bonne volonté à faire porter le poids de la crise au monde ordinaire qu’on peut imaginer entre les deux partis qu’ont si vaillamment soutenus les hommes de Gesca, mais à cause aussi de la réaction du mode ordinaire à cette gestion de la crise au profit des riches.

Je suis assez vieux pour avoir vu le monde changer. L’oppression n’est plus une option facile. Les inégalités se maintiennent aujourd’hui chez-nous parce qu’on achète la complaisance des plus pauvres en leur donnant une pitance. Si une crise dérapait au point qu’on veuille les en priver, ne serait-ce qu’en réduisant un peu leur quote-part, on serait surpris en haut lieu de voir quelle agressivité a pu se développer au sein de la population.

Dieu nous préserve d’un duo Charest-Harper tous deux majoritaires.

Pierre JC Allard

 

6 décembre (32/33)

DU PAREIL AU MÊME, MAIS…

Pourvu qu’il fasse beau et qu’il fasse doux ! Ce serait bien que les gens qui ont décidé que cette élection ne valait pas une minute d’attention, soit encouragés lundi par un soleil complice a aller s’exprimer. Un vote. Juste un petit vote…

Je suis de ceux qui ont dit. au début de cette campagne, qu’elle battrait sans doute tous les records d’abstention. Quand Jean et Pauline nous ont pondu des promesses-programmes en copiés-collés, ils ne nous ont donné aucune raison non plus de bondir d’enthousiasme. On pouvait parler de la fin de la politique, comme on a parlé de la fin de l’histoire : il n’y a qu’une bonne solution et on la connaît. Les fonctionnaires la connaissent.

Comment, vibrer au simple choix de celui qui l’appliquera, quand les deux prétendants nous ont donné de bonnes raisons de souhaiter que ce ne soit pas eux ? Puisque ce sera du pareil au même, votons QS pour affirmer une prise de position pour la solidarité ou, s’il n’y a pas en soi un Jaurès qui sommeille, votons Vert et posons un geste pour l’avenir…

Mais le complot d’Ottawa a changé la donne. Si Harper tient tant a un gouvernement majoritaire qu’il force des élections – avec cette grossière provocation de l’élimination des subsides aux partis politiques – et est prêt à se garantir cette majorité en avivant l’opposition entre le Québec et le ROC, au risque que ce pays craque comme un noix, il ne peut y avoir qu’une raison : ON PRÉPARE DES MESURES QUE SEULS ACCEPTERONT DE VOTER DES DÉPUTÉS PARFAITEMENT TENUS EN LAISSE.

On se prépare à nous enlever des droits acquis et a brimer des libertés que nous croyons indiscutables. La violence trop tranparente de la réaction de Gesca à la Coalition – qui risque de priver Harper de ce pouvoir olympien – ne laisse planer aucun doute.

Dans ce contexte, il est VITAL qu’il y ait à Québec un gouvernement qui puisse servir de point de ralliement contre ce coup de force qu’on nous prépare. Il ne s’agit plus de choisir entre Charest et Marois, mais entre un parti Libéral qui ne représente qu’un choix électoral et le PQ, qu’on peit aimer ou non, mais qui est une véritable structure d’encadrement populaire, avec des liens déjà établis avec les syndicats et les autres forces vives de la nation.

Une attaque concertée se prépare pour changer les règles du jeu social et ce n’est qu’autour du PQ que peut s’organiser une résistance. Cette résistance sera plus efficace si le PQ est au pouvoir au Québec ; autrement, on devra lutter a la fois contre les deux paliers de gouvernement et cette résistance n’aura pas la légalité que confère la présence à la tête d’un État. Une situation bien dangereuse, car on n’a pas encore bien saisi ce que sera cette crise.

Pierre JC Allard

 

7 décembre (33/33)

PLUS JAMAIS CA !

On arrive au bout de cette course dont on nous dira demain le gagnant. Nous savons déjà, toutefois que c’est nous qui serons les véritables perdants. Quel que soit le résultat de ces élections, ce ne sera qu’un pied de page à la déconstruction massive de la démocratie en cours dans l’espace canadien. Comme une image vaut mille mots, je vous invite à ce petit vidoo de Rachel Maddow, la présentatrice vedette de MSNBC sur le blog de Richard Hetu chez Cyberpresse href=/ »http://blogues.cyberpresse.ca/hetu/

Depuis le temps qu’on se moquait de la pseudo démocratie cosmétique à l’américaine, voici l’ascenseur qui revient… et ils ont bien raison. Harper nous a rendu comiques aux USA. Triste, mais nous sommes devenus une quasi république de banane, un pays en voie de sous-développement.

On vient de nous faire vivre une élection lamentable. Lancée en catastrophe, sous de faux prétextes, et qui n’a suscité aucun intérêt – puisqu’elle occultait les véritables enjeux – jusqu’à ce que le coup de force de Harper vienne en fournir la véritable explication… et du même coup lui donner un sens.

Il faut comprendre que c’est la nature même de notre système électoral qui a permis cette manipulation. Profitons donc de cette fin de campagne pour souligner certaines choses qui doivent changer. Il ne faut plus jamais qu’on nous fasse le coup.

D’abord, il faut des élections à date fixe. Ensuite, il faut un mécanisme qui accorde une visibilité égale aux partis politiques. Il est inadmissible qu’un groupe comme Gesca puisse faire toute la publicité qu’il veut alors que les autres en sont empêchés, sous prétexte de « dépenses électorales ». C’est une perversion éhontée de la démocratie

Il faut un scrutin à deux tours, afin que les regroupements au deuxième tour donnent le pouvoir au parti dont une majorité de la population soutient les principes… et non à celui dont les supporters ont eu l’astuce – ou la simple paresse intellectuelle – de ne pas se scinder en factions

Il faut aussi que l’élection du gouvernement (exécutif) qui propose des lois conformes a son programme et demande le mandat de les appliquer se fasse par un vote distinct de celui par lequel la population choisira ses représentants à l’Assemble. (législatif). Le député ne doit pas être l’homme d’un parti, mais tenir son mandat uniquement de ses électeurs et voter les lois qu’on lui soumet selon sa conscience et en toute impartialité.

Demain je dirai un mot du verdict populaire, puis on tournera la page. Durant le mois qui suivra, je mettrai en relief, jour après jour, un nouveau mode de scrutin puis les gestes à poser pour qu’il nous soit accordé. Il va falloir arracher la démocratie de haute lutte des mains du pouvoir actuel.

Pierre JC Allard

 

9 décembre   (Conclusion)

« Ce scrutin a permis d’élire les députés de la 39e législature et de confier une majorité de députés au Parti libéral, qui était devenu minoritaire depuis la dernière élection. Après cinq ans et demi au pouvoir, le gouvernement Charest a donc vu son mandat renouvelé, avec 66 députés. Le Parti québécois forme l’Opposition officielle, avec 51 députés, et l’Action démocratique recule, à 7 députés. L’élection a aussi permis l’élection du premier député de Québec solidaire, Amir Khadir, dans la circonscription de Mercier. » (Wikipedia)

Je crois qu’on le regrettera…. Mais les choses étant ce qu’elles sont, avait-on un autre choix que celui de ce que nous allons regretter…. ?

PJCA

 

D) Candidat indépendant dans Westmount-St-Louis – 2012

 

01. Un autre tour de piste

Quand est née la rumeur de ces élections de fin d’été, je me suis demandé si j’allais vraiment m’offrir ce dernier tour de piste. Y a-t-il quoi que ce soit à dire que je n’aie déjà dit ? Quoi que ce soit à faire dont on puisse garder l’espoir que ce sera fait  se mon vivant?

De toute façon, n’est-il pas plus simple de poursuivre mes billets hebdomadaires dans Centpapiers et les 7 du Québec, mes articles sur Agoravox, mes commentaires et Rue 89et le blogue du Monde qui me donnent en quelques minutes de travail un auditoire plus vaste que des jours et des jours de marche en territoire parfois hostile ?

Sans doute. Mais je crois que la pression qu’on met sur la lame est aussi importante que son fil. Je pense que si ce que je dis et écris doit avoir un certain impact et produire un résultat durable, il n’aura pas été indifférent que j’y aie mis de l’acharnement. Les causes qui semblent désespérées ont-elles de plus grand mérite que d’en susciter ? Je repars donc. Du pied gauche, bien sûr…

Je vais donc marcher, mais je vais aussi en profiter pour   faire quelques remarques et apporter certaines suggestions.   C’est a ce genre de réflexions que devrait servir une campagne électorale.

Pierre JC Allard

 

02. Pourquoi je serai candidat à ces élections d’été 2012 au Québec

D’abord, pour garder la forme, bien sûr. Voir si je pourrai, comme il y a huit ans, marcher du matin au soir en montant des escaliers et faire mes 500 km durant la campagne électorale.  Aout, septembre, quelle jolie saison, pour faire des élections au Québec !  Il est sympa, notre Premier Ministre. Espérons que ce ne sera pas une fausse rumeur et qu’il ne nous renverra pas en février !

Février, avec les snowbirds en Floride, qui sait quel biais ça introduirait aux résultats… Pas que ça ait une quelconque importance, mais qui suivrait les « Soirées de Lutte » à la TV, si les lutteurs ne frappaient pas très fort en heurtant le matelas et ne faisaien pas des grimaces ?   Il faut montrer une belle démocratie et donc ce sera une fin d’été.  Bravo. !  Je vais pouvoir marcher et garder la forme.

Je vais même faire plus. Parizeau nous ayant déjà dit qu’« au Québec on pouvait faire plusieurs choses en même temps », je vais donc marcher, mais en profiter pour parler un peu, aussi …  Pas parler à n’importe qui : parler aux Anglais. « «Anglais », ici au sens large, signifiant anglophones.  Je vais profiter de cette campagne pour peaufiner un peu mon anglais.   Pour m’assurer  que, quoi qu’il arrive, je pourrai toujours prendre un café grec, manger des sushis, des tapas, des arepas, un spaghetti ou un chowmein sans avoir l’air d’un étranger.

Peaufiner mon anglais va orienter ma démarche électorale. Oh, je sais bien qu’on peut tout faire en anglais à Montréal, même à Hochelaga, mais pourquoi risquer  une immersion contaminée par des idiotismes et truffée d’expressions québécoises ?   Le choix réel Charest-Marois qui est le seul qui nous reste prouvant que nos yeux de Québécois “pure laine” sont parfaitement fermés, je vais aborder cette élection avec les yeux des autres.  Je vais me dépayser.

J’hésite pour l’instant entre D’Arcy-Mcgee,  NDG,  Westmount… D’autres suggestions ?  Puisque je ne traiterai pas de problématiques locales dans cette campagne, le seul  facteur important pour le choix de la circonscription est que le résultat n’en soit pas en doute…   Je ne voudrais pas risquer de faire pencher la balance dans un scrutin serré.

Je sais de bonne source qu’on ne me le pardonnerait pas car, en 1994, alors que catastrophé par la navrante campagne qui se profilait je m’étais présenté à la Mairie de Montreal, pour y insuffler un peu de vie,  on a décidé  de m’exclure SPÉCIFIQUEMENT des débats médiatisés.  Un responsable m’avait expliqué, avec une grande franchise que, n’ayant pas un « parti » je n’étais pas un candidat sérieux, mais que la façon dont on m’avait vu  débattre laissait craindre que je puisse faire mal paraître les « vrais » candidats….   Il est resté de cette aventure quelques propositions pas trop bêtes que j’ai léguées au domaine public et que les curieux peuvent voir.

Donc, soyons sérieux, il est TRES improbable que je sois élu. A quoi  donc pourra  bien alors servir  ma candidature ?  À attirer l’attention sur quelques vices et petits travers de notre « démocratie pour rire »… puis à donner aux électeurs l’occasion de dire NON au  système. Non à ce choix d’alternance PLQ – PQ , dont on peut très bien ne PAS vouloir sans trouver amusant de jouer du QS ou de la CAQ pour enjoliver le tableau.

Voter pour un indépendant, c’est une abstention, mais en plus appuyé

Quels sont ces vices et travers qu’il faut dénoncer ?

D’abord, la totale inutilité du député.  L’électeur vote pour un parti et son programme. Il ne veut rien savoir du candidat, ne l’écoute pas et ne veut même pas le voir.  Le sort des transfuges qui changent de partis et croient naïvement que leur popularité les fera réélire est l’expression pathétique de cette réalité.  Je m’attends à être bien reçu par tous les électeurs.  Je parie qu’ils me trouveront sympa… mais, normalement, ils ne voteront pas pour moi et ne se souviendront même pas de mon nom.

L’électeur SAIT que son député n’a aucun pouvoir et ne le représente pas, mais est un jeton entre les mains du chef de son parti. Si on n’aime aucun des programmes, la logique normale est de ne pas voter… ou, si on est vraiment furax, de voter pour un indépendant qui sera une épine au flanc du système.  J’aimerais donner une occasion aux “furax” de se lever et d’être comptés.

Ensuite, autre travers, le désintérêt absolu des citoyens lambda pour toute idée un peu complexe et pour tous les MOYENS de réaliser les plans qu’on lui propose.  Le citoyen veut répondre OUI ou NON  à une idée simple et essentiellement émotive. Le “comment” des politiques l’ennuie. Priorité, donc, aux concepts comme Dieu, Patrie, Liberté, Justice ou n’importe quoi qui fait consensus parce que  chacun le définit a sa façon.  La cohérence importe peu. Ça gêne normalement peu l’électeur que tous les partis promettent d’augmenter les services, de diminuer les taxes et de réduire la dette et tout ca en même temps …! Sauf quand l’électeur est furax, bien sûr…

L’opinion de l’électeur québécois est normalement déjà faite quand la campagne électorale commence. Elle repose sur son choix viscéral pour ou contre l’idée de souveraineté,  modulé par sa sympathie et sa confiance envers le leader qui défend celle de ces deux options qu’il préfère. Les seules variables pendant la campagne sont cette confiance et cette sympathie,  lesquelles peuvent croître ou décroitre par l’action massive et bien coordonnées des médias, puisque le message médiatique est le seul intrant significatif que reçoit l’électeur.

Tout passe par les médias et c’est donc sur ce point que doit travailler quiconque veut apporter sa pierre et avoir au moins un tout petit impact sur l’évolution des choses. Au cours de cette campagne, j’enverrai quelques textes aux médias – avec copie sur http://nouvellesoc1ete.wordpress.com –   suggérant  des changements concrets, non pas à la structure même de la société, mais aux services qu’on peut rendre à la population, puisque c’est à ce palier qu’il est réaliste aujourd’hui d’intervenir à court terme.

Mais si tout se règle dans les médias, pourquoi être candidat, aller marcher et serrer des mains ?  Parce
que les médias chercheront à ignorer toute proposition nouvelle qui ne viendra pas du PQ ou du PLQ.  Par apathie, mais aussi par crainte d’être ensuite accusés d’avoir, par inadvertance, diffusé des  idées qui pourraient déranger. Or, il est juste un peu plus difficile d’ignorer complètement quelqu’un qui s’est porté candidat et qui est VISIBLE.

Les médias vont d’abord ignorer mes propositions. Mais si certaines de ces propositions sont reprises sur le web, le petit caillou dans la chaussure deviendra plus gênant.   Le plus gênant n’étant pas les propositions elles-mêmes, mais l’évidence éblouissante du soin qu’on met à les occulter et à ne pas en débattre…

Le résultat le plus tangible de ma candidature sera alors que quelques-uns qui ne le voyaient pas encore puissent prendre conscience de la mauvaise foi du système et de l’acharnement de nos gouvernants à garder toute leur attention sur leur propre enrichissement sans PERDRE UNE MINUTE DE LEURS TEMPS à résoudre les problèmes de la population. Cette prise de conscience n’est pas sans valeur.

Quand vous verrez  les Chefs de partis dans le débat télévisé, regardez leurs visages et leurs mimiques, puis fermez les yeux, écoutez le son et le timbre de leur voix puis suivez votre instinct et demandez vous : cette personne  s’intéresse-t-elle VRAIMENT à moi, à ma vie et à mes problèmes ? Est-ce que je crois qu’elle veut VRAIMENT faire un effort pour m’aider ?

Ensuite, allez voter selon votre conscience

Pierre JC Allard

 

03. La forêt derrière les arbres

Je vous ai annoncé, la semaine dernière, que je serais candidat aux élections de cet été au Québec. Pourquoi ? Pour dénoncer d’abord le rôle inutile dévolu aux députés que l’on va envoyer à l’Assemblé nationale et l’indifférence des citoyens quant à la faisabilité des programmes que proposeront les partis. Ces deux vices suffisent à faire de notre démocratie un leurre, mais il faut y ajouter le contrôle de l’information par les médias – tous aux ordres du système en place – et une corruption assumée et affichée.

Corruption ? Je ne parle pas ici de la corruption des individus – un autre sujet – mais de la coutume ahurissante de briguer OUVERTEMENT les suffrages en offrant à chaque groupe de le privilégier, ce qui n’est possible, bien sûr qu’au détriment des autres. Dire aux vieux et aux jeunes, aux chômeurs et aux étudiants, aux malades et aux assisté sociaux, au francophones et aux immigrants, aux agriculteurs et aux commerçants qu’on va spécifiquement leur donner un avantage à eux et pas aux autres, c’est la négation même de la gestion éclairée de la chose publique. C’est acheter des votes au détriment de l’intérêt général qui devrait toujours être le seul critère.

Une campagne électorale qui repose sur un milliard de dollars (1 000 000 000 $) de promesses ciblées pour satisfaire des besoins locaux, c’est l’ultime version du « diviser pour régner », à la sauce « démocratie ». C’est une infamie de le faire et une incroyable bouffonnerie de le dire. Notre façon de faire des élections est ridicule, ignoble, inefficace si on cherche vraiment à vivre en démocratie. On la croirait stupide… si on croyait un seul instant que son seul but n’est pas de cacher la vraie gouvernance qu’exerce une oligarchie qui ne nous dit jamais son nom ni ses objectifs.

Si qui que ce soit veut engager le débat sur cette question, je suis son homme. On sauvera bien du temps, toutefois, si vous lisez d’abord ce bref mémoire présenté en Commission parlementaire et très bien accueilli alors par tout le monde… avant d’être définitivement occulté.

Nos élections sont quelques arbres qui cachent la forêt du pouvoir… et on ne sait ni qui ni quoi se cache dans cette forêt. À remarquer que cette métaphore s’applique aussi à la campagne électorale pour rire qu’on va nous faire. Pourquoi pour rire ? Parce que, cette fois comme toujours, le choix restreint des thèmes dont on débattra durant cette campagne sera sciemment réducteur.

Ni vous ni moi ne pourrons contribuer significativement à en établir l’ordre du jour, le choix des enjeux sera celui des médias. Quoi que vous disiez, quoi que dise un candidat ou même un chef de parti, la discussion ne lèvera que si les médias en font la promotion constante. Cela est prévu, les thèmes sont déjà choisis, chacun bien pointu, mais présenté comme emblématique d’un pan entier de la forêt des questionnements de la société.

Chaque thème, adoubé par la presse avec ses sous-thèmes, comme autant de questions à choix multiple de réponses, va devenir cosmétique. Comme ces lisières de sapins bien taillés cachant l’« horreur boréale » dont parlait Falardeau. C’est de ces thèmes qu’on va discuter … et de rien d’autre.

Tenez, vous vous intéressez à l’éducation ? À la formation professionnelle ? À l’apprentissage, au rôle de jeunes dans la société ou à tout autre sujet connexe ? Allez faire la queue au micro « Conflit étudiant » et prenez position sur les frais de scolarité. Ne touchez pas à la pédagogie, à la didactique, à la quantité ou la quantité des enseignements et encore moins à celles des enseignants. Ne référez pas à la notion de culture, aux valeurs, ni aux besoins du marché du travail, sauf pour répéter des lieux communs. Ne soulignez pas de liens avec les médias, même dans le cadre d’une éducation permanente et n’approchez même pas des concepts de docimologie et de reconnaissance des acquis . Soyez simple. Soyez simplistes

En éducation, ne parlez que de frais de scolarité. Vous êtes pour ou contre ? Combien doit-on y mettre? Ne vous égarez pas, car on est nombreux en file au micro. … « Moi, je pense que… ». Comme le citoyen lambda n’a absolument pas les connaissances pour en discuter, il dira n’importe quoi, écoutera distraitement ce qu’on lui en rabâchera, puis repartira avec son opinion inchangée, celle-ci tout entière fondée sur ses préjugés de départ et ce qu’il a lu dans les médias ce matin de ce qu’on dit la veille d’autres lambdas, parlant au même micro.

Autre exemple. Vous êtes un fan de l’économie ? Chanceux, vous avez deux (2) micros ! Le chômage pour vous est une réalité ? La maîtrise des Québécois sur leurs ressources vous préoccupe ? La relation avec les Autochtones vous intéresse ? Passez d’abord au micro « Plan Nord » .

A ce micro, « Think big », comme dirait Elvis Gratton. Tout de suite – enfin, presque – on va créer des emplois dans les marches éloignées du royaume. Beaucoup d’emplois. Ensuite, un gros pactole. Gros travaux, gros investissements étrangers et grosses commissions. Ici, rien de mesquin : on ne parle que milliards. N’évoquez pas de conséquences à long terme et ne faites pas allusion à ces villes qu’encore une fois on fera et défera…

Concentrez vous sur le développement précaire à moyen terme, avec un horizon de 15, 20, 25 ans. Dans 20 ans, combien de nos politiciens, sauf Leo BB, seront encore là ? Serez-VOUS là dans 20 ans ? Alors restez donc sur l’important du moment présent : les « prix par tonne », les redevances, les pots-de vin à éviter et les droits ancestraux des Cris et des Inuits. Le reste, comme dirait l’Ecclésiaste, est « poursuite du vent ».

Après le micro « Plan Nord », surtout si l’environnement vous intéresse, passez au micro « Gaz de schiste ». Juste un minute, car c’est plus technique. Comme vous n’y connaissez rien et que ceux qui s’y connaissent, évidemment, ne diront rien, affirmez simplement ici votre loyauté à Gaïa et votre amour inconditionnel du Vert. Dites aussi, toutefois, dans la même phrase, que tout ce qui enrichit le Québec est du pain béni, qu’il faut s’affranchir de la tyrannie énergétique des Arabes et des Albertains et que le prix du pétrole a la pompe est insoutenable. Ensuite, on attend de vous que vous vous taisiez et attendiez, comme un vrai démocrate qui a fait son devoir.

Ne cherchez pas de troisième micro pour parler d’économie. Secteur industriel, secteur tertiaire, exportations, la dette publique, le système bancaire, réforme fiscale… Néant. Cette année, c’est la fête du secteur primaire – en fait, de la branche extractive du primaire, exclusivement – ce qui, pour le développement économique, nous met dans le même club que les gens du Sahel. Fin du dossier « économie ».

Et à part l’économie ? Allons, allons, soyons sérieux ! Avec la « crise », croyez-vous que c’est le moment de parler d’autre chose que d’économie ? Musarder sur la santé, la justice, la culture, le revenu garanti, le rôle des secteurs public et privé, les services sociaux, la démocratie ? Pourquoi pas un projet de société et le sens de la vie pendant qu’on y est ! Il n’y aura pas d’autres micros pour parler de quoi que ce soit cette année. Ou plutôt, si, j’oubliais, on parlera aussi de souveraineté. Mais comme on n’aura rien de neuf à en dire…

Cette année, il semble qu’on parlera peu de la forêt. À moins qu’on ne tasse un peu les arbres, pour y voir clair et entrevoir ce qui s’y cache. On va essayer…

Pierre JC Allard

 

04. Comment être un candidat indépendant

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Le semaine dernière, je disais POURQUOI je serai candidat à ces élections. Essentiellement, c’est pour attirer l’attention sur tout ce dont on ne parlera pas et, SURTOUT, sur le fait même qu’il y a tant de choses dont on ne parlera pas.

C’est cette sélection par les partis et les médias – agissant si ostensiblement de connivence –  d’un petit « menu du jour » politiquement correct qui ne gâtera pas notre régime  minceur, qui montre bien que parler encore de démocratie est quelque peu trompeur…

Durant cette campagne, je vais donc parler sur ce site – et partout où l’on voudrait que j’en discute – de toutes ces choses qui ne sont pas au programme pour la tournée de 2012.  En parler au plus tôt. Mais aujourd’hui, pendant qu’on en est a monter le ring, je vais vous dire COMMENT je vais être candidat.

Comment N’IMPORTE QUI PEUT L’ÊTRE, car j’ai une arrière pensée… celle d’une génération spontanée de candidats indépendants, offrant aux électeurs l’option du REFUS GLOBAL. L’option de ne soutenir aucun parti, quand aucun parti ne propose ce que lui, l’électeur voudrait.

Des candidats indépendants partout ?  Dangereux. Il faut choisir pour le moment, entre les chefs de partis, celui ou celle qui assumera la responsabilité de gouverner. Une autre démocratie le ferait autrement, mais nous n’en sommes pas la.  Pour exprimer le refus  global de la population, il faut donc que ne se présentent des candidats indépendants que symboliquement, dans les circonscriptions où leur présence ne modifiera pas le résultat pour le choix du gouvernement.

Nous posons arbitrairement, faute d’un meilleur critère, que la présence d’un candidat indépendant ne fera pas déloger un parti qui, au dernier scrutin, a reçu le double des suffrages de son plus proche concurrent.  S’il perdait malgré tout, ce serait qu’il était déjà condamnée par sa faute: Inutile alors de blâmer la présence d’un indépendant.

Qui le veut peut choisir une circonscription, se présenter au Directeur du scrutin et faire acte de candidature. Les formalités sont simples; c’est sur la justification de la démarche qu’il faut être clair.  Voici ce que je propose.

Ayant choisi sa circonscription, le candidat indépendant doit annoncer la couleur.  Supposons que ce soit vous. Vous pouvez proclamer à tous vents que vous n’avez pas de programme à présenter – puisque vous ne formerez pas un gouvernement – mais que vous  ferez le vrai travail d’un membre de l’Assemblée nationale:

a) Vous vous renseignerez sur chaque projet de loi;

b) Vous consulterez formellement et informellement vos électeurs pour savoir ce qu’ils en pensent;

c) Vous interviendrez chaque fois qu’on vous le permettra, disant honnêtement ce que vous pensez de ce qui est proposé, au meilleur de votre compétence, sans préjugé, ni  pour ni contre le gouvernement;

d) Vous proposerez au besoin des amendements pour refléter l’opinion de vos commettants, mais en y ajoutant ce que vous suggère votre propre vision non-partisane des choses;

e) Vous voterez sur chaque projet selon votre conscience;

f)  Vous participerez aux travaux qui vous seraient confiés, de toutes vos forces et avec toute votre bonne foi;

g) Vous ferez régulièrement rapport à vos électeurs de ce qui a été fait à l’Assemblée et de la part que vous y avez prise, en publiant chaque semaine un compte rendu sur un site internet crée à cette fin.   A la fin de chaque session, vous publierez un bilan de ce qu’a fait l’Assembée et vous y joindrez votre évaluation objective de député indépendant sur ce qu’a fait le gouvernement

h)  Vous vous engagez solennellement à ne vous joindre à aucun parti et, si des responsabilités ministerielles vous étaient proposées, à ne les accepter que sous condition de pouvoir vous en démettre en tout temps, sans autre obligation que de respecter la parfaite confidentialité des informations et des discussions auxquelles votre participation au Cabinet vous aurait donné accés

Ça … et rien d’autre

Cet engagement (si vous êtes élu) étant bien clair, comment procéder à vous faire élire ?

a) Ne sollicitez pas de fonds ni n’acceptez une aide financière de qui que ce soit .

b) Que tous ceux qui veulent vous aider le fassent bénévolement.

c) Que votre message doit diffusé gratuitement, par les citoyens de bouche à oreille et sur la Toile, dans toute la mesure qui ne contrevient pas à la loi.

d) Que votre message doit diffusé gratuitement par les médias, dans l’exécution honnête et impartiale de leur mandat d’informer la population.

e) Ne donnez rien à personne que votre carte personnelle vous identifiant … et une seule feuille, qui peut être une copie de cette page, faisant le point de vos principes et balisant votre action.

Le candidat indépendant en 2012 est un missionnaire pour une démocratie è renaître qui doit sortir des catacombes… Si vous êtes prêts… allons-y.  Mais « s’il n’y en a qu’un, je serai celui-là »

Pierre JC Allard

 

05 Démocratie ? Vous plaisantez … un long chemin

 

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On m’a refusé hier aux appartements « La Cité »  – 1 600 logements – la permission d’y solliciter des signatures pour que je puisse officialiser ma candidature. Trois (3) résidents m’ont confirmé que les mandataires du Parti Libéral avaient quadrillé les mêmes édifices la veille dans le même but.  On ne prête qu’aux riches… ou à ceux dont on croit qu’ils vont vous enrichir.

Quelques naïfs croient-il encore que nous soyons dans une démocratie ?   Nous obéissons aux lois faites par une oligarchie pour ses propres intérêts. On feint de donner un choix à la population en lui présentant bonnet banc et blanc bonnet et on l’amuse à la faire voter.   Chaque parti vient dire tout et son contraire en se gardant le droit de s’en dédire.   Le PQ fera la Plan Nord et développera le gaz de schiste… tout comme le PLQ.  Et soyez sûr que, sur un appel de Sagard,  la CAQ ou le PLQ demanderait  d’Ottawa. en cas d’Union Nord Américaine, une « autonomie »  qui ramènerait au Québec plus de vrais pouvoirs que la souveraineté-association de Lévesque n’en prévoyait !

La démocratie est un leurre. Une histoire pour endormir les enfants. On a dit « si les élections pouvaient changer quoi que ce soit, elle seraient interdites» .  En fait elles le sont.  La politique du gouvernement que nous aurons est déjà approuvée et s’appliquera. Les partis sont permis car ils ne prennent le pouvoir que s’ils sont intercheangeables

Des députée indépendants ne sont pas les bienvenus. Parce que des députés non alignés sur les comptines des partis poliques bien pensants risqueraient de changer quelque chose, ne seralt-ce que poser une question inopportune, on fera TOUT pour qu’il n’y en ait pas.  On veut que les discussion à l’Assemblee nationale demeurent du bien ficellé. Du déjà-vu, de l’insignifiant émaillé uniquement, pour éviter le soporifique, d’insultes molles et de quelques quasi-grossièreté .

Un débat de fond sur une question sérieuse ?  N’y pensez même pas.  On renverra a un Comité qui pondra un épais rapport alambiqué qui dira de faire mieux ce que l’on fait déjà et on passera à autre chose.   On changera la loi et la société, quand ceux qui ont le pouvoir jugeront qu’il est de leur intérêt de les changer. Ou on créera un Commission qui nous fera un « treize-semaines »  de prime time pour Radio Canada, puis on conviera à l’incendie publique rituelle des  écuries d’Augias, après avoir mis les chevaux et le foin en sureté et n’y oubliant qu’un ou deux palefreniers  qui parlent trop ou en ont vraiment trop vu.

Aujourd’hui la démocratie est un leurre. La population vote ce que la publicité lui dit de voter. On prétend rendre la publicité électorale équitable en la limitant à deux (2) volets :  1) les commentaires dans les journaux –  TOUS CONTRÔLÉS PAR LE SYSTÈME ! – et 2) le viol du subliminal des badauds, par des affiches qui coûtent beaucoup d’argent… et ne montrent dès lors que ceux qui ont recu l’imprimatur potest du Systeme..

Cette année, l’Internet et Twitter sont en tentative d’évasion. Voyons jusqu’où ils pourront aller. Bien improbable qu’ils aillent très loin, puisque le Systeme balise un route étroite dont on ne peut s’écarter, hors laquelle il n’y a pas de points d’eau, ( Lisez des guichets automatiques bien approvisionnés qui vous sont accueillants)  Une élection marche sur deux pattes, dont la premiere est la pub et la deuxième la corruption.

On ne peut aller très loin sans changements majeurs. Une vraie démocratie commencerait  par l’élection du gouvernement au scrutin universel, toutes circonscriptions confondues. On choisirait le Gouvernement pour son programme; c’est un « contrat» avec la population  et il devrait l’accomplir, sous peine d’être révoqué par une Assemblée composée de députés, un par circonscription.

Ces derniers seraient choisis pour leur crédibilité et élus par un vote distinct de celui pour le choix du Gouvernement  La première exigence pour un député  serait donc qu’il ne soit préjugé en faveur d’aucun parti, puisqu’il devra juger des gestes posés par le Gouvernement issu de l’un des partis.

Un vrai député DOIT être indépendant, sans quoi il ne sert à rien d’avouable. Universaliser cette approche du  gouvernement vraiment responsable – et du député  représentant vraiment ses électeurs – introduirait une nouvelle démocratie.  Beaucoup le souhaiteraient, quelques-uns… non.

Tôt ou tard il y aura une épreuve de force et il faudra chosir son camp.  Lisez donc ce rapport  et ces quelques notes sur ce que pourrait et devrait être la démocratie. Puis agissez selon votre conscience.

En 2012, au Québec, élire ne serait-ce qu’UN député indépendant votant selon sa conscience serait un premier pas, une geste précurseur d’une possibilité de changement.  J’aimerais assez être celui par qui ce « scandale » arrive, tout en étant conscient qu’il pourrait m’en valoir des malheurs

https://nouvellesociete.wordpress.com/2007/06/17/lassemblee-legislative/

Pierre JC Allard

 

06. D’abord, passez le fric !

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Le moment est revenu au Québec, comme il revient à son heure dans toutes nos démocraties à l’occidentale, de demander au peuple souverain s’il est satisfait de ce qu’ont fait ses mandataires les gouvernants : ÉLECTIONS

Comme toujours et partout, de ce brassage de méninges périodique accompagné d’une logorrhée dont le syndrome est désormais sans surprise, il sortira beaucoup de chaleur et bien peu de lumière. La sensation de suffoquer dans un système clos, toutes issues barrées et toutes lampes sous le boisseau, s’aggravera donc jusqu’à ce que les ergoteurs naïfs se taisent et que Quidam Lambda, soulagé que cesse ce brouhaha, reprenne plus guilleret une vie docile sans questions.  Quand on l’agite moins, Quidam respire mieux.  La houle le fatigue.

À la prochaine séance de catharsis… Vous et moi et nous tous n’en resterons pas moins, en attendant, sur une faim de savoir s’il n’y a pas une porte pour sortir de ce Système où l’on étouffe, ou au moins une fenêtre donnant sur autre chose.  Toutes les élections déçoivent, puisque le peuple souverain n’a pas le droit de poser les deux (2) seules questions qui l’intéressent vraiment :

1. Pourquoi la richesse est-elle si mal répartie que l’immense majorité d’entre nous vivions dans une relative pauvreté voire la misère, alors que le progrès a apporté l’abondance ?

2. Qu’allez-vous faire, VOUS l’élu à qui on confiera démocratiquement le pouvoir, pour corriger ces disparités et mettre fin à la flagrante injustice qui pourrit la société ?

Quand le peuple aura la réponse à ces deux (2) questions, alors, mais alors seulement, ce ne sera pas une insulte à son intelligence de lui demander son avis sur les grandes orientations de notre gouvernance et, a fortiori, sur les détails techniques de la mise en action de ces orientations. En attendant ces réponses, qu’on parle à QL de la « noble cause de l’indépendance » ou d’un  « mesquin 100 dollars par enfant pour sa prochaine fin de mois », on se fout de sa gueule.

Avant de passer à toutes ces questions de santé, d’éducation, de justice, de culture, de Plan Nord, etc.,  il faut donc répondre aux deux (2) grandes questions sur le fric.  Les réponses sont simples. EVIDENTES.  Il suffit de sortir de la transe hypnotique induite par notre éducation, puis maintenue par les médias, pour comprendre INSTANTANÉMENT la situation.

1. La richesse est mal répartie, parce que l’humain normal s’en accapare toujours tout ce qu’il peut. À la hauteur de son insécurité, puis de sa volonté de jouissance et de puissance.  Parce que la division du travail fait qu’il y gagne à vivre en société, il accepte les limites à sa cupidité que celle-ci lui impose, mais il fait tout pour biaiser ces règles en sa faveur.

Les lois d’une société ne visent pas à la justice ; elle reflètent l’équilibre des forces entre les sociétaires; le concept de justice n’est là que pour rationaliser le consensus.  Les lois sont faites pour PROTEGER les inégalités.

La richesse ne serait également répartie dans une société que si chacun y était INDISPENSABLE et donc également « fort ».  Or, même si la complémentarité d’une société complexe nous pousse dans cette voie, il faudra encore quelques siècles avant que cette interdépendance ne produise tous ses effets.  En attendant, il y aura toujours des disparités.

Cela admis il faut voir, toutefois, que l’évolution des techniques modifie le rapport de forces entre les types de sociétaires. Les lois faites pour privilégier ceux qui avaient la force hier sont contestées aujourd’hui par ceux qui deviennent les plus forts.   Ils les contestent au nom de la justice, mais en fait pour obtenir un partage qui les avantage et corresponde à leur force.

Ainsi, au XVIIIe siecle, au prix de quelques têtes coupées, la bourgeoisie a supplanté l’aristocratie terrienne dont le pouvoir faseyait.  Aujourd’hui, la COMPETENCE a supplanté le capital matériel comme facteur rare de la production.  Le premier effet a été de virtualiser le capital matériel – pour que la compétence s’en enrichisse plus facilement – mais le second sera de remettre de capital lui-même à sa vraie place qui est devenue secondaire.

Secondaire, soit, mais toujours incontournable – il faudra toujours des métaux et de l’énergie en plus des idées – ce qui laisse supposer que ceux dont le pouvoir repose sur ce capital le défendront chèrement.  Or, s’ils ne sont plus les vrais créateurs de la richesse qui se crée, ils sont bien les détenteurs de celle qui est là. Il pourrait en coûter plus que quelques têtes pour le leur enlever.

2. Comprenant ce contexte, on voit que, profitant du changement de garde à la barre alors que le Capitaliste est remplacé par l’Expert, la lutte sociale dans l’immédiat peut apporter non pas la justice…mais moins d’injustice et que le plus grand défi est que l’inévitable changement de paradigme se fasse avec un minimum de violence.  « Quand les éléphants se battent, c’est toujours l’herbe qui est écrasée », dixit Chabanel, l’homme des proverbes africains.

Concrètement, ce que la population attend de ses gouvernants, c’est donc qu’ils procèdent sagement à une nouvelle répartition de la richesse, sans violence et au profit, sinon de tous, ce qui serait utopique, de tous ceux au moins sans l’accord desquels cette répartition ne pourra se faire correctement.

Au premier rang de ces derniers, heureusement, il y a Quidam Lambda, le travailleur-consommateur qui porte sur ses épaules cette société.   La valeur relative du travail sera augmentée, de même que le revenu net des particuliers ; bonne nouvelle, cela est un impératif économique et arrivera quel que soit le gouvernement au pouvoir.

Ce que l’on doit exiger, cependant, c’est que le gouvernement en place favorise de toutes ses forces une distribution du revenu par le travail et non par l’assistanat.   La première mesure a prendre est la mise en place d’un régime universel de revenu/travail garanti.  L’avenir de notre société passe par la volonté de remettre immédiatement au travail chaque travailleur apte au travail et de garantir a chacun un revenu conforme à sa compétence reconnue QUELLES QUE SOIENT LES FLUCTUATIONS DE L’ÉCONOMIE.

C’est possible, si l’État assume ses vraies responsabilités. Il faudrait en parler.

Pierre JC Allard

 

07. Souveraineté, OUI ; indépendance, NON.

 

Je voulais parler d’abord ici de santé, d’éducation, de justice, de finances, de production, etc…  mais j’ai vu, au hasard des rues où je bourlingue, qu’il ne sera pas possible d’avoir une conversation sérieuse sur l’avenir du Québec si on ne passe pas d’abord sous les Fourches Caudines d’une discussion sur l’indépendance.

Alors, disons crument quelques évidences. Il est normal pour des gens qui ont des valeurs, des principes, une histoire et certains intérêts en commun de vouloir utiliser ces similitudes  pour créer un ensemble qui aura plus de force pour les faire valoir face aux « autres ».  Il ne faut pas oublier, toutefois, que ces similitudes ne font pas disparaître les différences entre eux.  Tout ensemble aura aussi, indéfiniment, tendance à se scinder en sous-groupes et en factions, comme chaque individu a aussi en lui la tendance de faire primer des propres objectifs sur ceux des groupes auxquels il dit s’identifier.

L’appartenance à un groupe est donc toujours relative, une variable qui fluctue dans le temps  selon les circonstances.  Elle fluctue pour chacun selon les avantages qu’il retire de son appartenance au groupe et ceux qui en retirent beaucoup cherchent naturellement à convaincre ceux qui en retirent moins qu’il est néanmoins dans leur plus grand intérêt de lui garder leur loyauté.  Le cas-type extrême est celui du galérien enchaîné au navire, qui peut  bien maugréer, mais fera tout ce qu’il peut pour que celui-ci ne sombre pas…

Si on y met des efforts et que les conditions sont favorables, on peut développer un patriotisme qui suscite de grandes loyautés.  Ainsi les fils de bagnards australiens courant mourir pour l’Empire britannique et les harkis algériens luttant pour la France. Mais chaque cas d’espèce est différent et chaque moment  a sa propre logique.

Il y a des forces centrifuges comme centripètes. L’ensemble perdure si une majorité effective des partenaires dans un ensemble veulent le maintenir. Il fonctionne d’autant mieux que sont moins nombreux et y ont moins de pouvoir ceux qui n’y appartiennent qu’à leur corps défendant.. Le Québec au sein du Canada fonctionne mal, parce qu’une majorité effective souhaite que le Québec demeure partie du Canada, mais une minorité très substantielle voudrait qu’il s’en retire.

L’avenir du Québec sera meilleur si un consensus s’établit.  Il y a 50 ans, il paraissait opportun que le consensus se fasse pour une indépendance du Québec, dans la logique d’un monde postcolonial où chaque nation, voire chaque ethnie, voulait affirmer son identité.  Aujourd’hui, le monde a changé et la notion traditionnelle d’ »Indépendance » a perdu son sens, alors qu’il est clair que l’interdépendance croissante entre nations et la priorité mise sur l’enrichissent qui découle d’une meilleure intégration poussent même les États les plus forts à confier des bribes de leur gouvernance à des ensembles plus vastes.

Rien de révolutionnaire à ce constat. Il faut seulement prendre conscience de l’ampleur du phénomène. AUJOURD’HUI, 70% des lois qui s’appliquent en France ont leur source dans la législation commune de l’Union Européenne et lui sont soumises.  Le Québec ne se dissociera pas du Canada, ni de l’Amérique du Nord. La salut est dans l’acceptation librement consentie de cette réalité.

Je crois que cette acceptation passe par la reconnaissance du DROIT des Québécois à l’autodétermination, ce qui exige un accord sur l’existence d’une collectivité historique et de facto qu’on appelle le Québec et la reconnaissance de la souveraineté de cette collectivité. Par référendum ?  Pourquoi pas…. Mais n’y lions pas la notion distincte de sécession de la Confédération canadienne.  Cette souveraineté affirmée,  il faudrait, au contraire, que cette collectivité  mette a profit cette souveraineté pour déclarer  qu’elle  CHOISIT d’être partie prenante du Canada et que, ce choix fait, il devienne inacceptable pour l’avenir prévisible de le remettre en question pour un oui pour un non.  Je n’ai aucun doute que c’est le choix de l’appartenance au Canada que feront les Québécois si on leur en donne l’occasion .

Cette question réglée, il restera TOUJOURS  celle de remises a jour périodiques du partage fonctionnel des responsabilités entre paliers de gouvernance et d’administration.  Mais c’est là  une autre question et qui n’est pas particulière au Quebec.    Elle se pose  aujourd’hui avec encore plus d’acuité dans la communauté européenne et se posera partout, même en Amérique du Nord.

Pierre JC Allard

 

08. La bataille de Westmount- St-Louis

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Waterloo, Trafalgar, Austerlitz…. Les grandes batailles qui changent des choses peuvent avoir lieu dans les endroits les plus inattendus. Peut-on s’imaginer qu’une décision cruciale pour l’avenir du Québec soit prise dans la circonscription de Westmount-St-Louis ? Et pourtant, ce que vont faire le 4 septembre les électeurs de ce qui est en fait le centre-ville de Montréal va apporter un message d’une extrême importance. De quoi s’agit-il ?

D’une fracture et d’une resoudure. Pensez à un os qu’il va falloir remettre en place, si on veut enfin marcher droit. Une opération qui tôt ou tard se fera, mais dont il faut voir si elle se fera maintenant ou sera remise à plus tard…. au risque de claudiquer encore péniblement pendant des années. Laissez-moi expliquer.

Il y a des lustres qu’on fait chambre à part, au Québec, entre Francophones et Anglophones, avec un partenaire qui a sa valise tout prête pour aller vivre ailleurs. Mais il n’y a pas que le partage du patrimoine qui inquiète. Il y a aussi les chats, le canari, le jardin qu’on a sarclé ensemble, les vieilles photos et quelques bons souvenirs. Il y a l’odeur du café pris avec l’autre avec plaisir…

Alors on se chamaille, on se tolère un jour de plus et, après cinquante ans de cette valise qui s’empoussière dans un coin du salon, il y a même des jours où l’on se demander si, après tout, on ne pourrait pas arrêter de faire semblant de se détester et même se laisser aller à s’aimer un peu….

Il n’y a pas de signe plus clair du clivage entre Francophones et Anglophones au Québec que l’attachement inconditionnel de ces derniers au Parti Libéral du Québec. Se sentant menacés, ceux-ci en ont fait le bastion de la résistance à une possible sécession. Pas bête… Mais, avec le temps, ils sont devenus les otages de ce Parti. Ils se sont retrouvés à défendre par inadvertance d’autres « valeurs » qu’on y a hypocritement glissées, précisément pour tirer avantage de cette clientèle captive que constituait l’électorat anglophone. Des valeurs qui NE SONT PAS les valeurs traditionnelles dominantes de cette communauté.

Historiquement, la communauté anglophone a été laïque et à gauche bien AVANT que la communauté francophone ne le devienne. Je me souviens du temps où le CCF puis le NPD, le RCM et les premières lueurs dans la “grande noirceur” brillaient à NDG avant Hochelaga-Maisonneuve… Il aurait été logique que Anglos et Francos se rejoignent à la Révolution Tranquille, dans une volonté commune de progrès social.

Il a fallu que ceux qui profitent de la zizanie montrent alors une géniale malfaisance, pour empêcher que cette évolution ne culmine pas dans une fusion plus étroite des communautés culturelles du Québec, mais conduise plutôt à une querelle ethnocentrée réactionnaire… et sans issue. Nous avons été manipulés.

La scission politique soigneusement entretenue au Québec atteint aujourd’hui un nouveau sommet dans la perversité, alors que 18% seulement des Francophones soutiennent encore le Parti Libéral du Québec…. tandis que 82% des Anglophones persistent à le faire. Ces derniers le font, aujourd’hui, au risque de se percevoir eux-mêmes comme complices après le fait – ou au moins comme témoins passifs bien complaisants – de ce qui pourrait se révéler cet automne comme la plus grande affaire de corruption de l’histoire de ce pays.

Pourtant, fermer les yeux sur la gabégie, le favoritisme, la corruption et l’infiltration de l’appareil de l’État par le crime organisé ne fait pas partie des habitudes notoires de la culture anglo-saxonne. Dans la mesure où cette culture à imprégné la population anglophone du Québec, on peut raisonnablement s’attendre à ce que celle-ci se dissocie des gestes contestables posés par le régime Charest… et manifeste son désaccord en ne VOTANT PAS pour le Parti Libéral du Québec le 4 septembre.

Ne pas voter pour le PLQ, mais encore faut-il qu’elle puisse ne pas le faire sans renier ses autres attentes et autrement qu’en s’abstenant de voter. Que peut faire aujourd’hui l’électeur qui ne veut pas accorder un vote de confiance au Parti de Jean Charest, mais ne veut pas non plus donner son aval à une option indépendantiste et reste sceptique quant aux intention réelles des uns comme des autres ?

C’est le but de ma candidature dans Westmount-St-Louis. Je propose à cet électeur en errance un candidat sans affiliation partisane, m’engageant solennellement à ne voter à l’Assemblée nationale qu’après avoir consulté mes électeurs sur chaque vote significatif et en votant alors dans chaque cas SELON LES PRÉFÉRENCES QUE CEUX-CI AURONT EXPRIMÉES

En élisant un candidat qui n’obéit aux directives d’aucun parti – mais suit les instructions de ses seuls commettants – on crée un petits îlot de vraie démocratie dans notre vaste espace politique où celle-ci n’est plus qu’une parodie. La grande bataille de Westmount-St-Louis, elle va se passer dans la tête de chaque électeur, lequel devra décider s’il va cautionner par simple habitude un Parti qui ne représente plus en aucune façon ses valeurs… ou s’il va mandater à Québec un député qui l’informera régulièrement et lui permettra de choisir pas à pas le meilleur chemin vers l’avenir que lui l’électeur veut suivre.

De la fracture du lien qu’on croit a tort obligé entre lui et le Parti Libéral, l’électeur va tirer une nouvelle liberté. C’est beaucoup pour la démocratie, mais il y a plus. Si électeurs anglophones comme francophones font front commun contre la corruption, ils se souviendront du même coup qu’il partagent des valeurs profondes et peuvent se faire confiance.

On verra que cette valise qui amasse la poussière dans un coin ne répond plus à une véritable volonté de partir, laquelle à été surtout celle d’une autre génération. On verra, aussi, que la peur d’une sécession a été cultivée et instrumentée depuis des décennies, par le PLQ et ses commanditaires, pour imposer à la population anglophone de soutenir de fausses valeurs qui ne sont pas les siennes.

J’ai recueilli des centaines de signatures pendant des jours dans Westmount-St-Louis. Ce faisant, je n’ai rencontré que CINQ (5) personnes qui ne parlaient pas français. On est très, très loin des mythes d’intolérance qui ont été trop longtemps véhiculés. On pourrait peut-être recommencer à aimer nos chats et à sarcler le jardin ensemble.

Pierre JC Allard

 

09. Parti pris ? Ce n’est pas le moment… !

L’électeur de Westmount-St-Louis, le 4 septembre, va voir apparaître sur le bulletin de votes la tronche de sept (7) candidats, dont tout en haut la mienne. Ce sera sans doute la seule qu’il n’aura encore jamais vue.  La seule à laquelle ne sera pas accolé le nom d’un Parti, la seule que son fidèle clébard ne reconnaitrait pas pour l’avoir vu sur son poteau favori ou l’un de ceux qu’il aurait négligé d’honorer.   L’électeur s’arrêtera-t-il un instant à cette photo ?…. Ou baissera-t-il les yeux pour retrouver et honorer de son vote  le nom sécurisant du candidat de son parti déjà pris ?

Généralement, la question ne se pose même pas.  Ca ferait quoi, un candidat sans affiliation partisane ?  On vote pour une gouvernance à Québec et la tronche, non plus que les idées, du candidat local n’ont pas le moindre intérêt.  Le candidat local ne sert à rien… et à encore moins que rien un candidat sans affiliation partisane, qui n’est donc même pas dans la vision périphérique large de quiconque a le pouvoir. Au Québec, qui prend parti prend pays et chacun a donc son parti pris.  Mais cette fois, c’est un peu différent

Différend, car il est bien peu probable que le Parti Libéral du Québec garde le pouvoir. Or, de scandales en  reniements, ce parti ne conservera pas, à partir d’une position de faiblesse dans l’opposition, l’AUTORITÉ morale qui lui permettrait de jouer le rôle de rempart des institutions et des valeurs traditionnelles.  Une communauté comme l’électorat de Westmount-St-Louis, qui a des valeurs à défendre, ne gagnerait rien aujourd’hui à confier inconditionnellement la défense de ses intérêts au Parti Libéral du Québec.

Elle ne ferait pas un calcul avisé, en se choisissant un député QUI NE PEUT PAS être plus qu’une voix étoufée dans un chorale où tout le monde doit chanter à l’unisson… et un choeur qui semble bien,  cette fois-ci, ne pas chanter sur le bon ton .  Être représenté à Québec par un député de l’opposition libérale, pour les années à venir, ce ne sera pas s’accrocher à une bouée, mais se mettre un boulet aux pieds.

Voter pour un autre parti ?  La population de Westmount-St-Louis, bien sûr, peut voter pour le Parti Québécois. Mais exprimerait-elle ainsi ses vraies aspirations ? Croirait-on même, alors, en haut lieu, qu’un dialogue de sincère discussion s’est engagé ?  Ne penserait-on pas plutôt tricherie, astuce, traquenard ? Ceux qui depuis si longtemps s’opposent  à l’indépendance du Québec et qui accepteraient de pactiser dans ces conditions n’y perdraient-ils pas, pour un plat de lentilles, la crédibilité et le respect qu’on leur a accordés à titre d’adversaires tenaces mais loyaux ? Je ne crois pas que l’on prenne cette voix.

Il y a un troisième choix partisan sérieux. C’est celui de tergiverser.  C’est l’option de la  CAQ et c’est une option séduisante, car « Il y a un temps pour tout » – dit l’Ecclésiaste – « un temps pour embrasser et un temps pour s’abstenir d’embrassements… ».  Or, nous sommes bien au temps de la tergiversation.

Tergiverser, littéralement , signifie « tourner le dos » . Or nous sommes bien au moment où il faudra « tourner le dos » à la plupart de nos idées acquises – économiques, sociales politiques et identitaires – lesquelles sont impitoyablement contestées  par un monde autour de nous en rapide changement.  Il va falloir tourner le dos au passé des partis pris, faire des remises en questions, RÉFLÉCHIR puis ensuite, mais seulement ensuite, DÉCIDER

S »il faut un temps de réflexion, la CAQ de Francois Legault n’offre-t-elle pas un bon véhicule pour mettre le Québec en orbite, le temps de choisir le point idéal d’atterrissage pour le futur, selon de nouvelles coordonnées « gauche-droite », « autoritaire-participatif », « homogène-fusionnel » ?  Il y a un temps, parfois, pour garder ses coudées franches. Le choix de la CAQ est sans doute cettte fois le plus prudent.  Peut-être…

Peut-être.  Car personne ne sait jamais vraiment comment apparaissent sur une robe, le soir du Grand Bal, ces belles pierres semi-précieuses du Brésil dont la légende veut qu’elles changent de couleur selon les émotions de ceux qui les portent… mais dont mon expérience m’a enseigné que leur teinte  varie surtout selon l’éclairage et parfois selon le regard qu’on y pose.  On ne sait pas vraiment comment la CAQ de François Legault se positionnera, quelle teinte elle prendra – à court puis a moyen terme – en ce qui a trait au de partage des richesses, à une démocratie qui est à repenser et à l’identité québécoise dans un monde où les frontières s’évanouissent.

On ne sait pas pour quoi roulera la CAQ. Il y aura des choix CRUCIAUX a faire, au cours des années qui viennent, dont les meilleurs pour Westmount-St-Louis  ne se confondront sans doute pas avec ceux « prêts-à-porter » d’un seul des partis, mais exigeront qu’on en fasse un dosage savant. Si « garder toutes ses coudées franches » est bon maintenant pour la société québécoise, a fortiori, l’est-ce pour la population de Westmount- St-Louis, une minorité composite socio-économique et multiethnique, avec sa vision spécifique et ses problèmes bien à elle.

Il faudra du « sur mesure ». Rien de mieux, donc, pour les citoyens de Westmount-St-Louis que de se faire représenter à l’Assemblée nationale par un député sans affiliation partisane, lequel ne prendra jamais ses instructions d’un Parti ou d’un quelconque groupe de pression, mais TOUJOURS, en chaque cas, de la seule population de Westmount-St-Louis elle-même.  C’est à ca que je m’engage.

J’expliquerai, dans le prochain texte, la procédure à suivre pour garantir que c’est bien cela qui sera fait et que ce sera toujours l’opinion des électeurs qui prévaudra,

Pierre JC Allard

 

10. Exhorting the media: switch to half-duplex !

As we all well know, there is an election in Québec. And aside from the politicians, no one in Québec is more involved than YOU,  the media!  You saw it coming, you broke the news, you do most of the talking and, when you talk, electors and politicians listen…because you are the media!

As we also well know, not everyone is perfectly happy with the political options available in this coming election nor satisfied in the way things are unfolding nor overenthusiastic with the agenda of whatever  party is likely to be at the helm in the coming years.

And YOU, the electors, in Westmount-St-Louis, should you feel uncomfortable about throwing your unconditional support behind any of the parties running in this election, wouldn’t you feel better if you could send to the Assemblée Nationale someone who would represent YOU, the electors, rather than a party whose priority is either to have this province secede from Canada or hold a January Sale of our natural resources?

Imagine you send to the Assemblée Nationale someone who renounces any party affiliation, who commits himself to inform you, the citizens of Westmount-St-Louis, of what is proposed in the Assemblée Nationale, to seek your opinion, and then to vote in accordance with your instructions on every matter. Wouldn’t you feel A LOT better, knowing that you can ALWAYS instruct him to say NO to any specific measure that appears unwise … or downright nefarious?

Now, it might be nice to have your Man in Québec City who tries to find what is on your mind and then does your will. But how will he know what you want? How will you see to it that he is paying attention to you and behaves accordingly?   This is where the local media can come fully into play: they are attuned to the various segments of the population and their mission is to reflect what the people want as it is normal for citizens to turn to their favourite newspaper to express their feelings and to voice their demands.

Suffice that the local media shift in « half-duplex » mode.  Not just talk but listen also to their readers and thus they would be the channel  between the constituents and their  impartial representative whose avowed role  it is to bring the composite will of the electors to the floor of the Assemblée Nationale in Québec.

Were I to be elected, my first and foremost move will be twofold:  A) To create a website where I will report  CONTINUOUSLY on what goes on in the Assemblée Nationale and where all the citizens of this riding may contribute their comments and opinions.  B) To invite the editors of all the local media to participate and to recommend leaders, representative of the various segments of the community, who will participate in a Permanent Advisory Committee, which I will consult to interpret the mood of the electors and to make sure that every vote I cast in the Assemblée Nationale reflects the will of a majority of the citizens of Westmount-St-Louis.

This I pledge. And we, the people, have every reason to believe that the local media will join in this democratic endeavour.

  Et voilà… 

Pierre JC Allard

 

11. Santé; médecin ami ou médecine ennemie

On parle ad nauseam durant cette élection du médecin de famille, comme s’il y avait là matière à discussions.  Il n’y en a pas. Nous savons tous très bien que le médecin de famille est la clef de voute du système et je l’écrivais il y a plus de 20 ans..http://wp.me/p59O0-5V

Le débat actuel ne porte donc que sur les couts et les échéanciers. Un débat de totale mauvaise fois, puisque  le noeud du problème est la volonté des médecins de ne PAS ajuster les resources médicales aux besoins.

Ajuster les ressources médicales aux besoins, ce serait  en avoir plus dont la rémunération unitaire diminue, parce que  leur coût de formation est réduit  et  et leur charge de travail réduite, ce qui est possible et opportun si les tâches qui constitent la maquelle des services à rendre à la population  sont redistribuées.

C’est ce que les médecins en bon corporatistes ne veulent pas. L’ennemi public numéro 1, ici, c’est le corporatisme medical. Le drame, c’est ’hypocrise  générale qui fait qu’on ne l’admet pas. On est encore dans la logique nefaste – CRIMINELLE – qui a conduit en1996  le Gouvernement du Québec à pousser vers la porte une partie non négligeable des médecins et infirmières en exercice.

J’ai dit à l’époque tout le mal tout le mal que je pensais de cette décision (Le Prix Mengele). Le Québec ne s’est jamais remis de ce sabotage de l’excellent réseau de santé que l’on avait mis une génération à y bâtir à grands frais. Nous ne nous sommes jamais remis de ce renoncement à faire mieux pour accepter lâchement de devenir moins.

On a réduit alors  le nombre des médecins au Québec, parce que les médecins, payés à l’acte, y coûtaient trop cher. Un médecin payé à l’acte fixe sa propre rémunération, puisqu’il peut compenser une baisse du nombre de ses patients par une augmentation des actes médicaux par client. L’État n’a donc pas de contrôle réel sur le revenu d’un médecin. Pour diminuer les coûts, au poste de la rémunération des médecins, l’État n’a pas d’autre solution que d’en diminuer le nombre.

Diminuer le nombre des médecins, alors que les progrès de la médecine exigeraient plus de ressources, signifie une détérioration progressive des services. Aujourd’hui, on console les Québécois du délabrement du système de santé en promettant une hausse prochaine des effectifs. Bravo, mais penser que l’on va régler ainsi le problème suppose qu’on a oublié pourquoi, jadis, on les avait réduits, Augmentez les effectifs et les coûts de la médecine vont augmenter et devenir intolérables. Après un intermède qui permettra aux gouvernants actuels de terminer leur mandat et de prendre leur retraite, on sera prêt pour le déluge. Le Québec pourra alors choisir, définitivement, cette fois, la voie de la privatisation

Un État qui veut maintenir la gratuité et l’universalité de la santé doit-il nécessairement choisir entre le sous-développement ou la ruine, ou y a-t-il une issu à ce dilemme? OUI ! Il y en a une. La solution passe par une rationalisation de la rémunération des ressources médicales et, si l’on veut un système de santé gratuit et universel de qualité, en n’y consacrant que les ressources qu’une société peut se permettre, il faut procéder à cette rationalisation, en deux (2) étapes.

Premièrement, pour les omnipraticiens et les spécialistes dont l’intervention auprès de leurs patients est récurrente ou de longue durée et devrait comporter une part de prévention, il faut remplacer le paiement à l’acte par un régime de capitation. Ce n’est pas une trouvaille, ce régime fonctionne un peu partout. Même aux USA, où ce sont les assureurs qui en tirent parti !

Pour mettre en place ce mode de paiement, chaque détenteur d’une carte de santé s’inscrit aux cabinets du généraliste et des spécialistes de son choix. Le montant de la capitation, pour chaque type de patient, est fixé par négociation et chaque médecin payé selon le nombre de ses clients inscrits. Puisque l’on connaît la population inscrite, le budget de l’État est sans surprises.

Il reste encore, bien sûr, des spécialistes dont l’intervention est ponctuelle et ils sont encore payés à l’acte; mais ce sont ceux dont les « actes » sont bien identifiables. Les statistiques permettent de fixer le coût des interventions pour assurer aussi à ces spécialistes le revenu moyen que l’on souhaite.

Ayant rationalisé ainsi avec équité la rémunération des médecins en place et respecté les droits acquis, on peut, dans une deuxième étape, se doter pour l’avenir des ressources médicales que va exiger une demande pour la santé que les progrès de la médecine et le vieillissement de la population vont faire exploser. Il ne faut pas tenter de répondre à cette demande en créant plus de spécialistes à salaires faramineux (On a parlé de 9 fois le salaire moyen, au Québec !)

Une société n’en a pas les moyens et, surtout, ce n’est pas nécessaire. Au lieu de spécialistes dont la rémunération exorbitante est au moins en partie justifiée par une formation prolongée – 6 à 10 ans, au Québec – il faut, dans une deuxième étape, créer une nouvelle classe d’intervenants qui recevront, DANS LE DOMAINE DE LEUR SPECIALITÉ, une formation identique à celle des spécialistes actuels, mais dont la formation de tronc-commun aura été réduite à un an.

On donnera à ces intervenants spécialisés le titre que l’on voudra, mais, dans l’avenir, ils pourront prendre en charge l’immense majorité des tâches des spécialistes actuels. Il est bien difficile de croire que psychiatres, ophtalmologues et obstétriciens doivent tous, pour être performants, passer 4 ou 5 ans à apprendre la même chose. Parmi ces nouveaux spécialistes, il doit y en avoir un dont la tâche est de suivre le citoyen. Chaque citoyen. Pour la prévention, le diagnostic et l’aiguillage vers les autres spécialiste, pour le réconfort. C’est LUI LE MÉDECIN DE FAMILLE

En allégeant ainsi les programmes, on ne réduit pas seulement les coûts de formation ; on ramène surtout les attentes de revenu des nouveaux spécialistes au niveau de celles des autres diplômés universitaires formés en 4 ans. Si ce nouvel intervenant touche le tiers ou la moitié de la rémunération d’un spécialiste actuel, on peut en avoir deux ou trois fois plus. On peut en avoir assez pour une médecine humaine, ouverte à l’innovation. Les délais d’intervention et les listes d’attentes disparaissent. La rareté disparaît. L’offre devient abondante: c’est une nouvelle dynamique.

On espère que, durant la présente période électorale, les partis en lice diront aux Québécois POURQUOI ils ne considèrent pas cette approche.

S’ils ne le font pas, on pourra penser que prévaudra bientôt au Québec la même situation qu’aux USA, où songer à réduire le revenu des médecins est une idée séditieuse, blasphématoire…. puisque l’American Medical Association est la PREMIÈRE source de financement des partis politiques !   Aux USA, ce qui devait être plus de services pour la population a été manipulé pour devenir plue d’OBLIGATIONS  au profit des assureurs ! Le Québec doit faire plutôt le choix de la solidarité.

D’abord ce choix . Il y a  des détails à régler, mais en discuter en période électorale rendrait le débat complexe et ingérable… ce qui est bien ce que veulent les défenseurs du corporatisme médical !   Basta, donc. !  Pour les esprits curieux, toutefois, je répondrai avec plaisir aux questions sur les 80 textes  traitant de cette question dans la section « Santé » du projet Nouvelle Société. http://wp.me/P59O0-5N

Pierre JC Allard

 

12. Un « juriste de famille ». Enfin une justice au Québec

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Il n’y a pas que la santé qui laisse à désirer au Québec. Il y a aussi la justice.  Le citoyen ne se reconnaît plus dans le système judiciaire qu’on lui offre.  Il est de plus en plus convaincu qu’il n’y a pas de justice au Québec. À cause de quelques « bavures » bien ostensibles, mais surtout parce que c’est trop long et que c’est trop cher.

Le peuple dit « bavure », quand le droit ou les décisions des tribunaux ne correspond pas à son sens de la justice et de l’équité.  Entre les affaires Turcotte, Lacroix, Robinson et les cas de quelques innocents qui au contraire ont écopé – comme Michel Dumont et le désormais célèbre Monsieur Hinse – la confiance du citoyen est devenue bien mince.  Quand on préfére faire appel à des « justiciers » plutôt qu’à la justice, la société a un problème.

https://nouvellesociete.wordpress.com/2009/07/23/lacroix-18-mois-dumont-18-ans/

https://nouvellesociete.wordpress.com/2011/08/03/les-martiens-et-claude-robinson/

https://nouvellesociete.wordpress.com/2011/07/22/mettre-a-lecart-le-fou-qui-a-tue-ses-enfants/

https://nouvellesociete.wordpress.com/2011/05/23/ces-fonctionnaires-de-merde/

https://nouvellesociete.wordpress.com/2009/06/22/montreal-de-la-corruption-a-lextorsion/

La justice  en a un encore  plus gros, quand l’État et les compagnies d’assurance, mais aussi quiconque a du fric, sont de fait au dessus des lois, puisque quiconque veut obtenir justice devra entreprendre un parcours du combattant dont il sortira ruiné, brisé, détruit, qu’il ait eu tort ou raison. Comment, dans un État qui se dit « de droit », peut on tolérer qu’il faille PAYER pour obtenir justice !

Obtenir justice ne doit rien coûter celui plaide a raison. Il y a diverses façon d’y arriver, mais la meilleure  serait en deux (2) étapes

1. De la même façon que chacun doit avoir son medecin de famille, chacun doit avoir son « juriste », payé par l’État par capitation. Le fournisseur de services reçoit un montant forfaitaire mensuel pour chaque citoyen inscrit comme client à ses registres. L’avantage de cette approche est qu’elle laisse à l’individu le choix du professionnel et lui permet de manifester son insatisfaction en changeant de fournisseur, celui-ci étant alors privé du montant forfaitaire mensuel correspondant.

Cette approche évite la concurrence au niveau des honoraires, élimine toute tentation pour le professionnel de rendre le service autrement que de la façon la plus efficace et permet à l’État de déterminer précisément le budget qu’il entend consacrer à la satisfaction de toute demande sociale dont il choisit d’assumer les coûts.

Ce paiement par capitation s’applique parfaitement aux besoins en expertise légale de la population. Chacun a son juriste javec lequel il maintient une relation personnelle continue. S’il ne donne pas satisfaction à son client, le client change de juriste et le revenu du ce dernier baisse  Un litige ne lui apporte pas de revenus supplémentaires, seulement une charge de travail additionnelle, un litige long une charge plus lourde qu’un litige court. Vous voulez parier qu’il y aura moins de litiges ?

Rien n’oblige un individu à consulter son juriste avant de conclure une entente, mais, ce service ne lui coûtant rien, il le fera; qui veut des ennuis ? Des contrats conclus entre parties dont chacune a son juriste à ses cotés donneront lieu à moins de contestations, mais on peut faire encore mieux: l’arbitrage

2. En matières contractuelles – la majorité des litiges –  le recours de première instance serait toujours l’arbitrage. Ce sont les parties qui choisissent un arbitre. L’arbitre peut-être n’importe qui sur lequel les parties s’entendent et il juge en équité. Les arbitres ne seraient pas payés par capitation par l’État, mais selon entente, par ceux qui recourent à leurs services.

Si un litige survient, les parties doivent se choisir un  arbitre. Si les parties ne peuvent s’entendre en dix (10) jours sur le choix d’un arbitre, le Tribunal en désignera un sur requête de l’une ou l’autre des parties et ce sera alors un juriste. Ses honoraires seront forfaitaires, fixés selon un barème relié au montant en litige. Ils ne devraient représenter qu’un petite fraction des coûts actuels et seraient imputés aux parties selon leur responsabilité telle que déterminée  par l’arbitre

La décision de l’arbitre serait exécutoire.  Chacune des parties peut demander la révision par le Tribunal Civil et même s’adresser ensuite à la Cour d’appel, mais l’introduction d’une demande de révision ou d’un appel, toutefois, ne retarderait jamais l’exécution de la décision initiale, sauf injonction, sans préjudice au droit à des dommages réellement compensatoires si cette décision initiale était finalement renversée.

Un juriste « de famille » en soutien permanent, Un arbitrage en équité, une révision au niveau du Tribunal  et une possibilité d’appel. Tout ca “toutes affaires cessantes, sans interruptions, et sans frais pour quiconque a plaidé a bon droit. Ce serait enfin la justice.

 

13. Il va falloir y aller de plus belle

 

… et voici que l’on va devoir repartir. Reprendre et y aller de plus belle…  Y aller de plus belle. Une de ces expressions fourre-tout pour faire comprendre l’incompréhensible, en associant des mots auxquels on prête un sens du dimanche, en espérant qu’a devoir cohabiter ces mots s’en feront un qui résoudra l’ambiguité.

Car y aller…  mais aller où ? Et la beauté a-t-elle vraiment à y voir ?  On sait seulement que c’est reparti. On croyait pouvoir souffler un peu, mais on se retrouve en marche et encore bien plus qu’hier.   En marche forcée, parce qu’en quelques coups de feu un fou – ou plusieurs – ont ramené le résultat de ces sélections du 4 septembre 2012 à leur juste mesure. Leur mesue qui est dérisoire au vu des questions qu’elles devaient trancher.

Les Québécois veulent-ils VRAIMENT scinder le Canada et affronter seuls le monde tel qu’il est devenu ?  Un monde  qui n’est  plus celui d’avant que Neil Armstrong  marche sur la Lune –  quand  les femmes et les pauvres gardaient « leur place » et les Noirs, les Bruns et les Jaunes la leur –  mais un monde  où les « indépendances » se font à coups de sales tours  et  de coups de fusils et rarement au profit de ceux qui partent du pied gauche en chantant.

Les Québécois veulent-ils remettre en cause une éducation qui tient encore plus du couvent des Oiseaux et du Petit Catechisme que des apprentissages à inventer qui sont INDISPENSABLES pour garder sur  la piste,  vers l’avenir qu’on veut, un progrrés technique qui autrement prend le mors au dents  et s’en écarte, pour ensuite s’arrêter brouter du nucléaire, des OGM et des médicaments-poisons?

Les Québécois veulent-ils que se resorbent les inégalités croissantes, sociales et financières, et risquant le déplaisir de ceux qui ont tout – et bien sûr le pouvoir – en distribuant pour ce faire le revenu, le travail et les responsabilités… ou veulent-ils que, peu à peu, on dérive d’une société de classes à une société de castes,  avec un nombre de plus en plus grand d’inutiles dont le statut d’epsilon sera programmé par apprentissage et qu’on maternera comme des bonsais, pour qu’ils demeurent des bibelots manipulés et ne grandissent jamais ?

Les Québécois vont-ils déguiser en tolérance leur pusillanimité à choisir une société de libre pensée et en prendre prétexte pour  retourner vers  un monde douillet où, de rosaires en mantras et en drogues diverses – aidés de curés, d’imans  ou de gourous –  chacun pourra rêver qu’il a trouvé sa voie vers un monde meilleur  qui donnera son sens  à celui-ci…  auquel on renoncera alors à en en donner un ?

Nous avons au Québec,  depuis pas mal de temps., des questions sérieuses  auxquelles il faut répondre. Des questions qu’on évite, qu’on contourne ou dont on nous dit qu’elles n’existent pas.   C »est en louvoyant autour de ces questions que ceux qui se prétendent les élites de notre société, peuvent couler les jours heureux qui leur restent à vivre, en laissant à ceux qui viendront après une dette énorme. Un déficit moral et  intellectuel, une absence de ces valeurs et de cette simple solidarité, sans lesquelles une société ne peut pas exister. Ce sont ceux qui viendront après qui posent surtout les questions. Ce sont eux qui étaient dans la rue au printemps.

On a voulu les distraire. Faire oublier les vraies questions en montant le guignol de ces élections qui devaient être un procès bien ciblé des corruptions exemplaires, pour que la grisaille  de l’ineptie qui leur sert de décor ne se voit plus.  Pour que celle-ci paraisse encore plus grise. Plus tiède. Plus tolérable.

Mais il y a un moment pour vomir le tiède et les tièdes. Est-ce que nous n’étions pas tous conscients, hier soir, de cette nausée que nous donnait  le salmigondis indigeste des mêmes paroles creuses, interchangeables, qu’on nous servait et qui ne voulaient rien dire ?

Hier, nous avons eu un résultat électoral nauséeux: une fin du débat citoyen qui laissait TOUTES les questions sans réponses.  Nous écoutions un florilège de pseudo-conclusions qui mettait la table pour des comités, des palabres, des discussions, un verbiage qui laisserait encore tout le pouvoir aux plaideurs partisans, sans que ne transparaisse la volonté du peuple-juge laissant espérer qu »on puisse AGIR.

C’est là, dans un moment de vide, qu’est venue apparemment de nulle part la Violence. Un Raminagrobis qui a mis les plaideurs d’accord en croquant l’un et l’autre, car n’est-il pas évident, ce matin, que ces élections ne règlaient RIEN ?  Que les discours de l’un comme l’autre des trois Petits Singes n’apportaient rien, étant dépourvus d’idées neuves qui auraient permis un renouveau comme d’uns volonté ferme et inconditionnelle d’accomplissement qui aurait projeté le Québec dans l’action ?

Ces élections ne pouvaient rien résoudre. Le destin s’est alors vêtu en drame pour nous faire toucher du doigt la plaie de l’insignifiance, au côté d’un projet que nous voulons croire ressuscité, mais sans trop savoir s’il n’est pas momifié.  Il va falloir que nous reprenions cette démarche et que nous y allions de plus belle, pour aborder les vraies questions  et apporter des réponses.

On devrait d’ores et déjà se donner une échéance. 3 mois ? 6 mois ? Un an ? On évitera ainsi que ceux qui attendent des réponses claires ne s’impatientent. Il y a des drames qui germent dans l’impatience.

Pierre JC Allard

 

Conclusion

 

Cette ultime escarmouche en 2012, dans Westmount-St-Louis, marque la fin du volet « électoral » de ma vie. Une implication dans ce jeu de la démocratie, dans lequel il m’a toujours paru essentiel de mettre de soi-même. Non pas que j’aie jamais cru à son efficacité, mais parce que s’en donner la peine m’a paru le symbole d’un engagement et donc le gage d’une sincérité.

C’est cet engagement et cette sincérité qui importent, car jeuner ne nourrit pas les Indes et sombrer avec son navire ne sauve pas les passagers… Mais il n’y a pas de salut qui naisse ailleurs que dans la tête de ceux qui doivent se changer… et pas de meilleure façon de les y encourager que de montrer que tout d’effort de rédemption, même modeste, suppose une petite croix à être portée.

Un million de pas qu’on a fait pour une cause ne garantit pas qu’elle soit juste, ni qu’elle aura du succès, mais donne à celui qui marche du temps pour penser et peut aussi  faire réfléchir ceux qui hésitent à mettre leurs godasses.

Et ne peut-on pas dire exactement la même chose d’un million de mots qu’on a écrits ?

 

Pierre JC Allard

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

23-06-14

Le Sens des faits – Volume 4

Filed under: Auteur — pierrejcallard @ 12:09

le sens des faits4dW

LE SENS DES FAITS

Volume 4

 Chronique-memento

CENT textes de 2009-2011

Introduction

Les cent (100) textes de ce Volume # 4 recouvrent la période allant de septembre 2009 à novembre 2011. une périodede mutation pour les blogues qui sont désormais tenus pour acquis. Le phénomènes des ‘ »trolls’ arrive aussi a maturité: moins de spontanéité dans la sabotage et on percoit des actions concertées pour manipuler  l’opinion.  Agoravox, avec son auteurat ouvert, est la pensée citoyenne qui infiltre le journalisme traditionnel;  Rue 89,  plus encadré , est le jourmalisme traditionnel qui investit les blogs…

Les textes de ce volume #4 devraient devrait vous rappeler quelques souvenirs. Au Québec, l’affaire Turcotte, Bastarache, Claude Robinson, le Maire Tremblay… Au Canada, les élections de 2011 et l’émergence du NPD de Layton. mais aussi la manifestation de l.étonnnate nouvelle volatilité de l’electorat. En France, la rue qui commence a gronder, L’islam qui monte, la notion d’identité qui en prend plus de place. Sarkozy  qui polarise la société et surtout le scandale DSK.

Ailleura dans le monde, la Chine qui s’affirmce, Assange et Wikileaks, Anonymous, une nouvelle dimension de la remise en question de l’ordre établi. Un regard sur Cuba et l’infamie de l’intervention en Libye qui a sans doute été le point de non retour pour l’Occident, alors qu’on voit l’opinion publique sur l’internet se transformer  et pssser d’un soutien à la politique nationale qui semble aller de soi…  sa véhémmte contestation.

Pierre JC Allard

301. Dans la boule de cristal   09.09. 01

Alfred Desrochers, poète québécois de l’époque où le rap pouvait encore marcher sur douze pieds, parlait des “jours gris que septembre ramène”.  La visibilité est bien bonne cet automne, le plafond est haut et il semble bien que, comme disait le susdit poète, nous allons parcourir cette saison “nimbés de souffles d’ouragans”.   Au cours des semaines qui viennent, je vais me remettre à l’actualité, car c’est bien MAINTENANT que “ça va se passer”.

Je vais attirer votre attention sur certains dossiers, allant du particulier au général en ajustant mes multifocales québécoises.  Au foyer le plus proche, je vais même parler quelquefois des élections à Montréal. Pour ceux du « 75 » et assimilés, ne craignez pas de vous y perdre:  il n’est pas nécessaire de connaître pour comprendre, c’est comme chez vous….  Mon premier article sur ce thème – Mairofolies –  laissera pressentir la couleur.

Passant du municipal au provincial (national) québécois, nous verrons une petite partie de ce que Jean Charest ne fera pas, de ce que  le Parti Québécois privé de son Démosthènes Legault ne dira plus et de ce à quoi l’ADQ sans Dumont ne pensera même pas. Un mot pour les autres, Verts et QS, seulement s’ils se rendent intéressants dans leurs versions respectives de « Rêves d’’enfants »

Au fédéral canadien, nous couvrirons cette élection qui vient et qui, hélas, n’a pas des airs d’insurrection. Nous le ferons avec la même tendresse que met un pit-bull à couvrir une levrette.   Je n’aime ni Harper ni Ignatieff, mais j’essaierai de les détester sans parti-pris, avec équité et équanimité, en ne répétant de chacun que le moins dégueu de ce que l’autre en dira. Je leur trouverai une raison d’être ; peut-être même un sens: le travail de fiction ne me répugne pas.

En France, c’est le bon sens que je chercherai : le travail d’analyse a aussi ses charmes.  Je verrai donc si les circonvolutions des politiques partisanes permettent d’entrevoir la réalité présente – pas si rigolote – d’une politique dont les éléphants devenus souvent des éléphantes ne pensent qu’a un accouchement en 2012.  Il y aura aussi cet emprunt dont nous parle le Prince-Président. Mais en aura-t-il le temps ?

Derrière la France – ou, de plus en plus, devant la France – l’Europe.  Resserrement à Strasbourg contre un Lothaire américain ?  Il ne faut jurer de rien, mais l’Allemagne fait de timides pas à gauche… Si elle y prenait goût ?  Et le dossier immigration va s’enfler avec la crise ; en Italie peu à peu, peut-être en Angleterre d’un seul coup. Il y a aussi l’hypothèse d’un rapprochement de l’UE avec la Russie qui changerait complètement l’équilibre des forces dans le monde. Pour tout de suite ou pour plus tard ? A suivre avec attention.

Je m’attaquerai, comme tout le monde, à l’énigme américaine.  L’Establishment a-t-il vraiment décidé de mettre au rancart capitalisme et du même coup démocratie pour instaurer une « démocratie » encore moins démocratique ? Si oui, il contrôlera d’abord l’internet, qui devient une sérieuse épine au pied, avant de pousser à plein régime la pression médiatique et d’installer un « état d’urgence » qui ne sera plus un État de droit. Pensez à de grandes marches aux flambeaux

Le signe avant-coureur de l’issue de cette lutte entre les « Anciens » – tenants de la gouvernance par une corruption sans limite – et les « Modernes » du New World Order, qui croient qu’on peut désormais la faire avec des slogans et des menaces.  Il apparaîtra quand on verra l’aboutissement du dossier de l’assurance maladie.  Un autre signe avant-coureur de l’évolution vers une dictature bienveillante sera que, si elle s’installe, je ne parlerai plus que de poésie.

Dans les marches de l’Empire, je jetterai coup d’œil de temps en temps sur ce que font les Japonais, les Indiens, les Brésiliens, les Africains. Et bien sûr, il y a les Chinois…  Mais les cartes maîtresses et cachées du poker qui s’en vient, ce sont deux jokers globaux dont la boule de cristal ne peut pas nous avertir de la valeur d’atout ni des impacts.  Tout est fait et bien fait pour que les vaticinateurs de tout acabit ne puissent pas en prévoir l’usage… sans quoi il n’y aurait plus de jeu…

Premier joker : la nouvelle monnaie, qu’il faudra bien mettre en place si on veut continuer à faire des affaires… La question ici est : QUAND. Quand la substitution aura lieu, j’en parlerai pour dire « je vous l’avais bien dit », mais brièvement, car tout le monde, alors, dira la même chose et il faudra plutôt penser à réajuster tous les autres dossiers.

Deuxième joker : la pandémie annoncée, dont il faudra bien enfin nous montrer si elle est là pour nous faire peur ou pour nous tuer. Si elle a lieu, il faudra tous tenter de se rendre utiles. Ce n’est que lorsqu’elle sera là  que chacun pourra voir comment.  J’en parlerai alors… si on peut encore  en dire quelque chose…

En attendant, il est inopportun de trop s’interroger sur les rats qui peut-être la véhiculent.  Contrairement à ce temple du Rajasthan (voir la photo) où voir et toucher le rat blanc vous promet la version hindouiste de la vie éternelle, découvrir dans la boule de cristal que ce sont certains de nos rats attablés qui propagent cette peste supposée en gestation n’augurerait rien de bon pour les intrépides écornifleurs. Passons rapidement.

Ce qui ne m’empêchera pas les écornifleurs mécontents, dont je suis, de sentir en eux, comme les contestataires du passé : « le frisson batailleur qui crispait leurs poings larges ». Avec ce dernier salut à Desrochers, je me remets au travail.  Souhaitez-moi une longue vie…

Pierre JC Allard

302 Questions nationales: film nécessaire 09.09.03

Il faut voir ce film de Roger Boire et Jean-Pierre Roy présenté hier le 31 août au Festival des films du monde.  Le film prendra l’affiche du Cinéma de l’ONF du 17 au 22 septembre prochains.

Il y a vingt angles sous lesquels on peut aborder la critique objective technique et artistique d’un film, dont aucun, hélas, à partir duquel je deviendrais un observateur compétent. Je laisserai cette tâche à d’autres.  Totale subjectivité, donc, de ce que je veux en dire.  Subjectivité qui n’est pas simplement narcissisme, cependant, parce que  je pense que beaucoup s’y reconnaîtront.  Ce film m’a fait beaucoup de  peine.

Il m’a imposé un deuil nécessaire.  Pour les gens de mon âge – adultes en 1960  – l’Indépendance du Québec a été le projet qui politiquement nous a définis. Définis si complètement, que nous avons transmis aux générations qui nous ont suivis, la première déjà vieillissante, une vision en blanc et noir d’un avenir que, naturellement, la réalité a ensuite révélée en demi-teintes.  Une vision simpliste d’un monde compliqué.  Le deuil pour moi a commencé à l’enterrement de Bourgault (voir l’image) et se termine avec ce film.

Douloureux, car ce film nous oblige à lever le voile avec pudeur et à identifier la reine morte, mais Il FAUT le faire.  Ceux de ma génération qui se sont impliqués dans cette aventure – nous étions nombreux hier, à cette première, de ceux qui en restent  – ont la responsabilité d’encourager l’autopsie. Ce n’est pas une vivisection.

Les politologues, Balthazar en tête, nous ont fourni des explications bien plausibles pour le fiasco final de la quête pour l’indépendance.  On en trouvera sans doute bien d’autres, mais il est important d’accepter la plus fondamentale : si la jeune fille n’est pas devenue femme, c’est surtout parce qu’ELLE NE LE VOULAIT PAS.

Il eut été gratifiant de la séduire, mais ce n’était pas ce qu’elle voulait.  Au lieu de l’accuser d’inappétence ou de s’accuser de ne pas l’avoir prise, le moment est peut-être venu de se féliciter d’avoir respecté son choix plutôt que d’être passé à la violence. Les Québécois ne voulaient pas un pays. Ils se sont perçus dans un autre rôle. Peut-on vraiment prétendre qu’on les aime et les vouloir si différents ?

Les Québécois se sont créé un autre destin ; le défi est maintenant qu’ils s’y complaisent et s’y réalisent. On peut regretter que le Québec n’ait pas vécu les affres et les joies d’une indépendance politique à l’âge où « tout le monde le faisait », mais ne tombons pas dans le piège de vouloir  le faire trop tard. On ne s’amuserait pas et l’on n’y grandirait pas. Le temps des nations est fini ; nous sommes à celui des cultures.

Le film de Boire et Roy ouvre la porte a une entomologie de la psyché des Québécois de la fin du vingtième siècle, mais il a aussi la subtile délicatesse de la remettre dans un contexte qui nous fait sentir moins étranges.  Car il est hors de doute que les Écossais diront non et les Catalans aussi.  Les premiers verront qu’ils ne pourraient partir qu’en abandonnant la dot du pétrole, les seconds que l’Espagne est un bon tapis vert où optimiser leurs mises. Ils attendront l’autonomie accrue qui échoira inévitablement aux régions dans la construction européenne.

Évidemment, Écosse et Catalogne ne sont pas, bien au contraire, les parents pauvres des États respectifs où l’Histoire les a mises en tutelle… mais  serions-nous ceux de l’Amérique, si nous mettions tous nos efforts à devenir plus et mieux  ?  Avoir les oripeaux d’un État a été un désir légitime  pour une nation, mais c’était hier. Avant que chacun dépende de tous… Si vraiment, Québécois, nous nous sentons une nation et que ce désir d’indépendance  a été frustré, le temps est venu de lâcher l’ombre pour la proie et d’apporter une réponse collective – NATIONALE – aux défis d’aujourd’hui.   Ce film devrait encourager cette réflexion.

Pierre JC Allard

303. Mairofolies 09 09 05

 Une ville, dans le systeme de gouvernance qui prévaut aujourd’hui  au Québec, a bien peu de pouvoirs.   D’abord, elle n’est qu’une créature du gouvernement de Québec qui pourrait légiférer sa mise en tutelle… ou son extinction.  Ensuite, elle ne s’occupe pas des grands dossiers . La politique étrangere, la monnaie, c’est Ottawa. La santé et l’éducation, c’est Québec… alors, souvent, au municipal, on rigole…

Mais Montréal, pour faire les petites choses qu’on lui confie, c’est tout de même un budget de 4 milliards de dollars,  ce qui est l’ordre de grandeur de celui  de Cuba pour s’occuper de presque tout sur son île… ou du PNB au complet de Haïti ou d’une grande partie des pays du monde.   Alors, un peu de sérieux ne fait pas de mal.

https://nouvellesociete.wordpress.com/2009/05/31/montreal-labeaume-et-sim-city/

Maire de Montréal, c’est peu de pouvoir, mais une grande autorité… si on parle sérieusement et qu’on est respecté. Le 1er novembre, on va se choisir un maire. On le voudrait sérieux et respecté. Or, ce n’est pas gagné.  Les choix à faire ne sont pas évidents.  Il y a clairement deux (2) candidats dans le peloton de tête – Gerald Tremblay et Louise Harel – mais ils ont tous deux leur handicap.

Gerald Tremblay, le maire en poste, a le défaut que son administration ait prêté le flanc à de sérieuses accusations de corruption. Nul n’a fait la preuve qu’il en ait été le responsable ou le bénéficiaire, mais il a indubitablement l’image d’avoir été naïf  ou négligent.  Inspire-t-il aujourd’hui le respect et la confiance nécessaires ?  Ne suffira-t-il pas d’un candidat minimalement  acceptable pour que population vote CONTRE Tremblay ?

https://nouvellesociete.wordpress.com/2009/05/06/le-proces-de-la-sottise/

Louise Harel, la principale rivale du Maire Tremblay, est respectée et perçue comme compétente.  Son handicap ? Être identifiée comme indépendantiste par une large part des anglophones de Montréal et être largement soupçonnée de venir sur la scène métropolitaine continuer  le débat national. Elle a été farouchement opposée à la dilution des pouvoirs du Grand Montréal dans un réseau pyramidal de villes, puis d’arrondissements, dont tout le monde constate qu’il est inefficace, mais dans lequel les minorités voient une protection.   The Gazette ne laissera pas les anglophones l’oublier.

https://nouvellesociete.wordpress.com/2009/06/06/le-charme-discret-de-la-zizanie/

Tout indique un clivage de l’électorat selon les critères de la langue et de l’identification politique au palier national. Entre le libéral Tremblay et la péquiste Harel, tout est donc clair et simple.  Mais ça, tout le monde le sait… Les deux partis ont donc vite pris action pour échapper à cette fatalité.   Ils comptent pour le faire sur l’enchevêtrement des mélodies en sourdine de leurs deuxièmes violons.

Louise Harel, dont le point faible est  la communauté anglophone, a obtenu le soutien de Julius Grey, avocat bien connu des causes controversées; elle en sera certes une pour lui dans son propre milieu….    Pour un anglophone qui ne veut vraiment pas voter pour Tremblay – mais qui  ne sait comment voter Harel sans paraître félon – le soutien de Grey sera une excuse acceptable, mais il faudra que Tremblay l’ait vraiment bien déçu.

Riposte de Gerald Tremblay, recruter comme flamboyante seconde Diane Lemieux, grande rivale de Louise Harel au sein du Parti Québécois.  Ceux qui n’aiment pas Madame Harel pourront ainsi voter contre celle-ci sans abjurer leur foi indépendantiste… Avec Grey et Lemieux, on enlève ce que pourrait avoir de choquant une partage « ethnique » des votes, mais on risque de simplement réduire la motivation et d’avoir un absentéisme record.

L’autre scénario est celui du troisième homme  – Richard Bergeron, de Projet Montréal – dont on ne peut mieux définir la position sur la ligne de départ qu’en citant le blogue Rue Frontenac : «  Le meilleur candidat à la mairie de Montréal s’appelle Richard Bergeron. Il n’a aucune chance de gagner, parce qu’il est trop brillant pour jouer la petite game politique …»

Un jugement qui semble une flatteuse accolade… sauf quand on comprend que les Montréalais SAVENT que gérer cette ville va être une petite « game » politique … Quand le candidat Bergeron souligne la roublardise de Louise Harel qui a infiltré le parti Vision Montréal pour en prendre le contrôle et a presque réussi  en faire autant de Projet Montréal, il lui donne aussi involontairement l’accolade, car c’est cette roublardise qui sera souvent nécessaire au Maire de Montreal dans ses tractations avec les autres paliers de gouvernement, ses fournisseurs et ses employés.

Plutôt que de défier ses rivaux sur ce plan de l’astuce, Bergeron a pris pour stratégie de jouer à fond la carte de l’intégrité. Il l’a fait ostensiblement, en  mettant dans son camp camp le juge John Gomery, connu pour son rôle dans la Commission du même nom sur  le scandale des commandites.

Stratégie habile, car si les affaires de corruption dans l’administration municipale font la manchette des médias, il suffirait que le Maire Tremblay perde des points dans les sondages et ne paraisse plus avoir une chance de gagner, pour que le vote anti-Harel de la commuauté anglophone afflue vers Bergeron et le propulse en tête.  Un coup de dés…

Il y a aussi la “quatrième option”, Louise O’Sullivan. Ex-membre du Comité Exécutif, démissionnaire du Parti de Gerald Tremblay en  2005, elle est actuellement en retrait. Si les sondages lui donnaient une quelconque importance, toutefois, elle pourrait se rallier à l’un des autre partis à des conditions intéressantes… et ces élections la feront connaître…

Autre chose ?  Il y a Michel Brulé, l’éditeur, qui n’a jamais renié son intention annoncée en mai de se présenter comme candidat à la Mairie de Montréal. Silencieux pour l’instant, mais s’il faisait acte de candidature et capturait  le vote ultra-nationaliste que Louise Harel ne peut se permettre de courtiser, il brouillerait sérieusement les cartes…

https://nouvellesociete.wordpress.com/2009/05/07/michel-brule-l’incontournable/

Je meurs d’envie de voir les premiers vrais sondages..

Pierre JC Allard

 

304 « J’accuse… »   09.09.07

Il y a un mois, Olivier Cabanel publiait sur Agoravox un article bien ficelé où il relatait comment une journaliste d’investigation autrichienne, Jane Burgermeister, venait de déposer une plainte auprès du FBI, accusant l’Organisation Mondiale de la Santé, l’ONU, et diverses sommités politiques de vouloir commettre un génocide planétaire par la diffusion des vaccins anti H1N1.

On en a parlé… puis le football et la temperature, Sarkozy et Michael Jackson ont repris la vedette. Entre Melissa Thuriau face à Hortefeux et la fin du monde, il n’y a pas photo… n’est-ce pas… Pas besoin de camisole blanche ni de Haldol pour Jane, la simple inertie humaine aurait du déjà faire oublier ses accusations. Plus c’est gros, plus c’est facile à faire oublier: le meilleur scotome, c’est le patch noir.

S’il n’y avait que Jane Burgermeister à crier au meurtre, on l’aurait donc déja oublié. Mais il n’y a pas qu’elle. Le Web, tout à coup, est plein de references à des scenarios de fin du monde programmée. Le « 911 » a l’air d’une simple mise en bouche.

Ainsi, on a 2 410 000 réponses à une recherche sur Google pour «complot/pandémie », mais on trouve aussi 556 000 références pour les « Camps de la Fema », 600 camps « de concentration » aux USA, bien visibles sur Google Earth, avec des entrées caverneuses et des rangées de cercueuils qui attendent par centaines de milliers…. On a aussi 6 760 000 réponses pour « Illuminati.

Oh, on est encore loin de Mahomet (Mohamed) qui vous vaut 31 millions de réponses, des Beatles (49 millions) ou de Jesus Christ (51 millions). On est TRES loin de Michael Jackson, avec 202 millions de références… Mais il est clair qu’il n’y a pas que Jane qui accuse. Ils sont nombreux, dont François Marginean, bien sûr,  à accuser et il semble qu’ils sont des millions à vouloir parler de complots …

Tenez, prenez le docteur MARC VERCOUTERE – qui accuse et qui  est d’une impitoyable  clarté.  Il explique en cinq (5) points: 1 – le H1N1 est très contagieux mais non mortel (type grippe classique). 2 – le H5N1 est non contagieux, mais mortel dans 90% des cas. 3 – les vaccins combinés en cours de fabrication sont conçus pour le H5N1 et le H1N1. 4 – l’adjuvant des vaccins est du MF59 destructeur pour l’immunité. 5 – les antiviraux préconisés favorisent les commutations à savoir la transmission du patrimoine génétique d’un virus mort ou atténué à des cellules saines qui en retour ouvre la voie à une mutation génétique de virus in vivo.

En résumé, si l’on combine le H1N1 très contagieux (non mortel) au H5N1 non contagieux, mais mortel, on obtient un HxNx très contagieux et mortel. Le tout est favorisé par la chute des défenses immunitaires à cause du MF59 et les mutations possibles sont amplifiées par les antiviraux. Eh voila ! La grippe espagnole, la peste bubonique…

Vrai ou faux ? je ne sais pas, je n’y connais rien. Je ne suis pas médecin. Mais ce que dit le Dr Vercoutère est absolument sans ambiguité.  L’accusation est précise. Provocante.  Elle exige une réaction. J’ai fait asez de droit pour savoir que si ce que dit le DR MARC VERCOUTERE n’est pas vrai, il y a matière à lui faire des misères. Pourtant, l’État reste étrangement silencieux…

Il y a aussi le site Artemisia-college qui diffuse une charge ininterrompue depuis des mois, montrant la perfidie des intervenants, les dangers de la vaccination et incitant la population à ne pas s’y soumettre.   Il y en a bien d’autres. Il y a présentement des milliers de Zola sur l’Internet qui accuse l’État, soit de collaborer à une gigantesque escroquerie au profit des compagnies pharmaceutiques, soit, dans un scénario encore bien plus sinistre, de préparer l’extermination d’une large part de l’humanité !

Mais l’État n’intervient toujours pas…  Dire que ‘ »C’est trop absurde » n’est pas convaincant.  Surtout ici en France, quand des ministres intentent  des procès parce qu’on les traite de menteurs… Je trouve  choquant que l’État qui dépense un milliard pour des vaccins n’ait pas  cent sous pour nous rassurer…  Je suis perplexe.

Personnellement, JE NE CROIS PAS à un complot pour exterminer une large part de l’humanité. Comme je suis  absolument convaincu, cependant,  que la politique n’est que l’épitôme d’un enchevêtrement byzantin de complots qui constitue le plus clair de l’activité humaine, je m’interroge. À quoi joue-t-on ?

L’ampleur de la propagande CONTRE la vaccination laisse supposer une campagne bien orchestrée.  Que l’on laisse cette  campagne se dérouler en toute impunité suggère que le gouvernement n’y voit pas de mal.  J’essaie donc de penser à un cas de figure où le système aurait intérêt à lancer une campagne de vaccination… tout en créant une forte résistance à cette campagne…

Je n’en vois qu’un : la volonté de créer une polémique et un panique telles autour da la grippe et du vaccin, que tous les autres événements ne suscitent plus beaucoup d’intérêt et passent au second plan.  De quoi diable voudrait-on à ce point détourner l’attention…. ? Je réfléchis. Si vous trouvez avant moi, vous me le dites, n’est ce pas ?

Pierre JC Allard

305. Les anticomplotistes   09.09.11

En ce 11 septembre, il est bon de se rappeler que tout n’a pas commencé avec la chute des tours du World Trade Center le «911», même si c’est à partir de là que c’est devenu très grave. Il y a toujours eu des gens pour penser que l’explosion du «Maine», le bombardement de Pearl Harbour, le soin qu’on a mis a ce que Hess ne raconte jamais son histoire et mille autre faits pouvaient cacher autre chose. Pour chacun qui l’a pensé, il y a eu quelqu’un pour dire «paranoia!».

À chaque complot vrai ou présumé, il y a ceux qui y croient… et ceux qui n’y croient pas. Il y a toujours eu des gens naïfs qui croient à toutes les rumeurs de complots… et d’autre encore plus naïfs qui pensent qu’il n’y a jamais de complots: les «anticomplotistes». A partir d’un certain seuil, l’anticomplotisme est une forme de stupidité.

Une stupidité, car dès que deux personnes qui visent un but arriment leurs actions et font en sorte que les autres ne le sachent pas, il y a un complot. Toutes les transaction d’affaires sont des complots. Toutes les stratégies sont des complots. La plupart des rendez-vous galants sont des complots et ce qu’on en dit dans les «powder rooms» en révèle bien d’autres…

Penser que les partis politiques relatent des faits véridiques et les commentent en toute franchise, sans autre but que le bien du peuple, est d’une naïveté qui confine à la stupidité. Croire que quoi que ce soit qu’on nous dit est bien «toute la vérité et rien que la vérité» est une faiblesse de jocrisse.

Je suis donc un peu las de voir des gens qu’on souhaiterait plus doués ou moins hypocrites, déchirer leurs vêtements d’indignation quand on leur dit que la crise financière actuelle est un complot. Elle n’est pas un complot parce qu’elle n’est pas bien réelle, mais parce qu’elle n’a pas eu les causes qu’on nous dit et mènera encore moins aux conséquences qu’on nous annonce.

Elle est un complot parce que tout ce qui bouge dans l’univers politico-financier ne cherche pas à la régler, mais à en tirer parti pour ses propres intérêts. Cela vaut aussi pour ceux chez-nous qui proposent des solutions à la crise, en disant le moins possible sur les moyens qu’ils prendront pour la résoudre, ce qui leur donne la plus grande liberté de manœuvre pour danser ça en tango.

Quand vous vous serez jeté dans leur bras, ce sera un pas en arrière aussi souvent qu’un pas en avant… et on vous collera de très, très près. Ne croyez pas trop que vos partenaires vous aiment. Le tango a été d’abord une danse de voyous.

Politicien ou financier, regardez votre danseur mondain dans les yeux: vous verrez «complot» au fond de sa prunelle.

Pierre JC Allard

306. Google. La pensée en liberté 09 09 16

L’Histoire commence avec l’écriture. Dans ce qui vient avant, on cherche des traces, après on lit les signes. Si l’humanité a fait quelques pas depuis 5 000 ans, c’est surtout parce qu’on a pris des notes et qu’on a ajouté une mémoire collective à nos mémoires individuelles. On a vite compris qu’on voyait plus loin si on grimpait sur les épaules des autres. Celles des « géants », comme Bernard de Chartre l’aurait dit et comme Newton l’a fameusement répété. Or, les épaules des géants, ce sont les textes qu’ils nous ont laissés.

Quand est venue l’imprimerie, des nains on pu se joindre aux géants pour amonceler leurs pierres et la pyramide s’est élevée plus vite. Lecture, réflexion, découverte, science, techniques… En haut de la pyramide du savoir, à laquelle chacun peut contribuer, on a trouvé l’industrie et l’abondance. Quand le Timespour marquer l’An 2 000 a choisi Gutenberg comme « Homme du Millénaire », ce n’était vraiment pas bête. Malheureusement, quand le savoir apporte la richesse, le pouvoir est jaloux du savoir.

L’Église, d’abord, s’est approprié le site et a bâti un mur d’interdits : ne montait pas qui voulait à la pyramide du savoir. Pas les femmes, pas les pauvres, pas les autres… Alors la pyramide a grandi, mais moins vite qu’elle ne l’aurait fait si on avait tous pu y grimper et apporter son caillou. Dommage… L’Église est partie, mais il est resté un mur et, même aujourd’hui, ne monte pas toujours qui veut au savoir.

Il y a un guichet et un prix à payer pour lire et savoir. A l’entrée, comme cerbères, il y a la faune des éditeurs, imprimeurs, distributeurs, agents, libraires et que sais-je qui barbotent autour du livre, pour contrôler et faire payer l’accès à l’écrit et à la culture. Oh, il y a bien quelques petits sentiers qui permettent de se faufiler et d’atteindre la connaissance sans payer le prix qu’en exigent ceux qui la tiennent en otage, mais il faut se battre… ou tricher.

Ce qui est inacceptable, car avec l’Internet est venue la possibilité concrète de donner à tous l’accès à toute connaissance et à toute culture. Le temps est venu de la bibliothèque universelle, virtuelle, globale, exhaustive. L’objectif final, c’est que tout ce qui a été écrit et qu’on a conservé, tout ce qu’on a publié et tout ce qu’on publiera soit disponible en ligne.

Pas seulement la littérature, dite grande ou petite, mais aussi les journaux, les périodiques, les manuels et tout le corpus des travaux de recherche scientifique que leurs auteurs souhaitent publier et qui constituent l’état de la science et de la technique. Il faut que tout ça puisse apparaître à l’écran de l’usager et être imprimé à sa discrétion SANS FRAIS. Il est impérieux qu’on abatte le mur et les guichets élevés ceux qui se sont arrogé un droit de cuissage sur l’écriture et sont en fait les geôliers de la culture. Il faut détruire le mur.

Crucial, car si tous peuvent avoir accès à tout ce que la mémoire collective a accumulé, chacun partira de plus haut pour aller poser sa pierre. La pyramide grandira BEAUCOUP plus vite. C’est la voie du progrès, du développement, de l’enrichissement comme du plaisir qu’apporte la culture. L’humain a choisi l’arbre de la connaissance. Il faut en cueillir tous les fruits et inviter tout le monde à table. TOUT ÊTRE HUMAIN A DROIT À TOUTE LA CONNAISSANCE. Nous devons tous avoir accès à tout ce qui a été écrit depuis toujours. C’est notre patrimoine.

C’est le devoir et ce doit être la responsabilité de la société de s’approprier toute connaissance et toute culture et de les mettre gratuitement à la disposition de tous ses citoyens. C’est à l’État, mandaté par nous tous, de rémunérer les auteurs et tous les créateurs pour les motiver à produire plus et mieux, mais la propriété de ce qui est pensé et créé ne peut être que collective et son usage ne peut être que libre pour tous. L’État qui ne le fait pas ne fait pas son travail.

On trahit la culture française en ne le faisant pas, car la prochaine génération ne prendra connaissance que de ce qui aura été numérisé. Or, la Bibliothèque Nationale de France, qui détient 13 000 000 de documents, n’a réussi à ce jour qu’à en numériser que 300 000 en format texte – environ 2% ! – et l’Association des archivistes français déplore la disparition de la Direction des archives de France, diluée dans une « Direction générale des patrimoines de France », dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP)…
Pendant qu’on tergiverse, Google, qui a numérisé 10 000 000 de documents aux USA, presse le pas et part même en croisade pour sauver aussi les « petites cultures », numérisant tout gratuitement, contre l’engagement d’un accès public gratuit. C’est ainsi qu’on est à compléter la numérisation de la bibliothèque de Barcelone, en catalan… Google est le Chevalier qui vient abattre le mur et libérer la pensée. Il y parvient en deux (2) opérations dont les effets se complètent.

La première, c’est cette numérisation de tous les documents écrits. Un travail colossal, mais indispensable dont j’ai parlé il y a longtemps. La deuxième, c’est une procédure pratique et efficace que Google vient d’annoncer, pour rémunérer ceux qui écrivent.

Il était difficile de payer sur Internet de tout petits montants. Google va intervenir pour consolider les petits paiements de chaque lecteur à tous les auteurs… et les versement à chaque auteur de ses nombreux lecteurs. Chaque auteur pourra ainsi devenir autonome et vendre lui-même sa prose, dont Google fait aussi la promotion méthodique. Intelligente. Gratuite.

Aujourd’hui, l’auteur ne touche que 6, 8 ou 10% des 20, 30, 40 euros que coûte un bouquin. Via l’Internet et Google, l’auteur ne touchera peut-être que 1/100e ou 1/200e de centime du mot pour ses écrits, mais à ce prix, des dizaines ou des centaines de milliers, voire des millions de gens voudront le lire…. C’est par là que passe la rentabilité future du métier d’écrivain.

Numérisation et micro paiements permettent de briser les barreaux de la prison et de libérer la pensée. Google, bien sûr, veut aussi numériser la France. À la rage folle de l’élite de ce qui y scribouille. Le Syndicat national de l’Edition française (SNE), ne veut pas comprendre que Google est là pour aider notre vieille connaissance, Quidam Lambda, héritier de la même culture que le SNE et qui paye sa quote-part de son entretien, mais à qui on n’envoie pas des exemplaires gratuits des espoirs au Goncourt et au Renaudot pour avoir son avis.Le SNE ne comprend pas que QL, qui paye pour ses livres, en a marre de les payer au prix fort, pas pour mettre du beurre sur les épinards des écrivains, mais pour faire vivre la faune des geôliers de la culture. Le SNE qui a visiblement fait le choix de grenouiller et de grouiller, monte aux barricades contre le projet Google.

Le 4 septembre dernier, le ministère de la Culture et de la Communication a adressé “ses observations sur le projet de transaction” au tribunal américain chargé de vérifier la légalité des ententes entre Google et les autres intervenants. Le SNE allègue que l’intervention de Google est “non conforme” au droit de la propriété intellectuelle et au droit de la concurrence.

Même son de cloche à l’occasion des auditions de Google Books devant la Commission européenne : “cette affaire (intervention Google gratuite) pose une question de principe” : le respect du droit d’auteur qui garantit la rémunération des créateurs et fonde la diversité culturelle..

Bullshit (selles de bœuf) ! Tout le monde est pour la rémunération des créateurs. Il faut seulement affirmer que c’est à l‘État de le faire, selon le consensus social et d’assurer ainsi vraiment l’égalité d’accès au savoir et à la culture. Tout le monde est aussi pour la diversité culturelle. Il faut simplement cesser de dire des âneries et favoriser la diffusion des diverses productions culturelles si on veut qu’elles survivent.

Il est temps de dire que, comme vecteur d’un message, enveloppe d’une oeuvre, contenant d’un contenu, le livre est l’accessoire. C’est un bel objet qui a sa place dans les musées, mais Il n’y a plus de raison pour que tout ce qui est écrit ne soit pas accessible à tous. Il faut arracher la culture à ses geôliers qui tirent une rente d’en réclamer itérativement la rançon. Il est temps que l’âme de l’écrit échappe à son enveloppe matérielle et s’envole, immortelle, sur les ailes de Internet. LIBRE.

Vivement la pensée en liberté ! J’aurais préféré que l’État la libère, mais peut-on espérer une bonne action de ceux qui ont imaginé HADOPI. Ici, c’est Google le preux chevalier. On peut trouver que Du Guesclin est laid et dire qu’on n’aime pas les Bretons… mais c’est lui qui vient sauver la France.

Le SNE et ceux qui le soutiennent concoctent une mixture délétère de chauvinisme et de corporatisme qui leur permettrait de momifier la culture francaise. Il faut les ignorer. Tout ce qu’à pensé l’homme est à toute l’humanité. Google va numériser ? Vivement Google.

Pierre JC Allard

307. Délation et bonne conscience   09.09.21

Dans l’Essonne, en banlieue parisienne, on va tenter de promouvoir une nouvelle et audacieuse approche pour assurer l’ordre : la délation. Nous allons bientôt entrer dans le signe de la Balance… Nouvelle, c’est vite dit, car d’Adam à Eve et d’Eve au Serpent, on était déjà en pleine délation et, à Venise, on mettait déjà discrètement les médisances « dans la bouche du lion ».

Pas de doute, toutefois que ce ne soit une approche audacieuse. Car alors que l’espion est parfois perçu comme un héros, le délateur, lui, le « stool », la « balance», il a vraiment mauvaise presse… Pourquoi ne denonce-t-on pas fièrement, avec la satisfaction du devoir accompli ? Surtout maintenant que la dénonciation est indispensable ?

Indispensable ? Eh oui… Parce que, contrariant la lecture qu’on a voulu faire de l’évolution du rapport des forces entre l’individu et la société, l’individu ne devient pas sans défense face à la société; c’est la société qui devient d’autant plus vulnérable qu’elle devient plus complexe. La technique moderne permet désormais à chacun de porter dans une mallette, sinon dans sa poche, le virus ou le gaz qui causera à la société un dommage colossal, voire fatal. Depuis le 9/11 et l’incident du métro de Tokyo, on peut tenir ce point pour avéré. Cette société ne survivra que si chacun prend sur lui de surveiller son voisin. De lui sauter dessus s’il y a urgence, au moins de le dénoncer s’il est suspect.

Une sécurité publique qui n’est plus l’affaire de tous n’apporte plus la sécurité qu’on voudrait. Un système de sécurité publique ne peut plus fonctionner correctement que si tous les citoyens sont essentiellement d’accord avec la loi et se sentent solidaires des gestes posés pour assurer son application. La première condition de la sécurité publique, c’est un soutien inconditionnel à la loi.

L’ordre ne peut donc plus être maintenu que s’il existe un large consensus quant à la légitimité du pouvoir et quant à l’équité fondamentale de la loi. Ce consensus est le basilaire, le palier “0″ sur lequel on peut construire l’édifice de la sécurité publique. Une société doit inspirer le respect, être perçue comme légitime et ses lois doivent jouir d’un soutien inconditionnel.

Or ce soutien n’est possible que si une majorité effective de la population croit que la loi est juste. Le citoyen d’une démocratie doit avoir bonne conscience. Dans la société actuelle, il ne l’a pas. Les assises du basilaire sont lézardées et ce soutien inconditionnel n’existe plus. Pour deux (2) raisons fondamentales.

La première, c’est que notre société est gérée par un système dont les règles sont perçues intuitivement comme iniques, puisqu’elles mènent à des injustices intolérables et croissantes. Dans le contexte de misère qui prévaut presque partout, il n’est plus toujours évident de déterminer qui, du “criminel” ou de la société, a le bon droit de son côté. Doit-on faire trébucher l’enfant qui fuit avec un quignon de pain ou le gendarme qui le poursuit ? Ce dilemme est une réalité quotidienne dans les marchés publics des trois-quarts des villes du monde.

Comment demander au citoyen moyen d’être ABSOLUMENT contre le vol, s’il y a des millions d’individus dans la société pour qui le vol est l’unique accès aux besoins essentiels à leur survie? Notre société a bien raison d’avoir mauvaise conscience, parce qu’elle ne fait pas ce qu’elle devrait faire pour assurer droits, gîte, couvert, services et espoirs à tout le monde. Parce qu’elle ne le fait pas, on ne peut lui reconnaître le droit moral ABSOLU de sévir contre ceux qui transgressent la loi, puisqu’il en est qui ne le font que pour en pallier les criantes injustices.

Le mot-clef, ici, est “absolument”. Aussi longtemps que les conditions sont telles que la société et ses lois ne sont pas perçues comme absolument justes, le droit moral absolu pour une société de faire respecter ses lois est remis en question et cède la place à une casuistique. Nul ne sachant plus très bien si chapardeurs, fraudeurs d’impôts, travailleurs au noir et contestataires n’ont pas le bon droit de leur côté, chacun s’arroge le droit de décider au cas par cas du soutien qu’il doit accorder à la loi.

Comment intervenir si on ne sait plus qui a tort, de celui qui s’enfuit ou de celui qui le pourchasse ? Que ce dernier, d’ailleurs, porte ou non un uniforme. Quand on entre dans le champ de la casuistique, on ne peut attendre du citoyen le soutien inconditionnel de la loi. Il en prend et il en laisse. La première lézarde dans les assises de la loi, c’est l’iniquité de la société qui transparaît dans la misère qu’elle crée.

Il y a une deuxième lézarde : l’ingérence indue de la loi dans des domaines où elle apparaît si bête qu’on ne peut que penser qu’elle sert des intérêts sordides. La population accueille avec une immense tolérance les écarts à toutes les prohibitions qui voudraient interdire à des adultes des choix qui ne concernent qu’eux. On ne peut respecter une loi qui s’attaque en priorité à la culture du pavot plutôt qu’au viol des enfants.

Pour que renaisse un soutien inconditionnel de la loi, il faudrait que les lois expriment une volonté collective de justice conforme à la morale des citoyens. Il faudrait d’abord que le crime soit toujours être perçu comme odieux, mais il faudrait aussi que la loi, se bornant à interdire ce qui porte atteinte aux droits et à la liberté, ne se discrédite plus en consacrant la plus grande partie de ses ressources à imposer des prohibitions futiles.

La population a mauvaise conscience et ne soutient plus la loi. Parce qu’elle ne la soutient plus, la sécurité publique semble devenir la seule responsabilité des professionnels de la police et du droit, ce qui fait peu à peu de ceux-ci des éléments étrangers dans le corps social. Des greffons que ce corps rejette. Cette absence de complicité entre les citoyens ordinaires et ceux qui doivent assurer l’ordre pose obstacle à la délation. Elle est aussi le premier pas vers la fin de la démocratie.

La population doute de la capacité – et de la volonté même – de l’État de faire respecter la justice. Pourquoi ceux dont c’est le rôle de protéger la société, résisteraient-ils à la tentation de la corruption, quand le système qui régit la société semble gérer une opération de rapine institutionnalisée? Si ceux dont c’est la mission de maintenir la sécurité publique ne peuvent plus avoir la conviction d’être du côté du bien, pourquoi ne participeraient-ils pas à la curée en utilisant le pouvoir dont ils disposent?

Dans l’imaginaire populaire, les politiciens deviennent corrompus, les gestionnaires vénaux, les policiers pourris et ce n’est plus de la société

L’Histoire commence avec l’écriture. Dans ce qui vient avant, on cherche des traces, après on lit les signes. Si l’humanité a fait quelques pas depuis 5 000 ans, c’est surtout parce qu’on a pris des notes et qu’on a ajouté une mémoire collective à nos mémoires individuelles. On a vite compris qu’on voyait plus loin si on grimpait sur les épaules des autres. Celles des « géants », comme Bernard de Chartre l’aurait dit et comme Newton l’a fameusement répété. Or, les épaules des géants, ce sont les textes qu’ils nous ont laissés.

Quand est venue l’imprimerie, des nains on pu se joindre aux géants pour amonceler leurs pierres et la pyramide s’est élevée plus vite. Lecture, réflexion, découverte, science, techniques… En haut de la pyramide du savoir, à laquelle chacun peut contribuer, on a trouvé l’industrie et l’abondance. Quand le Times pour marquer l’An 2 000 a choisi Gutenberg comme « Homme du Millénaire », ce n’était vraiment pas bête. Malheureusement, quand le savoir apporte la richesse, le pouvoir est jaloux du savoir.

L’Église, d’abord, s’est approprié le site et a bâti un mur d’interdits : ne montait pas qui voulait à la pyramide du savoir. Pas les femmes, pas les pauvres, pas les autres… Alors la pyramide a grandi, mais moins vite qu’elle ne l’aurait fait si on avait tous pu y grimper et apporter son caillou. Dommage… L’Église est partie, mais il est resté un mur et, même aujourd’hui, ne monte pas toujours qui veut au savoir.

Il y a un guichet et un prix à payer pour lire et savoir. A l’entrée, comme cerbères, il y a la faune des éditeurs, imprimeurs, distributeurs, agents, libraires et que sais-je qui barbotent autour du livre, pour contrôler et faire payer l’accès à l’écrit et à la culture. Oh, il y a bien quelques petits sentiers qui permettent de se faufiler et d’atteindre la connaissance sans payer le prix qu’en exigent ceux qui la tiennent en otage, mais il faut se battre… ou tricher.

Ce qui est inacceptable, car avec l’Internet est venue la possibilité concrète de donner à tous l’accès à toute connaissance et à toute culture. Le temps est venu de la bibliothèque universelle, virtuelle, globale, exhaustive. L’objectif final, c’est que tout ce qui a été écrit et qu’on a conservé, tout ce qu’on a publié et tout ce qu’on publiera soit disponible en ligne.

Pas seulement la littérature, dite grande ou petite, mais aussi les journaux, les périodiques, les manuels et tout le corpus des travaux de recherche scientifique que leurs auteurs souhaitent publier et qui constituent l’état de la science et de la technique. Il faut que tout ça puisse apparaître à l’écran de l’usager et être imprimé à sa discrétion SANS FRAIS. Il est impérieux qu’on abatte le mur et les guichets élevés ceux qui se sont arrogé un droit de cuissage sur l’écriture et sont en fait les geôliers de la culture. Il faut détruire le mur.

Crucial, car si tous peuvent avoir accès à tout ce que la mémoire collective a accumulé, chacun partira de plus haut pour aller poser sa pierre. La pyramide grandira BEAUCOUP plus vite. C’est la voie du progrès, du développement, de l’enrichissement comme du plaisir qu’apporte la culture. L’humain a choisi l’arbre de la connaissance. Il faut en cueillir tous les fruits et inviter tout le monde à table. TOUT ÊTRE HUMAIN A DROIT À TOUTE LA CONNAISSANCE. Nous devons tous avoir accès à tout ce qui a été écrit depuis toujours. C’est notre patrimoine.

C’est le devoir et ce doit être la responsabilité de la société de s’approprier toute connaissance et toute culture et de les mettre gratuitement à la disposition de tous ses citoyens. C’est à l’État, mandaté par nous tous, de rémunérer les auteurs et tous les créateurs pour les motiver à produire plus et mieux, mais la propriété de ce qui est pensé et créé ne peut être que collective et son usage ne peut être que libre pour tous. L’État qui ne le fait pas ne fait pas son travail.

On trahit la culture française en ne le faisant pas, car la prochaine génération ne prendra connaissance que de ce qui aura été numérisé. Or, la Bibliothèque Nationale de France, qui détient 13 000 000 de documents, n’a réussi à ce jour qu’à en numériser que 300 000 en format texte – environ 2% ! – et l’Association des archivistes français déplore la disparition de la Direction des archives de France, diluée dans une « Direction générale des patrimoines de France », dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP)…
Pendant qu’on tergiverse, Google, qui a numérisé 10 000 000 de documents aux USA, presse le pas et part même en croisade pour sauver aussi les « petites cultures », numérisant tout gratuitement, contre l’engagement d’un accès public gratuit. C’est ainsi qu’on est à compléter la numérisation de la bibliothèque de Barcelone, en catalan… Google est le Chevalier qui vient abattre le mur et libérer la pensée. Il y parvient en deux (2) opérations dont les effets se complètent.

La première, c’est cette numérisation de tous les documents écrits. Un travail colossal, mais indispensable dont j’ai parlé il y a longtemps. La deuxième, c’est une procédure pratique et efficace que Google vient d’annoncer, pour rémunérer ceux qui écrivent.

Il était difficile de payer sur Internet de tout petits montants. Google va intervenir pour consolider les petits paiements de chaque lecteur à tous les auteurs… et les versement à chaque auteur de ses nombreux lecteurs. Chaque auteur pourra ainsi devenir autonome et vendre lui-même sa prose, dont Google fait aussi la promotion méthodique. Intelligente. Gratuite.

Aujourd’hui, l’auteur ne touche que 6, 8 ou 10% des 20, 30, 40 euros que coûte un bouquin. Via l’Internet et Google, l’auteur ne touchera peut-être que 1/100e ou 1/200e de centime du mot pour ses écrits, mais à ce prix, des dizaines ou des centaines de milliers, voire des millions de gens voudront le lire…. C’est par là que passe la rentabilité future du métier d’écrivain.

Numérisation et micro paiements permettent de briser les barreaux de la prison et de libérer la pensée. Google, bien sûr, veut aussi numériser la France. À la rage folle de l’élite de ce qui y scribouille. Le Syndicat national de l’Edition française (SNE), ne veut pas comprendre que Google est là pour aider notre vieille connaissance, Quidam Lambda, héritier de la même culture que le SNE et qui paye sa quote-part de son entretien, mais à qui on n’envoie pas des exemplaires gratuits des espoirs au Goncourt et au Renaudot pour avoir son avis.

que vient la protection: la justice est trop lente et trop faible. Cela conduit à la recherche de solutions de rechanges: port d’armes, gardes privés, villes murées. Les modèles d’imitation changent. Les héros de la télévision sont les justiciers privés: les policiers et militaires qui défient le système et font triompher la justice MALGRÉ les ordres reçus.

Cela conduit aussi à une mutation des valeurs, celles-ci s’accommodant d’une nouvelle réalité qui n’est plus tout à fait celle d’un État de droit. Une part croissante de la population, aujourd’hui, ne fait plus confiance à la police ni aux tribunaux. Il n’existe donc plus de solidarité active contre les éléments criminels dynamiques, gangs et mafias de tout genre, pour qui le désordre est une opportunité. L’État de droit n’est plus soutenu que du bout des lèvres et, sans nous en rendre compte, nous allons ainsi droit vers un dilemme entre fascisme et anarchie. C’est dans ce contexte que s’inscrit le refus de la délation.

La réaction de la population dans l’Essonne nous montrera où nous en sommes sur le plan de la bonne conscience. Or soyons lucides. Sans cette bonne conscience, l’insurrection est là, passive… Elle n’attend que le déclencheur pour s’activer.

Pierre JC Allard

308. Trancher ce chef qui ne sait rien voir   09.09.26

Comme dans Starmania, « il se passe quelque chose à Metropolis ». Aux Hexagonaux qui pensent que les égouts de Clearstream ont reflué dans la Seine, je dis : consolez vous, on a en a aussi plein les arpents de neige.. Et au pays des grands espaces, c’est toujours plus gros. Pas dans le sens de long et de large, mais dans le sens d’épais et de mal dégrossi…

Pourquoi je vous en parle à vous ? Parce que ça me permet de prendre un peu de distance et de résister à la tentation d’aller lancer des cailloux sur ce balcon d’où de Gaulle a parlé. Mal dégrossi ? Tenez, jugez par vous mêmes. ….

«Aujourd’hui, on a eu l’occasion de démontrer hors de tout doute que c’est un bon projet pour Montréal, que c’est un coût qui est très compétitif à comparer avec Toronto et Ottawa, et finalement, que c’est un processus transparent, qui respecte les règles de l’art» …..

«Le vérificateur général conclut que le contrat a été octroyé dans un contexte qui ne favorisait pas l’obtention du meilleur prix. À l’évidence, il y a eu des accrocs à des étapes cruciales du processus, qui m’apparaissent inacceptables. »

On parle bien du même contrat. Un contrat pour l’installation de compteurs d’eaux, prévu pour 32 millions de dollars au départ et qu’on évalue maintenant à 618 millions… Et c’est bien le même homme qui parle : Gerald Tremblay, Maire de Montréal. La première déclaration est du printemps, la seconde de l’automne ; l’été à porté conseil ? En fait, l’été a apporté bien des critiques, mais une seule a été entendue : une critique assassine du Vérificateur général – pensez Cour des comptes – qui ne laisse pas indemne un seul aspect de ce contrat. Un massacre.

Plein de trous, d’erreurs, de souçons de malversation et de corruption. Surtout, des clauses importantes de ce contrat – le plus important de l’histoire de la ville – ont été modifiées en cours de route, sans que le Comité Exécutif, l’organisme responsable pour la ville en ait été même avisé. Rien de subtil. Cette casserole est une casserole.

Ainsi, le fardeau du financement du projet a été transporté du fournisseur de services, le consorcium GÉNIeau… à la Ville elle-même ! …. Inusité… et un changement qui vaut de l’or pour le fournisseur, quand on parle de centaines de millions de dollar et d’un projet dont la côut initial s’est multiplié par 19 !

Ces faits amènent un chroniqueur vedette du plus grand quotidien de la ville (Yves Boisvert, de La Presse) à paler d’un “ plan croche monté par des gens croches”. – « On n’a pas la preuve« , dit-il, « mais pour qui sait lire, c’est l’histoire d’une collusion et d’un trucage »…. Ca paraît mal… Or, vous ai-je dit qu’il y a des élections à Montréal ce premier novembre 2009 et que le Maire – et toutes les autres créatures politiques mêlées à cette affaire – vont devoir faire face au jugement des électeurs leurs créateurs ? Alors Monsieur le Maire a réagi…

Le Maire Tremblay, a réagi en montrant la porte au Directeur général et au Directeur principal du Service des affaires corporatives, les deux (2) plus importants fonctionnaires de la ville. Deux fidèles de la première heure de sa garde prétorienne politique. Les deux épaules, pourrait-on on dire, que couronne le chef de cette administration municipale. On a donc le scénario traditionnel. Trahi par ses lieutenants, un maire, victime innocente qui n’a rien vu, corrige énergiquement la situation. Circulez, plus rien a voir…

Un scénario d’autant plus crédible, que l’épaule qui aurait dû se soulever pour bloquer ce jab et que le chef ne le prenne pas en pleine gueule n’en est pas a sa première distraction. Le Directeur principal du Service des affaires corporatives qui n’a rien vu n’est pas un inconnu. Avocat, c’est lui, il y a quelques mois, qui avait suggéré qu’on procède à une privatisation partielle de la Société d’Habitation et de Développement de Montréal en s’appuyant sur un avis juridique interne, plutôt que d’en référer à Québec.

Une malencontreuse décision, contestée dès le départ, qui a conduit à des operations troubles et finalement à une enquête policière toujours en cours.

On a donc « ce pelé, ce galeux d’où nous vient tout le mal » et le maire peut flotter allègrement au dessus des nuages… À moins qu’on ne se demande pourquoi ce premier problème est arrivé sans que le Maire y voit clair… et pourquoi il a laissé en place le responsable, lui permettant une autre erreur à laquelle le Maire n’a pu non plus rien voir… Et quand on se le demande, on voit d’autres faits gênants.

D’abord, les deux « congédiés » ne l’ont pas été, même si le rapport du Vérificateur général laisse supposer un faute grave qui l’aurait justifié ; ils sont “partis”… avec une indemnité de départ qui représente au total 426 564 $. Même en leur donnant le bénéfice du doute qu’il ne s’agit que d’incompétence, c’est une bien jolie prime à l’incompétence.

Et ce n’est pas tout… Quand le Chef de l’opposition officielle de cette démocratie quasi parlementaire qu’est la gouvernance de Montréal propose de réunir d’urgence les élus en conseil extraordinaire pour annuler le contrat de GENIeau au plus tôt et limiter les dégâts, le maire s’y oppose. Il préfère que « le contentieux de la Ville se penche calmement sur la procédure d’annulation du contrat... », renvoyant l’annulation du contrat en novembre, après les élections, ce qui occasionnera des millions de dollars de frais supplémentaires aux Montréalais !

Dans cette affaire nauséeuse de plus d’un demi milliard de dollars, ces petits millions paraissent une vétille, mais n’a-t-on pas l’impression d’un vieux film en noir et blanc, quand le cambrioleur qui a embarqué les Rembrandt du château prend le temps de mettre le pot de caviar du frigo dans sa poche avant de quitter les lieux du forfait ?

Jean Cournoyer, un de mes vieux confrères de classe, ex-politicien devenu journaliste, disait hier du Maire Temblay : « Si j’étais lui, je sacrerais mon camp » C’est l’opinion de la plupart des gens que je rencontre, lesquels sembleraient souhaiter qu’il laisse a son parti la chance de présenter un autre candidat… Mais rien ne permet de croire que Gerald Tremblay ne se présentera pas malgré tout à ces élections. On sent chez ceux qui trempent dans cette histoire la désinvolture qui accompagne l’assurance d’une parfaite impunité, comme s’il n’y avait nulle part un pouvoir et une justice qui pourraient intervenir.

Ce qui suscite des questionnements, car ce pouvoir qui pourrait intervnir, c’est celui du gouvernement – Libéral – du Québec. Or le maire est un ancien ministre Libéral, et cette administration qu’on pourrait soupçonner de piller Montréal sans aucune vergogne est une cohorte d’anciens libéraux que Gerald Tremblay y a trainée dans son sillage.

Denis Lessard, comme Boisvert un journaliste respecté, publie aujourd’hui une liste édifiante des liens entre l’administration Tremblay et ce gouvernement de Québec qui devrait la surveiller… et toute une liste de projets qui semblent une caution de cette administration.

Aggravant l’inquiétude, ce Gouvernement Charest à Québec rejette du revers de la main la proposition d’une enquête publique sur les nombreuses allégations de malversations dans le secteur de la construction dont cette affaire de compteurs d’eau semble un simple élément.

On découvre aussi que la firme Pricewaterhouse, dans un rapport de 2006 qu’on avait gardé jusqu’ici bien discret, disait que le processus d’appel d’offre de la Ville était vicié, ne permettait pas une véritable concurrence et conduisait à ne donner les contrats qu’a une demi-douzaine de compagnies… Comme celles du consortium GENIeau, par exemple. Ce qui rappelle que le Gouvernement de Québec a aussi la responsabilité de jeter un oeil sur ces procédures d’appels d’offres… On est un peu inquiet.

Alors, chers cousins, une bonne pensée pour nous. Car quand des amis qui vivent pour l’indépendance du Québec me demandent si la Cour Supérieure – une juridiction fédérale – n’a pas un droit de contrôle sur toutes ces choses et si la Gendarmerie Royale du Canada ne pourrait pas en dernier recours nettoyer ces écuries d’Augias, je sens que avons quelques ennuis, nous aussi… Pour cette question de la GRC, j’ai dit que je me renseignerais…

Pierre JC Allard

309. Quand la misère fait bander 09.10. 09

Brassens pensait à Fernande.   Il y en a pour qui c’est plus compliqué.  Plus discutable…  Ainsi, quand un certain Mitterand,  pas le grand Mitterand,  mais son neveu qui est  tout de même aujourd’hui, de son état, Ministre de la culture de la République française, vient se vanter dans un livre à succès d’avoir honorer de sa clientèle ces bouges de Bangkok où l’on tient captifs des enfants des deux sexes  pour le plaisir des pédophiles du monde entier, ça fait  discuter.

Quand Monsieur le Ministre nous explique  que c’est divin, dans le sens du Marquis, le tourisme sexuel, et nous dit :  « ces rituels de foire aux éphèbes, de marché aux esclaves m’excitent énormément et… ce  spectacle me plait, au delà du raisonnable »….    Ça fait jaser.

Ça fait jaser beaucoup.  200 000 visites en 24 heures, seulement sur les sites de Rue 89 et d’Agoravox.  La France s’est scindée en deux clans,  et il semble bien que quiconque restera neutre se fera marcher dessus… Une affaire Dreyfus, mais à l’âge de l’Internet et des blogues.  La France, qui piaffe impatiemment sur la berge attendant qu’on lui dise quelles immondices le courant Clerastream charrie, va ainsi pouvoir s’ébattre tout de suite dans un autre ruisseau fangeux.

C’est un merdier plus facile d’accès, car les méandres et les trous du lit de Clearstream peuvent  être  ardus à  négocier quand on n’a pas la badge de nageur en eaux troubles ….  Alors  que  Lambda et sa dame, même à  leur plus quidam, comprennent tout de suite que les guili-guilis payés cent sous au tiers monde, avec des  pubères et pré-pubères tenus en esclavage et battus pour performer, ne collent pas du tout avec cette « certaine image de la France » dont parlait le Général.

Tout le monde le voit…   Ce qui crée problème,  car ce  scandale arrive au moment précis où beaucoup – peut-être une majorité –  de Français sont si las de la corruption du népotisme et de la magouille de leurs élites politiques, qu’ils souhaiteraient  les jeter tous « en un sac en Seine » comme Buridan ou, plus hygiéniquement, les mettre dans le premier égoût..  Ce scandale exemplaire, s’il faisait consensus,  apporterait l’occasion d’un autre  clivage qu’entre la  Gauche et la  Droite, créant  l’occasion d’une « union sacrée » des  Propres contre les Malpropres.   Un leadership à prendre….  Évidemment, les politiciens s’empressent de se positionner selon ce nouveau critère. … et la course démarre.

De loin en tête, au premier virage, Marine Le Pen du Front National.   C’est elle qui a eu le génie de trouver et de diffuser  les aveux nauséabonds du Ministre.  On lui en veut d’être à Droite, mais elle présente bien, avec fougue et éloquence. Surtout,  dans ce dossier, elle  a avec elle au départ les deux-tiers des Français. C’est donc l’œil rivé sur les impacts politiques  que chacun prend position en France et que les médias interviennent.

Avec cette conséquence surréaliste que  Mitterrand se trouve vite des défenseurs, puisqu’il apparaît plus important de contredire une Le Pen vertueuse que de condamner un Mitterrand coupable. Marine qui projette une image autrement plus fascinante que les Segolène , Martine et autres éléphanteaux.  Une image plus sympathique, aussi,  – ne serait-ce que pour son appui loyal  à un père bien vilipendé  –  que les  Sarko, Bayrou et Cohn-Bandit.

Donc on défend Mitterrand…  Attention ! Je ne dis pas que dans un État de droit il ne faille pas  donner le bénéfice du doute.  Comme individu et citoyen, devant un tribunal, –  si la 5è
République avait le courage de l’y traîner, ce que je crois qu’elle n’a pas ! – Mitterrand aurait droit à toutes les contorsions pour l’innocenter. Il aurait même droit, comme Villepin aurait dû l’avoir, à ce qu’on ne le traite pas de coupable avant qu’il n’ait été condamné. Je dis cependant que, comme homme public, il doit être soumis à d’autres règles.

La population, qui lui accorde comme individu le droit à ses perversions, n’a pas l’obligation de les tolérer quand il la représente.  Disons en « correctanto » que César devrait avoir avec sa, son ou ses partenaire sexuel(le)s des comportements qui ne font pas courir le quidam-civis gallicus au vomitorium.

Il ne s’agit pas ici de morale sexuelle ; je suis des premiers a ridiculiser le puritanisme des Américains et j’ai écrit bien des articles sur ce sujet.  Il s’agit d’être complice d’un Vel d’Hiv sans fin, ou des milliers et des milliers d’enfants sont enlevés, vendus., concentrés dans des bouges, violés, torturés…   Un Ministre de la France n’a pas à jouir de la misère.

Mitterrand l’a fait et la proclamé. On est sans excuse de vouloir faire l’impasse sur cette infamie. On n’en est plus ici au clivage gauche-droite, mais à celui qui doit séparer la dignité des comportements orduriers.   Ce « Fredo »  s’est maintenant fait un prénom qui salit le nom qu’il porte.  Je suis d’accord avec Marine Le Pen : il ne doit pas rester Ministre de la culture. .On le défend en parlant  d’autodafe ?  Soit. J’assume. Passez-moi la torche. Anathema sit !

Ceux qui ne connaissent pas le Sud-est asiatique ne devraient  pas intervenir dans ce débat..  Or ceux qui ne pensent que petite politique le font.  Les bien-pensants, au bord du gouffre font un pas en avant…  Au lieu de concéder  un point à Marine Le Pen, l’Express  parle d’une attaque de la « Fachosphère »…  C’est une erreur, car s’il faut être  fasciste pour dire que  « celui  qui se flatte d’être un esclavagiste profitant de la pire misère humaine pour assouvir ses plaisirs n’est qu’un être immonde ». (Imhotep sur Agoravox)… il se portera bien des chemises noires cet automne.

C’est une grave erreur , car si on colle l’étiquette, « facho » à ceux qui refusent qu’on protège  la pédophilie par copinage – comme Mitterrand  défend Polanski et l’Express, Mitterrand –  on  encourage des rapprochements.   Si Mitterarnd est excusé, qui  doutera de la communion en corruption de toutes ces élites pourries de la gouvernance, qui sont dans les « Affaires » de Clearstream, de Taïwan, de Karachi… ?

Ne sautons pas à la conclusion que la France va basculer à droite.   Mais n’oublions pas que si le débat sort des enjeux sociaux et économiques perennes  – pour lesquels personne ne semble avoir quoi que ce soit d’innovateur à proposer –  et  devient pas défaut une  lutte de la Vertu contre le Vice, de nouvelles alliances se créeront, le débat deviendra plus émotif et donc plus populiste… et nul ne sait où tout ça mènera.

Il est malsain de faire porter du noir à une population en colère. Ne lui dites pas « facho ». Elle pourrait vous prendre au mot.

https://nouvellesociete.wordpress.com/2008/03/10/20-lemancipation/

https://nouvellesociete.wordpress.com/2009/05/12/cette-mochete-de-democratie/

 

310. Bergeron: le négligé des parieurs… 09.10.29

Les élections à Montréal se déroulent dans une ambiance de gabegies et de prévarication comme, de mémoire d’homme, on n’en avait pas vue. L’administration en place était déjà dans la mire pour une affaire de société publique privatisée dans des circonstances  équivoques, puis utilisée pour des transactions  sur lesquelles la police enquête. C’était mal parti, pour le maire sortant. Mais…

Mais juste un début… La campagne débutait a peine, qu’un rapport  dévastateur du Vérificateur général forçait l’annulation du plus important contrat  de histoire de la ville, laissant en suspens bien des questions.   Plus grave encore, survient une affaire de corruption de conseillers municipaux, emmêlée de tentative d’extorsion, avec allusions à la Mafia et aux Hell’s Angels.

Pour beaucoup, le bilan éthique de l’administration Tremblay la mettait hors–jeu, pavant la voie pour Louise Harel, la candidate rivale, dont on ne mettait pas en doute l’honnêteté…  Mais, il y a deux jours, coup de tonnerre. Ce n’est pas Harel, mais son premier lieutenant, l’homme qui semble destiné à la présidence du Comité exécutif  – et donc le premier responsable pour les milliards de contrats qui seraient donnés par une éventuelle administration Harel – qui est accusé de faire financer sa campagne … par le même contracteur-citoyen qu’on a vu partout dans les scandales du régime Tremblay. Inquiétant

Inquiétant, car c’est l’homme, entre autres, qui voudra ces milliards de dollars de contrats.   De là à penser que les dés auraient été pipés en faveur dudit contracteur, quels que puissent être les résultats des prochaines élections, il n’y avait qu’un pas que l’imaginaire populaire a vite franchi.  Exit, donc, Benoît Labonté et Madame Harel, veuve d’un lieutenant qui ne répond plus au téléphone, semble en aussi mauvaise posture éthique que le Maire sortant.

C’est dans ce contexte que hier, 19 octobre, a eu lieu le débat télévisé entre les trois candidats. Trois ?  Eh oui … Jusqu’à hier, pour les médias qui aiment les situations simplistes, il n’y avait qu’un duel entre Louise-la-Séparatiste, et Gerald–le-Jocrisse, la première roublarde comme pas une, le second inféodé aux Libéraux de Québec et donc, sans surprise, grand distributeur de contrats généreux.  Un duel simple…. Mais les deux mousquetaires étant un peu amochés, on a découvert qu’ils étaient trois. Et c’est le troisième, Richard Bergeron, qui est sorti grand gagnant du débat.

Et pas seulement par défaut, suite à la totale contre-performance de Tremblay et de Harel, mais aussi par la richesse de ses idées et le sérieux de ses propositions.  Seul des trois, il a semblé avoir un plan et une stratégie.  Il n’est pas un orateur enlevant – il manque de pratique au jeu du « ne-rien-dire » – mais sur le fonds, il est clair que Bergeron a marqué des points. Et quand c’est parti…  difficile de remettre le dentifrice dans le tube.

Simultanément, au scandale Labonté dans sa cour, Madame Harel a perdu d’autres points hier par son incapacité à dire une seule phrase en anglais !  On ne sait pas si cette incapacité lui nuit davantage parce qu’elle semble une forme d’incompétence, ou parce qu’elle apparaît comme une provocation aux électeurs anglophones. Mais elle y perd.

Tremblay, pour sa part, quand il dit que tout va bien, a de plus en plus l’air d’un imbécile heureux… Ce matin, le journaliste André Noel a ajouté aux inquiétudes concernant Tremblay, en révélant que 46% en valeur des contrats accordés par la ville au cours de son mandat l’ont été à seulement quatorze (14) soumissionnaires…  dont, en bonne place, ceux liés à tous ces scandales de la SHDM, des compteurs d’eau et de la réfection du toît de l’Hôtel de Ville qui a donné lieu à des tentatives d’extorsions…

Conclusion: ce matin je ne parierais pas sur le résultat de cette élection, mais le momentum a tourné. Si je DEVAIS parier, je pense que Bergeron a le vent dans les voiles et pourrait très bien la gagner.  Ce qui va créer la panique dans quelques milieux.

Panique au sein du crime organisé et des syndicats, panique aussi au sein du gouvernement de Québec, pour qui une victoire de Bergeron serait une menace.  Menace pour le suivi des grenouillages habituels, mais aussi, à moyen terme, menace pour l’avenir du PLQ, car l’apparition d’un homme crédible soulignerait la vacuité du désert qu’est aujourd’hui la politique québécoise.   Ni Charest, ni Marois, ni Taillon ne font vibrer la population…  Un nouveau joueur, arrivant porté par un vent de victoire, brouillerait sérieusement les cartes.

Parce qu’une victoire de Bergeron serait TELLEMENT dérangeante, on peut s’attendre à ce que tout ce qu’on appelle « Establishment »  monte au front pour lui barrer la route.  Dès demain, peut-etre ce soir, les médias vont tout faire pour trouver des squelettes dans son placard, au besoin en inventer.  Les rumeurs les plus folles vont courir.

Suivre la façon dont cette campagne va s’orchestrer sera un bon exercice pratique pour identifier et comprendre les ficelles dont se servent ceux qui ont le pouvoir pour faire barrage à tous et à tout ce qui pourrait changer quoi que ce soit.  Pour stopper tout changement. À tout prix.

Ils sont puissants, mais il y a eu des circonstances où quelques personnes, avec peu de moyens, ont changé le cours des choses.  Il ne faut jamais l’oublier. Je pense que je vais prendre la peine d’aller voter pour Bergeron.

Pierre JC Allard

Addendum, dernière heure:  Dans les heures qui ont suivi la publication de cet article,  Alain Dubuc, un chroniqueur  de Cyberpresse du groupe Gesca, a dit comme ça, en passant, sans autres explications que  Bergeron était un hurluberlu qui n’avait rien de ce qu’il fallait pour diriger un grande ville…   La grande faiblesse du Système, c’est qu’il nous prend TOUS pour des cons.

Pierre JC Allard

311. La magouille au pouvoir   09.10.24

On voudrait parler d’autre chose, mais on ne pense qu’à ça.  Évincé de Vision Montréal après la divulgation du financement de sa campagne par le plus important fournisseur de la Ville de Montréal, Benoît Labonté a crevé l’abcès et avoué enfin ce que tout le monde soupçonnait :  un système de collusion et de corruption préside à la distribution des contrats, au sein de tous les partis, de tous les paliers de gouvernement au Québec.

On ergotera, mais bien peu de Québécois, aujourd’hui, ne sont pas convaincus que la gouvernance et l’administration, à Québec comme à Montréal,  ne soient pas pourries. Toute la classe politique est compromise, par la phrase fatale de Labonté  que personne ne nie, mais qui est au contraire reprise par ceux qu’il attaque : TOUT LE MONDE SAVAIT.

La confiance n’est plus là.  Je pourrais élaborer sur le phénomème, mais ce serait inutile et prématuré. On a ouvert la boîte de Pandore. Demain on en saura plus. La semaine prochaine davantage, et nul ne doute que l’on n’aille vers un haut-le-cœur généralisé dont peu de politiciens sortiront indemnes.  La population va exiger la mise au rebut de la caste dirigeante actuelle … et chercher des hommes nouveaux. C’est de ça qu’il faut parler.

Parler, en particulier, du rôle des médias. Un clivage va se dessiner au sein des médias, entre ceux qui veulent accompagner cette quête pour une nouvelle façon de gouverner et ceux qui vont rester engoncés dans leurs certitudes de bien-pensants, loyaux à une élite discréditée, prêts à monter aux barricades pour défendre un indéfendable statu quo. Il va falloir juger rapidement de la crédibilité qu’on peut accorder à chacun.

C’est pour cette raison que je crois indispensable, aujourd’hui, de comparer à l’attitude courageuse d’un Alain Gravel  ou d’une Marie-Maude Denis, qui sont à l’avant garde d’une recherche de la vérité, celle pernicieuse d’un Alain Dubuc.

Le privilège des médias, de commenter les campagnes électorales sans être soumis aux contraintes budgétaires  imposées aux citoyens ordinaires, est une « licence 00 » qui leur est accordée de tirer pour tuer les réputations; elle repose sur une présomption de bonne foi et d’impartialité.  Elle ne doit pas être utilisée par quelqu’un à qui son journal fournit un énorme public, pour qu’il présente ses préjugés sans discernement et sans l’ombre d’une justification.

Quand Alain Dubuc de Cyberpresse,  de qui on est en droit d’attendre une opinion reposant sur des faits, se permet d’écrire  » J’exclus en partant Richard Bergeron, un hurluberlu bavard qui ne devrait pas être dans cette course et qui n’a pas ce qu’il faut pour diriger une grande ville » , je suis profondément choqué.  En quoi Bergeron est-il un hurluberlu ?

Je ne vois aucune idée de Dubuc qui soit aussi pertinente que celles que Bergeron propose.   Je ne vois, non plus, rien de plus bavard qu’un chroniqueur comme  Dubuc qui s’est fait une carrière à déblatérer sur le nationalisme québécois et qui s’autorise aujourd’hui des jugements sur l’administration municipale, domaine i.a. où il ne connait rien. Allez ! Des preuves Dubuc, des preuves, faites comme si vous pouviez apprendre un peu de journalisme honnête de Gravel et de Marie-Maude.

Il est révoltant qu’un grand groupe de presse – dont les acquaintances politiques n’ont rien de discret – laisse un de ses sbires déféquer à ses caprices sur un candidat sérieux dans une élection qu’on prétend démocratique.  Je constate – est-ce une coïncidence ? – qu’en voulant  exclure  SANS AUCUN ARGUMENT  le seul candidat dans cette course dont le parti ne soit pas compromis dans des magouilles scabreuses, Dubuc prétend limiter la décision des Montréalais  à “du nouveau qui soit exactement semblable à l’ancien« .  On veut nous  faire choisir entre la peste et le choléra.

Le DG des élections devrait rappeler Dubuc à l’ordre. C’est dans cette optique que j’ai fait parvenir la plainte qui suit et dont on a accusé reception.

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Je considère inconvenant, malfaisant – et injustifié à sa face même – le jugement que porte le chroniqueur Alain Dubuc de Cyberpresse et autres médias, sur le candidat a la Mairie de Montréal Richard Bergeron.

Alain Dubuc dit:  » J’exclus en partant Richard Bergeron, un hurluberlu bavard qui ne devrait pas être dans cette course et qui n’a pas ce qu’il faut pour diriger une grande ville »

Cette opinion péremptoire que rien ne soutient, arrivant au moment précis où le candidat Bergeron reçoit un appui croissant sur les blogues mêmes de Gesca, semble fait dans l’intention de nuire et me semble inconciliable avec la privilège que concède la Loi aux médias d »exprimer des opinions sans être soumis aux limitation budgétaires des campagnes électorales, privilège reposant au départ sur une présomption de bonne foi et d’impartialité.

Alain Dubuc abuse ici de ce privilège pour des raisons inexpliquées. Il doit des excuses au candidat Bergeron et à ce 20% des électeurs qui à ce jour, le soutiennent et ont droit que leur choix ne soit pas indûment discrédité sans cause.

Salutations distinguées

Pierre JC Allard

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Bonjour monsieur Allard,

Nous avons bien reçu votre courriel au Directeur général des élections du Québec et l’acheminons pour considération auprès des directions concernées.

Veuillez accepter, monsieur Allard, nos salutations distinguées.

François Simard
Préposé aux renseignements

Directeur général des élections du Québec
Fsimard@dgeq.qc.ca
1-888-ELECTION (1-888-353-2846)

J’invite à en aviser aussi Monsieur François Simard, tous ceux qui, comme moi, trouvent abusive cette sortie du chroniqueur de Cyberpresse. Voyons ce qu’il en sortira. Ce sera un bon test du niveau de démocratie où nous en sommes rendus

Pierre JC Allard

http://www.electionsmontreal2009.com/monblogue/pierre-jc-allard/un-premier-chacal-en-maraude

https://nouvellesociete.wordpress.com/2009/10/20/bergeron-neglige-des-parieurs/

312. Les fossoyeurs de la démocratie   09 11.02

La population de Montréal a t-elle donné hier son aval à la corruption institutionnalisée ?  Il a suffi que 60% des gens s’en fichent et qu’environ le tiers de ceux qui ont pris la peine de voter ne la voit pas ou la pardonne, pour que la magouille semble reconduite. N’est-il pas clair que  nous pouvous raisonnablement nous attendre à ce que tout continue comme avant, au moins le temps de trouver une autre façon de faire la même chose ?  Quand on aura trouvé, on pourra dire, comme le personnage du Guepard de Visconti. que « tout aura changé pour que rien ne change ».

Est-ce inéluctable ?  Non bien sûr, rien n’est inévitable…  Le maire Tremblay qui ne voyait rien peut maintenant tout voir.  Ses conseillers peuvent tout voir autrement, les habitudes de l’industrie de la construction et des syndicats peuvent être régénérées, la nature humaine peut devenir meilleure….  Rien n’oblige la nouvelle administration de Montreal à persister dans le modèle nauséabond qu’on nous a révélé au cours des dernères semaines. Ne condamnons pas des présumés innocents. Ayons tous la foi, l’espérance… et la charité.

Il reste néanmoins que les Montréalais ont donné  démocratiquement leur aval pour que le même pilote garde la main sur la barre et que les même moussaillons traînent dans l’entrepont   Il est POSSIBLE qu’ils aient eu raison, mais difficile de penser que ce soit probable.  Pourquoi les Montréalais ont-ils fait ce choix un tantinet risqué ?

D’abord… parce que ce n’est PAS le choix qu’ils ont fait ! Les deux-tiers d’entre eux ont voulu que Tremblay parte. La division du vote a voulu qu’il ne parte pas. Un scrutin a deux 2 tours aurait vraisemblablement permis que Harel ou même Bergeron  gagne, au deuxième tour, un duel contre Tremblay.  Ce que nous avons n’est pas vraiment la démocratie.

Cela dit, pourquoi cette faille systémique a-t-elle joué ici en faveur de Tremblay ?  Deux (2) facteurs ont contribué à ce résultat.  D’une part, le clivage ethno-linguistique évident dès le départ et qui rendait Harel inacceptable à la vaste majorité des Anglophones.  Pour triompher de Tremblay, il aurait fallu, soit  que Harel obtienne un pourcentage du vote francophone qui aurait correspondu aussi à une polarisatio ethnique du vote – ce qui n’était  ni probable ni souhaitable –  soit que Bergeron  fasse sauter l’embâcle ethnique et obtienne un appui solide des Anglophones.

Le voeu de ceux qui souhaitaient un changement était que cet embâcle saute et que le vote anti-corruption – francophone comme anglophone – propulse Bergeron en tête.    Tout a fait  réalisable, mais il y avait un danger pour la minorité anglophone que si seul le vote anglophone faisait ce pas,  ce soit Harel qui bénéficier du transport des votes anglophones d’un Tremblay alors affaibli… vers un Bergeron qui n’aurait pas la note de passage.

C’était un risque que la communauté anglophone ne voulait pas courir; elle donc resté un temps dans l’expectative. Quand les prises de position contre Bergeron des chroniqueurs de Gesca ont convaincu la presse anglophone que l’Establishment québécois  ne laisserait pas tomber le système en place – va pour Harel, tout étant  là pour montrer que les même forces resteraient  au  pouvoir, mais pas un facteur imprévisible comme Bergeron  –  The Gazette a jeté son glaive dans la balance et soutenu Tremblay, produisant le résultat que nous avons eu. L’analyse détaillée du vote d’ici un jour ou deux confirmera ce scénario.

Quelles conclusions tirer de ce cafouillage ?  D’abord modifier le scrutin uninominal a un tour qui ne vaut que pour une démocratie bipolaire à l’américaine.  Si les gens commencent à réfléchir et qu’on pense à des tierces options, ce type de scrutin n’a plus sa place.

Ensuite, rendre le vote obligatoire, tout en introduisant l’option de refuser tous les candidats. C’est l’inertie qui  a permis à 14% de l’électorat de créer la situation que nous allons vivre. On peut facilement imaginer que la population  qui aurait eu l’obligation de faire une choix n’aurait pas fait celui-là.

Enfin – et surtout – une lueur d’espoir.  En quelques semaines, entre la confirmation par Labonté du cloaque qu’était devenu Montréal et l’élection municipale,  le soutien à Projet Montréal a doublé !  La seule information libre a laquelle l’électeur a eu droit a été celle des blogues, mais la vague Bergeron a  doublé et est monté à 26%, malgré la mauvaise foi et tous les efforts des médias traditionnels.   Il s’en est fallu de bien peu…

C’est sans doute la dernière de ces vagues populaire qui n’aura pas emporté la digue. Il suffit  d’extrapoler la tendance, pour comprendre que la prochaine élection ne se gagnera pas dans le médias traditionnels,  discrédités encore un peu plus  lors de ce scrutin par ces fossoyeurs de la démocratie, comme Alain Dubuc, qui ont traité d’hurluberlu  un candidat auquel finalement aura fait confiance  26 % de la population. Elle se gagnera aur les medias citoyens, où l’on pourra se parler à l’abri de la corruption et de l’hypocrisie de ces pseudo journalistes à la solde d’une presse qui ne veut pas informer, mais manipuler.

Gesca a menacé de fermer ses journaux le 1er décembre.  Tant mieux.   Il y a une alternative à l’Évangile selon Desmarais Je la proposerai ici la semaine prochaine.

Pierre JC Allard

313. La presse citoyenne   09.11.09

Vivre en société a permis à l’homme la division du travail et l’apprentissage en commun: les deux grands pas en avant qui ont accéléré son évolution. La condition essentielle de cette évolution a été la diffusion de l’information. L’information est le sang d’une société, la communication sa circulation. Une société a un besoin essentiel d’information qui va croissant au rythme où le changement s’y accélère et où les échanges s’y multiplient.

On communique, dans une société, mais émetteurs et récepteurs ne sont pas sur un pied d’égalité. L’auditeur ne peut toujours écouter qu’un seul message à la fois, mais le locuteur peut s’adresser à plusieurs, ce qui est bien utile pour l’ordre et le développement de l’autorité; celui qui parle à le pouvoir et c’est celui qui a le pouvoir qu’on écoute.

Les moyens modernes de communication, cependant, ont tant exacerbé cette inégalité entre la capacité de dire et d’entendre que le citoyen moderne se contente souvent d’écouter. « Informer » — qui est une source cruciale du pouvoir — a été récupéré politiquement par l’État pour devenir propagande et par la structure économique dominante pour devenir publicité. Une situation qui n’est idéale ni pour la propagation des connaissances et donc le progrès de l’humanité ni, surtout, pour l’exercice honnête de cette forme de gouvernance qu’on appelle démocratie.

Elle est Idéale, toutefois, pour l’exercice d’une forme autoritaire de gouvernance. Celle qui peut reposer sur la manipulation de l’information et qui permet donc de respecter la forme extérieure de la démocratie, sans que les citoyens ne s’écartent jamais des choix qu’on veut qu’ils fassent, puisque ces choix sont les seuls qu’ils puissent raisonnablement faire à partir de la vision du monde qu’on leur a transmise.

C’est ce système de démocratie « médiatique » qui prévaut dans nos sociétés occidentales. Cette forme efficace de gouvernance a été compromise par l’avènement de l’Internet qui passe le micro à tout le monde. Le doute s’est installé. Ainsi, le résultat des récentes élections municipales à Montréal, qui a reconduit au pouvoir une administration qui sue la corruption par tous ses pores. Une remise en question s’impose.

L’explication rassurante de ce qui s’est passé à Montréal est qu’il ne s »agit que d’un vice de fonctionnement : les voix du bien contre le mal se sont divisées et un scrutin à deux tours aurait résolu ce problème. Vous croyez ? Peut-être, mais il y a une explication plus brutale. Celle que la population voit le processus démocratique comme une manipulation, ne CROIT plus à la démocratie … et ne vote plus. C’est hélas le raisonnement que semblent avoit fait plus de 60% des électeurs

Le système peut réagir à ce défi par un contrôle plus strict de l’information, ou par une gestion plus pointue des réactions à la transparence. Dans le premier cas, il faut une censure de plus en plus difficile à exercer et une montée progressive de l’autoritarisme. Dans le second, une pression est simplement exercée sur l’interprétation des faits, ce qui équivaut à une transformation ciblée, plus ou moins subtile, des critères éthiques eux-mêmes. Je ne porte pas de jugement sur la valeur morale de cette option.

Il existe une troisième option, qui serait que le pouvoir veuille s’adapter à la volonté populaire, mais elle est trop improbable pour que l’on perde ici du temps à en discuter. Je pose donc l’hypothèse que la seconde solution sera retenue et que le système préférera s’en remettre à sa capacité de parfaire ses mécanismes de manipulation, plutôt que de risquer une dérive ostensible vers le dictatorial.

Si on accepte cette hypothèse, une nouvelle structure d’information peut et doit être mise en place, qui soit manipulable au palier des interprétations, mais désormais VRAIE quant à son contenu objectif et parfaitement transparente. Dans une société technologiquement avancée comme la nôtre, cette structure pourrait être celle décrite ci-après et dont les éléments seraient ceux qui correspondent aux exigences du processus d’information lui-même. Je n’en donne ici que le schéma.

D’abord, il faut capter l’information à sa source, aussi exhaustivement que possible, puis que celle-ci soit universellement diffusée Elle doit alors pouvoir faire l’objet d’une contestation et d’une réponse de la part de tous ceux auprès desquels elle l’a été, ce qui en garantit la véracité et l’authenticité. Cueillette et contrôle exhaustifs exigent que tout le monde ait accès au micro. Quiconque apprend quoi que ce soit doit pouvoir le transmettre librement à tous sans censure, sous réserve d’en porter le responsabilité devant la loi.

Cette liberté d’informer génère une masse énorme de renseignements. Il faut donc que l’information transmise soit organisée et structurée, que les principes de son organisation soient connus de tous et fassent eux-mêmes l’objet d’une diffusion universelle prioritaire. On doit enseigner à trouver l’information avec la même urgence qu’on met à enseigner à lire. Ne pas le faire est une manoeuvre pour garder le peuple dans l’ignorance.

Le véhicule nécessaire et suffisant pour transmettre cette masse d’information est l’Internet. Comprenons bien que rien ne doit interdire que qui que ce soit puisse aussi publier quoi que ce soit, sur Internet ou sous tout autre format, mais tout ce qui est information publique doit être publié par l’État sur Internet. C’est là que s’exprime le droit de l’individu à l’information, droit auquel correspond une responsabilité de l’État d’informer.

L’État s’acquitte de cette responsabilité en posant deux (2) gestes : a) Il fournit à tous les citoyens un accès individuel ou collectif gratuit à Internet ; b) il gère le processus de publication et de structuration de l’information. À quelques restrictions près concernant le respect de la vie privée et la sécurité publique, tout doit être publié. À l’individu de juger par la suite si l’information qu’il reçoit d’autres sources confirme ou contredit celle qu’il reçoit de l’État, auquel cas l’État doit avoir des comptes à rendre.

Dans cette structure, tout le monde peut et devrait être un joueur amateur ; c’est ce qui en garantit la crédibilité. Chacun peut jouer comme reporter apportant des faits bruts, comme journaliste les mettant en contexte et les agençant impartialement pour leur donner un sens objectif, ou comme chroniqueur pour les interpréter et aider chacun à se former une opinion personnelle. Mais à ce jeu, doivent aussi intervenir des professionnels.

Il doit y avoir des reporters de métier, des investigateurs professionnels – autonomes ou regroupés en agence de presse. Il doit y avoir des journalistes chevronnés, capables d’expliquer le sens de ce qui se passe et aussi des chroniqueurs, des experts qui peuvent faire les liens et façonner l’opinion publique en influençant, pour le meilleur ou pour le pire, ceux qui leur font confiance. Ces professionnels doivent être rémunérés. Comment ? Par le biais d’une structure à trois (3) volets.

a) L’État doit créer une agence de presse où travailleront ceux qui veulent se faire un métier de chercher l’information et, au premier chef, ceux qui le font déjà pour les agences ou les médias traditionnels. On réglera avec leurs syndicats les conditions de leur embauche et de leur rémunération. Leur nombre et ces conditions évolueront et nous verrons ci-après comment c’est le public qui en sera le juge. Leurs contributions sont publiés à l’état brut.

b) L’État doit créer une « rédaction » ou salle de presse, à laquelle se joindront tous les journalistes de tous les médias qui choisiront de le faire. Chacun pourra au départ se faire reconnaître dans un ou quelques domaines de spécialité ou d’expertise et sa tâche consistera à écrire sur les sujets de cette compétence à partir des données brutes que fourniront les agences de presse et reporters autonomes, amateurs ou professionnels. Chacun pourra aussi écrire sur tout autre sujet, mais son statut comme auteur sur ces sujets sera celui d’un amateur et non d’un professionnel.

c) L’État doit créer enfin un « aréopage » de chroniqueurs, dont il est entendu que la tâche consiste à émettre des opinions en s’appuyant sur les faits bruts et sur l’interprétation des faits par les journalistes. Les chroniqueurs peuvent être biaisés, mais leur réputation dépendra de leur sincérité à admettre qu’ils le sont. Participeront au départ à cet aréopage les chroniqueurs les plus populaires des médias actuels, mais c’est le verdict populaire qui en modifiera vite la liste:

Que doit-on publier ? TOUT. Quand on ne pense plus papier mais pixels, ce qui peut être publié sur un site de l’État – qui pourrait s’intituler simplement « Information » – n’est plus limité que par ce qu’il est possible de structurer efficacement. Tout ce que publient les reporters, journalistes et chroniqueurs, amateurs aussi bien que professionnels est publié et demeure indéfiniment accessible.

C’est le positionnement, cependant, qui détermine la visibilité relative des nouvelles. Au « Fil de presse » les nouvelles apparaissent par ordre chronologique. Dans la section « Nouvelles », c’est un comité des journalistes qui choisit la préséance d’apparition des articles et leur positionnement de parution de départ, sur une page générale et sur les pages spécialisées qu’on jugera bon de créer. Dans la section « Chroniques », c’est la popularité du chroniqueur au cours de la semaine précédente qui détermine le positionnement initial de ses articles.

Une heure plus tard, cependant, c’est le nombre des lectures qui déterminera le repositionnement d’heure en heure par la suite des articles et des chroniques, selon le nombre de demandes de lectures qu’elles ont reçues dans leurs sections respectives

Les reporters, journalistes et chroniqueurs professionnels devraient toucher un salaire de base auquel s’ajouteraient des primes selon le nombre de demandes de lecture qu’auraient suscité leurs textes. Tout le monde peut, à sa demande, être publié dans « Information », sans préjudice à son droit de publier lui-même sur internet et d’être rémunéré pour le faire , y compris par les lecteurs eux-mêmes.

Les « amateurs » seront aussi rémunérés. Pour chacune de leurs contributions, ils recevront une prime plus modeste, mais au prorata de la rémunération d’un professionnel de la même catégorie – nouvelles ou chroniques – ayant reçu un nombre identique de lectures. Un index alphabétique de tous les auteurs d’articles, amateurs comme professionnels nous donnerait la liste des textes qu’ils ont publiés et nous dirait aussi combien chacun a eu de lecteurs.

La quantité de textes et d’images qui circuleront sans censure rend inévitable que des faussetés soient diffusées et toute image peut être bien tendancieuse, mais la possibilité de commenter sert de protection et un Conseil de presse sera là pour mettre les pendules à l’heure pour une population qui deviendra bien moins crédule quand elle aura cet ancrage solide dans une réalité objective au moins consensuelle.

Cette forme d’autogestion de l’information par les professionnels de l’information eux-mêmes semble la façon la plus pratique d’en assurer l’impartialité, mais il faut y ajouter un contrôle citoyen. La gestion de la publication et diffusion des textes doit donc dépendre d’une Régie autonome de l’Information, sous l’égide d’un « Conseil de presse ».

Ce Conseil consistera en deux (2) sections. La première sera composé de douze (12) citoyens, élus pour la durée d’un mandat (5 ans) renouvelable à l’occasion de chaque élection générale et la seconde de trente (30) citoyens choisis au hasard pour un mois. Ces derniers seront rémunérés pour leur peine à leur revenu actuel plus 15 % et jouiront à la fin de leur mandat du droit inconditionnel de réclamer de leur employeur leur réintégration dans leurs fonctions précédentes.

Toute décision du Conseil de presse doit l’être à la majorité de chacune des deux (2) sections. En cas de désaccord, c’est le Tribunal qui tranchera immédiatement et toutes affaires cessantes, tout appel étant entendu lui-meme avec la même priorité.

Nul travailleur de l’information ne sera forcé de se joindre à « Informations », mais on peut supposer que les travailleurs de Quebecor en lock-out – et ceux de Gesca qui pourraient l’être bientôt – trouveraient avantageux d’accueillir cette proposition. Au gouvernement de décider comment il devrait dédommager les journaux et groupes de presse actuels auquel rien n’interdira de poursuivre leurs activités, mais dont il est clair que celle-ci seront perturbées par l’arrivé de ce nouveau media plus crédible… et gratuit

Surtout que, sur le site « Information », il n’y a pas d’autre publicité que celle gratuite, considérée d’intérêts publics. La diffusion de l’information facilitant l’accès des consommateurs aux produits offerts sur le marché est traitée autrement. J’en parle ailleurs – voir le lien – car c’est un tout autre sujet.

Pierre JC Allard

314. Placer ses pierres à droite   09.11.16

Depuis que le président Sarkozy a confié sur Facebook avoir assisté en direct à la chute du Mur de Berlin, il ne manque pas de gens pour dire que c’est lui, dans de précédentes réincarnations, qui a découvert le feu et inventé la roue. Qui sait s’il n’a pas été aussi le premier joueur de Go.

Au jeu de Go, pour ceux qui ne le savent pas, chacun pose des « pierres » sur l’une des 361 intersections d’un grand damier (Goban). Vous entourez complètement les pièces de l’adversaire… Il les perd. Vous gagnez. Simplicité enfantine. Mais les parties de championnat de Go durent des semaines et les joueurs se relaxent en jouant aux échecs…

Quelle stratégie peut bien suivre le Grand Maître Nicolas, dans sa longue partie contre la Gauche, quand il souffle sur les braises de l’identité nationale et fait des appels du pied au FN, dont il a pourtant déjà raflé de la clientèle tout ce qui pouvait l’être ? «Old Nick » — le diable, chez les Anglo-Saxons — a-t-il perdu la main ? Une autre explication est qu’il soit très, très intelligent…

Supposons le scénario — imaginaire, bien sûr — d’une France qui ne voudrait vraiment plus de Sarkozy, avec une Gauche parcellaire qui n’a rien à offrir et, au Centre, un Modem et des Verts qui ne passionnent pas vraiment. Si apparaît un homme charismatique de centre-droit, il peut draguer vers lui tout le Centre loin à gauche et même quelques mécontents néo-gaulliens de UMP à qui l’atlantisme actuel donne de l’urticaire.

Dans ce cas de figure, le sarkozysme qui a fait le plein à droite et reculerait ainsi au centre, pourrait être mis en minorité. Danger ! Où trouver des effectifs de réserve ? C’est là que le véritable Maître de Go montre qu’il connaît bien le goban qu’est France.

L’électorat français, c’est 90 % des citoyens qui se désintéressent totalement de la politique ou ont déjà fait allégeance à un parti. Dans la mesure où les mots ne changent pas pour le dire, ils ne prêtent qu’une attention distraite à ce qui se raconte. Situation statique, où chaque parti cherche prudemment à garder son image de marque, qui est son identification sociale… et aussi une rente de situation. Le jeu politique ordinaire se limite donc à convaincre les 10 % de vagabonds qui basculent et donnent le pouvoir. Par des slogans et des jeux de personnalités seulement. Toucher aux idées est tabou. On ne prend pas de risques.

Il n’y a qu’aux extrêmes du spectre politique qu’on peut prendre des risques, ou au moins offrir une image moins rance que la platitude des éléphants et assimilés. Quand tout va bien, le jeu ordinaire suffit et tout le monde est peinard. Mais si l’on fait face à de vrais problèmes, le jeu ordinaire ne sert plus. Seuls les extrêmes peuvent offrir des solutions miracles. Quand les choses se gâtent, il y a donc une brève période pendant laquelle le peuple VEUT prendre des risques et regarde dans la direction des « extremes »

Quand la population veut prendre des risques, elle va d’abord vers ceux qui lui ont fait miroiter l’utopie dont elle rêvait… et c’est généralement la Gauche. Quant arrive cette prise de conscience, la Gauche a donc un peu de temps pour répondre au rejet de l’ordinaire en offrant de l’extraordinaire et un projet de vrai changement.

Hélas, bien souvent, une Gauche devenue bien pansue a proposé des changements éculés et sans vraiment y croire. Quand vient l’heure où elle est mise en demeure de le faire, elle refuse donc de passer à l’acte, consciente des difficultés, voire de l’irréalisme de ce qu’elle a proposé. C’est alors que la population se tourne vers la Droite. Pas la droite de l’inégalité, celle de la discipline. À la japonaise.

Quand la France se tourne vers la Droite, aujourd’hui, elle voit une jolie femme avec les yeux bleus de Jeanne d’Arc qui a quelque chose à offrir… Disons, des couilles. Il y a une clientèle pour Marine Lepen. Le génie de Sarkozy, c’est de voir que cette situation fait bien son affaire, car la clientèle de Marine est d’abord chez les gauchistes déçus. Pas les gauchistes qui ont trouvé une carte du PS dans leur berceau – ceux-la sont entrés en coma et vont bientôt mourir d’inanition, faute d’une perfusion de rêves crédibles – les gauchistes sérieux. La Gauche du Grand Soir…

Cette vraie Gauche, pour qui le rejet de Sarkozy est devenu viscéral, peut trouver séduisant le discours d’une vraie Droite. Parce qu’il est clair, moral, sans cautèle, anti-élitiste, anti-corruption. L’affaire Mitterrand a peut-être été la paille qui a brisé le dos du chameau, la population prenant conscience que son ennemi n’est pas à sa gauche ou à sa droite, mais en haut: une caste de dirigeants élitistes qui ne lui veut pas du bien et qui la manipule par une illusion de démocratie.

Une certaine Gauche peut trouver le discours de la Droite séduisant, mais aussi CRÉDIBLE, parce qu’il n’y a rien d’incongru à ce que la Droite relève le défi de réaliser des promesses de la Gauche ! Une Droite ne propose pas nécessairement un projet social opposé à celui de la Gauche ; elle propose une manière de faire.

Une Droite n’est pas systématiquement au service des riches. Dès qu’elle le peut, au contraire, elle met riches comme pauvres à leur place et ce sont souvent ces deniers qui y gagnent… un peu ! Ce que la Droite veut, c’est diriger et que les choses se fassent à sa manière. Si la population lui dit clairement ce qu’elle veut, la Droite est souvent prête à tenter de le lui donner et, parce qu’elle prend une approche autoritaire, parfois elle PEUT le lui donner.

Donc, ne pas s’imaginer que la Droite suggérera les horreurs caricaturales dont l’accusent les médias. Le projet de la droite sera séduisant et beaucoup pourront dire oui. Une large part de la population peut vouloir accepter de payer en perte relative de liberté les avantages sociaux et économiques que la Droite lui offrira. L’autoritarisme mène à une catastrophe, mais la catastrophe n’est pas immédiate.

La catastrophe arrive plus tard, quand la démesure implicite au projet que le peuple veut – et que la Gauche lui refuse, précisément à cause de cette démesure — pousse une Droite au pouvoir à des actions plus coercitives pour poursuivre la croissance pyramidale des désirs à satisfaire. Ce sont ces actions coercitives qui finalement brisent le soutien de la population et conduisent à un rejet parfois violent de la Droite

Mais, en attendant, il y a souvent un moment où le peuple est prêt à courir le risque de l’autoritarisme pour sortir du marasme et il y a parfois même un moment de grâce où il est satisfait de la Droite. Jouer avec la Droite est donc dangereux.

Quel avantage a Sarkozy à favoriser une montée de la Droite qui pourrait reprendre les voix qu’il lui a prises? Le gambit de l’UMP, c’est que, ayant le pouvoir, son noyau dur ne la quittera pas : ce sont les extrémistes de gauche qui iront vers le FN. Or, il est hautement improbable que le transport de leurs votes vers la Droite puisse porter celle-ci au pouvoir.

Il est probable, au contraire, que ces votes constitueront un bassin d’électeurs qui, au deuxième tour, viendront appuyer une UMP s’affirmant volontariste et musclée contre tout ce qui serait plus à gauche. Incluant un Villepin de centre droit portant le drapeau des valeurs républicaines et qui serait présenté comme velléitaire.

Il n’est pas exclu que ce soit le choix de 2012.

Pierre JC Allard

315. Le confort douillet   09.12.07

95 234.  C’est la cohorte des nouvelles infirmières de cette année, dont la plupart recevront imminemment leur permis de pratique aux Philippines.  On n’en manque pas. On s’inquiète surtout de celles qui s’ajouteront aux 200 000 qui sont déjà sans emploi.   Chez-nous, bien sûr on en manque.  Le système de santé du Québec ne s’est jamais remis de la grande saignée de 30% de effectifs que l’apprenti-sorcier Lucien Bouchard lui a fait subir en 1996 pour équilibrer le budget.  L’année  où l’on est devenu un pays en voie de sous-développement…

Evidemment, ce ne sont pas les milliers d’infirmières qui ont été poussées vers la porte en 1996 qui nous manquent aujourd’hui ; elle seraient à leur retraite. Il nous manque celles que l’on n’a pas formées, parce qu’on a affamé le système pour qu’il accoutume de vivoter dans l’indigence, qu’il prenne l’allure chétive  d’un réseau du tiers-monde et qu’on s’en trouve satisfait.

Ce qui a été fait… Ce qui faisait scandale est devenu normal. On pavoise quand les taux d’occupation descendent sous 100% dans les urgences, qu’il faut moins de 20 semaines pour voir un spécialiste et moins de 4 heures pour voir un apprenti urgentologue entre deux réanimations, dans un hopital où ne peut être prioritaire que ce qui est terminal.   Nous avons appris a vivre de peu, au risque de mourir de pas grand chose.

Quelques centaines d’infirmières philippines nous feraient beaucoup de bien… Pourquoi ne les avons-nous pas ?  On peut parler des programmes, de formation linguistique, de différences culturelles…  Je publie parfois des articles de fond de 50 ou 100 pages où j’explique le pourquoi des choses.   Mais, il est bon, de temps en temps, de dire les choses simplement :  nous n’avons pas ces quelques centaines d’infirmières qui seraient une bouffée d’oxygène, parce que nous sommes gouvernés par des politiciens corrompus et sans aucun intérêt pour le bien public, assistés de fonctionnaires sans  motivation, sans imagination, vautrés dans le loisir parkinsonien comme des hippopotames dans la boue tiède d’une rivière d’Ouganda.

Aimé Laliberte, qui intervient souvent sur ce blogue et est fort bien renseigné nous parlait, il y a quelques jours d’une nouvelle politique  pancanadienne qui permettra de faciliter le permis d’exercer aux ressources professionnelles  que nous importons parce que nous n’avons pas l’intelligence de former les nôtres.   Parmi ces ressources, des infirmières, bien sûr.  Je n’irai même pas lire cette politique.

Je ne la lirai pas, parce que, pour brillamment qu’elle soit énoncée, elle ne pourra terminer qu’en connerie, car elle est tarée du péché originel : l’absence de volonté d’action et de changement.

Le projet dont notre technocratie a accouché lundi dernier a été conçu en janvier dernier. Il se voulait une réponse à un problème de reconnaissance des acquis  professionnels qui pourrit depuis des décennies.   Il devait être prêt en septembre. Il arrive avec trois mois de retard, mais quelle importance…

Aucune importance et je SAIS, parce que j’ai trainé si longtemps dans cette mouvance de fonctionnaires, de conseillers, de consultants et de politiciens, que PERSONNE, à aucun moment, n’a cru qu’il était important de respecter cette échéance, n’a programmé un calendrier qui aurait laissé penser qu’on pût la respecter… ou n’a éprouvé la moindre surprise ou regret qu’elle ne le soit pas.  TOUT LE MONDE S’EN FOUT.

Comme de tout le reste d’ailleurs.  Chaque politicien pense à la prochaine élection, aux avantages qu’il peut retirer de sa fonction et à son plan de retraite.  Chaque fonctionnaire pense à son plan de carrière, à ses prochaines vacances… et à son plan de retraite. En attendant, on tue le temps dans des réunions où il ne se règle rien, en attendant des décision prises « en haut », venant en cascades de paliers encore plus hauts, par des gens qui ne sont vraiment décisionnels qu’au niveau où leurs agendas sont complètement déconnectés des problémes dont on voudrait qu’ils décident.

Personne ne nous gouverne et l’on ne nous administre que le moins possible. L’alpha et l’omega de notre gouvernance est d’éteindre les feux, de garder les gens tranquilles et de garder ouverts les chenaux qui permettent le flux vers une petite coterie de financiers d’une richesse monétaire qui n’a plus qu’un lointain rapport avec la production réelle.  Pas d’idéal, pas de projet de société. Personne à l’horizon qui aurait les méninges et les couilles de faire un révolution… et donc pas d’espoir.

Que faudrait-il faire pour nous avoir, disons 500 infirmières philippines ?

1.  Choisissez le test DISPONIBLE le plus représentatif de la compétence que l’on veut d’une infirmière au Québec. (3 jours)

2.a  Agencez 10 équipes, composées chacune d’une infirmière  praticienne d’expérience, d’une infirmière bachelière qui connaît bien les méandres de la profession et d’une formatrice/docimologue (2 semaines)

2.b  Envoyez sur place à Manille  3 personnes compétentes – je pourrais vous les trouver – qui respectivement : a) prépareront une campagne de presse et de pub pour inviter  les infirmières a se présenter a un concours pour emploi permanent au Québec b) aplaniront les formalités avec l’administration, et c) organiseront la logistique des entrevues  ( 2 semaines, en parallèle à 2.a)

3.a  Mettez vos 10 équipes au travail en préselection, sur la base d’une lettre de présentation des candidates : 50 dossiers par jours par équipe = 2500 en 5 jours  et en retenir 1 000 (1 semaine)

3.b  Les « 3 personnes compétentes »  continuent d’aplanir les difficulté pertinentes aux enquêtes de sécurité et formalités générales d’émigration ( 1 semaine, en parallèle à 3.a)

4.a Entrevues individuelles 30 minutes x 1 000 candidates  (2 semaines)

4.b On aplanit les difficulté pertinentes aux enquêtes de sécurité et formalités d’émigration pour les 500 candidates retenues ( 2 semaines, en parallèle à 4.a)

5.a  Formalités et transport vers le Québec (1 mois) ( Avec l’aide des « 3 personnes compétentes »).

5.b  Les 30 ressources (infirmières praticiennes d’expérience, infirmières bachelières et formatrices/docimologues) se répartissent les tâches et produisent un programme permettant  en  3 mois de formation intensive – à 4 heures par jour  de cours  + 4 heures de travail pratique – le meilleur arrimages des compétences des candidates à celles requises pour leur travail au Québec ( 1 mois au Québec, en parallèle à 5.a)

6a   Les  30 ressources ( infirmiéres  praticiennes d’expérience, infirmières bachelières et formatrices/docimologues) se répartissent les tâches et voient à a la formation des candidates (3 mois)

6b Les « 3 personnes compétentes » voient au placement et à la logistique d’intégration des  infirmières philippines au Québec.

Tout ça se fait en moins de 6 mois, avec une confortable marge de manœuvre.  Changer Québec par « Madrid » et Philippines par « Andalousie » et c’est ce que faisait le PPO espagnol dans les années 60…

Cela, en supposant que c’est une entreprise privée qui le fait et qu’on lui obtient  les documents necessaires des gouvernements du Canada et du Québec…

On peut essayer de le faire dans la structure du fonctionnariat. Ajoutez seulement au départ deux ou trois ans d’arguties et d’inepties diverses avant de commencer le travail, puis multipliez tous les temps d’exécution par trois (3).

Pierre JC Allard

316. Pas d’autres « Musulmans » en Occident  09.12.14

Depuis quelques jours, dans la foulée de cette affaire de minarets en Suisse, on parle beaucoup de racisme en France, en en détournant le sens.   On établit aussi souvent le parallèle Islam-Chrétienté de façon qui me semble abusive. Ce que j’en dis ici me semble conforme à la réalité

L’Islam est la plus jeune et la plus « avancée » des grandes religions monothéistes. Elle préconise un seul champ, sans solution de continuité, du politique, du social et du religieux. L’Islam est totalitaire, au sens strict du terme, comme aucune idéologie occidentale n’ a pu l’être, car il a fait l’économie d’un détour par l’individualisme et la notion de nation.

L’islam est un engagement total. On ne peut être un Musulman dans le vrai sens du terme et reconnaître une séparation entre la religion et l’État qui définirait pour chacun un domaine où il est souverain, les mettant ainsi sur un pied d’égalité. Pour un Musulman, c’est une hérésie.  Dans la problématique de l’Islam, l’idée d’une séparation entre le religion et l’État est régressive et tous les concepts que nous étayons de cette idée de séparation, comme la laïcité, sont simplement non-avenus.

La laïcité est un concept inacceptable pour un vrai Musulman. Il n’y a donc pas de façon pour un bon Musulman d’être une bon citoyen français ou canadien. Il y a incompatibilité. Aussi longtemps qu’on ne tient pas compte de cette incompatibilité, on est dans l’incompréhension ou l’hypocrisie… et on dit des bêtises. Il est inintelligent de discuter d’une relation Occident-Islam avec des Musulmans à partir des principes et des critères de l’Occident.

J’insiste pour dire que cette vision totalitaire que préconise l’Islam N’EST PAS ABSURDE ni intrinsèquement MAUVAISE. Rien ne dit que ce n’est pas celle qui prévaudra, car notre démocratie, devenue pure corruption, est loin aujourd’hui d’avoir le haut du pavé dans ce débat. Je dis seulement que l’Islam et notre vision occidentale du monde sont incompatibles. Il n’y a rien a gagner à vouloir les faire cohabiter.

La démonstration de l’inacceptabilité  des  Musulmans en Occident se  termine, quand on accepte que la fusion entre le religieux et le politique – qui est ESSENTIELLE à l’Islam – fait de tout Musulman un objecteur de conscience à toute gouvernance civile dans tout pays où ne s’applique pas la charia. Il ne peut se soumettre de bonne foi aux lois d’un pays comme la France ou le Canada, et ne peut viser qu’à renverser cette gouvernance.  Est-ce le citoyen que l’on veut ?  Comment le Musulman, qui ne peut reconnaître la légitimité absolue de la loi française en France, aurait-il sa place en France ?

Quand on parle des Musulmans « modérés », on joue sur les mots et on triche. Si un Musulman est modéré au point de vouloir s’intégrer à la vision du monde d’un citoyen laïque de France ou du Canada, il n’est plus un Musulman. Il est un « laique postislamique », comme il y a des millions de « laiques postchrétiens » en Occident. Ce n’est pas lui qui fait problème. Il est aussi assimilable que tous les autres qui sont venus et dont les enfants ou petits enfants sont indiscernables des autres citoyens de souche.   Le postislamique est le bienvenu, quel que soit son pays d’origine ou sa couleur de peau.

Le problème, c’est celui qui veut rester un Musulman et est donc imperméable à l’idée de séparation entre la religion et l’État. On ne reglera pas ce problème en jouant sur les mots, mais en disant clairement que ce Musulman n’a pas plus sa place en Occident que je n’aurais la mienne à La Mecque. Je suis en principe passible de la peine de mort si j’entre à La Mecque.

Beaucoup de gens imaginent La Mecque comme le Vatican : un église et quelques dépendances. La Mecque est en fait une ville plus populeuse que Marseille, dont l’existence comme entité civile indépendante de son caractère religieux est niée au point que les non-musulmans n’y sont pas admis !  Comment mieux exprimer que Islam et État sont indissociables ?

Je souligne, encore une fois, que je n’ai pas de querelle avec l’Islam. Seulement avec l’Islam en Occident… Le problème que pose l’intégration de cette minorité en France découle de cette fusion-confusion entre religion et identité. Beaucoup de  postislamiques ne demandent sans doute qu’à être intégrés et assimilés. Ils  se disent Musulmans, simplement parce qu’ils ne savent pas se définir autrement que comme Musulmans ! Problème tragique, car leur volonté d’intégration est perçue par les autres comme une apostasie.

Leur assimilation est alors rendue plus difficile dans le contexte d’une contrainte et de l’ostracisme de leur communauté. D’où cette notion qui semble paradoxale, mais qui est pourtant bien évidente, que l’intégration des « postislamiques » – qui peuvent devenir d’excellents citoyens en France ou au Canada – sera d’autant plus facile qu’il y aura moins de « Musulmans » en France ou au Canada.

Respectons les droits acquis de ceux qui  sont déjà parmi nous…. Mais n’en acceptons plus !

https://nouvellesociete.wordpress.com/2008/03/12/170-les-quant-a-soi/

https://nouvellesociete.wordpress.com/2008/03/12/173-un-brin-de-causette/

Pierre JC Allard

317. Nous n’irons plus au bois 09.12.23

Vendredi soir sur France 2…

Arditi monte à l’assaut de la presse citoyenne. Un autre… Seb Musset sur Agoravox lui répond. Il le fait bien… Juste un mot donc… Ceci est un petit billet doux que j’avais écrit pour Amar, Fottorino, Aphatie et assimilé l’an dernier. Je suis heureux aujourd’hui d’ajouter Arditi.

Je  serais heureux qu’on le leur fasse parvenir. Encore plus qu’ils me répondent. Ils peuvent me rejoindre ici. J’y suis. Ils peuvent aussi me donner rendez-vous dans les fossés, dans leurs propres journaux. J’autorise la publication dans leurs pages de cette opinion d’un de leurs non-lecteurs. Nous serons de plus en plus nombreux.

Nous n’irons plus au Bois …

Le journalisme traditionnel a profité de deux phénomènes: l’émergence d’une multitude de citoyens à qui l’on a montré à lire sans leur montrer à penser et la mise en place d’une démocratie boiteuse, dont les fondements sont devenus la manipulation et la corruption.

C’est dans ce climat que se sont développés des médias qui ont occupé l’espace de l’information, ont embauché des mercenaires à plume pour en louer les services aux plus offrant, puis ont prétendu à un droit de cuissage sur toute nouvelle, la déformant sous prétexte de lui donner forme.

C’est ainsi que des journalistes sont nés qui se sont arrogé le droit de simplifier un monde complexe, pour qu’il passe par le canal étroit de leurs directives de leurs idiosyncrasies et de leurs états d’âme et en sorte moulé aux exigences de la pensée correcte.

C’est ainsi qu’on nous bâtit une réalité conforme à ce que le pouvoir voudrait qu’elle soit, incluant sa part de contestation et de contradiction… mais selon les règles. C’est une construction qui est certes un travail de professionnels, car on ne sent pas souvent qu’il y a eu amour ou plaisir à s’en acquitter.

J’aime trop la vérité pour me plaindre de ceux qui se gagnent la vie à nous en offrir, ne serait-ce qu’un ersatz, mais je suis ravi qu’on puisse maintenant la trouver ailleurs que dans ces maisons closes de l’information que sont le Figaro, le Monde et autres dispensateurs d’opinions cousues machine.

Les médias citoyens sont apparus et le monde a changé, puisqu’on en voit maintenant toutes les facettes et non plus seulement celles à la mode, sous éclairage avantageux et avec les miroirs indécents, mais convenables. On y perd en techniques journalistiques, bien sûr, mais ce sont ces astuces rabâchées qui nous menaient à l’impuissance. Elles ne nous manqueront pas.

Vous, les Médias de Grande Réputation, laissez-nous jouir de la transparence. Nous n’avons que faire de votre ambigüité programmée et de la virtuosité apprise de vos scribouilleurs de service. Fermez.

Bien sûr, il y a du talent chez vous, du génie, même… mais les grandes plumes s’en sortiront sans vous. Elles auront leur blog et tiendront salon chez elles. Il y aura toujours une demande, pour les grandes cocottes et pour les grandes âmes inspirées. Mais le temps des bordels est fini.

Les lauriers sont coupés. Cette presse citoyenne que voila va tous les emporter.

Pierre JC Allard

318. La Chine éveillée   09.12.28

Napoléon, puis Peyrefitte… on nous l’avait bien dit qu’elle nous ferait trembler… Si vous avez moins de 50 ans, je vais vous annoncer une mélancolique nouvelle.   Cette idée d’être les meilleurs en tout, parce qu’on est blanc, judéo-chrétien, gréco-latin, Occidental, quoi, n’a plus beaucoup d’avenir.

Vous croyez qu’on aura toujours les meilleurs sièges au spectacle du monde, parce qu’on est créatif, aventureux, rationnel, qu’on a inventé la liberté et la démocratie, la science et la technologie, l’altruisme et la charité ?  Vous allez être déçus.  Le résultat le plus permanent de la crise actuelle, c’est que, lorsqu’elle sera terminée, l’Occident ne sera plus dans le fauteuil, mais sur le strapontin.

La Chine prend le volant. Tragique ? N’exagérons rien.  Sur le plan cosmique, sub specie aeternitatis, une vaguelette imperceptible. Sans importance pour Gaïa et un détail pour ce qui, on l’espère, sera la longue histoire de l’humanité.  Mais peut-être éprouverez-vous une vague nostalgie, dans vos vieux jours, à penser que vous aurez été les derniers dans le siège du conducteur.  Un rétablissement psychologique à faire, aussi, pour la génération de vos enfants qui ne seront plus la Race des Seigneurs.

On écrira certainement des livres sur la longue décadence de notre civilisation, mais bornons nous ici au dernier chapitre. La double déconstruction, depuis deux générations, d’une part  de nos valeurs et, d’autre part, de notre structure  de production.

Pour nos valeurs, on a accepté qu’elles soient cyniquement remplacées par un égoïsme pur, menant à la perte de confiance en tout et en tous qui est la conséquence logique de la projection sur les autres de cet égoïsme que l’on ressent en soi. Fatal pour une société, puisque celle-ci repose économiquement sur la division du travail, politiquement sur la délégation réciproque de tâches et de l’autorité pour les accomplir et que le concept même de bonheur, qui sert de justification à tout effort commun, repose sur l’hypothèse que l’on est plus heureux lorsque l’on n’est pas seul…

Pour la production, la recherche d’un optimisation du profit sur un horizon n’excédant pas celui d’une vie humaine a conduit l’Occident à exporter sa capacité même de production industrielle, lâchant la proie pour l’ombre et n‘en gardant que le contrôle des variables financières. Contrôle précaire qui ne vaut que si est respecté un consensus que seule la force militaire peut imposer à ceux qui n’en profitent pas.

Sans autre valeur que son cynique égoïsme, l’Occident, qui a bradé les outils de creation de la richesse réelle, se retrouve avec des symboles monétaires qui ne valent plus rien et une force militaire qui peut encore détruire, mais dont il a été amplement prouvé, au Vietnmam et en Irak, que ses effectifs n’auraient ni la motivation ni la vertu, au sens romain du terme, de gagner une véritable guerre.  L’Occident est devenu ce « tigre en papier » dont parlait Mao.

La Chine va sortir grande gagnante de cette crise.  Elle a tous les atouts.  D’abord, elle a celui évident d’une capacité de production en plein essor, ostensiblement tournée vers l’exportation, mais dont la fusion du politique et de l’économique a permis l’éclosion en Chine d’un nouveau “capitalisme d’État” qui pourrait réorienter rapidement cette capacité vers la consommation domestique.

La réorienter sans les arguties auxquelles une tentative de ce genre donnerait lieu, dans une démocratie occidentale mandataire d’un capitalisme privé.  Si la Chine était contrainte de cesser d’exporter — ou choisissait simplement de le faire — elle ne ferait que des heureux dans sa population, dont elle pourrait mieux satisfaire la demande de consommation depuis longtemps réprimée. La Chine produit.

Que des heureux ? À quelques exceptions près… dont on pourrait attendre la plus grande discrétion. Cette discrétion est le deuxième grand atout de la Chine. La Chine est une dictature que sa population Han considère majoritairement bienveillante et éclairée et que ses minorités tibétaine, ouigour et autres n’ont pas la masse critique de contester. La Chine est gouvernée.

Elle n’est pas, comme l’Occident, tombée dans le piège tendu par le Capitalisme d’une pseudo démocratie totalement soluble dans une omniprésente corruption et donc complètement manipulée par le pouvoir financier. On a compris en Chine que, dans une économie monétaire, l’État n’est pas vassal de l’argent. Celui qui a le pouvoir politique CRÉE la monnaie et y ajoute à sa convenance le pouvoir économique.

Dans une Chine quasi-autarcique, le pouvoir d’opposition d’un pouvoir économique distinct de celui de l’État n’est pas aujourd’hui une véritable menace. Ce qui manque à l’autarchie chinoise, d’ailleurs, elle peut, avec ces milliers de milliards de dollars US qu’elle a accumulés, l’acheter sans problème de tous ceux qui croient encore que cet argent vaut quelque chose… Et ce ne sera pas les USA qui les détromperont.

Avec une gouvernance bien en selle, une structure de production réelle solide et même un ligne de défense dans le virtuel monétaire, la Chine poursuit un plan impeccable, comblant rapidement les quelques retards technologiques qui lui restent. Dans dix ans ce sera fait et même ses transferts de connaissances avec l’Occident se feront d’égal a égal…  D’égal à égal … en théorie.

En pratique, sa force d’attraction industrielle permettra à la Chine de faire venir à elle tous les experts qui lui manqueraient, même dans les filières du tertiaire où elle ne se serait pas hissée au premier rang. L’équilibre des forces basculera alors de plus en plus vite vers la Chine… .

Les dirigeants chinois semblent modestes. Ils parlent de construire une société de « prospérité moyenne », en rattrapant dans 20 ans le PIB par habitant du Portugal, un parent pauvre de l’UE. Mais le modeste PIB par habitant du Portugal, pour 1,3 milliards de Chinois, c’est plus que le PIB combiné des USA et de Europe incluant la Russie !

Quand son économie aura complété sa transformation vers la demande domestique et que son PIB aura ainsi augmenté, la Chine ne voudra plus  – en fait,  ne POURRA plus – vendre à l’Occident les biens industriels que nous accoutumons chaque jour davantage d’acheter d’elle. Si nous n’avons pas alors reconstitué chez-nous une structure industrielle complète, pour remplacer celle que nous avons démantelée, notre niveau de vie s’effondrera… et la population mécontente tirera ses conclusions.

La population, aigrie, comparera les vessies qu’auront apportées une démocratie bidon et un capitalisme exploiteur, avec les lanternes magiques de l’enrichissement accéléré et de la paix sociale « à la chinoise », sous l’égide d’une oligarchie en possession tranquille de la richesse et trouvant sa seule satisfaction dans la dominance.

Il n’est pas sûr que les Occidentaux ne renonceront pas à des bribes de liberté pour avoir la paix, la sécurité et la prospérité. S’ils font ce choix, l’ultime export de la Chine à l’Occident aura été son mode de gouvernance… Une tyrannie efficace et qu’on souhaite bienveillante qui, d’ailleurs, a été le modèle par défaut de l’Histoire avant que ne viennent les Lumières.

À la victoire économique de la Chine s’ajoutera alors sa victoire idéologique, quand l’expérience démocratique, qui a été le rêve de l’Occident depuis deux siècles, ne sera pas violemment détruite, mais doucement effacée…  J’aimerais une autre fin au scénario.

Pierre JC Allard

319. La gauche et la minarchie     09.12. 29

Dès que s’est amorcé le débat entre Libertariens et Gauchistes, j’ai insisté pour qu’on y introduise une structure bidimensionelle. Il y a une dimension partage et une dimension organisation. Il n’est pas innocent qu’on veuille les confondre. Cette confusion maintient le pouvoir de ceux, bien peu nombreux – la liste en tiendrait sur une plaque à la Conciergerie – qui font de ce monde un enfer. Celui qui tiennent la Banque accusent de vouloir plus de pouvoir pour l’État ceux qui, en fait, veulent plus de pouvoir pour la collectivité… et accusent de refuser toute solidarité ceux qui veulent simplement que la solidarité soit un libre choix. Un choix qui, pourtant, est nécessairement celui de quiconque vit en société !

Tout le monde veut une société de justice, tant rétributive que distributive, qui donne donc à chacun selon ses efforts, mais aussi selon ses besoins. Bien peu de gens soutiennent un totale anarchie permanente ; il faut donc bien une structure d’ordre qu’on peut appeler l’État. Si cet État, toutefois, n’est plus l’expression démocratique de la collectivité, mais devient, par le contrôle de l’opinion et la corruption, le bras armé des Banquiers, il est l’ennemi. L’ennemi de tous sauf, bien sûr, des banquiers et de leurs suppôts qui profitent de cette gouvernance oligarchique.

C’est en manipulant le sens des mots, que les Banquiers sèment la zizanie entre ceux qui voient prioritairement les faces « liberté » et « initiative » d’une société progressiste et ceux qui en mettent en avant les aspects « solidarité » et « protection ». Une Nouvelle Société doit offrir TOUS ces avantages : il sont complémentaires. Je pense parfois que nous avons plus besoin d’un lexique que d‘un manifeste. Aujourd’hui je ne veux parler que de l’usage du mot « Capitalisme ». Le mot qui crée des dissensions

Il y a une grande ironie à entendre les thuriféraires du système économique actuel faire simultanément l’apologie du capitalisme et de la libre entreprise, car si le néo-libéralisme a réussi à en faire les deux piliers complémentaires de notre structure économique, la réalité est que ce sont plutôt les deux pôles entre lesquels celle-ci oscille. Dire que les deux sont nécessaires est une évidence et décrit la tension dynamique qui prévaut dans la société aussi bien que la dichotomie gauche-droite qu’on utilise plus souvent. Avec le même défaut, pourtant, de transformer parfois en alliés circonstanciels des concepts qui s’opposent, créant des dissonances cognitives comme la « dictature du prolétariat », des « autocrates de gauche » … ou la discipline musclée de certains mouvements de droite pour la défense de la liberté !

Une société peut être à la fois capitaliste et entrepreneuriale – la plupart des régimes actuels en sont des exemples – mais il faut comprendre qu’elle se déplace alors sur un axe et qu’un pas dans une direction éloigne toujours de l’autre. Avec l’avènement d’une structure d’économie tertiaire, nécessirement plus entrepreneuriale, on va voir apparaître dans toutes son évidence la contradiction et l’antagonisme entre l’entrepreneuriat et le capitalisme… au détriment de ce dernier. Ce n’est pas une quelconque révolte de la classe ouvrière qui va faire reculer le capitalisme et le remettre à sa juste place, mais l’entrepreneuriat.

Hérésie contre le dogme marxiste ? Pour ramener la réalité dans le giron orthodoxe, il suffit d’accepter d’abord que l’entrepreneuriat est bien une forme de travail, puis de constater, que tout travail n’est plus qu’une prise de décision et donc une forme d’entrepreneuriat. L’entrepreneur n’est plus le « laquais du capitalisme » du florilège communiste, mais l’allié naturel des autres travailleurs. Il EST le travailleur. Le rapport de forces entre capitalistes et travailleurs-entrepreneurs s’est transformé. Pourquoi ? Parce que, dans un monde plus complexe, on a besoin de compétences dont chacune devient indispensable.

À l’origine, le capitalisme a manipulé l’entrepreneuriat. Le propriétaire terrien, avec ses sbires bien armés, allait se cueillir dans une razzia un « entrepreneur » qui lui ferait fonctionner une exploitation agricole. S’appuyant sur les mêmes arguments, il passait périodiquement quérir la plus grande partie des produits, ne laissant à l’ «entrepreneur » qu’un profit dérisoire. L’entrepreneur était l’un des exploités et, s’il l’était moins que les autres esclaves, c’est qu’on avait jugé que la liberté, en le motivant, en faisait un outil plus productif et qu’il était plus rentable de le rémunérer avec une part des résultats. Maintenant, complémentarité oblige et la structure de production se morcelle. L’initiative et la motivation jouent un tel rôle, que tous les travailleurs deviennent peu à peu des entrepreneurs. Les effectifs de l’entrepreneuriat augmentent… et aussi son importance relative.

Le rapport de force de l’entrepreneuriat au capital dépend de la vélocité du changement, car il incarne le rapport du passé au présent. Lorsque les facteurs de production sont assemblés, le capital – incluant la matière première qui, au départ, est le « capital » par excellence – représente le passé. C’est l’apport au projet de ce qui existe déjà – la richesse – par opposition au travail, qui est ce qu’il faut y ajouter. Le capital au départ est d’autant plus important qu’il est rare, alors que le travail est surabondant et ne vaut pas grand-chose. Mais avec l’abondance et le progrès, c’est une autre histoire…

Non seulement la richesse augmente objectivement, mais subjectivement les besoins tendent à être sur-satisfaits, ce qui diminue l’importance relative de la richesse. Pire, le progrès a pour effet d’accélérer la désuétude du seul capital qui soit vraiment actif, le capital dit « fixe », sous sa forme d ‘outil de production de biens et donc de richesse réelle. L’apport du passé s’effiloche donc de plus en plus vite ; c’est ce que l’on fait dans l’instant présent qui est important: le travail. Le travail, qui devient la ressource rare, chaque travailleur-entrepreneur devenant plus important avec la complexité qui augmente. Le rapport des forces entre entrepreneurs et capitalistes est donc transformé.

Attention ! Le capital ne disparaît pas ! Ce que l’on fait dans l’instant présent devient immédiatement, dès l’instant suivant, une partie du « passé »… Le passé se nourrit du présent et ce que l’on produit devient capital. On peut dire, à juste titre, que le pouvoir est toujours entre les mains de celui qui dans l’instant présent POSSÈDE ce capital, mais ce capital est évanescent et de plus en plus éphémère. Le pouvoir du capitaliste face à l’entrepreneur diminue, à mesure que décroît l’espérance de vie de son capital. L’intérêt est là pour donner une permanence accrue au capital, en s’assurant qu’il ne s’évanouira, pas trop vite…

Le risque est grand, toutefois, qu’avec l’intérêt on créée discrétionnairement une pseudo richesse, purement monétaire, qui ne pourra convaincre qu’en grossissant les chiffres et ne convaincra donc que les naïfs. Quand la richesse devient ainsi virtuelle, quiconque en a besoin peut s’en créer lui-même, avec la complicité de l’État-banquier, distribuant des images en papier ; il s’est créé 20 000 banques en Russie après l’effondrement de l’URSS…

On maintient ainsi le capitalisme comme symbole d’une autorité, mais en le vidant de tout pouvoir réel. On parvient à le maintenir dans le miroir monétaire, mais le capital réel ne se dissipe pas moins, à mesure que le passé perd de son importance relative face aux nouveaux apports du travail-entrepreneuriat.

C’est le momentum même du changement qui détermine le rapport de force entre le travail et le capital, entre ce qui se crée maintenant et ce qui a été. Plus l’on décide d’évoluer rapidement, plus le travail- entrepreneuriat gagne en importance par rapport à ce qui a déjà été accumulé. Plus le rapport de l’importance relative de la compétence au capital change en faveur de l’entrepreneur, plus le pouvoir du capitaliste devient précaire, ce qui entraîne un changement de la hiérarchie sociale.

Quand son pouvoir fassèye, le capitalisme entre dans sa phase moribonde terminale et devient corporatisme. On a le corporatisme quand ceux qui ont le pouvoir politique cessent de se vendre à ceux qui ont l’argent et comprennent que, dans un univers de richesse symbolique virtuelle, celui qui a le pouvoir politique CRÉE l’argent et n’en est plus le serviteur, mais le maitre. L’argent demeure le grand outil de gouvernance, par la corruption, mais dès que la création d’argent est discrétionnaire pour celui qui a le pouvoir politique, c’est ce seul pouvoir qui importe.. et il repose sur la force.

La Chine est déjà corporatiste. La crise financière actuelle – qui est à ruiner tous ceux qui prétendaient avoir le pouvoir par la seule richesse au profit de ceux dont la richesse leur est consentie par l’État – transformera les USA, puis le reste du monde dit démocratique en États corporatistes. Nous y sommes presque. Dans ce contexte, parler de la Gauche contre la Droite, est une comparaison trompeuse… et un piège. L’État demeure nécessaire, mais doit être rendu minimal, car il ne représente PAS la collectivité.

Cette riposte au capitalisme corporatiste ne doit pas, toutefois, réduire la volonté ni la capacité de la collectivité de vivre la solidarité. C’est ça le défi à relever. Une Nouvelle Société, c’est un socle solide, consensuellement défini, de richesse et de services collectifs essentiels, sur lequel se bâtit une société d’individus libres. C’est ainsi que je comprends la Gauche. C’est ainsi, aussi, que je veux comprendre la Minarchie.

Pierre JC Allard

320. La fin de l’Âge du Labeur 10.01.04

Dans le sillage de la crise financière en marche et du chômage qui en découle, on voit poindre à nouveau maintenant les interrogations sur l’évolution de la main-d’œuvre qui réapparaissent de temps en temps et qu’on fait tout pour faire oublier.  Il faudrait peut-être, cette fois, faire le point avec lucidité. La révolution industrielle nous a apporté l’abondance… et le chômage.

Le chômage qui vient de notre manque d’imagination pour réaffecter une RESSOURCE précieuse – la main-d’œuvre – à des tâches utiles, sans provoquer l’opposition féroce de ceux qui, par leur propriété du capital, ont la main mise sur la production, donc sur la richesse, donc sur la gouvernance.   Mais cette opposition n’est pas invincible… et n’est même pas inévitable… On est maintenant dans une économie tertiaire où le capital humain a la primauté sur le capital matériel.

Pas par quelque grandeur d’âme d’un quelconque providence, mais par la simple et rigoureuse logique de la rareté respective de ces deux facteurs et des contraintes techniques à leur appropriation.  C’est la logique du marché qui soumet le capital au travail. On doit en tirer les dix  (10) conclusions en sorite qui s’imposent, quant à un inévitable transformation de la nature et du rôle du travail dans la production.

1. Les emplois dans le secteur industriel doivent disparaître pour assurer la productivité: le travail de jadis, ce sont maintenant des machines qui le font et elles peuvent produire bien plus que nos besoins matériels l’exigent. La haute technologie ne créera qu’un nombre relativement minime d’emplois et, si un investissement en équipement n’est pas rentable, c’est le travail à vil prix des pays en voie de développement qui prend la relève.

2. Nous n’avons donc besoin que de moins en moins de travailleurs industriels. Ce dont nous avons besoin, désormais, c’est de produire plus de services dans les secteurs éducation, santé, culture, loisir, sécurité, communications, distribution, et d’assurer la gestion courante et le progrès de notre économie et de notre qualité de vie.

3. Même dans le tertiaire, les emplois répétitifs vont de plus en plus être confiés à des ordinateurs et la hausse de notre niveau de vie, qui découlera de la rationalisation du secteur industriel, rentabilisera la programmation de toute une gamme de services.

4. Les services « simples » qui ne seront pas programmés ne pourront offrir à court terme qu’une rémunération au niveau de subsistance ou plus bas; ils vaudront uniquement pour apporter un revenu d’appoint. Il en sera ainsi jusqu’à ce que le développement de l’éducation ait ouvert à la masse des travailleurs l’accès à la fourniture de services complexes et ceci prendra … disons quelque temps.

5. En attendant, le revenu découlant des services simples restera « au noir » et créera des problèmes croissants, jusqu’à ce qu’on ait la sagesse de le « blanchir », c’est-à-dire de le traiter comme un revenu d’appoint acceptable et accessible à tous, en parallèle à un emploi et à un paiement de transfert.

6. À moyen terme, tout ce qui peut être fait par une machine sera fait par une machine. Le plus tôt sera le mieux, car il n’y a rien d’évolutif à demander à un être humain un travail d’automate. Le travail digne d’un être humain, ce sont les fonctions de créativité, d’initiative et de relations humaines, celles que la machine ne peut pas fournir. Tous les emplois qui ne font pas appel à une ou plusieurs de ces trois (3) aptitudes fondamentalement humaines doivent disparaître et VONT disparaître. Toutes les fonctions et tâches qui ne consistent pas uniquement à appliquer ces aptitudes « inprogrammables » seront modifiées pour restreindre le travail humain  à celles-ci

7. Dans le domaine des activités inprogrammables, il y a un travail infini à faire, mais un emploi salarié traditionnel n’est pas le meilleur encadrement pour ce genre de travail. Les employeurs privilégient la substitution par des machines et la réduction des coûts plutôt que l’amélioration des services, tandis que la structure d’emploi empêche l’utilisateur, qui est seul capable de le faire, de contrôler les aspects essentiels de la qualité du service inprogrammable qui lui est rendu. Ce sont donc des travailleurs professionnels autonomes qui prendront peu à peu la relève des travailleurs salariés dans une structure d’emploi.

8. Quant à la masse des décideurs, à tous les niveaux de la structure de production, la tendance est claire vers de nouvelles modalités de relations de travail et de rémunération qui se rapprochent bien plus du travail autonome que de l’emploi traditionnel. Il restera toujours des salariés dans le secteur public – juges et ministres, par exemple – mais ce sera ceux dont on peut raisonnablement supposer que le salaire n’est qu’un aspect trivial de leur motivation. Pour l’immense majorité des travailleurs, la « job » est une structure désuète d’encadrement du travail.

9. Cessons donc de nous leurrer et d’agir comme si nous vivions une récession comme les autres et qu’on devait espérer que demain, l’année prochaine, ou dans 20 ans, ‘il y aura, comme avant, « une job steady et un bon boss » pour tout le monde. Nous ne vivons pas une récession, mais la phase finale, engagée depuis quelques décennies, d’une transition en marche depuis le début de la révolution industrielle.

10. Nous ne vivons pas une crise québécoise, mais une crise mondiale. Il y aura de moins en moins d’emplois, jusqu’à ce qu’il n’en reste que ce qu’il faut pour encadrer  avec souplesse et protéger une masse de travailleurs autonomes qui ne penseront pas dur labeur, sueur et corvée, mais recherche, réflexion et communications.

L’Âge du labeur est fini. L’avenir du travail, c’est le travailleur qui découvre qu’il est un entrepreneur.

Il manque un gouvernement qui ait le courage de faire ce qui doit être fait pour adapter la main-d’oeuvre à cette réalité.

Pierre JC Allard

Pour ceux qui lisent l’anglais et ont un peu de temps : Crisis and Beyond

 

 

321. Faire sauter la banque 10.01.11

La crise actuelle, qui touchera la production et la gouvernance, a été mise en branle par une attaque sur le front financier. Le pouvoir, dans le style Monte Carlo, va « faire sauter la banque » . Pour ceux qui veulent en savoir plus, j’en parle beaucoup, surtout dans cette série d’articles. Tout le monde, cependant, ne tient pas à mettre des heures pour aller au fond des choses. Je pense qu’il est utile de voir ici, en quelques paragraphes, le b-a ba de la Grande Arnaque capitaliste. …

Comprendre, d’abord, que valeur de la monnaie tient au fil du pouvoir et donc de la force de l’Autorité qui s’exerce. Quand un État s’impose, il bât monnaie, garantissant le poids en or ou en argent d’une pièce en y posant son sceau. Quand son pouvoir s’affirme, sa seule signature suffit et le papier peut devenir monnaie. Mais, derrière celui qui tend un assignat et exige du blé, il y a toujours la silhouette d’homme qui porte une épée ou un mousquet.

Quand on peut avoir le blé pour le papier, le pouvoir tend à se confondre avec la richesse, puisque la richesse apporte le pouvoir, mais que c’est le Pouvoir qui imprime la richesse. Il suffit qu’on y croit. Or celui qui est fort est cru. La richesse se confond pratiquement avec le pouvoir, la promesse devient plus efficace que la menace, la récompense plus que le châtiment… et la corruption, comme outil de gouvernance, beaucoup plus efficace que la violence. Il ne faut simplement pas laisser oublier que le mousquet qu’on ne montre plus est toujours là quelque part

Le Pouvoir qui est cru peut créer l’argent qu’il veut et le donner à qui il veut; c’est une création totale, discrétionnaire. L’argent, devenu le symbole ultime du pouvoir, passe sous le contrôle absolu du Pouvoir lui-même. On est riche ou pauvre, désormais, par simple décision du Pouvoir, décision prise et exécutée selon des règles que le Pouvoir détermine. On laisse alors les balbutiements et l’on peut créer un véritable capitalisme.

La règle première et suffisante, celle qui crée le capitalisme et assure au Pouvoir le contrôle imparable des conditions d’échange, c’est que l’argent peut être créé à volonté et que quiconque a de l’argent en reçevra plus. C’est ce qu’on appelle toucher un intérêt. Le montant de cette prime à la richesse est fixé de façon à maintenir la stabilité du pouvoir en enrichissant les plus riches, en préservant l’aisance de ceux qui ont quelques biens et donc quelque pouvoir – au moins de nuire – et en exploitant les autres.

On appelle « Banque » l’entité qui gère cette opération récurrente de créer de la monnaie, puis de donner de l’argent à chacun au prorata de celui qu’il a et de ce qu’il est, ce qui vaut confirmation efficace de sa place dans la hiérarchie du pouvoir. Il n’y a aucune logique au paiement d’un intérêt par l’État, puisque c’est lui qui crée ou fait créer l’argent, si ce n’est le maintien du pouvoir en place. Les rationalisations qu’on en donne s’appuient sur des pétitions de principe et des sophismes.

Seul un lavage de cerveau incessant empêche la population de se rendre compte que là est la source de toute iniquité. Seule une population totalement endoctrinée peut croire aux balivernes qu’on lui raconte pour justifier ce transfert éhonté de richesse des pauvres vers les riches. Mais acquiescer à cette répartition est la condition essentielle pour en toucher sa part sans discussion.

Ce chantage et cette corruption systèmique sont les bases des régimes qu’on dit démocratiques, et qui le sont vraiment, dans la mesure où une société complexe ne peut fonctionner sans le consensus d’une majorité effective. Si le système fonctionne, c’est qu’une majorité effective est corrompue… et qu’elle chante.

La Banque est toujours un rouage essentiel de la gouvernance. Son importance, toutefois, est telle qu’elle est soustraite aux aléas de la démocratie, soit en rendant inamovibles ceux qui en ont charge, soit en déléguant toute l’opération à des entreprises dont les dirigeants sont cooptés par ceux qui détiennent le pouvoir. Le mécanisme précis de création d’argent passe par le privilège accordé à la Banque de prêter ce qu’elle n’a pas. Ce privilège lui est garanti par l’État, lequel “émet des obligations”, qui sont autant de promesses de donner plus à ceux qui ont déjà beaucoup, tout en contrôlant l’inflation qui devrait en résulter en réduisant la consommation de ceux qui manquent parfois du nécessaire.

Le paiement gracieux d’un intérêt par l’État à la Banque détermine le taux d’intérêt à tous les paliers de la structure et équivaut au détournement continuel, au rythme souhaité, de la plus-value du travail de la société vers les membres de l’alliance dominante.

L’exploitation des faibles par les forts existe depuis toujours, mais le procédé du « tout-a la-banque » ne fonctionne vraiment que depuis que l’industrialisation a permis de dégager des surplus significatifs au-delà du niveau de subsistance. On pouvait auparavant engranger les récoltes et thésauriser l’or, mais la monétarisation et le tout-à-la banque permettent le vrai capitalisme.

Aussi longtemps que la richesse a un support matériel, pourtant, la richesse est en péril. On peut cacher des billets de banques et autres symloles, mais ces biens demeurent appropriables par la violence, vulnérables à des “accidents”, guerres, catastrophes, etc. La solution finale, pour le capitalisme, a donc été l’identification récente de la richesse à un symbole totalement intangible et donc PARFAITEMENT contrôlable: l’argent électronique. L’argent électronique est invulnérable.

Il est invulnérable, parce qu’il ne repose sur rien d’autre qu’un consensus. Une note électronique à coté de votre nom, sur un ordinateur, peut faire de vous le maître du monde. C’est une décision libre, réversible, sans contrainte et arbitraire du Pouvoir, le « Pouvoir », dans cette acception, étant l’équipe qui assure le fonctionnement et la permanence du système : l’élément décisionnel de l’alliance dominante.

Le Pouvoir peut effacer cette note électronique à coté de votre nom sur un ordinateur et rien de tangible ne se passe; il peut la ré-écrire, l’effacer à nouveau… la magie n’est pas là. Mais que le Pouvoir fasse connaître OFFICIELLEMENT que la note est là et vous êtes riche. Il dit qu’elle n’est plus là et vous n’êtes plus rien. La Banque est souveraine. C’est la situation de César qui ferait apparaître des légions armées en nombre infini, d’un simple effort de volonté. Aucune gouvernance n’a jamais été aussi proche d’un pouvoir divin. Tout se passe à la Banque.

Mais plus pour bien longtemp… Si la crise actuelle – l’argent ne vaut plus rien – ne conduit pas rapidement à l’émission d’une autre monnaie crédible, c’est la force brute qui reprendra le gouvernail des mains de la richesse. Et on pourrait bien le regretter

Pierre JC Allard

322. Vous avez dit « identité » ? 10.01.25

Il fut un temps où il était nécessaire et suffisant d’avoir un visage, un nom et préférablement un quelconque papier pour être quelqu’un et que ça se sache. Ce n’est plus vrai; l’Internet a ouvert la porte aux multiples appartenances. On peut n’aimer maintenant que son prochain éloigné, ce qui ne facilite pas les voisinages…

Pour l’individu, ce phénomène de la multiple appartenance est une évolution et un source de gratification; pour la société qui doit s’y adapter, c’est un problème. En prêtant sa loyauté à divers groupements, l’individu se situe au coeur d’un énorme faisceau d’appartenances et, plutôt que par le fait qu’il soit catholique ou protestant, allemand ou français, c’est par la conjoncture de toutes ses appartenances que l’individu se définit dorénavant comme être social. Ceci apporte trois (3) conséquences dont il faut tenir compte.

La première, c’est que l’individu -appelons-le Maurice – qui a remplacé l’identification viscérale de jadis à un concept simple (race, patrie, nation, etc.) par une myriade d’identifications à des causes parfois transcendantes mais souvent triviales – et qui semble y avoir gagné d’être maintenant une “personne” unique et non plus un simple citoyen comme les autres – devient paradoxalement pour son voisin cette somme de ses croyances et de ses prises de position… et rien d’autre. Comme être social, il n’est plus perçu par les autres, occupés eux-mêmes de leur propre identification à leurs propres appartenances, que comme le faire-valoir des groupes auxquels il s’est identifié.

Qui est Maurice? Maurice, pour son voisin, c’est le Belge qui a deux caniches, une vieille Peugeot et la maison verte dont la pelouse est mal tondue, qui participe au Comité de parents de l’école, qu’on voit parfois à l’église et qui recueille des fonds pour Centraide. Maurice, pour son collègue de travail, c’est le magasinier qui habite en banlieue et qui a des idées radicales sur les droits des travailleurs. Pour son frère, Maurice ne fait pas assez de fric et est trop permissif avec ses enfants. Maurice, pour les autres, n’est qu’une collection d’images. Il n’est substantiel que dans la mesure où ses engagements sont formels et qu’il représente “quelque chose”.

Maurice, s’il veut être incontournable pour les autres, doit donc s’efforcer d’exister réellement en “signifiant” quelque chose, idéalement en devenant un mythe petit ou grand du seul fait de se situer à une intersection que seul lui peut occuper. Si, plutôt qu’un simple sympathisant de gauche ou un chrétien d’occasion, il était militant communiste ou bénédictin, il serait plus “réel” dans son environnement. S’il devenait prêtre-ouvrier, il serait encore plus intéressant, complexe à la mesure de la diversité de ces engagements et représentant une intersection rare qui offre la promesse implicite de résoudre une contradiction, voire de réaliser une synthèse.

Maurice, qui n’est pas prêtre-ouvrier, ne se voit pas unique dans les yeux de ses voisins, de ses collègues ni de son frère. A ses propres yeux, il se perçoit comme un militant de gauche impliqué concrètement dans des gestes de fraternité et d’éducation populaire. Les autres l’ignorent, mais il fréquente assidûment les sites Internet où on parle encore de Grand Soir et y contribue à l’occasion une prose vitriolique; des gens du monde entier lui demandent à l’occasion son avis. De plus – et ça, les camarades des sites d’action révolutionnaire l’ignorent tout autant que ses voisins – Maurice poursuit avec diligence sur Internet des études en pédagogie qui lui vaudront un jour le diplôme d’une vague université américaine. Il s’en sort bien, son tuteur le félicite, il échange des notes avec des Suisses, des Roumains et des Philippins …

Comment voulez-vous que Maurice ne s’intéresse pas plus à l’Internet qu’à ses voisins, ses collègues ou son frère? Maurice n’est plus intéressé à interagir avec la réalité. La réalité est trop exigeante et les autres trop difficiles à impressionner de façon durable. Clic j’arrive, je fais mon numéro sur la vaste scène du Web… et clic je pars. Gratifiant. Mais la société a un problème

Une autre conséquence de cette désincarnation de l’individu dont la définition sociale se réduit désormais à ses appartenances, c’est que l’individu en vient à ne plus même percevoir cette partie de lui-même qui pré-existe et peut survivre à ses engagements et donc à croire qu’il peut se changer sans travail sur lui même, en changeant seulement ses memberships, une illusion que renforce la créance qu’accorde assez naïvement à ces métamorphoses la masse des gens qui l’entourent.

L’individu à “appartenances multiples” a mis des oeufs dans bien les paniers. La proximité est devenue pour lui un facteur secondaire et son “prochain” n’est plus le type d’à coté mais l’une ou l‘autre des “acquaintances” avec qui il partage l’appartenance à un groupe. C’est dans ce contexte qu’il trouve ceux qui le connaissent sous le jour qu’il a choisi de montrer, c’est là qu’il est apprécié et qu’il peut trouver des appuis.

Cet individu n’a donc plus une réputation mais “des” réputations, non plus un “groupe de pairs” mais “des” groupes de pairs. Il peut abandonner impunément tout un pan de sa vie – et les responsabilités et obligations qui s’y rattachent – et en créer un autre qui le remplacera, amenant d’autres relations, d’autres engagements, une autre loyauté. Chaque divorce en est un exemple.

Il peut même laisser derrière lui tout son passé ou presque et se réfugier sur le tard dans un une seule appartenance, s’identifiant uniquement désormais à ce qui n’avait été auparavant qu’une partie de lui-même, limitant ses relations à ceux avec qui il partage cet engagement et à qui il peut facilement offrir cette seule facette de lui-même dont il est satisfait. Maurice peut obtenir un diplôme, devenir consultant PNUD au Mali et oublier à la fois sa banlieue et jusqu’au nom de Marx, mais s’il n’y parvient pas il deviendra peut-être Secrétaire-général d’une quelconque Internationale et pourra défiler a Seattle ou ailleurs sous le regard admiratif de gens pour qui il sera important.

Et même ce repli sur l’équivalent émotif d’un paradis fiscal n’a pas à être définitif. On peut le refaire et le refaire encore; l’individu qui a investi sagement dans de multiples appartenances n’est plus vraiment responsable de rien, puisqu’il peut toujours sortir de son image comme un serpent de sa peau et devenir quelqu’un d’autre. La collectivité fait face à ce danger de ne plus pouvoir se percevoir comme un groupe d’individus bien réels mais comme une collection de fantômes. Une procession d’entités juridiques et de personnalités virtuelles évanescentes à irresponsabilité illimitée.

La troisième conséquence de cette évolution – et qui les résume toutes – c’est que l’individu, ayant cent loyautés n’en a plus aucune mais seulement des engouements passagers et que, se définissant comme l’intersection de ses innombrables appartenances, il devient si totalement unique qu’il risque de ne plus se sentir vraiment solidaire de personne. La question n’est pas d’aimer ou de haïr cette évolution: il faut vivre avec elle et une Nouvelle Société doit en tenir compte.

Pierre JC Allard

323. Monsieur de Villepin, républicain   10.02.03

La question que devrait se poser aujourd’hui le Président de la République, après sa dénonciation de Dominique de Villepin qui prend maintenant des airs de calomnie et lui vaut ce camouflet, c’est : « Devrais-je m’accrocher au pouvoir jusqu’à l’horizon 2012, ou prendre le risque que la rue me signifie mon congé de façon plus musclée, quand la détérioration prévisible de la situation économique et sociale lui suggérera de s’en prendre à un pouvoir qui vient de perdre ce qui lui restait de crédibilité ? » ….

Parce que c’est bien de ça qu’il s’agit. La fin de tout respect pour celui devrait la guider, au moment précis où la France doit serrer les rangs pour faire face à la crise. On a déjà dit de la France qu’elle était veuve, aujourd’hui, elle est orpheline.

Le Président a fait une grave erreur. Il n’a pas compris que sa maîtrise de l’appareil de l’État ne lui servirait de rien, en cette affaire, puisque ce procès se ferait dans la rue et sous les regards d’une population qui, avec l’affaire Mitterrand, était au point de rupture dans le dégoût. Dégoût d’une petite élite qui fait bloc avec ses ministres prévaricateurs ou fiers habitués de lupanars juvéniles.

La justice vient de se prononcer, mais cette cause était déjà entendue. L’ambiance vulgaire de corruption, d’agiotage, de scandale de cette fin de république a déjà convaincu les Français de vouloir s’en laver par la DIGNITÉ, la CLASSE, et le STYLE. Dans ce contexte, avant même qu’un mot ne soit dit ou qu’un témoignage ne soit entendu, ce procès, était déjà gagné pour Villepin. il y avait délit de faciès contre Sarkozy.

La France avait déjà acquitté Villepin et condamné Sarkozy, parce que Villepin incarne ce que les Français voudraient être, alors que Sarkozy leur montre ce qu’ils ont bien bien peur d’être devenus : des vendeurs de frégates et de sous-marins par la corruption, des gens qui votent « non » par référendum, puis qui supportent qu’on leur fasse ensuite dire oui… Même jugé coupable, Villepin serait quand même apparu comme victime de la lettre de cachet d’un prince méprisé. Blanchi par le tribunal, évidemment, il triomphe…

Il triomphe et le Président, qui parfois s’énerve, voit qu’il a ainsi, par cette calomnie, mis le pied à l’étrier à celui qui, en l’absence d’une gauche crédible, apparaît désormais comme le plus intéressant de ses rivaux. Comment le Président pourrait-il encore commander le moindre respect ? Va-t-il s’accrocher au pouvoir, ou partir avec dignité et sauver peut-être sa dynastie ? Car un moment de dignité bien placé, avec le temps, peut faire oublier bien de erreurs…

Dans la crise actuelle, la solution idéale pour la France serait la démission de Sarkozy, des États Généraux et un gouvernement d’union nationale, représentant TOUTE la nation, de gauche à droite, en attendant une constituante pour une VIe république. Villepin serait le chef parfait pour ce gouvernement de transition….Cela dit, on peut toujours rêver, mais le plus probable reste que tout ne se règle qu’en 2012. Ce qui ne met pas Dominique de Villepin hors-jeu, au contraire.

Avec une Gauche sans leader et sans projet et une Droite qui déçoit, il semble logique que ce soit du Centre que vienne le candidat vedette qui raflera la mise en 2012. Mais quel Centre ? On peut penser Bayrou ou les Verts, mais tous les sondages semblent bien mettre le centre de gravité de l’opinion française plus à droite. Est-il inconcevable que l’UMP se scinde entre une faction amie du FN – qui tirera d’autant plus Sarkozy vers elle qu’elle fera des gains et que celui-ci perdra des amis au centre – et un “Mouvement Républicain” (MOREP) qui ne demande qu’à naître, puisqu’il collerait de près au centre-droit que semble vouloir les Français ?

Ce “Mouvement Républicain” serait une image miroir au Centre-droit du Modem au Centre-gauche, les deux pouvant éventuellement devenir les seuls partis de gouvernance, dans une structure bipolaire à l’américaine. Les deux quasi indiscernables dans leurs politiques, sinon dans leurs langages, comme leurs modèles américains, puisque, en l’absence d’un nouveau projet de société révolutionnaire dont on ne voit pas pointer l’aube, ce sont les événements et non les idéologies qui pour l’avenir prévisible imposeront la seule politique possible : l’opportunisme.

Pour ce Mouvement Républicain, Villepin serait le candidat idéal. D’une tout autre stature que Bayrou ou DCB. Centre-droit, si on veut, mais je ne lui vois aucune autre idéologie que le pragmatisme. Je crois qu’il voudrait donner aux Français ce que les Français veulent… Dans le scénario d’un statu quo social, bien sûr, mais la France veut-elle vraiment autre chose aujourd’hui qu’un prudent statu quo social ?

À moins que n’apparaisse à gauche ou a droite un “homme providentiel “ – ce qui n’est pas toujours une bonne nouvelle – je vois en 2012 une finale Villepin – Sarkozy avec le choix entre d’une part l’ordre à tout prix – avec une bonne dose d’autoritarisme clairement annoncée – et, d’autre part, la légitimité républicaine férocement défendue par un aristo… Ce qui n‘est pas sans précédents, ni en France, ni ailleurs.

https://nouvellesociete.wordpress.com/2009/06/10/bayrou-meteores-et-jumen…

Pierre JC Allard

324. Je t’aime… moi non plus   10.02.15

Je vous souhaite une bonne et joyeuse Saint-Valentin. J’en souhaite une à toute humanité. Un coup d’oeil sur le journal de ce matin et l’on comprend qu’elle en a bien besoin… Tous les jours, on se raconte des histoires en se disant qu’on l’aime bien, cette humanité, mais il ne faut pas trop creuser, car on se bute sur tous ces gens qui sont aussi l’humanité… et ça nous force à maîtriser le plus-que-parfait du mensonge.

Dans toutes ces histoires qui ont fait la une ce matin, se pourrait-il est qu’ils nous eussent tant menti. ? Se pourrait-il que nous ne nous en fussions pas déjà indignés ?

Ce matin, ça commence par un triste accident. L’ouverture des Jeux Olympiques de Vancouver est attristée par la mort d’un lugeur géorgien. Un accident, bien sûr, mais comme il y a eu 12 autres incidents au cours des derniers jours seulement et qu’un des vrais pro du sport a déjà dit que les chances de se casser la gueule dans la courbe no 13 étaient d’environ 50-50%, on se demande si on n’a pas bâti cette piste si outrageusement difficile pour faire une bout de chemin vers les jeux du cirque. Morituri te salutant…

On se défend bien aujourd’hui, à Whistler, d’apporter in extrémis des changements à la piste  ; tout est parfait et a toujours été parfait. Comment aurait-on pu commettre une erreur ! Georges Hackl, triple champion olympique allemand de la discipline résume bien la situation dans cette jouissive apposition conceptuelle : «  On peut vivre toute une vie dans ce sport sans voir quelqu’un projeté ainsi au-dela du parapet (…) Je ne crois pas que cette piste soient vraiment plus dangereuses que les autres« .

N’avouez jamais… tout ce fric, n’est-ce pas… J’aime l’olympisme… Mais je me retiens.

Pendant ce temps, à Dresden, en Allemagne quelques milliers de gens qui voulaient commémorer l’anniversaire du bombardement de février 1945, quelques semaines avant la fin de la guerre, d’une ville qui n’avait même pas de défense antiaérienne et où l’on avait réuni les malades et les infirmes ont été empêchés de le faire. « Des néonazis » a dit le maire de la ville, Helma Orosz « nous n’avons pas besoin de ces gens ici« .

Tout le monde sait depuis 65 ans que ce bombardement sans intérêt militaire a été un acte de pure vengeance et qu’on y a massacré 135 000 personnes par plaisir. En fait, il faudrait maintenant dire « savait », puisque un « étude officielle » récente affirme que tous les experts ont eu tort et qu’on n’a tué que 25 000 personnes à Dresden ce jour là. Chic ! Vous voyez, on a règlé 81,5 % du problème et cette affaire n’est même plus dans la classe Hiroshima ! Circulez, rien à voir. On ment, mais ça soulage. Aimons-nous les uns les autres.

Retrouvons à Londres les Anglais qu’on avait laissés à Dresden. Sommé par la cour d’appel de dire la vérité, le gouvernement britannique vient de relâcher les documents qui prouvent hors de tout doute qu’il a été complice des Américains pour torturer un présumé terroriste anglais d’origine éthiopienne plus tard envoyé à Guantanamo… Puis éventuellement trouvé innocent.

Ce qui est intéressant, ici, ce n’est pas l’infamie ; elle est quotidienne. C’est le mensonge des Anglais qui ont toujours tout nié et, surtout cette réaction des USA qui nous montre bien où sont les priorités dans notre monde d’amour. Dennis Blair, Director of National Intelligence, nous dit qu’il regrette.  Il regrette la torture ? Mais non, voyons, il regrette l’indiscrétion !

« The protection of confidential information is essential to strong, effective security and intelligence cooperation among allies. The decision by a United Kingdom court to release classified information provided by the United States is not helpful, and we deeply regret it. ». Cupidon devrait mettre du curare sur certaines de ses flèches.

Un peu dur pour les Anglais, mais même entre eux… À l’aube d’une campagne électorale où il part perdant, le Premier Ministre Gordon Brown, qui est allé pleurer à la télévision la mort d’un de ses enfants, a suscité chez les critiques une réaction où l’on cherche en vain de la sympathie

« This is, in part, about making Gordon a more likable person to the voters, » said Ben Page, chief executive of polling group Ipsos-MORI. « Voters see him as remote and out of touch.. He’s not sobbing into his handkerchief, which would be regarded as cynical. What they want from a politician is authenticity — Brown seems to have managed to display that. » Flegme et retenue, hein …

Filez maintenant sur l’Ukraine. Tymoshenko, cette heroine de la Revolution Orange et candidate malheureuse aux dernieres élections, est désormais à peu près la seule à prétendre qu’on lui a volé cette élection. Les USA ont laissé tomber et concédé la victoire au candidat pro-russe

Cette élection n’ayant été ni plus ni moins manipulée que les autres, on comprend que le choix des Américains de protester en Iran et de ne pas protester en Ukraine n’est sans toute pas basé uniquement sur les faits. Il y a de l’amour, la-dedans… Un manque d’amour. On aimait mieux l’Ukraine il y a quelques années

Amour… On peut penser, surtout, que la petite démonstration de force de Poutin en Georgie a permis de stabiliser les zones d’influence. J’en suis heureux pour la paix. Pour l’amour, je ne suis pas si sûr…

Bon, comme disait  Bardot et son copain, on va et on vient… il y a les méchants, mais nous on s’aime, n’est-ce pas ?Est-ce qu’on se retient encore un peu avant de faire des bêtises ?

Pierre JC Allard

325. Quand la nation n’est plus 10.02.21

820 intellectuels québécois viennent de signer le « Manifeste pour un Québec pluraliste ». C’est peu, mais c’est beaucoup. Peu, parce qu’on en trouvera certes vite tout autant pour dire le contraire; beaucoup, parce qu’il a toute de même fallu les trouver, les grouper, les convaincre de lancer ce pavé dans la mare.

Le lancer, sachant bien qu’on déplacerait la vase et qu’on dérangerait les brochets, mais qu’il n’en sortirait rien d’autre. Rien d’autre de constructif, s’entend, car il en sortira assez de querelles, d’insultes, de hargne et de vociférations pour nous faire gagner du temps. Gagner tout ce temps qu’on veut perdre, pour NE PAS régler les problèmes.

Je ne veux même pas discuter du pluralisme sur le fond, car le « fond », ici, est presque anodin. Le fond dont on voudrait discuter n’est que paroles, arguments, arguties, expression des mêmes préjugés, de part et d’autre, qui sont les motifs des vrais convaincus. Personne ne changera d’opinion suite à ce Manifeste. Pour ou contre, les jeux sont faits.

Le sens comme les effets du « pour » comme du « contre », d’ailleurs, semblent de bien peu importance à côté du fait FONDAMENTAL qu’ils sont irréductibles. Le fondamental, c’est que cette bataille du pluralisme ne sera jamais gagnée, car elle n’est qu’une facette d’une guerre qui ne finira jamais. Elle durera une éternité, pendant laquelle nous serons tous perdants. Ce débat sur le pluralisme ne changera rien. Il ne sera qu’un épisode, une péripétie de la preuve récurrente que le Québec n’est PAS une nation.

Pas une nation, car ce ne sont pas les similitudes qui font une nation; c’est la priorité qu’on leur accorde. Une nation est là, s’il existe sous les partis, les dogmes et les intérêts, un sentiment d’identité et d’appartenance qui transcende les différences : le germe d’une union sacrée. Or, il n’y a pas au Québec un consensus sur ce que nous sommes, ni sur ce que nous voulons être. Il n’y en a plus.

On ne parle pas ici de divergence sur les moyens, mais sur les objectifs fondamentaux de la société québécoise. Deux référendums l’ont prouvé et, s’il y en avait un troisième, il confirmerait certainement ce clivage. Pluralisme ? Quoi d’autre pour dépasser la dualité ? Comment aurions-nous un consensus sur l’opportunité ou la manière de défendre une identité, alors que la moitié d’entre nous en mettent l’existence en doute ?

Il ne faut pas penser, surtout, que « gagner » un référendum résoudrait le problème. Le problème n’est pas que le Québec soit, ou ne soit pas, dans la fédération canadienne ; le problème est que nous soyons irrémédiablement divisés entre nous. Le désaccord qui tue n’est pas entre « Québécois » et « Canadiens », mais entre deux factions de Québécois pour qui ce qui les sépare est plus important que ce qui les unit.

Il ne semble plus y avoir de socle identitaire qu’on pourrait atteindre en creusant. Pas de drapeau ni de Marseillaise qui nous ferait tous bondir ensemble. Tous les symboles ont été instrumentés. Ils sont devenus partisans. Feuille d’Érable, Fleur-de-lys, n’apparaissent pas pour nous rassembler, mais pour nous dresser les uns contre les autres.

Dans ce pays de factieux, tous les clivages prennent une importance démesurée. Tous les conflits sont insolubles, car c’est à l’opposition à l’autre qu’on s’identifie. C’est la désunion qui est sacrée. On préfère que le Québec ne soit pas, plutôt que de penser qu’il pourrait être autre chose que ce qu’on l’a rêvé. C’est pour ça que la nation québécoise n’existe pas.

J’ai fait mon deuil du Québec. Il ne sera ni laïque, ni missionnaire, ni pluraliste, ni vraiment français. Il ne sera rien. Juste une barque sans barreur, dans un espace tiède, entre chaud et froid, dérivant au gré des vents qui le feront changer de cap, mais sans avoir la force de gonfler ses voiles. Le Québec ne veut pas vraiment naviguer et, si certains voulaient briser ses amarres, il se trouverait toujours 820 lucides pour les retenir… et des milliers d’autres pour les applaudir

Notre révolution bien tranquille, qui avait cru faire l’économie de trancher quelques têtes, nous a laissé un pays décapité où il ne semble plus rester un seul chef qui pense, qui espère et qui ose. Nous sommes devenus un pays équivoque, veuf d’une nation, divisé contre lui-même. Un pays sans projet de société et qu’on pourra maintenant faire dessiner au jour le jour, pour des desseins qu’on dira « pluralistes », par des gouvernants sans desseins.

Pierre JC Allard

326. De Lazare à St-Martin   10.03.07

Avez-vous remarqué toutes ces attaques contre les gauchistes,la distribution équitable de la richesse, les services publics ? On en veut beaucoup à la solidarité. Pourquoi ce recul d’une société qui semblait avoir appris à partager ? Normal, on est à passer au tertiaire…

Sans solidarité, il n’y a pas de société. Dans toute société, on oscille entre une lutte des classes plus ou moins ouverte et une union sacrée plus ou moins assumée, selon les circonstances; mais une certaine solidarité est toujours nécessaire. La solidarité, qui demande un partage, entraîne toujours des récriminations.

Il y a une tolérance à la récrimination, comme il y a une tolérance à l’injustice, mais une société doit se maintenir dans la zone des tolérances. C’est dans cette zone que se situe la « péréquation » dans son sens étymologique de rendre égaux. Un objectif de notre société depuis des lustres ?

Pourquoi la péréquation prend-elle un sens nouveau dans une économie tertiaire ? Parce que la prolifération des services permet des actions de solidarité qui ont un effet secondaire de péréquation qui inquiète. C’est cette péréquation circonstancielle qui apparaît menaçante.

Cette péréquation circonstancielle semble devenir insupportable, parce qu’elle veut distribuer des services et que, au contraire des biens, les services ne sont pas produits en masse. Dans l’industrie, quand l’investissement initial en machines est consenti, s’il y en a pour trois, il y en a pour quatre. Quand il s’agit de services, chaque service rendu, à quelques économies d’échelle près, a un coût/travail qui demeure constant. Le dernier service qu’on donne a un  » pauvre », quel que soit ce service, a exigé autant de travail – et coûte donc tout autant, en termes réels – que le premier service de même nature qui a été vendu à un « riche ». Les services que la solidarité nous impose de donner ont un coût REEL élevé.

Circonstance aggravante, contrairement à ce qui était le cas pour les biens industriels, les services les plus essentiels ne sont pas nécessairement les moins chers ; c’est souvent le contraire. Les nouveaux services que la science et la technologie rendent un à un disponibles ne viennent pas seulement ajouter un avantage additionnel aux services existants ; parfois, ils apportent enfin la réponse à un besoin qui n’avait jamais été satisfait auparavant, une réponse qui rend désuètes toutes les quasi-solutions antérieures.

Ces nouveaux services peuvent être essentiels, vitaux quand il s’agit de santé. La demande pour ces nouveaux services étant maximale lorsqu’ils apparaissent – et les ressources pour les fournir, étant alors toujours insuffisantes – ils sont toujours rares. Le coût du travail qu’ils exigent est gonflé et le prix en est donc élevé. Parfois, il apparaît trop élevé.

Dans une société industrielle, il était à l’avantage de tous d’optimiser le revenu de consommation pour maintenir la production en marche ; le bien général se confondait ainsi avec le bien particulier des défavorisés, auxquels il était avantageux que soit donné le nécessaire et même plus. Dans une économie de services, la demande pour les services excède l’offre. Il n’y a pas une surabondance de services, comme il y a un surplus de produits industriels, il n’y a jamais, au contraire, assez de services pour satisfaire pleinement tout le monde. Dans un univers de technologies en expansion, des trous noirs de pénurie de services apparaissent constamment.

Dans une économie tertiaire, il ne s’agit donc plus, comme dans la société industrielle mature, de répartir des surplus ; il s’agit de rendre équitable le partage de ces denrées rares que sont les compétences. On constate vite qu’il ne s’agit plus de laisser les miettes à Lazare sous la table, alors qu’on est déjà soi-même repu, mais de se priver d’une part de ce dont on a soi-même grand besoin. La solidarité exige tout à coup un vrai sacrifice. Il ne s’agit plus de donner libre accès à sa poubelle ; il faut, comme Saint-Martin, donner la moitié de son manteau.

Il n’est pas sûr que tous les sociétaires – ou même une majorité d’entre eux – veuillent donner la moitié de leur manteau. Et la baleine de la Sécu commence à peine à émerger. Une société, apprivoisée depuis des générations à une solidarité qui se manifestait par le partage facile des biens primaires et industriels toujours excédentaires, continue, pour un temps du moins, à générer un consensus social fort pour un partage similaire des services. A mesure que les factures des services arrivent et que l’on prend conscience du coût de ce partage, toutefois, celui-ci apparaît à beaucoup comme trop exigeant.

La réalité d’une offre de services systématiquement inférieure à la demande nous ramène donc aux règles d’un « jeu à somme nulle » … et ce ne sont pas des règles qui incitent à la solidarité. Il ne faut donc plus espérer obtenir facilement un consensus solide pour le type de péréquation tous azimuts que justifiait l’abondance des biens industriels. Pour une péréquation des services, il faut revenir à une gestion prudente des ressources; la même gestion de pénurie qui prévalait pour tous les biens avant la révolution industrielle.

Ce qui apparaît comme un retour en arrière sur la spirale de l’enrichissement laisse pressentir le même égoïsme qui prévalait avant que la révolution industrielle n’ait apporté l’abondance. Dans une économie tertiaire, le consensus social pour le partage du coût des services vit donc des phases de rejet de plus en plus fréquentes. Ce qui crée un dilemme et conduit à un mensonge.

Le dilemme, c’est que, d’une part, le consensus pour la prise en charge par l’État du coût des services essentiels se lézarde, mais que, d’autre part, nous devenons chaque jour de plus en plus interdépendants. Toute mansuétude mise à part, ce n’est pas parce que le coût de la solidarité n’est plus dérisoire qu’on peut se passer de la solidarité.

Le mensonge, c’est que, confrontés à cette nécessaire solidarité – et à une population qui consent en principe au partage, mais se rebiffe quant elle en vit les conséquences et doit payer la note – les gouvernements choisissent aujourd’hui de tenir un discours de solidarité, mais de ne pas y donner suite. ON MENT ! Les apparences remplacent la réalité et, dans ce contexte de maquillage, même les services que l’on devrait pouvoir rendre sans grands sacrifices ni discussions risquent de ne plus être rendus !

Un risque paradoxal, à l’opposé de ce que devrait apporter le passage à une économie tertiaire. La gouvernance et tous les partis politique de quelque importance ont aujourd’hui cessé de parler de solidarité. Pourtant, sans solidarité, cette société mourra.

Pierre JC Allard

327. On se fait une raison…   10.03.15

Je n’ai jamais été bien entiché de Madame Pauline Marois. Quand on cherchait un espoir « femme » au PQ des belles années, j’étais de ceux qui pensaient Lise Payette… Mes attentes concernant la régence Marois, après le bide Boisclair bien prévisible, étaient qu’elle passe la main au plus vite à Duceppe, ou qu’elle garde ce parti vivant le temps qu’une candidature Lisée s’impose comme une évidence. Elle vient au contraire de se faire piéger à promouvoir une fracture dont naîtra un nouveau PQ qui n’aura plus gardé que le nom du Parti de Levesque et de Parizeau.

En faisant le calcul opportuniste de chasser ses éléments de gauche pour donner aux Québécois le parti d’alternance de centre-droit qu’ils se meurent d’envie d’avoir, elle croit sans doute suivre une stratégie astucieuse. En fait, elle les prive d’une véritable alternative. Elle leur propose de changer la gouvernance actuelle par une autre tout à fait semblable, avec les mêmes commanditaires qu’un changement de régime mettra à l’abri d’une enquête publique et une même connivence avec la même bourgeoisie passéiste.

Le Nouveau PQ, sans les syndicalistes et les progressistes, sera indubitablement dans le zeitgeist dominant. Le vent souffle de la droite. On pourra cyniquement revenir sur les acquis sociaux de la derniere génération. Mais ce vent ne balayera pas les nuages de mousson qui s’accumulent ; il les gardera juste un peu plus longtemps à l’écart… le temps que se prépare une véritable révolution. Une révolution qui nous viendra des USA, et nous prendrons ce train en marche sans poser de questions. Mais ce sera un peu plus tard.

Il y a bien longtemps que j’annonce le déclin et la mort du PQ. En refusant de mourir, pour choisir de se renouveler sous de fausses représentations,comme un phénix de mauvaise foi, il va faire bien du mal. Il va laisser persister l’illusion qu’on ne s’est pas trompé, qu’on n’a rien à corriger et qu’on peut donc continuer à faire semblant qu’on va de l’avant.

On va rafistoler le vocabulaire, puis raconter à nos enfants que de brillants stratèges nous ont amenés à l’avenir qu’on voulait vraiment, en passant par quelques détours… C’est une issue qui me laisse un goût plus amer qu’une simple défaite honorable. Comme si Vercingétorix, au lieu de jeter son glaive a Cesar, s’était négocié un job de proconsul et avait parlé de l’amitié entre Celtes et Romains…

Le Parti Québécois va changer. Pour l’immédiat, que va-t-il se passer ? Amputé de sa gauche, rejoint par la masse des Québécois qui sont des Adéquistes qui s’ignorent, le Parti Québécois va voguer vers le pouvoir.

Sous un nouveau chef, bien sûr. Madame Marois n’était là que comme compromis entre la gauche et la droite. La gauche partie, le PQ ne demandera qu’à accueilir François Legault On aura le « lucide » que viendra adouber Lucien Bouchard, maître à penser d’une nouvelle équipe dont on pourrait déjà donner tous les noms.

Dans la suite de la vision de la terre promise qu’on va lui présenter, le militant péquiste-type nouvelle génération prendra des décisions et posera des gestes « réalistes ». Il acceptera, à une large majorité, le report sine die du projet d’indépendance.

Ce projet qui date un peu sera remplacé par un concept d‘autonomie « économiquement incontournable » – because, la crise, vous savez – et une collaboration avec un Parti Conservateur ami, à Ottawa, qui se dira « conféderaliste ».

Un parti tout entier ouvert aux revendications des provinces, comme le Québec, l’Alberta et les autres… C’est Toronto, l’ennemi commun. Qui pourrait bien diriger ce Parti Conservateur ? Eh oui… Un « winner », qui connaît bien le Québec…

Préparons nous ensuite à voir resurgir le concept d’indépendance culturellle de Bourassa. Oui, le Québec siègera à l’Unesco et aura un conseiller culturel dans chaque ambassade du Canada. Nous rayonnerons….. Avec un large consensus, une ouverture à nos minorités, un accord sans nuage avec le gouvernement fédéral et la haute finance… On pourra reprendre la construction du Québec interrompue par cette histoire de Révolution Tranquille. Prévoyez trois (3) termes pour Légault…. On en sortira un peu plus riches, plus multiculturalistes, beaucoup plus tranquilles…

Politique fiction ? Peut-être. Mais si « toutes ces choses arrivent avant que cette génération ne passe », comptez sur moi pour vous rappeler qu’elles étaient parfaitement prévisibles et qu’en ne faisant rien, aujourd’hui, pour que ce scénario ne se mette pas en marche, vous aurez acquiescé tacitement à toutes ses conséquences.

Pierre JC Allard

328. La politique, jeu de société 10.03.26

La récente métamorphose du Parti Québécois m’a fait réfléchir. Pourquoi cette épopée se termine-t-elle de cette façon, sans même de véritables protestations…?   Puis je me suis souvenu qu’on s’était bien amusé à Shawinigan… La politique, au Qubec est un jeu.

À l’été 2004, j’ai été candidat du Nouveau Parti Démocratique dans St-Maurice-Champlain. J’avais prévu en juin un pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle, mais ma conscience citoyenne a pris le dessus sur le salut de mon âme et j’ai bifurqué vers une campagne électorale.

Pour faire acte de présence, car le NPD faisait 2 à 3 % des intentions de vote dans le vieux comté de Jean Chrétien… mais j’ai eu la coquetterie d’aller quant même y marcher 500 000 pas, faisant de cette marche le thème de ma campagne et en tirant le même exercice vivifiant que m’aurait procuré le pèlerinage. Un sain divertissement…

Avec le recul du temps, je me demande si cette campagne- divertissement que j’ai faite alors dans Saint-Maurice n’était pas emblématique de la politique que vit le Québécois. Une politique qui n’est ni plus bête ni plus méchante que celles qu’on trouve ailleurs, mais qui est peut-être un peu plus folichonne et qui, entre deux référendums… ne suscite pas de grandes passions.

On se marre bien durant nos campagne électorales au Québec; elles mènent à changer sans heurts des gouvernements interchangeables. Mais ce n’est pas la Révolution d’Octobre…Les Québécois- ne veulent pas vraiment la guerre.

Or, la grande aventure de la quête pour l’indépendance s’est tout de même développée dans le contexte de la politique québécoise. Ce qui explique peut-être à quoi jouent l’ADQ, le PQ et tous nos politiciens. Ils jouent à ne pas faire la guerre…

Naturellement, l’idéal de l’indépendance a eu ses purs et ses engagés, des felquistes qui y ont donné des années de leur vie…. Mais le lambda Québécois qui a finalement dit non deux fois, lui, est-ce qu’il y a vu autre chose qu’un divertissement ? Quand le péquiste moyen, aujourd’hui, perd si facilement la foi, est-ce que ce ne serait pas qu’au fond il n’y a jamais vraiment cru ?

Mon billet d’aujourd’hui peut servir d’introduction à mon « Journal de bord » durant cette campagne de 2004 dont j’ai fait hier une section de mon site et dont je vous invite à lire ensuite quelques textes… Emblématique, car il n’y a pas eu de « guerre » dans Saint-Maurice en 2004… Juste un peu de théatre.

Voyons d’abord le dramatis personae.

Pour les libéraux, du tohu-bohu qui avait suivi le départ de Chrétien, avait finalement émergé comme candidate une adorable jeune femme que j’aurais volonté adoptée comme sœur à ma fille. Intelligente, répartie facile, elle faisait bonne figure. Mais personne – et surtout pas les Libéraux – ne pensait qu’elle pouvait gagner cette élection. Cette élection était déjà concédée au candidat bloquiste.

Un candidat bloquiste bien sympathique, bien représentatif de la mouvance nationaliste largement majoritaire dans la région et que nul brutal défi ne poussait donc à se faire pousser des griffes. Il aurait pu être élu in absentia… Les conservateurs avaient leur candidat, produit du terroir, aussi fermement limité à la petite fraction du vote de tradition conservatrice que je pouvait l’être à celle encore plus infime dévolue au NPD.

Au demeurant, le candidat conservateur était un perdant tout aussi aimable dans sa défaite annoncée, que le gagnant bloquiste l’était dans sa victoire… qui l’était tout autant. Il y avait un Vert, aussi, dans la course, issu des marches éloignées du « comté »… Vert typique, fait sur mesure, tout aussi gentil que les autres, mais avec en plus une cause sympathique.

Un candidat du Parti Marijuana aussi. Ai-je dit que le Vert était typique ? Ce candidat l’était également. On pouvait croire sans peine que, au contraire d’Attila, l’herbe pousserait toujours partout où passerait sa monture… Et enfin, bien sûr, il y avait moi, qu’on aurait pu dire typique des candidats atypiques que peuvent produire des partis idéalistes, comme le NPD.

Voyez ci-haut la photo de notre petite famille de candidats. L’ami vert, est arrivé trop tard des grands bois pour y être, mais que je le vous présente ici en débat animé avec le Conservateur. Une petite famille, je vous dis. On n’allait tout de même pas se faire la guerre… !

Alors la « bataille » pour Saint-Maurice a été un ballet, une chorégraphie plutôt qu’une bataille. Deux (2) débats bien polis, des contradictions sans surprises, par médias interposés. On a vécu une messe pour la démocratie, comme ces enterrements où l’on arrive tard à dessein, pour rester sur le parvis, puisque le corps est déjà froid et que l’important est de saluer les parents et les potes.

Ce élections étaient un folklore amusant, mais qui ne suscitait tout de même pas l’intérêt du Festival Western de St-Tite Nous tous, les candidats, aurions pu être mêlés, tirés d’un énorme chapeau et distribués au hasard entre les partis, sans que les résultats du vote ne changent d’un iota.

Pays superbe, population accueillante… J’ai bien aimé l’expérience. Mais était-ce sérieux ? Le constat à faire, dans le modèle électoral que nous avons, est que ces campagnes sont inutiles. Les candidats sont inutiles – car on ne vote que pour les partis – et les députés eux-mêmes sont inutiles, puisque, lorsqu’ils sont élus, ils n’ont d’autres fonctions que de suivre les directives de leurs partis respectifs.

Une élection pour rire. Toute notre pseudo démocratie est à repenser et l’un des éléments majeurs à revoir est le rôle du député comme représentant des citoyens. Je parle ailleurs des changements à faire à notre démocratie. Dans les textes de la section à laquelle celui-ci sert de préambule, vous trouverez quelques idées, mais j’ai surtout voulu montrer le caractère bon enfant, ludique, d’une élection en province, au Québec.

Est-ce que dans cette démocratie pouvait naître et se développer une conscience révolutionnaire ? Et la plus grande astuce du système n’a-t-elle pas été le piège de cette démocratie pour rire, dans lequel le PQ est tombé pour finalement y mourir ? Mes 500 000 pas en Mauricie, avec le recul du temps, m’apparaissent comme le symbole de ce système…. qui nous a fait bien marcher.

Voir: Une guerre en Mauricie

Pierre JC Allard

329. Québec protestataire 10.04.12

Au moment d’écrire ce billet, j’arrive du Monument National à Montréal. Loi 104. Éducation en anglais au secteur privé. Cour Suprême. On proteste..Je suis allé ajouter ma tête blanche aux autres têtes blanches de ma génération et de la suivante, pour dire que nous étions mécontents et protester. Mécontents ? Le sommes-nous vraiment ? Les occasions de se revoir sont si rares… Il y avait là plein de visages que je connais depuis 30, 40, 50 ans… et que je n’avais pas revus depuis l’enterrement de Bourgault. On ne souffle plus beaucoup notre forge. Protester ? Avons-nous le nombre et l’ardeur de protester ? Avons-nous même, cette fois, la légitimité pour protester. ?

On dit qu’un jugement de la Cour Suprême du Canada bafoue une loi unanimement approuvée par la législature du Québec. Si vous le dites… Mais le Premier Ministre du Québec n’était pas là. Ni la chef de l’Opposition, d’ailleurs…. Si ceux qu’on a bafoués ne protestent pas, qui proteste ? Les contestataires. Ceux dont c’est le rôle maintenant institutionnalisé de protester. Les minoritaires dans leurs propres minorités

Curzi, excellent tribun, mais dont il est clair que la première cible ne peut-être que Marois: il est monté au front, elle s’est planquée. Avancez votre pion d’une case. Duceppe, qui a maintenant l’aisance qui en ferait un Premier Ministre, mais dont l’heure a passé et qui deviendra peu à peu un Sage. Curzi, Duceppe et une trentaine de présidents de diverses associations, peu ou prou connues, qui, toutes ensemble, n’auront amené devant le bureau de la Ministre que quelques centaines de manifestants bien paisibles… Est-ce là notre légitimité pour protester ?

La cause elle-même est-elle légitime ? Pas sûr… Interdire la transmission et l’acquisition d’une connaissance est déjà un terrain miné. Interdire à l’autre l’usage de sa langue, comme simple péripétie d’un combat plus vaste pour défendre la nôtre ne semble ni éthique ni habile. Autant je trouverais justifié que le Québec ne finance l’éducation qu’en français, autant je trouve discutable qu’on s’immisce dans une relation d’apprentissage dont l’État n’assume pas les coûts. On frappe ici sur le mauvais clou.

Est-ce à dire que l’indignation qu’a soulevée le jugement de la Cour Suprême est totalement injustifiée ? Que non ! Un acte du judiciaire d’un État, qui rend nulle une décision unanime du pouvoir législatif d’un État qui lui est de facto subordonné, est une provocation et mérite certainement une riposte. Mais cette action de rue – oh combien velléitaire !- était-elle la bonne riposte ?

Nous n’avons pas ici « les baïonnettes d’un pouvoir hostile venant brimer l’expression démocratique de nos libertés nationales »… Nous avons un tribunal qui, dans le cours de son train-train quotidien, a rendu une décision parfaitement défendable en éthique, mais dont nous estimons qu’elle contrevient aux intérêts supérieurs de la Nation. La bonne réponse est-elle sur les barricades ?

Révolution ? Que non, encore une fois, puisque l’État très pragmatique dans lequel nous vivons a déjà prévu une petite porte dérobée qui permet de sortir de ces situations sans que les juges ne perdent leurs perruques et que nos États confédérés imbriqués n’y perdent la face. Quand l’intérêt national (Ottawa) exige une prise de position qui contredit l’intérêt national (Québec), on a déjà accepté qu’après un ostentatoire déchirage de tuniques médiatique, Québec pourra n’en faire qu’à sa tête, sans autres conséquences que de souffrir la réprobation des journalistes du Globe and Mail : on appelle ça la clause dérogatoire.

Pas de danger pour l’entente constitutionnelle. Nous ne l’avons pas signée… Grâce aux vrais Pères de la Future Confédération, qu’auront été Trudeau et Lévesque, on ne la signera que quand tous les contentieux auront été réglés, comme ces catéchumènes qui retardent leur baptême jusqu’à leur lit de mort, le temps de jouir de leurs vices et de commettre tous les crimes dont le sacrement les absoudra. En attendant, « Péchez hardiment… mais croyez encore plus fort… »

Alors on pèche… Une Loi 104 qui donne à ceux de Québec l’auréole d’avoir bougé un peu, un jugement de la Cour Suprême pour que ceux d’Ottawa gardent l’image de défendre les libertés individuelles, une protestation des contestataires, afin qu’ils gardent bon pied bon œil sur une route qui ne présente plus de vrais défis… et la caravane passe.

On pèche, mais croit-on encore ? On l’alléguera, cette clause dérogatoire ? Ça dépendra sans doute des autres problèmes dont on voudra détourner l’attention. La corruption à tous les paliers de gouvernement, par exemple… On en est à instrumenter l’identité québécoise. Triste.

La franche vérité, c’est que la Loi 104 est sans importance concrète sur l’évolution du français au Québec. Combien seront-ils à pouvoir s’offrir la totale prise en charge de tous les frais de leur éducation au Québec, de l’élémentaire à l’universitaire ? Et croit-on que qui a les moyens de le faire ici ne pourrait pas se l’offrir ailleurs ? On est dans le domaine du pur symbolique. Le « geste » qu’on pose pour cacher tous les gestes que l’on ne fait pas…

Bien sûr, il est injuste que les nantis aient un privilège que les pauvres n’ont pas… mais il y a des milliers de ces privilèges. Comme celui d’obtenir justice, car il n‘y a de vraie justice que pour les riches, au Québec, comme je vous en parlerai la semaine prochaine avec l’affaire Robinson. Alors, en attendant que l’on ait les couilles de changer le système, on devrait s’abstenir de jouer à la marelle sur les trottoirs.

Si nous avions un gouvernement à Québec qui VOULAIT donner sa place au français, on ne perdrait pas une heure sur des Loi 104 et autres excuses pour ne pas faire CE QUI DEVRAIT être fait. Pour l’instant, il ne veut pas et l’on se moque de nous. Grossièrement. C’est pour ça que le peuple du Québec, qui n’est pas totalement dupe, est resté aujourd’hui chez lui et se contentera de suivre cette affaire de Loi 104 ce soir, aux nouvelles de… Radio-Canada.

Pierre JC Allard

330. L’’Évangile, après Michel   10.04.19

Je vais reporter d’une autre semaine mon article sur l’affaire Robinson. Pas que je m’y intéresse moins, mais parce que je crois, au contraire qu’elle pourrait marquer un tournant : une prise de conscience irréversible de la turpitude du système politique actuel – ses trois pouvoirs littéralement confondus – et que je me donne une semaine de grâce avant de dire des choses irréparables.

J’ai assisté samedi aux obsèques de Michel Chartrand. Debout. On a parlé des Béatitudes… Mais a-t-on pensé à ce que ça devient, les Béatitudes, dans un Monde où n’y a plus de Chartrand ? Un temps où le syndicalisme est dans la corruption, la job de bras et les sociétés de placement ? Je vous propose cette version du Sermon sur la Montagne. Un peu modifié, mais qui colle si bien à la réalité…

***

Heureux les riches en esprit, car seul celui qui comprend la nature et la loi des choses peut s’en servir à son profit.

Heureux ceux qui sont forts, car ils posséderont la terre!

Heureux ceux qui ont énergie et ambition, car ils obtiendront le Succès.

Heureux ceux qui sont sans pitié ni compassion, car ils n’auront pas à dépendre de la pitié, ni de la compassion des autres;

Heureux ceux qui ont l’astuce de vaincre, car ils auront le pouvoir et la richesse.

Heureux ceux qui procurent défis, émulation et concurrence à leur prochain, car ils seront appelés les outils du Progrès.

Heureux ceux qui lutteront avec opiniâtreté pour devenir les meilleurs, car ils y parviendront.

Vous qui êtes riches, forts, intelligents, vous êtes le sel de la terre. Si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on? Il ne sert plus alors qu’à être jeté dehors et foulé aux pieds par les hommes. Ne renoncez donc jamais à vaincre et à dominer, car alors il en serait fait de vous.

Vous êtes, les maîtres, l’élite, la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée et on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau; on la met sur le chandelier et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient votre supériorité et qu’ils glorifient en vous l’oeuvre du Créateur

Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la Loi et changer l’ordre naturel des choses; car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point et jusqu’à la fin des temps, il ne disparaîtra pas un seul iota des lois de la nature. Je ne suis pas venu pour les abolir, mais pour qu’elles s’accomplissent.

Accomplissez la Loi de la nature, qui est que le fort se nourrisse et grandisse de la substance du faible. Car, je vous le dis, si votre intelligence et votre détermination ne surpassent celle des prêcheurs de morales et des faiseurs de bonnes oeuvres vous ne parviendrez pas au Succès.

Il a été dit aux anciens: « Tu ne tueras point « . Moi, je vous dis: si tu as un adversaire, débarasse-t-en promptement, avant qu’il n’en fasse de même avec toi; car personne ne sort d’un différend avant qu’il n’en ait payé la dernière obole ou que son ennemi n’ait été abattu. Et ne croyez pas que votre ennemi ait été abattu simplement parce qu’il a trébuché, mais tenez-le pour vaincu seulement lorsque ses cendres auront été dispersées par le vent.

Je vous le dis en vérité, quiconque laisse vivre son ennemi ou son rival le regrettera; quiconque laisse vivre celui qui n’a pas la force de vivre et de grandir mérite d’être puni par le destin; celui qui retarde la victoire des êtres supérieurs mérite d’être relégué au rang des êtres inférieurs et celui qui met en péril le triomphe de la force doit être condamné pour toujours à rejoindre le troupeau des faibles.

Si donc tu es à sauver la vie de ton frère et que t’apparaisse l’occasion qui te rendra plus vite plus riche et plus fort, laisse là ton frère et va d’abord faire ce qui te sera le plus profitable, puis reviens, s’il en est encore temps, terminer ce que tu avais entrepris auprès de ton frère. Car la vie de ton frère peut aider à ton Succès, mais n’en est pas assurément le gage et il se peut que tu aies mieux à faire.

Il a été dit: « Tu ne commettras point d’adultère ». Mais moi, je vous dis que quiconque regarde son prochain avec tendresse a déjà commis un adultère en son coeur, se rendant vulnérable à l’émotion, à la compassion et à la déraison. Si ton coeur est pour toi une occasion de faiblesse, arrache-le et jette-le loin de toi; car il est mieux pour toi de parvenir sans coeur au Succès que d’en rester à jamais privé. Et si quelqu’attachement est pour toi une occasion de faiblesse, mets-y fin sans tarder; car il vaut mieux pour toi d’arriver au Succès seul que de périr en restant attaché à ceux qui n’y parviendront pas.

Il a été dit: « Que celui qui répudie sa femme lui donne une lettre de divorce ». Mais moi, je vous dis: ne prenez jamais d’engagements que vous ne pourrez répudier sans dommage et ne donnez de lettre à personne. Il a été dit aux anciens: « Tu ne te parjureras point, mais tu t’acquitteras envers le Seigneur de ce que tu as déclaré par serment ». Mais moi, je vous dis de ne jurer aucunement; ni par le ciel, ni par la terre, ni par Jérusalem qui est la ville de David.  Que votre parole soit « peut-être », et que même cela soit dit sans témoins, car un oui comme un non risque de vous causer des ennuis et de mettre en péril votre Succès.

Vous avez appris qu’il a été dit: « oeil pour oeil, et dent pour dent ». Mais moi, je vous dis: crevez le premier tout oeil qui est mal gardé, car le borgne vous fera moins de mal que celui qui a deux yeux et l’aveugle ne vous en fera aucun. Vous serez alors en paix, car il n’est plus nécessaire de résister à celui qui ne peut plus être méchant.

Si quelqu’un t’a frappé sur la joue droite, gifle toi-même ta joue gauche pour t’apprendre à être prudent. Si quelqu’un veut plaider contre toi, vois s’il n’est pas un juge qui te donnera raison, ou un terrain plus propice où lui livrer combat. Si quelqu’un veut prendre ta tunique, vois si, ce faisant, il ne s’est pas mis en position de faiblesse et si tu ne peux pas lui arracher sa tunique et aussi son manteau.

Si quelqu’un te force à faire un mille, fais-lui en faire ou payer deux à la première occasion. Demande aussitôt en retour à celui qui te demande, car c’est l’heure propice à laquelle il exaucera ta demande; ne te détourne pas non plus de celui qui veut emprunter de toi, car c’est le moment de le tenir en ton pouvoir.

Il a été dit: « Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi ». Mais moi, je vous dis: n’aimez personne. Traitez vos amis comme s’ils pouvaient devenir vos ennemis. Car voyez le lion repu et la gazelle qui se côtoient au point d’eau, mais le lion, demain, aura faim à nouveau.

Remerciez le Créateur pour ceux qui vous maudissent, car ils ont ainsi la faiblesse de la franchise et il y a un profit à tirer de ceux qui avouent vous haïr; bénissez aussi ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, car ils avivent en vous la force d’être impitoyables.

Soyez de vrais fils du Créateur qui fait lever le soleil sur les méchants comme sur les bons et qui fait pleuvoir sur les injustes comme sur les justes. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quel avantage en retirerez-vous ? Les plus gueux d’entre vous n’en font-ils pas autant? Et si vous aidez ceux qui vous aident, que faites-vous d’extraordinaire? Les pauvres et les misérables aussi n’agissent-ils pas de même? Mais n’aimez et n’aidez personne, ni même qui vous aime ou qui vous aide, mais profitez de chacun jusqu’à la limite de sa bienveillance; ainsi vous serez dignes d’atteindre au Succès.

Voyez l’agneau qui sert de pâture au loup. Et le petit poisson n’est-il pas aussi la pâture de celui plus gros qui le dévore? La force se repaît de la faiblesse et toute vie ne vit que de la vie qu’elle détruit en la consommant. Soyez donc parfaitement implacables, comme est implacable la Loi de la Nature qui est la volonté du Créateur

Gardez-vous de chercher la réussite aux yeux des hommes en négligeant le vrai pouvoir, lequel est souvent caché. Ne vous laissez pas entraîner à placer votre argent sans égard à ce qu’il rapportera, pour la vaine gloriole de l’annoncer en sonnant de la trompette dans les synagogues et dans les rues. Je vous le dis en vérité, ceux qui agissent ainsi ont déjà retiré de leur vanité leur profit et n’en retireront pas d’autre. Quand tu transiges une affaire ou investis, fais plutôt que seule ta main gauche sache ce que fait ta droite et que ton placement se fasse en secret, dans un endroit discret et porte close; c’est ainsi que le Succès viendra à toi.

Ne pensez pas qu’en accordant de nouveaux avantages on puisse faire oublier les injures passées. Dans votre marche vers le Succès, ne pardonnez donc rien à personne car nul ne vous pardonnera quoi que ce soit et la nature elle-même encore moins que quiconque.

Si les événements font que la richesse vous manque, ne prenez pas un air triste, comme les faibles qui montrent un visage tout défait, pour inspirer la pitié. Parfume alors plutôt ta tête et lave ton visage, afin de ne pas montrer aux hommes que tu jeûnes; ainsi ils te garderont toute leur estime et le sort te redeviendra favorable.

N’amassez pas des trésors tangibles que l’on peut détruire et que les voleurs dérobent mais amassez-vous des trésors intangibles, virtuels, que la teigne et la rouille ne détruisent point et là où les voleurs ne percent ni ne dérobent. Car là où est ton trésor, là aussi est ta force. Ta fortune est la lampe qui éclaire ta personnalité. Si ta fortune est considérable, toute ta personnalité en est mise en lumière, mais si tu es pauvre tu seras dans les ténèbres.

Nul ne peut servir deux maîtres. Vous ne pouvez servir la faiblesse et la force. C’est pourquoi je vous dis: ne vous inquiétez pas des illusions des prêtres et des poètes, mais de votre vie, de ce que vous mangerez et de ce dont vous serez vêtus.

Regardez les oiseaux du ciel: ils ne sèment ni ne moissonnent et ils n’amassent rien dans des greniers; il en est donc peut qui survivent à l’hiver. Ne valez-vous pas mieux qu’eux? Ne pouvez-vous, par vos efforts, ajouter quelque temps à la durée de votre vie? Et considérez l’herbe des champs, laquelle existe aujourd’hui et demain sera jetée au feu; est-ce là le destin que vous souhaitez? En vérité, je vous le dis, celui qui ne travaille ni ne file ne sera pas vêtu comme Salomon dans sa gloire, mais ira nu.

Cherchez la fortune et le Succès et le reste vous sera donné par surcroît. Mais cherchez dès aujourd’hui, car demain n’aura soin de lui-même que si la veille vous vous êtes donné la peine d’y pourvoir.

Évaluez votre prochain sans complaisance, car il vous jugera de la même façon. Mais ne dites pas: « Frère, laisse-moi ôter une paille de ton oeil », car ce n’est pas l’oeil de votre frère qui vous permet de mieux voir. Veillez d’abord à ce qu’il n’y ait pas en vous de faiblesse et votre frère en fera autant ou périra. Ne donnez pas les choses saintes aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux de peur qu’ils ne les foulent aux pieds, ne se retournent et ne vous déchirent. Que celui qui a des oreilles entende.

Demandez avec assurance et l’on vous donnera; cherchez avec perspicacité et vous trouverez; frappez avec force et l’on vous ouvrira. Car lequel de vous refusera de donner ou d’ouvrir à plus fort que lui? Et qui peut si bien cacher que nul ne trouvera? Tout ce que vous savez que vous accepteriez de céder à la force, sachez que les autres vous le céderont également si vous avec cette force. Car large est la porte, et spacieux le chemin qui mène à la pauvreté – et il y en a beaucoup qui entrent par là – mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène au Succès et peu s’y engagent. Entrez par la porte étroite.

Gardez-vous des moralisateurs et des prêcheurs de vertu, car ils vous prendront ce que vous avez par la ruse plutôt que la force et, si vous avez une excuse pour céder devant la force, vous n’en avez pas pour être naïfs devant ces gens. Jugez-les aux fruits qu’ils offrent; car cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons? Celui qui offre le dénuement vous mènera-t-il à la richesse? Celui qui offre le renoncement vous conduira-t-il au Succès? Celui qui porte le cilice et parle de sacrifice vous enseignera-t-il le chemin du bonheur et de la joie?

Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre porte de mauvais fruits. Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits doit être coupé et jeté au feu. Les prophètes qui disent: « Seigneur, Seigneur! » ne vous apporteront rien. Ceux-là seuls qui comprennent la faiblesse humaine atteindront le Succès, le bonheur et la joie.

Ceux qui ayant écouté mes paroles hocheront la tête béatement et retourneront à leurs errements antérieurs n’atteindront pas le Succès. Qu’ils ne croient pas faire de miracles en mon nom. Ceux-la atteindront le Succès qui s’astreignent à comprendre le miracle permanent qu’est la Vie. C’est pourquoi quiconque entend ces paroles et les met en pratique est semblable à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont jetés contre cette maison, mais elle n’est point tombée, parce qu’elle était fondée sur le roc: l’égoïsme de l’être humain. “

Ce petit message aux Lucides leur est offert en memoire de Michel Chartrand. Pour qu’ils comprennent qu’on les a bien compris. Maintenant, on va les abattre.

Pierre JC Allard

331. Pas de JUSTICE au Québec 10.04.26

«La conduite des affaires de Charest, Weinberg et Izard est basée sur la tricherie, le mensonge et la malhonnêteté (… ) des bandits à cravate ou à jupon (…) conduite scandaleuse, infâme et immorale.»

Ces extraits du jugement du Juge Auclair, dans l’affaire de Claude Robinson vs Cinar, prouve qu’il y a des justes au Québec. Il y a des justes, même dans le système judiciaire. Mais il n’y a pas de justice au Québec.

En appelant la solidarité citoyenne à la rescousse, on en viendra peut-être à obtenir une compensation pour Claude Robinson. Peut-être, car il est possible, sinon certain, que cet appel des bandits à cravate ou à jupon serve surtout à gagner du temps afin qu’ils mettent leurs biens en lieu sûr, se déclarent en faillite et ne payent rien du tout. Mais ayons la foi que Claude Robinson obtiendra justice. On aura alors sauvé un arbre… mais pendant que chaque jour on continue d’abattre la forêt.

Pour un Robinson sauvé, des centaines de justiciables seront oubliés, sacrifiés, car nous vivrons encore demain, vous et moi, dans un État qui se prétend « de droit », mais qui a institutionnalisé l’iniquité. Un État où seuls les riches peuvent espérer obtenir justice. Parce que des centaines de milliers de dollars en frais et honoraires, c’est trop cher pour le monde ordinaire; parce que 14 ans, pour obtenir un jugement, c’est trop long, pour tout le monde… Dès qu’on dépasse les petites créances, il n’y a pas de justice fonctionnelle au Québec.

Il faudrait que, Robinson en tête, mais tous les gens de bonne volonté derrière lui, nous marchions pour réclamer une justice au Québec. Une justice rapide. Une justice gratuite, une justice de bon droit, et non ce fatras de procédures qui permettent à ceux qui les maîtrisent d’apprivoiser l’injustice. Réclamer un système où juges et magistrats ne sont pas nommés discrétionnairement par le pouvoir exécutif, créant ainsi une apparence de favoritisme, mais choisis par un processus démocratique

Il faudrait réclamer que soit transformé, pour le rendre efficace, le rôle actuellement inutile et malfaisant de l’avocat dans le processus judiciaire. Que soit transformée, aussi, la procédure d’exécution des jugements, et la Loi de faillite, cette licence « à la 007 » que les grands scélérats – mais aussi tous les petits astucieux de ce monde – utilisent pour envoyer paître ceux qui leur ont fait confiance et qu’ils ne veulent pas rembourser. Il faudrait exiger une justice qui soit juste et à laquelle on fait confiance.

Oui, je sais que TOUT le système est à revoir et que toute la gouvernance que nous avons ressemble à une opération d’extorsion, allant de la corruption à tous les niveaux de l’administration publique jusqu’à cette incroyable arnaque des banquiers, qui créent leur propre argent, le prêtent a intérêt et demandent qu’on leur en donne plus quand ils n’en ont pas assez … Le brigandage est omniprésent. Mais, la perversion de la justice inspire une répugnance particulière.

RIEN n’est plus odieux que de travestir la justice et de la vider de son sens, car c’est LE PREMIER DEVOIR D’UN ÉTAT D’ASSURER LA JUSTICE. C’est la pierre d’assise et tout le reste en dépend. Le simple fait qu’il faille encourir des frais pour être reçu par un juge et – peut-être – obtenir justice, est une ignominie. Il faut que la population soit manipulée hors de toute raison par les médias et mise dans un état confinant à l’hypnose, pour tolérer cette infamie – qu’une nation vraiment civilisée mettrait au rang moral de l’esclavage – d’un accès inégal à la justice, conditionnel à l’argent que peuvent y investir les parties.

Il n’y a rien de plus ignoble, rien qui contribue davantage à la perte de crédibilité de notre gouvernance. Rien qui la rende aussi illégitime, indigne qu’on la respecte ou qu’on lui obéisse que cette faillite de la justice. Je pense qu’il est de l’intérêt public que cette aberration/infamie qu’est le système judiciaire soit exposée sur la place publique. Il faut regarder de près la réhabilitation du rôle des juristes, ceux par qui la justice devrait arriver et qui sont aujourd’hui une partie du problème et non de la solution.

Je serais ravi qu’un de mes anciens collègues, ou l’un des nouveaux prédateurs de la même espèce qui chassent désormais dans les mêmes boisés, me réponde. On pourrait en parler… Et si quelqu’un veut riposter en mettant en branle cette machine infernale de la justice au bras lent et à la main rapace, rien ne serait plus révélateur de l’ineptie, de la mauvaise foi ou de la turpitude de cette machine.

Pierre JC Allard

332. Prof. Léo-Paul et les cancres   10.05.10

Le Professeur Léo-Paul Lauzon vient encore de parler pour rien.  Il vient de publier une quatrième étude  en 6 ans sur les banques canadiennes.   Il nous a déjà parlé quelques fois d’évasion fiscale, de paradis fiscaux… le quotidien, quoi …  Cette fois, il examine le comportement des banques canadiennes en temps de crise.

Car il y a une crise, vous savez., et les banques… Chuuut ! On pourrait nous entendre.  Le Professeur Lauzon nous parle de l’industrie bancaire canadienne durant cette crise. De la situation financière actuelle des banques, de leur profitabilité, de l’utilisation qu’elles font de leurs profits et de leurs impôts.

Il a fait une étude pour la période allant de 2004 à 2009 sur les 6 plus grandes banques canadiennes: Royale, TD, etc – qui ne les connaît pas ! – et il nous confirme  qu’elles font du fric. 46 milliards de profits en 2009.  Réjouissez-vous, nos banques se sortent bien de la crise.  Il y a longtemps – depuis 1998, au moins – que je dis qu’il faut se réjouir….

Elles s’en sortent d’autant mieux que nous avons un gouvernement prudent.  Même si les banques font plus de profit que jamais, l’État, depuis 6 mois, via le Programme d’achat des prêts hypothécaires assurés (PAPH) leur  a alloué une aide d’environ 125 milliards de dollars…   C’est 4 000 $ par Canadien, incluant les nourrissons et les grabataires…  C’est beaucoup. C’est trois fois le programme de soutien à l’économie de 40 milliards dévoilé par Ottawa lors du budget de janvier dernier.

C’est une application du principe que la meilleure aide est celle qui fera que celui qu’on aide n’aura pas besoin d’aide.   Un principe qui ne s’applique que pour les riches, bien sûr, car, pour les pauvres, il est trop tard.  De toute façon, les pauvres administrent l’argent d’une façon lamentable: dès qu’on leur en donne, ils le dépensent ! Heureusement qu’on ne leur en donne pas beaucoup, sans quoi où irions-nous !

Le professeur Lauzon parle pour rien, car il est clair que nous avons déjà trouvé la meilleure façon d’aider nos banques. D’ailleurs notre Premier Ministre lui-même nous l’a dit – en passant par le Financial Times, ce qui fait encore plus crédible – :  » Nous avons le secteur financier reposant le plus sur la libre entreprise. Nous sommes les seuls à ne pas nationaliser ou nationaliser en partie notre système financier “.

Les seuls !  Selon une étude du FMI du 18 février, le Canada serait au 3e rang mondial en % du PIB, quant au coût de l’ensemble des mesures de soutien public aux banques:  8.8%.  Devant, les États-Unis à 6.3%, où pourtant on se plaint tellement…. Dur, mais nous serons récompensés de nos efforts car il semble qu’on pourrait même acquérir quelques banques américaines: ils en ont trop. Ils en ont de moins en moins, avec les faillites, mais ils en ont encore trop. On les achète. Nous aurons des banques plus riches…

Des banquiers riches, aussi.  Les dirigeants des six (6) plus grandes banques du pays ont reçu des millions d’options d’achat d’actions à prix d’aubaine en 2009. Grâce à ces options, ils ont réalisé des bénéfices de 251 M$.   C’est là qu’on voit la sagesse de nos gouvernants. Cette performance aurait été impossible si on avait gaspillé cet argent en programmes d’aide à l’emploi.

Parler pour parler, le professeur Lauzon pérore encore plus inutilement. Il parle de NATIONALISER les banques !  Ridicule, car ce serait ILLÉGAL. La Loi (fédérale) sur les Banques prévoit que les actions des grandes banques doivent demeurer « largement reparties ».  L’État ne pourrait donc pas être propriétaire d’une banque  CQFD. Pourquoi ?   M’énervez pas avec vos questions…!

Et à Québec ?  Eh bien à Québec,  rien, parce que c’est Ottawa qui a juridiction.  Vous voyez comme c’est simple ? Alors Jacques Delorme, de la Direction des communications du Ministère des finances – cité dans le journal Métro de Jeudi 6 mai – résume tout à la perfection:  “La nationalisation  des banques  est une question tellement hypothétique. Personne n’étudie ce genre de scénario.” Ouf ! heureusement, car un enfant de 10 ans comprendrait que c’est la seule solution. Mais si on ne l’étudie pas…

Alors le Professeur Léo-Paul Lauzon parle pour rien. Parce que le système bancaire est une escroquerie institutionnalisée et que ceux qui décident de ça et du reste sont les complices de cette escroquerie. Surtout, il parle pour rien parce qu’on ne l’écoute pas… ILS sont gros, nous sommes petits…  Alors acceptons que nous sommes des cancres. Ça évitera de devoir admettre que nous sommes des lâches.

Pierre JC Allard

333. Pas d’opinions ? Ça se soigne…   10.05.17

Sir Wilfrid Laurier, premier ministre du Canada, au début du XXe siècle, disait: «Les Canadiens Français n’ont pas d’opinions, ils n’ont que des émotions». Pierre Trudeau, quelques générations plus tard, parlant des Québécois et nous prêtant désormais des sentiments plutôt que des emotions, ne nous en répétait pas moins que nous n’avions pas d’opinions…  C’est sérieux, docteur ?

Pour ceux qui en sont gravement frappés – car nous ne le sommes pas tous également – ca peut l’être.  Surtout si on y croit, surtout si on reste prostré, car le manque d’opinions est une maladie de langueur… Prostré devant la TV, avec un six-pack de certitudes et un sac qui n’attend pas l’autre de pensées croustillantes sur le sport et la vie des artistes, vous n’avez plus à prendre parti; à heures fixes, le teléjournal vous nourrira de parti-pris. Peu à peu, ce qui vous serait resté d’opinions va cesser de se remettre en question et se scléroser en entêtements programmés.

Un entêtement est plus facile a gérer qu’une opinion, pour vous et pour les autres. C’est du stable, du solide, du permanent, du bon-pour-la vie. On sera content en haut lieu. Des entêtements en déséquilibre, si on les appuie habilement les uns sur les autre, permettent de bâtir des sociétés-chateaux de cartes qui se tiennent tout seul pour un temps.

Peut-on mourir d’un manque d’opinions ? On peut en mourir de vieillesse tout jeune, quand le cerveau n’a plus d’activité. On peut se momifier sans tomber de sa chaise et sans même changer de position dite sociale, si on y est bien calé par un boulot  sans histories ou un assistanat sans discussions. La mort clinique sera prononcée en temps opportun, quand on aura besoin de la chaise, mais il n’y aura plus de moment opportun où l’on aura besoin de vous. La vie ne vous dérangera plus.

C’est un choix. Un peu dommage, pourtant, car avoir des opinions peut être un plaisir. L’opinion, c’est le signet qu’on met dans le livre de la vie pour retrouver les emotions, chacune à la page où on l’a laissée. Sans opinions pour les mettre en ordre, les emotions viennent et elles passent… Est-ce que ça se soigne, le manque d’opinions ? Bien sûr… Quand on écoute… et qu’on parle.

Les opinions naissent quand on écoute. Quand on écoute le pour et le contre, la Gauche et la Droite,  ceux qui étaient là bien avant et ceux qui jurent qu’ils vont venir après. Des émotions sont là qui veulent devenir des entêtements, mais, à force d’écouter, presto, une opinion naît ! Quand une opinion est née, elle doit grandir; elle grandit quand on en parle…   Tenez, moi, à mon âge, on s’étonne parfois que je parle tant et que je veuille encore écouter. C’est que j’aime bien avoir des opinions… Et vous ?

Ce n’est pas si facile de trouver où écouter et parler. Pouvoir écouter autre chose que le gros bourdon de la pensée conforme, s’entend, pour distinguer toutes les nuances du carillon-humanité et noter parfois les dissonances.  Il y a une telle pudeur à montrer nue une jeune opinion dont personne n’a pénétré le sens ! Il y a des gens qu’on fréquente toute une vie sans jamais se permettre de leur toucher les idées.  Comment s’ouvrir à un parent, un ami, un collègue avec qui l’on partage depuis toujours une franche camaraderie de l’insignifiance imposée et lui avouer comme ça, tout de go : « tu sais, je pense… »

Alors, il y a un besoin pour une Allée au Bois virtuelle où les idées peuvent se promener et échanger des œillades ; c’est pour ça que je vous invite sur le site de CentPapiers.  Venez exprimer enfin ce que vous avez toujours voulu dire.  Allez où vous voulez et au pas qui est le vôtre ; il y aura toujours quelqu’un qui croisera votre route et dont ce sera aussi le pas.  Écoutez, puis parlez : on vous écoutera.   On proposera ou on s’opposera, mais des opinions naîtront. Les vôtres.

Ne laissez pas passer un jour sans avoir lu une ligne et commenté au moins « oui », « non » « bravo » ou « merde ». Pas un jour sans avoir opiné. C’est ainsi qu’un cerveau paralysé prend son grabat et marche…. Et vous aurez mis des opinions signets qui vous feront vibrer aux pages d’où les emotions vous sautent à la gorge.

Vous y retournerez et c’est là que vos opinions prendront un sens aussi pour les autres, car, quoi qu’en ait pensé Sir Wilfrid, les emotions sont l’oméga comme l’alpha et ce n’est pas sur ce qui vous indiffere que vous ferez la difference, mais sur ce qui vous tient aux tripes.  C’est votre emotion ET votre opinion. Partagez-la.

Quand chacun aura osé émettre une opinion et partager la petite parcelle de la vérité qui est en lui – et qui n’est à nul autre, puisque personne n’a eu le même vécu – ce sera la fin du rituel de manipulation des « sans-opinions » par les bien-pensants. Ce sera la fin du long ramadan de la noirceur conformiste. Ce sera la rupture du jeûne de la pensée… et on pourra festoyer.

Pierre JC Allard

334. Gesca et la censure anodine   10.05.31

Quand on a ces « 75 berges » dont parle Ferré et qu’on veut encore, dans un dernier droit contre la montre, mettre grato 10 heures par jour de travail pour une bonne cause, on n’a vraiment aujourd’hui que l’embarras du choix. Toute la société est à s’effondrer et on ne peut regarder nulle par sans voir une injustice, une incompétence crasse, un égoisme insolent ou un bout d’hypocrisie qui dépasse sous la cape de la « bien-pensance ». J’ai choisi de lancer un journal citoyen.

Pourquoi un journal ? Pourquoi pas un parti politique ? Parce que le Pouvoir, désormais, pourra empêcher efficacement les rassemblements de personnes et des moyens matériels qui pourraient le mettre en péril. Les dés sont irrémédiablement pipés, et se réunir en groupes ne fait que faciliter la tâche de ceux qui veulent identifier les mauvaises têtes.

Rien d’autre ne transformera plus notre société qu’une myriade d’actions individuelles, sans liens formels entre elles. Des actions qui seront rendues convergentes uniquement par leur adhésion à des principes communs … et deviendront efficaces par la seule volonté ferme de chacun de poser SEUL les gestes qui faciliteront l’atteinte des objectifs qui découlent de ces principes. Avec les contrôles que permettent les technique modernes, c’est la seule révolution qui reste aujourd’hui concevable.

Même cette révolution, cependant, n’est possible que si existe un espace où peuvent échanger leurs idées ceux qui en ont, permettant à chacun de prépaper sa propre action individuelle. C’est cette action qui sera sa contribution à une volonté commune, dont le but demeurera un non-dit et la trajectoire constamment mouvante.

Le Pouvoir ne veut évidemment pas que cet espace de communication et d’échange existe. D’où l’émergence d’un monopole de la pensée unique, composé de médias qui ne sont distincts qu’en apparence, étant de fait également asservis au Pouvoir. L’émergence, aussi, d’un subtile, mais implacable censure…

Censure ? On ne parle pas ici de la censure des attaques massives contre les droits citoyens: l’internet ne permet plus qu’on les cache ! La stratégie cynique du pouvoir est désormais de les justifier … comme l’admission candide (!) de la torture à Guantanamo en a été un bon exemple. On parle d’une censure insidieuse, quasi imperceptible des moindres déviations de la pensée correcte. On parle de la suppression, loin en amont, des idées dont on pourrait penser que le citoyen risquerait d’apprendre peu à peu à devenir plus critique… Manipuler aussi, c’est prévoir…

Vous croyez que j’exagère ? Depuis pas mal de temps, je note les commentaires que me refusent les blogues de Cyperpresse. Étonnant. On pourrait en écrire un petit livre, mais, pour les fins de cet article, j’ai fait un blitz aujourd’hui même et soumis en quelques minutes quatre (4) commentaires en rafales sur autant de fils. Des commentaires assez anodins, de droite, comme de gauche… Mais qui pourraient faire réfléchir. Trois ont été retenus, le temps que la foule des badauds soit passée… Après, ils seront enlevés, ou publiés quand plus personne ne viendra les lire… Naturellement, c’est dimanche, mais ce n’est pas si différend le lundi, le mardi…

Il est bien dangereux que le contrôle de l’opinion citoyenne au Québec soit en pratique confié au duopole Gesca-Québécor. En censurant arbitrairement des opinions qui sont tout a fait légales et correctement exprimées, ces deux géants du secteur privé assument un pouvoir exorbitant qui est contraire à la démocratie. Il faudrait qu’une Régie de l’Information sous contrôle des citoyens vienne voir ça de près.

Mais ça peut tarder… en attendant, il faut un journal citoyen. A combien de gens – qui ont tant a dire et parfois peu d’expérience pour l’exprimer – les medias refusent-ils systématiquement le micro ? C’est pour ça que j’ai choisi cette lutte. Pas une option politique, les choix restent ouverts; juste un journal – Cent Papiers – où écrire sera facile et où aucune opinion NE SERA CENSURÉE sauf si elle est explicitement prohibée par la loi.

Lire CentPapiers n’engage à rien. Ceux qui partagent un même dégoût de ce que la gouvernance actuelle est à faire de notre société peuvent venir y constater qu’ils ne sont pas seuls à s’en attrister. Ils peuvent aussi y écrire. C’est aujourd’hui un devoir du citoyen de s’exprimer. Votre devoir.

Pierre JC Allard

335. Israël et les fauteurs de paix 10.06.07

On parle parfois – discrètement –  d’une « exception ashzkénaze ». Un segment de la population juive dont l’intelligence, mesurée par les tests conventionnels, serait significativement supérieure à celle des autres groupes humains qu’on peut identifier. Pourquoi discrètement? Parce que, compte tenu de l’envie bien ancrée dans la nature humaine, se faire dire qu’on est plus doué peut être gratifiant, mais peut être tout aussi nuisible que de se faire traiter de pauvre cloche.

Personne ne se presse donc au portillon pour aller vérifier si les Ashkénazes sont vraiment si intelligents… et ça reste une légende. Ce qu’on peut vérifier sans études complexes, toutefois, c’est que ceux qui se réclament de la culture juive ont apporté à l’humanité une contribution hors de toute proportion avec leur nombre. Sans remonter bien loin, avoir Marx, Freud et Einstein dans une même cuvée en fait indéniablement un crû exceptionel par ses effets, qu’on aime ou non le communisme, la psychanalyse et la bombe atomique…

Pourquoi le souligner ? Parce qu’il est improbable que les Israéliens soient bêtes, alors que le massacre de pasagers d’un flotllle de sympathisants pro-palestinins en haute mer au large de Gaza apparaît comme une évidente bêtise. Il y a donc une incohérence à résoudre. Dans quelle problématique plus large cette opération apparemment stupide peut-elle s’inscrire qui, à défaut de la justifier, la rendrait compréhensible ? Le plus vraisemblable, c’est qu’il s’agit d’un pion avancé dans une partie qui se joue entièrement aux USA. Beaucoup veulent voir Israel comme la queue qui meut le gros molosse USA, mais cette vision repose, à mon avis, sur deux fausses prémisses.

La première, c‘est celle d’une population en Israel bénéficiant de lourds sacrifices financiers consentis par la diaspora juive américaine… La réalité, si on voit les choses plus objectivement, c’est qu’on a déplacé vers Israël une population qui y est assiégée, vivant depuis 60 ans dans l’équivalent de tranchées sur la ligne de feu. Les USA ont ancré au Moyen Orient un gros porte-avions « Israel » défendant les intérêts USA. On donne de l’argent aux Sabras, bien sûr, mais c’est peu pour les services qu’ils rendent.

Pourquoi peut-on se permettre de leur donner si peu ? Parce qu’ils sont surtout motivés par un message religieux… dont la crédibilité est celle de tout autre message religieux, c’est à dire objectivement nulle. Les Juifs déplacés vers Israel sont utilisés. Instrumentés par une légende. Il faut donc être de mauvaise foi pour s’étonner qu’il y ait tant de fanatiques en Israel. S’ils n’étaient pas fanatiques, bien peu seraient en Israel ; ils seraient à Grossinger et à Miami.

La deuxiàme fausse prémisse, c’est celle d’une diaspora juive en Amérique qui serait monolitiquement unie dans son soutien a Israel. Il n’est pas sûr du tout que Quidam Lambda de la diaspora juive aux USA soutienne vraiment Israel autant qu’on veut nous le faire croire. Ceux qui parlent au nom de cette diaspora, oui, soutiennent Israel, bien sûr, mais ils sont un establishment dont je doute fort de la ferveur religieuse. Ne joueraient-ils pas de leur judéité comme d’un atout, dans un pinochle dont les enjeux sont des contrats, de l’influence politique et du fric ?

C’est une partie qui se joue aux USA. Contrairement aux idées savamment entretenues, l’establishment juif américain est d’abord américain. Le Juif américain moyen aussi, d’ailleurs, qui est BIEN aux USA et s’y sent chez-lui. Il souhaite naturellement que l’Amérique reflète de plus en plus les valeurs juives qui sont les siennes, mais il ne voudrait sous aucun prétexte partir pour Israel ! Je parierais gros que son indéfectible soutien à Israel est d‘abord une peur terrible de la pression sociale exercée par ses élites dominantes et qu’il serait bien soulagé que la paix en Palestine vienne enlever de sa chaussure cet ennuyeux grain de sable qui ne lui rapporte RIEN.

Obama et son équipe aussi, d’ailleurs… et c’est la que ça devient intéressant. La gouvernance américaine veut la paix en Palestine. Netanyahou, non: le pouvoir en Israel repose sur la guerre. Netanyahou rue donc dans les brancards quand on parle de paix et met Obama dans l’embarras, lui faisant sérieusement perdre la face… alors que la bataille politique contre les Républicains fait rage. Exaspérant.

Pour la première fois, il y a une divergence d’intérêt sérieuse entre la Présidence démocrate aux USA … et ceux qui gouvernent en Israel et leurs alliés d’un certain grand capital. Pas question pour les Démocrates d’affronter directement le lobby juif, mais on peut saper son influence. J-STREET – dont J-Call en Europe est le reflet médiatique – sort donc tout a coup sur la scène politique américaine, comme un lapin d’un chapeau.

Qu’est-ce que J-Street ? Des fauteurs de paix. Un mouvement qui met en lumière l’opposition jusque là muette des Juifs américains pacifistes aux bellicistes du lobby juif dominant.. J –Street est là pour rallier les éléments pacifistes de la diaspora qui voudraient assumer pleinement leur américanité, sans céder plus longtemps au chantage d’une faction au sein de la communauté juive qui s’enrichit d’une guerre qui est pour l’ensemble de cette communauté totalement néfaste.

Serait-il surprenant que ce soit Obama qui ait choisi de faire financer et organiser discrètement J-Street ? Si, appuyés par le pouvoir aux USA, les pacifistes de la diaspora n’ont plus peur de se manifester et découvrent qu’ils sont une majorité, les fanatiques d’Israel, Netanyahou en tête, pourraient devoir adopter une toute autre attitude. Une attitude de paix.

Grave menace pour ceux en Israel qui ne pensent que plaies et bosses. Quoi de mieux qu’une vague d’antisémitisme pour conjurer la menace des fauteurs de paix ? Une synagogue brulée, un cimetière profané… et hop, le reflexe de peur peut jouer pour ramener le Juif américain moyen dans le giron des fauteurs de guerre.

Massacrer quelques pro-palestiniens, n’est pas cher payer pour obtenir cette réaction antisémite… Quand on voit cette dynamique, on comprend pourquoi l’antisémitisme, qui est toujours un crime, serait aussi aujourd’hui une erreur. Un dossier bien délicat à gérer pour Obama… Mais tous les espoirs sont permis.

Pierre JC Allard

336 De Merdre à Gidouille, 137 E.P 10.06.19

A moins d’une prise de conscience qu’à cette heure rien ne laisse prévoir, nous nous dirons bien demain le « 15 juin 2010 ». Nous ajouterons cette journée à la séquence de ceux d’une Ère Chrétienne qui n’est plus chrétienne que de nom…, mais ce dont la paresse nous aura dissuadés un jour de plus de prendre acte.

Dommage.. Ce serait autrement plus marrant si nous avions la lucidité et le courage de passer ce soir au calendrier des pataphysiciens. Dans le calendrier de l’Ère Pataphysique, nous sortons ce soir du mois de Merdre. Il serait juste et bon de dire haut et fort : « Jarry, nous t’avons compris ! » et de proclamer que demain sera le 1er du mois de Gidouille de l’an 137 E.P.

Ce serait un hommage bien mérité au père de la pataphysique, lequel a été le précurseur de la pensée-action dominante de notre époque : l’absurdité. Parce que Freud et Lacan, Sartre et Derrida et les autres sont bien venus pour nous expliquer qu’à défaut d’un dieu et d’une âme immortelle – ou au moins d’un projet et d’une valeur transcendantale à mettre en référence – notre vie est absurde et que le monde ne l’est pas moins… Mais ces penseurs parlaient beaucoup. Alfred Jarry, lui, c’est du solide presque taciturne. Ubu Roi, c’est l’absurde incarné dans l’action.

Rassurant. Mais il faut bien voir que le parcours chaotique de notre société, de notre civilisation et de l’Homo Sapiens lui-meme, dans son dernier happening, n’est pas une incartade, mais une conséquence inéluctable de la décision que nous avons prise de ne plus avoir d’absolu. On l’a voulu: Ubu règne…

Je viens de lire un article de Olivier Cabanel qui montre comment les grandes corporations se fichent de la vie des gens, puis un autre de Monolecte qui explique comment ceux qui ont le pouvoir pillent à quia les maigres ressources de ceux qui ne l’ont pas…

L’absurde est partout. L’absurde, c’est – quand notre société atteint l’abondance et que nos besoins matériels sont satisfaits – de ne pas produire moins ou autre chose, mais de produire plus du même, puisque c’est ainsi que s’enrichiront davantage ceux qui possèdent les équipement et qui au départ en ont tiré leur pouvoir.

L’absurde, c’est – quand les machines rendent possible de produire avec moins de travail – de ne pas choisir de travailler moins en rémunérant mieux le travail, mais d’exporter le travail là où il sera fait au plus bas prix, même si le revenu distribué ne permet plus d’acquérir ce qui a été produit.

L’absurde, c’est de créer de la monnaie en telle quantité qu’elle n’a plus de valeur, puis de refiler cette monnaie aux gens contre des biens réels, sans que l’État n’intervienne pour stopper cette arnaque, mais s’en faisant au contraire le complice. Et tout le reste à l’avenant…

Absurde. Il faut appliquer la grille d’analyse ubuesque du monde aux événements du quotidien, car, dans le foutoir où se débat aujourd’hui l’humanité, il s’agit surtout de ne respecter aucune valeur et ne pas regarder plus loin que le bout de son nez. Il n’y a pas de meilleur guide-modèle qu’Ubu pour y circuler.

Comment y arriver ? D’abord, lisez les « Textes Sacrés ». Pas nécessairement les originaux ; un bon résumé de Ubu Roi sur Wikipedia fera l’affaire. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Ubu_roi / ) Ensuite, en toutes circonstances, voyez comment notre société fait toujours ce qu’aurait fait le Pere Ubu. Ça permet de prévoir…

Ubu a tous les trucs . Tenez, on n’apprécie pas assez cette volonté innovatrice de Ubu de tout laisser pour devenir « maître des phynances à Paris…  » . N’est-ce pas la situation actuelle d’un monde où ceux qui ont l’argent gardent le vrai pouvoir ? Un monde où Ubu reste roi et où les autres gouvernants sont ses vassaux ? Un monde où l’Absurde est maître…

Pour s’en sortir, il n’y a pas non plus de meilleur fil d’Ariane que de suivre Ubu. Quand il est ubuesque, le pouvoir devient prévisible : le choix que fera le pouvoir investi dans l’absurde sera toujours le plus méchant et le plus bête…On peut donc réfléchir et le piéger

A tous, un bon mois de Gidouille . Un mois de réflexion. C’est le plus long, celui qui nous mène à ce jour où l’on a pris la Bastille… On peut toujours rêver

Pierre JC Allard

337. Un bémol aux amalgames 10.06.21

Avant qu’on me le demande, je vais répondre. De quoi j’me mêle ? C’est NOTRE canot… Je suis de la petite branche cadette, dite québécoise, de la désormais-sous culture française devenue elle-même une grosse branche d’un tronc commun culturel qu’on appelle l’Occident. Ce que l’on fait en France me touche et touche aussi les Italiens, les Finlandais et les Haïtiens.

Ce qui se passe à la Goutte d’Or et au Mondial touche tous ceux qui se réclament de l’Occident. Essentiellement, tous les Chrétiens, mais surtout – nous sommes bien plus nombreux – les « Postchrétiens », les laïques qui avons mis les dogmes et tout le folklore religieux au rebut, mais avons gardé une éthique et une culture qui passent par la Grèce, le Sermon sur la Montagne, la Renaissance, les Lumières et les Droits de l’Homme.

Il y a NOUS, les Occidentaux… et d’autres qu’on devrait aimer et qu’on DOIT respecter, mais qui sont EUX. EUX, pas NOUS. Je n’ai jamais caché que je trouverais mieux pour tous que les cultures ne se mêlent pas trop. Surtout, pas trop vite. Tôt ou tard, il n’y aura sans doute qu’une seule culture syncrétique sur cette planète, mais trop vite est une recette pour des conflits.

Je ne crois pas que les Occidentaux doivent s’occuper de l’Irak ni de l’Afghanistan. Je ne crois pas non plus qu’il faille trop de Musulmans en Occident. Trop, c’est un de plus que ceux que nous avons. Ce doit être l’honneur de l’Occident de traiter avec respect tous ceux que nous avons accueillis – et souvent invités – mais il doit être clair que ce respect n’implique pas que nous changions ce que nous sommes; seulement de les laisser, à leur propre rythme, s’intégrer d’abord puis s’assimiler à notre culture occidentale, tel que nous Occidentaux voulons qu’elle soit et qu’elle évolue.

Cela dit, attention aux amalgames. La montée de l’Islamisme EST un problème. Ce n’est pas la cause DES problèmes. Rien a voir avec la crise financière, ni celle des retraites… Si l’équipe de France est lamentable au Mondial, libre aux Français – qui ne s’en privent pas – de dire que c’est la faute de l’UMP et du Président Sarkozy. Voila qui ne me regarde pas. Mais si ladite équipe de France en vient aux injures et aux coups, se scindant entre les « de souche » et les autres, voici qui me regarde. Comme la France gaullienne, face au Québec dans le Canada, s’était donnée une politique de « non ingérence, mais non indifférence ».

Voici qui me regarde, chers cousins, parce que vous êtes dans la barque Occident et nous avec vous. Si vous gérez si mal votre politique d’immigration, les droits de vos minorités et les prétentions de vos communautarismes qu’on passe du rejet au conflit ouvert, puis à l’émeute, puis a une forme de quasi guerre-civile, ce n’est pas seulement à Paris et dans les banlieues que le désordre va s’installer; c’est partout où la France sert encore de modèle.

En Europe, bien sûr, mais c’est ici aussi, au Québec, que des accommodement vont apparaitre raisonnables, qui ne le seront que dans le contexte d’un mea culpa français – occidental – à faire, pour des excès que ce n’est pas nous qui aurons commis. Vous allez faire chavirer la barque.

Je suis inquiet, pas de ses échecs, mais de l’animosité au sein d’une équipe dite « nationale », mais qui apparait multi-ethnique et factieuse. Je suis inquiet de la coïncidence de cette grève des Bleus avec l’interdiction de cet Apéro Géant de la Goutte d’Or, alors que le Président Sarkozy vient à peine de dire qu’il ne les interdira pas globalement, ce qui ajoute à la provocation d’avoir interdit précisément celui-là.

Je ne puis que penser à cette éruption de pétrole sur les côtes de la Louisiane. Croit-on vraiment qu’une interdiction de manifester mettra fin à l’éruption d’antislamisme en France ? On a dit, en d’autres temps, que le gouvernement devait être terrible, pour éviter que la population n’ait à l’être… Il faudrait peut-être, maintenant, que le gouvernement, face à l’islamisme, pose quelques gestes intelligents pour éviter que la population n’en fasse de bien stupides.

Pierre JC Allard

338. France: le passage à l’acte 10.06.28

On se plaint beaucoup au Québec, mais la situation est bien plus volatile en France.  Regardons bien ce qui s’y passe, car c’est peut-être  le modèle de ce qui va se passer chez-nous quand la situation se sera encore détériorée.

Ceux qui suivent de près les états d’âme de la population française ne peuvent qu’avoir constaté le détérioration brutale du climat politique, surtout depuis l’élimination de l’Équipe de France au Mondial.  Petite cause, grand effet, car il semble qu’en donnant à Quidam Lambda cette lourde taloche à son amour propre, on l’ait sorti de sa torpeur et qu’il ait tout à coup compris toute l’ampleur du désastre .

Il prend conscience de l’insolvabilité prochaine de la France au sein d’une Europe qui le sera aussi, d’un marché du travail qui s’effiloche dans une structure de production que le libre-échange a sabotée, d’une solidarité nationale rongée par les communautarismes et, surtout, de la trahison de ses élites qui, tous partis confondus, apparaissent toutes corrompues, sans un idéal et sans même un projet.

Quidam Lambda comprend que lui couper ses retraites et privatiser le patrimoine national  ne sont pas des gestes amicaux. Il comprend qu’on ne le gouverne plus, mais qu’on l’exploite comme un cheptel. Le mépris général de la population française pour ses élites est devenu tangible. En l’absence de médias crédibles – ils sont tous aux ordres de ces élites politiques, economiques et même culturelles qui sont devenues ses ennemies –  c’est le ton des articles sur le Net qui se durcit… et celui des commentaires de la population générale encore bien davantage.

On entend donc depuis quelques jours sur le Net français un langage subversif, insurrectionnel et qui se voudrait révolutionnaire.  Un discours qui reste encore bien velléitaire, cependant, puisqu’il n’existe pas une alternative réaliste a la gouvernance de ces élites : dans la société complexe qui s’est créée, le peuple n’a pas la compétence de proposer quoi que ce soit.

Mais le peuple ne veut plus faire aveuglément confiance à une caste élitiste qui semble s’être liguée contre lui. Il cherche une issue. Il veut manifester son mécontentement. Comment peut-on prévoir qu’il le fera ?

Le plus probable, si la révolte passe à l’acte, est que ce sera par une désobéissance civile spontanée et individuelle. Un grève générale non déclarée, sans consignes de qui que ce soit … et sans donc que quiconque puisse  être persuadé d’y mettre fin par des promesses ou des menaces.  Un nouveau Mai 1968, dont le premier n’aura alors été que la répétition générale.

Cette désobéissance qui se voudra populaire ne ciblera pas les citoyens, mais la structure de l’État et du système de production. Elle pourrait s’accompagner d’actes de sabotage.  Ainsi, le personnel du réseau de la santé ne cessera pas de traiter, mais tout le volet administratif et comptable pourra devenir inopérant. De même le système de transport en commun, où c’est la perception des titres de transport qui pourrait être seule  perturbée.

Perturbé aussi – c’est un euphémisme – le transport des marchandises dont la logistique fragile peut ne plus produire qu’un chaos indescriptible. Perturbé un systeme d’éducation où ce qui est enseigné ne correspond plus aux programmes et où personne n’échoue plus un examen… les possibilités de saboter le système sont infinies, imparables et à la portée de chaque individu mécontent.

Ceux qui profitent vraiment du système ont intérêt à ce qu’il n’y ait pas trop de mécontents.  Si personne n’a autorité pour le dire formellement, mais que tout le monde sait, que ce que le peuple veut est la démission de la gouvernance actuelle – Exécutif et Législatif – et son remplacement par autre chose, ceux qui sont les véritables maïtres de la société et ne veulent pas que le peuple soit mécontent ne tarderont pas à obtenir cette démission…

Démission de la gouvernance actuelle, puis quoi ?… On pourrait penser à la mise en place, pour 6 mois ou un an, d’une structure de transition, dont l’objectif serait d’abord de redonner confiance aux Français, en créant  un consensus large et en menant une action exemplaire contre la corruption.

Cette structure pourrait aussi mettre en place des mesures d’urgence pour juguler la crise, puis proposer et faire adopter par referendum une nouvelle constitution. Son mandat s’achèverait  par  l’élection, selon les principes et procédures de cette nouvelle constitution, d’un nouveau gouvernement dont ce sont ces futures élections qui détermineraient les orientations.

Comment constituer cette structure de transition ?  Ne pouvant compter que sur les ressources politiques dont elle dispose et ayant comme premier objectif que cette structure soit consensuelle, les Français devraient exiger que se forme un gouvernement d’Union Nationale ratissant très large, de Mélenchon à Le Pen.  Il ne faut exclure personne qui accepte le principe d’une gouvernance démocratique.  On saura que Quidam Lambda est content quand les roues qui se seront arrêtées recommenceront à tourner correctement.

Le peuple peut désormais choisir cette voie proactive, parce que la complémentarité, dans une société complexe, rend tant de gens indispensables qu’on ne peut simplement pas gouverner sans un large consensus.  Si on tente d’ignorer cette exigence, toutefois, le mécontentement de la population conduira à un changement plus conventionnel : la prise du pouvoir par un homme providentiel qui, ne devant rien à personne, pourra nettoyer tout ce réseau de favoritisme et de copinage qui étouffe la France.

Le peuple n’a pas le pouvoir de le faire apparaître un tel homme, mais il a celui de l’accueillir. D’autant plus facilement que, dans une société complexe, la complémentarité fait de la démocratie le régime par défaut et que celle-ci reviendrait d’elle-même le nettoyage complété. Il va être passionnant de voir le chemin que prendra la France.

Pierre JC Allard

339. Le problème n’est pas l’âge de la retraite   10.07.05

La retraite à 67 ans ? Bien sûr, faites donc, ça presse… Autrement, que ferait-on de toute cette vie de trop… ? Je charrie un peu, mais il reste que le prolongement de la vie active est inévitable et on le sait. En France, en Allemagne… partout. Sinon, c’est la vie inactive qu’on prolonge… et ce n’est pas très motivant.

Querelle académique, de toute façon. Au Canada, il y a bien une trentaine d’années que les actuaires nous ont prévenus que ce serait dur, le début de siècle. Ces décennies d’après-guerre où l’on a fait tellement enfants – suivies de celles où l’on en a fait tellement moins – nous ont bâti une drôle de pyramides des âges. Et le secret de cette grande pyramide… c’est qu’elle n’en a pas ! Car la démographie est une science exacte: les premiers « baby boomers », nés en 1946, auront 65 ans en 2011… et ils vont se présenter au guichet.

Nous avons aujourd’hui, au Québec, quatre (4) personne au travail pour une personne à la retraite. Nous allons tendre rapidement vers une situation où il n’y en aura plus que deux (2). Ce sera dur… En France, ce n’est pas aussi grave… mais essentiellement on a le même problème. La solution démographique, c’est d’inviter plus de jeunes immigrants pour remodeler la pyramide. Disons, pudiquement, que les conséquences sociales peuvent être significatives et dérangeantes.

Y a-t-il une alternative ? Oui, refouler les pensionnés vers le marché du travail. Il n’est pas dit dans la Bible ni le Coran que la retraite est à soixante ans (soixante-cinq ans, au Canada) et, s’inspirant de la science qui a déjà prolongé la vie tout court de plus de 5 ans sans que personne ne s’insurge, on peut prolonger la vie active de 60 à 67 ans en France. C’est la bonne chose à faire.

Pourquoi, alors tant de résistance ? Parce que l’âge des retraites n’est qu’un volet d’un problème plus vaste qui est une mauvaise répartition de la richesse et du revenu et que le Capital – en parfaite connivence avec le Pouvoir – s’amuse comme un petit fou à faire déraper le débat vers la question des retraites où il a un bon argumentaire… Il en profite pour escamoter tout le dossier de la répartition de la richesse, où sa turpitude est totale !

Il ne faut pas se battre sur l’age de la retraite, c’est un mauvais combat. Il faut se battre pour l’équité dans la transition… et en profiter pour remettre les pendules à l’heure. Toutes les forces qui luttent pour la justice sociale devraient lutter POUR la retraite universelle à 67 ans…. Mais se mobiliser pour imposer quelques précautions.

D’abord, exiger le respect strict des droits acquis. Le temps de cotisation selon les normes en vigueur doit conférer le droit inaliénable de toucher la pension prévue au moment prévu. On pourra inviter bien poliment les travailleurs qui ont ces droits acquis à rester au travail – ce qui est important pour la structure fiscale – mais ce doit être sans le leur imposer et donc sans rien leur enlever des sommes qui leur sont dues. Il faut leur offrir des avantages supplémentaires pour qu’ils acceptent cette proposition.

Ensuite, pour tous ceux qui sont déjà au travail et et qui cotisent déjà, il faut recalculer les prime sur la base du temps qui leur reste à cotiser avec la nouvelle législation, de sorte que le sacrifice exigé soit équitable pour tous. Seuls les nouveaux cotisants doivent payer intégralement la prime basée sur un départ en retraite a 67 ans. Pour les autres, au prorata des temps passés et à venir, et une prime douce, peut-être négative, pour ceux en fin de carrière. Ce calcul actuariel est trivial.

Cette question actuarielle est incontournable, mais, toutefois, elle ne règle pas le débat; elle le lance, car c’est le moment de remettre les pendules à l‘heure, de deux (2) façons.

La première, c’est que oui, la durée de vie active doit augmenter, mais il ne s’agit pas de simplement ajouter des années è la vie active. Il faut structurer celle-ci autrement, pour qu’elle colle à la réalité d’un marché du travail où les travailleurs sont de moins en moins interchangeables et où des recyclages périodiques seront indispensables. Veut-on que chaque recyclage signifie chômage et assistanat ?

On ne peut pas espérer que, dans un marché du travail en constante mutation, la « main invisible » des penseurs libéraux interrompra sa délectation morose pour trouver des emplois a tous et à chacun ; il va falloir que la société s’en occupe. Posons donc l’hypothèse d’un Plan de Carrière de l’individu. Un plan s’étalant sur 50 ans, de 17 ans, quand il termine le Cycle Général d’éducation que tout citoyen devrait compléter, à 67 ans, quand il a droit à la pension des aînés.

Ce « Plan de carrière » n’aura rien de contraignant, on pourra en changer en tout temps. Ce sera plutôt une esquisse, car la réalité y apportera continuellement des changements. Mais, durant ces cinquante ans, l’individu type devrait néanmoins pouvoir imaginer sa vie en y prévoyant des périodes de travail, des périodes de formation et des périodes de loisir. Durant toutes ces périodes, il doit jouir du droit à un revenu garanti.

Un revenu qui lui sera garanti en fonction de sa « compétence reconnue », mais qui impliquera aussi un travail et une formation continue. Une formation professionnelle initiale, relativement courte, mais ensuite, tout au long de sa vie active, une formation complémentaire qui en marquera les étapes.

Le travailleur recevra d’abord des stages périodiques de mise à jour de ses connaissances qui maintiendront sa qualification de départ. Durant ces stages, il sera considéré au travail et sa rémunération demeurera inchangée. Ensuite, il aura accès aussi, pratiquement en tout temps, à des formations de perfectionnement à la mesure de son ambition comme de ses aptitudes.

Ce sont ces formations, gratuites, accessibles sur concours, qui lui permettront de poursuivre son cheminement, en améliorant ses connaissances et en accédant à d’autres paliers professionnels pour lesquels il pourra obtenir une compétence reconnue. Il pourra ainsi, au cours de sa vie, développer tout son potentiel et accéder à des tâches de plus en plus rémunératrices.

Ces périodes de formation, entrecouperont des périodes de travail dans des fonctions en constante redéfinition. Une carrière de 50 ans, avec retraite à 67 ans, soit… mais avec bien moins d’heures de travail par années et des périodes rémunérées fréquentes de formation et de loisir . Ce schéma est le seul compatible avec l’évolution technologique annoncée; celui qui, dans ce marché du travail en furieuse activité, voudrait rester immobile et ne pas changer, sentirait vite lui passer sur le corps le stampede de toute la société en mouvement.

La deuxième remise à l’heure qui doit accompagner le prolongement d ela vie active, c’est le rapport de la valeur du travail à celui du capital. Il faut que la valeur relative du travail soit largement augmentée. Le défi immédiat n’est pas de produire davantage, mais de rendre la demande effective et mieux adaptée aux besoins, pour que le peuple puisse jouir de tout ce qu’il peut produire.

On discutera de la formule, mais prévoyons que la valeur du travail, en termes réels devrait rapidement doubler. C’est ainsi que doit se terminer la crise actuelle. Cette discussion devrait être sereine, car le capital fixe est déjà sous contrôle des travailleurs et le capital monétaire ne vaut plus que ce que l’État décide qu’il vaut. Les entêtés risqueraient d’être promptement étêtés…

Pour les détails, on pourra consulter, entre autres, les articles de la section Travail du site Nouvelle Société https://nouvellesociete.wordpress.com-travail/

Pierre JC Allard

340. Le miracle de la Grande Muette   10.0.07

On a dit de l’Armée qu’elle était la « Grande Muette ».   Bravo, car en démocratie le civil prime sur le militaire.  L’Armée doit être belle et se taire. Bravo, dans une démocratie, mais le régime qui gouverne la France n’a plus rien d’une démocratie que le geste, qu’on voudrait magique, de donner un vote à l’un ou l’autre des partis.

Le « demos » ne prend pas d’autre décision que celle de choisir, entre Pierre et Paul, celui qui appliquera la seule politique possible : celle déterminée par les circonstances, dans un monde où tout se tient et où ce n’est pas la France qui tient le haut du pavé.

Le geste n’est pas magique. Le vrai pouvoir – qui est financier et qui contrôle les médias – peut biaiser l’opinion publique un peu jocrisse jusqu’à la limite du crédible, mais ce sont là « jeux de princes ». Une coquetterie. Au moment de vérité, on peut ne pas tenir compte du vote – comme cette plaisanterie de référendum pour le traité de Lisbonne – ou corrompre un à un les politiciens et les fonctionnaires, pour que ce qui soit fait soit bien ce que veut le vrai pouvoir.

Et celà, nonobstant tout ce qui aura été dit ou écrit.  La république française fonctionne maintennt à coup de buzz, d’édits et d’enveloppes kraft bourrées de billets de banque . Démocratie ?  Soyons sérieux.  Alors quand on s’inquiète que l’Armée parle…. Mais au fait, pourquoi s’inquiète-t-on ? On s’inquiète parce que l’Armée est le dernier bastion de dignité dans une France corrompue.

L’Armée n’a pas parlé. Pas encore  On s’inquiète seulement qu’un certain Général ait dit de façon bien académique – il est à l’ex – Ecole de Guerre, et c’est son rôle d’avoir des opinions en matières de stratégie  – que les Américains,  en Afghanistan, ne s’en sortaient pas très bien.   Une évidence. Mais, parce que l’information est plus libre aux USA  qu’en France,  parce que  l’opinion d’un géméral français, bien présentée dans les médias d’outre-Atlantique, peut faire des ravages dans les  manigances électorales qui en Amérique remplacent la pensée politique… il y a eu  froncements de sourcils à Washington.

Or, comme les USA sont pas mal plus près que la France du haut du pavé, une œillade mauvaise de Washington vaut cent coups de knout.  Panique donc, chez les gouvernants. De Dieu à ses saints, l’anathème se prépare et se répand.  Consistoire in pectore à  l’Élysée et Morin, peut-être jaloux de faire moins les manchettes que Woerth, annonce qu’il  va sévir. On va sanctionner le Général Desportes. Desportes ? Qui est Desportes ?

Je ne vous donnerai pas tout son profil, ni ses états de  service ; Google est la pour ça si vous êtes pressés et tous les médias qui auront lu Google vous les donneront demain, mais Général Desportes n’est pas un  pauv’ con à faire tasser. Ce qui semble TRES intéressant ici – et je ne vous dirai que ça – c’est que le Général a écrit des livres de stratégie.

Comme ce type, Charles, le grand qui a fini dans la politique, vous vous souvenez ?  Or, dans un de ses livres, le Général Desportes a écrit une de ces phrases qu’on retrouve parfois plus tard gravée dans le marbre :

 » L’armée, dernier grand corps de l’État parfaitement discipliné, autonome, polyvalent, constitue l’ultima ratio, disponible et efficace à tout moment quand bien même plus rien d’autre ne fonctionnerait. Nous devons donc nous inscrire dans une logique duale, être capable d’efficacité au service de la population et de sa défense, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de nos frontières. »

Souvenez-vous bien de ces paroles. Souvenez vous que je vous les ai soulignées aujourd’hui : «  au service de la population et de sa défense, tant à l’extérieur qu’à l’INTÉRIEUR de nos frontières. »  Vous avez compris ?

Souvenez-vous, maintenant, de ce que je vous dit depuis deux ans:

« Le peuple veut un conte de fées. Il veut un héros qui parte de très bas pour pouvoir monter très haut, très vite, car c’est à l’ascension du météore que la foule veut s’identifier, C’est là qu’elle trouve son plaisir (…) On a parlé de Marcel Aymé ?  Disons que le peuple cherche une « jument verte ». Ceux qui n’étonnent pas ne se rendent même pas à la ligne de départ. Si quelqu’un peut vaincre Sarkozy en 2012, ne le cherchez pas: il est trop tôt. On verra bientôt trotter sous les vivas, sur la piste Internet, Melenchon, Cohn-Bendit, Joly, tous les vieux et quelques jeunes aussi, sans doute, mais la Jument verte n’arrivera que vers la fin 2010. Elle arrivera en météore, comme Bayrou. Elle ne galopera pas avant 2011, sans quoi on s’en lasserait, comme de Bayrou… »

Ça aussi vous avez compris ?

La France veut un homme HONNÊTE.  Y a-t-il dans toute la gouvernance actuelle une personne à qui vous donneriez votre portefeuille ? Le controle de vos fonds de retraite,  un droit de regard sur votre emploi et l’éducation de vos enfants ?  Et pourtant… ILS ONT TOUT ÇA !   La question n’est plus de le leur donner, mais de le leur reprendre. Quand on regarde autour de soi, et qu’on cherche des justes pour sauver la  France, n’est-il pas raisonnable de penser que beaucoup sont dans l’Armée ?

Si quelqu’un peut reprendre pour vous les remettre votre portefeuille et le reste de vos biens et de vos valeurs des mains de ceux qui les ont et ne les lâcheront jamais, n’est-ce pas l’Armée ce  « dernier grand corps de l’État parfaitement discipliné, autonome, polyvalent, (qui) constitue l’ultima ratio, disponible et efficace à tout moment quand bien même plus rien d’autre ne fonctionnerait » ?

Il faut faire le constat lucide que plus rien d’autre  que l’Armée ne fonctionne honnêtement en France.   Il serait temps qu’un miracle arrive et que la Grande Muette parle. Coincidence cette déclaration du Général Desportes,  juste avant le 14 juillet, ou un piège tendu à une gouvernance qui n’a plus le soutien des Français ?  Pourquoi pas un piege dans un piège, une manoeuvre des USA pour démasquer ceux dans l’Armée française qui refuse d’être inféodés ?

On le saura sans doute tres vite. En sanctionnant Desportes, dont personne ne met en doute l’intégrité et l’intelligence, non plus que le patriotisme,  Sarkozy, Morin et les autres mènent à la parade un cheval de race et allument les projecteurs.  La France peut avoir trouvé sa « jument verte »…  Quand la muette parlera, on verra peut-être que c’est une bourrique, mais au premier coup d’oeil je la trouve séduisante.  Desportes en 2012 ?  Pourquoi pas Desportes tout de suite … ?

https://nouvellesociete.wordpress.com/2009/06/10/bayrou-meteores-et-juments-vertes/

Pierre JC Allard

341. Pour en finir avec Dieu… et avec l’athéisme 10.07.20

Entre gens intelligents – on ne parle pas de Grigori Perelman, juste de comprendre que oui n’est pas non, que 2 et 2 font  4  et qu’une cause a des effets – les divergences d’opinions ne peuvent être que des malentendus.

Des malentendus qui naissent de l’ignorance et qui croissent avec la mauvaise foi, la pire ignorance étant celle de ce simple constat et le pire stratagème de la mauvaise foi celui de garder l’autre dans ignorance. Ignorance de ce constat… comme de tout le reste.

Quand on diverge d’opinion, on discute, puis on s’affronte et, à la limite, on s’entretue.   Bien dommage.  Gardant hors d’état de nuire ceux pour qui 2 et 2 ne font pas 4 – ce qui est une autre histoire – on doit donc tenter de réduire I’ignorance et de démasquer la mauvaise foi. On devrait le faire pour tout, mais il faut bien commencer quelque part.  Commençons par le plus grave.  Le nec plus ultra des malentendus :  Dieu.

Il faut bien accepter l’existence, d’un « cause première », sous une forme ou une autre, et l’appeler Dieu ne devrait gêner personne  Ça commence a gêner, toutefois, quand on prête a cette cause première une liberté  et des intentions, ce qui est une évidente absurdité, puisque,  la « cause première » n’ayant par définition hors d’elle même rien qui puisse la modifier, elle ne peut qu’exprimer ce qu’elle est et ne peut donc faire des choix ni avoir des préférences.

Si on lui en prêt une liberté – équivalent de dire qu’elle pourrait être autre que ce qu’elle est ! – on derive vers la notion de « providence »  et apparait un « dieu–acteur-comme les autres » dans le jeu de l’existence.  Un dieu que son rôle rendrait responsable de tout et auquel on aurait certains reproches a faire…

De ce dieu-providence vers un dieu personnel à notre image, donc inconstant et capricieux,  il n’y a qu’un pas.  De là à penser qu’on peut se mettre bien avec ce dieu en lui offrant des cadeaux et des sacrifices et vivre ainsi plus peinard, il n’y a qu’un autre pas. Vous êtes au bord de l’abime. Un pas de plus et vous tombez en religion.  Vous vous retrouvez avec plein de mecs qui disent avoir le Big Boss a la bonne et proposent de piloter votre dossier en échange de quelques piécettes et de beaucoup de respect. Navrant.

Navrant et odieux, de sorte qu’il n’est pas surprenant, dans cette cour des miracles, que les moins jocrisses se rebiffent contre les mecs à soutanes et écuelles et les dieux a barbe, anxieux de prouver que les voies de Dieu ne sont pas insondables quand on a les reins solides. Ça fait des athées.

Mais l’athéisme peut aussi devenir un piège quand, à vouloir garder sa pureté à la cause première, on en vient à penser que n’ayant ni liberté ni intention elle n’a pas de sens.   Ce qui équivaut à nier  l’évidence que ce qui est « ici » et « maintenant »  y est bien – ou au moins la perception que nous en avons –  et qu’a défaut d’un dieu-providence a implorer, il y a au moins un dieu-cause première dont il faut comprendre la nature.

Pourquoi chercher à comprendre cette cause première  – appelez la dieu, nature ou que sais-je – puisqu’elle suit sa voie selon ce qu’elle est  et n’en changera pas ?   Parce que vous comme moi qui sommes là ne sommes pas imperturbables et que, si nous existons comme effets de cette cause, il semble bien que nous soyons dans une quête de bonheur.

C’est tout ce dont nous sommes conscients et c’est toute notre réalité. Prenons en acte. Il y a du bien pour nous dans « ce qui est ». Un potentiel de satisfaction. Que l’on dise « lois de la nature » ou « volonté de Dieu » ne change pas les cartes, mais penser « science et recherche » au lieu de « dogmes et invocations » peut changer la donne  en modifiant l’attitude.

Celui qui ne croit pas que sont sort ait été voulu peut se bâtir de ses cartes des châteaux plus beaux et plus plaisants, car il n’a plus ce sentiment d’enfant abandonné qui ne peut même pas se dire trahi sous peine de blasphème: ses rêves peuvent  échapper au leurre d’un Dieu-personne.

Il lui reste à échapper à celui de l’athéisme. Il doit AUSSI résister à la tentation de nier  qu’une cause première en mouvement tend inéluctablement vers  un « omega » qui est l’expression de son être.   Un omega qui, en étern

ité, ne peut être une fin dernière, mais est nécessairement une direction invariable.

Ne pas le nier, c’est garder un espoir…  C’est la boîte de Pandore, mais c’est échapper à l’absurde – qui est tout ce qui transparait de la trajectoire de la partie – pour entrevoir la cohérence du tout.

C’est la grâce à se souhaiter

Pierre JC Allard.

342. Christian Lemaître, Allain Jules, racisme et vérité   10.08.02

Bravo pour Lemaitre, le « diamant blanc » qui court comme un Noir… mais attention aux dérives racistes et ne disons pas de bêtises!  J’apprécie  beaucoup Allain Jules, qui dit avec intelligence bien des choses que j’aime… et même, parfois, certaines que je n’aime pas, ce qui n’a pas d’importance. Entre gens intelligents, il n’y a pas de contradictions,  il n’y a que des malentendus. Quand on est tous de bonne foi, bien sûr.

Mauvaise foi… n’éxagérons rien. Disons que Jules, dans un article sur Lemaître, part de prémisses vraies en passant par un raisonnement en clin d’oeil, pour arriver à une conclusion bien trompeuse.  Pour la bonne cause, bien sûr… mais sciemment trompeuse. Il parle de Lemaître, de  « ses genoux fixés à l’horizontale permettent à ses jambes de s’étendre… » et il en ajoute  sur la morphologie de Lemaître.  Vrai?  Je ne le sais pas, mais je le crois sans peine.

C’est quand il ajoute en passant « Qui a dit que seuls les sprinters noirs pouvaient courir vite ? » que je tique un peu. Comme si la performance de CL permettait d’en finir avec une croyance ridicule. Or ce n’est pas une croyance ridicule; c’est un fait. Je suis totalement convaincu que la morphologie de CL, comme celle des « Noirs qui courent vite » explique largement leurs succès, tout comme leur taille est une condition sine qua non des succès des champions de basketball. Dire le contraire est se moquer des gens.

Pourquoi est-on si réticent à admettre que les « Noirs » courent plus vite  que les « Blancs »  ? Parce qu’on ne veut admettre AUCUNE différence entre les haplogroupes – la nouvelle appellation correcte pour des sous-groupes ayant des similitudes génétiques – de peur d’encourager le racisme !   Accepter que la morphologie qui favorise la course à pied est plus fréquente chez des haplogroupes qui ont plus de mélanine fait frémir les bien-pensants.

Les trouble beaucoup, car est-ce qu’on ne risquerait pas d’en déduire que c’est la mélanine qui fait courir plus vite  – (même si les Pygmées ne sont pas si doués au 100 m !)  – ou d’en venir à croire que la mélanine pourrait inhiber le fonctionnement des neurones, même si Obama, quels que soient ses défauts, ne semble pas un attardé mental  ?   Danger… !

L’intention est pure, mais contreproductive, car la population est maintenant trop renseignée pour croire qu’il y a toujours une relation causale là où il y a coïncidence, mais elle l’est trop aussi pour croire n’importe quel bobard qu’on lui raconte « pour son bien ».

CL court vite, parce que sa morphologie de coureur  est à quelques écarts-types de la moyenne de son groupe et se situe même sans doute tout en haut sur l’échelle  globale des coureurs, tous haplogroupes confondus.   Quand on classe selon un facteur quelconque des individus ayant des différences entre eux,  il  y a des valeurs aberrantes.  Il serait plus raisonnable de voir si la morphologie de  Lemaître ne se rapproche pas de celle des Noirs, plutôt que de tirer de l’exception CL la conclusion probablement erronée que la moyenne des Noirs ne court pas plus vite que la moyenne des Blancs.  Tirer cette conclusion est trompeur.

Cette conclusion, d’ailleurs, n’est pas tant une manipulation, qu’un clin d’oeil à ceux qui savent, en leur enjoignant de la boucler et ne pas rire du Pere Noel devant les enfants. Les données anthropométriques des divers haplogroupes étant aujourd’hui bien faciles à connaître, n’importe quel étudiant de stats pourrait, en travail de vacances, trouver une corrélation forte entre la prévalence de certaines caractéristique morphologiques et la capacité de courir vite ou toute autre habileté physique.

Il pourrait hiérarchiser les haplogroupes et prédire avec rigueur ceux, en moyenne, où l’on court plus vite, où l’on a le plus d’endurance et où l’on saute plus haut. Il ne pourrait pas prédire les futurs  champions, puisque, pas définition, les champions sont des « valeurs aberrantes », mais il pourrait dire dans quels haplogroupes on a le plus de chances d’en trouver un. Il le pourrait sans difficulté.

Il le pourrait, mais ses travaux ne seraient pas publiés et il finirait sa carrière a mesurer les précipitation dans des seaux en bois au Tanezrouft, car nous sommes dans une société paradoxale qui a la culte des champions… mais insiste que nous sommes tous égaux. Pas seulement égaux en droits et en valeur humaines, ce qui devrait être une évidence, mais tous égaux en TOUT, ce qui est stupide.

On sait que c’est stupide – et on n’attelle pas des chihuahuas à un traineau esquimau – mais il est interdit d’en parler, tabou de mesurer les  différences et, même si le monde du sport en tire ostensiblement les conclusions, on jure la main sur le coeur que c’est une pure coïncidence s’il y a plus de Camerounais que d’Annamites dans l’équipe de France. On dit des bêtises à des gens qui ne sont plus si bêtes.

On devrait renoncer à dire des bêtises.  À défaut de s’en tenir au vrai, on devrait s’en tenir au vraisemblable.

Au lieu  de gommer les différences – ou de les occulter quand elles s’entêtent à ne pas disparaitre –  on devrait apprendre à les valoriser.   Une société complexe ne peut se réaliser que dans la complémentarité, comme c’est le « travailleur-qui-doit-décider », remplaçant les « travailleurs-outils » interchangeables de l’ère industrielle, qui été le déclencheur e l’évolution sociale postindustrielle.

Ce n’est pas en trichant et en maquillant la réalité qu’on vaincra les préjugés, mais au palier du jugement lui-même, en comprenant que, selon les critères d’une société d’interdépendance, tous acquièrent respect et pouvoir dans la mesure où ils tendent à devenir indispensables.  Or, c’est la spécificité (la différence) qui rend indispensable.

Quand on donne sa véritable primauté à l’individu sur ses appartenances, on juge chacun pour ce qu’il est. On applaudit à la différence. On est agréablement surpris que CL coure si vite, sans devoir en déduire que la morphologie du Caucasien moyen s’est miraculeusement transformée pour devenir l’égale (!) de celle des Kényans ou des Jamaïcains…

Humanité et sociétés iront plus loin plus vite, si elles acceptent la dépendance du tout envers ses parties et la nécessités que celles-ci soient différentes. Complémentaires.  On peut, hélas, instrumenter ces différences au profit de quelques-uns – tous les fascismes s’y essayent – mais ce n’est pas la complimentarité qu’il faut nier; c’est l’instrumentation du faible pas le fort qu’il faut empêcher.

Dans une société de créativité et d’initiative, cette instrumentation devient heureusement moins facile, quand  le faible acquiert la force de son utilité… et disparait quand il devient irremplaçable.  Ne nions donc pas nos différences. Le progrès vient de leur optimisation pour le bien de chacun comme de tous. Mettons-les en valeur; ce sont nos « différences » qui nous sauveront.

Pierre JC Allard

 

343. Songe d’une nuit d’été: l’Islam en Occident.   10.08.09

Mon billet d’aujourd’hui est résolument aoûtien. Pas facétieux, mais un peu provocateur. J’ai voulu laisser en suspens pour un moment l’analyse factuelle de la crise financière globale dans laquelle tous les blogueurs sont englués. Laisser en suspens l’indignation concernant les vicissitudes de la politique française, avec ses sondages et son omniprésente corruption… et aussi mon apitoiement récurrent sur la stagnation de la pensée politique au Québec. J’ai voulu plonger dans l’imagination.

Donc, il ne faut pas voir ce texte comme une prophétie – encore moins comme un voeu ! – mais simplement comme un petit scherzo onirique en mineur, dans la symphonie tragico-pathétique qui est la musique de fond de cet été. Une saison qui, pour notre civilisation, semble hélas prémonitoire d’une fin du monde…

Parlons religion-fiction. On parle beaucoup de l’Islam qui va changer l’Occident, mais que se passerait-il, si c’est l’Occident qui changeait l’Islam ? Avec la science qui n’explique pas tout et la possibilité bien réelle que tout aille de mal en pis, il n’est pas exclus que le monde se refugie dans le fondamentalisme religieux pour se lover tranquille dans un nouveau Moyen-Âge. Si l’on prend cette voie, sont-ce les preachers à l’Américaine qui prendront charge d’âmes en Occident…? Ou n’est ce pas plutôt l’Islam qui serait, même chez-nous, le bon véhicule d’un retour à la foi ? L’Islam, peut-être, s’il changeait un peu…

Qu’est-ce qui devrait changer dans l’Islam pour que l’Occident y trouve ses réponses ? A première vue, TOUT. Mais, si on y regarde de plus près, on peut voir dans l’Islam les germe de transformations qui en feraient une religion universelle au goût de l’Occident d’aujourd’hui. Des transformation guère plus radicales que celles qui ont permis jadis au judaisme de quitter ses oripeaux d’origine pour devenir christianisme.

Si on pose au depart que l’Occidental, déçu et meurtri, voudrait revenir à un monothéisme rassurant, celui de l’Islam est plus pur que celui des Juifs ou des Chrétiens. La notion fondamentale de l’Islam est celle d’un Dieu ineffable. Le reste est culturel… « acculturable » et donc négociable. Tenez, si on interprète un peu cette notion de Mahomet, « sceau des prophètes », il n’est pas difficile d’en faire le message qu’il n’y aura plus en effet de prophètes, puisque l’humanité, déjà éduquée et informée de Dieu, n’a plus qu’a obéir à sa conscience et au Livre…

Mais le Livre lui-même peut s’interpréter… Ainsi, le prosélytisme de nos jours n’a plus a être une conquête par les armes, mais peut en devenir une par la connaissance. Et toutes ces sagas guerrières du Coran, comme celles de la Bible, n’ont pas à être prises pour injonctions, ni a être acceptées plus littéralement que la création du monde en 6 jours. Elles peuvent n’être que des paraboles, des histoires dont il faut trouver le sens. Un sens qui correspond aux besoins du XXIe siècle.

Quand on VEUT interpréter, Il peut ne rester du Coran et de l’Islam que le Dieu (Allah) … et des conseils judicieux. Prenons la prière, 5 fois par jours. Pourquoi ne deviendrait-elle pas un “moment de communion” avec Dieu ? Une remise en question périodique pour ne pas laisser le passé determiner l’avenir – ce qui est la notion de karma – mais de repartir base-zéro sur ce qu’on croit la volonté de Dieu telle que le suggère la conscience ?

Une prière-méditation pour briser le karma. Pour un pardon des offenses. Pour parfois changer d’avis. Une chance de renoncer a l’entêtement… Et le front par terre ? Une simple coutume locale venue de Babylone ou de Ur et qu’on peut mettre au goût du jour. On peut communier avec Dieu debout…

Ramadan ? Un autre symbole à interpréter. Le jeûne devient la decision de se priver, pour ne pas abuser du pouvoir que l’abondance a donné a l’Homme sur la nature et que la Nature a donné au fort sur le faible. La vertu cardinale d’une société d’abondance devient alors la simplicité volontaire. L’obésité devient un péché: elle est le symptôme du déséquilibre, une manifestation visible des effets de l’avarice et de la thésaurisation.

Des impôts ? Concept dépassé: tout le monde triche. Pas d’impot, mais la confiscation progressive de l’excessif au-dela du seuil de satiété determiné par un consensus populaire. Avant ce seuil, c’est l’aumône qui exprime une volonté de partage. Celui qui ne contribue pas sa part est identifié au mepris populaire et sa fortune sera reprise à sa mort, ce qui est l’equivalent émotif déshonorant de faire payer ses dettes par ses héritiers.

Quand le prêt à intérêt est un péché, d’ailleurs, la thésaurisation a peu d’attraits et le capitalisme lui-même change de sens. La crise financière que nous connaissons est impossible, quand c’est la pensée islamique qui prévaut. Comme est impossible tout nationalisme, tout racisme, dans un monde global qui se confond avec l’Oumma, la communauté des croyants….

L’Islam en Occident. Rêve ou cauchemar? Vision paradisiaque ou dantesque ? Je n’en sais rien. Juste un songe d’une nuit d’été…. Mais on aurait tort de ne pas même penser à cette hypothèse

Bonne vacances

Pierre JC Allard

344. La Russie nous manque   10.08.24

En vedette hier, à la Une du journal citoyen CentPapiers, un article de Alexandre Latsa qui m’a touché. Une critique calme, factuelle de l’insensibilité des médias occidentaux, face à la tragédie des milliers de kilomètres carrés qui brûlent cet été en Russie. Tsunamis en Asie, séismes aux Antilles, le monde s’émeut. On a facilement une larme – et hélas, souvent rien d’autres à y ajouter que quelques bonnes paroles – pour les malheurs des pauvres, mais même cette sympathie fait cruellement défaut quand il s’agit des Russes. Insensibilité… ou pire ? Comme si on ne se résignait à ne pas avoir quelque part vers l’Oural un ennemi tout prêt pour en découdre.

Comme si pour faire profession de l’atlantisme, hors duquel la France sarkozyste n’imagine pas de salut, il était de bon ton de reprocher aux Russes leurs malheurs comme leurs succès. Et de mentir, de mentir… Pour les mensonges et les demi-vérités, voyez l’article de Latsa. Je veux parler d’autre chose.

Je veux parler de cette bonne conscience à donner la nausée, des Occidentaux qui veulent bien s’excuser d’avoir colonisé et asservi des Noir et des Bruns, des Jaunes et des Rouges chaque fois que l’histoire leur en a fourni l’occasion, mais qui prétendent encore avoir fait oeuvre pie en sabotant l’URSS, en intoxicant sa population des mensonges de Voice of America et en dévoyant ses gouvernants.

L’Amérique a gagné la guerre froide. Elle y est parvenu par la corruption et la propagande. C’était de bonne guerre – puisque toute guerre gagnée est dite bonne – mais prétendre que cette victoire en a été une du bien sur le mal ne résistera pas au jugement de l’Histoire. Il serait bon que l’Europe regarde le passé – et les Russes – avec des yeux neufs. Elle y verra peut-être son avenir.

Je connais un peu la Russie. C’est un peu pour le dire que j’ai mis cette photo,https://nouvellesociete.wordpress.com/wp-content/uploads/2010/08/9308rusjc-21-1.jpg la première de moi, sauf en avatar sur un site. Cette photo veut dire un peu « j’y étais », mais elle est là surtout pour cette femme à mes côtés. C’est elle qui est intéressante.

Cette femme, je ne sais pas son nom, mais je sais son histoire. C’est elle, et des millions comme elle, qui n’ont pas abandonné Leningrad pour se réfugier dans quelque ville de province. C’est d’autres millions comme elle qui ont résisté dans Stalingrad. Les médailles sur sa poitrine, c’est pour ça et pour les enfants qu’elle a faits, dont les deux qui sont morts en héros en arrêtant les panzers dans la banlieue de Moscou au lieu d’aller s’installer dans une ville d’eau. C’est cette femme, pas les Tommies ni les G.I, qui nous a vraiment gagné la guerre. Cette femme nous a fait du bien. Nous lui avons fait bien du mal.

Nous devons des excuses à cette femme. Dans la Russie dite méchante et sauvage de Gagarin et du Bolshoi, elle avait une petite pension. Assez pour des choux, des betteraves et du pain noir. Elle avait un toit sur sa tête, un médecin qui la voyait pour son arthrite et ses petits enfants allaient dans une école où l’on apprenait quelque chose. Ils pouvaient rêver de devenir cosmonautes… ou académiciens. Ou simplement de vivre heureux avec un espoir que demain serait mieux Elle, elle avait eu une petite tâche : garder l’entrée d’une niche où l’on montrait à de jeunes Russes émerveillés des trésors de l’histoire de la Russie.

Puis, ON a apporté la démocratie. On les a libérés, elle et les autres. Plus de logement, plus de médecin, plus d’éducation supérieure gratuite qui vaille la peine d’en parler et une pension en roubles qui désormais ne valaient plus rien. Alors elle est revenue, à 80 ans passés, montrer ses trésors à des touristes indifférents. On a jeté à la rue les mères et les veuves des héros pour enrichir les collaborateurs des nouveaux envahisseurs…

J’ai vu la Russie des années qui ont suivi sa « libération » se désagréger. Se gangrener et se détruire aussi sûrement que si la Wermacht avait atteint la Place Rouge. C’est Poutine qui a sauvé la mise. Poutine a arrêté les collaborateurs et ralenti l’invasion des « libérateurs ». Il mérite du respect. Ce sont les médias payés pour encenser Sarkozy, l’atlantisme, la corruption institutionnalisée et le saccage de la France sociale pour maintenir un gouvernement bling bling – par et pour les copains pipoles – qui n’en méritent pas.

J’ai souvent appelé de mes vœux l’accueil de la Russie dans une Europe unie. Et quand je dis Russie, je pense aussi Ukraine et Belarus. Si la France veut des amis, elle devrait en chercher qui ont une tradition de loyauté. Aujourd’hui, il y en a plus à l’Est qu’a l’Ouest… et il y a aussi les chiffres.

Avec la Russie, l’EU quintuple sa superficie, sa population passe de 500 à 700 millions d’habitants – plus du double des USA – et son PIB tend vers 40 % du PIB mondial, en faisant de loin la première puissance commerciale et industrielle du monde. Cette Europe élargie a une parfaite autosuffisance en hydrocarbures, elle est le plus vaste réservoir de matières premières de la planète et elle a une force militaire crédible

L’Europe ainsi agrandie est autarcique. Je ne dis pas ici qu’il faudrait en fermer les frontières – c’est un autre débat – mais il n’est pas mauvais de faire le constat que ce bloc n’aurait vraiment besoin de rien ni de personne. Bon pour l’évolution et bon pour la paix , car on n’aime sincèrement que quand on aime gratuitement. Sans dépendances.

Le bloc ainsi créé ne serait pas un agglomérat disparate : il est le cœur de la civilisation occidentale. Il est au bout de la filiation « Athenes, Rome, Byzance, Renaissance, Science, Droits de l’Homme et Liberté». Il y a eu des moments noirs dans le cheminement de l’Occident, des croisades à la colonisation, mais ce qui en résulte aujourd’hui s’exprime dans une culture postchrétienne laïque qui se réclame de la tolérance et de la raison. J’en suis fier. La Russie devrait être invitée à y prendre sa place, car la Russie lui manque et l’Europe ne vivra pas son destin sans elle. Je ne crois pas au désintéressement de ceux qui jouent de la calomnie pour qu’on ne l’y invite pas.

Pierre JC Allard

345. Bastarache: le point de rupture 10.09.01

Qui aurait pensé que le Juge Bastarache passerait à l’Histoire ? Enfin, son nom, plutôt, mais qu’est-on dans l’Histoire sauf un nom !  Oświęcim serait une petite ville industrielle de Pologne sans histoires, si ce n’était  de la mauvaise réputation qu’elle traîne et qui en a fait plus qu’un détail de l’Histoire…

Important un nom. Dans un siècle, au Québec, on confondra peut-être les 2 ou 3 Johnson et même les 2 Bourassa – et qui sait, « les » Trudeau –  mais Bastarache est un nom qui ne s’oubliera pas. C’est le nom d’une rupture.

Pour ceux hors Québec, un mot d’explication. On a tiré le Juge Bastarache de sa retraite pour qu’il préside une Commission d’enquête sur le processus de nomination des juges, processus dont on a contesté l’intégrité.  Important, mais encore bien plus qu’on ne le pensait, car on s’aperçoit  que cette Commission arrive comme la proverbiale paille, pour craquer le dos du chameau.

Il y a longtemps que la confiance se perdait, mais c’est cette Commission en trompe l’œil qui a poussé les citoyens à faire un bilan.  75%  des Québécois ne croient plus  la parole du Premier Ministre; on croit son accusateur.  C’est un seuil dans le rejet du pouvoir. On dira désormais « Bastarache »,  pour marquer la ligne de partage des eaux de l’Histoire du Québec.

Avant, il y aura eu une population jocrisse qui croyait en tous et en n’importe quoi. Ses curés, ses élites, ses journalistes, ses  politiciens, ses syndicats, une affirmation  nationale  progressive et un enrichissement constant dans une économie prospère.

Après, la religion sera apparue une affaire d’enfants ou d’étrangers, les élites comme des intellectuels déphasés ou des bourgeois profiteurs. Les journalistes – à de rares exceptions près – auront été perçus comme les larbins des groupes de presse ou d’inoffensifs protestataires qu’on aura mis au trottoir quand ils refusaient de le faire.  Politiciens et syndicats ? Une même omniprésente corruption. Affirmation nationale ?  En veilleuse.  Enrichissement constant dans une économie prospère ?  Parlons d’autre chose…

Avant, le citoyen lambda, malgré les rumeurs qui volaient parfois de-ci de là, croyait encore qu’il existait un havre  d’honnêteté dans la structure de la société ; une justice rendue par des juges.  Il voyait les avocats comme des exploiteurs sans conscience, mais il croyait fermement qu’il y avait, dans toute cour de justice, un juge  qui agissait de bonne foi. Un homme incorruptible qui cherchait la vérité et voulait la justice. Il pensait que, même accablé par l’argent et le pouvoir, le bon droit pouvait prévaloir.  Il avait des doutes, mais il le croyait. Maintenant, il ne le croit plus.

Maintenant, le citoyen lambda a déjà porté son verdict, avec ce total désintérêt pour les procédures qui est le propre de la justice populaire : il croit que les juges sont nommés arbitrairement par le gouvernement, sur l’avis de gens peu recommandables et qu’ils jugent en fonction des intérêts de ceux qui les ont nommés ou fait nommer. Des preuves ? Le citoyen se contrefiche des preuves formelles.

Il regarde autour de lui et il voit un monde de totale injustice où règne aussi la corruption.  Il fait des liens et des rapports  entre l’injustice qui est partout  et une Justice qui ne semble plus être là.  Il ne donne pas le bénéfice du doute ; il n’a plus de doutes.  Peu lui importe que les trafics d’influence, en supposant qu’il y en ait, ne s’appliqueraient que dans des dossiers « importants ».   Il est maintenant persuadé que même « ses » petites causes à lui ne sont pas jugées impartialement elles non plus.  Il découvre que le type en robe noire qui en décide du sort est un être humain qui a des amis, des parents, des intérêts… peut-être des faiblesses.

On vient de tuer ce qui restait de confiance dans l’esprit et le cœur du monde ordinaire. En élargissant l’enquête à la période péquiste – en soi un geste équitable –  Bastarache ne dédouane pas les Libéraux ; il  fait seulement qu’après avoir dit au peuple  « je t’ai trompé », le pouvoir  – qui reste UN, dans l’esprit des gens, quelle que soit sa couleur – lui ajoutera perfidement « …et je t’ai toujours trompé ! », rendant le divorce inévitable.  Bastarache va présider à un divorce.

Quel divorce ?  Le divorce entre  la population – qui prend le nom de peuple dans les grandes occasions – et  une certaine caste dirigeante qui la contrôle, la manipule et l’exploite sous couvert d’une pseudo démocratie qui n’est qu’un leurre. La désacralisation du pouvoir judiciaire qui résulte de l’inouïe stupidité qu’est cette enquête vient compléter, dans l’esprit des gens, la fusion des trois pouvoirs de l’État dans une même turpitude.   Si notre « démocratie », demain, était attaquée, qui prendrait sa défense ?

Dommage pour Bastarache, qui n’a rien à y voir ou si peu, mais il a eu la mauvaise fortune d’être celui dont on a choisi le nom pour désigner cet événement qui marque la rupture.  Dommage.   C’est sérieux, un nom et ça dure.  Monsieur le Juge devrait peut-être en changer …  comme cette petite ville des années quarante – Osciewitz (Auschwitz) – qui n’avait pas choisi les « industries » qu’on y avait installées.

Pierre JC Allard

 

346. CentPapiers va payer ses rédacteurs   10.09.21

Je n’ai jamais caché faire partie du groupe de réflexion « Les 7 du Québec ».  En avril dernier, Les 7 du Québec ont pris charge du journal-citoyen CentPapiers, le premier et le plus important au Québec. Depuis, des changements nombreux ont été apportés à ce journal en ligne qui ne sont que le prélude de ceux plus fondamentaux qui suivront.

Pourquoi en parler ici ?  Parce que CentPapiers vient de poser un geste qui dépasse le cadre du Québec.  Un geste qui a son importance pour toute la blogosphère francophone.  CentPapiers vient d’annoncer qu’il entend désormais rémunérer tous les auteurs des textes publiés sur ses pages.  Il le fera au prorata des visites que leurs textes auront reçues, en leur distribuant 50% des revenus publicitaires que CentPapiers recueillera.

L’autre 50% ?  Ne pensez pas profits et dividendes; il servira aux opérations courantes et au maintien  comme à l’amélioration des services techniques du site.  Ceux qui s’y connaissent sauront combien ce défi est hasardeux. Pourquoi le relever ? Parce que nous, des 7 du Québec, croyons qu’il y va de l’avenir de la démocratie, rien de moins.

Pourquoi est-ce si important. Parce que nous voyons s’écrire sur le mur que l’Internet est à devenir une base d’information factuelle de plus en plus exhaustive, mais qui n’est  liée à aucune fonction d’interprétation des évènements et des faits qui reflète la multiplicité de points de vue et des intérêts de la société

L’Internet est à devenir un outil de publicité, n’ayant d’autre but que de faciliter le fonctionnement d’une société  de consommation. Un outil de publicité couplé, bien sûr, à un  autre outil, de propagande politique celui-là, pour asséner inlassablement le message que cette société de consommation et d’exploitation du cheptel que nous sommes devenus est la seule société possible.

La multiplicité des opinions et des intérêts qui constituent une société est déjà occultée par les médias traditionnels et elle le sera de plus en plus, à mesure que se poursuit leur concentration entre les mains de groupes financiers tous reliés au pouvoir. Tous partie prenante du pouvoir, même s’ils semblent s’y opposer, car c’est des tractations entre ces factions que naît le consensus qui devient la pensée unique qui nous est imposée.  Une pensée composite, inefficace pour gouverner, seule bonne à permettre l’exploitation des faibles par les forts.

Tous les médias sont toujours indissolublement liés au pouvoir qui résulte de ce consensus bâtard, puisque, dans la pseudo-démocratie que l’on a mise en place, TOUT repose sur cette manipulation constante par les médias d’un pensée populaire parfaitement malléable.  C’est là que toutes les grandes options sont édulcorées, puis ramenéee à la pensée unique dont tous les partis politiques ne seront que des copies déguisées.

Les médias sont toujours avec le pouvoir, car le vrai pouvoir, justement, n’est jamais que quiconque contrôle les médias et la Banque ! Les médias pour le gros-oeuvre des idées politiques au sens noble… puis la Banque, pour la finition, pour aplanir les aspérités au palier des individus par une corruption omniprésente et habilement utilisée.

Les médias traditionnels sont au service exclusif de « ceux d’en haut », la petite élite cooptée qui gouverne et exploite la vaste masse de ceux d’en bas.  Cette masse – la population des quidams lambda – et ce qu’on appelle parfois  le peuple, dans les grandes occasions. Le peuple est sans voix.

Parce que le peuple n’a plus la voix des médias, il ne lui reste que le journalisme-citoyen : c’est l’ultime recours que vous, moi et tous les quidams avons pour communiquer ce que nous savons et exprimer ce que nous ressentons.  C’est uniquement désormais par le journalisme-citoyen que la multiplicité des opinions de la population sera accessible.  Seule la large diffusion de toutes ces opinions permettra que les besoins et les désirs de tous soient connus et que les droits de tous soient respectés.

D’ou l’importance qu’il soit dit que tout travail mérite salaire.  C’est à cette condition que le citoyen ordinaire – et pas seulement le dilettante – prendra sa plume et viendra se mesurer aux pros des médias traditionnels: ceux qui sont si bien payés pour dire ce qu’ils disent… mais pas plus. Nous croyons que c’est la condition indispensable a une renaissance de la démocratie.

« Les 7 du Québec » sont sans but lucratif , mais se préparent donc à obtenir des fonds de leurs annonceurs pour les donner à leurs rédacteurs . Dès le 1er octobre prochain, si la technique suit, chaque auteur pourra voir sur son compte le nombre de visiteurs uniques que ses textes ont reçus.

Trimestriellement, une simple règle de trois permettra de déterminer la redevance qui reviendra à chacun, redevance égale au pourcentage du montant parfaitement transparent de nos recettes publicitaires correspondant au nombre de ses visites sur les visites totales reçues par tous les articles. Le montant dû sera viré à l’auteur, les frais de virement à sa charge,  le 30e jour du mois où il en fera la demande. Eh voila !   Venez et exprimez vous en grand nombre…

C’est important. Il est probable que vous receviez peu, mais n’est-ce pas un heureux changement, déjà, qu’on vous offre un peu d’argent pour parler, alors que le Système  vous en demande toujours tellement en vous enjoignant de ne rien dire ?

Il est improbable que cet argent que vous toucherez vous enrichisse…  Mais vous toucherez plus, quand les revenus publicitaires augmenteront; soit que le nombre des visites augmentent, soit que nous obtenions de meilleures conditions, ce qui ne sera possible que quand le nombre des visiteurs aura bien augmenté.

Venez. On ne vous enrichira pas, mais vous aurez en main la preuve tangible que ce que vous avez écrit est littéralement APPRÉCIÉ.  C’est important. Comme est important le fait que vous participiez à l’essor du journalisme-citoyen, car l’Internet est le seul outil qui nous reste pour construire une vraie démocratie et, quand on pense à la structuration du journalisme citoyen, c’est l’orientation de l’Internet même qui est en jeu.

Le journalisme-citoyen est encore un projet. Ce sera une réalité quand TOUT LE MONDE pourra écrire sans censure tout ce que la loi permet d’écrire. CentPapiers s’est engagé dans cette voie et est à se doter des outils techniques pour le faire et en gérer les difficultés.  Inscrivez vous et parlez.  L’important n’est pas votre discours, mais que vous preniez la parole.  Et les quelques écus que vous recevrez pour vous être exprimés seront le symbole de votre refus d’une société où vous devez toujours payer et vous taire

Pierre JC Allard

347. Le leurre de la démocratie   10. 10.07

On parle de tout sauf de ça, mais c’est de ça qu’il faut parler. Nous avons atteint l’abondance. La science, la technologie, l’industrie nous ont apporté l’abondance. La pauvreté que nous avons dans les pays industrialisées est un choix de la pauvreté. La misère que nous avons dans le tiers monde est un choix de la misère. C’est un choix gratuit, politique, d’abord d’inconscience, mais qui, conscientisé, devient le choix de la méchanceté.

Le choix d’une toute petite classe de dirigeants-possédants, qui a fait main basse sur le pouvoir, d’exploiter comme un cheptel le reste de la population. Elle ne l’exploite même pas pour en tirer plus; ceux de cette classe ont déjà bien plus de richesse qu’ils n’en pourraient consommer ! Ceux qui sont « en haut » exploitent ceux qui sont « en bas » pour en tirer le plaisir de les manœuvrer dans leurs jeux de pouvoirs. Rien d’autre. Les « puissants» s’amusent des faibles et des pauvres pour meubler leur désoeuvrement, dans une société qui n’a plus de valeurs, plus de principes plus de buts tangibles réels.

Ils s’amusent. Rien ne s’oppose à ce que nous doublions, triplions et plus notre production en quelques années pour satisfaire non seulement les besoins, mais la plupart des désirs de tous les habitants de cette planète. Nous avons les connaissances et les ressources pour le faire. Il suffit d’un plan, d’une formation des ressources humaines, de leur affectation à la production et à la distribution.

Facile. Techniquement facile, c’est l’humain qui fait obstacle. Il faut que le Système invente inlassablement des problèmes, des obstacles, des crises et des guerres pour nous détourner du but évident et bien accessible qui serait de réaliser et de partager l’abondance.

Le système a bien des astuces pour nous convaincre de rester pauvres pour le plaisir des riches ; mais, de toutes ces astuces, la plus importante et la plus infâme est de nous faire croire que c’est NOUS qui le voulons.  De nous persuader que c’est NOTRE libre choix de ne produire qu’une fraction de ce que nous pourrions produire et que nous sommes tous d’accord pour que seule une petite minorité de l’humanité profite de l’abondance.  C’est cette astuce, cet attrape-nigauds qu’on appelle la démocratie.

Il est urgent d’en parler, car il ne reste que cet obstacle, sur le chemin d’une  prise de conscience  qui s’impose de cette réalité que l’abondance est là et que la richesse pour tous n’est qu’un choix politique faire. La démocratie est une leurre. Il faut le voir.

Pour les détails, comme l’éducation, la santé, la justice et les autres babioles, nous avons la démocratie…. et Tarzan est heureux!    Mais pour le choix crucial qui conditionne tous les autres, celui du partage entre ceux qui possèdent et ceux qui ne possèdent pas, le peuple ne choisit pas, le peuple ne décide pas.

Pour l’argent, la monnaie, le credit, le capital, les banques – les choses sérieuses – le peuple n’a que le choix entre bonnet blanc et blanc bonnet : celui de choisir celui ou celle qui recevra du pouvoir financier le mandat d’appliquer la politique… dont décide le pouvoir financier. La  seule politique. Non négociable. Celle par laquelle le peuple est exploité sans vergogne. Instrumenté. Bafoué.

La démocratie se confond aujourd’hui  avec le modèle corporatiste des USA, une pseudo démocratie de manipulation et de corruption.  Les arnaques alternatives des Républicains et des Démocrates – interchangeables – sont un jeu qui rappelle celui des Bleus et des Verts a Byzance.  Nous avons un fascisme collégial et une partie de go surréaliste est sans cesse en marche entre puissants qui laisse les hors-jeu sans appuis et sans espoir.

Ce modèle de démocratie a été copié dans tout l’Occident, car aucun autre ne donne tant de pouvoir à la  simple richesse.  C’est un jeu qui est d’autant plus malsain qu’il est plus « démocratique », car les luttes de pouvoir entre « ceux d’en haut »  occupent plus de place, au fur et a mesure que s’élargit la liste des joueurs… sans pourtant que jamais une vraie majorité n’y soit conviée !

Y a–t-il une chance que nous échappions à cette fausse démocratie de manipulation et de corruption ?  Peut-être… par le pire.  Car il y a une usure du pouvoir inhérente à cette pseudo démocratie, dans la mesure où les changements les plus évidents et qui rendent  tous les Tarzans heureux étant rapidement acquis, on en arrive ensuite a un inéluctable jeu de partage inégal des avantages arbitraires.

C’est quand on en arrive au partage de ces dépouilles arbitrairement distribuées  – tout ce fric qui découle de toutes ces « affaires » qui scandalisent la France  – qu’une réaction anti-démocratique revient en force, se faisant des alliés de ceux que déçoit chaque nouvelle distribution puisque celle-ci est toujours au détriment des alternatives qui auraient été possibles…

Avec les magouilles se généralise alors, au sein de la population d’en bas comme d’en haut, Le désir d’un État « non-démocratique», autoritaire, le seul qui puisse travailler pour le bien commun contre les intérêts factieux et partisans. On a alors la politique du pire.

La politique du pire, car, rejeté par cette volonté populaire, même le peu de démocratie réelle qui persistait dans l’apparence de démocratie que l’on avait  se détériore, puis cède la place à un désir d’autorité.  Une minorité plus restreinte va accéder au pouvoir. Une période malheureuse, mais il y a des degrés dans ce malheur, selon que cette toute petite minorité, étant elle même au-dessus de la mêlée – (pensez à l’ex-URSS ou à la Chine aujourd’hui) –  veut  ou ne veut pas au moins un peu le bien du peuple …

Une période difficile, mais cette autorité, plus ou moins débonnaire, va néanmoins mettre les pendules a l’heure, rétablir l’ordre et relancer la demande pour la démocratie.  Pour une meilleure démocratie, moins corrompue au moins au départ,  moins factice… Le mal de l’autoritarisme vécu, on aura peut-etre fait un pas en avant.

Nous sommes dans les derniers jours de pseudo-démocratie avant cette phase autoritaire.   On ne l’évitera pas. Il faut gérer cette situation… et penser l’avenir.

Pierre JC Allard

https://nouvellesociete.wordpress.com/2008/03/12/171-karcher/

348. Madame Irma, Lucien et les extralucides   10.10.16

J’ai écrit, il y a quelques années, une petite ode à la lucidité qui m’a valu à l’époque quelques critiques. Mauvais citoyen, j’étais, et cynique, avec ça, qu’on m’a dit … Pourtant, c’était le temps  où j’étais plein d’espoir. Progres. Enrichissement.  Éducation. Réconciliation nationale…  Tout commençant par la lucidité.

La lucidité était la première vertu : il vaut mieux voir les choses comme elles sont que comme elles ne sont pas, n’est-ce pas ?  Lisez mon petit billet, il était bien amusant.

https://nouvellesociete.wordpress.com/2008/03/10/097-ombelix-au-pays-des-chimeres/

Amusant et vrai… à l’époque. Mais, manque de pot, le progrès au Québec s’est arrêté, l’enrichissement aussi. L’education est devenue un mauvaise plaisanterie et, au lieu de se réconcilier entre Québécois, on a ajouté des joueurs…. dont on ne s’accommode pas toujours.  Et la lucidité… ?  La lucidité a changé de sens, comme le mot collaboration en France, qui a ses hauts et ses bas…

La « lucidité », comme on se la souhaite maintenant, est devenue  synonyme de défaitisme et de trahison.  Une catastrophe à deux paliers. Catastrophe d’abord, parce que les lucides ont choisi de devenir extra lucides. Comme Madame Irma, la voyante, ils ne regardent plus la réalité, mais son reflet dans un boule de cristal où on ne voit que les illusions qu’on choisit d’y projeter.

Ils ne voient plus une réalité de besoins à satisfaire et de gens qui ne travaillent pas – et qu’on pourrait donc affecter a produire pour satisfaire ces  besoins – mais une extra-réalité d’occasions d’affaires et surtout de spéculation. Ils voient des chiffres dans un ordinateur, qu’on cherche prétexte à remplacer par d’autres chiffres, selon des règles et des critères dont on a convenu de façon tout arbitraire dans un monde irréel.

Car croyez vous qu’on « prévoit » les investissements de l’État, les taux d’intérêts, la croissance de l’économie, et donc le chomage et l’inflation ?  Pas du tout, on FIXE ces variables, créant une extra-réalité discrétionnaire, bâtie pour le seul profit des « gagnants ».  Les clairvoyants  ne prévoient rien; ils préviennent ceux qui doivent savoir, chacun à la hauteur de l’information dont il a besoin, afin qu’arrive sans surprise ce qui été « prévu ». On dit crise et il y a crise. On dit reprise et il y a reprise

Pour les extra-lucides n’y a plus des travailleurs, mais des bénéficiaires de conventions collectives et de programmes d’assistanat qu’il faut gérer sans trop de dégât.   Les consommateurs ont pour raison d’être de mastiquer et de faire disparaître au rythme adéquat la production nécessaire pour garantir la rentabilité du capital-fixe, celui-ci minuscule apex matériel  sur lequel repose précairement une colossale pymamide de monnaie, de crédit et de richesse imaginaire.

Les extra lucides ne voient pas des choses et leur valeur d’usages. Dans l’extra réalité, ils voient des ectoplasmes evanescents qu’ils appellent milliards ou trillions de dollars ou d’euros.  Les extra lucides ne voient plus des malades a traiter et a soigner, mais des usines de pilules et de vaccins, des brevets, des diplomes, des privilèges corporatistes à défendre.

Que les lucides ne voient plus qu’en extra-lucides est déjà une catastrohe, mais il y a pire. Au deuxième palier, dans la situation de crise récurrente d’un monde qui se casse la gueule, le bon augure est celui qui se gagne un succes d’estime en préyoyant que tout ira de mal en pis.  C’est le choix du plus probable, la prévision sure à faire  pour celui qui est payé à la prophétie réalisée.

Être lucide, c’est donc aujourd’hui, entre deux illusions, de choisir la plus perverse, la plus déprimante. Or, dans un monde de imaginaire, où faire des prophéties c’est faire aussi qu’elles se réalisent, la lucidité qui prévoit le pire est aussi la principale cause du malheur.

La lucidité, aujourd’hui, c’est de voir que la corruption est partout et qu’il ne reste pas trace dans la société d’un désir sincère et efficace de justice et de solidarité. Pas une chance raisonnable de changer les choses.  C’est la triste vérité lucide…

Il ne faut donc pas confier l’avenir du Québec à Madame Irma, à Monsieur Lucien ni à ses lucides. Ceux qui nous disent que les oiseaux ne voleront pas, leur couperont au besoin les ailes pour avoir raison.

Plutôt chercher un merveilleux toqué qui fera du déraisonnable. D’extraordinaires folies. Comme mettre tout le monde au travail.  Comme enseigner ce qui est utile. Comme soigner les malades.  Comme  nettoyer la société de ses éléments criminels. Comme réparer ce qui est brisé et mettre en place ce qui manque.  Comme  rendre les services qui doivent être rendus. Comme envoyer la facture également a tous, en proportion de leur richesse.

Vivement un toqué qui marchera sur les eaux –  parce qu’il saura où est le gué –  et  qui tranchera les nœuds gordiens… ou la gorge de ceux qui font des noeuds. Il n’y a aucune raison pour qu’ayant les ressources et le travail on ne puisse pas produire ce dont on a besoin. Aucune. Il n’y a que des « lucides » qui barrent la route.

Pierre JC Allard

349. Le scénario du pire   10.10.27

Comme tout le monde, je lis les nouvelles de France. Comme tout le monde, j’espère que quelque chose va interrompre la spirale  descendante qui semble mener à un de ces affrontements entre une population et son gouvernement dont nous parle Orwell dans 1984.

Comme beaucoup, je veux croire que  la tradition de démocratie en France va prévaloir…. Mais il serait bête de se cacher que cette « démocratie » n’est pas tout à fait celle que les Français voudraient. Quels sont les risques d’un dérapage vers la violence ? Si ce dérapage se produit, comment s’amorcerait-il ?

Le point le plus chaud ? L’approvisionnement en produits pétrolier.  Les dépôts de carburants sont certainement protégés, mais ils sont d’autant plus vulnérables que l’ennemi n’est pas à l’extérieur, mais dans les murs.  Tout sabotage serait ici un coup droit à la jugulaire du système.  La marge de sécurité est bien mince.  Il suffit d’UN SEUL SABOTEUR.  Est-on sûr que, de tous ces gens qui protestent, pas un seul ne tentera  un geste irréparable ?

Supposons un tel geste, ou pire un attentat.   Que se passerait-il si, dans le cadre d’un tel attentat, une réaction policière trop musclée faisait accidentellement une ou des victimes dans un foule de manifestants ? Comment réagiraient les syndicats ? Pourraient-ils, au point où l’on en est, calmer le jeu ?  Si la population ne suit plus les mots d’ordre, mais prend la voie de la grève perlée, du sabotage gratuit, de la désobéissance civile, Existe-t-il un pouvoir assez fort, une autorité assez crédible qui puisse la ramener à l’ordre, ou ne va-t-on pas vers un énorme Mai 68 ?

Notre société est, plus que tout, une structure infiniment complexe de production et de consommation. Elle est fragile. son équilibre est toujours précaire.  Il suffit de bien peu pour en enrayer le fonctionnement.   Il ne faut qu’un peu de mauvaise volonté pour que plus rien ne fonctionne bien et quelques gestes individuels pour qu’elle ne fonctionne plus du tout.

Nous dansons sur un fil, les yeux fermés. A peu près tout le monde a lu ou feuilleté un peu l’« Insurrection qui vient ». L’avons-nous bien compris.   Voit-on qu’un scénario d’anarchie,  plus passive qu’active, n’en est que plus imparable puisqu’il ne demande qu’à laisser faire…

Est-on prêt pour le scenario  du pire, qui est que la population, plus ou moins consciemment,  SOUHAITE que la machine s’arrête ?

Si on en arrive là, l’anarchie apparaîtra et seule l’Armée pourra prendre les choses en main.  Tout peut  alors devenir incertain, discutable, car il ne s’agit pas de mettre en cause la loyauté de l’Armée, mais de se demander  si elle doit cette loyauté à un gouvernement qui n’a plus la confiance que d’un quart de la population… et dont la légitimité repose sur un résultat électoral obtenu par des promesses qui n’ont pas été tenues.

Ne la doit-elle pas plutôt à la « Nation »,  que peuvent prétendre constituer les trois-quarts  de cette population qui ne font plus confiance à la gouvernance actuelle ?

Si l’Armée devient l’arbitre – comme elle l’a été en 1958 –  existe-t-il, dans ce qui est aujourd’hui l’opposition au régime, l’embryon d’un consensus de gouvernance consensuelle qui serait l’alternative démocratique à un simple coup d’État ?

Il semblerait important que tous ces politiciens, de gauche comme de droite, dont la crédibilité a été bien malmenée, mais qui sont néanmoins les seuls dépositaires d’un mandat populaire parcellaire, se mettent d’accord sur un plan B  qui soit, en cas de déchéance du régime, une meilleure  solution immédiate que de laisser le champ libre à l’anarchie ou à une dictature.

Peut-etre « ceux d’en haut » n’ont-ils pas compris la hargne de  « ceux d’en bas » et la menace implicite de violence qu’elle recèle.  C’est une inconscience inquiétante.  Il est bien téméraire, avec la crise financière qui s’aggrave et le discrédit du pouvoir, de ne pas prévoir une alternative  qui soit la bonne riposte au scénario du pire.  Cette riposte ne peut être légitime que si elle repose sur un large consensus.  Il faudrait construire ce consensus. Tout de suite.

Pierre JC Allard

 

350. Le Québec comme on l’aime…Hélas! 10.11.07

Après quelques bruyants défilés, les Français sont rentrés dans leurs casernes.  La Sarkosie est en paix, les scandales se font oublier, les grandes crises continuent de faire leur mise en place pour une Dernière Cène, mais qui se tiendra plus tard…  En attendant, pour le barreur, c’est « à  droite, toute ! »  Ça va et ça vient… Ca ira…

Mais ça, c’est à la française…   Au Québec il fait trop froid pour manifester, alors c’est aussi «  à droite toute ! »,  mais sans le moindre éclat.  Ce qui est normal, car le Québec n’a aucun effort à faire pour aller vers la droite, juste être lui-même et se laisser porter par une puissante vague qui enfle depuis des générations et qui ne cassera pas en déferlante, mais nous mènera à un parfaite intégration dans la société états-unienne.

Je ne suis pas étonné… j’en parle depuis des années. Quand Mario Dumont a laissé l’ADQ à elle-même, pour qu’elle entre en dormance dans la zizanie, il y a deux ans, j’ai écrit :

“ il n’y a pas que la conjoncture qui importe. Il y a la réalité sous-jacente de la structure de l’électorat québécois et de ce que veut cet électorat. Or, cette structure favorise l’ADQ. Pas tellement l’ADQ vue comme comme un chef et un programme, que le parti, quel qu’il soit, qui est là où est aujourd’hui l’ADQ dans l’éventail des options politiques qui s’offrent aux Québécois. L’ADQ incarne un centre-droit nationaliste – mais nationaliste plus de l’association que de la souveraineté – autonomiste, donc, plutôt qu’indépendantiste, traditionaliste et bien enraciné dans le pays réel.

https://nouvellesociete.wordpress.com/2009/07/13/adequistes-surprenez-nous/

L’an dernier, quand Francois Legault a quitté le Parti Québécois, je n’ai pas été surpris; plutôt l’impression de déjà-vu qu’on a plus souvent quand on vieillit.  Il n’avait pas encore fermé la porte, que j’écrivais:

“François Legault m’apparaît aujourd’hui une tête au-dessus de tous les autres dans l’arène politique provinciale : il n’y a personne pour lui barrer la route. Pourtant, il se retire… et, dans la conjoncture actuelle, je crois qu’il a raison.” Il était si évident qu’il devenait “en réserve” .

https://nouvellesociete.wordpress.com/2009/06/25/francois-legault-en-reserve-de-…-on-verra-bien/

Aujourd’hui, nous y sommes.  On en est à faire  les derniers arrangements pour qu’un “Nouveau Québec” naisse qui sera exactement semblable à l’ancien.  Avec les mêmes vrais pouvoirs financiers, les même syndicats pour donner la réplique, les même intellectuels pour nous dire dans Vigile que nous voulons l’indépendqnce, les mêmes Anglophones pour nous dire que nous sommes une grande famille et de plus en plus d’immigrants qui donneront de plus en plus à Montréal cette couleur internationale apatride qui n’a vraiment d’équivalent nulle part aileurs.

Nous aurons avec Legault un Québec de droite-centre-droite. Comme toujours.  Pourquoi en serait-il autrement, puisque c’est ÇA que le Québécois veut ?   Les derniers arrangements ?  METTRE LA DROITE AU CENTRE !

Crucial, car il n’est pas politiquement porteur de se dire de Droite. Être de Droite ?  Bien sûr.  Se dire de Droite ?… Hmm pas vraiment.  Que faire ?  Déplacer des pièces sur l’échiquier. Il est bien connu que, de trois (3) propositions un peu sensées à prix différents,  le consommateur va très largement choisir celle qui est “entre les deux”.  On sait aussi que l’électeur – sauf en cas de crise grave perçue – fuit les extrêmes et vise le Centre.

Comment faire en sorte que la Droite devienne le Centre ? …. En créant quelque chose qui soit CARICATURALEMENT à Droite. Quelque chose qui ne soit pas une option sérieuse de  gouvernance – et ne puisse donc enlever des voix à un parti de droite bona fide au moment de vérité dans isoloir – mais qui prouve, par sa seule existence, que la “Droite”, celle qu’on exècre et dont on peut faire peur aux enfants, c’est  ELLE !

Elle, car si c’est elle, la Droite, la Droite n’est pas le parti que créera ou investira Legault.   Le Parti de Legault, lui, sera “centriste”, regroupeur de toutes les bonnes volontés, de gauche à droite de la bien-pensance… et c’est lui qui sera élu.  Un parti centriste qui mènera une politique de Droite… comme le veulent les Québécois.

Qui jouera le rôle de s’affubler du vocable “Droite” pour en préserver le Parti de Legault  ?    On ne peut proposer de façon crédible au Québec un parti qui soit ostensiblement fasciste ou raciste: le marché n’est pas là.  Ce qu’on peut vendre, c’est du “libertaire”. Dangereux, cependant, car l’option libertaire pourrait être assez populaire pour couper vraiment dans le vote de droite traditionnel et en priver Legault qui DOIT être plébiscité pour faire toutes ces choses désagréables qu’il devra faire.

On a donc confié le rôle de réunir en un étrange bidule – le Réseau Liberté-Québec, sous la gouverne de Joanne Marcotte – toute une mouvance de “un-peu-plus-à-droite” appâtés par l’idéal libertaire, mais  au sein de laquelle il suffira de susciter quelques extrémistes, au moment opportun, pour que l’immense majorité d’entre eux, qui sont des gens raisonnables, viennent vite se refugier  sous l’étendard de Legault. La population aura été parfaitement manipulée.

Pourquoi suis-je toujours à parler du “Parti de Legault”, sans autre précision ?  Parce que les jeux ne sont pas encore faits.  Je crois tout aussi plausible que François Legault prenne la succession de Pauline Marois au PQ, celle de Jean Charest au Parti Libéral  … ou lance un autre parti.   Je suis persuadé que des gens habiles sont présentement à comparer les mérites de ces trois (3) possibilités.

Quel que soit le résultat de cette réfléxion, il en résultera un François Legault au pouvoir, ce qui n’est pas  un mauvaix choix… Mais il dirigera un parti de droite-centre-droite.  Même programme, mêmes principes, mêmes commanditaires. Tout aura changé… pour que rien ne change.

Pierre JC Allard

351. Le scénario du mieux   10.11.15

Il y a trois semaines, j’écrivais un article – Le scénario du pire – où je disais voir des taches inquiétantes dans ma boule de cristal en ce qui concernait la France.  Des millions de personnes dans la rue avec un gouvernement au nadir de sa popularité et une crise financière en arrière-plan, ça ne me disait rien qui vaille.

Oh, tout ça était bien bon enfant, avec plein de lycéens jouant à la fronde et des leaders syndicaux occupés à modérer plus qu’à animer une foule déjà docile, mais un accident est si vite arrivé…   Un type agissant à son compte et lançant une bombe, quelques blessés  dans la  panique, un mort  pietiné pour montrer au 20 heures… et hop… !  On courtisait le scénario du pire.

Le scénario du pire : émeute, désobéissance civile générale, anarchie, l’armée qui rétablit l’ordre, un coup d’État que tout le monde soutient contre un gouvernement impopulaire… et exit la République.  Il s’en est fallu de quelques gouttes de sang qui n’ont pas coulé..

Maintenant, on va vers le scénario du mieux.  Ce qu’on appelle le mieux, c’est le meilleur pour celui qui compte les coups. Maintenant, c’est le pouvoir qui compte les coups et ça va drôlement bien.

D’abord,  les Français dans la rue se sont dispersés comme une bande de gamins mal élevés et leurs leaders naturels, ceux des syndicats et des partis d’opposition, en sont sortis discrédités.  Effet prévisible ?  Une période de paix sociale inespérée, alors qu’on attendait une protestation monstre et incessante.   Effet induit ? On pourrait voir bientôt une spectaculaire remontée de Sarkozy et de l’UMP dans les sondages !

Pourquoi ?  Parce que la France, comme la Fortune de Machiavel, adore être prise de force. Parce que ne cédant rien et ne reculant jamais,  Sarkozy est redevenu l’homme fort de 2007. Or nous sommes en crise, et on préfère avoir à l’Élysée un homme fort qu’on déteste qu’une mauviette même sympa.

Après la correction bien sentie que Nicolas a mise à la France durant cette crisette des retraites, il devrait remonter dans les sondages et passer 50% au printemps 2012. Pas encore de l’amour, non, mais du respect… Une certaine forme de respect, amoral, révérentiel.  Un peu à la Mitterand, quoi…

Seulement du respect, pour l’instant, mais l’affection n’est  jamais très loin, car le peuple est bien crédule et il aime aimer…  Qui sais si on ne pleurera pas dans les chaumières quand – pour raison de santé – Sarko  laissera la place a Fillon en 2012 comme candidat UMP.

Pourquoi la laisserait-il ? Parce qu’il y a une prime à la nouveauté et un triomphe à cueillir pour l’UMP si, les gestes désagréables étant vite posés, on prépare pour  2012 une succession-transition « à la Putin-Medvedev », avec Sarkozy  passant  la bague de parrain à Fillon, l’homme à qui on ne reproche jamais rien…  et se trouvant un fauteuil en retrait.

Sarko, pourrait s’asseoir dans un quelconque fauteuil en retrait, mais pas trop.  Il aurait toujours pas très loin le téléphone rouge mains-libres avec Fillon, le président de la continuité. Il pourrait continuer à diriger tout sans avoir à essuyer de critiques. Il serait devenu presque invisible, mais assurerait toujours l’interface avec cette équipe de milliardaires méconnus qui sont le vrai pouvoir en France. En France et partout dans les démocraties occidentales.

Je suis souvent étonné de voir comment les gens peuvent NE PAS voir les coups qui se préparent…   Comme tenez, cette rumeur Borloo.  N’est-il pas évident que l’on est a tester l’accueil que lui ferait la population ? Et n’est-il donc  pas probable que l’on prépare a l’UMP une éventuelle option « Boorloo Premier Ministre », sous une présidence Fillon ? Ca ferait une touche de fantaisie, dans une gouvernance Fillon bien austère après le bling bling Nicolas…

Vous voyez, il n’y a pas qu’un scenario du pire, il y a aussi un scénario du mieux, où chacun accepte son sort et se dit content.  Pire, mieux… l’importance, disait Gide, est dans le regard et non dans la chose regardée.  Et aujourd’hui, après quelques semaines d’incertitude, la France est lasse et regarde autrement.

Dans le Matrix politique, il semble bien aujourd’hui que ce soit la pilule bleue du contentement que la France ait entre les doigts…  À moins de graves imprévus, le Zouave restera au sec cette années.  La crue sociale centennale qu’on voyait monter cet automne viendra, inexorablement, mais ce sera pour une autre fois.

Pierre JC Allard

 

352. L’ « Effet Assange »   10.11.28

Depuis quelques mois, on parle beaucoup de Julian Assange et de Wikileaks, de millions de documents secrets, qui risquent d’être dévoilés. Pierre Haski, sur Rue 89, faisait le mois dernier un bon topo de cette situation inédite http://www.rue89.com/2010/10/24/documents-wikileaks-ces-fuites-qui-brouillent-le-jeu-mondial-173031. Ne revenons pas sur les faits, ils sont connus restons plutôt sur ce qu’ils ont d’inédit.

L’inédit, dans l’Affaire Wikileaks, c’est le stupéfiant retour du pendule qu’elle semble indiquer dans la lutte pour le pouvoir entre l’oligarchie dominante – représentée ici par l’État et les médias – et l’individu… Un individu comme vous et moi qui apparemment sort de nulle part et fait trembler tous les gouvernements.

Surprenant. Est-ce bien vrai ? L’hypothèse la plus probable demeure que Assange travaille et soit protégé par un État. ( USA, Chine, Russie… Allez savoir… ) et jouisse de ce qu’on appelait le « KGB-level protection », celle qu’on donne a Obama quand il est en public…. Incluant un mec assez motivé pour de lancer entre vous et la balle qu’on vous destine.Cela supposerait une intention politique derrière les révélations.

Moins probable, mais bien possible, serait qu’il bénéficie de cette même protection, mais payée et assurée par des privés. Soros, Gates, Mittal et bien des Chinois peuvent se l’offrir. C”est pour ça qu’il y a – relativement – peu de kidnappings à Singapore. C’est un filon à explorer, surtout qu’on sait que Monsanto vient d’acheter les ex-Blackwaters ! Le but, en ce cas, serait d’obtenir les « bonnes décisions » des gouvernements. Chantage du type garde prétorienne sur les empereurs romains. Une approche qui semble inutilement compliquée, mais on ne sait naturellement pas tout…

Si on écarte ces deux explications “raisonnables”, il reste celle d’un franc-tireur qui crée PERSONNELLEMENT un tel réseau de divulgations sous conditions suspensives enchevêtrées, qu’il peut marcher indemne au milieu des flammes. On l’a vu faire dans de petits pays pour de brèves périodes de temps et en cherchant la discrétion. Assange tenterait de le faire pour longtemps – ça reste à voir – et en misant sur la plus grande publicité possible.

On aurait alors ici le vieux truc des échanges d’otages auquel l’essor des communications donnerait tellement d’envergure et de subtilité que sa nature même en serait changée. On serait dans du nouveau. L’individu qui peut remettre le monde dans le droit chemin… ou faire chanter tout le monde…

C’est aujourd’hui 28 novembre, 22 h 30 de Paris que les révélations vont commencer… Le New York Times, l’hebdomadaire allemand Der Spiegel ainsi que les quotidiens britannique Guardian, espagnol El Pais et français Le Monde, et ça pourrait durer longtemps. Évidemment, ça pourrait être aussi très court, car Assange a peut-être déjà négocié une très large part de discrétion… ou se trouvera peut-être dans la trajectoire d’une balle perdue.

Mais s’il travaille à son compte et qu’il en est là aujourd’hui, capable de faire ce qu’il est à faire, son intervention, du simple fait qu’elle ait été possible, aura marqué déjà un changement irréversible dans la société dont on ne semble pas encore mesurer toute l’importance.

Il y a au moins deux génération qu’on nous rabâche sentencieusement que l’individu est devenu sans défense devant l’État ; nous avons été bien peu nombreux à dire que cette lecture était fausse et que c’est la collectivité, dans une société complexe, qui devenait peu à peu à la merci de chacun… Assange est la preuve vivante de ce pouvoir croissant de l’individu, dont l’Internet a complété l’arsenal en lui permettant d’agir en bloc sur la collectivité comme la collectivité auparavant était seule à pouvoir agir d’un seul geste sur l’ensemble des individus.

Quelle que soit la façon tragique ou cynique dont se termine l’aventure Assange, il va falloir transformer radicalement les rapports dans la société pour tenir compte de cette montée en puissance toujours possible de l’individu.

Il va falloir parler désormais avec beaucoup plus de respect à tous les lambdas qui, quand une information leur donne un pouvoir, ne sont plus vraiment des quidams… On savait déjà que la complémentarité des compétences, faisant de chacun un élément indispensable d’un système de production intégré, rendrait tôt ou tard une vraie démocratie possible, en fait inévitable. Mais c’était un processus lent…

Quand apparaît un accès aléatoire et souvent imprévisible à l’information – et une possibilité de diffusion illimitée ! – on a une nouvelle variable dans l’équation. Un pouvoir circonstanciel peut naître inopinément partout… et un respect accru s’impose IMMÉDIATEMENT pour tous les lambdas. Au moins pour les millions dont on ignore s’ils n’ont pas un téléphone caméra dans leur poche…. L’information devient le « great equalizer ». On n’échappera pas à cet « Effet Assange » de redistribution du pouvoir dans la société par l’information.

Plus problématique, mais à ne pas écarter du revers de la main, un impact du personnage Assange lui-même sur une société en quête de modèles. Si cet homme a un MINIMUM de liberté d’action personnelle en cette affaire, il pourrait incarner parfaitement le justicier en opposition à un pouvoir corrompu. Il pourrait devenir un héros, puis rapidement un leader. Si cet homme a le caractère requis, il va inspirer de la crainte et, s’il est loyal, susciter aussi de grandes loyautés. On a donc ici les éléments pour créer un « Chef » au goût du XXIe siècle.

De là à penser qu’Assange serait l’homme pour nettoyer assez rondement le cloaque sans espoir qu’est devenu le Système actuel et sa démocratie bidon…. Je ne vois rien aujourd’hui, à la Une des journaux, qui ressemble autant à un « homme providentiel » que d’Assange. Pour le meilleur ou pour le pire. Comme tout ce que fait la Providence.

Assange est-il le précurseur d’un nouveau type d’homme de pouvoir ? S’il n’est pas tu ou tué, cette idée va inévitablement faire son chemin. On en reparlera.

Pierre JC Allard

 

353. La crise du travail… en 1 000 mots   11.01.04

Ceci est le premier d’une série de 16 articles que j’annonçais la semaine dernière et qui sera ma contribution hebdomadaire pour l’hiver.

J’ai écrit un gros bouquin sur la crise du travail, j’en parle dans quelques autres et j’ai une quarantaine d’articles sur mon site internet qui en traitent. Pourquoi un de plus ? Parce que c’est la source de tous nos problèmes, mais aussi parce que j’ai constaté que tous les débats sur le travail sont tronqués de ce qui devrait être leur indispensable préambule.

En amont de ce qui est le domaine légitime des experts en travail, il doit y avoir, comme en d’autres domaines d’expertise, un espace qui n’appartient pas aux spécialistes, mais à l’honnête homme de Pascal à qui on ne demande que de n’être pas trop bête. C’est dans cet espace qu’on pose des axiomes et qu’on définit une problématique. C’est cet espace pas très fréquenté que je veux que nous visitions, pour discuter de petites évidences et de leurs incontournables conséquences…

1. Voir, d’abord, qu’on évite les malentendus en n’appelant pas « travail » l’effort qui comporte sa propre récompense. Le travail est un effort consenti pour obtenir un résultat ; le résultat et souhaitable, le travail par définition ne l’est pas. Il doit être réduit, si possible éliminé. Est efficace ce qui y parvient.

2. Le résultat du travail, c’est de transformer ce qui est – sa nature ou ses circonstances – en ce qu’on veut qui soit ; on modifie, on déplace, on fabrique, on satisfait ainsi un désir. Si, à tort ou à raison, on le juge indispensable, on l’appelle « besoin » Aussi longtemps que tous nos désirs ne sont pas satisfaits, il est donc absurde de dire qu’on « manque de travail ».

3. Ce chômage, cette crise du travail, alors ? Il peut y avoir une crise du travail quand les facteurs de production – travail, matières premières et capital (équipement et réserves) – ne peuvent être réunis, parce qu’il n’y a pas accord sur le partage de l’éventuel production. À l’origine, le travail était surtout un apport d’énergie. Le travail étant fonction du temps et le temps de non-travail ne pouvant être thésaurisé – alors que matières et capital perdurent – le travail était en position de faiblesse pour conclure cet accord. C’est le conflit capital-travail, sur lequel beaucoup a été dit.

4. N’y revenons pas. Mais avec les machines, l’énergie est devenue une matière première, appropriable comme les autres, et l’énergie pure qu’apporte un travailleur ne vaut pas le coût de la nourriture qui le gardera vivant. Avec l’évolution technologique, le travail utile et donc devenu uniquement une séquence de microdécisions ; le travailleur apporte les connaissances pour prendre ces décisions : sa compétence.

5. Des décisions qui exigent des connaissances diverses. Il y a donc divers types de travailleurs et ils ne sont pas interchangeables. Une crise du travail différente est donc devenue possible ; on peut désormais « manquer de travail » pour certaines compétences, même si globalement on manque – et l’on manquera toujours – encore bien davantage de compétences pour certains types de travail ! C’est une nouvelle problématique.

6. La solution évidente est de créer les compétences qui nous manquent en en dotant les travailleurs dont les compétences actuelles ne correspondent pas à la demande de travail pour satisfaire nos besoins. Connaître nos besoins et les compétences requises pour les satisfaire est trivial. Pourquoi ne le fait-on pas ? Pour deux (2) raisons complémentaires, qui ont trait uniquement à la répartition de la richesse et du pouvoir.

7. La première est que produire pour nos besoins, donc autre chose que ce que nous produisons présentement – (supposément pour la demande effective, mais nous reviendrons ailleurs sur ce mensonge) – introduirait des distorsions dans la structure de production actuelle, au détriment évident de ceux qui en sont les propriétaires. Ils ne le veulent pas.

8. La seconde est que mettre l’accent sur la formation professionnelle modifie le rapport de force entre le travail et la capital, car chaque compétence spécifique devient de plus en plus rare, alors que la valeur du capital fixe tend, avec l’automatisation, à se confondre avec la somme de : a) la rente du propriétaire de la matière brute d’origine, et b) la valeur des apports successifs en travail qui en ont permis la production. Le pouvoir bascule ainsi du capital vers le travail. C’est la mort du capitalisme industriel.

9. Le transfert du pouvoir en production, de ceux qui ont le capital matériel vers ceux qui possèdent la compétence – laquelle au contraire du travail énergie est thésaurisable (éducation) – est inéluctable. Le processus est déjà bien en marche, mais ceux qui ont le pouvoir ne veulent surtout pas l’accélérer.

10. Cela, d’autant moins qu’on ne parle pas seulement de propriété – un raffinement légaliste, que la force pourrait contrer – mais de contrôle RÉEL. Dans un modèle où tout travail est décision, toute supervision signifie un double emploi qui diminue l’efficacité globale qui va de paire avec la complémentarité et tend à être réduite à sa plus simple expression. C’est n’est donc pas à leurs salariés, syndiqués ou non, que le capital est à céder le contrôle réel des entreprises, mais à une structure en gestation, largement informelle, de travailleurs AUTONOMES.

11. Comprenez-vous pourquoi ceux qui ont aujourd’hui le pouvoir ne se hâtent pas de faire ce changement ?

12. Ne se hâtant pas de le faire, ils ont stoppé net l’enrichissement réel de la société, lequel n’aurait pu continuer que par une automation accélérée de tous les processus industriels qui pouvaient l’être et la préparation d’une main-d’œuvre adéquatement qualifiée pour les services haut de gamme en forte demande.

13. Au lieu de cette évolution naturelle, le capital en Occident s’est retiré de la production industrielle, l’exportant vers des pays de main-d’œuvre bon marché, choisissant de garder son pouvoir et son profit par : a) l’extorsion, défendue par la force, d’une rente sur les ressources naturelles – dont le pétrole est l’archétype – et b) une spéculation monétaire qui est pure arnaque, puisqu’elle repose sur une collusion avec le pouvoir politique qui en contrôle toutes les variables.

Pierre JC Allard

354. La crise de l’argent… en 1 000 mots 11.01.11

Posséder des choses et pouvoir en disposer, c’est la richesse. On peut faciliter la manipulation de cette richesse en la représentant par des symboles. Ainsi, un immeuble par son titre de propriété, ou toute richesse par « quelque chose » dont on convient qu’il en est la représentation et peut y être substitué à volonté. Si ce quelque chose peut être substitué a tout il devient une monnaie. On peut penser que cette chose a une valeur intrinsèque et elle aura bien celle que lui confèrera le consensus : l’or, par exemple. Elle peut aussi n’avoir que celle que décrète l’État, qui sera à la mesure du pouvoir de l’État de l’imposer.

Quand la richesse est représentée par une monnaie, toute l’activité économique peut se passer en monnaie et il se créée un univers monétaire qui devient in miroir de la réalité. Le problème est que ce miroir peut être déformant. À l’incertitude découlant des fluctuations de la valeur des choses selon leur utilité et leur rareté, vient donc s’en ajouter une autre qui dépend des imperfections du miroir. De la spéculation, car speculum veut dire miroir en latin…

Il y a des siècles que les plus futés ont compris qu’on pouvait dépouiller les plus jocrisses de leurs biens, en jouant sur les variations du rapport de valeur entre les choses et leurs symboles. D’abord des banquiers, puis des gouvernants et enfin aujourd’hui une gouvernance discrète de banquiers, d’autant mieux occultée que l’État se fait un point d’honneur de montrer qu’il ne touche pas à la monnaie… Depuis trois générations, on a créé de la monnaie en rendant de plus en plus « souple » le rapport du symbole à la réalité de la richesse.

La monnaie excédant la richesse réelle ne représentant rien du tout, elle a pu librement être accrue et cette monnaie excédentaire est restée entre les mains des banquiers futés, créant d’abord l’illusion qu’ils pouvaient à leur discrétion acquérir un part croissante de la richesse réelle. Puis cette illusion est devenue peu a peu une réalité. D’abord, tout ce qui pouvait produire dans la société n’a plus produit que sur des fonds en monnaie sans valeur avancés par la banque. Le taux d’intérêt, couplé à celui de l’inflation – les deux déterminés par l’État, portant le masque « marché » – étant totalement discrétionnaire, le Système prend ce qu’il veut des entrepreneurs, leur profit n’étant que ce qu’il en reste quand ils ont payé son intérêt à la banque.

L’entrepreneur est libre d’exploiter ses travailleurs et les consommateurs, mais le droit de cuisse de la banque est sacré. Contrôlant la production, les banquiers ont complété leur mainmise en introduisant le crédit à la consommation. Quidam Lambda, à son tour ne s’est vu laissé du salaire de son travail que ce qu’il en reste quand il payé ses intérêts sur ce que les banquiers lui ont prêté… après, bien sûr, avoir aussi acquitté ses obligations fiscales directes et indirectes.

Le fisc, contrairement à ce que disent les méchantes langues, ne sert pas qu’a payer des fonctionnaires et a distribuer des avantages aux copains – on pourrait plus simplement imprimer l’argent et le leur donner – il sert surtout à ÉQUILIBRER les revenus, pour que la consommation s’adapte le plus avantageusement possible à la structure production et à sa lente évolution, selon le rythme qui optimise les profits des producteurs… et le paiement sans heurts de la meilleure rente aux banquiers. Toute production et consommation contrôlées et équilibrées, nous avons ainsi le meilleur des mondes. Dans le miroir.

Dans la réalité il y a des bavures, mais n’en sont victimes que ceux qui n’ont aucun pouvoir et donc aucune importance. Tout ce qui compte se passe dans le miroir, les banquiers contrôlent l’argent et l’argent arrange tout. Si tout est si bien… pourquoi tout va-t-il si mal, même dans le miroir ? Parce que quelques super-futés ont exagéré. Des prédateurs sont apparus qui bouffent du tigre. Ils ont appris a Harvard comment agencer des miroirs pour en faire des télescopes et comment blouser même des banquiers. Ils ont créé des instruments monétaires légaux, mais si incongrus, qu’ils permettent d’assurer les pertes… et de transformer les pertes en gains. Ils savent si bien corrompre même les corrupteurs, que toute perte à leurs livres se retrouve sur les comptes publics. Ce sont les Goldman Sachs et les Stanley Morgan…

Ce qui est inquiétant, ce n’est pas ce qu’ils font – on a déjà vu des monnaies s’effondrer – et les riches ont toujours exploité les pauvres, c’est le sans-gêne non seulement tranquille, mais OSTENTATOIRE avec lequel ils le font. Il est clair que l’argent ne vaut plus rien et ne tient que par la crainte révérencielle qu’inspirent les États émetteurs, essentiellement les USA. On a mis en place un système qui sciemment n’est pas fait pour durer, mais pour s’autodétruire au moment choisi. Et on le montre assez clairement pour que tous ceux qui méritent de le savoir le voient.

Le monde est donc dans la situation de faire du négoce avec la devise d’une armée d’occupation. On sait que personne ne veut être occupant pour l’éternité : ce n’est pas la jouissance paisible, agréable dont rêve notre société hédoniste. On sait que quiconque a le pouvoir ne peut qu’avoir dans ses cartons un plan de retour vers une situation de normalité. Ce qu’on ignore, c’est si les détenteurs de biens réels seront aussi mis à contribution… et qui supportera les pertes.

Ce ne peut être les pauvres, on a déjà fait le nécessaire pour tout leur prendre et nul besoin d’un cataclysme financier pour continuer de les exploiter tant qu’on pourra. Il semble donc que, dans un grand souci d’égalité, ceux qui ont beaucoup ruineront les sans-pouvoir qui n’ont que peu et que ce seront les « petits riches » qui porteront le chapeau. Au grand plaisir des plus humbles qui, à défaut de s’enrichir, trouveront assez équitable que leur cousin cossu les ait maintenant rejoints… Si j’avais un million ou deux je m’inquiéterais…

Pierre JC Allard

355. La crise du revenu… en 1 000 mots   11.01.18

Nous appelons « revenu » ce qui, dans la société, est distribué à Quidam Lambda pour qu’en sa qualité de consommateur il ait une part de ce qu’il produit en sa qualité de travailleur. On peut lui donner sa part en fonction de sa participation à la production – on parle alors de justice commutative – ou parce qu’il est là – comme l’Éverest de Sir Edmund – et en fonction de ses seuls besoins ; on parlera alors de justice distributive. De toute façon, on parlera de « justice sociale ». Mais il y a une crise du revenu…

Nous avons vu qu’il y a une crise du travail, parce que le travail qui nous reste a faire, maintenant que machines et robots sont là, n’est plus a portée de toutes les mains ni de toutes les têtes. Plus grave encore, l’effort humain consommé cru comme énergie ne vaut plus grand chose ; il doit être apprêté à diverses sauces de compétence pour correspondre à une demande.

Simultanément, il y a une crise de l’argent, parce que, dès qu’on peut par consensus ou autorité, créer des symboles pour la valeur, celle-ci ne résulte plus essentiellement du travail qui à l’origine en était la seule source, mais de volontés arbitraires dont chacune a son agenda. Crises du travail et de l’argent se combinent pour en créer une troisième : « une crise du revenu » qu’on pourrait aussi appeler la crise de l’équité.

C’est la notion de justice sociale qui est en crise. Cette crise est venue parce que 80% des humains – au moins ! – sans aucune faute de leur part, ne sont plus « nécessaires » pour produire quoi que ce soit qui puisse être d’une quelconque utilité pour la minorité qui a les connaissances et l’accès aux machines.

Cette minorité peut produire tout ce dont elle a besoin et tout ce que consomment les autres au-delà de leurs besoins alimentaires les plus primaires : elle le fait déjà. Concrètement, cette minorité DONNE tout aux autres. Gratuitement. Elle le fait un peu parce que son héritage religieux – et une vieille habitude de solidarité du temps où tout le monde pouvait se rendre utile – l’incitent à le faire, mais aussi par simple paresse de changer les choses et parce que les « inutiles » servent de pions dans les jeux de pouvoirs auxquels s’amusent ceux qui ont tout.

Ce n’est donc plus le travail, mais l’assistanat, sous toutes ses formes, qui globalement est devenu de loin la première source de revenu. La justice commutative n’a plus de vraie place et l’effort n’est plus récompensé, la seule récompense étant celle totalement virtuelle qui découle des jeux des spéculateurs. La nature humaine étant ce qu’elle est, c’est une recette pour la décadence. On garde donc précieusement la pauvreté comme motivant, dans un monde où l’on veut cacher que l’industrialisation a apporté l’abondance.

Personne ne voulant la pauvreté pour lui, tout en voyant bien qu’elle est indispensable à un certain dynamisme social, chacun cherche à s’en débarrasser comme de la Dame de Pique en la passant à son voisin. Tous le font avec toute leur astuce, de deux façons : a) en se cherchant un niche de pseudo travail dans laquelle, ne produisant ni biens ni services utiles, ils réussiront néanmoins à convaincre quelqu’un ou l’État qu’ils méritent une rémunération, et b) en mettant à profit les subtilités de la grande arnaque monétaire pour avoir plus d’argent sans même feindre de travailler.

Tout le monde n’ayant pas la même astuce, les écarts se creusent de plus en plus entre « pauvres » et « riches ». Écarts dans le miroir monétaire – qui peuvent augmenter sans autre limite que le ridicule – et qu’il faudra bien corriger, mais qui n’ont qu’un impact indirect sur ceux qui ne sont pas occupés à spéculer… mais écarts dans l’univers des biens réels aussi, hélas. Un million d’enfants meurent chaque mois de faim et de malnutrition.

La crise du revenu, c’est ce 80% de l’humanité – dont 20 à 30% des citoyens même des pays dits développés ! – qui vivent sous le seuil d’une pauvreté relative dont la définition change selon les lieux, mais qui partout signifie « mourir de soif auprès de la fontaine », car il est évident qu’il n’y a aucune raison valable pour que cette planète ne produise pas le nécessaire – et une part raisonnable de superflu – pour tous ses habitants.

Il est essentiel qu’il reste pour chacun un désir non satisfait – y renoncer signifierait trouver un autre sens à la vie et ce n’est pas ici notre propos – mais il faut résoudre cette crise du revenu, un cercle vicieux où c’est une pauvreté voulue qui limite la demande effective pour une production, sans laquelle la demande pour le travail n’existe naturellement pas non plus… ni donc la raison de distribuer dans une logique de justice commutative le revenu qui éliminerait cette pauvreté.

Présentement, cette logique n’existant pas, l’assistanat progresse, une mansuétude qui tient au désir de garder la demande effective. C’est un financement de la consommation déguisé en crédit à fonds perdus, afin que ne perde pas toute valeur le capital investi dans la production de biens qui autrement ne trouveraient plus preneurs…

Nous avons donc aujourd’hui un échafaudage qui s’appuie sur un crédit arbitraire qui ne sera pas remboursé, en argent symbolique qui ne vaut plus rien, pour faciliter la consommation de biens largement inutiles ou superflus, pour garder leur valeur aux livres à des équipements désuets qui servent d’aval à la valeur en Bourse de sociétés dont les activités deviennent de plus en plus spéculatives. … Et pendant ce temps, « l’herbe pousse et les enfants meurent ». Il faut un travail et un revenu garanti pour tout le monde. Il faudrait que l’impose quelqu’un qui a un coeur, une tête et un fusil.

Pierre JC Allard

356. La crise de la liberté… en 1 000 mots   11.01.24

Nous faisons face aujourd’hui à une crise de liberté. « Libertaire » ou « libertarienne », simples expressions à la mode pour désigner que nous commençons à voir autrement aujourd’hui que vivre en société pose un dilemme, entre le désir d’être libre… et la solidarité qui est l’indispensable ciment qui garde ensemble les éléments d’un société et permet à celle-ci de subsister .

La liberté, c’est faire ce qu’on veut, jouer à être Dieu en n’acceptant les contraintes ni de la nature ni des autres. La liberté est fonction du pouvoir qu’on possède, puisque c’est toujours le pouvoir qui fait défaut quand on ne fait pas ce qu’on veut. Liberté et pouvoir sont les deux faces de la même médaille. Le corollaire est qu’on est dans un jeu à somme nulle et que le pouvoir des uns pose la limite de la liberté des autres.

Dans une société, bien sûr, il y a des accommodements de consensus concernant la liberté, basés sur ce qu’on dit « la justice », mais qui ne sont en fait que des habitudes : des leçons apprises, qu’au-dela d’un certains seuil, priver un individu de sa liberté suscitera une résistance qui rendra négative l’équation du plaisir à tirer en exerçant le pouvoir de le plier à sa volonté. On se dit donc tous « pour la liberté », chacun ne cherchant pas moins à augmenter son pouvoir.

La solidarité, c’est un noble sentiment altruiste, mais plongeant ses racines dans le riche engrais de l’égoïsme qui fait comprendre à quiconque n’est pas trop bête que l’on se défend mieux et qu’on produit davantage si on se partage les tâches que si on cherche à tout faire seul comme Robinson sur son île. Vivre en société, c’est faire le choix d’une certaine solidarité, ce qui n’empêche pas chacun de souhaiter prendre plus du tronc commun et y mettre moins… , mais sans remettre en cause le choix essentiel de vivre ensemble.

Une société a le choix de mettre plus ou moins en commun, mais elle n’a pas celui de faire abstraction du dilemme entre liberté et solidarité. Ce qu’elle met en commun signifie NÉCESSAIREMENT qu’est réduit d’autant l’espace où l’individu est parfaitement libre de ses décisions et de ses gestes. Inversement, l’individu ne peut affirmer sa liberté qu’en s’affranchissant de certaines contraintes de la solidarité, perdant alors certains avantages liés à la division du travail et la sécurité qui va de paire avec un étalement des risques.

Il faut établir un point d’équilibre entre liberté et solidarité. Une société industrielle en gestation puis en accomplissement exigeait une exemplaire solidarité. Dans le sens, d’abord, que les rouages d’un machine exigent l’obéissance à un plan, dans celui aussi que les valeurs aberrantes tendent à revenir vers la moyenne et, quand elles ne le font pas assez vite, doivent y être ramenées par des mesures d’exception, dans celui enfin, où une dichotomie esprit/matière brutale peut ne voir l’action sur cette dernière qu’en termes collectifs (solidarité), la liberté se retranchant dans la chasse gardée de la pensée pure, inaccessible et sans compromission imposée.

Une société de production tertiaire change tout. Elle réduit l’interchangeabilité entre ses éléments, rend le quantitatif trivial au profit du qualitatif et fait de la motivation le premier facteur de productivité. Le principal avantage de vivre en société étant la division du travail, celui-ci devient paradoxalement efficace uniquement dans la mesure où une grande liberté en devient une composante !

Le pendule qui oscille entre le libertaire et le solidaire est projeté aujourd’hui avec force vers le pôle « liberté », au point qu’on en vient à oublier que sans solidarité – et le sacrifice d’une partie de cette liberté – toute société est rigoureusement impossible. Ce qui est nouveau, aujourd’hui, c’est que le sacrifice d’une partie de la liberté doit être LIBREMENT consenti, car il est devenu inefficace de même songer à l’imposer. Comme il est devenu inefficace tôt dans l’histoire de traiter en esclave son médecin, sa courtisane ou le précepteur de ses enfants… on en perd alors le meilleur. Aujourd’hui, la liberté devient essentielle à TOUTES les variables où la solidarité est nécessaire.

Il est donc ubuesque de penser qu’on améliorera l’éducation en augmentant de quelques heures la charge de travail des enseignants, la santé en encadrant plus minutieusement les interventions médicales ou l’administration de l’État en ajoutant des fonctionnaires. La solution à la crise de la liberté passe par la compréhension que la solidarité ne peut plus exister dorénavant que si elle est DÉSIRÉE.

Comment obtenir ce résultat ? En faisant d’abord le choix, au palier du système de production, de substituer une structure d’entrepreneuriat à celle contreproductive basée aujourd’hui sur le salariat et un volet envahissant d’assistanat. Comment l’intervention de l’État en production ? En appliquant la règle pragmatique de produire les biens et d’offrir les services en mode collectif quand il est plus efficace de le faire de cette façon, mais s’en remettant à l’entreprise privée quand la motivation des intervenants est le facteur premier à considérer, ou quand des hypothèses diverses doivent être évaluées et comparées au vu de leurs résultats.

Etonnamment, la place qu’on doit laisser à l’interprétation dans le calcul de ce qui est plus ou moins efficace est bien mince. Appliquer dans chaque domaine cette règle de l’efficacité comparée du collectif (public) et du privé pourrait avoir la rigueur d’une loi mathématique, si le débat n’était pas faussé par ceux qui veulent s’en faire du capital politique. La crise libertaire/libertarienne est avant tout l’invention d’un nouveau clivage qu’on cherche à créer, pour remplacer celui Droite-Gauche qui ne fait plus descendre dans la rue que des nostalgiques, des fauteurs de trouble et des gamins.

La crise de la liberté – ou de la relation individu-État – n’est PAS le débat entre la Droite et la Gauche, lequel est terminé. L’injustice du système est connue, on connait aussi les coupables, le capitalisme est mort. il ne reste que des têtes à trancher et à mettre au bout d’une pique. L’équilibre liberté-solidarité est tout autre chose.

Pierre JC Allard

357. La crise de la sécurité publique… en 1 000 mots   11.01.31

La première demande de l’individu en société est qu’on assure sa sécurité. Ce n’est pas d’hier, mais depuis toujours. On aurait dû apprendre à le faire. En fait, on l’a appris. Il y a des havres dans le monde, surtout en zone urbaine en Occident, où la sécurité est suffisante pour que l’on puisse marcher sur le trottoir en pensant à autre chose, ce qui n’a pas été le cas durant la plus grande partie de l’Histoire… Tout va bien. Où est la crise ? Elle est triple.

D’abord, on parle de havres. Le monde presque partout est encore une mer furieuse dont la violence n’est pas disparue. La crise, cependant, ce n’est pas qu’il faille se garder des brigands quand on traverse le Tanezrouft et des pirates quand on vogue sur la mer de Sulu ; c’est que les havres de sécurité dans le monde se font plus rares…

Il y a 50 ans, j’ai fait Paris-Delhi seul, par voie terrestre, sans arme et sans graves ennuis. Pratiquement sans risques. Toutes les frontières – Pakistan, Afghanistan, Iran, Irak, Syrie, Turquie et ce qui était la Yougoslavie se traversaient avec un passeport et/ou un petit cadeau. Le même périple aujourd’hui, exigerait une division blindée et un soutien aérien… On pouvait aussi faire l’Afrique à peu près partout il y a à peine 30 ans. Je ne suis plus volontaire.

Les havres se rétrécissent aussi sous nos yeux. Bien des villes sont maintenant entourées d’une zone de non-droit où il vaut mieux connaître le chef du gang local. D’autres, surtout aux USA, mais aussi dans le tiers-monde, sont devenues des beignes, avec au centre un trou dans la sécurité qu’on ne visite qu’à grand péril. Il faut mettre combien de baffes à une civilisation pour qu’elle comprenne qu’elle est en décadence ?

Deuxième aspect de la crise. De nouveaux dangers : les gangs, mais surtout l’individu. La bombe atomique chez les Russes, c’était le bon temps. Le plus grave problème n’est plus au niveau des États ; la technologie met maintenant un terrifiant pouvoir de nuire entre les mains non seulement de petits pays, mais de petits groupes et même des individus ! Je ne décrirai pas ces façons de nuire ou même de détruire un société, mais quiconque veut le faire y pensera tout seul.

Le plus grave problème n’est pas tabt le révolutionnaire – il est visible et prévisible – que le pur cinglé. On disait, il y a quelques années, qu’une personne sur seize aux USA aurait dans sa vie au moins un épisode de désordre mental qui justifierait son institutionnalisation au moins temporaire…. Comment une société peut-elle se protéger contre 20 millions d’individus qui pourraient sans prévenir vous tirer dessus dans une école ou un centre d’achat ? Ou vous trancher la gorge dans le métro…

Troisième volet, le plus grave, une confusion des valeurs qui fait qu’on ne sait plus avec certitude ce qui est bien ou mal, ni donc qui est avec qui et contre quoi. L’injustice dans notre société nous donne à tous mauvaise conscience et l’on ne sait plus trop parfois s’il faut donner un croc-en-jambe au voleur qui fuit ou au gendarme qui le pourchasse. Quand un jeune Catalan fraude quelques banques de centaines de milliers d’euros, le clame partout et utilise l’argent pour financer Podem, un mouvement de contestation sociale, bien peu de gens que je connais en ont éprouvé une grande indignation.

Un escroc sans scrupules au Québec a ruiné des centaines de victimes à revenus modestes en leur prenant pour cent millions de dollars des épargnes de toute leur vie. Si l’une de ses victimes l’abattait froidement, à sa sortie de prison où il passera quelques mois, je continuerais, bien sûr, de défendre le principe qu’il ne faut pas se faire justice soi-même, mais est-ce qu’on pleurerait beaucoup dans les chaumières ?

Comment assurer la sécurité publique, si le citoyen ordinaire n’est pas INCONDITIONNELLEMENT du côté de l’ordre ? Combien de gens en France, au cours des récentes protestations contre la modification du système des retraites, souhaitaient qu’on mette les grévistes au pas… et combien regrettaient plutôt que la protestation ne soit pas plus musclée ?

On ne respecte plus l’ordre établi ; comment respecter un système qui permet les inégalités que nous voyons et dont la priorité est l’éradication du pavot plutôt que celle de la prostitution des enfants ? Les héros que la télévision nous montre faisant respecter la vraie justice sont souvent peints agissant hors des cadres du système ou même de la loi.

Las sécurité est aussi en crise parce que le système actuel, conscient de ses inégalités, voit souvent le citoyen non pas comme celui que la police devrait protéger, mais comme un contestataire et donc un fauteur de trouble en puissance. Le citoyen lui rend bien ce manque de confiance et de soutien…

La solution n’est donc pas de mettre en place une force policière plus puissante ; ce serait de pouvoir compter sur l’appui omniprésent et sans réticence de la population pour prêter main-forte aux forces de l’ordre. Au palier de la vigilance, de la dénonciation des crimes, au besoin d’une intervention ponctuelle pour les prévenir.

Cet appui de la population n’est possible que si celle-ci est intimement convaincue que la loi est juste, percevant les forces de l’ordre comme une émanation d’elle-même appliquant une morale et de principes qui sont les siens, non pas comme un corps étranger de mercenaires à la solde d’une minorité et en protégeant les seuls intérêts.

C’est cette perception ce qui fait toute la différence entre un recrutement fascisant de la population pour qu’elle soutienne des mesures d’oppression et une conscription volontaire des citoyens pour défendre l’ordre contre le crime. C’est cette identification du citoyen à une police qui est à son service et non l’inverse, qui est la seule solution a une vulnérabilité telle de la société au crime que les mesures nécessaires pour s’en protéger rendraient notre liberté illusoire.

Pierre JC Allard.

358. La crise de la politique… en 1 000 mots   11.02.07

On ne parle pas ici d’une crise politique dans le sens d’un choix critique à faire entre Pierre et Paul, entre Libéral et Conservateur, entre Démocrate et Républicain ou entre un programme de gauche et un programme de droite, mais d’une crise de la politique elle-même. Une remise en question, non pas tant des procédures pour déterminer qui exerce le pouvoir – même si elles ont leur importance – que de la façon dont la gouvernance se définit, de ses limites et de ses modalités d’exercice.

En apparence, il semble y avoir un consensus. Qui vous a dit du bien, récemment, du fascisme, du stalinisme, du despotisme éclairé, de la monarchie absolue ou que quelque forme de gouvernance autre que la démocratie ? La DÉMOCRATIE occupe seule tout l’espace correct du débat politique. Tout le monde ou presque est convaincu des mérites de la démocratie. On est pour la démocratie ou l’on est un monstre.

Au point où même ceux pour qui se dire démocrates exige de sérieux accommodements avec la logique – comme les amoureux de la charia islamique ou les nostalgiques de la dictature du prolétariat – par exemple, cherchent souvent à se dire démocrates quant même ! Il y a un consensus en faveur de la démocratie. Évidemment, le consensus s’arrête là. Parce que, lorsqu’on a dit  » démocratie  » et qu’on a applaudi, le consensus se brise.

Il éclate dès qu’on tente de répondre à quelques questions pourtant simples, mais bien embêtantes, comme  » Qu’est-ce que la démocratie ? « ,  » Quel type de démocratie ?  » , » Quelles sont les conditions minimales pour qu’on soit bien dans un régime démocratique ?  » etc. etc… Ces questions agacent, parce qu’elles nous confrontent à cette réalité choquante que si l’idéal démocratique comme concept règne sans rival sur les coeurs et les esprits, celle-ci ne règne en fait nulle part ailleurs. La démocratie est un projet de société qui reste à bâtir.

D’abord, elle n’existe pas. Peut-on parler de démocratie, quand certaines options de gouvernance disposent, pour se faire connaître et vanter leurs mérites, de moyens financiers qui sont 100 fois ceux de leurs concurrents et que l’accès de ceux-ci aux médias est, avec les premiers, dans le rapport du zéro à l’infini ? Les conditions matérielles pour un choix démocratique n’existent pas. Triste, mais ce n’est que le moindre des problèmes de la démocratie…

Supposons une information parfaite, accessible à tous. Peut-on honnêtement prétendre que tous les citoyens, adéquatement formés par et dans un système d’éducation dont la sagesse ni la compétence ne suscitent le moindre doute, ont le bagage de connaissances générales, la culture et l’éducation pour accueillir cette information et la comprendre ?

Supposons même que les connaissances générales de tous soient de même niveau, peut-on poser comme axiome que nous, les enfants chéris du bon Dieu, avons tous une même aptitude fondamentale à penser droit et qu’a connaissances et information égales nous en arriverons tous à nous former une opinion éclairée et judicieuse ?

Faisons un acte de foi et supposons-le aussi. Il n’en reste pas moins qu’une société qui peut fonctionner doit être, par définition, un ensemble de compétences complémentaires. L’opinion de chacun sur chacune des questions spécifiques auxquelles gouverner exige une réponse a-t-elle la même probabilité de conduire à la décision la plus efficace ? Serait-il raisonnable que mon avocat opine sur le traitement de mon ulcère et mon médecin sur la conduite de mes affaires ?

La volonté populaire nous dira-t-elle avec sagacité, si on doit encourager l’épargne ou la consommation, si la conjoncture internationale et le rapport des forces suggèrent des investissements militaires, si on doit favoriser un nivellement des revenus, si nous avons les ressources pour un système de santé gratuit et universel, etc. ?

La réalité, c’est que dans une société complexe, considérant tous les facteurs, il n’y a qu’une seule meilleure solution et que ce n’est pas Quidam Lambda, mais des experts qui la connaissent. On peut s’en remettre à la volonté du peuple pour nous dire ce qu’il juge « la meilleure », mais on connaît ses critères. Les réactions du peuple sont prévisibles.

La politique globale qui résulterait de la volonté populaire ne constituerait pas un ensemble cohérent, mais serait au contraire un tissu dense de contradictions. La volonté démocratique de la population serait d’augmenter les services et de diminuer les taxes et impôts tout en remboursant la dette, misant sur un gain d’efficacité qui irait de paire avec une réduction non seulement des effectifs, mais de la charge de travail de chacun…

Le rôle du politicien en démocratie est d’abord de faire croire à l’impossible, puis de s’excuser de ne pas l’avoir livré en promettant que maintenant il le fera. Mentir n’est cependant pas suffisant. Pour qu’un État fonctionne, il faut qu’aux choix démocratiques des quidams soient substituées des décisions prises par des experts. Cohérentes. Efficaces. Le fonctionnariat est là pour ça. Il est choisi, nommé, pas élu.

Quand on dit démocratie, en faisant tout pour exclure toute participation du peuple à la prise de décision, il faut donc comprendre que ce n’est pas SEULEMENT une arnaque pour déplacer le maximum de richesses vers ceux qui ont déjà la richesse et le pouvoir. C’est AUSSI un geste de mansuétude, pour cacher aux enfants chéris du bon Dieu que, non seulement la démocratie n’existe pas, mais que, dans le sens racoleur qu’on a donné au terme “démocratie”, celle-ci est rigoureusement impossible. La crise de la politique, c’est qu’une part grandissante de la population prend conscience de cette impossibilité.

La solution ? Comprendre que l’individu ne peut pas définir des politiques : il ne peut que choisir celle qu’il veut entre des options cohérentes qu’on lui présente. La démocratie efficace est celle d’un droit de veto. Globalement, mais il faut aussi introduire dans la gestion de l’État BEAUCOUP de points de contrôle sectoriels permettant que les citoyens puissent dire démocratiquement ce qu’ils ne veulent pas et, dans le champ de leur compétence, exclure les moyens qu’ils considèrent inacceptables.

Pierre JC Allard

359. La crise de la santé … en 1 000 mots   11.02.14

La crise de la santé, c’est qu’on a promis la gratuité; or la demande pour la santé est insatiable alors que les ressources pour y répondre sont et resteront toujours limitées et que les progrès de la science font qu’il y aura de plus en plus de « santé » à offrir. Facile de comprendre que, dans le scénario d’un besoin infini, il faudra, pour tenter de le satisfaire, y affecter indéfiniment de plus en plus de moyens et que le coût de la santé sera indéfiniment croissant, au rythme des progrès de la médecine.

la gratuité de la santé a eté une promesse inconsidérée faite pour plaire, dans une totale ignorance de ce que la médecine allait bientôt rendre possible et de ce qu’il en coûterait pour l’offrir. Parce que la société avait accoutumé de vivre dans le miroir d’une richesse monétaire et ne gardait qu’un contact tenu avec les choses, ce coût sans cesse croissant de la médecine n’est apparu d’abord que comme un inconvénient… la vie n’a pas de prix, n’est-ce pas, et l’argent n’est que du papier….

Difficile, pour une société monétarisée, de comprendre que le coût réel des choses – de la médecine comme du reste – c’est le travail qu’elles exigent et le travail qu’a exigé la formation qui doit le précéder. Derrière le symbole de l’argent, le coût réel de la médecine se mesure en temps de travail : c’est le temps précieux du personnel de santé qualifié. Il s’agit du temps de travail de médecins, d’infirmières, d’auxiliaires et de tous ceux qui collaborent à la production des intrants de tout ce qui sert à soigner et à guérir.

Quelle que soit la valeur monétaire qu’on leur fixe, les services médicaux ont un coût réel qui ne se mesure pas en argent, mais en « temps/compétence ». Ce coût est élevé et il augmentera. Indéfiniment. La crise actuelle du système de la santé revêt la forme d’une explosion des coûts, mais le problème des coûts sur lequel achoppe notre réseau de santé dans son expansion est un problème d’allocation des ressources humaines.

Le grand mal dont souffre notre réseau de la santé est une mauvaise utilisation systémique des compétences dont il pourrait disposer. Des compétences qui ont été transmises sans égard aux besoins réels, ni aucune rationalité autre que celle d’une tradition pour ménager tous les corporatismes.

Une réduction des coûts-travail unitaires passe par une meilleure répartition des tâches, une formation plus pointue, une affectation plus efficace des ressources, même si cette réaffectation doit transgresser quelques tabous. C’est ça que doit signifier, dans la réalité, un effort pour réduire les coûts de la santé. La crise de la santé n’est pas une question financière à résoudre par des manipulations budgétaires, mais un problème d’allocation optimale de nos ressources humaines qui sont et resteront éternellement limitées.

Une part croissante du travail sera affectée dans l’avenir au secteur santé, mais, même avec ce transfert de ressources, la science ira encore plus vite; même si l’on consacrait toutes les ressources de la société à donner ce que la médecine peut offrir, on n’y parviendrait pas. C’est un gouffre sans fond. Qu’on la donne ou qu’on la vende, la médecine qu’on pourra rendre accessible à tous ne correspondra jamais qu’à une fraction décroissante des services que la science pourra offrir.

La médecine restera toujours une denrée rare et certains de ses aspects ne seront accessibles qu’à une partie de la population. Ce n’est pas une question de budget, ce n’est pas un complot, c’est un impératif technologique. C’est une contrainte à laquelle on ne peut pas plus échapper qu’à la loi de la gravité. La question n’est pas de savoir si tous les patients pourront toujours bénéficier gratuitement de tout ce que la science médicale peut offrir. Gratuitement ou contre paiement, ils ne pourront pas tous en bénéficier ; cela n’est pas possible.

Il s’agit d’identifier les services qui seront réservés à quelques-uns seulement et quels critères présideront au choix de ceux qui en profiteront. Décréter la gratuité fait disparaître l’un des critères possibles, mais ne fait pas disparaître la nécessité de faire des choix. L’objectif primordial est bien d’optimiser l’universalité et la gratuité, mais il faut composer avec deux (2) contraintes.

D’abord, on ne peut aller au-delà de ce que ses ressources humaines et matérielles permettent : il y a un seuil du possible. Rien ne peut être gratuit que ce qui est surabondant. Ne seront donc pris en charge que les services dont on aura aussi pu assurer la surabondance. La vraie universalité ne se décrète pas, elle arrive. Comme le jour se lève. L’universalité devient une réalité pour une part des soins et des traitements promis, quand les ressources pour en offrir cette part deviennent surabondantes. La mission de l’État est de créer cette surabondance.

Avec la surabondance, l’universalité devient possible, mais pas toujours souhaitable. L’État doit ajuster l’universalité offerte au consensus social. Les ressources humaines et matérielles qu’on décide d’offrir gratuitement ont un coût. C’est un coût que la population doit approuver. Avant de se buter sur le seuil du possible, on peut donc se heurter à un autre seuil : le seuil du consensus social pour la solidarité. Une société ne doit donner de ce que la médecine peut offrir qu’à la hauteur de ce que la population veut qu’elle donne.

La collectivité ne pourra pas assumer entièrement le coût de la santé ; les vrais déterminants de l’universalité sont la surabondance qu’on peut créer et le consensus social qu’on peut obtenir. Il faut donc constituer, au sein du système de santé, un « noyau dur » de services qui soient vraiment gratuits et d’accès universel… et le dire. Le premier défi est de départager, en toute transparence, les services qui y seront inclus de ceux qui seront exclus.

Dans une société qui s’enrichit, ces services augmenteront progressivement ; mais il ne faut pas cacher que ce noyau dur ne pourra occuper qu’une part décroissante du champ de la santé.

Pierre JC Allard

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360. La crise de l’éducation… en 1 000 mots 11.02.21

Il y a une crise de l’éducation parce que l’on n’éduque plus. Les parents n’éduquent plus parce que c’est devenu trop complexe et que, de toute façon, l’emploi du temps que prévoient les plans de carrière de la société actuelle ne le leur permet pas . L’école ne le fait pas davantage, car ce n’est pas le job des enseignants d’éduquer, mais d’instruire : transmettre des connaissances.

Instruire, et encore… Transmettre des connaissances, mais celles dont ont décidé les planificateurs de l’éducation – ce qui n’est pas bête, puisqu’on devrait avoir un objectif en tête quand on instruit – mais on leur demande aussi de les transmettre avec les moyens et selon le schéma défini aussi par les planificateurs de l’éducation, ce qui est une aberration.
Une bêtise, car l’enseignant est le pédagogue et c’est le propre de la pédagogie de savoir formater un contenu pour le rendre accessible à des apprenants qui ont des aptitudes et des intérêts différents, voire des connaissances antérieures modérément dissemblables. Si ce n’était le cas, l’enseignement pourrait être entièrement programmé et l’élève n’aurait pas besoin d’un guide dans l’univers des connaissances : il lirait et apprendrait…

Quand on veut dire à l’enseignant comment enseigner, on le rend inutile. En lui demandant surtout d’enseigner de la même façon à tout le monde, on crée un système ou le bon sens exige qu’il introduise une myriade de ce que l’on considérera comme des exceptions ou des dérogations, au lieu d’accepter que l’éducation est du « sur mesure » et que tout le monde ou presque est normal, dans le sens ou la norme est large et se confond avec le vaste espace ou l’éducateur peut réaliser ses objectifs.

On ne doit avoir qu’une exigence face à l’enseignant : que les apprenants qu’on lui confie apprenne. Quand on veut qu’il éduque, il faut lui en demander plus, mais d’abord le tirer du piège ou, même sur le plan de la transmission des connaissances, l’école d’aujourd’hui, qui devrait faire du « sur mesure », s’ingénie à faire de l’industriel.

Aujourd’hui, on a le lit de Procuste pour tout le monde. On a donc des échecs, des abandons en masse et des vies se décident sur le talent ou la bonne volonté d’un adolescent qui se pliera ou non à la corvée de maîtriser le calcul intégral, qu’il soit de la graine de Mozart ou de Picasso n’y changeant rien.

Une approche dont les résultats sont encore pires, bien sûr, quand il ne s’agit plus de transmettre des connaissances, mais des règles d’interprétation, des principes, une culture, des valeurs… tout ce qui devrait être une éducation.

Il y a deux générations, le collège offrait du grec, du latin et de la philo; il offrait aussi des valeurs, une culture et un sentiment d’appartenance. C’était rétro, mais la plupart étaient fiers de leur vieux collège, même s’ils en sortaient en pensant tous à peu près la même chose…

Vers les années 60, on a voulu créer une société plus complexe, une société pluraliste, avec du monde ordinaire qui pensent par eux-mêmes; avec des gens, donc, qui ne pensent pas tous la même chose et où chacun respecte les valeurs et la culture des autres. On a mis le paquet sur l’éducation, mais on a raté un virage.

On a oublié que plus une société est complexe, plus il est essentiel d’y valoriser l’appartenance à des groupes de dimension humaine. On a oublié que c’est dans une société pluraliste qu’il est le plus nécessaire de fournir à chaque éduqué toutes les ressources nécessaires pour éclairer ce qui devient pour lui un choix plutôt qu’une acceptation des valeurs. On a oublié, surtout, que pour que les valeurs de chacun soient respectées, on doit faire en sorte, d’abord, que chacun en ait, des valeurs.

On a sauté le garde-fou des valeurs et on a créé des écoles monstrueuses, des écoles inhumaines, qui ne favorisent pas l’autonomie de l’individu, ni sa formation professionnelle, ni surtout son insertion sociale. Pire, on a créé des écoles que l’on n’aime pas. Vous en connaissez beaucoup, vous, des gens de nos jours qui ont la fierté de leur vieille polyvalente ?

Solution ? Recommencer à éduquer, en faisant le contraire de ce qu’on fait dans une polyvalente. Plutôt qu’une école impersonnelle ou l’enfant est passé de spécialistes en spécialistes, il faut une école dont l’axe soit une relation personnelle de longue durée entre un groupe d’élèves et un enseignant qui soit un modèle et assume une responsabilité plus globale sur son apprentissage.

Que ce soit le même pendant 5 ans. C’est cette relation de longue durée qui permettra à l’enseignant devenu éducateur d’être un modèle et qui favorisera l’éclosion d’un vrai sentiment d’appartenance. En revanche, l’enseignant qui est le seul maître de sa pédagogie ne doit pas avoir le contrôle des examens : c’est au Ministère de définir la docimologie et de conférer attestations et diplômes.

J’ai parlé, il y a longtemps d’un système « préceptoral », lequel permet un meilleur développement socio-affectif de l’adolescent, de meilleurs résultats scolaires, une activité professionnelle plus gratifiante pour l’enseignant. C’est un moyen de bâtir une vraie culture populaire plus large et d’obtenir une orientation professionnelle bien plus adéquate. C’est aussi la façon idéale de réduire absentéisme, vandalisme et violence à l’école. Et un système préceptoral coûterait moins cher que notre système actuel…

Il n’y a qu’une seule condition préalable à la mise en place de ce système, en plus, bien sur, d’une véritable volonté politique de changement. Cette condition, c’est qu’existe chez un nombre suffisant des enseignants, le désir de créer une relation plus humaine avec leurs élèves. J’aime le penser. Il faudrait leur en parler.

Pierre JC Allard

361.La crise de la culture… en 1 000 mots   11.02.28

Rassurez-vous, je ne tenterai pas en mille mots d’imposer ma définition de la culture : je sais que mille volumes n’y suffiraient pas. Je donne ici au mot « culture » un sens restreint et c’est dans ce sens uniquement que je l’utilise dans ce texte. Gardant implicitement les guillemets, donc, la culture dont je parle est d’abord la somme des connaissances acquises pour le plaisir de connaître et de reconnaître, par opposition au savoir dit « utile », qui trouve son sens dans ce qu’il permet de devenir, d’avoir ou de faire.

Quand la culture reste ainsi au palier du pâtre solitaire qui se taille un roseau pour accompagner le rossignol, elle ne pose pas de problèmes critiques. Vite, toutefois, la culture assume elle-même une fonction utilitaire. On est identifié, classé, jugé selon la culture qu’on a et ces connaissances, acquises en principe par plaisir, deviennent le vrai passeport qui vous fait Français, Allemand, Anglais… et aussi un aristo ou un cuistre. On peut aimer ou ne pas aimer Mozart, Xenakis ou les deux, mais par-delà l’émotion esthétique, il y a l’apport à votre image de votre préférence, réelle ou feinte.

Problème, parce que, lorsqu’il s’agit de culture, les objectifs de la société et ceux de l’individu ne sont pas du tout les mêmes. Une société a pour objectif essentiel de promouvoir, chez tous ses citoyens, une connaissance raisonnable du patrimoine commun favorisant l’éclosion et le maintien d’un sentiment d’identité, de fierté et d’appartenance. Pour l’État, l’essentiel de la culture est ce qui fait que ses citoyens se ressemblent et se rassemblent

Pour l’individu, sa culture n’est pas uniquement un plaisir, mais aussi ce qui le distingue des autres, un outil de développement personnel, un atout dans l’émulation qui l’oppose à ses voisins. Son accès à la culture est donc une séquence de choix, préférablement plaisants, mais qui tendent aussi à faire de lui un être unique… et supérieur. Les choix culturels des individus tendent à stratifier une société qui, sur ce plan de l’appartenance, se voudrait égalitaire.

Le problème est indissociable du double rôle dévolu à la culture, mais il s’aggrave et devient critique s’il n’existe même pas un large consensus quant a l’identité que la société veut promouvoir. Identité, le mot est lâché : la culture, c’est le volet acquis, par opposition au volet inné de l’identité. Le racisme ayant rendu inacceptable par contagion tout ce qui est inné, tous ceux qui prônent une identité bien typée n’ont plus que la culture comme légitime champ de bataille. C’est ici que vient la crise. Kulturkampf… au sens large.

Si on veut se refermer sur sa propre identité comme une huître sur sa perle, c’est au palier de la culture qu’il faut agir immédiatement. Avec un parfait chauvinisme ou patriotisme – choisir le mot est prendre parti – il faut mettre en place un système d’éducation qui fera que Dupond restera Dupond, quels que soient sa couleur et ses gènes. Il faut que le système d’information qui, par les médias – sous toutes leurs formes écrite, audiovisuelle, internetique – est le prolongement de l’école et constitue la véritable éducation permanente, y voit sa mission sacrée.

L’État doit, dans ce cas de figure, favoriser le développement de la culture en général, mais chercher à en privilégier certains aspects au détriment d’autres aspects… comme tous les États l’ont toujours fait. Rien d’original, la vie continue avec plus ou moins de franchise.

Si, au contraire, avec les phénomènes migratoires que l’on constate, on veut une société en transformation qui devienne « pluriculturelle » – et toutes les sociétés sont déjà peu ou prou pluriculturelles – le rôle de l’État n’est plus de favoriser une culture, mais de faire le constat quasi-quotidien des choix culturels des sociétaires et de ce que devient ainsi une nouvelle culture sui generis, facilitant par ses actions la genèse de l’ensemble culturel unique que créent ainsi ces choix.

Cet État culturellement impartial doit alors, encore et toujours :

1) faciliter à ses citoyens un accès gratuit à l’apprentissage formel des éléments de connaissance donc ils bâtiront leur culture;

2) mettre gratuitement aussi à la disposition des citoyens les équipements essentiels leur permettant de compléter leur apprentissage et d’étayer leur culture;

3) créer des services d’aide aux travailleurs de la culture et de soutien à la diffusion des produits culturels;

4.) subventionner la consommation des produits culturels, afin que le citoyen puisse jouir d’une gamme plus variée de ces produits culturels que ne le permettrait la seule loi du marché, compte tenu du coût des facteurs de leur production et de l’espérance de gain nécessaire pour inciter à leur création.

Mêmes gestes essentiels a poser, donc, mais si on se donne comme but une transformation de notre culture et donc de notre identité par des apports externes, c’est la culture que les individus ont choisi d’acquérir qui doit recevoir cet appui. Un foulard n’est pas plus moche qu’une cornette. Affaire d’habitude…

C’est la décision fondamentale de changer ou de ne pas changer qui doit être prise. Mieux, celle de changer plus ou moins vite, et dans la trajectoire de nos traditions ou par des sauts dans un hyperespace inconnu. La crise de la culture naît de ce que l’on ne prend pas cette décision. Elle sera résolue quand on l’aura prise et qu’une majorité effective de la population l’aura acceptée.

J’ai fait ailleurs une foule de propositions pour le développement de la culture. Mais sur cette décision préalable je n’ai rien a dire, car nous sommes dans l’univers des émotions et de l’irrationnel. Dans une guerre de religions… Mais il FAUT que le choix soit fait, sans quoi tout s’étiolera faute de soins et notre société n’aura simplement plus une, ni plusieurs cultures valables. Elle en viendra à éviter, comme une source de discorde, tout ce qu’on pourrait appeler culture.

Pierre JC Allard

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362. La crise de la production…en 1 000 mots   11.03. 07

La crise de la production, c’est que, quand l’industrialisation a apporté l’abondance à notre société occidentale, nous avons fait un mauvais choix. L’efficacité croissante des machines pour produire tous les biens matériels suggérait que la capacité de production et la main-d’œuvre soient réorientées vers les activités inprogrammables, celles exigeant créativité, initiative et entregent.

Concrètement, il fallait former la main-d’œuvre à faire ce que les machines ne peuvent pas faire et automatiser au plus vite tout ce qui pouvait l’être : c’etait la voie vers un enrichissement indéfini, simple suite, d’ailleurs, du processus qui nous avait enrichi au cours des deux derniers siècles. Mais il se posait un grave problème…

Avec une production de plus en plus complexe, finie la masse des travailleurs interchangeables ! Optimiser la production des biens et surtout des services exigeait des travailleurs complémentaires, dont chacun pouvait devenir rare à trouver. Le rapport des forces était donc en voie de s’inverser entre capital et travail. La valeur relative de l’équipement baissait au rythme de sa désuétude, accélérée par la vitesse des changements, alors que celle du travail augmentait, pour refléter la capacité de l’homme d’apprendre et de s’adapter à une demande en évolution.

En fait il était évident que l’importance relative du capital matériel, comparée à celle du capital humain, allait progressivement tendre vers zéro, même sa valeur résiduelle apparaissant de plus en plus clairement, à peu de chose près, comme la simple sommesdes coûts du travail requis pour sa transformation en capital fixe !

Le capital investi devenu capital fixe et immuable, qui avait eu l’avantage aussi longtemps qu’il avait eu à satisfaire les besoins de masse d’une population en manque, serait à la merci d’une demande qui tendrait à être saturée. La survie du capital deviendrait dépendante de sa capacité à s’exprimer dans de nouveaux projets, pour satisfaire de nouveaux besoins… avec la collaboration de la créativité, de l’initiative et des connaissances nouvelles, tous apports du facteur « travail »

La valeur économique de la machine allait donc devenir insignifiante à côté de celles de la ressource humaine nécessaire pour créer l’équipement et du coût de formation nécessaire pour en tirer parti au mieux… ce qui changerait ait totalement le rapport des forces entre le capital et le travail. Or c’est sur ce rapport qu’est bâtie notre structure sociale.

À l’origine, avant les machines, celui qui possédait la ressource naturelle – et la force pour la défendre – avait le pouvoir. Avec l’industrialisation, c’est le propriétaire de la machine, la grande mutiplicatrice qui était en position dominante. Position défendue par les forces de l’ordre d’une gouvernance préférablement démocratique, puisque alors infiniment corruptible.

Dans une société complexe et essentiellement tertiaire, c’est le travail – appelons-le désormais compétence – qui allait avoir le gros bout du bâton. Tout le monde n’accepterait pas de bonne grâce ce changement.

Dans cette situation, le capital a eu un choix à faire. Il pouvait accepter cette inversion des rôles et devenir le simple adjuvant de la compétence. Il semblait inévitable que la compétence, qui est en constante progression, devienne plus importante que le capital qui n’est que la représentation de l’apport du passé. Cela eut été la voie normale de l’évolution.

On aurait alors une société d’économie tertiaire de travailleurs professionnels essentiellement autonomes agissant comme entrepreneurs… mais ce serait tout l’ordre social qui aurait basculé, avec les travailleurs au pouvoir, même si ces « travailleurs » autonomes, hyperqualifiés et irremplaçables auraient été alors bien loin du prolétariat de l’imagerie marxiste.

Cela eut été la voie normale de l’évolution.  Mais il y avait un autre choix possble. Reproduire ailleurs les conditions de l’Occident du XIXe siecle, quand les besoins étaient simples et pouvaientt être satisfaits par une production en masse. C’était la situation désormais des marchés émergents, d’Asie d’abord puis du reste du monde.

Le capital, plutôt que de se trouver une nouvelle utilité – ce qu’il avait les atouts pour faire – pouvait choisir de rejouer plutôt la même donne sur un autre tapis vert, avec des conditions similaire à celles qui lui avaient donné son succès : un marché en demande, une main d’œuvre de travailleurs interchangeables, une capitalisation discrétionnaire, puisque la demande est parfaitement contrôlée par le crédit et le coût de la main-d’œuvre déterminé par les seuls besoins d’une demande effective maintenue par l’assistanat.

Il y avait ce mauvais rétrograde è faire choix à faire.. et c’est ce mauvais chois qu’on a  fait. Au lieu d’orienter la production du matériel en Occident vers un mécanisation totale et de garder la main-d’oeuvre «humaine » pour le travail inprogrammable, ce qui aurait été la voie de l’évolution, nos sociétés ont obéi aux diktats du capital. Elles n’ont rien fait pour faciliter le passage de la main-d’œuvre aux fonctions de haut niveau du secteur tertiaire pour lesquelles il existait une demande criante en Occident ; elles n’on rien fait pour mécaniser la production industrielle au-delà des impératifs immédiats de la consommation. On n’a rien voulu prévoir.

Nos économies, au contraire, ont exporté la capacité de production industrielle de l’Occident vers le tiers-monde. Non seulement pour que le tiers-monde satisfasse ses besoins, mais qu’il satisfasse aussi les nôtres. Ce faisant, elles ont créé des structures économiques viciées, irrationnelles, les rendant infiniment vulnérables dans le cas, hélas certain, d’un éventuel conflit avec d’autres entités culturelles.

Elles l’ont fait en dirigeant la main-d’œuvre devenue excédentaire du secteur industriel de l’Occident vers des emplois du tertiaire inférieur ne nécessitant AUCUNE compétence. On a remplacé une main-d’œuvre de techniciens et d’ouvriers professionnels, par une main-d’œuvre de vendeurs de hot-dogs et de démarcheurs de fonds de placements. Une population de fonctionnellement inutiles et d’assistés sociaux

Je suis incapable de trouver dans l’Histoire un précédent, pour ce suicide à froid d’une civilisation, décidant, les yeux grand ouverts, que ce qui viendra après l’espérance de vie des dirigeants en place ne mérite pas le moindre effort. On peut en chercher la cause dans une destruction systématique des valeurs, mais l’examen de cette hypothèse devrait faire l’objet d’un autre article… et n’aurait aucun impact sur la suite des événements. Les dés ont été jetés.

Pierre JC Allard

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363. La crise des ressources naturelles … en 1 000 mots 11.03.14

Si vous croyez que la crise des ressources naturelles est que nous allons en manquer, vous lisez trop les journaux. Bien sûr, l’hypothèse malthusienne est à terme incontournable et, si la population augmente suffisamment, nous finirons bien par manquer de tout, mais ce n’est pas le problème aujourd’hui. Ni celui de demain. Même le pétrole, dont on nous fait le cas emblématique des catastrophiques pénuries à venir, est encore disponible pour des siècles dans le pire des scénarios et les alternatives aux hydrocarbures – nucléaire, éolienne et solaire – seront disponibles à meilleur coût bien avant que cette filière ne soit épuisée.

Il y a bien une crise des ressources, mais elle découle de la baisse de rentabilité à laquelle le capital peut s’attendre, maintenant qu’une production plus complexe donne l’avantage à la compétence sur la simple propriété des équipements et que c’est le travail et non plus le capital qui devient le facteur rare et donc dominant de la production. Ne pensez donc pas une minute que le capitalisme va jeter l’éponge et renoncer à contrôler la société. Il va simplement tenter de continuer sa main mise en se repliant sur la méthode traditionnelle d’exploiter les faibles : l’extorsion.

C’est celle qui était là avant que l’industrialisation ne vienne créer une parenthèse durant laquelle il est apparu possible et plus élégant de faire son blé en produisant quelque chose, et donc de tirer avantage des pauvres en prenant seulement la part du lion du prix d’un vrai service rendu. Comme nous l’avons vu la semaine dernière, cet intermède tire a sa fin ; les puissants vont donc revenir à la situation antérieure à l’industrialisation : exiger une rente sur les matières premières AVANT que la production ne débute.

Supposons que j’ai le contrôle d’une oasis et des hommes armés. Vous êtes un nomade qui arrivez du désert, en route vers Babylone avec des moutons et des chèvres qui ont soif. Je vous permets l’accès à la source et vous me donnez quelques brebis gestantes. Pourquoi ? Parce que je suis là.

Cette exigence s’appuie sur un droit de propriété dont la légitimité est nulle, mais est imposée par la force. On est dans Proudhon et l’extorsion pure et simple. Notez que je suis gentil : je pourrais vous zigouiller et garder les ovins. Ma gentillesse vient de ce que mes hommes armés ne veulent pas faire le chemin vers Babylone. Je ne vous prends donc que quelques bêtes… mais autant que je veux.

La crise actuelle ne vient pas de l’extorsion – qui est là depuis toujours et est tenue pour légitime au moins au moins depuis que le servage a remplacé l’esclavage – mais des dissensions entre exploiteurs.

Encore une fois, prenons le pétrole en exemple, mais le scénario est le même pour toutes les matières premières. Quelques bédouins somnolent, ou écrivent des rubas, sur le sable chaud au-dessus d’une mer d’un liquide visqueux et nauséabond auquel ils ne voient pas d’usage, mais les Anglais, si.

Premiere étape, les Anglais le prennent. Deuxième étape, apparaissent à l’horizon des Russes, puis des Américains, des Français, etc … Tout le monde en veut. Tout le monde se prépare à lancer ses méharis, quand un Arménien futé qui se voudrait Portugais trouve l’idée ingénieuse de donner quelques barils aux indigènes et de se partager le reste entre Européens armés. La paix, c’est bien, la connivence dans l’extorsion, c’est mieux. Si vous passez à Lisbonne, ayez une bonne pensée pour Gulbenkian ; il a sauvé bien des vies.

Avec le temps, l’extorsion par le pétrole est devenue la première source de revenu des riches. Tout le monde a besoin d’énergie et le pétrole est de loin la première et la meilleure source d’énergie. Tout le monde carbure et riches comme pauvres sont donc taxés au prorata de leur consommation en énergie, ce qui est loin d’être bête et n’est certes pas la façon la plus inéquitable de taxer tout le monde au profit de ceux qui taxent. Ceux qui taxent sont ceux qui en ont le pouvoir et qu’ils en aient le bon droit est un autre débat.

Cette rente du propriétaire est immorale. Les ressources naturelles ne peuvent en bonne logique appartenir qu’à l’humanité tout entière et leur valeur ne devrait, en bonne justice, être distribuée qu’entre ceux qui les rendent disponibles, chacun au prorata du travail qu’il a mis à le faire. Dans le monde où nous vivons, cette justice est une utopie.

Dans le monde où nous vivons, toutefois, il ne manque pas de gens pour penser que vivre au-dessus d’une mine ne devrait pas donner un droit au minerai qu’on en extrait, pas davantage que d’avoir le fusil pour en exclure les intrus. CRISE ! Sans le dire, on va donc occuper les mines de l’Afghanistan si on a besoin de la ressource… ou faire sauter ceux qui viennent les occuper si on y est et qu’on n’a pas besoin d’occupants.

Maintenant que le travail veut sa part et que l’extorsion d’une rente sur la matière première est redevenue la meilleure façon de s’enrichir, les querelles entre exploiteurs vont se multiplier. Crise des ressources…

Pierre JC Allard

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364. La crise de la gouvernance … en 1 000 mots   11.03.21

J’ai parlé, il y a quelques semaines, d’une crise de la liberté, les individus s’interrogeant sur la part qu’ils doivent accepter d’en sacrifier pour retirer les avantages de la vie en la société … et en concluant, de plus en plus souvent, que le moins sera le mieux… Au grand péril, bien sûr, de la solidarité qui est l’assise de cette société.

L’individu se méfie – sans doute à juste titre – de l’État tentaculaire, envahissant, qu’il faut mettre à la porte un jour de son bureau et le lendemain de sa chambre à coucher… Mais l’État n’est qu’une des manifestations d’une fonction plus large diffuse dans la société et qu’on pourrait appeler la « gouvernance ».

La gouvernance était là bien avant l’État – elle est l’extrapolation de l’autorité parentale – et il faut se souvenir que l’autorité n’est pas qu’une imposition, mais aussi et surtout un service qui nous est rendu. Un service qui, au palier social, prend la forme d’assurer l’ordre et les échanges de cette myriade d’expertises auxquelles nous donne accès notre choix de vivre en groupe. Le service de décider pour nous quand nous ne pouvons pas ou ne voulons pas décider. La gouvernance, c’est l’expression concrète de l’autorité sans laquelle il n’y a pas de société.

La crise actuelle de la liberté résulte des efforts des libertaires et libertariens pour limiter les pouvoirs de l’État et ils y parviendront, car l’État dans sa forme actuelle est anachronique. Mais l’autorité prendra une autre forme, car c’est son appartenance à un ensemble complexe dont il est dépendant qui pose les vraies limites de ce que l’individu peut faire et cette dépendance ne cessera pas. Il va falloir identifier et délimiter ces autres formes de l’autorité : c’est la crise de la gouvernance.

On va le faire : 1) dans le sens de l’Histoire, et 2) dans le respect accru de l’individu qui correspond à son pouvoir croissant, dans une société où il devient complémentaire et donc indispensable.

1) Dans le sens de l’Histoire, qui est le passage progressif d’un pouvoir autocratique, centripète, basé sur la force brute, la menace et le châtiment vers, un pouvoir décentralisé, basé sur la promesse et la récompense… et sur des alliances en perpétuelle reconstruction. Un pouvoir qu’on dit démocratique, même s’il n’est en fait que collégial. Continuer dans cette voie, c’est remplacer peu à peu l’État jacobin par une mosaïque de pouvoirs, imbriqués les uns dans les autres comme des poupées russes.

C’est créer une société-gigogne qui, à la limite, pourra devenir globale. Une forme fédérative de mondialisation, remplaçant la dictature actuelle des financiers. Une telle structure gigogne ne peut bien fonctionner que si les attributions de chaque palier de gouvernance sont clairement définies et que le droit d’intervention de chaque entité de niveau supérieur sur ses composantes est nul ou réduit à un minimum : contrôle du respect des règles convenues et droit d’appel spécifique en cas d’injustice ou de corruption.

Cette évolution de la gouvernance conduira à la création d’entités gouvernementales (souveraines) de plus en plus nombreuses, mais souveraines uniquement dans le cadre des pouvoirs qui leur auront été conférés et qu’on ne pourra légitimement leur enlever. La constitution d’ensembles comme l’Union Européenne ou une éventuelle Amérique mènera à l’autonomie croissante, puis à ce qu’on appellera l’indépendance de leurs constituantes. Corse, Catalogne, Québec libres….

Au sein de ces entités devenues souveraines, d’autres entités de plus en plus autonomes se constitueront dans toute la mesure permise par le bien commun, ce qui prêtera naturellement à interprétation… Gaspésie libre, Abitibi libre… Montréal libre ? On peut aller loin quand on parle d’entités « souveraines uniquement dans le cadre des pouvoirs qui leur ont été conférés ». C’est toujours la solidarité qui reste le critère… et l’intelligence d’en voir les avantages qui demeure la clef.

2) La gouvernance évoluera aussi dans le sens du respect accru de l’individu qui devient indispensable et donc de sa volonté qui devient incontournable. Quelles que soient les entités gouvernementales qui se forment et leurs sous-ensemble dans un monde-mosaïque, chacune ne pourra exister durablement que si en font partie ceux-la et ceux-la seulement qui veulent en faire partie. Chacune ne pourra avoir d’autre autonomie ou souveraineté que celle que voudront ses citoyens.

Concrètement, les citoyens qui se sentent un sentiment d’appartenance se donneront un structure qui correspond à leur aspiration commune essentielle, acceptant que l’entité qu’ils ont ainsi créée s’intègre pour d’autres fins à un ensemble plus vaste, au niveau duquel eux et ceux auxquels ils se sont ainsi joints seront aussi gouvernés. Gouvernés de leur plein accord, selon les lois dont ils auront convenus qu’elles ne contredisent pas les exigences essentielles découlant de leur sentiment d’appartenance initial.

Ainsi, au Canada ou en Belgique, les questions économiques peuvent être gérées par la fédération, mais celles comme l’éducation, la radio-télévision ou l’immigration qui ont des conséquences culturelles évidentes ne devraient pas l’être. A appliquer mutatis mutandis au Pays Basque, à l’Ukraine… à l’Inde, à la Chine et à presque tous les pays d’Afrique… Mais c’est aux citoyens eux-mêmes qu’il faudra accepter de laisser le choix de leurs appartenances

Et ce n’est qu’un début. La gouvernance n’atteindra sa maturité définitive et sa vraie légitimité, que quand les États souverains, faisant une place aux marginaux et dissidents, accepteront qu’en leur sein se constituent des associations auxquelles les citoyens mêmes délégueront des pouvoirs quasi-régaliens. Des associations qui puissent imposer à leurs membres les règles que ceux-ci acceptent, l’État s’engageant à n’intervenir que pour s’assurer que ces décisions ont été prises librement, après quoi il les fera respecter comme si elles étaient les siennes. On y viendra par étapes.

Cette évolution est souhaitable et inévitable. On ne peut pas vivre en société sans gouvernance, mais on peut et on doit, dans toute la mesure du possible, donner a chacun le choix de sa gouvernance. Le dire aujourd’hui est tabou et anathème car, les opposants voient « Chari’ya » écrit sur le mur. Mais ce n’est pas en brimant la liberté qu’on peut lutter contre l’obscurantisme ou une foi.

Pierre JC Allard

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365. La crise de l’environnement… en 1 000 mots   11.03.28

Crise de l’environnement ? Oui. Le mot est à la mode et nous avons été bien négligents. Quand un amas de détritus de la taille d’un continent flotte sur le Pacifique, que les forets disparaissent plus vite qu’on ne les remplace, qu’un nuage de pollution couvre la plupart de métropoles du monde et que l’on peut se demander sérieusement si, dans un siècle, nous aurons assez d’eau potable pour nos besoins, on peut parler de crise.

On peut en parler, mais n’avez-vous pas la vague impression que quelque chose sonne faux ? Non, nous ne détruirons pas cette planète ; elle en a vu d’autres. Nous pourrions la rendre inhabitable, mais il faudrait multiplier notre action néfaste par quelques ordres de grandeur. Sommes-nous si bêtes ? Sans doute pas…. Est-ce qu’on voudrait nous faire peur ?

Bien sûr, il faudrait arrêter de polluer l’environnement et de gaspiller inutilement, nos ressources, mais les solutions sont simples, évidentes, faciles à appliquer. N’est-ce pas abusif de nous présenter la sauvegarde de l’environnement comme LE défi de société de notre époque, alors qu’il ne s’agit en somme que d’un bon nettoyage à faire et de bonnes habitudes à prendre que nous aurions dû prendre il y a déjà longtemps ?

Abusif et trompeur. Je m’inquiète que les actions prises pour règler les indéniables problèmes de l’environnement soient si ostentatoirement accompagnées des confiteors des marches de pénitents. A-t-on maltraité Gaia ? A-t-on abusé de notre planète ? Devrons-nous expier ? Va pour une prise de conscience, mais je n’aime pas tellement cette vision transformée d’une nature qui n’est plus à notre service, mais nous au sien ; j’entends les bruissement de bannières qui précèdent les croisades. J’ai bien peur qu’on ne nous manipule…

Mon scepticisme monte, quand je vois l’invraisemblable saga de contradictions qu’est devenue la théorie du réchauffement de la planète causé par notre utilisation des énergies fossiles. Une théorie dont la raison d’être semble être le suspense qu’elle engendre plutôt que les solutions qu’elle suggère. Car soyons sérieux, si cette menace et ses effets cataclysmiques annoncés étaient avérée, les alternatives d’énergie propre sont connues, évaluées et leur application bien en deçà de nos possibilités techniques et économiques. N’agirions-nous pas sans délai ? Comparer cet atermoiement à la réaction démesurée au pétard mouillé de la H1N1…

Nous ne procédons pas aux changements qui seraient – peut-être – requis, pour contrer le réchauffement de la planète, parce que la science, ici, nous a laissés tomber. D’une certitude à son contraire, les scientifiques nous ont déçus, en donnant tous les signes de se vendre aux plus offrant. A-t-on vraiment un réchauffement de la planète… ou une bataille médiatique et politique titanesque pour des enjeux trillionnaires, entre un lobby vert et celui des hydrocarbures ? Je m’inquiète, car vraie ou fausse, cette crise de l’environnement peut en susciter une plus profonde, touchant la destinée humaine.

Depuis que l’humanité a commencé sur deux pattes son long trek vers on ne sait trop quoi, il n’y a vraiment eu accord entre nous humains que sur une seule chose : aller de l’avant. Si, pour des motifs divers, mais dont on a des raisons de douter de la bienveillance et de la sincérité, on réussissait à nous convaincre aujourd’hui d’inverser nos valeurs, d’accepter que moins devient mieux, qu’il est préférable d’être petit que grand et que tout pas dont on ignore où il nous mène est une « fuite en avant »…. il resterait quoi comme finalité à l’épopée humaine ? Le Ciel ou le lotus ?

Avec 1 milliard d’humains sur cette terre qui croupissent dans une misère abjecte et un autre milliard dont la vie ne consiste qu’à survivre, est-ce vraiment le moment de se demander si on ne devrait pas y aller plus mollo sur le développement ? Il faudrait échapper au battage publicitaire environnementaliste et se mettre d’accord sur ce qui pollue et détruit inutilement … et ce qui est progrès, même si ce progrès a son prix.

On parle trop, la bouche en cœur, de réduire notre consommation d’énergie et donc de ralentir le rythme de notre développement. C’est un langage qui m’irrite, surtout il est tenu dans des réunions populistes et n’est pas collé à des propositions chiffrées. L’Américain moyen aujourd’hui consomme ONZE FOIS plus d’énergie que le Chinois moyen. Pense-t-on une minute qu’on va diminuer la consommation de l’Américain au niveau de celle du Chinois ? Bien sûr que non ! Veut-on, sans le dire, faire en sorte que le Chinois n’ait jamais le niveau de vie de l’Américain ? Dangereuse croisade…

Le consensus actuel n’existe que sur la volonté de freiner le progrès des autres ; le sien propre, jamais. On peut, dans un double bluff « à la Kyoto », prétendre n’imposer les contraintes qu’aux pays développés… mais c’est une pirouette grossière, car comment même imaginer ce scénario de conte de fées, d’un monde industrialisé qui stagnerait volontairement pendant des décennies, en attendant que ses concurrents du tiers-monde l’aient rejoint en production et richesse ! Absurde.

Personne ne le croit, personne ne s’y attend. On en parle pour passer le temps, pendant que les Verts se positionnent, laissant aux pétroliers et à leurs alliés le temps de rentabiliser un peu plus leurs investissements et de trouver une niche aux pays producteurs d’énergie fossile. La seule question – mais qui fait débat, car elle vaut d’innombrables milliards – c’est : « On passe au vert quand ? Dans 5, 10 ou 20 ans ? »

Si, sans croire qu’il soit en péril de mort imminent, on veut protéger l’environnement, il faut proscrire le bavardage sur la baisse de la consommation d’énergie : l’humanité ne choisira pas la régression dans la pauvreté. On doit consacrer tous les efforts au passage accéléré à la production d’une énergie propre : solaire, éolienne, géothermique, nucléaire. Fin de la crise.

Cette solution équivaut à une victoire du lobby vert, dont les objectifs sont très probablement aussi égoïstes et sordides que ceux des pétroliers… mais dont les conséquences pour l’environnement sont plus acceptables. Gaia ne vous dira pas merci, elle s’en fout. Mais NOUS, nous vivrons mieux.

Pierre JC Allard

366. La crise de l’armée… en 1000 mots   11.04.04

Il y a une crise de l’armée, parce que nous n’aurons plus les guerres que nous avions. Nous ne les avons déjà plus vraiment. La guerre traditionnelle opposait deux États ou groupes d’État ayant des intérêts opposés et qui, se jugeant de forces égales, décidaient d’en découdre sur le champ de bataille, le vainqueur imposant sa loi au vaincu. Ce scénario est devenu ridicule : un sujet d’opérette ou le fantasme d’un cerveau fêlé. Ce type de guerre n’aura plus lieu.

Pas parce que la guerre est abominable ­ elle l’a toujours été – mais parce qu’elle constituera de moins en moins un projet rentable pour ceux qui ont le pouvoir de la faire. Historiquement les guerres servaient, soit à asservir des populations et à tirer profit de leur travail, soit à occuper des territoires, pour des fins stratégiques ou pour en tirer des ressources rares, soit à détruire un rival commercial. Or ces trois (3) motifs de faire la guerre sont aujourd’hui disparus.

D’abord, dans un monde où la main-d’oeuvre est surabondante et où aucun travail signifiant ne s’accomplit sans une grande motivation du travailleur, gérer une population conquise occasionne des frais qui dépassent largement le profit qu’on peut tirer de son exploitation. Dans le meilleur des cas, l’envahisseur a sur les bras une multitude pauvre et incompétente qu’il faut nourrir ; dans le pire, son invasion peut susciter une guérilla et une résistance interminable.

Ensuite, l’occupation du territoire par conquête est devenue désuète, depuis qu’il a été bien compris que l’on peut se garantir l’accès aux ressources rares dont on a besoin, sans s’embarrasser du reste, par la simple corruption des potentats locaux. Il suffit d’encadrer les forces armées de ces derniers de « conseillers » et, au besoin seulement, de quelques bataillons d’élites, si ces forces locales s’avèrent trop ineptes ou déloyales pour protéger le périmètre absolument nécessaire à la cueillette de ces ressources.

Enfin, l’élimination des rivaux commerciaux se fait maintenant par des embargos sur les approvisionnements, des contraintes à la distribution ou, plus proprement encore, par de simples prises de contrôles sur les marchés boursiers. Occuper la Ruhr, au vingtième siècle, était encore essentiellement la tactique de Rome détruisant Carthage. Aujourd’hui, les procédures ont changé. Mittal n’a pas pris Arcelor à la tête d’une horde de cavaliers en turbans.

Il ne reste désormais que deux types de « guerres » qui, même si elles en entraînent toutes les horreurs, ne sont pas vraiment des guerres. Le premier type résulte d’une querelle entre petits pays dont les moyens sont dérisoires au vu des capacités militaires modernes. Il suffit qu’une force supérieure crédible intervienne pour que les hostilités cessent et c’est cette force supérieure qui départagera les prétentions des parties : c’est l’Éthiopie contre l’Érythrée ou la Somalie. Le deuxième type de conflit suppose une telle disparité des forces en présence que le résultat n’est jamais en doute. Ce sont les USA envahissant Panama et Granada, ou Israël attaquant le Liban et Gaza.

Ces deux types de « guerres » ne sont pas vraiment des guerres, puisque ce n’est pas la force des armes qui en déterminera la conclusion. Dans un cas comme dans l’autre, l’action militaire des protagonistes n’est qu’une amorce, une simple péripétie. Pour les conflits de ce type, le déroulement de l’intrigue ne prévoit pas la victoire d’une armée sur les champs de batailles, mais l’intervention en temps opportun d’une tierce partie, normalement une force des Nations Unies, de l’OEA ou de l’OTAN, qui viendra jouer le rôle d’une police. « Opération de police » est d’ailleurs l’expression maintenant acceptée pour désigner les interventions de forces internationales qui viennent séparer les belligérants et rétablir l’ordre public devenu l’ordre international.

Très bientôt, la gouvernance mondiale, qui de fait existe déjà, assumera formellement son rôle. On prendra acte que dans ce monde unifié les ennemis, par définition viendront tous de l’intérieur et que tout conflit armée sérieux sera de plus en plus une guerre civile ou une rébellion. Pendant que, sur le plan international, l’armée actuelle fait de plus en plus la police, toute police au sein des États actuels – et à plus forte raison dans un État unifié – devra se préparer à affronter des adversaires qui justifieront qu’elle ait les moyens et les caractéristiques d’une armée.

Il apparaît donc opportun de transférer rapidement vers la police les ressources et les méthodes de l’armée. Parler de crise est ici une formule de style. Transformation rapide serait plus exact, car il n’est pas inévitable que cette transformation suscite des opposition. On adaptera à la police la problématique de l’armée, mais avec des contraintes et des restrictions, naturellement, puisque l’adversaire n’a pas ici à être détruit, mais seulement subjugué et éventuellement ramené dans le droit chemin. On le fera avec d’autant plus de retenue que, l’affrontement n’ayant pas lieu en territoire hostile, mais chez soi, il faut limiter les dégâts.

On est déjà à vivre cette transformation. L’un des dangers qui perle, particulièrement en Amérique Latine, est une attitude qu’on pourrait dire fascisante, au sein de certaines armées de métier surtout, qui les pousse à se percevoir comme une caste et donc un corps étranger et à se conduire alors même à domicile comme en pays conquis. Cette attitude PEUT être modifiée. L’armée populaire de Mao Zedong en a été un exemple historique remarquable et on ne peut que constater l’impartialité politique qu’a respectée impeccablement l’Armé Rouge quand l’URSS s’est disloquée. Une réserve qui dure toujours.

Ce danger du fascisme est là, mais il y a en revanche, des avantages non négligeables à ce qu’on pourrait appeler un « militarisation » des corps policiers. L’ armée a eu historiquement un sens de la discipline et du devoir ainsi qu’une résistance à la corruption supérieure à celle des policiers qui perçoivent parfois leur engagement comme passager. On devrait certainement s’inspirer de la formation militaire pour celle des policiers. Cette « crise » sera de celles dont on peut attendre qu’elles apportent surtout du bien.

En attendant il y a les dernières aberrations. Celle de l’Iraq, l’Afghanistan encore plus bête et maintenant la Libye qui tourne a la sanglante bouffonnerie… ce dont assez de gens prennent conscience pour nous en protéger peut-être d’une escalade.

Pierre JC Allard

https://nouvellesociete.wordpress.com/2008/09/02/securite-police-et-armee/

367. La crise de l’information… en 1 000 mots   11.04.11

Vivre en société a permis à l’homme la division du travail et l’apprentissage en commun: les deux grands pas en avant qui ont accéléré son évolution. La condition essentielle de cette évolution a été la diffusion de l’information. L’information est le sang d’une société, la communication sa circulation. Une société a un besoin essentiel d’information qui va croissant au rythme où le changement s’y accélère et où les échanges s’y multiplient.

On communique, dans une société, mais émetteurs et récepteurs ne sont pas sur un pied d’égalité. L’auditeur ne peut toujours écouter qu’un seul message à la fois, mais le locuteur peut s’adresser à plusieurs, ce qui est bien utile pour l’ordre et le développement de l’autorité; celui qui parle à le pouvoir et c’est celui qui a le pouvoir qu’on écoute.

Les moyens modernes de communication, cependant, ont tant exacerbé cette inégalité entre la capacité de dire et d’entendre que le citoyen moderne se contente souvent d’écouter. « Informer » — qui est une source cruciale du pouvoir — a été récupéré politiquement par l’État pour devenir propagande et par la structure économique dominante pour devenir publicité. Une situation qui n’est idéale ni pour la propagation des connaissances et donc le progrès de l’humanité ni, surtout, pour l’exercice honnête de cette forme de gouvernance qu’on appelle démocratie.

Elle est Idéale, toutefois, pour l’exercice d’une forme autoritaire de gouvernance. Celle qui peut reposer sur la manipulation de l’information et qui permet donc de respecter la forme extérieure de la démocratie, sans que les citoyens ne s’écartent jamais des choix qu’on veut qu’ils fassent, puisque ces choix sont les seuls qu’ils puissent raisonnablement faire à partir de la vision du monde qu’on leur a transmise.

C’est ce système de démocratie « médiatique » qui prévaut dans nos sociétés occidentales. Cette forme efficace de gouvernance a été compromise par l’avènement de l’Internet qui passe le micro à tout le monde. Le doute s’est installé. Ainsi, le résultat des récentes élections municipales à Montréal, qui a reconduit au pouvoir une administration qui sue la corruption par tous ses pores. Une remise en question s’impose.

L’explication rassurante de ce qui s’est passé à Montréal est qu’il ne s’agit que d’un vice de fonctionnement : les voix du bien contre le mal se sont divisées et un scrutin à deux tours aurait résolu ce problème. Vous croyez ? Peut-être, mais il y a une explication plus brutale. Celle que la population voit le processus démocratique comme une manipulation, ne CROIT plus à la démocratie … et ne vote plus. C’est hélas le raisonnement que semblent avoit fait plus de 60% des électeurs

Le système peut réagir à ce défi par un contrôle plus strict de l’information, ou par une gestion plus pointue des réactions à la transparence. Dans le premier cas, il faut une censure de plus en plus difficile à exercer et une montée progressive de l’autoritarisme. Dans le second, une pression est simplement exercée sur l’interprétation des faits, ce qui équivaut à une transformation ciblée, plus ou moins subtile, des critères éthiques eux-mêmes. Je ne porte pas de jugement sur la valeur morale de cette option.

Il existe une troisième option, qui serait que le pouvoir veuille s’adapter à la volonté populaire, mais elle est trop improbable pour que l’on perde ici du temps à en discuter. Je pose donc l’hypothèse que la seconde solution sera retenue et que le système préférera s’en remettre à sa capacité de parfaire ses mécanismes de manipulation, plutôt que de risquer une dérive ostensible vers le dictatorial.

Si on accepte cette hypothèse, une nouvelle structure d’information peut et doit être mise en place, qui soit manipulable au palier des interprétations, mais désormais VRAIE quant à son contenu objectif et parfaitement transparente. Dans une société technologiquement avancée comme la nôtre, cette structure pourrait être celle décrite ci-après et dont les éléments seraient ceux qui correspondent aux exigences du processus d’information lui-même. Je n’en donne ici que le schéma.

D’abord, il faut capter l’information à sa source, aussi exhaustivement que possible, puis que celle-ci soit universellement diffusée Elle doit alors pouvoir faire l’objet d’une contestation et d’une réponse de la part de tous ceux auprès desquels elle l’a été, ce qui en garantit la véracité et l’authenticité. Cueillette et contrôle exhaustifs exigent que tout le monde ait accès au micro. Quiconque apprend quoi que ce soit doit pouvoir le transmettre librement à tous sans censure, sous réserve d’en porter le responsabilité devant la loi.

Cette liberté d’informer génère une masse énorme de renseignements. Il faut donc que l’information transmise soit organisée et structurée, que les principes de son organisation soient connus de tous et fassent eux-mêmes l’objet d’une diffusion universelle prioritaire. On doit enseigner à trouver l’information avec la même urgence qu’on met à enseigner à lire. Ne pas le faire est une manoeuvre pour garder le peuple dans l’ignorance.

Le véhicule nécessaire et suffisant pour transmettre cette masse d’information est l’Internet. Comprenons bien que rien ne doit interdire que qui que ce soit puisse aussi publier quoi que ce soit, sur Internet ou sous tout autre format, mais tout ce qui est information publique doit être publié par l’État sur Internet. C’est là que s’exprime le droit de l’individu à l’information, droit auquel correspond une responsabilité de l’État d’informer.

L’État s’acquitte de cette responsabilité en posant deux (2) gestes : a) Il fournit à tous les citoyens un accès individuel ou collectif gratuit à Internet ; b) il gère le processus de publication et de structuration de l’information. À quelques restrictions près concernant le respect de la vie privée et la sécurité publique, tout doit être publié. À l’individu de juger par la suite si l’information qu’il reçoit d’autres sources confirme ou contredit celle qu’il reçoit de l’État, auquel cas l’État doit avoir des comptes à rendre.

Dans cette structure, tout le monde peut et devrait être un joueur amateur ; c’est ce qui en garantit la crédibilité. Chacun peut jouer comme reporter apportant des faits bruts, comme journaliste les mettant en contexte et les agençant impartialement pour leur donner un sens objectif, ou comme chroniqueur pour les interpréter et aider chacun à se former une opinion personnelle. Mais à ce jeu, doivent aussi intervenir des professionnels.

Il doit y avoir des reporters de métier, des investigateurs professionnels – autonomes ou regroupés en agence de presse. Il doit y avoir des journalistes chevronnés, capables d’expliquer le sens de ce qui se passe et aussi des chroniqueurs, des experts qui peuvent faire les liens et façonner l’opinion publique en influençant, pour le meilleur ou pour le pire, ceux qui leur font confiance. Ces professionnels doivent être rémunérés. Comment ? Par le biais d’une structure à trois (3) volets.

a) L’État doit créer une agence de presse où travailleront ceux qui veulent se faire un métier de chercher l’information et, au premier chef, ceux qui le font déjà pour les agences ou les médias traditionnels. On réglera avec leurs syndicats les conditions de leur embauche et de leur rémunération. Leur nombre et ces conditions évolueront et nous verrons ci-après comment c’est le public qui en sera le juge. Leurs contributions sont publiés à l’état brut.

b) L’État doit créer une « rédaction » ou salle de presse, à laquelle se joindront tous les journalistes de tous les médias qui choisiront de le faire. Chacun pourra au départ se faire reconnaître dans un ou quelques domaines de spécialité ou d’expertise et sa tâche consistera à écrire sur les sujets de cette compétence à partir des données brutes que fourniront les agences de presse et reporters autonomes, amateurs ou professionnels. Chacun pourra aussi écrire sur tout autre sujet, mais son statut comme auteur sur ces sujets sera celui d’un amateur et non d’un professionnel.

c) L’État doit créer enfin un « aréopage » de chroniqueurs, dont il est entendu que la tâche consiste à émettre des opinions en s’appuyant sur les faits bruts et sur l’interprétation des faits par les journalistes. Les chroniqueurs peuvent être biaisés, mais leur réputation dépendra de leur sincérité à admettre qu’ils le sont. Participeront au départ à cet aréopage les chroniqueurs les plus populaires des médias actuels, mais c’est le verdict populaire qui en modifiera vite la liste:

Que doit-on publier ? TOUT. Quand on ne pense plus papier mais pixels, ce qui peut être publié sur un site de l’État – qui pourrait s’intituler simplement « Information» – n’est plus limité que par ce qu’il est possible de structurer efficacement. Tout ce que publient les reporters, journalistes et chroniqueurs, amateurs aussi bien que professionnels est publié et demeure indéfiniment accessible.

C’est le positionnement, cependant, qui détermine la visibilité relative des nouvelles. Au « Fil de presse » les nouvelles apparaissent par ordre chronologique. Dans la section « Nouvelles », c’est un comité des journalistes qui choisit la préséance d’apparition des articles et leur positionnement de parution de départ, sur une page générale et sur les pages spécialisées qu’on jugera bon de créer. Dans la section « Chroniques », c’est la popularité du chroniqueur au cours de la semaine précédente qui détermine le positionnement initial de ses articles.

Une heure plus tard, cependant, c’est le nombre des lectures qui déterminera le repositionnement d’heure en heure par la suite des articles et des chroniques, selon le nombre de demandes de lectures qu’elles ont reçues dans leurs sections respectives

Les reporters, journalistes et chroniqueurs professionnels devraient toucher un salaire de base auquel s’ajouteraient des primes selon le nombre de demandes de lecture qu’auraient suscité leurs textes. Tout le monde peut, à sa demande, être publié dans « Information », sans préjudice à son droit de publier lui-même sur internet.

Les « amateurs » seront aussi rémunérés. Pour chacune de leurs contributions, ils recevront une prime plus modeste, mais au prorata de la rémunération d’un professionnel de la même catégorie – nouvelles ou chroniques – ayant reçu un nombre identique de lectures. Un index alphabétique de tous les auteurs d’articles, amateurs comme professionnels nous donnerait la liste des textes qu’ils ont publiés et nous dirait aussi combien chacun a eu de lecteurs.

Cette forme d’autogestion de l’information par les professionnels de l’information eux-mêmes semble la façon la plus pratique d’en assurer l’impartialité, mais il faut y ajouter un contrôle citoyen. La gestion de la publication et diffusion des textes doit donc dépendre d’une Régie autonome de l’Information, sous l’égide d’un « Conseil de presse ».

Ce Conseil consistera en deux (2) sections. La première sera composé de douze (12) citoyens, élus pour la durée d’un mandat (5 ans) renouvelable à l’occasion de chaque élection générale et la seconde de trente (30) citoyens choisis au hasard pour un mois. Ces derniers seront rémunérés pour leur peine à leur revenu actuel plus 15 % et jouiront à la fin de leur mandat du droit inconditionnel de réclamer de leur employeur leur réintégration dans leur fonctions précédentes.

Toute décision du Conseil de presse doit l’être à la majorité de chacune des deux (2) sections. En cas de désaccord, c’est le Tribunal qui tranchera immédiatement et toutes affaires cessantes, tout appel étant entendu lui-meme avec la même priorité.

Nul travailleur de l’information ne sera forcé de se joindre à « Informations », mais on peut supposer que les travailleurs de Quebecor en lock-out – et ceux de Gesca qui pourraient l’être bientôt – trouveraient avantageux d’accueillir cette proposition. Au gouvernement de décider comment il devrait dédommager les journaux et groupes de presse actuels auquel rien n’interdira de poursuivre leurs activités, mais dont il est clair que celle-ci seront perturbées par l’arrivé de ce nouveau media plus crédible… et gratuit

Surtout que, sur le site « Information », il n’y a pas d’autre publicité que celle gratuite, considérée d’intérêts publics. La diffusion de l’information facilitant l’accès des consommateurs aux produits offerts sur le marché est traitée autrement. J’en parle ailleurs – voir le lien – car c’est un tout autre sujet.

Je suis conscient que cette proposition est bien dérangeante et écrase de gros doigts de pied. À peu près tout sera fait pour qu’elle ne soit jamais mise en place. Si vous croyez qu’elle devrait l’être, il faudra donc que vous vous battiez pour qu’elle le soit. Transmettez la RAPIDEMENT à tous les sites et à tous les médias que vous connaissez. Si vous le faites, il y a une chance, seulement une chance, que j’en vois la réalisation de mon vivant.

Pierre JC Allard
(NB: ceci est le dernier de mes articles pré-programmés pour mon hiver au soleil. La semaine prochaine je reviendrai live. En attendant… https://nouvellesociete.wordpress.com/2011/04/09/elections-canadiennes/

368. Cuba, vue sur place   11.04.18

Le 16 avril 2011 marque le 50e anniversaire de la tentative avortée d’invasion de Cuba par les mercenaires à la solde des USA et du ralliement du régime castriste au clan socialiste. Il es symbolique que débute aussi  ce même jour le 6e Congres du Parti communiste de Cuba. Il y a des bilans à faire, des leçons à en tirer et des virages à prendre:  le monde n’est plus ce qu’il était.

Les médias occidentaux veulent naturellement présenter tout changement au modèle cubain comme un acte de repentance et la preuve d’une reconnaissance de la supériorité de la vision du monde made in USA.  Rien n’est plus faux.   La plus grossière fausseté est de faire abstraction du processus démocratique qui a présidé à élaboration des changements proposés.  J’étais présent a Cuba pendant que s’y déroulait un processus de consultation populaire quasi référendaire de novembre 2010 à février 2011, avec 8 000 000 d’opinions diverses exprimées sur des centaines de sujets touchant tous les aspects du fonctionnement de l’État.  Aucun exercice de cette nature ni de cette envergure n’a été tenté aux USA ni dans aucun pays occidental.   Ce qui va changer à Cuba sera ce que la population souhaite qu’il soit changé.

La part sera faite plus belle à l’entreprise privée et donc à l’initiative, sans sacrifier la sécurité, ce qui me réjouit:  il y a trente ans que je dis que l’avenir ne sera ni capitaliste ni socialiste, mais sous le signe de l’entrepreneuriat, avec comme filet sous le trapèze un régime de travail-revenu garanti.  Cuba n’y arrivera pas demain, mais prend la bonne direction… ce qui n’est pas le cas de nos régime dits « démocratiques », avec des inégalités qui augmentent et un processus électoral si manipulé et corrompu qu’il ne vaut plus qu’on y participe.

L’autre grand mensonge est celui de la « faillite » de l’expérience cubaine, laquelle au contraire, malgré l’incessant sabotage de son économie par l’embargo américain et le lavage de cerveau de sa population par une propagande incessante, a marqué des points de match dans les cinq (5) dossiers qui sont aujourd’hui les grands défis des sociétés contemporaines.  1. LA NUTRITION – 2. L’EDUCATION  –  3. LA SANTÉ – 4. L’HABITAT – 5. LA SÉCURITÉ

1. Quand le régime castriste a pris le pouvoir, un rationnement  et des centres de distributions des produits essentiels à prix subsidiés ont vu à ce que tous puissent manger. Aujourd’hui le problème est si résolu que ces mesures sont devenues désuètes et que l’un des changements proposés au présent congrès est qu’elles soient supprimées. ( J’étais personnellement un peu mal à l’aise d’acheter des pains à 2 centimes (0,02$)

2. Tous les Cubains on accès à une éducation gratuite à la mesure de leur talent et de leur ambition. Le taux d’alphabétisation est plus élevé qu’aux USA et la moindre conversation avec qui que ce soit, dans n’importe quel village de l’Ile. indique que le citoyen moyen y a une culture plus large et une compréhension du monde incomparablement supérieure à cette de l’Américain moyen.

3.  J’ai eu quelques problèmes de santé à Cuba. Je témoigne que l’accès a un spécialiste comme a un omnipraticien, pour un diagnostic ou des traitements, y est infiniment plus rapide qu’au Québec et j’ai vérifié discrètement qu’un Cubain décrivant les mêmes symptômes était reçu dans les mêmes dèlais – 24 heures – qui m’avaient été fixés comme étranger.   Les soins reçus étaient de première qualité, tel que l’ont constaté des médecins québécois qui en ont fait le suivi a mon retour.  Cela n’a rien de surprenant, si on comprend que ses ressources médicales, éducatives et d’ingénierie sont pour Cuba UN PRODUIT D’EXPORTATION.  L’apport de Cuba à l’éducation et a la santé du Venezuela ne sont pas sans liens avec le pétrole que Cuba reçoit du gouvernement Chavez.

4.  Il n’y a pas d’itinérants a Cuba.  Cela ne veut pas dire que la question du logement soit résolue: on trouverait preneurs pour 100 000 logements à Cuba et quiconque investirait quelques milliards de dollars à en bâtir ferait une extraordinaire affaire.  Mais  jouer la carte de la solidarité a permis d’éviter le pire: personne ne dort sous les ponts … alors que le pire est la réalité quotidienne dans TOUS les autres pays d’Amérique … incluant, depuis la crise financière, les USA eux-mêmes où depuis des mois des familles vivent ….dans leur voiture !

5. J’ai déambulé systématiquement dans tous les quartiers de La Havane, non seulement sans être agressé, mais sans même y éprouver la moindre crainte.   Il y a des pickpockets à Cuba et je ne laisserais pas mes valises sans surveillance comme on peut souvent le faire au Japon, mais le crime de violence est rarissime, même si la présence policière est discrète et en fait, invisible.  Pour une comparaison avec le El Salvador, le Mexique ou le Honduras où j’ai aussi résidé, lisez quelques journaux…

La vérité, c’est que les cinq problèmes les plus graves qui confrontent le tiers-monde ont trouvé une solution à Cuba.

Il faut donc remettre en perspective la « pauvreté » de Cuba… Je suis loin d’être convaincu que, connaissant les faits réels, une majorité des latino-américains ne préfèreraient pas une société « a la cubaine » à celle qu’on leur a créée, avec une démocratie qui n’est qu’un leurre, des projets de société qui sont des pièges à cons et une dislocation sociale  qui ne peut qu’aller de mal en pis.   En fermant la porte et ses volets sur Cuba, il semble bien que ce soit sa propre turpitude que l’Amérique veuille cacher.

Cuba n’est pas une société idéale; il y manque l’initiative. Mais si l’on considère toutes les variables, il serait plus facile et bien plus rapide de bâtir un monde meilleur en corrigeant les imperfections du modèle cubain qu’en cherchant à rafistoler le nôtre.

Pierre JC Allard

369. Tuer le système   11.04.26

Le systeme de gouvernement que nous avons au Canada ne va plus. Il y a mille choses à faire pour la santé, l’éducation, la justice, la redistribution du travail et de la richesse, maintenir la paix dans le monde, mettre fin à la misère dans un société globale d’abondance et rebâtir TOUT DE SUITE  une structure monétaire et financière stable avant que tout ne s’effondre. On ne les fait pas.

Mille choses à faire, mais l’oligarchie au pouvoir n’acceptera pas de bon gré la réforme d’un ordre social privilégiant les forts et les nantis en fonction directe de la force et de la richesse de chacun. La plupart de ceux qui comprennent le fonctionnement du Système admettent discrètement que celui-ci va vers sa perte, mais une majorité effective de nos dirigeants se plaisent encore à penser que le déluge ne commencera que le lendemain de leurs obsèques. Si on veut entreprendre la transformation de nos institutions, il faudra le faire en opposition au Pouvoir et donc créer d’abord un large consensus contre l’ordre établi.

Qu’on ne rêve surtout pas que ce consensus se bâtira autour d’un ensemble complexe de propositions, comme le Programme pour une Nouvelle Société, par exemple. Le consensus large qui engagera le processus de renversement du Système n’est possible que s’il présente une seule revendication. Une seule. Il faut frapper un seul coup fatal à la jugulaire du Système

Cette revendication doit être extrêmement simple – donc facile à comprendre – et immensément populaire. Il faut que le Système ne puisse la rejeter, mais que, l’acceptant, il ouvre la porte à des changements irréversibles. Y a-t-il une revendication qui puisse satisfaire à ces deux (2) exigences?  OUI. C’est celle d’instaurer une véritable démocratie. C’est au nom de la démocratie et sur le terrain de la réforme des institutions démocratiques qu’il est possible d’établir un vaste consensus contre l’ordre établi.

Qu’est-ce qui permet de penser que l’on puisse réussir ce coup de force? La conjoncture de deux (2) faits dont résulte une situation explosive. Le premier, c’est que pour lutter efficacement contre le fascisme et le communisme à la fois, le système a si totalement conditionné la population à vénérer le mot  “démocratie” qu’il s’est piégé à ne pouvoir la lui refuser. Le second, c’est que  la démocratie a été si ostensiblement mise au rancart, que tout le monde peut constater qu’elle n’existe plus.

La démocratie n’existe plus, car nous avons rompu avec l’idéal du citoyen se prononçant sur les grandes orientations de la société et confiant à ses représentants le mandat de réaliser ses voeux. Ce que nous avons, désormais, c’est une structure politique pseudo-démocratique à trois volets d’importances bien inégales.

En première ligne de la pseudo-démocratie actuelle, il y a le député, devenu désormais sans importance réelle. C’est pour lui que l’électeur vote et c’est lui, en principe, le représentant de l’électeur. En fait, cependant, l’électeur doit voter à la fois pour un candidat député et un programme de gouvernement (parti); il choisit donc, la plupart du temps, de sacrifier celui-là à celui-ci, votant pour le parti qu’il préfère sans égard à la personnalité du candidat.

En pratique il a bien raison, car le député élu n’aura jamais le moindre mot à dire dans le processus de gouvernance; mais le résultat en est que le citoyen ne se sent plus vraiment représenté par celui-là même auquel il a accordé son vote et que le député, déjà privé de pouvoir, n’a même plus la légitimité d’un mandat populaire réel.

En deuxième ligne, il y a les partis politiques. Ce sont eux qui ont la mission de réunir en un tout cohérent et de formuler de façon crédible les programmes entre lesquels une société démocratique devrait choisir. S’en acquittent-ils?  Dans la réalité, le Système tend vers l’existence de deux (2) partis seulement, tous deux aussi près du centre que possible et donc pouvant partager un même programme.

Les tiers partis? Un « tiers parti », naissant à la marge, ne peut accéder au pouvoir que s’il tend rapidement vers le centre et assimile, investit ou détruit l’un des deux partis traditionnels. Ainsi on a vu au Québec l’Union Nationale remplacer les Conservateurs, puis le Parti Québécois remplacer l’Union Nationale.  À Ottawa, on a vu le Reform remplacer le Crédit Social, puis devenir l’Alliance, redevenant finalement les “Conservateurs” et  recréant le bipartisme qui permet de garder l’apparence d’un choix des électeurs… mais le forçant à choisir au centre entre bonnet blanc et blanc bonnet.

En troisième ligne, derrière les députés-poteaux totalement inutiles et les partis interchangeables qui n’offrent plus que le choix entre deux visages de leaders, il y a le vrai pouvoir politique: un fonctionnariat inamovible qui poursuit, quels que soient les élus, la réalisation d’un seul et même programme de gouvernement: l’agenda néo-libéral de l’hyper-pouvoir financier. On maquille cet agenda en bleu ou en rouge, mais nul ne le remet en question.

Cette structure à trois volets dont le troisième est occulté n’a de démocratie que le nom et le peuple en est bien conscient. C’est à cette structure pseudo-démocratique que, selon un sondage de l’Actualité publié il y a quelques années et qui a fait grand bruit, 96% de la population ne fait plus “entièrement confiance”, ni donc aux politiciens …  Elle a bien raison !  Mais si ce 96% de la population qui ne lui fait plus “entièrement confiance”… ne lui fait plus du tout confiance, le système est discrédité et meurt.

Il meurt, parce que le système ne peut pas modifier les règles du jeu politique CONTRE la démocratie par la répression dure à laquelle donnerait lieu, par exemple, une tentative même timide de redistribution de la richesse. Dénoncer la démocratie dont on a fait la pierre d’assise de la société, ce serait pour la gouvernance inviter une insurrection immédiate.

Instaurer une véritable démocratie, c’est donc  prendre le pouvoir par surprise, peut-être même sans coup férir. Tout le reste viendrait par surcroit, car ce que veut le peuple est aux antipodes des politiques actuelles.  Si le système actuel est discrédité, une vraie démocratie peut naitre.

C’est l’abstention ou l’annulation du vote qui discrédite le Système, en enlevant sa pseudo-légitimité au processus électoral.  Quand une majorité de la population refuse de s’exprimer, la non-représentativité des élus apparaît. On crée une situation où, sans violence, mais sans préjugés, on peut regarder de plus près si le gouvernement ne viole pas les droits du peuple en faisant le contraire de ce que celui-ci demande.

On peut légitimement se demander si le peuple n’en acquiert pas des droits sacrés… et des devoirs dont le premier est celui de la désobéissance. Un système auquel on n’obéit plus est mort. Le discrédit qui découle de l’abstention le tue. Une grave décision, mais y a-t-il une alternative  acceptable réaliste ?

Pierre JC Allard

370. La Gauche … au Canada !   11.04.30

« Jack, Jack, Jack… disaient les canards… » Gilles Vigneault, le plus adulé des chansonniers québécois, l’avait dit dans une chanson prémonitoire. Aujourd’hui, ca y est. Tous les canards le disent, du Vancouver Sun au Telegram de Terre-Neuve, Jack s’en vient…. Il se passe quelques chose à Monopolis, comme disait Starmania.

Et tout le monde de chercher la cause de la montée météorique du NPD. UN PARTI DE GAUCHE AU CANADA ! Même Alain Dubuc, docte chroniqueur de ce qui sert de Figaro au pays tranquille des oies blanches qui devient celui des canards sauvages, explique et parle de psychologie de cuisine en en faisant, comme c’est en forgeant qu’on devient forgeron,

Évidemment, ils ont tous tout faux, car de Vancouver à Terre-Neuve les canards, pas plus que les perdrix ou les sarcelles, ne volent en rase-mottes au-dessus des Jack Monoloy que nous sommes. Ce n’est pas pour rien que les « socialistes » ont parfois de dures paroles pour les médias. Il y en a beaucoup, comme moi, qui considérons les médias comme des suppôts du capitalisme, parce qu’ils ont des becs (gueules) de capitalistes, des pattes (griffes) de capitalistes et volent comme des capitalistes… dans tous les sens du terme.… Nous savons bien que les médias regardent l’engouement pour le NPD de très haut… et n’y comprennent donc rien.

Je suis du NPD depuis sa fondation – j’ai été le premier délégué de la Jeunesse élu à l’Exécutif du parti en 1961 ! – et j’en suis sans doute le plus ancien membre survivant sans solution de continuité . Pour ça, parce que j’ai été deux fois candidat NPD sans attentes (voyez ici un description factuelle d’une campagne comme candidat NPD dans Saint-Maurice) et parce que je me dis ouvertement de gauche depuis toujours, je regarde le NPD et sa montée de moins haut que les canards…. Je vais donc vous dire mieux qu’eux POURQUOI le NPD effectue cette poussée.

Le NPD monte…. Parce qu’on a coupè le cable qui retenait le ballon. C’est la SEULE raison. On aime Layton, bien sûr, mais on aimait aussi Broadbent et Lewis et les autres et un sondage a révélé que, toute partisanerie oubliée, les Canadiens voyaient Tommy Douglas comme le plus grand Canadien de notre histoire…. ! Des types sympa, donc, le NPD. Rien de neuf. Mais ce n’est pas tout….

À chaque élection, depuis que le NPD existe, son programme a TOUJOURS été le programme préféré des Canadiens. Tous les sondages l’ont dit. Comment, dans une démocratie, le Parti qui a les chefs les plus populaire et le programme réputé le meilleur n’a-t-il JAMAIS pu, en 50 ans, être appelé une seule fois à former le gouvernement ? Pour une seule raison : la conviction profonde des électeurs que le NPD ne pouvait PAS forner un gouvernement. On allait perdre son vote avec le NPD. CE SONT LES CANARDS QUI NOUS LE DISAIENT ET LE RÉPÉTAIENT INLASSABLEMENT…

Les canards nourris et engraissés bien dodus par les Bleus et les Rouges, bien sûr… Et pendant cinquante ans on les a crus. Alors chacun votait pour son moindre mal à lui, qui les Rouges qui les bleus et, au Québec, pour un simili-NPD, costumé en bleu et blanc pour qu’il ne fréquente pas les socio-démocrates du ROC et ne leur donne pas des idées de cause commune …

Le NPD ne pouvait pas lever. C’était un ballon captif, retenu par un énorme câble. Un câble tressé de la mauvaise foi de ses opposants et de la crédulité bebête de ses amis. Comme je suis parfois un peu, disons « pragmatique », j’ai proposé il y a longtemps une stratégie pour sortir de ce cul-de-sac, mais c‘est de l’histoire ancienne. Aujourd’hui, le NPD monte. Que s’est-il passé. ?

D’une part, il y a la conjoncture favorable d’un Harper que la moitié de la population déteste à s’en confesser et d’un Ignatieff dont la vaste majorité de la population croit qu’il ne fait pas le poids. Mais ca, c’est le contexte ; habituellement on aurait fait avec malgré tout. Il a fallu autre chose… Cette fois-ci, un fait inusité s’est produit. Lequel ?

Le plus probable est qu’il y a eu une fausse manœuvre. Quand on a vu que le « vote utile » en Ontario passait ouvertement du NPD vers les Libéraux pour bloquer les Conservateurs, un apprentti-sorcier chez les Conservateurs a trouvé astucieux de mettre, croyait-il, les Libéraux hors-jeu en faisant grimper un peu le NPD. Quelques sondages bidons, quelques couacs de quelques canards bien domestiqués… Rien de bien difficile ; dans ce pays on sonde comme on respire.

Mais cette fois, on en a mis un peu trop et quelqu’un – le même ou un autre apprenti sorcier – pour se rendre intéressant, a laissé échapper que le NPD pourrait prendre BEAUCOUP de votes…. Des votes raflés au Libéraux, naturellement…. Gaffe impardonnable, car parler de beaucoup de votes, c’était COUPER LE CABLE. Si le NPD est une option crédible, ça change tout ! Dès que les premiers sondages, sans doute manipulés, ont laissé filtrer une lueur d’espoir que le NPD puisse devenir une option crédible, une masse énorme de crypto-NPD sont sortis du proverbial « closet.

Les faux sondages encourageants on fait sortir de leur retraite des millions d’électeurs qui ne demandaient que ça depuis deux (2) générations : une chance de croire a une victoire du NPD sans paraître stupides… ! Alors Ils l’ont dit et de VRAIS SONDAGES sont venus qui l’ont démontré. Panique, chez les canards, car on a compris brusquement que, le câble du scepticisme coupé, le ballon NPD pouvait monter et que le phénomène ne pouvait aller qu’en s’amplifiant.

Il pourrait s’amplifier jusqu’à ce que cette MAJORITÉ des Canadiens qui ont toujours vécu une discrète histoire d’amour velléitaire avec le NPD perdent toute pudeur et le disent bruyamment dans les sondages…. Or, quand les Canadiens dans les sondages vont majoritairement embrasser Jack sur le perron de l’église à la sortie de la Grand-Messe, sans se sentir idiots, ils ne sont pas loin d’en faire autant dans l’isoloir . Si cette campagne avait duré deux semaines de plus, c’est Layton qui aurait été chercher une majorité !

Mais la campagne est finie. Oof, nous serons sauvés du péril marxo-lenino-stalino-communiste que Layton incarne pour la Droite ! Telles que les choses se présentent aujourd’hui, toutefois, il y a un suspense. Suspense sur les résultats qui sortiront et suspense pour savoir dans quelle mesure ces résultats reflèteront vraiment le vote lui-même et les intentions réelles de votes.

Faire « sortir le vote » a coup de fric et de combines va-t-il pouvoir changer les résultats du vote au-delà de toutes les marges d’erreur admises pour des sondages ? Et si c’est bien ce qui se produit, une machines électorales bien graissée et huilée qui change tout, est-ce une composante acceptable d’une vraie démocratie ?

Suspense… mais quel que soit le résultat de cette spectaculaire manipulation des opinions par les médias pendant si longtemps et du processus électoral lui-même par des pro de l’ « organisation », n’avons-nous pas ici la condamnation sans appel de ce que nous appelons notre démocratie ? Même l’élection de Layton, pour improbable et donc miraculeuse qu’elle puisse être, changerait-elle les fondements du Système et permettrait-elle que la société puisse évoluer vers la justice ?

Et le Canada a un voisin costaud qui n’aime pas la musique de gauche….

Pierre JC Allard

371. Les élections canadiennes; l’art du possible 11.05.03

«  La politique est l’art du possible » – a dit Gambetta – peut-etre s’inspirant de  Bismarck.   Les derniers résultats de ces élections 2011 sont là et il faudrait bien se demander quels sont les « possibles » qui en découlent. Harper a sa majorité. Tout n’est-il pas réglé ?

Le croire, ce serait penser que Harper m’a rien appris de ces élections….  Or quelque chose me dit que, loin de donner un coup de barre a droite, Harper va plutôt habilement se rapprocher d’une position de consensus plus centriste sans laquelle tout au Québec pourrait sauter.

Pourquoi ? Parce qu’une victoire du NPD  aurait consommé  la rupture  de cette union au Québec entre Progressistes et Nationalistes qu’avait réalisée  Levesque et qui avait donné le pouvoir au Parti Québécois sous la bannière de l’indépendance, le temps de mettre les pendules sociales à l’heure.

Si le NPD avait pris le pouvoir, même avec l’appui des Libéraux, on serait redevenu au Québec fiers d’être Canadiens et progressistes… et se dire Québécois aurait eu des allures passéistes, duplesistes…  Exit la souveraineté. Déjà la fin de la campagne électorale du BQ avait des odeurs de soufre et de trahison.

La défaite crèvecoeur du NPD malgré un fort soutien du Québec, refait au contraire,  plus forte que jamais, cette alliance entre Progressistes et Nationalistes québécois CONTRE  un ROC conservateur et passéiste.  La pendule sociale s’est arrêtée au Canada.  La réaction au Québec peut être de vouloir sortir du Canada et l’aile québécoise du NPD devenir un Cheval de Troie à Ottawa plus dangereuse que le Bloc ne l’a jamais été!

Harper qui sait que la politique est l’art du possible va sans doute contrer cette tendance en faisant ce que les Libéraux ont fait avec succès depuis toujours : prendre  les idées du NPD.  Ça aussi, c’est un effet de l’art du possible… Un pas vers la gauche, donc, à prévoir pour Harper.

Les promeses du NPD ne sont pas difficiles a tenir : créer des emplois, aider les familles, renforcer les pensions, mettre fin aux scandales à Ottawa et « inciter » les médecins canadiens pratiquant à l’étranger à revenir au pays. Baisser les impôts des petites entreprises et ne pas diminuer ceux des grandes… Rien là pour qu’on dresse des barricades.  Equilibre budgetaire en 2014-15 ?  On a le temps de voir venir.

Il n’y a que la sortie d’Afghanistan qui pourrait soulever des passions, mais il est bien connu que dans tout carrosse doré il y a une citrouille qui sommeille et qui sait si, avec la mort maintenant annoncée et si opportune de Ben Laden, Obama ne serait pas heureux que son loyal allié le Canada propose de transformer sa participation à la guerre en une mission de paix prolongée, avec éducation, droits des femmes, etc, en y mettant encore plus d’effectifs et de ressources  ?    Une bonne façon de tester les conditions d’un retrait de l’Amérique elle-même de ce conflit qu’elle ne gagnera jamais…. On peut se parler, n’est-ce pas ?

Harper, pour garder la Québec heureux –  mais aussi tous ces Canadiens du ROC qui n’en seraient pas mécontents –  pourra  mettre un peu plus de fric sur les pensions et diminuer un peu les impôts des petites entreprises. Il pourrait même ne pas diminuer les impôts des grandes, tout en leur concédant d’autres avantages, si complexes et bien déguisées qu’on ne saurait même pas comment les lui reprocher !

Et il y a un autre raison pour un pas vers le Centre qui pour lui est à gauche. … S’il le fait, il sera prêt a accueillir tous ces Libéraux désabusés qui devront se chercher un nid.  Car il est probable qu’Ignatieff  démissionnera, laissant s’ouvrir à l’automne une course à la chefferie où s’opposeront un candidat prônant un ralliement au NPD, un autre une fusion avec les Conservateurs, un troisième une relance du PLC …

Harper peut trouver chez ces Libéraux orphelins, la clientèle qui est la promesse d’une majorité pérenne. Il peut devenir vraiment le parti normal de la gouvernance au Canada… s’il vire un peu à gauche… Je parierais qu’il le fera….

Et s’il le fait, les “possibles” d’un gouvernement conservateur se confondront largement alors avec ceux  d’un gouvernement NPD, car il ne faut pas oublier que, la semaine dernière, Layton a affirmé  que jamais au grand jamais il ne ferait quoi que ce soit pour que le gouvernement puisse intervenir dans les décisions de la Banque du Canada.  Il a ainsi rassuré tout l’Establishment qu’il n’arriverait pas au Pouvoir en justicier, en socialiste au couteau entre les dents, mais comme un successeur bien élevé qui ne changera pas les règles du jeu.

Il maitrisait  ainsi l’art du possible, faisant de “Layton au pouvoir” un scenario acceptable au pouvoir financier, mais il disait du même coup qu’on ne nationaliserait pas les banques, qu’on ne reprendrait pas en main le contrôle de la monnaie et du crédit, qu’on n’imposerait pas le capital…

Le NPD ayant appris l’art du possible, on aurait eu un gouvernement qui aurait réparti plus équitablement la pauvreté entre pauvres dans un régime néodémocrate, mais sans commettre l’indécence de demander des comptes aux nantis…  Ce que feront aussi les Conservateurs.

On voit donc dans la boule de cristal une campagne à la chefferie au parti Libéral qui apportera encore des mois de plaisir aux Canadiens – qui s’habituent ainsi peu a peu à vivre dans notre équivalent  de la Quatrième République – et qui se terminera sans doute par la dislocation ou la marginalisation du PLC…  et une autre élection en 2012…

On peut regarder aussi avec intérêt ce qui se passera au Québec, mais on ne voit pas que la  victoire des Conservateurs changera autrement les choses pour les Canadiens. Juste une petite amertume pour un rêve inachevé.  Mais ce rêve n’était pas possible.   Tant que le Système sera là, le rêve restera un rêve.

Pierre JC Allard

372. La manipulation permanente 11.05.09

Le message le plus révolutionnaire  qui surgit des dernières élections canadiennes n’est pas que Monsieur Harper ait obtenu un gouvernement majoritaire, que le Québec ait voté a gauche, que le bloc Bloc Québécois se soit effondré, que les Libéraux n’ait plus de chef ni même un espace idéologique clair entre la gauche et la droite…

Non. La  surprise c’est que tout ça se soit décidé si vite. Les sondages indiquent qu’au Québec environ la moitié des électeurs ont changé d’opinion en deux semaines.  C’est ça la révolution et elle était inévitable. Elle était annoncée.

En 2007, j’ecrivais :  « les médias conventionnels, institutionnalisés, favorisent le statu quo ante et les idées reçues. Mêmes les journaux révolutionnaires véhiculent leurs propres idées reçues, alors que, sur le réseau des blogues, le préjugé favorable n’est pas pour l’inertie, mais pour le changement. Les blogues sont les feuilles de chou de la révolution permanente. Sur les blogues, c’est l’idée novatrice qui a une influence et les blogues sont donc un facteur de volatilité. Avec les blogues dans l’arène, les joutes électorales ne seront plus jamais jouées avant la dernière échappée, car il devient possible que de vastes pans de l’électorat changent d’allégeance en quelques jours” http://www.nouvellesociete.org/5153.html

En 2004, candidat dans  Saint- Maurice,  je prechais pour ma paroisse: “En Inde, lors de la toute récente élection, 40 MILLIONS d’ÉLECTEURS ONT CHANGÉ D’AVIS DANS LES 4 DERNIERS JOURS AVANT LE SCRUTIN, faisant mentir tous les sondages et donnant la majortité à une jeune italienne, veuve de Rajiv Gandhi, qui ne semblait avoir aucune chance. Que 2 ou 3 millions de Canadiens réfléchissent au cours des prochaines semaines et décident d’élire un gouvernement néodémocrate N’EST PAS une impossibilité: c’est le genre de choses que l’on va voir au XXIème siècle.” https://nouvellesociete.wordpress.com/2004/07/01/saint-maurice-jour-1/

Déjè, en 1992, dans le livre “Monde ordinaire, c’est a ton tour”  je disais: “la vision de la réalité que reçoit le monde ordinaire passe ainsi toute entière par le canal étroit de quelques douzaines de journalistes et devient ce qu’ils veulent, dans le respect des tabous que chacun sait qu’il ne doit pas transgresser et qui constituent LA vision correcte du monde, celle qui correspond au consensus de notre société. Il suffirait que chacun puise non seulement avoir acces mais contribuer à une banque de nouvelles pour que ce rabachage à sens unique se transforme en un dialogue et que le monde oridinaire puisse avoir son tour au micro’

Les gens se sont parlés et  juste avant le 3 mai 2011, ont changé d’avis. Ils peuvent le faire encore.  Ils pourront toujours le faire et la politique ne sera plus jamais comme avant.  Un gain pour la démocratie ? Peut-être, mais rien n’est moins sûr.   Le jeu de la volatilité se joue a deux.  Nous sommes peut-être sinplement a l’aube de la manipulation permanente.  La volatilité du vote populaire peut signifier le triomphe de la réflexion et du choix motivé sur les préjugés, les idées toutes faites, les conditionnements….  Mais peut signifier aussi la victoire instantanée des émotions sur le raisonnement, la décision obtenue à l’arraché par un mot d’esprit ou une répartie habile, un sourire ou une larme opportune…

Dans un jeu politique où tout ira plus vite, on ne manipulera pas moins. On manipulera autrement.  Surtout ne commettons pas l’erreur de penser que c’est la spontanéité –  avec ce qu’elle implique de franchise et d’honnêteté – qui fera prime. L’atout-maitre sera l’APPARENCE de spontanéité. Le froid calcul du moment où ils faudra sembler, faible et vulnérable ou fort et indomitable, conciliant ou intransigeant..,

Toujours paraître sincère, bien sûr, mais avec le clin d’œil quasi imperceptible  qui laisse entendre qu’on ne l’est qu’avec les amis et que les adversaires n’ont qu’a bien se tenir, car on est retors et roué, aussi, quand c’est pour la cause…

Rien de cela n’est nouveau. Voyez Obama, voyez Sarkozy qui le font déjà comme les pros qu’ils sont, chacun dans le respect des idiosyncrasies majoritaires de leurs électorats respectifs dont ils font sonder périodiquement les reins et les cœurs…

Ce qui va changer, ce n’est pas le rapport de manipulation, c’est le rythme qui en ira en s’accélérant, forçant à des pirouettes encore inédites ceux qui devront garder en main un électorat de plus en plus inconstant.   Cette évolution peut prendre deux (2) directions.

1)  une manipulation en continu, chaque candidat rivalisant d’ingéniosité pour garder entre les scrutins un contact quasi quotidien avec ses supporters, qui deviennent ses « clients » dans le sens romain du terme ;

2)  l’approche « blitz », où le candidat reste dans l’ombre pour n’apparaître qu’à la dernière minute, apportant, la nouveauté, la surprise, créant un engouement dont il espèere qu’il durera le temps que l’électeur aille lui donner son suffrage.  Le phénomène  « jument verte »  dont j’ai déjà aussi parlé.

On verra les deux approches. Il faudra suivre tout ça avec attention, en gardant la tête froide et en apportant surtout au processus électoral les changements qui en augmenteront la représentativité et redonneront peut-être son sens à la démocratie.

Pierre JC Allard

373. Cuba et le Docteur T.   11.05.16

Retour de Cuba où j’ai passé l’hiver, je posais il y a trois semaines sur ce pays quelques constats favorables qu’on escamote trop souvent. Celà, tout en soulignant qu’on n’y était pas au paradis, mais seulement sur la bonne voie. J’annonçais les changements imminents résultant du processus de consultation auquel on a tant travaillé cet hiver et qui devraient permettre quelques autres pas en avant vers une nouvelle société. C’EST FAIT.

Lundi dernier, on a publié le rapport du VIe Congres et 313 réformes constituant ce que partout ailleurs on appellerait une révolution, mais ce qui ici n’est que le dernier épisode de cette « Révolution » cubaine qui dure depuis plus de 50 ans et qui correspond asses bien à une manifestation de cet esprit « évolutionnaire » que j’appelle de mes vœux … aussi depuis 50 ans.

Je ne vous parlerai pas ici de ces changements. C’est long, il y en a beaucoup, les résumer serait les trahir et ceux qui s’y intéressent vraiment les trouveront un peu partout sur le Web pour en discuter sérieusement. Notons simplement que si les médias USA parlent si peu de ces réformes, c’est certainement qu’on n’y trouve que du bien….

Aujourd’hui, je ne veux souligner qu’un seul point qui distingue Cuba de nos pays de pseudo liberté. La « liberté » – que dis-je, le vigoureux ENCOURAGEMENT ! – que nous donnons dans nos pays dits « démocratiques » à la plus large diffusion médiatique possible de tout ce qui est malsain, pervers, crapuleux.

Arrivant ici, au Québec, j’ai trouvé tous les médias envahis par un roman feuilleton ignoble mettant en vedette un certain Docteur T. qui a poignardé ses deux enfants en bas-âge, puis a raté son suicide dans le contexte d’une liaison de sa femme. Une effroyable banalité dans la tragédie. J’ai trouvé tous nos médias québécois se bousculant pour nous en donner tous les détails. Le Docteur T. ne m’intéresse pas.

Je dis à dessein le « Docteur T ». C’est ainsi que la population devrait le connaître, laissant dans l’ombre tous les gens de sa famille proche et éloignée que personne ne soupçonne d’être ses complices. Ce que le Docteur T. a fait de sa vie et dans sa vie avant de tuer ses enfants ne nous regarde pas. Pas davantage, d’ailleurs, que les détails du crime. Seuls devraient s’y intéresser, sous le sceau de la confidentialité, les jurés qui décideront du sort de l’accusé et les officiers du processus judiciaire.

Pourquoi ce bain de boue collectif ? Un seul rapport annuel – comme celui du Vérificateur Général en matières de finances – devrait suffire pour confirmer que policiers, enquêteurs et magistrats ont accompli leur boulot et que, dans ce cas comme dans les autres cas, justice a été faite. Je ne veux pas entendre parler du Docteur T. Je ne vois aucun bien à ce qu’on en parle aux enfants. Aucun intérêt pour un adulte sain d’esprit à s’y complaire.

L’insistance que mettent ici les médias sur le fait divers bête et méchant et sur les détails sado-porno de la criminalité n’existe pas a Cuba. Que cache cette complaisance de ceux qui dirigent notre société, à nourrir le chancre purulent du voyeurisme dans les esprits d’une population jocrisse, sinon la ferme volonté de la distraire des vrais questions de société, des vrais problèmes économiques et politiques à résoudre ?

Une distraction omniprésente, car notons bien que l’affaire du Docteur T. n’a d’originale que d’être réelle. Pour les médias, elle n’est qu’une chance inespérée de bien commencer la saison estivale en faisant le lien entre une TV réalité dont on déplore qu’elle doive demeurer encore relativement pudique et tous les films d’horreur créés pour paraître plus vrais que nature et qui sont un ramassis ininterrompu de carnages, de tortures et de meurtres.

On ne peut zapper 5 minutes à la TV, sans voir mourir plus de gens que durant toute l’«épidémie » de H1N1. La mort est partout, avec déploiement de policiers prompts à la gâchette, de chirurgiens au bistouri facile, d’avocats à la répartie mercenaire impitoyable, dont la justice n’est pas la première préoccupation. Toutes ces fictions qui ciblent le pire de la vie, ne risquent-elles pas d’inciter à ce que mêmes ces limites soient dépassées par une réalité qui prendra ce pire pour modèle ?

Bien sûr, la nature humaine n’a pas beaucoup évolué, depuis qu’on rigolait au Cirque de voir une vierge jetée comme en-cas aux lions, ou que le Tout-Paris se pressait en Place de Grève pour voir rouer et écarteler le pauvre type qui avait volé un quignon de pain… Mais la civilisation, est-ce que ce ne serait pas au moins d’ESSAYER d’améliorer cette nature humaine, plutôt de la fournir en exemples à imiter pour ses abominations ?

Les médias occupent l’esprit du bon peuple de tout ce qui arrive d’abject et de terrifiant . Tout se passe comme si l’on croyait que, s’il ne pense qu’au pire, Quidam Lambda ne songera pas à ce que l’on pourrait et DEVRAIT faire de mieux. On sera tranquille… L’individu n’échappe à ce modèle négatif que les médias lui proposent de la société, qu’en se réfugiant dans la section publicité, l’intimité des vedettes ou l’insignifiance des jeux questionnaires.

L’immense majorité des Cubain connaitront vite les réformes qui vont changer leur vie. Quel pourcentage des Québécois chercheront – entre meurtres, viols, divorces et âneries diverses – les articles sur un Plan Nord de 80 milliards de dollars sur 25 ans qui changera la vie de leurs enfants ? Pourquoi met-on en évidence le volet le plus répugnant de la vie ?

On parle moins de crimes crapuleux dans les journaux cubains… et il y a moins de crimes crapuleux à Cuba. On peut parler longtemps de ce qui est l’effet et de ce qui est la cause…. mais ne croyez surtout pas que j’en accorde exclusivement le crédit à Marx… . il y en avait moins aussi dans la Yougoslavie de Tito ou dans l’Espagne de Franco – ce dernier peu suspect de tendances gauchistes !

Certaines sociétés plongent moins complaisamment dans un monde sordide de crimes crapuleux. Est-ce que le dénominateur commun ne serait pas qu’on leur propose un but, un projet quel qu’il soit à réaliser et qu’on leur laisse entrevoir un avenir dont on parle et discute, au lieu de les abrutir en les abreuvant ad nauseam de faits divers méchants, cruels, inhumains ?

Il faudrait voir… Est-ce qu’on ne pourrait pas mettre un moratoire d’un an sur la couverture par les journaux du scabreux, du sordide, du criminel au quotidien au détriment de tout ce qui est porteur de sens et en voir l’effet sur la criminalité de ce type ? Est-on si convaincu en haut lieu que la population n’est friande que de cette saloperie qu’on se refuse même à tenter l’expérience ?

Craint-on que les médias ne puissent survivre sans distribuer au peuple sa ration journalière d’obscénité… ou a-t-on si peur que si la population ne reste pas totalement immergée dans la vulgarité et l’inconséquent elle puisse par défaut penser à des choses signifiantes et donc dangereuses ? Comme la vraie liberté, plus d’égalité et peut-être un jour la fraternité ?

Pierre JC Allard

374. DSK. Complot, complot ², complot ³   11.05.19

Dominique Strauss-Kahn, le #1 dans les sondages pour devenir le prochain Président de la France – et accessoirement, pour l’instant, DG du Fond Monétaire International ! – est accusé d’un crime sexuel contre une femme de chambre et arrêté a New York. SCOOP ! Plausible ? Il a une réputation de coureur et c’est le seul véritable argument pour l’instant, le reste étant parole contre parole. Complot ? Ça saute aux yeux.

Avec tous les anti-complotistes qui se disent morts de rire, je suis surpris qu’il reste tant d’imbéciles parmi nous. La vérité c’est que TOUT ce qui se fait en politique est un complot

https://nouvellesociete.wordpress.com/?s=anticomplotistes

La question n’est pas qu’il y ait un complot, mais de trouver lequel. Hier, connaissant peu le dossier, j’ai proposé une fiction sur Rue 89. Le complot au premier degré.

Connaissant les petites faiblesses de DSK, un jolie soubrette correctement soudoyée l’attend à sa sortie de la douche et le prend par son point faible… Dès qu’elle a un échantillon de DNA – repas complet ou mise en bouche – elle prend le portable et lui explique ses exigences, monétaires ou autres. DSK comprend qu’avec ses antécédents il est cuit et file vers l’aeroport… un peu trop tard… »

Vous vous imaginez la France dirigée par une type qui se laisse berner ainsi comme un collégien ? Imaginez-la maintenant dirigée par ceux qui auraient tendu ce piege…   Ce qu’on appelle une « lose-lose situation »… qui est nécessairement une « win-win situation » pour quelqu’un… Simple.

Mais, ça, c’est ce qui sautait aux yeux hier. Comme un lièvre en mon gite, j’ai songé depuis et je pense que ça pourrait être plus subtil. IMAGINEZ que tout se détricote à l’examen et qu’on découvre un DSK innocenté, victime d’une machination. Quel est le résultat ?

Il est triple.

1. DSK se dédouane de toutes les accusations semblables qui trainent dans son placard et qui n’auraient pas manqué de faire surface durant une campagne. Pas qu’on les mettra en doute, mais parce qu’elles seront en quelque sorte « pardonnées » par l’indulgence plenière qui découlerait de son acquittement à cette dernière fausse accusation.

2. Une énorme vague de sympathie se manifeste pour la victime, bafouée pas ces salauds d’Amerloques, vague qui le propulse dans la statosphère des sondages. Rien d’inédit. Un homme politique amputé d’une jambe, suite a une maladie foudroyante, a fait bondir l’option indépendantiste de 10% dans les sondages au Québec lors du dernier référendum et un parti dont le chef marchait péniblement et luttait cotre un cancer a triplé ses appuis aux élections du mois dernier au Canada, sans changer un mot de son programme !

3. Ceux qui auront voulu le piéger – et chacun se fera sa petite idée la-dessus – seront d’autant plus discrédités qu’il y a déjà un large consensus en France pour se méfier et détester TOUS les politiciens. Qui sait si ce n’est pas le résultat final cherché, disculper DSK n’étant aussi qu’une étape vers un but plus insidieux ?

Il n’y a aucune raison aujourd’hui pour croire que le scénario de le disculper – complot au carré ! – soit plus vrai de la vérité que le complot du premier degré … on verra seulement a posteriori quel « complot » a été le mieux ficelé. La seule chose certaine est que, comme d’habitude, ce qui aura été dit au départ par les médias aura étét FAUX… et l’aura été parce qu’on n’aura pas voulu tenir compte de la volonté universelle de comploter… et donc de maquiller les faits.

Et le complot au cube ?…. Le faire accuser et disculper  pour le rendre plus populaire serait-il vraiment la fin de l’Histoire ?  Trop tôt pour le voir.  Si le « complot au carré » se réalise et que Strauss-Kahn est blanchi, on verra s’il n’en découle pas un effet plus grand, plus permanent…  et à qui d’autre que DSK il profite. A suivre….

Pierre JC Allard

375. Ces fonctionnaires de merde !   11.05.23

Même mes adversaires,  sur  le web comme ailleurs, ont été jusqu’ici unanimes  pour reconnaître que je m’adresse à eux comme aux autres avec courtoisie et dans un langage correct.  Je sacrifie maintenant  ici cette bonne réputation. J’utilise quelques gros mots pour être entendu même des oreilles sales.  Je le fais pour une cause que je crois juste. Importante. Incontournable.

Cet article cible une situation au Canada. Si cette situation existe ailleurs, je l’ignore. Coïncidence, donc. Mais la dépossession du politique par l’administratif et donc le passage d’une démocratie vers un mandarinat est un risque constant. Il est bon que TOUT LE MONDE le garde en tête et y réagisse, chacun selon les circonstances.

Il y a des fonctionnaires de merde.  Arrogants, prétentieux, nuisibles et IL FAUT LE DIRE. Il faut se le répéter. Il faut les identifier et faire en sorte qu’ils soient évacués du système par les voies naturelles. En attendant, ce serait faire oeuvre pie, pour quiconque les rencontre, de leur mettre une baffe ou un coup de pied au cul.  Il faut se débarrasser de cette maudite engeance.

Bien sûr, la majorité des fonctionnaires sont des gens très bien, mais il y en a trop qui n’ont pas compris qu’il sont là pour servir et obéir, qu’ils doivent venir quand on les sonne et que s’ils font dérailler le processus démocratique ils devraient être au mieux limogés  et parfois mis en tôle. Si on frôle la trahison, par exemple.  Deux événements coup sur coup au Canada m’ont conduit à ce coup de gueule.

1.  On vient d’apprendre  par Wikileaks – Que Dieu/Allah nous conserve Assanges ! – que lors de l’invasion de l’Irak par la « coalition » américaine, opération entreprise sous de faux prétextes comme on sait et à laquelle le Canada  s’était sagement abstenu de participer, des rencontres ont eu lieu régulièrement entre hauts-fonctionnaires américains et canadiens dont le résultat a été de faire participer intimement et secrètement le Canada à cette guerre.

Participation qui allait à l’encontre de la volonté des Canadiens et faisait fi de la politique formellement exprimée par leur gouvernement démocratiquement élu.  De qui ces fonctionnaires ont-ils alors reçu leurs ordres ? Est-ce le gouvernement qui à hypocritement donné aux fonctionnaires des instructions opposées à celles qu’il a rendues publiques, avec le risque politique énorme  lié a ce double langage…? Ou sont-ce des fonctionnaires, nommés et non élus, à divers niveaux, agissant en parfaite connivence, qui ont pris leurs directives de Washington plutôt que d’Ottawa. ?

Il faudrait bien que l’on éclaircisse ce point. On parle d’une guerre.  Si des fonctionnaires ont contrevenu aux ordres du Gouvernement, on est à la frontière de la haute-trahison. Dieu Merci, Monsieur Chrétien est encore avec nous et pourrait nous en dire plus. Il suffirait de le lui demander. Nos médias écrits ont-ils le courage de suivre ce genre de dossier ?

2. Passons à autre chose.  Bon article de Daphné Cameron en page A 16 de La Presse du 17 mai.   De quoi s’agit-il ?  En 1964, Rejean Hinse a été condamné pour vol a main armée. Il a purgé 5 ans de pénitencier. En  1989, 25 ans de combats plus tard à clamer son innocence,  il a réussi à porter sa cause devant la Commission de Police qui a estimé qu’il avait été victime d’une enquête « pourrie »  En 1991, la Cour d’appel a cassé son verdict de culpabilité. En 1997, 7 juges de la Cour Suprême, à l’unanimité, l’ont acquitté.

M Hinse a demandé compensation… le gouvernement a refusé.  Retour devant la justice, où, il y a six semaines – 47 ans après les faits ! – la juge Hélène Poulin de la Cour Supérieure a rendu jugement. Elle parle d’inertie administrative, de paralysie institutionnelle et de « cafouillage juridique qui donne le vertige »  Le Gouvernement va-t-il enfin reconnaître  ses torts ?    Va-t-il payer ?  OBÉIR au tribunal qui ordonne le paiement immédiats de dommages intérêts à Monsieur Hinse qui a maintenant 73 ans…. ?

Que non.  Un fumier de fonctionnaire anonyme a convaincu le Procureur général de porter le jugement en appel.  Tout, pour ne pas admettre un erreur des commis de l’État. Un cas unique ?  Voyez  aussi ça,  et ça aussi... La stratégie évidente est que la victime tôt ou tort mourra.  On l’enterrera et avec lui l’erreur des fonctionnaires de merde qui ont détruit sa vie.  Si jamais j’ai le nom des responsables et particulièrement du salopard et de ses acolytes qui ont proposé de faire appel de ce dernier jugement, je les publierai avec mes commentaires et je signerai.

Evidemment le pleutre de fonctionnaire va dire que la décision vient d’en haut. Le Procureur Général ?  Que peut-il connaître de ce dossier ?  On se gargarise du mot démocratie, mais le système est fait de telle sorte qu’une petite clique de fonctionnaires, nommés et non élus, pratiquement inamovibles, en étroit contact avec les lobbies nationaux et étrangers, mais jamais sous la loupe qui pourrait déceler chez eux la corruption ou la trahison, sont les vrais gouvernants de ce pays.

Les politiciens seront blâmés et on en change de temps en temps, mais c’est de la poudre aux yeux.  Ils servent de paratonnerre, de caution si le peuple se fâche, mais c’est la merde d’un fonctionnariat  qui usurpe son autorité qui est le cœur du vrai fascisme.  Sur ce fonctionnariat bien caché, le peuple n’a aucun contrôle.  La merde n’apparaît que si on soulève le couvercle de la politique qui cache les latrines de l’administration.  Elle n’est ni bleue, ni rouge, ni orangée….  Elle est de toutes les couleurs et elle me donne la nausée.

Je ne lancerai pas une pétition, mais si vous êtes au Canada et que vous voulez dire au Ministère de la Justice ce que vous pensez de ses 47 ans d’injustice dans l’Affaire Hinse et des autres « dégueulasseries » de ses larbins, c’est à cette adresse webadmin@justice.gc.ca.  Un fonctionnaire vous lira. Peut-être. Si vous êtes ailleurs, « Laissez-vous guider par votre inspiration ». C’est ainsi  que le sage Vyasa conclut les Kamasutras.

Pierre JC Allard

376. Puerta del Sol. On brise la boussole… 11.05.31

Il y a déjà longtemps que je dis qu’aucune organisation révolutionnaire ne  pourra détruire  le Système, car aucune organisation ne pourra être mieux « organisée » ni disposer d’autant de ressources. Par la force ou la corruption, le Systeme peut triompher de toute organisation rivale.   Ce sont des INDIVIDUS  visant un même objectif, mais ne se constituant pas en groupes, qui abattront le Système en le sabotant, chacun à sa façon. Une société complexe est extraordinairement vulnérable. Dès que le citoyen lambda ne VEUT PLUS que le Systeme fonctionne, le Systeme s’effondre.  C’est ce qui se produit quand le ras-le-bol passe le seuil ou le citoyen lambda accepte le risque de l’anarchie.  Mai 68 apparait alors comme une répétition générale.

Sur la question des retraites, l’an dernier, la France a fait un pas… puis a reculé.. Ce qui se passe en Espagne va plus loin. Jusqu’où iront les INDIGNADOS  qui manifestent ? On ne sait pas encore. Tout peut basculer vers la violence armée ou se calmer  sous les matraques…  Mais il y a une chose qu’on ne souligne pas assez. Pendant que le peuple occupe la rue en mode insurrectionnel… il répudie la gouvernance socialiste  au pouvoir et vote massivement à DROITE ! Les Espagnols ont-ils perdu la boussole ? Sont-il a réclamer plus de pouvoir pour ceux qui les matraquent ?….

Il y a une autre hypothèse. Que les Espagnols n’aient pas voté POUR la Droite mais simplement CONTRE la Gouvernance.  Il appert que cette gouvernance se disait de Gauche, mais les Espagnols ont peut-être compris que la vieille boussole qui disait « Gauche »‘ et « Droite »  n’a simplement plus de sens.

Dans une société industrielle où il y avait encore pénurie, on a pu, pendant des décennies,  jouer le scénario de manipulation « démocratique » d’une société industrielle.   On identifie des pôles Gauche-Droite et les électeurs se situent sur une seule droite  avec un gonflement au centre, en forme de courbe de Gauss, passant dans une continuité souple d’un extreme à l’autre.

On oppose ainsi ceux du RSA, du SMIC et autres perdants  à gauche aux « nantis » a Droite qui gagnent 5 ou 6 fois leurs salaires et qu’on leur présente comme adversaires.  Ça marche , car s’il n’y en a pas pour tout le monde, on se bat pour les os… Par de petites manipulations  au centre, on pouvait faire basculer la majorité politique en alternance, d’une gauche molle a une droite molle…

Mais les choses ont changé.  On est dans une société tertiaire, postindustrielle d’abondance ou la pauvreté est un choix politique. On maintient l’illusion d’une courbe de Pareto avec des revenu en gradation continue, mais la réalité c’est que, depuis deux générations, une toute petite minorité ramasse TOUTE la plus value du progrès et de l’augmentation de la productivité.   Le pauvre qui entend parler milliards voit tout a coup que son  voisin « nanti »  n’est lui-même qu’une pauvre cloche.

Il comprend que l’adversaire qu’on lui désignait n’était la que pour servir de pare feu et de bouc émissaire, comme ces Indiens juste un peu moins maltraités que les Noirs, qu’on importait et qui servaient de contremaitres en Afrique durant la colonisation britannique. Ces Indiens qui ont été massacrés à l’Indépendance, alors que les maitres prenaient le paquebot en première classe et rentraient retrouver leur compte de banque dans la City.

Il voit que le vrai clivage n’est plus entre lui, smicard, et le petit professionnel ou rentier qui a quelques sous,  mais entre plus de 99% de la population « en bas » qui est manipulée pour se disputer des fonds d’écuelle, alors qu’une richesse colossale demeure virtuelle entre les mains d’une infime oligarchie… qui est « en haut »…

Les Espagnols du PSOE comme ceux du PP comprennent maintenant que la Gauche n’est qu’un autre nom pour la Droite. Ils brisent la boussole  et votent contre le gouvernement « de gauche » de Zapatero, tout aussi prêts à voter demain contre un gouvernement de droite. Ils ont saisi la totale hypocrisie et futilité du leurre démocratique: manipulation médiatique pour tous tout le temps et corruption ponctuelle pour les cas difficiles. La seule gouvernance qu’ils veulent, c’est celle qu’ils se bâtissent à la Puerta del Sol.  Ce qui est aussi près de l’anarchie qu’on peut l’être sans se dire anarchiste. Et tout près du seuil de cette « action individuelle » qui peut détruire le système.

Cette prise de conscience de la fumisterie démocratique peut amener de grandes surprise lors des prochaines élections en Espagne…  et en France aussi. Parler d’élections, d’ailleurs, est le « bon »‘ scénario, car tout va très vite. Le danger n’est pas nul que, tôt ou tard, les 99,99 % de jocrisses bernés par leur patron, leur député, leur leader syndical, leur banquier et le journal de 20 heures se souviennent que l’on a guillotiné exactement 2780 personnes à Paris durant la Révolution, ce qui a résolu un problème qui trainait depuis longtemps.

« Mauvais » scénario, triste et brutal, mais 2780 personnes, ce n’est même pas le nombre de victimes d’une petite bataille qui ne fait pas la Une, dans une de ces petites guerres de rien du tout que fomentent presque tous les mois ceux encore moins nombreux, banquiers et autres exploiteurs, qui causent tous les problèmes.

C’est une idée dérangeante et il vaut mieux parler d’élections. Mais ne nous imaginons pas trop que la vieille rengaine gauche-droite va faire florès cette fois.  Un consensus est à se créer contre « ceux d’en haut », ceux que j’ai appelés « cette mince pellicule de moisissure à la surface de la France ».

Si tout va bien et que la démocratie perdure et joue son rôle, c’est ceux qui comprendront ce rejet de « ceux d’en haut » qui seront portés par le zeitgeist de ce consensus et adoubés par le peuple au prochain scrutin. En Espagne, en France, même aux USA ! …  On fera quelques changements sans trop de dommages.  Mais si la démocratie est empêchée de s’exprimer et que les individus chacun pour soi décident de passer à l’acte il pourrai y avoir des dommages collatéraux.  Dans le monde où nous vivons et les injustices qu’il recèle, 2780 têtes de banquiers et d’exploiteurs pourraient ne pas peser bien lourd

Pierre JC Allard

377. Solidaires de la Montérégie   11.06.05

On se plaint beaucoup aujourd’hui de la présence envahissante de l’État et je suis d’ailleurs de ceux qui trouvent qu’on met parfois un carcan néfaste à l’initiative des individus. Qu’on impose des contraintes qui nous retardent, nous appauvriissent et qui nous démotivent surtout. Je préfère de loin une société «entrepreneuriale» qui bâtit un espace où règne la liberté d’avoir plus et de devenir mieux, à la morne complaisance d’un réseau d’obligations molles, toutes également (en principe) mal récompensées au nom d’une égalité de facade qui cache d’inavouables privilèges.

De cet « espace libertaire« , cependant j’ai déjà parlé souvent. Je veux ici insister sur l’absolue nécessité de bâtir ce «piano nobile» de liberté sur un basilaire de solidarité au palier de ce qui est l’essentiel. Si cette base de solidarité n’est pas acquise, une société saine ne peut survivre et se développer.

Or, il y a des aspects de cette solidarité qui sont escamotés. Ceux qui permettent une péréquation directe donnant au travail sa vraie valeur, bien sûr, mais ceux aussi qui négligent le soutien total que la société devrait apporter aux victimes de désastres exceptionnels.

Il y a 14 ans, je m’insurgeait contre l’arbitraire qui présidait à l’aide apportée aux victimes de la Crise du Verglas. Je puis reprendre ici mot-a-mot le même argumentaire, pour demander que soient pleinement compensées de leurs dommages sinon de leurs peines les victimes des inondations résultant de la crue du Richelieu.

Voici ce que que je disais le 21 janvier 1997:

Le pire est passé. Il reste bien des branches cassées, des toîts à réparer, des fils à remettre en état, mais le pire est passé. Jusqu’à ce que le pire revienne. L’an prochain, dans dix jours ou dans dix ans. On ne sait pas quand le pire reviendra, mais on sait qu’il reviendra.

Le pire, cette fois, c’était le verglas, les pannes de courant; mais souvenons-nous que le pire, c’a été aussi les inondations du Lac-St-Jean. Que le pire, la prochaine fois, ce sera peut-être une catastrophe écologique, un tremblement de terre, une épidémie… Le « pire »est inéluctable et, quand vient le temps du pire, c’est là qu’on peut juger d’une société. Une société ne vaut que par la solidarité qu’elle manifeste. Comme un mariage: pour le meilleur …ou pour le pire. 

Maintenant qu’on a fait ce qu’il fallait pour résoudre le problème et qu’on commence à y voir plus clair, on en arrive à se demander qui va payer la facture: les victimes seules, ou nous tous.

Est-ce que les Montérégiens et les autres sinistrés vont supporter seuls le poids du malheur, ou TOUS les Québécois vont-ils prendre leur part du coût du désastre? 

C’est la question à laquelle on va maintenant essayer de ne pas répondre clairement, comme on n’y a pas répondu lors des événements du Lac-St-Jean, comme on n’y a pas répondu lors des inondations de la Rouge au Manitoba. On va éviter la question en donnant des compensations arbitraires plus ou moins généreuses aux victimes, selon la perception qu’auront les politiciens du désir de la population de leur venir en aide.

A certains ont donnera plus, à d’autres moins, sans vraie raison… et à tous moins qu’ils n’ont perdu; pas par méchanceté ou mesquinerie, mais tout simplement parce que les règles sont inexistantes qui permettraient de définir à combien chacun a droit. On donnera… mais on évitera de dire si oui ou non les victimes ont DROIT à une compensation… et à quelle compensation exactement elles ont droit. On veut bien contribuer, mais on ne veut pas reconnaître le droit de la victime à dédommagement et donc notre responsabilité collective à dédommager.

Pourtant, ne serait-il pas normal, dans une société civilisée, que toute la collectivité soit solidaire des catastrophes NON ASSURABLES qui échoient à tous et chacun de ses membres? Est-ce que cette solidarité ne devrait pas être la pierre d’assise du désir de former une nation, de vivre ensemble, pour le meilleur ou pour le pire? Ce n’est pas une idée nouvelle que cette assurance collective, mais les événements récents en rappelle la nécessité.

 Il y a quelque chose de malsain, en effet, à traiter comme une opération discrétionnaire de charité ce qui devrait être le partage automatique des risques et l’étalement sur toute la population du coût des catastrophes qui frappent les uns ou les autres des citoyens.

Tous ces risques majeurs spécifiquement exclus des polices d’assurance ordinaires – allant des séismes à la guerre – devraient faire l’objet d’une couverture générale par l’État. La compensation devrait être un droit pour la victime d’une catastrophe. La contribution de tous devrait être l’expression de notre désir de former vraiment une collectivité

.

En assurant ainsi chacun de ses membres contre les risques non assurables, l’État ferait enfin un pas en avant vers le progrès de la solidarité qui est l’essence de la conscience d’être une nation. Un geste qui marquerait un temps d’arrêt dans le processus néfaste de désintégration de tous les liens sociaux que nous impose le courant néo-libéral actuel.

Un gouvernement qui réagirait de la sorte en allant au secours des victimes de la catastrophe naturelle que nous venons de vivre créerait un peu d’espoir.

***

Je n’ai pas changé d’avis et je n’ai pas modifié une virgule de ce texte. La seule variable qui a sans doute fluctué, c’est la bonne volonté de la population à assumer ou non cette responsabilité collective. Il faudrait voir. Si le désir – que je partage – de laisser à l’individu une plus grande discrétion pousse une majorité à soutenir le principe de la solidarité de la commune participation face aux catastrophes collectives, ce sera un indice que la population mérite cette liberté accrue qu’elle réclame.

Pierre JC Allard

 

378. Bavures et absurdité… variations sur un thème de Patrick Lagacé   11.06.12

Mardi le 7 juin, en plein centre-ville, des policiers ont ouvert le feu et abattu un itinérant bien connu de leurs services de même qu’un passant …  Indignation de la population et de certains journalistes.  bbt de fonds que nous n’y apportons pas de remède… ou parce que nous tenons à garder bien à vue l’image omniprésente de la misère exemplaire? Les vieux clochards ne sont-ils pas là pour pour illustrer le destin qui frappe ceux qui ne jouent pas le jeu ?  Pour consoler ceux qui ne bénéficient pas du boom économique néo-libéral, mais à qui il reste un chèque du B.S pour vivre, dont les enfants sont nourris à l’école et qui n’ont encore à quêter que quelques jours par mois pour joindre les deux bouts ?

« Voyez » – leur dit le Système – « Ça pourrait être pire; vous pourriez être seul, éthylique, sans abri… Accrochez-vous solidement à la pauvreté subventionnée et taisez-vous; un moment d’inattention, un geste de révolte et vous pourriez tomber dans la misère abjecte, l’itinérance… ». Et une partie croissante de la population apprend de cette leçon de choses à faire la queue en attendant un emploi qui n’existe pas, en attendant une formation qui ne mène à rien, en attendant la soupe…

Bavure #1, Bavure #2… La mort de l’itinérant est aussi absurde que celle du passant . L’absurdité du système est partout.  Ce serait chouette si Patrick en parlait, de ça aussi, car il n’y a pas qu’en les canardant dans la rue qu’on peut tuer les gens. On peut aussi les laisser mourir.

Voir l’article de Yves Boisvert  » Le clochard et le flic »

Pierre JC Allard

379. Le Réseau de la Vérité 11.06.20

N.B:  Ce texte a été publié en 1998. Je crois qu’il est temps de le diffuser plus largement, car à mon avis le mensonge sur la situation en Libye et la censure presque totale sur ce qui se passe aujourd’hui en Grèce et en Espagne et les crises nucléaires signifient que le danger qu’il annonçait est désormais imminent. On ne peut espérer que le Système continuera longtemps à permettre que l’Internet sabote les efforts des médias quasi unanimement engagés dans la phase finale de la désinformation. Il est temps d’être tous prêts à nous informer les uns les autres.

***

Les avancées de la science et de la technologie nous étonnent souvent, nous déçoivent parfois mais, paradoxalement, elles nous rendent toujours un peu plus vulnérables, puisqu’elles nous rendent chaque fois un peu plus dépendants des nouveaux outils qu’elles nous offrent et de ceux qui savent les manier.

Il ne faut pas s’en plaindre, car c’est cette interdépendance accrue que nous avons les uns envers les autres dans un système complexe qui rend indispensables de nouvelles catégories de travailleurs, ceux-ci acquérant du même coup une égalité sociale qui resterait un voeu pieux si cette indispensabilité ne leur apportait la force de la faire respecter. C’est ainsi que viendra la démocratie, avec cette interdépendance qui rendra un large consensus incontournable. Vivement le progrès, donc, mais il ne faut jamais oublier cette fragilité croissante d’un système qui devient de plus en plus complexe, ni la vulnérabilité de chacun de nous à l’intérieur de ce système.

Prenez l’Internet, par exemple. En 1992, quand je proposais de mettre en place un système qui permettrait au « monde ordinaire » de diffuser la nouvelle que le Système occultait et les opinions qui n’avaient pas droit de cité (Texte 124), les moyens qu’il fallait déployer pour donner à chacun son droit de parole étaient encore bien compliqués. Aujourd’hui, tout le monde, grâce à l’Internet, peut avoir son tour au micro et il est même tout à fait concevable que le plus clair des communications entre l’État et le citoyen soient désormais acheminées par ce canal.

Merveilleuse, l’ubiquité de l’Internet, mais potentiellement dangereuse puisque la structure technique qui sous-tend l’Internet n’est pas un cadeau divin mais un outil que le Système a bien en main et qu’il contrôle à volonté. Il ne faut jamais oublier que le supposé anonymat des communications sur Internet est un leurre et un piège à cons.

Il n’est pas ridicule de penser que la grande liberté des communications sur Internet ait, entre autres buts, celui de débusquer, d’identifier et de ficher à l’échelle planétaire l’ensemble des séditieux et des contestataires même les plus vélléitaires du Système. Quand ce but aura été atteint – disons quand d’un milliard d’utilisateurs réguliers, dans 10 ans, *on aura trié le million qui pensent vraiment et les cent millions d’insatisfaits qui pourraient leur prêter l’oreille – il y a fort à parier que la « liberté » de l’Internet deviendra officiellement une liberté surveillée.

Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faille pas profiter au maximum de l’Internet pour diffuser aujourd’hui des idées de réforme; mais il faut être bien conscient qu’il s’agit d’un risque calculé et que les jours pour le faire sont comptés. Comment le Système traitera les contestataires quand il les aura identifiés reste à voir, comme il serait évidemment inopportun de discuter « hic et nunc » des moyens dont pourront alors disposer ceux-ci pour se prémunir. Il n’est pas trop tôt, cependant, pour établir une solution de rechange à l’Internet comme voie de communication.

La solution de rechange à la voie hypertechnique de l’Internet doit naturellement être, autant que faire se peut, une solution simple, à l’abri du sabotage et du contrôle de ceux qui gèrent l’infrastructure technique de la société. Il faut en chercher le modèle loin dans le passé, au temps de l’Eglise des catacombes

Il faut établir un Réseau de la Vérité. On peut garantir la diffusion efficace de toute nouvelle et de toute idée de changement que le Système veut cacher en assumant, chacun de nous, la responsabilité d’informer dix (10) personnes de tout ce qui apparaît politiquement signifiant mais n’est pas couvert par les médias. Des faits, d’abord, mais aussi les opinions qui sont systématiquement occultées. Transmettre la vérité à dix personnes. Aujourd’hui par courriel, mais aussi, à la moindre défaillance du Web, quelle que soit l’excuse alléguée, par téléphone et demain par l’ancestrale méthode du bouche à oreille. Ce qui vaut pour les rumeurs les plus folles ne vaut-il pas au moins tout autant pour la vérité? Et personne ne peut arrêter le message qu’un nombre suffisant d’individus décident ainsi de transmettre.

Attention ! Il ne s’agit pas ici de créer un club-pyramide de la conspiration. Il s’agit de transmettre indéfectiblement la vérité significative qu’on apprend et qui ne fait pas les manchettes à des gens qu’on connaît bien, à des gens qui peuvent nous faire confiance. Il s’agit que ceux-ci fassent de même, le plus vite possible. Il s’agit de recevoir et de transmettre le plus rapidement possible les faits et les idées que le Système ne veut pas que nous sachions.

Transmettre à des amis, à des gens qu’on respecte et dont on sait qu’ils ont une conscience politique, sans égard à leurs opinions. Il serait contre-productif, en effet, de chercher à n’inscrire à la liste des 10 personnes que l’on informe que des gens qui partagent les mêmes idées que soi: on ne ferait qu’accélérer le travail du Système pour identifier tous ceux dont la pensée n’est pas « correcte ». Au contraire, il faut informer impartialement – mais tout de suite et sans solution de continuité – les dix personnes dont on croit que, quelles que soient leurs opinions actuelles, elles ont l’honnêteté, l’intelligence et l’intérêt requis pour apprécier les faits, former leur propre jugement et agir selon leur conscience.

Quand le Système commencera à s’écarter de plus en plus grossièrement de la vérité, ce sont ces gens de bonne volonté qui aujourd’hui « donnent la chance au coureur » qui s’inscriront en faux contre le Système et, discrètement, commenceront à poser les gestes nécessaires pour que les choses changent.

Il est possible qu’une Nouvelle Société advienne incessament dans le sillage d’une crise financiére irrépressible; il est possible, aussi, qu’elle naisse à court terme d’une action politique ou d’une prise de conscience, par ceux qui ont le pouvoir de le faire, de la necessité de modifier radicalement les règles du jeux. Cette prise de conscience arrivera d’autant plus vite que sera mis continuellement en évidence le fossé entre la réalité et le discours politique dominant actuel.

Contribuez à la diffusion de la vérité. Prenez la résolution d’avertir IMMÉDIATEMENT dix (10) personnes – toujours les mêmes – de chaque mensonge du système et de chaque nouvelle escamotée par les médias, demandant à ces dix personnes de relayer cette information vers dix autres personnes de leur choix et de vous en aviser si elles-mêmes connaissent de quelques faits significatifs ou d’idées porteuses de changement. De se questionner, aussi, si vous cessez brusquement de les informer sans explications.

En prenant cette résolution et en la respectant, vous créez aujourd’hui, et surtout pour demain, un réseau infrangible d’information. Un réseau efficace, car si vous réagissez en dix minutes et de même ceux que vous avertissez et ainsi de suite, c’est en principe un million de personnes qui ont été informées dans l’heure qui suit !

Il faut assurer la transparence de l’information et doter la société d’un réseau de communications qui ne puisse être brisé. Ç’est là une condition essentielle, non seulement pour qu’arrive une Nouvelle Société mais aussi pour que cette société soit soumise dès le départ, comme il se doit, à l’examen vigilant et constant de la population. .

Pierre JC Allard

  • NB:  Ce texte a été publié  en 1998. Le milliard d’utilisateurs a été atteint en 2006

380. Quand l’individu se fâche 11.06.26

Le 3 juin 2011, s’est terminés la vente aux enchères en ligne des biens de Theodore (Ted) Kaczynski. On a recueilli 232 000 $. Les acheteurs ont probablement fait une bonne affaire, car on entendra sans doute encore parler de “Unabomber”.

Ted Kaczynski – Unabomber – a été un assassin bien atypique. Mathématicien brillant – (Q.I de 167, il a trouvé une solution originale à l’un des problèmes les plus frustrant des maths ! ) – ce Grigori Perelman avant l’heure a été professeur à Berkeley… puis s’est retiré dans une cabane au fond des bois. Un autre original. Mais lui ne s’est pas contenté comme Perelman de refuser les  honneurs et les prix les plus prestigieux pour montrer son dédain des vanités de ce monde. Il a tué des gens.

Il en a tué trois (3) et blessé 23, au cours d’une quinzaine d’attentats aux colis piégés. Il a aussi tenté de faire exploser quelques avions, ce qui aurait multiplié par 10 ou par 100 les dommages personnels et matériels qu’il a causés.  Il a sévi pendant 17 ans, et a été l’objet de la chasse à l’homme la plus coûteuse de l’histoire du FBI.  Pourquoi a-t-on eu tant de mal à le trouver ? Parce que Kaczynski n’était pas un assassin comme les autres. Il tuait pour des principes.

Le système policier n’est pas construit pour chercher des gens qui préméditent de tuer des inconnus pour des principes, sans en retirer un bénéfice ou une autre satisfaction. Des fous le font, mais ils préméditent peu, ou si mal.  Dans l’esprit normal d’un policier normal, Unabomber qui semblait tuer n’importe qui pour rien était bien un fou. Mais qu’il soit fou n’aidait pas l’enquête, car tuer n’importe qui pour rien, n’importe qui peut bien l’avoir fait…  Un « fou », Unabomber, mais un fou quI a des principes et un Q.I de 167 n’est pas un fou comme les autres.   On ne l’a arrêté que quand son propre frère l’a dénoncé…

Quel sorte de fou était Kaczynski ? Sa thèse de base était que l’humanité, en choisissant la voie de la technologie, était à sacrifier sa liberté, sa vraie raison d’être et ses chances de bonheur. Le remède ? Renoncer à la technologie et communier avec la nature. … Ceux qui ne le veulent pas sont des obstacles.

Qui ne veut pas renoncer à la technologie ? Les “Gauchistes”. Des impuissants frustrés qui ne veulent vivre que collectivement et avec cette béquille de la technologie pour masquer leur ineptie.    Action  à prendre ?   Détruire la technologie… et les Gauchistes. Vaste programme, eexpliqué dans son manifeste qui n’est pas si long à lire

Quel intérêt peuvent présenter aujourd’hui pour nous Kaczynski, son manifeste et ses idées?  C’est que  Kaczynski pourrait apparaître  bientôt comme un point de repère important dans l’évolution de la pensée et de l’action politiques. Ce “fou atypique” pourrait devenir un modèle pour deux (2) types de “fous”.

Le premier type, c’est celui des “passéistes”. Ils ont toujours existé, mais cette tendance peut prendre une énorme importance, maintenant que se multiplient depuis Fukushima ceux qui réclament l’abandon du nucléaire. Rien ne prolifère plus rapidement que des iconoclastes dans un bouillon de culture parano.   On a peut-être de bonnes raisons de renoncer au nucléaire, mais beaucoup s’y opposeront certainement et le débat, en se radicalisant, tendra vers  le rejet par certains de TOUTE  technologie. Cette évolution prévisible est sans doute déjà dans les gênes du mouvement Vert, car elle apparait bien clairement dans son phénotype.

Les amoureux du passé, tout en condamnant ses méthodes, pourraient faire de Kaczynski un modèle. Pour sa position idéologique qui est l’antithèse de la pensée dominante, jointe à son engagement dans l’action qui tranche avec les discussions généralement oiseuses des politiciens.  Pour son total désintéressement, aussi, car il a assumé le rôle de prophète-martyr pour une cause dont il ne pouvait espérer aucun bénéfice.

Le second type de disciples potentiels de Unabomber, plus inquiétant, serait celui de ceux qui, au contraire des premiers, pourraient ne pas partager l’opinion de Kaczynski sur la technologie, mais croire que ses méthodes ont du bon…

Kaczynski, qui a agi seul et a eu un impact certain, est un modèle qui peut dangereusement séduire, dans un pays comme les USA qui prône l’individualisme et où trainent 400 000 000 d’armes à feu en mains privées. La misère augmentant aux USA, toute issue politique étant fermée par un pseudo bipartisme qui cache une seule classe d’exploiteurs, toute action révolutionnaire collective semblant condamnée à l’échec face à une omniprésente surveillance, la contestation aux USA n’a plus aucun exutoire efficace.  Il n’est donc pas impossible que les perdants du système adoptent l’assassinat ciblé, comme message et comme riposte, faisant de Théodore Kaczynski un précurseur…

Ce n’est pas parce que l’on est comme moi un de ces Gauchistes que maudit TK et qu’on préconise une solution à la crise par un partage de la richesse, qu’on ne doit pas voir que la violence et une descente dans l’anarchie sont, hélas, une conclusion bien plus probable à la crise actuelle qu’une entente raisonnable.  Nous disons « USA », mais en l’absence de toute solution, il n’est pas impossible non plus qu’à Athènes ou Madrid,  un jeune homme tout ce qu’il y a de bien s’installe un jour avec un fusil à mire sur un toit, abatte à 2 ou 300 mètres un ou l’autre de ceux qu’il juge responsables de ces malheurs… puis rentre chez lui tranquille, vengé et satisfait.

On ne nous en dira rien, ce soir-là à la TV, mais la révolution de l’individu contre le Système aura commencé…. « à la Kaczynski ».  On ne le saura pas tout de suite, mais il y en aura d’autres et la rumeur courra… des journaliste particulièrement marrons ou des politicien exceptionnellement véreux, des banquiers plus cupides seront abattus par des anges exterminateurs anonymes. Chaque attentat banalisant le geste et suscitant même parfois une approbation tacite. Revoyez le film Taxi Driver

Des personnages connus, mais que tout le monde déteste, disparaitront du carnet social, descendus par un quidam vraiment révolté, sans autre intérêt personnel que de faire sa petite part pour la Grande Lessive et qui n’en parlera ni a sa femme, ni a ses copains… S’il agit par principe, sans interêt personnel, n’en abat qu’un et se tait,  il est bien improbable qu’il soit jamais soupçonné.

Ne me faites surtout pas dire que je souhaite cette évolution. Comme la guillotine elle fera des victimes innocentes et je souhaiterais un autre dénouement. Je constate simplement que, considérant l’équilibre des forces entre les parties en présence – les 99,9 % des citoyens du monde qu’on exploite et les quelques milliers d’exploiteurs qu’on appelle ses élites – ce développement semble dans la trajectoire prévisible des événements. Le modèle fou de Kaczynski n’est pas à prendre à la légère.

Pierre JC Allard

381. Le mystère du jury Turcotte : 1 / 4 194 304   11.07.08

Le médecin Guy Turcotte, cardiologue en rupture de sa femme, s’en trouve si mécontent qu’il tue à coup de couteau leurs deux enfants en bas-âge. Beaucoup de coups de couteau. Comme César. Mais il s’en charge tout seul, comme un grand ; ils sont si petits…  Ce qu’on appelle la Justice intervient et lui demande des comptes, mais 3docteur Turcotte.

Il y a une façon tout a fait légitime pour un avocat habile d‘avoir un jury à son goût.  Il a le droit le poser des questions à ceux qui peuvent devenir jurés et de faire rejeter ceux dont il  peut deviner qu’ils ou elles ne rendront pas le verdict qu’il souhaite.  Il faut poser les bonnes questions et bien les interpréter. Lire leurs motivations inconscientes. Virer tous ceux qui auraient des préjugés. Des préjugés  contre les pères qui tuent leurs enfants pour se venger de leur femme, par exemple.  Ce n’est pas si facile, il y en a beaucoup… Il faut être patient et motivé. C’est le rôle d’un bon criminaliste qui, c’est la moindre des choses, ne doit avoir, lui, aucun préjugé contre les criminels, pour diaboliques qu’ils soient.

L’avocat de Turcotte a fait un bon boulot et doit être félicité. Si vous pensez plus que jamais, en voyant l’Affaire Turcotte, que le rôle actuel des avocats n’est pas de faire prévaloir la justice, mais d’apprivoiser l’injustice – et qu’un systeme judiciaire devrait fonctionner autrement – luttez pour que le système soit changé, mais ne blâmer pas l’avocat de Turcotte. Ce serait aussi bête que de blâmer nos soldats qui vont, en service commandé, tuer parfois des enfants, eux aussi, en Libye ou en Afghanistan

Tout ça est parfaitement légitime.  Dans l’affaire Turcotte, toutefois – ou plutôt dans l’Affaire du jury de l’affaire Turcotte – il subsiste une petite inquiétude.  C’est qu’ils n’étaient plus douze (12), mais onze (11) dans ce jury.  C’est inusité. Pourquoi onze ? ? Parce qu’un des jurés a été accusé par un autre de ne pas être impartial, d’avoir des préjugés…  et a été exclu. Evidemment, si on peut simplement exclure du jury ceux avec qui l’on n’est pas d’accord, ça facilite grandement les choses pour obtenir le verdict qu’on souhaite.

C’est inusité qu’on exclut de cette façon, parce que si l’on est membre d’un jury et que l’on n’est pas d’accord avec un autre membre du jury, normalement on en discute. On est là pour ça. Une vie en dépend et la justice elle-même, comme le respect que la population peut garder à la justice, repose sur cette discussion. Ce n’est pas rien. On prend le temps d’en discuter. On devrait.

Celui des jurés qui en fait exclure un autre ne voulait pas discuter. Il devait être TRÈS motivé – au moins autant qu’un avocat de la défense –  et avoir lui-même un préjugé contraire, mais au moins aussi fort, que celui qu’il voulait faire exclure.  Il semble que c’était bien le cas, ici, puisqu’un juré a bel et bien été exclus. Puis, les 11 autres ont pu s’entendre.

Ils ne se sont pas entendus tout de suite, bien sûr. Quand vous voyez les faits et écoutez les arguments dans cette cause, il n’est pas certain que  renvoyer Turcotte libre soit pour tous la solution évidente. Mais elle était évidente au moins pour celui qui avait demandé l’exclusion de son collègue juré, cependant….   Il avait, lui, une opinion bien ferme et il  était TRÈS motivé. Il y avait au sein du jury un Grand Motivé.  C’est ça, la clef du mystère.

Supposant que les autres jurés n’aient pas de préjugés, mais seulement la motivation normale de discuter pour en arriver honnêtement à un verdict raisonnable, un phénomène connu, tout a fait normal et prévisible va se produire.   Inlassablement, le Grand Motivé va leur  dire qu’il y a TOUJOURS un doute raisonnable. Pourquoi s’entêter a condamner quelqu’un ? Condamner un innocent serait un crime, laisser partir un coupable ne fait de mal a personne…  Pourquoi perdre tout ce temps ? Allons, hop, on finit et on rentre chacun chez soi, Turcotte comme les autres

Avec le temps qui passe et l’ennui qui s’installe, chaque juré « normal » va défendre son opinion avec de moins en moins d’opiniâtreté, les moins motivés jetant la serviette les premiers. Un a un, tous les quidams lambda – qui sont essentiellement paresseux et qui ne sont pas vraiment concernés –  se disent qu’il serait stupide de perdre des journées d’été et que « ca ne ramènera pas les enfants »…  Alors, comme il arrive si souvent, tous les « peu concernés »  se rangent un à un au pas d’oie derrière celui qui est un Grand Motivé, chaque  transfuge  vers le camp du « Grand Motivé » lui donnant plus de force pour attaquer ceux qui résistent.  Celui qui roule les biceps gagne sur ceux qui haussent les épaules.

Le Grand Motivé en retire une grande satisfaction. Ne lui cherchons pas d’autres raisons; les procureur(e)s de la Couronne, qui ne sont sans doute pas de jeunes novices, ont certainement déjà fait les enquêtes nécessaire pour s’assurer qu’aucun des jurés – dont le Grand Motivé – n’ont de liens avec le meurtrier ni avec ses avocats et que leur trajectoire de vie n’a jamais croisé celle des intéressées.   Il serait inconcevables qu’elles ne l’aient pas fait, n’est-ce pas ?

Disons donc que  la libération du meurtrier, à l’image du meurtre lui-même, s’est réglée sur un question d’amour propre. Ne cherchons donc pas plus loin… Mais la Justice en prend un coup dans les dents.  Il nous manquait un procès O.J Simpson au Québec pour avoir vraiment un système à l’Américaine ; maintenant c’est fait.

Penser qu’on a choisi de laisser courir un meurtrier pour ne pas rater une partie de golf peut donner de mauvais rêves, toutefois. L’un ou l’autre des jurés aura-t-il des remords et en dira-t-il plus, publiquement, sur comment  tout ça c’est passé ?    Peu probable, car il est interdit de le faire. …

Mais ce qui est bien probable, au contraire, c’est que l’un ou l’autre  s’en ouvrira  à sa femme ou à sa fille quand, choqué du verdict auquel il a contribué, l’une ou l’autre ou son fils le traitera de pauvre mec.  Tout aussi probable que sa femme, sous le sceau du secret, en parlera à la voisine qui l’aura regardée avec mépris, ou que sa fille se confiera à sa meilleure amie, pour qu’on ne parle plus de son taré de père dans son dos à l’école…  Ça circulera. Puis les blogueurs parleront. Et tout le monde saura.

Je présume que tous les mafieux et les Hells, à ce moment-là, auront alors depuis longtemps pris bonne note des coordonnés de l’avocat et seront par la suite plus souvent parmi nous.  Je préfèrerais de beaucoup, de toute facon, serrer la main de l’un ou l’autre d’entre eux que celle de Guy Turcotte.  À voir Turcotte de près, je risquerais un accès de folie temporaire.

Pierre JC Allard

382. Desjardins: s’unir pour s’aider   11.07.18

De tous les mystères de l’évolution qui font de moi un agnostique pratiquant, aucun ne m’apparaît aussi insoluble que celui du passage des organismes unicellulaires aux multicellulaires. Le sacrifice de sa finalité par une cellule, au profit de celle de l’entité à laquelle elle s’intègre, m’est incompréhensible. Aussi longtemps que les Darwinistes ne nous en auront pas donné une explication plausible, j’opine que croire en un monde sans dieu exige la foi du charbonnier… en Dieu seul sait quoi.

Pourquoi introduire cette cause de migraine dans un article sur le mouvement coopératif ?  Parce que je vois un parallèle de la petite cellule limitée, mais autonome, avec l’individu qui s’intègre à une société et ne peut en tirer parti que s‘il accepte  de se spécialiser et d’y remplir une fonction.  Je ne sens en moi aucune tendance sacrificielle qui me pousserait à devenir une abeille dans une rûche, mais je crois bien qu’un bon évolutionniste doit prévoir que le destin de humain est de devenir partie d’une entité consciente supérieure qu’on pourrait appeler Humanité.

Si c’est bien là notre destinée, ça expliquerait à la fois la pulsion en nous vers l’appartenance à des ensembles plus vastes et la peur panique qui nous saisit, quand nous prenons conscience que ces entités, que nous croyions avoir créées librement pour nous servir, nous instrumentent pour leurs fins propres qui ne sont plus les nôtres.

Ainsi de notre appartenance à une nation, à une religion, à un parti, mais aussi, plus subtilement, à tous les organismes auxquels nous adhérons et dont nous devenons dépendants.  Ainsi de la frustration que nous ressentons, quand nous constatons que l’organisme, obéissant à sa logique, ne répond plus aux besoins des individus qui l’ont mis en place.

On peut donner une multitude d’exemples de ce processus dont l’État lui-même est un cas particulier, mais je crois qu’il est plus facile d’appréhender le phénomène à plus petite échelle. Prenons le Mouvement Desjardins.

Au départ nous avons l’idée géniale du Commandeur qui va appliquer les principes du coopérativisme au domaine financier.  Des individus vont se constituer en petits groupes et opérer des « caisses populaires ».  Ils vont garder et utiliser en commun leurs épargnes, au lieu de les remettre à des banquiers, déjà perçus et compris à l’époque comme les prédateures et exploiteurs qu’ils sont.   « S’unir pour s’aider». Génial.

Le mouvement est fondé en 1900 et, le 9 mars 1906, la loi provinciale concernant les syndicats coopératifs accorde la reconnaissance juridique des caisses d’épargne et de crédit. C’est le début d’une épopée qui va durer environ un siècle. Une grande aventure québécoise. Un succès.

Un succes pour le Mouvement Desjardins.  Mais, obéissant à sa logique propre, le Mouvement en se développant  – et par son succès même – a trahi sa mission cooperative et est devenu une banque.  Il ne répond plus aux aspirations ni aux besoins des individus qui l’ont mis en place.  Il s’est donné désormais pour priorité d’améliorer la rentabilité de ses activités…

… et il  y parvient. Les excédents avant ristournes – (on ne dit pas encore les profits avant distribution des dividendes, seule concession qui reste à l’idéal coopératif !)  ont atteint 1,437 milliard de dollars en 2010, en hausse de 34 % par rapport à l’exercice précédent. Les “ristournes” ont atteint 305 millions, en hausse de 8 %. Le Mouvement est devenu une bonne banque.

Une banque profitable. Mais il y a bien d’autres banques profitables…. et  il n’y a plus rien qui ressemble à ce que Alphonse Desjardins voulait bâtir.  Les caisses (succursales) qui ne sont pas rentables sont fermées… et au diable les villages qu’ils desservent, parfois depuis des générations, comme celle de Saint-Michel, fondée en 1936.

En devenant une banque comme les autres sous un maquillage coopératif, le Mouvement Desjardins  s’est rendu largement inutile.    Même avec son succès, il demeure une toute petite banque à l’échelle planétaire.  Si il n’y a une caisse que là où il y a une autre banque, car les sites rentables sont connus, on ne restera client de la caisse que par opportunisme, sans idéal, sans loyauté…. Un pari risqué.

C’est un risque corporatif qu’il a le droit de prendre; que le mouvement lui-même disparaisse ne serait, au fond, que l’autre pôle de sa propre décision de prioriser la croissance. Ce qui est vraiment important, toutefois, c’est de prendre conscience de cette profonde dissociation entre ce que voulait l’individu au départ et les buts qu’en viennent à se donner les organismes qu’il crée. État, Partis, corporations…

Ainsi, gardant l’exemple de Desjardins, le Fond Desjardins Environnement – offert aux citoyens « soucieux de l’environnement » – investit  dans des  corporations comme  Barrick GoldSuncor et Talisman!  Bien malhonnête, car ce sont des démons affublés d’une auréole qui tient mal.

Barrick Gold est connue pour sa participation à de nombreux massacres d’Africains dans la région des Grands Lacs (Afrique), sa responsabilité à des désastres écologiques un peu partout où elle s’établit… et sa poursuite abusive contre les auteurs et l’éditeur de Noir Canada.  Suncor  est un acteur important dans le désastre écologique que constitue l’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta et Talisman est le principal joueur  du projet d’exploitation du gaz de schiste québécois, largement perçu comme un autre désastre écologique qui s’en vient.

On peut constater sans peine que la mission coopérative et l’idéal d’un développement humain au gré de ses sociétaires sont disparus du Mouvement Desjardins.  La bonne riposte des individus serait de créer de petites coopératives qu’il dirigeraient eux-mêmes. Un retour à la pureté initiale, sans préjudice, bien sûr, à leur décision d’investir aussi ou non dans le Mouvement Desjardins s’ils y voient une bonne affaire, mais sans accepter les yeux fermées les prétention idéalistes du projet de départ qui maintenant ne s’appliquent plus.

Peut-être ceux qui veulent encore du coopérativisme – et je crois que c’est toujours la voie de l’avenir – pourraient penser à se constituer en petites “companies d’assurances” et à devenir, à leur rythme, des institutions financiers à taille humaine.

Pierre JC Allard

383. Mettre à l’écart Turcotte, le fou qui a tué ses enfants   11.07.22

Presque tout le monde au Québec a donné son avis sur l’affaire Turcotte. Presque tout le monde, car ne pas le donner était aussi une façon de le faire et de prendre parti. Simple exercice de défoulement, car ce qui a été fait par le tribunal l’a été et il est illusoire de penser qu’un appel désavouerait le juge de premier instance, seule façon de remettre en cause la décision des jurés. Cet épisode est clos.

Fini l’affaire Turcotte ? Pas encore. Le plus grave reste à venir. C’est maintenant au tour de la société québécoise de s’exprimer et c’est comme citoyens que chacun doit faire des représentations, car il est minuit moins une. Très bientôt, le Tribunal administratif du Québec, section des affaires sociales – désigné aux fins du Code criminel comme la Commission d’examen des troubles mentaux – va juger de l’opportunité de remettre en liberté Guy Turcotte

Turcotte, le chirurgien qui a tué ses deux enfants de 49 coups de couteaux et qui a prétendu vouloir se suicider, mais qui, plutôt que de se porter un 50e coup, à lui-même cette fois – là où sa formation lui a enseigné qu’il lui aurait été fatal- a curieusement choisi d’ingurgiter une espèce de Windex… dont on lui a évidemment administré l’antidote. Il a coopéré à son traitement; il le connaissait bien.

Je suis tout a fait préjugé en cette affaire et je ne prétends pas ne pas l’être. Je crois que Turcotte a prémédité avec intelligence sa défense en même temps que le meurtre. Je crois que l’avocat de la défense a fait un bon boulot et que les procureures pour l’accusation ont été roulées dans la farine.

Cela, toutefois, n’est qu’une opinion personnelle et n’a plus d’importance. L’important, c’est le vrai jugement qui intéresse toute la société et est encore à venir. C’est celui qui décidera de la présence de Turcotte parmi nous au cours des années qui viennent et c’est un tribunal administratif qui en décidera.

Or, il faut comprendre qu’un tribunal administratif, même dans le meilleur des cas, est toujours une bête curieuse au sein du dispositif judiciaire et parajudiciaire. Ceux qui vont décider du sort de Turcotte et indirectement du nôtre – car c’est nous qui devront marcher devant lui sur les trottoirs – ne sont pas des juristes chevronnés. Ils peuvent être, mais ne sont pas nécessairement, des sommités dans leurs domaines respectifs. Ils peuvent très bien n’y entendre goutte. Ils ont été nommés là par la volonté discrétionnaire d’un gouvernement dont il n’y a plus a faire la preuve qu’il nomme de préférence ses copains et ses souteneurs.

Un tribunal administratif s’en remet généralement à l’opinions d’experts – ce qui est très bien – mais, comme le choix des jurés n’est pas sans importance sur la décision rendue dans un procès par jury, de même le choix des experts n’est pas sans conséquences sur la décision d’un tribunal administratif. Souhaitons que les experts choisis soient les meilleurs.

Espérons que les experts examineront avec soin l’hypothèse que, même si Turcotte était vraiment temporairement fou au moment du crime, il serait bien téméraire d’affirmer que la petite mécanique dans sa tête qui lui sert à être conscient de ses actes et a discerner le bien du mal – et qui se serait temporairement détraquée au moment du crime – n’est pas irrémédiablent tarée et ne se détraquera plus jamais.

La psychiatrie n’est pas une science exacte. Un expert aura-t-il la témérité de venir jurer que Turcotte ne se détraquera plus jamais ? Si personne ne peut en jurer, la Commission d’examen des troubles mentaux a le devoir envers la population du Québec de ne JAMAIS remettre Turcotte en liberté.

Si la Commission décidait d’élargir Turcotte et qu’il y avait récidive, ses membres doivent être bien conscients que ce n’est pas seulement la compétence et le bon sens des commissaires et de leurs experts qui serait contestée, mais le sérieux de toute la profession de psychiatre qui serait remis en cause.

Beaucoup de citoyens leur colleraient au cul comme les Erynnies et mèneraient campagne pour que la valeut thérapeutique objective des prestations professionnelles des psychiatres ne soit plus prises pour acquis au-dela du rôle principal qui est le leur  comme distributeurs de pilules. On exigera que le régime de Santé du Québec fasse l’économie de leurs heures de spéculations et que celles-ci ne leur soient plus remboursées. Du moins pas avant qu’on ne donne aussi un revenu garanti aux poètes, aux philosophes et aux humoristes.

Je serais des premiers à mener cette charge, car je me reproche encore de ne pas avoir gueulé plus fort dans une affaire précédente.

https://nouvellesociete.wordpress.com/2008/03/10/087-en-sursis/

S’il y avait récidive, il faudrait aussi remettre en question le processus de nomination par le gouvernement de ces gens qui siègent bien peinards et payés comme des sénateurs sur les tribunaux administratifs, ainsi que le processus du choix des gens qui y comparaissent comme experts.

Si Turcotte se rendait une autre fois coupable de violence, on serait dans la trajectoire des doutes qu’a suscités l’affaire Bastarache, mais en bien plus grave pour le gouvernement.

En bien plus grave, parce que, sur ce vêtement sale qu’est la gouvernance partisane au Québec, les taches de la corruption ou du favoritisme ne ressortent pas vraiment. Mais les taches du sang de ces deux enfants, elles, on ne les oubliera pas si facilement.

Pierre JC Allard

https://nouvellesociete.wordpress.com/2007/10/15/25-les-violents-recidivistes/

https://nouvellesociete.wordpress.com/2008/03/07/la-liberte-des-autres/

384. La Libye des FAITS 11.07.24

On tue des gens en Libye.  Que se passe-t-il ? On parle beaucoup de la Libye, mais en en disant très peu; on se borne à éructer des slogans pour conforter des préjugés. Comment échapper à l’enfumage constant des médias, ici encore plus grossier qu’a l’ordinaire ? Deux (2) petits trucs.

1. D’abord comprendre que PERSONNE n’a le fin mot de l’affaire.  Ni vous ni moi, bien sûr, mais ni Sarkozy ni Obama, ni Kadhafi  non plus, car la situation est un enchevêtrement d’interêts nationaux et personnels – ceux-ci d’autant plus signifiants que ceux-la sont mal définis – et qu’il y a donc une infinité de joueurs dont l’importance relative n’est pas uniquement fonction de leur pouvoir… mais aussi de la priorité changeante qu’ils accordent à ce dossier.  On ne sait donc vraiment pas ce qui en sortira.    Il serait intéressant de faire un parallèle avec le nord de l’Italie, début Renaissance.  Intrigues,zizanie, des mercenaires… des alliances au jour le jour, déloyauté et duplicité sans fin…

2. Prendre pour acquis qu’il  n’y a que des FAITS dont on soit sûr, car toutes les interprétations des uns et des autres sont uniquement en fonction de l’agenda de celui qui interprète. La vérité n’est pas prise en considération, seulement la vraisemblance… et l’on n’est pas trop exigeant. Donc, s’en tenir aux faits.

Quels sont les faits concernant la Libye et les événements qui s’y déroulent ?  On peut voir le site Wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Libye et le blogueur Loatse m’a fait parvenir des renseignements complémentaires que j’ai ajoutés et dont je n’ai aucune raison de douter de la véracité

D’abord, la Libye est le pays le plus riche de la région : trois (3) fois le niveau de vie de l’Égypte ou de la Tunisie ses voisines.  Ca, ce n’est pas du génie; c’est le pétrole…. !    Mais  Il y a plus.  La Libye, selon le Programme des Nations unies pour le développement, a aussi le meilleur IDH (Indice de développement humain) d’Afrique.   Pour ça, avoir du pétrole ne suffit pas. Il faut vouloir et pouvoir  utiliser les revenus du pétrole pour qu’ils profitent a la population.  On le fait en Libye comme nulle part ailleurs.

Il faut le vouloir pour que les services sociaux à la population et les aides à la consommation soient les meilleurs du monde.  En Libye on l’a voulu. Les soins médicaux sont gratuits,  l’éducation secondaire et universitaire sont gratuites. Le taux d’alphabétisation est supérieur à 90%.  Chaque étudiant libyen qui veut faire ses études à l’étranger reçoit  une bourse de 1 627,11 Euros par mois, et tout étudiant diplômé qui ne trouverait  pas d’emploi reçoit le salaire moyen de la profession qu’il a choisie. Ca ne se discute pas: CE SONT LES FAITS.

Et il y a d’autres faits indiscutés. Les Libyens n’ont pas d’impôt à payer et la TVA n’existe pas en Libye.  La Libye est le pays le moins endetté du monde: la dette publique est à 3,3% du PIB, alors qu’elle est à 84,5% en France et à  88,9%  aux USA. Côté gestion, la Libye est exemplaire.

On donne beaucoup aux Libyens. Le droit au logement, par exemple, est jugé indiscutable et un logement doit appartenir à celui qui l’occupe.
 L’Etat paye donc le premier appartement ou maison (150 mètres carrés) de tout nouveau couple qui se marie et tout(e) citoyen(ne) libyen(ne) n’ayant pas de logement peut s’inscrire auprès de l’État pour qu’il lui en soit attribué un.  S’il veut faire des travaux dans sa maison, il peut s’inscrire auprès d’un organisme de l’Etat et ces travaux seront effectués gratuitement par des entreprises de travaux publics choisies par l’État.

Chaque citoyen(ne) libyen(ne) peut s’investir activement dans la vie politique et dans la gestion des affaires publiques, aux niveaux local, régional et national, dans le cadre d’un système de démocratie directe ( “JAMAHIRIYA” ) qui tient compte de la representation des spécificités régionales et tribales.  Cela va des Congrès populaires de base permanents, jusqu’au Congrès général du peuple, le grand congrès national qui se réunit une fois par an.  Sur 3,5 millions d’adultes, 600 000 citoyens participent activement à la vie politique.

La Libye est le 7ème fond souverain financier dans le monde; ses réserves fiduciaires sont supérieures à celle de la Russie qui a 25 fois sa population !  La Libye se sert de sa richesse pour ses citoyens, mais aussi, en y investissant des milliards, pour participer activement au développement de l’Afrique et à son indépendance vis-à-vis des Occidentaux.

Qu’est-ce qu’on reproche à la Libye ?  A chacun d’interpréter, mais il y a des FAITs. Indiscutés. Il faut en tenir compte.

Le fait qu’il y avait des rivalités de longue date entre la Cyrénaïque et la Tripolitaine, par exemple, mais que personne n’avait parlé d’une rebellion armée depuis bien longtemps, avant que CNN et la BBC ne le fasse en février 2011.

Le fait que la France, puis les autres pays sous couvert de l’Otan, sont intervenus en Libye sous prétexte de bombardements à Tripoli et de massacres à Benghazi, mais qu’il est maintenant avérés que ces événements n’ont jamais eu lieu.

Le fait que la France l’Angleterre, les USA, puis plus tard l’Otan sont intervenus – en anticipant la demande d’un groupe de rebelles (CNTI) composé d’anciens ministres et alliés renégats de Kadhafi, de militants  islamistes de diverses origines et de gens venus directement des USA – reconnaissant comme le gouvernement légitime de la Libye cet ensemble hétéroclite qui n’a jamais obtenu la moindre reconnaissance de la population.

Le fait que ce gouvernement de rebelles ainsi légitimé a prioritairemnet veillé au depart des équipes chinoises qui préparait sur place l’exportation prochaine de pétrole vers la Chine.

Le fait que la coalition de l’Otan – qui est intervenue sous prétexte de protéger les civils – bombarde maintenant ces civils comme les forces de Kadhafi ne l’ont jamais fait.

Le fait que des centaines de milliers de Libyens manifestent maintenant à Tripoli et ailleurs pour soutenir Kadhafi… alors que les médias occidentaux peinent à mettre à l’écran quelques douzaines de “rebelles” bigarrés, tirant en l’air comme à la Fantasia..

Le fait, surtout, que les 30 pays coalisés ont saisi USD$ 33 milliards de fonds libyens deposés de bonne foi dans leurs institutions financières par le régime Kadhafi … ce qui semble bien indélicat.

Un dernier fait, enfin, qui laisse rêveur.  Le 15 fevrier 2011, le Fond monétaire International (FMI), concluant une enquête approfondie d’un an, a félicité le colonel Kadhafi pour sa bonne gestion de la Libye et l’a encouragé à « continuer d’améliorer l’économie », mentionnant son « ambitieux agenda de réformes »

http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http://www.imf.org/external/np/sec/pn/2011/pn1123.htm&title=rapport%20du%20FMI

N’est-il pas surprenant que des émeutes éclatent à Benghazi, au moment où le régime libyen reçoit cet aval du FMI contrôlé par les mêmes nations qui vont l’attaquer ? Le 26 février, Mostafa Mohamad Abdeljalil, ancien ministre libyen de la Justice sous Kadhafi, annonce la formation d’un gouvernement provisoire (CNTI) à Benghazi.  Le 19 mars, en accord avec la résolution 1973 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, une intervention militaire aéronavale est déclenchée par la France, suivie par le Royaume-Uni et les États-Unis… Que diable Kadhafi a-t-il bien pu faire dans ces 32 jours qui séparent les félicitations de l’anathème?

À la lumière de ces faits et de ce changement de cap imprévu, il faudrait bien que ceux qui soutiennent l’intervention en Libye nous expliquent en quoi le régime Khadafi est devenu insupportable en quelques jours de février cette année, et comment on peut penser que cette intervention ait eu d’autres buts que: a)  d’empêcher la Chine d’avoir accès au pétrole libyen, et b) de faire main basse sur USD $ 33 milliards des fonds d’un pays souverain. A défaut d’explications, on ne peut voir dans cette intervention qu’un BRIGANDAGE  qui comme Occidentaux nous déshonore. L’Histoire y verra la même chose.

Pierre JC Allard

385. Les Martiens et Claude Robinson 11.8 03

 

Nous avons tous appris, la semaine dernière, qu’après 30 ans de va-et-vient dans la proche banlieue de la Terre, les navettes du programme d’exploration américain avaient été mises en veilleuse sans même retourner dire bonjour à la Lune, encore moins s’aventurer vers Mars. Dommage… J’espère qu’on aura laissé un bol de riz sur l’ISS pour ceux qui prendront la relève. Notre civilisation n’a plus la force d’explorer.

Je ne sais pas pourquoi nous ne voulons plus aller sur Mars, mais j’ai peur de le comprendre : les Martiens sont parmi nous et ça nous enlève le goût d’explorer, même le goût de vivre, parfois.  Les « Martiens», ce sont ces élites qui nous gouvernent et nous possèdent et qui ne pensent plus du tout comme nous.  Mais alors, pas du tout !  Ils sont si différents que, s’ils sont humains, on n’en voit plus la trace. On leur a déjà donné tous les noms d’oiseaux. Disons simplement « les Martiens »

Il y a plusieurs espèces de Martiens.  Les Martiens milliardaires capitalistes, par exemple, les quelques milliers qui engrangent la moitié de la richesse du monde et défèquent dans le reste en pourrissant les systèmes de production, pendant que des milliards de gens souffrent et meurent. Ces Martiens peuvent prévoir à cinq ans une inflexion des cours de la Bourse, mais pas à plus de trois jours d’avis la plus grande famine en soixante ans dans la Corne de l’Afrique.

C’est que pour la famine, ils comptent que la charité populaire s’en chargera. Que les moins pauvres s’occuperont des plus pauvres, mais n’emmerderont pas les riches… Il vaut donc mieux organiser les collectes de fonds et jouer sur l’urgence en retardant la nouvelle. Ils ne pensent plus du tout comme nous, ces Martiens.  Faut-il vraiment leur garder une place parmi nous ?

Il y a aussi les Martiens-fonctionnaires…  L’armée d’occupation des exploiteurs, qui ne font généralement rien pour nuire, mais nuisent beaucoup en ne faisant rien. Assez de fric pour l’aisance, assez de loisir pour la santé, assez d’arrogance pour l’insolence. Je n’ai pas le courage ni le temps de faire la liste des organismes totalement inutiles où s’activent comme des hannetons ces Martiens-fonctionnaires qui se sont créés de petites niches dont ils tirent une rente, comme autant de fiefs d’Ancien Régime.

Les Martiens-fonctionnaires parlent entre eux un sabir qu’eux seuls comprennent et voient comme des victoires de l’esprit d’avoir mémorisé les numéros des formulaires dans lesquels ils enverront se perdre ceux qui ont des problèmes et ne connaissent pas les numéros magiques. Ici, on est Martien par apprentissage, au contact répété de l’insignifiance les uns des autres.

Pourquoi, par exemple, à l’hôpital, l’ordinateur ne peut-il pas obtenir tous les renseignements sur le patient à partir de sa carte de la RAMQ ?  Pourquoi faut-il lui poser des question administratives avant de le traiter ? Voyez la chronique de Lagacé dans la Presse du 21 juillet. (J’ai dénoncé il y a 20 ans, ces jaquettes «conçues pour l’humiliation »). Tout le système est inhumain. Étrange et étranger. Martien.

Au sein des Martiens-fonctionnaires, toutefois, il faut pointer du doigt une catégorie encore plus martienne que les autres et leur réserver une place à part : les Martiens du système judiciaire. C’est à eux que vient de se frotter Claude Robinson.

Si vous êtes Québécois, vous savez sans doute qui est Claude Robinson.   Sinon, disons simplement que Claude Robinson est un artiste québécois dont l’oeuvre a été plagiée… il y a 16 ans.   Si vous êtes étranger, vous vous étonnerez peut-être qu’on en parle encore. Vous faites fausse route.  La question ici n’est pas qu’on en parle encore, mais qu’on en parle enfin… Claude a vécu le parcours du combattant. Puis, il a rencontré des Martiens.

Un tribunal humain avait accordé des dommages exemplaires à Claude Robinson. En appel on décide que c’est trop. Les Martiens sont intervenus. La population du Québec ne pense pas qu’il soit juste de réduire les dommages que doivent payer des fraudeurs à Robinson. Elle le voit comme une autre ignominie.

Elle a tort. Ce n’est que pour le vulgaire que le jugement a l’apparence d’une ignominie. Ce n’est en fait qu’une injustice découlant d’une pusillanime et donc stupide observance d’une jurisprudence bâtie sur des décisions en retard sur la réalité. Il reste qu’il faudrait mettre aux archives cette jurisprudence malfaisante et à la retraite ceux dont l’expertise consiste à s’en être nourris.

Ce qui OUI, est bien une ignominie, c’est que le système ait pris 15 ans pour juger de l’affaire Robinson, ce qui est au mieux inepte et au pire malhonnête, puisque Robinson, toutes ces années durant, n’a pu avoir accès au système judiciaire qu’en payant des montant colossaux aux Martiens du Barreau, une sous-espèce particulièrement inhumaine qui en contrôle l’entrée.

En réduisant les dommages qu’il touchera pour s’ajuster à des précédents sans pertinence – car chaque cas est différent – et en ne considérant pas les dépenses que lui impose un système voyou – car s’il faut payer pour obtenir justice, on n’est pas dans un État de droit – le tribunal en est arrivé a un quantum qui ne compense pas les dommages qu’a subi Robinson et ne punit pas vraiment les fripouilles qui l’ont dépouillé. Une décision inhumaine.

Quand on regarde  ce qui s’est passé, il est de plus en plus évident que le système judiciaire ne pense pas du tout comme nous. Il est un vestige d’une autre époque et d’une autre façon de penser. Un temps où connaître la loi devait conférer un avantage à celui qui savait sur le pauvre mec qui ne savait pas. Le système judiciaire a mis l’accent sur le formalisme, le rituel, les délais, les procédures, tout ce qui peut permettre de faire triompher le droit sur le bon droit. Mais ce n’est plus ce que nous, humains, souhaitons. Nous ne voulons plus qu’on apprivoise l’injustice, mais qu’on lui brise les reins.

Les Québécois ne se reconnaissent pas dans ces Martiens du judiciaire, grassement payés, qui retardent la justice ou tardent tant à la rendre qu’ils la rendent impossible et renvoient Robinson ruiné. Et ce n’est que le dernier de ces désaccords. Ils ne sont pas NOUS. Ce n’est plus NOTRE justice, mais la leur, et elle ne  nous satisfait pas.

La vaste majorité des Québécois sont dégoutés de ce qu’on fait à Robinson. Mais la rupture est plus profonde.

Les Québécois ne se reconnaissent pas dans les simagrées d’un procès qui pourraient remettre en liberté Guy Turcotte, le fou homicide qui a tué ses enfants.

Ils ne se reconnaissent pas davantage dans cette Affaire Bastarache, que la population considère largement comme un enfumage pour couvrir le favoritisme du gouvernement et détourner l’attention de la demande populaire pour une enquête sur l’industrie de la construction.

La population est en profond désaccord avec la sentence légère qu’on a donnée à l’escroc Lacroix qui a ruiné des milliers de pauvres gens, pendant qu’on joue sur les mots et qu’on fait tout pour ne pas reconnaitre les erreurs du système et ne pas en compenser les victimes. Comme Dumont, qui a passé des années en tôle pour rien, qu’on ne veut pas dédommager et dont on veut nous faire oublier qu’il existe.

La population est honteuse d’un système qui ne veut pas reconnaître les erreurs qui se multiplient, au rythme du laisser aller des Martiens-fonctionnaires et de la négligence des Martiens du judiciaire au moment de faire corriger à ceux-ci ces erreurs.

La population ne se reconnaît pas dans un système judiciaire issu des élites de notre société et qui ne reflète pas les valeurs du monde ordinaire. Elle se sent trahie, méprisée, en pays conquis et occupé par des Martiens. Je crois que sont de plus en plus nombreux ceux qui n’attendent plus de justice de ce système.

On commence à rendre à nos élites le mépris pour le mépris… et on pourrait bien un jour leur rendre le mal pour le mal.

Pierre JC Allard

 

386. La dette ? Remboursons-la, Bon Dieu ! 11.08.08

On vit dans un monde d’images et de symboles, de croquemitaines et de fantômes. Ainsi, les USA sont à vivre une terrible déprime, parce qu’on leur dit qu’on ne croira plus qu’ils peuvent rembourser leur dette… Ah bon ! Vraiment ? Avec les nouvelles règles qu’ils se sont eux-mêmes imposées, après un psychodrame télévisuel loufoque qui a duré des jours, les Américains vont sans doute bientôt devoir environ USD $ 15 000 000 000 000, (que j’appelerai ci dessous 15 trillions (15 T), n’en déplaise à l’Académie qui voudrait que je parle de milliers de milliards)

Revenant aux choses sérieuses, 15 trillions est beaucoup d’argent, bien sûr, mais ne disons pas de bêtises. On évalue les actifs des USA à 59 trillions de dollars. C’est environ 4 fois le montant de sa dette. On ne fait pas faillite parce qu’on est endetté du quart de son patrimoine. C’est sans doute le moment, toutefois de se demander à quoi on joue. Aux USA, aujourd’hui, on joue a nier la réalité et à se faire peur.

Il faut comprendre d’où sort cette dette. Le systeme capitaliste américain, basé sur la production et la consommation d’un masse de biens industriels, a compris depuis Roosevelt qu’il ne survivrait pas sans que les consommateurs aient l’argent nécessaire pour acheter ce qui est produit. Il n’était pas possible de permettre une concentration de la richesse qui ne garderait plus la demande effective.

De « libéral » au sens strict, le système est donc devenu « néolibéral », reprenant et donnant aux « Perdants » du jeu de la production la part de l’argent des Gagnants nécessaire pour que les roues continuent de tourner. Après l’échec d’abord du Fascisme puis du Communisme, on en a fait autant dans tous les autres pays développés. Par la fiscalité, les services sociaux et autres mécanismes de « péréquation » au sens littéral du terme, on a ajusté l’offre et la demande de biens et services pour que cette dernière soit effective.

Évidemment c’est du socialisme, mais aux USA on préfère ne pas le dire trop fort, pour ne pas choquer la population qu’on a convaincue de ne PAS vouloir partager. On a donc mesquiné plus qu’ailleurs sur la part du travailleur au moment du partage du revenu découlant de la production. On a calculé sa part au plus serré, de sorte qu’année après année, on ne lui a pas donné ce qu’il fallait pour que sa demande soit parfaitement effective.

Il n’en fallait pas moins que la production soit entièrement vendue, sans quoi ce n’est pas seulement la valeur de l’excédent non vendu que perdrait le producteur; c’est son capital investi dans la production qui ne vaudrait plus rien s’il apparaissait que la demande serait insuffisante pour que ses produits s’écoulent à profit.

Comment rendre la demande effective ? La réponse qui saute au yeux est de payer davantage les travailleurs qui sont l’essentiel des consommateurs. Mais les Capitalistes ne voulaient pas du tout. Les payer plus ? Vous rigolez ! Si on ne va pas chercher tout ce qu’on peut, on ne s’amuse plus !

Comment concilier, alors, que le revenu du consommateur reste bas, mais qu’il achète de plus en plus ? Simple. ON LUI OFFRE UN CREDIT ! Au lieu de rémunérer justement son travail, on va PRÊTER de l’argent aux consommateurs jusqu’à ce que leur demande soit effective. On va leur faire crédit.

Cet argent qu’on leur prête vient naturellement de ceux qui ont plus d’argent que de besoins à satisfaire. Les « Gagnants » du jeu… Comment convaincre les Gagnants de prêter leur argent ? En leur offrant un intérêt; en leur disant qu’on leur donnera plus dans un an ou dans dix ans. Le Gagnant inscrit sa créance dans ses livres et il est heureux: il a gagné plus !

Il a sacrifié un pouvoir de consommer immédiat dont il n‘avait pas besoin, en échange d’un bout de papier qui confirme qu’il a gagné davantage. On passe dans un monde d’IMAGES ET DE SYMBOLES. La dette que crée le credit passe à la Banque, puis à l’État et le jeu continue…

Mais il y a un os. Les biens consommés ne sont plus là. Le travailleur à qui l’on a prêté les a VRAIMENT consommés, car il en avait besoin. Si le débiteur remboursait sa dette, le créancier verrait qu’il n’y a plus rien à acheter avec cet argent. On peut compliquer indéfiniment l’équation – on enseigne comment le faire à Harvard et ailleurs – mais si on la simplifie et qu’on supprime les parenthèses, il ne reste que des biens réels qui ont la valeur de leur utilité…. et du papier.

Du papier qui atteste la propriété d’une richesse fantôme et qui concède le POUVOIR, mais seulement si on maintient la foi du charbonnier qu’ont les débiteurs en ce que disent les médias et la crainte révérentielle envers les riches qui subsiste, d’une époque préindustrielle où il y avait pénurie plutôt qu’abondance. Si la confiance disparait, on risque l’anarchie. La société peut exploser en individus dont chacun voudra s’occuper de ces affaires « à la Tea Party », mais aussi peut-être regler ses comptes « à la Kackzynski». Si ça commence, nos enfants n’en verront pas la fin de leur vivant.

Aujourd’hui, la confiance craque Pourquoi et a cause de qui est une autre histoire, dont nous parlerons un autre fois, mais il y a un problème urgent à régler. La solution est simple et facile : REMBOURSER LA DETTE. Il faut le faire en se souvenant que cette dette représente l’écart entre ce qu’il aurait fallu payer au travailleur pour rendre la demande effective et ce qu’on lui a versé. Ceux qui doivent la rembourser sont ceux qui en ont profité.

On rembourse donc la dette en imputant à chaque citoyen ou personne morale sa quote-part de la dette publique, au prorata de sa richesse La dette publique des USA est d’environ 15 T (USD$ 15 000 000 000 000) et la valeurs totale du patrimoine d’environ 60 T. On peut faire les calculs exacts sur Internet, mais on n’en est pas à un milliard près. Si on réclame de chacun 25% de ses actifs, on peut rembourser intégralement la dette. Et ce n’est pas une coïncidence si ceux qui rembourseront seront largement les même que ceux qu’on remboursera..

Les détenteurs de la dette seront remboursés par ceux qui détiennent la richesse. Ceux qui n’ont rien ne payent rien. Injuste ? Simple constat de l’évidence que vouloir réclamer des pauvres est une mauvaise plaisanterie. Ceux qui n’ont rien que leur travail à donner ne rembourseront rien, car tout ce qu’on leur donne pour leur travail est le minimum indispensable pour consommer ce qui est produit et qui doit être consommé. Si on exige plus d’eux, la structure industrielle s’effondre et les riches n’ont plus en main que des monceaux de ferraille pour produire des biens qui ne se vendent pas et des liasses de papiers-créances.

C’est la même classe socio-économique qui remboursera et qui sera remboursée – sauf la dette aux détenteurs étrangers qui exigera une autre négociation – mais il y aura des ajustements. Tous les nantis ne sont pas également exposés à la dette publique, mais ils doivent tous en supporter le fardeau au prorata de leur richesse. Une perte pour certains, mais entre riches on se prête les uns les autres; c’est une partie importante du jeu…. Et ils jouiront tous d’une paix sociale qui,  autrement, risquerait de devenir une illusion.

Ce sont ceux qui ont beaucoup, bien sûr, qui feront les frais de l’opération à la hauteur de leur richesse, mais n’oublions pas que cette richesse s’est accumulée en sous-payant le travail… ce qui a été la cause principale du crdit consenti pour équilibrer la consommation a la production. Y a-t-il d’ailleurs vraiment une autre solution ?

Tout se fera en douceur, car la dette est une série d’échéances à rencontrer. Si l’État reprend son pouvoir régalien de battre monnaie – comme il devrait le faire – se sera encore plus facile, car la perception de la taxe sur le capital pour rembourser la dette n’aura pas à se plier aux échéances de remboursement de celle-ci. Une inflation sagement contrôlée pourra permettre les ajustements qui semblent opportuns.

De plus, même si l’imputation aux contribuables est immédiate, le paiement de leur contribution à l’État peut être fixé sur 5 ans, 10 ans, voire plus… en échange d’un intérêt à payer sur le solde. Ne serait-il pas jouissif qu’au lieu d’une dette publique sur laquelle les citoyens payent des intérêt, l’État dispose désormais d’une CRÉANCE sur ses citoyens bien nantis qui constituerait pour tous une rente ?

Pierre JC Allard

387. Les dompteurs de l’injustice   11.08.15

Justice, justice, on n’a que ce mot à la bouche. Si on l’aimait vraiment, il faudrait voir la justice comme une icône et la mettre sur le guéridon avec un lampion devant en signe de révérence. Il faudrait admettre que la justice n’est qu’un espoir. Dans la réalité, la seule justice est que les causes produisent leurs effets.

La justice comme on la rêve, avec l’égalité qui la suit comme son ombre, n’existe pas. Ce qui existe vraiment partout, c’est l’injustice. Une énorme bête. Un tigre. La nature, ce sont les gros qui bouffent les petits de haut en bas de la chaîne alimentaire. Si dans la strate «humanité» on ne se dévorent plus les uns les autres, c’est bien affaire de tendreté plus que de tendresse et on se reprend autrement…

On s’est repris en bâtissant d’abord des sociétés qui reproduisent la lutte pour la vie et où prévaut une totale injustice. Heureusement, avec la division du travail, sont nées en société la complexité, la complémentarité et une dépendance envers la autres qui prend sa source dans la richesse accrue que permet cette complémentarité. On dépend tellement des autres qu’on en vient, sinon à les aimer, du moins à en prendre soin. On parle alors de solidarité.

Une société ne peut exister sans la solidarité, qui est cette protection nécessaire de ceux dont on dépend pour tirer de la société le mieux qu’on puisse en tirer. Cette solidarité pose des limites concrètes à l’injustice. Pas des limites à l’égoïsme, ne vous en déplaise, lequel demeure inchangé, mais des limites à la manifestation de l’égoïsme. On apprend à apprivoiser l’injustice. On devient civilisé.

Dans une petite tribu, chacun qui n’est pas trop bête voit ce qu’il faut faire et ne pas faire pour que ne soient pas mis en péril le bien général et sa propre qualité de vie. Ceux qui ne le voient pas sont vite éliminés. Dans une société complexe, les liens ne sont plus si apparents. On compte sur l’État pour les voir et les faire comprendre à tous. En faisant des lois, des réglements et en les faisant respecter.

Au départ, on demande à l’État d’assurer la sécurité. Que l’étranger ne vienne pas nous asservir et que les voisins ne nous volent pas nos moutons. Pour le reste: libéralisme. Mais, avec la Révolution industrielle, l’interdépendance augmente et l’État doit se mêler de la production, qui est la création de richesse réelle. L’injustice restera flagrante, mais on l’apprivoisera en passant du libéralisme au néoliberalisme.

Après quelques incidents inquiétants, comme la Crise de 1929, viendra donc le néolibéralisme qui acceptera qu’il faille bien reprendre un peu des riches, pour donner aux pauvres si on veut que les roues continuent de tourner. Il faut redistribuer assez de richesse pour que la demande reste «effective» et que ce qui est produit soit largement consommé, sans quoi riches comme pauvres seraient ruinés. On redistribuera un minimum, bien sûr, mais ce sera autant qu’il faudra…

Cette confiscation permanente, systémique, d’une part de la richesse étant nécessaire, elle a été acceptée. Mais elle ne pouvait que frustrer les gagnants du jeu de la production et être un odieux fardeau pour l’État chargé de cette «péréquation». Comment rendre le prèlevement moins haïssable? En faisant un pari audacieux. Il fallait donner aux pauvres l’argent pour consommer, mais était-il nécessaire que cet argent soit prélevé des riches ? Que non ! Il suffirait de CRÉER plus argent. La caste des riches garderait sa part et les pauvres auraient ce qu’il fallait.

Si on créait plus d’argent, sans créer une richese réelle correspondante, n’allait-on pas avoir une terrible inflation ! Pas du tout, car les riches ayant déja tout ce qu’ils voulaient, ils ne consommeraient pas davantage et l’argent entre leurs mains n’exercerait donc pas de pression sur les prix. Ils économiseraient, investiraient, auraient de plus en plus d’argent… mais ne dépenseraient pas significativement plus. On aurait, sans avoir à le dire, un argent pour la consommation de Quidam Lambda et un argent pour les riches.

On a pu vivre heureux des décennies en misant sur cette notion qu’il y avait deux richesses qui ne se mêlaient pas. On a vécu les «Trente glorieuses», on est passé d’une économie industrielle a une économie tertiaire… Il y a eu bien des péripéties, mais les décrire nous écarterait de notre sujet. Ceux qui s’y intéressent peuvent consulter ce lien qui est aussi devenu un bouquin.

On a vécu ainsi sans dommages, laissant se créer une richesse monétaire sans inflation, mais c’était une situation bien instable. Quand on a commis l’erreur de monter des échaffaudages financiers ayant à leur base des propriétés, on a mis des biens réels en gage d’obligations financières. La valeur du bien réel pouvait n’être qu’une parcelle infime de la valeur du montage financier, mais une fluctuation pouvait compromettre la propriété de ce bien réel. On mêlait l’argent pour la consommation à l’argent pour rire des riches…. Danger ! Une perte de confiance, et l’économie réelle serait affectée.

Quand est venue cette perte de confiance et que l’économie a vacillé, le probleme pour les financiers, a été facile a regler: on s’est imprimé virtuellement et on a inscrit aux livres quelques centaines de milliards de plus. Sans importance, puisque l’on savait bien que cet argent ne valait rien. La bourse pouvait continuer a monter…

Pour Quidam Lambda, cependant, quand l’économie vacille et entre en chute libre, c’est lui qui en fait les frais par le chômage et c’est de l’argent pour la consommation qui lui manque. C’est la catastrophe.

Avec la crise de 2008, l’injustice est réapparue. Le tigre s’est échappé. Brutal. Sauvage. On ne pouvait pas dire à QL que l’énorme dette qu’on augmentait maintenant sans broncher n’était qu’une variable d’ajustement, qu’il n’avait jamais été question qu’on la rembourse et maintenant moins que jamais. L’avouer aurait été dire au peuple qu’on lui avait menti et qu’on l’avait fait sauter a travers un cerceau.. ce qui ne va pas sans risques.

L’injustice qu’on avait presque fait oublier est donc réapparue. Le Système doit VITE la cacher à nouveau sous le boisseau pour que le jeu entre riches se poursuive et que se poursuive aussi l’exploitation optimale des autres sans trop les énerver. Pour survivre, le Système doit re-apprivoiser l’injustice. Il le peut en posant les gestes largement symboliques qui rassureront la population – comme rembourser la dette par des virements entre riches qui ne toucheront pas le monde ordinaire – mais s’il ne le fait pas, cette histoire pourrait bien mal finir.

Et s’il le fait – ça, ou autre chose qui fasse disparaître cette dette odieuse – entrerons-nous dans un monde meilleur ? Un peu meilleur… mais évitons-nous une déception: l’injustice changera, mais sera toujours là. On aura mis le tigre en cage, mais il faudra toujours le nourrir.

L’injustice cédera la place à la justice quand l’Homme changera. Le jour où vous comme moi ne voudrons que le plus grand bien de tous et n’aurons plus aucune pensée égoïste… On aura du temps pour en reparler. En attendant, il faut s’assurer que le tigre ronronne.

Pierre JC Allard

388. La pénurie de médicaments – Heil Esculape ! 11.08.24  

 

J’ai pensé intituler ce texte : « Terra, une inspection de routine », mais en plein mois d’août, j’ai craint que les vacanciers ne le prennent pas trop au sérieux. Or, IL L’EST ! Enfin presque…  Avant de le lire, je vous enjoins donc de lire d’abord les trois articles en liens juste ci-dessous.   On vous y  donnera des faits. Comme d’habitude, on ne vous dira rien entre les lignes; on vous jettera en pâture un fait isolé, confiant que vous vous inquiéterez juste assez pour réagir comme on veut que vous réagissiez, mais pas plus. On ne souhaite pas que vous vous intéressiez aux changements de paradigme.  Il y a des gens que le Système paye pour ça…

http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/sante/201108/19/01-4427443-penurie-de-medicaments-16-produits-sajoutent-sur-la-liste.php

http://www.usinenouvelle.com/article/la-penurie-de-medicaments-sur-le-bureau-de-l-afssaps.N157233

http://fr-ca.actualites.yahoo.com/la-pénurie-médicaments-menace-le-canada-201742525.html

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Terra, en transit, (circa  2000 A.D. Temps Local)
De : Agent Adonaï
À : Archives akashiques et al.
Copies : Dieu, Postérité.

J’ai profité d’un bref passage dans l’Espace-Temps pour une inspection de routine sur Sol III (alias Terra, Earth, Urantia), où est en cours  une intéressante expérience d’évolution de conscience liée à la matière, basée sur un développement aléatoire de la combinaison ADN.

Disons, pour résumer, que tout se passe bien, malgré les inévitables frustrations inhérentes à cette utilisation de la matière qui exige que les entités individualisées ne puissent vivre qu’en s’assimilant les unes les autres par digestion et que leurs programmes mémoires soient remis à jour à peu près aux soixante-dix ans en temps local. La motivation demeure forte.

Depuis ma dernière visite (1000 A.D. Temps Local), malgré quelques phases d’obscurantisme, science et technologie ont progressé normalement  et croissent désormais à un rythme exponentiel. L’espèce dominante ( Homo sapiens sapiens) a maintenant déchiffré son code génétique et peut donc commencer à comprendre ses propres paramètres.  À la prochaine visite, vers 3000 A.D. , elle se percevra peut-être dans le contexte de l’expérience dont elle est le sujet, permettant que débute une communication.

Pour l’instant, la spécificité de cette expérience sur Terra – et donc son intérêt parmi l’infinité de celles en progrès – tient surtout à l’originalité de ses essais sur les modes de gouvernance.

On sait, depuis bien longtemps, que le but de ceux qui gouvernent est toujours d’obtenir de ceux qui sont gouverné un maximun de biens et services, en y mettant eux-mêmes un minimum d’efforts et en ne devant supporter d’eux qu’un minimum de récriminations.

Ce qui sur Terra a commencé par l’esclavage et les coups de trique est donc devenu démocratie, au fur et à mesure qu’on a compris chez les dominants qu’il est plus efficace de faire des promesses que des menaces et que le fin du fin est une population qui a des besoins qu’elle ne peut satisfaire qu’en faisant ce que ses chefs lui disent de faire.

Cette approche – gérée, par le contrôle des ressources et des moyens de production, puis peaufinée par celui d’une monnaie qui permet de corriger au niveau des symboles ce que la réalité pourrait commettre de petites bavures – a longtemps permis l’exploitation du cheptel humain inférieur de façon sereine.

Depuis 50 ans, avec un système de transfert de la richesse basé sur la consommation d’énergie – un besoin auquel nul n’échappe au prorata de sa consommation –  et la perception d’un intérêt sur le capital présenté comme une loi de la nature, le capitalisme sur Terra a atteint une quasi-perfection.

Récemment, raffinements supplémentaires, le paiement de cet intérêt nécessaire à la stabilité de la richesse a pris la forme de jeux d’écriture byzantins arbitraires, incompréhensibles aux âmes simples et discrètement notés dans des dossiers eux-mêmes dématérialisés. On pense aussi, de plus, à taxer la consommation d’énergie en tout-virtuel par une taxe-carbone. On peut difficilement faire mieux.

Seule ombre au tableau, le contrôle de l’exécution des ordres par la distribution des récompenses, facile a appliquer dans une situation de pénurie constante, ne l’est plus avec l’avènement par l’industrialisation d’une situation d’abondance globale. Le point faible du systéme est la nécessité de garder le besoin vivace pour que les ordres soient exécutés; des erreurs d’ajustement peuvent mener à des problèmes locaux, genre famine en Afrique de l’Est… et donc a des insatisfactions.

À du mécontentement, même, quand des millions d’individus meurent de faim, alors que les ressources humaines, matérielles et techniques sont surabondantes et que la logistique de les nourrir serait triviale. Pire, quand on constate qu’un simple conditionnement  des habitudes d’accouplement aurait suffi pour qu’ils ne naissent pas…. Comment faire mieux ?

La solution évidente serait de mettre fin à la lutte historique pour les produits d’alimentation, en permettant une légère surproduction globale de nourriture, en conformité  avec un plan lui aussi global de production, de transformation et de distribution des aliments necessaires, selon la demande estimée.  Le défi crucial serait de maintenir la motivation. Les elites de Terra y travaillent déja, par le développement planifié de certaines assuétudes.

Des tests préliminaires ont prouvé, en effet, que des dépendances peuvent être créées dont l’effet est irrésistible, aussi bien chez les humains que chez les souris blanches.  La stratégie consiste donc, en deux (2) volets :

a) à universaliser d’abord l’usage de drogues, et b) à mettre en place une couverture universelle, commençant par les pays développés, qui mettra chaque individu sous la tutelle directe d’un médecin lui prescrivant tous les médicaments nécessaire à sa santé… et les l’anxiolytique/euphorisants qui lui garantiront l’état de béatitude optimal compatible avec l’exécution efficace des tâches qui lui seront confiées.

Cette seule béatitude attendue devrait suffire a créer une dépendance forte, mais, pour plus de sécurité, des ajouts chimiques actifs au niveau des neuro récepteurs peuvent être ajoutés pour garantir l’assuétude. La dose étant renouvelée sur une base hebdomadaire, ce suivi médical permettra un contrôle parfait de.la population.

Parmi les nombreux avantages, celui de stabiliser rapidement la démographie, qui donne certaines inquiétudes, ainsi que la longévité dont le coût-bénéfice, dans l’état actuel de nettoyage du profil génétique général de l’espèce, devient présentement négatif entre 65 et 85 ans selon les cas, mais pourrait être allongée à la hauteur de la résistance du matériau biologique de base. Ajoutons la paix universelle et le respect parfait de l’ordre établi.

Où en est-on de ce breakthrough ?   Le système met les bouchées doubles pour trouver le soma parfait, en développant des drogues qui demeurent  illicites le temps que le système puisse en étudier tous les effets sans avoir à en assumer la responsabilité des inévitables effets secondaires négatifs occasionnels.   Il s’interroge aussi sur l’opportunité de laisser la recherche et la production des médicaments à l’entreprise privée – avec le danger propre aux systèmes de pouvoir héréditaires de passer peu a peu la main à des génération moins douées – ou de confier  ce qui deviendra rapidement le secteur le plus important de la production et  donc la gouverne effective de la société  à un État dont les mécanismes auraient, toutefois, grandement  besoins d’être améliorés.

La décision n’est pas prise, mais les rumeurs de pénuries qui commencent à circuler – avec la belle unanimité d’un réseau d’information  totalement sous la houlette de la classe dominante – laissent présager de rapides changements.  Peut-être conviendrait-il de planifier une visite  exceptionnelle dans un siècle sur Terra, pour voir où Sapiens en sera rendu de sa santé et de sa manipulation par ses élites.

Adonai

 

389. Indépendance du Quebec; pour un post-abortum dans l’espoir 11.08.31

On n’en finit plus de souffrir des sequelles de cet enfant qui n’est pas né. On n’a jamais fait le deuil ni le curetage.  Est-ce qu’on va bientôt en sortir et faire autre chose ?   Il faudra encore combien de temps pour que l’on comprenne enfin que le monde de 2011 n’est pas le monde de 1960 et que l’indépendance dans le sens dont en parlaient André d’Allemagne, Bourgault, Levesque  et les autres, est aujourd’hui aussi dépassée que le régime féodal et le droit de cuissage ?

On peut bien garder le mot et le faire mijoter autrement, pour que le potage épaississe, devienne une sauce et qu’on puisse napper de « souveraineté » le statut qu’on donnera au Québec dans l’Union Nord Américaine, mais il faudrait comprendre que l’interdépendance a remplacé l’indépendance.  Comme la « France éternelle » est à devenir une  division culturelle pittoresque d’une Europe qui ira de Brest à Behring.

On vit tassé sur une Terre rétrécie. Chaque nation ne peut plus faire que ce qui n’embête pas trop les autres, puisque sans les autres elle ne peut pas survivre. 70 % et plus des lois qui s’appliquent en France sont déjà conçues et décidées à Bruxelles et le Québec verra les siennes approuvées à Washington, même si pour nous faire plaisir on les signera à Ottawa… ou sur la Grande-Allée.

Notre défi, comme Québécois, n’est pas d’en faire plus que ce que nous pouvons faire, mais de  faire mieux ce qu’il nous appartient de faire. Nous pouvons faire mieux sans changer un iota des pouvoirs dont dispose le Québec. Mieux en Education, mieux en Santé, mieux pour l’accès à la justice, pour une distribution plus équitable du revenu et de la richesse, pour diffuser notre culture, etc…

On fera mieux si on fait un peu de politique, mais quand on regarde se dessiner la nouvelle carte politique du Québec qui prendra acte de la fin du Parti Québécois, on se désole.  On voit que l’avenir immédiat risque de scinder en deux ou trois volets les clientèles crypto ou pseudo souverainistes « molles » du PQ  – avec sensibilités de gauche ou de droite tout aussi velléitaires – laissant isolé un noyau d’irréductibles « séparatistes», insensibles à tout sauf  à la  nostalgie des mots eux-mêmes et qui fera sagement son deuil d’accéder jamais seul au pouvoir.

Ils offriront quoi ces Marois, Legault, Duceppe, Curzi, Khadir, Deltel ?  Quoi de neuf ?  Quoi d’autre que les sempiternelles jérémiades en variations sur le thème des relations entre Ottawa et Québec ?  Si l’un ou l’autre d’entre eux, ou un chevalier blanc sorti d’une boîte a surprise, ne rompt pas avec cette vision passéiste – en disant brutalement que le mot même d’indépendance est tabou – aussi bien nommer Charest Premier Ministre à vie ! Il faut que quelqu’un apporte aux Québécois un NOUVEAU projet.  Un changement qui modifie vraiment leur vie quotidienne et crée un ENTHOUSIASME.

Du neuf. On n’a pourtant vraiment que l’embarras du choix, car RIEN ne fonctionne très bien au Québec et on n’a RIEN proposé d’original depuis le premier gouvernement Levesque de 1976.  Toute notre structure sociale a la vetusté de ces structures en béton qui s’effondrent maintenant partout, parce qu’on a cru que le petit moment de travail sérieux qu’on avait fait il y a des décennies réglerait tous les problèmes pour l’éternité.

Or ce n’est pas ça. Ni pour le béton, ni pour les idées. Si le monde était ainsi fait, Obama serait Pharaon, le Pape nous dirait encore comment gérer nos vies de couple et on achèterait tout des Chinois en les payant en opium ou en verroterie.  Tout est à remettre à l’heure. Il faut se re-créer une société.

Il faudrait le faire partout, mais notre défi de Québécois est de le faire au Québec.  Idéalement, on changerait tout, mais ne changer qu’UNE SEULE CHOSE serait déjà merveilleux. Un éveil/réveil. Un pas hors de la complaisance béate dans l’insignifiance qui est la source de l’injustice, puisqu’elle nous convainc que la justice sociale est une chimère et ne signifie rien.

Il y a tant de choses qu’on pourrait proposer. Il ne manque que les méninges – un peu – et des couilles, beaucoup… Dans les paragraphes qui suivent, il y a des liens. Je vous suggère de les garder en référence.  Inutile de les ouvrir aujourd’hui, on va se perdre…  Il y a tant de choses à faire.

On pourrait, par exemple, mettre en place un revenu et un travail garanti pour tous, supprimant la misère du Québec (où un enfant sur trois aujourd’hui vit sous le seuil de la pauvreté).  Difficile ?  Facile au contraire. En un an. Un trait de plume, quelques fonctionnaires affectés à un travail utile et la VOLONTÉ de le faire.

https://nouvellesociete.wordpress.com/travail/

Restructurer l’éducation autour d’une relation de longue durée entre un enseignant et une cohorte d’apprenants. La pédagogie est l’affaire de l’enseignant; l’Etat établit les objectifs, gère les examens (docimologie) … et ferme sa gueule. Quand il s’en mêle davantage, il nuit.

https://nouvellesociete.wordpress.com/education/

Créer un systeme de santé efficace, en formant d’abord les ressources dont nous avons besoin et en écrasant brutalement tous les corporatismes. Après, établir une relation de confiance entre un médecin payé par capitation et ses patients, avec EN SOUTIEN les spécialistes requis et, à la disposition des ressources médicales, les ressources matérielles hospitalières et pharmaceutiques.

 https://nouvellesociete.wordpress.com/s-80-essais-sur-la-sante/

Décréter que toute cause civile d’origine contractuelle se règle en première instance par arbitrage, avec un appel possible au tribunal civil, mais TOUTES AFFAIRES CESSANTES, alors, mettant fin à ces délais malhonnêtes qui n’enrichissent que les avocats et font que la justice n’existe que pour les riches et n’est qu’un chantage  institutionnalisé.

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Remettre à l’heure du jour la loi 101, qui a le double démérite d’être d’une part inutilement vexatoire pour les minorités linguistiques… tout en étant, d’autre part, tout a fait insuffisante pour garantir que le Québec soit et reste français.

https://nouvellesociete.wordpress.com/2008/09/17/188-quebec-francais-1/

Et il y a d’autres questions à régler, pour gérer la culture, le droit à l’information, la fiscalité…. Mais faire au moins QUELQUE CHOSE. Une seule chose, peut-être, au départ…, mais pourvu qu’elle soit bonne.

Il y a aussi de vrais s contentieux à discuter entre Québec et Ottawa. La représentation du Québec et de ses intérêts à l’étranger par exemple. L’immigration qui est aujourd’hui un partage bancal des responsabilités. La défense nationale…  Mais cessons la rengaine que les priorités sont la, toujours dans ce que l’on ne peut pas faire !

Derrière tout ça, il y a aussi et surtout l’argent, la monnaie, le crédit. On le sait, mais ne soyons pas naïf au point de croire que c’est Ottawa qui en décide. Nous changerons au rythme où le monde changera. Pour l’instant, il faut mettre en place au Québec un gouvernement qui fera ce qu’il PEUT faire.

Il y a des choses dont on devrait parler et sur lesquelles la population devrait opiner. Il faudrait que s’ouvre un débat politique sur ce que nous voulons être comme société et que ceux qui prétendent nous gouverner s’identifient aux options entre lesquelles nous voulons choisir. Pour l’instant ils se comportent comme des pantins : des poupées qui semblent toutes se coucher et dire « Maman » quand on les paye.

Pierre JC Allard

390. Belak, Strauss-Kahn, Sarkozy… s’amuser comme des fous   11.09.05

 

Aujourd’hui, 4 septembre 2011, C’est la rentrée. Funérailles de Wade Belak, hockeyeur américain de 35 ans qui s’est suicidé la semaine dernière. Nos condoléances à ses parents et amis. Le rôle de Wade, quand il jouait au hockey, était de casser la gueule de ses adversaires, mais ce n’était pas un mauvais bougre. C’est ce que son équipe le payait pour faire et c’est ce que ses fans payaient pour voir. Mettre des rondelles dans un filet est un prétexte. Un bon match de hockey est surtout un spectacle de cassages de gueules. On s’y amuse comme des fous.

Aujourd’hui 4 septembre 2011, on annonce que DSK est à Paris, Place des Vosges, un peu comme on annonçait jadis que Bonaparte retour d’Elbe était à Saint-Cloud. Il arrive ! On va voir ce qu’on va voir ! Viols, pas viols, on attend surtout de lui qu’il pourfende ses ennemis. On va bien s’amuser.

Pendant ce temps, le Roi Nicolas s’amuse aussi. Il reçoit l’hommage-lige des étranges hurluberlus qu’il a mis comme vassaux sur les marches du trône de son futur fief en Libye, ainsi que les compliments de ses cousins, les autres Princes d’Occident.

Victoire et jubilation. « Exultez ! On les a noyé, les Bicous, », comme chante Otello, pendant qu’on devine dans l’ombre un Iago à col échancré qui ricane. On a détruit, on a tué, on pille tous les jours en Libye et le pétrole coulera a flot. Il ne manque que Mouammar, chargé de chaînes, courant derrière le char du triomphateur sur les Champs Élysées et il n’est pas dit qu’on ne l’aura pas. On s’amuse bien.

Il y a une demande insatiable pour la violence. Dans une économie de marché, c’est le produit le plus porteur. On a dit longtemps que l’humain ne voulait rien tant que l’amour et ne se battait qu’à son corps défendant. Foutaise ! Comme tout être vivant, l’humain ne survit qu’en détruisant une autre vie dont il se nourrit. Ses gènes le savent et ne le laissent pas l’oublier. Il AIME la violence.

Comme leurs gènes et leurs hormones ne laissent pas les poètes ni les chantres de l’amour courtois, oublier que le moment de vérité, le geste fondamental de l’amour, c’est la pénétration du coït, qui est un indéniable geste d’agression. On s’amuse dans la violence. On ADORE la violence. On s’amuse comme des fous.

Comme des fous. Et encore… Dire que la violence est une folie, c’est une concession à l’éthique qu’on s’est bâtie pour se voir beau, comme on s’aime, mais cette image plaisante, ce reflet délicat, n’existe que si quelque chose de plus rustre en nous qui lui a servi d’ébauche a d’abord survécu. Survécu grâce à cette violence que maintenant on dit « folle », mais qui a été au départ d’une implacable logique.

Grégarité, société, civilisation… Quand la désapprobation des autres – et les peines qui peuvent en découler – deviennent plus dissuasives que ne nous motivent les plaisirs primaires que nous offre la nature, on se contrôle. Ainsi, beaucoup de femmes de chambre guinéennes ne sont jamais violées… Mais la nature n’est jamais loin ; notre société n’échappe pas tant à la violence qu’elle lui trouve des excuses ou des substituts et qu’elle en confie la réalisation à un gladiateur de service tout en gardant la satisfaction au spectateur

Le sport en est le cas emblématique. La boxe est celui des sports qui semble le plus violent, mais l’aveu de l’intention impose une certaine retenue. Cette retenue disparaît dans les sports d’équipes – hockey et football américain surtout – où les débordements peuvent paraître involontaires ; c’est alors que la violence peut être vraiment désirée et encouragée.

De concussions en commotions cérébrales, on a vu un hockeyeur de 21 ans avoir le cerveau en bouilli d’un vieil alzheimer.. et trois (3) qui avaient le même rôle que Belak se sont suicidés depuis quelques semaines. Dur,le hockey.

Dur le hockey, mais une autre violence peut-être voulue avec plus d’hypocrisie et être encore plus incontournable, dans les sports où c’est le temps qui est le défi. La course automobile, par exemple, où on joue sa vie pour un centième de seconde. Et il y a encore pire que les courses, où l’autre à vos côtés crée encore un bon sens de consensus ; il y a les sports où il n’y a que le chronomètre et vous et où c’est vous qui choisissez de transgresser vos limites. Il y a enfin le fin du fin, la luge où, en décidant du tracé, on peut décider de la probabilité que vous y surviviez pas. Ave spectator !

Il y a aussi le jeu politique. À mesure que le citoyen a pris conscience de la similitude entre les gestes que posent les gouvernements élus quels qu’ils soient, le débat politique est devenu aussi un sport extrême. L’impact sur la vie quotidienne d’un virage de Gauche à Droite ou l’inverse étant négligeable, c’est le sentiment d’appartenance qui seul importe au supporter, comme on était Vert ou Bleu à Byzance.

Il n’y a plus débat, mais combat et on a répondu à la demande pour la violence en prolongeant le processus électoral qui est en fait un calendrier de rencontres menant à un match-scrutin périodique de championnat. Aux USA, avec des élections législatives aux deux (2) ans, jointes une fois sur deux à une présidentielle, les campagnes électorales sont permanentes, interrompues seulement brièvement pour quelques semaines pour permettre aux élus de prendre acte des résultats et mettre à jour leurs stratégies de cueillette de fonds. La gouvernance est déléguée aux fonctionnaires, la notion de service public est nulle. La violence est totale.

Au delà du sport et de la politique ? Il y a la guerre. Pas les guerres d’antan, quand deux antagonistes jouaient leu va-tout, mais des petites guerres que font les Grands chez les Petits. Pour se donner de l’argent et des contrats, bien sûr, mais ça, on pourrait le faire autrement. On fait les guerres surtout pour le plaisir. Le plaisir de la violence.

Violence immédiate des Blackwaters et autres mercenaires sur le terrain, mais violence aussi, plus sadique et plus dévastatrice, de ceux qui la font dans les États-majors et les Conseils d’administration. Celle surtout vicariale et perverse des Quidam Lambda, glués à l’écran du 20 heures, pour voir bombarder des civils ou regarder des lignes de fronts se déplacer selon l’imagination des commentateurs dans le cadre des instructions qu’ils ont reçues du Pouvoir.

La violence est partout. Bien sûr, il y a des gens pour écouter de la musique, réciter des mantras, bouffer des champignons magiques ou autrement tenter d’échapper à ce désir de violence, à cette affirmation sur l’autre d’une supériorité dérisoire pour se cacher un peu l’infériorité essentielle qui est celle de la condition humaine…

Il y en a, mais ces gens sont bien peu nombreux, face à la multitude de ceux qui ne s’amusent que comme des fous, dans la confrontation et la violence…

Aujourd’hui, c’est la « rentrée ». Wade Belak n’est plus là, mais Strauss-Kahn oui, Sarkozy aussi et des millions d’autres gladiateurs vont entre dans l’arène, comme l’an dernier, comme l’an prochain… Tous fanas de la violence, bien décidés à ajouter au sable « un peu de sang, pour faire une peu de boue… ». Souhaitons-nous un peu de paix.

Pierre JC Allard

 

391. Une démocratie à prendre… ou à laisser 11.09.12

J’entends par « démocratie » la doctrine politique qui veut confier la gouvernance de l’État au peuple et j’appelle « démocraties » les États dans la mesure où cette doctrine y est appliquée… et selon l’évolution de la pensée politique

Aujourd’hui, démocratie signifie que le pouvoir formel de décision de l’État appartient à la majorité de ses citoyens, mais on accepte généralement que ce pouvoir soit : a) délégué à des représentants du peuple et b) encadré par une loi fondamentale (constitution), ou une éthique transcendante qui fait consensus et protège les minorités de la tyrannie d’une majorité.

Le démocratie ainsi définie a si bonne presse, que même les États qui ne laissent aucun pouvoir significatif à leurs citoyens mettent aujourd’hui beaucoup d’ingéniosité à se prétendre démocratiques.

Pourquoi cette cote d’amour, alors qu’il est bien clair qu’il n’est pas efficace d’accorder la même valeur à l’opinion de celui qui s’y connaît qu’a celle de celui qui ne s’y connaît pas ? L’efficacité n’est-elle pas nécessaire à la survie de l’État ?

C’est que l’on triche un peu… Le démocratie réussit son opération de charme grâce à une myriade de clins d’œil et de sourires complices. On dit que « va de soi » tout ce qui ne va pas du tout et un Talleyrand qui s’y opposerait ne ferait pas vieux os…

Ainsi, il va de soi que Quidam Lambda ne s’y connaît ni en géopolitique, ni en stratégie militaire et nos chefs militaires sont donc nommés et non élus. Normal. Après tout, Q.L ferait-il voter ses copains, si son cardiologue lui recommandait un pontage ? Petit clin d’œil pour dire que tout le monde ne peut pas donner une opinion sur tout…

Notre ami Q.L ne sera pas non plus consulté, s’il s’agit d’envahir l’Afghanistan ou la Libye. Que connaît-il des implications économico-politico-culturelles d’une intervention au Mahreb ou en Asie centrale ? Autre clin d’œil, mais si son fils est tué a Kandahar, dans une guerre dont il n’a pas décidé et dont la majorité des citoyens ne veulent pas, ce sera un bien triste sourire…

Comme Quidam Lambda ne s’y connaît pas en finances, on ne lui demandera pas non plus son avis pour que la France abandonne à une Banque Central Européenne son droit de battre monnaie. On décidera aussi, sans lui en parler, de payer en « intérêts » l’équivalent de tous les gains de productivité que la Nation a faits depuis trente ans, créant une dette de pure complaisance qui garantira que les pauvres restent toujours à leur place dans l’échelle sociale.

QL ne s’y connaît pas davantage en éducation, en santé, en culture, en sécurité, en création d’emplois, en démographie… On ne le consultera donc sur rien. Il est « représenté », bien sûr, mais celui qui le représente ne connaît vraiment bien qu’une seule chose : l’art de se faire élire.

Les députés, les ministres, le président ne connaissent pas autre chose, car se faire élire est un travail à plein temps. Aucun de ceux qui représentent Q.L ne connaît ce qu’il faut pour gérer un État, sauf les experts – fonctionnaires ou conseillers – qui ont consacré – du moins on l’espère – le temps qu’il fallait pour en connaître quelque chose.

Notons bien : pas tout en connaître, mais « en connaître quelque chose ». Chacun, comme les aveugles de la fable, connaît bien, qui la trompe, qui les oreilles, qui la queue de l’éléphant, mais personne ne connaît bien l’éléphant qu’est le système. Chacun agit dans sa sphère de connaissance – au mieux de ses propres intérêts, n’en doutez pas un instant – mais qui coordonne la trajectoire de l’éléphant ?

On peut croire que la grosse bête folâtre à sa guise dans les cultures, en faisant surtout des dégâts ou, si on est « conspirationniste », croire qu’une force occulte gère le tout. Le plus probable est sans doute que des groupes d’opportunité se font et se défont, puis s’entendent pour servir un temps de cornac à l’éléphant…

On choisit la thèse qu’on veut, mais ce qui est sûr, c’est que ni ce que les statisticiens appellent « la marche de l’ivrogne », ni une quelconque théorie du complot, ne sert au mieux les intérêts de Quidam Lambda.

Ce qu’on fait les sert même si mal, que c’est devenu une évidence crasse que la démocratie est un mode gratifiant de gouvernance, mais ne remplit pas ses promesses et qu’il faille changer la démocratie ou y renoncer.

Présentement nous sommes à y renoncer, en permettant que l’INFORMATION sans laquelle aucun choix pertinent n’est possible soit de plus en plus biaisée, partiale, ridiculement incomplète. En l’absence d’information, pas de consultation valable possible des citoyens et tout tend donc à favoriser une cession du pouvoir à des institutions non-démocratique, comme la Commission Européenne, laquelle fait ou inspire déjà la majorité des lois d’un pays membre comme la France.

Il y aurait beaucoup à faire pour ramener la démocratie en France, mais ne faisons ici qu’une suggestion: banaliser le processus référendaire, pour que le peuple puisse s’exprimer plus souvent sur des aspects sectoriels de la politique de l’État. On pourrait ainsi donner au peuple un droit de veto absolu sur certaines décisions spécifiques. Une mesure facile et peu couteuse à prendre, mais bien motivante, car le peuple, qui ne sait pas toujours dire ce qu’il veut, sait cependant toujours dire ce qu’il ne veut pas !

On pourrait aller plus loin en soumettant aussi au peuple, en forme référendaire, les propositions de lois du gouvernement et celles d’autres experts, laissant finalement le peuple mieux informé trancher, en choisissant celle qu’il préfère des alternatives COHERENTES qu’on pourrait lui offrir.

Pourquoi, par exemple, en démocratie – sachant preuves à l’appui qu’on ne peut faire les trois (3) – ne serait-ce pas au peuple de choisir s’il veut qu’on réduise (augmente) les taxes et impôts, qu’on réduise (augmente) les services ou qu’on réduise (augmente) la dette publique ?

Un pas vers la démocratie. Il faudrait bien, aussi, que soient élus en France en 2012, et dans les autres pays d’Europe à la première occasion, un président et une Assemblée qui posent clairement un ultimatum à Bruxelles.

Soit une Europe démocratique, avec un Président élu au suffrage universel, disposant du pouvoir exécutif selon le modèle USA en tout ce qui concerne les pouvoirs délégués aux instances européennes en y ajoutant le CONTRÔLE SUR LA BCE… Soit pas d’Europe, ou une Europe sans la France.

Pierre JC Allard

392. Corruption à Québec et l’exemple de Jésus   11.09.19

 

À cet article, j’avais d’abord pensé donner pour titre: « Crasse : quand la saleté s’accumule ». Mais, comme disait le Juge Routhier sur musique de Calixa Lavallée, nous sommes nés d’une race fière, notre berceau a été béni et c’est le Ciel qui a marqué notre carrière… incluant, on présume, celle de nos carriéristes. Ne pas s’étonner, donc, si nos scandales au Québec – petit clin d’oeil à nos amis français – ne s’inspirent pas des histoires de vieilles dames au parfum avec de jeunes messieurs, ou de vieillards avec de jeunes femmes de chambre, mais directement de l’Évangile. Confessons-le…

Maintenant que tous les Québécois ont, comme le Premier Ministre Charest, lu quelques bribes du rapport confidentiel de Jacques Duchesneau sur la collusion dans l’industrie de la construction, ils sont à peu près tous convaincus que le Québec, son gouvernement et ses fonctionnaires, nagent dans la gabégie, la prévarication… et choisissez ici entre 42 synonymes pour « corruption».

Grande surprise ? Pas vraiment. On sait depuis les dernières élections municipales que ce sont des « politiciens » (inspirez vous au besoin des 42 synonyme ci-haut pour les qualifier) qui ont le haut du pavé dans la gouvernance et l’administration publique au Québec. Ils s’acoquinent au besoin avec la mafia, la pègre ou ceux qu’on soupçonne d’en être pour obtenir un peu d’expertise ponctuelle pour réussir une affaire, mais en dernière analyse et au fond des choses, ce sont eux, ceux que nous avons élus, solidement appuyés par ceux qui les financent et ceux qu’ils ont nommés, qui sont les pires criminels. Les « félons » qui ont obtenu notre confiance et qui l’ont trahie. (lien)

Pas de surprise, on savait déjà. On vient juste de préciser comment ils nous filoutent au rythme de MILLIARDS de dollars par année. Car il faut bien comprendre que, si les travaux de voirie au Québec coûtent 30% plus cher qu’ailleurs, ça fait 30% à donner aux copains. 4,4 milliard de travaux de voirie prévus à Montreal l’an prochain, par exemple, c’est plus de 1 000 000 000 $ à détourner vers les fraudeurs. Un hold-up d’un milliard. Allez, hop ! Videz vos poches ! Et ce n’est qu’un acompte…

Un acompte, car ce n’est pas un milliard qui fera perdre le Nord à notre Premier Ministre. Il a son Plan. Avec persévérance, il profitera de ce qui lui reste de mandat pour brader nos ressources naturelles, aux moins comme aux plus offrant d’où qu’ils viennent. Pourvu qu’ils construisent des routes…, et des ponts…, et des tunnels… et des viaducs qui ne tombent pas avant que John James Charest ne soit tombé. La destinée manifeste du Grand Nord québécois est devenue d’être couvert de travaux de voirie en 20 ans. Donneurs de pots-de-vin du monde entier, unissez-vous !

Dix milliards de dollars 10 000 000 000 $ de prébendes sur 20 ans pour les copains libéraux et leurs enfants ! Ça fait saliver, hein ? Les petits escrocs peuvent aller se rhabiller ! Quand à « ceux qui sont nus », comme disait l’Autre, on y pensera une autre fois. Ce qui me ramène au message du Christ. Avant d’aller apprendre comment faire des CDS et autres arnaques à Harvard, quiconque aspire à être une crapule devrait d’abord maîtriser l’Évangile.

Allez aux Évangiles, à Saint-Luc, Verset 16 :

1 Jesus dit aussi à ses disciples: un homme avait un économe qui lui fut dénoncé comme dissipant ses biens.

2 Il l’appela, et lui dit: Qu’est-ce que j’entends dire de toi? Rends compte de ton administration, car tu ne pourras plus administrer mes biens.

3 L’économe dit en lui-même: Que ferai-je, puisque mon maître m’ôte l’administration de ses biens? Travailler à la terre? je ne le puis. Mendier? j’en ai honte.

4 Je sais ce que je ferai, pour qu’il y ait des gens qui me reçoivent dans leurs maisons quand je serai destitué de mon emploi.

5 Et, faisant venir chacun des débiteurs de son maître, il dit au premier: Combien dois-tu à mon maître?

6 Cent mesures d’huile, répondit-il. Et il lui dit: Prends ton billet, assieds-toi vite, et écris cinquante.

7 Il dit ensuite à un autre: Et toi, combien dois-tu? Cent mesures de blé, répondit-il. Et il lui dit: Prends ton billet, et écris quatre-vingts.

( Et c’est là que ça devient intéressant. GRC, FBI, la croix, la prison… ? Que non !)

8 Le maître loua l’économe infidèle de ce qu’il avait agi prudemment. Car les enfants de ce siècle sont plus prudents à l’égard de leurs semblables que ne le sont les enfants de lumière.

9 Et moi, je vous dis: Faites-vous des amis avec les richesses injustes, pour qu’ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels, quand elles viendront à vous manquer. »

Au cas où vous ne maîtriseriez pas l’exégèse, voici ce que ça donne au XXIe siècle:

Un système financier puissant avait des serviteurs, dont le peuple à l’occasion lui signifiait qu’il devait en changer. Ceux-ci se dirent : Qu’en sera-t-il de nous quand nous serons remplacés ? Car nous ne savons ni travailler, ni penser ni faire œuvre utile…. Nous savons ce que nous ferons!

Faisant venir chacun de ceux qui travaillaient pour l’État, les serviteurs leur dirent : « Que devriez vous donner et recevoir ? » L’un dit : « Livrer dix kilomètres de route et recevoir un million » Le serviteur lui dit : « Assied-toi vite et écris 8 kilomètres ». Il dit ensuite à un autre, qui avait le même engagement : «Prend to contrat et écris 1,3 million. »

Les financiers louèrent leurs serviteurs d’avoir agi prudemment. Car les fripouilles sont plus généreuses envers leurs semblables que ceux qui croient en un monde d’honnêteté et de justice.

Ils leur dirent : « Faites vous amis des firmes d’ingénierie et de construction en dilapidant les biens publics qu’on obtient en taxant ceux qui ont peu, afin qu’il y ait des postes de vice-présidents pour vous dans le secteur privé, quand le peuple lassé vous aura chassé ou qu’un salaire de fonctionnaire ne vous satisfera plus. »

Le message évangélique a bien des secrets ; lisez même ce qui est écrit en petits caractères. Assez pour aujourd’hui. La semaine prochaine – si Dieu me prête vie, car nous sommes si peu de chose… – je chercherai peut-être aussi dans les Saintes Écritures ce qu’il faudrait faire pour se débarrasser de la saleté qui s’est accumulée à Québec.

Si la vie ne me consent pas ce crédit, je suis persuadé que d’autres trouveront bien tout seuls comment faire le ménage. La grande surprise, en cette affaire, en effet, c’est que la population n’ait pas encore jeté à la rue, sans violence inutile, mais avec toute la force nécessaire, le gang de malandrins qui gouvernent le Québec.

Mais, comme chantait Édith Piaf, ça ne pouvait pas durer toujours.

Pierre JC Allard

 

393. Jacques Duchesneau et les faiseurs de rois   11.09.26

 

Le Québec est dans l’émoi. La corruption est partout et la confiance nulle part.  On se demande le rôle de ces ombres de mafieux et de financiers derrière le trône. On s’interroge sur la démocratie.  Tout a l’air si bien ficelé et nous si bien ligotés… Où est le Sauveur ?  Exultez, braves gens, tremblez malfrats, Duchesneau arrive.  Il entre…

Trompettes et roulements de tambours ? Pas tout de suite. Une formalité : le sacre. Tant que le Roi n’est pas oint du Saint-Chrême, il ne guérit pas les écrouelles et le crime prospère  Qui va oindre le monarque ? Les medias, bien sûr: les faiseurs de rois. Il y a autant de “faiseurs de rois” au Québec qu’il y avait d’augures à Rome, mais ils ne sont pas tous égaux: l’Esprit souffle où il veut.

Si on enlève les prophètes mineurs, la grâce divine, aujourd’hui, ils sont deux à la donner.  D’un côté l’équipe Gesca, sous les couleurs Cyberpresse, et de l’autre un tigre tout seul dans son repaire : Guy Lepage sur le plateau de “Tout le monde en parle” (TLMEP).  Qui ceux-là oindront, règnera.

Quand arrive Duchesneau, on n’est pas si chaud, côté Gesca. Gesca, c’est l’establishment Desmarais. On roule pour le Parti Libéral du Québec et donc pour Charest.  C’est le gouvernement qui a nommé Duchesneau et en principe tout baigne, mais Duchesneau à la réputation d’un homme férocemment indépendant et n’est pas le vassal rêvé… GROSSE inquiétude, donc,  chez les Puissants, quand on a appris qu’il passerait à TLMEP, parlant au peuple par dessus la tête des hommes de Gesca.

DANGER !  Ce dimanche 25 septembre, la majorité des électeurs francophones sérieux du Québec –  (étant sérieux, disons, ceux qui savent que René Levesque a déjà été Premier Ministre ET qui pourraient peut-être voter aux prochaines élections…)  – va se river devant son téléviseur pour entendre le verdict qui sortira de TLMEP.  Duchesneau est-il « Celui qui doit venir » ou devons-nous en attendre un autre ?

Danger, car on a vu cet été Jack à TLMEP et le Québec en masse virer orange.  Maintenant c’est Jacques…  et s’il « passe » bien  on peut penser que les Québécois suivront.  Pas tous, mais assez d’entre eux pour nous donner un roi.    On peut se raconter des histoires, mais c’est Lepage qui a fait Layton, et c’est parce que Layton est devenu l’Oint du Seigneur que le Bloc Québécois est mort et que le NPD est né.  Personne au Québec n’est plus influent que Lepage.   On doit  penser beaucoup  en Haut Lieu…

Dans la plupart des pays du monde, les gens comme Lepage, on les achète ou on les tue.  Pas ici, naturellement, nous sommes une démocratie.  On y va donc plus soft, envoyant toute l’équipe Gesca aux barricades. Ils font ça, de temps en temps, avec une belle unanimité, dans les grandes occasions –

Ils l’ont fait, aux dernières élections municipales, pour dénigrer Richard Bergeron et s’assurer que le Maire Tremblay garderait la main et continuerait ses bonnes oeuvres, simple volet de cette corruption sur laquelle on voudrait toujours justement une enquête   Ils l’avaient fait, aussi, quand a plané la menace d’une entente PLC-NPD qui aurait pu remplacer Harper à Ottawa par une coalition de centre-gauche.

Gesca le fait quand le Système des banquiers et autres magouilleurs est en péril, pour lutter contre les méchants gauchises… ou pour s’assurer  qu’un homme qu’on ne contrôle pas ne prenne pas un peu trop d’importance.

Duchesneau n’est pas facile à contrôler. L’armada Gasca commence  donc à le canonner.  Un tir de salve  samedi 24.  Il y a du meilleur et du pire.  Voyez les liens, ça vaut le coup.

D’abord Marissal, qui est bien organisé dans sa tête, est le vaisseau-amiral.

“Jacques Duchesneau devait-il accepter l’invitation de TLMEP?  (…) Je pense qu’il aurait dû passer un tour” … “Jacques Duchesneau aime bien les médias… qui, depuis des années, le lui rendent bien (…) Personne à Québec ne contrôle M. Duchesneau, et celui-ci, visiblement, a décidé de s’occuper lui-même de son plan de communication.”… “ Bon coup pour TLMEP, mais erreur de jugement de Jacques Duchesneau….” .   Les tirs encadrent la cible.

http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/vincent-marissal/201109/22/01-4450460-lego-avant-le-devoir.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_lire_aussi_4450819_article_POS5

Lysiane Gagnon, l’est beaucoup moins…

(Duchesneau  va parler)… “à  tout le monde et à n’importe qui, alors qu’il était convoqué à une commission parlementaire pour mardi prochain. Interview au Devoir, passage à Tout le monde en parle… et tant pis pour les élus, qui devront attendre leur tour (…) Voilà un comportement qui suinte le mépris envers la classe politique et qui a de quoi vous faire douter, sinon de la crédibilité, du moins du sérieux de M. Duchesneau.”    Elle ne semble pas comprendre que la population est diablement plus importante que les élus. On lui expliquera…

http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/lysiane-gagnon/201109/24/01-4451012-la-politique-autrement.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_lysiane-gagnon_3265_section_POS1

Gilbert Lavoie mitraille aux rumeurs. Un peu vache. Disons à l’uranium appauvri:

“Jacques Duchesneau fait le tour des médias d’information sous l’étiquette des incorruptibles. Sa décision d’aller à Tout le monde en parle avant de présenter son rapport en commission parlementaire fait sourciller. M. Duchesneau voudrait faire campagne aux côtés de François Legault qu’il n’agirait pas autrement. Legault voudrait-il d’un tel électron libre? Pas sûr!

http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/opinions/chroniqueurs/201109/23/01-4450912-labeaume-est-endette-jusquau-cou.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_gilbert-lavoie_3276_section_POS1

François Bourque  du Soleil, lui, y va dans le “ad hominem” .  À boulets rouges sous la ligne de flottaison. C’est le salissage “ésotérique” de Richard Bergeron « qui croyait aux OVNI » qui recommence:

(Duchesneau) “Ses leçons de vie qui flirtent avec l’ésotérisme et les cours de croissance personnelle….” “Un ton et une forme inhabituels pour un sujet qui commanderait de la sobriété (…)  La même sobriété qui aurait voulu que M. Duchesneau attende peut-être d’avoir comparu en commission parlementaire avant de comparaître à Tout le monde en parle””… “Il y en a qui à l’évidence aiment plus que d’autres se retrouver devant les médias….”

http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/opinions/chroniqueurs/201109/23/01-4450917-le-risque-des-grands-projets.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_francois-bourque_3257_section_POS1

En renfort, Cyberpresse amène un peu de vraie expertise avec Simon Ruel, dans Le Soleil.

Lancer une Commission d’enquête peut entraver les poursuites criminelles “ la voie des enquêtes et poursuites criminelles est privilégiée ou encore la tenue d’une enquête publique est favorisée – les deux n’apparaissent pas conciliables, du moins tant que les enquêtes policières sont en cours” … “ Une commission d’enquête sur l’industrie de la construction, un pensez-y bien…

http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/opinions/points-de-vue/201109/23/01-4450790-lenquete-publique-un-pensez-y-bien.php

Et puisque le « reste du Québec » doit aussi s’exprimer, un article de la « Voix de l’Est » de Granby vient nous dire que « Jacques Duchesneau joue à la vedette »

http://www.cyberpresse.ca/la-voix-de-lest/opinions/collaborateurs/201109/23/01-4450819-jacques-duchesneau-joue-a-la-vedette.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_lire_aussi_4450065_article_POS4

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Tous ces chroniqueurs de Cyberpresse qui chantent en canon sur un même ton ne me donnent pas une bonne opinion de l’impartialité de la presse.   Où est la liberté d’action du rédactionnel face à l’administration de Gesca ?

Cette levée de boucliers est apparue bien inutile, dimanche soir, car Duchesneau en demandant une « enquête publique à huis-clos devant trois juges » n’a rien proposé qui puisse mettre le gouvernement Charest dans l’embarras.  Il lui offre au contraire une merveilleuse procédure qui lui permettra de sembler donner raison à la population… tout en gardant la vérité sous le boisseau.. Car peut-on douter que ces trois juges seraient parfaitement discrets ?  Il pourra s’en discuter des choses sous ce boisseau …

Ceux qui souhaitaient un choc brutal entre le gouvernement et Duchesneau seront déçus.  Le gouvernement ne perdra pas la face… mais Duchesneau garde tous ses atouts. Gesca a servi une semonce qui semble mal placée et perd un peu plus de crédibilité,  mais ce seront les événements qui suivront qui nous permettrons d’en juger. Le grand gagnant de cette affaire, toutefois, demeure TLMEP… et on le verra dans les sondages de la semaine prochaine.

Je suis curieux de voir comment ceux qui ont le pouvoir politico-financier s’accommoderont  de celui grandissant de ce citoyen Lepage qui est à devenir l’unique faiseur de rois.

Pierre JC ALLARD

394.   Si on change les maîtres du monde   11.10.03

Ce qui sera peut-être vu dans peu de temps comme l’un des documents les plus important – et perturbateur – de ce début du XXIe siècle, est sorti, le 26 juillet dernier, du Eidgenössische Technische Hochschule (Institut fédéral Suisse de technologie) de Zurich.  Ce sont trois(3) chercheurs de la Chaire de Conception de Système (Chair of Systems Design) dudit ETH – Stefania Vitali, James B. Glattfelder, et Stefano Battiston – qui ont signé ce texte explosif. qu’il faut lire absolument !

Un texte qui  n’est pas un brûlot d’anarchiste ou un pamphlet de révolutionnaire débutant, mais un document sérieux, produit d’esprits curieux et matheux, comme on en trouve dans ce pays de Suisse où l’on s’attend d’une banque qu’elle fonctionne comme une horloge.  Ce texte n’est pas explosif dans sa forme, mais dans son contenu.  Il l’est parce qu’on y répond à la question que tant de gens se posent aujourd’hui : Qui mène le monde ?

Les chercheurs de l’ETH y répondent simplement, en quelques phrases et quelques lignes d’équations relativement faciles, à partir d’une information publique et aisément accessible.  Quels sont les faits qu’on nous expose ?

147 société transnationales, qui s’appartiennent les unes aux autres, dans le cadre d’un réseau dense de prises de participation mutuelles dans leur capital-action les unes des autres, constituent de fait une SUPER ENTITÉ ÉCONOMIQUE qui possède de loin la plus grande part de la richesse de la planete.  Voyez le document lui-même pour les pourcentages exacts. Vous serez abasourdis.

Les preuves sont là et elles sont  irréfutables.  En réaction à ce document, on ne peut arguer que deux choses: 1) que  posséder la richesse ne donne pas nécessairement le contrôle, et 2) que des gens qui contrôlent ensemble peuvent faire abstraction de ce pouvoir et NE PAS en tirer profit pour s’octroyer des avantages.   Je ne perdrai pas une minute de ma vie à discuter ces hypothèses.

Paul Jorion non plus qui, prenant connaissance de la demonstration magistrale du groupe de Zurich, passe directement sans arguties à la conclusion, mettant sur son blogue, le 7 septembre un article intitulé  “Les maîtres du monde”  Lisez les notes de Jorion et les commentaires sur l’article sont aussi d’un grand intérêt…

La première réaction, quand on voit cette concentration inouïe de pouvoir, est la stupéfaction.  Mais, la boite de Pandore ouverte, si on cherche un peu, on n’est pas au bout de nos surprises…. Pendant qu’à Zurich on a fait cette étude aureolée du prestige  académique, d’autres chercheurs  ont ajusté les lentilles pour mettre au foyer de façon plus artisanale, mais néanmoins vraisemblable, ce qui paraît comme le saint des saints  du pouvoir.

Ainsi, cet article publié sur  Global Research , repris en français sur  le blogue  Résistance 71 au lien ci-dessous. Ici, on ne prétend pas faire la part des choses et on ne cache pas l’intention : c’est la guerre.

http://resistance71.wordpress.com/2011/06/03/oligarchie-financiere-les-huit-familles-derriere-le-cartel-banquier-prive-international-lennemi-des-peuples-a-un-nom-et-des-visages/

http://resistance71.wordpress.com/2011/06/10/oligarchie-financiere-les-huit-familles-derriere-le-cartel-banquier-international-2eme-partie/

Si on accorde foi à ce texte, de 147 sociétés, on en serait à huit (8) familles.   On n’a pas ici la rigueur mathématique de l’étude de Zurich, mais on a un faisceau de renseignements et de circonstances qui projettent une impression de vraisemblance. Le dossier n’est pas clos et ficelé, mais le fardeau d’une réponse crédible est certainement dans le camp de ceux dont on prétend qu’ils ont ce pouvoir immense, au sein du groupe de ceux dont il est avéré que le pouvoir est indiscutable.

Après la stupéfaction, la deuxième réaction à la concentration du pouvoir financier peut être le mécontentement, voire de colère. Il saute au yeux, en effet, qu’il ne s’agit pas aujourd’hui de s’interroger sur la facon de la mettre en place une gouvernance mondiale, laquelle est déjà une réalité,  mais sur les moyens de rendre démocratique cette gouvernance qui est solidement entre les mains d’une elite.  Comme on ne fait rien pour qu’elle le devienne, tous les boniments qu’on nous sert sur la démocratie peuvent apparaître bien choquants….

On peut comprendre cette irritation, personne n’aime être leurré. Mais avant de réagir en cherchant des coupables, creusant comme un cochon qui a senti une truffe, il faudrait peut-être mettre nos préjugés en veilleuse un instant et se demander objectivement si une gouvernance démocratique nous donnerait un monde meilleur que celui auquel nous a conduit l’oligarchie qui semble aujourd’hui diriger le monde.

Facile de voir que le monde aujourd’hui fonctionne plutôt mal que bien; en fait, nous sommes dans la phase terminale d’une façon de gérer la société qui craque de partout et dont la crise financière est la manifestation la plus visible, mais n’est pas la seule. On a aussi l’évolution de la technologie qui impose un nouveau paradigme de production et de consommation.  On a la transforrnation de nos valeurs historiques qui – pour le meilleur ou pour le pire, ce serait un autre débat – impose aussi une profonde remise en question de nos attitudes.  Est-on bien certain que substituer une démocratie à l’oligarchie actuelle résoudrait nos problèmes ?

Je ne dis pas qu’il ne faille pas aller dans cette direction. Au contraire, je crois que l’interdépendance croissance entre les compétences complémentaires qu’exige un société techniquement complexe va NÉCESSAIREMENT amener une diffusion plus large du pouvoir.  Une partie de nos problèmes actuels vient peut être de la résistance de l’oligarchie à cette évolution. Mais je suis sceptique quant à l’impact positif immédiat d’un transfert du pouvoir qui l’enlèverait des mains d’une élite riche – pour laquelle le rapport à la richesse est devenu un jeu – pour le remettre enntre celles d’une classe ambitieuse, dont la priorité sera inévitablement de s’enrichir…

La justice exige que ce transfert du pouvoir ait lieu, mais faut-il le faire dans l’exaltation de la vengeance?  Si on changeait  de maîtres, il faudrait que l’on mette beaucoup de soin à s’assurer, d’abord, que la démocratie qui servira de véhicule à ce transfert soit bien authentique et efficace.

Il ne faudrait pas oublier, non plus, que même la plus vraie des démocraties ne changera pas la nature humaine  … et qu’un pouvoir qui repose sur un mandat populaire ou sur la compétence devra être balisé encore plus étroitement que celui qui découle de la richesse, car la bête affamée est plus dangereuse que celle qui est repue.

Pierre JC Allard

395.   Anonymous vs Wall Street 11.10.09

 

Il est minuit moins cinq.   En fait, il est 05h55 à Paris et le soleil se lèvera à 8h03, sur un 10 octobre 2011 presque sans nuage et une température agréable, maximum de 21º. On sera si bien et il se passera si peu de choses, qu’on jasera des « primaries » du PS.  Ça, c’est parce qu’on est dans le bonheur à Paris et qu’on est loin de la ligne bleu des Vosges et des tranchées.   Pour le reste du monde, il est minuit moins cinq.

Minuit moins cinq  toute la journée et tous les jours en Libye, en Afghanistan et maintenant en Grèce, où ce n’est qu’affaire de temps avant que ne claque le premier coup de feu. Ici, à Montréal, pas besoin même de métaphores:  nous sommes bien à l’heure de New-York et c’est vraiment dans 5 minutes que débutera la journée fatidique où l’on saura si le monde continue inchangé… ou se transforme radicalement en autre chose.

Ce jour est critique, car ANONYMOUS a annoncé qu’aujourd’hui le New-York Stock Exchange serait arrêté.  Pour 10 minutes?  Pour 10 heures? Pour toujours?  On ne l’a pas dit, mais c’est d’importance secondaire. Comme il serait d’importance secondaire que  je vous prive d’oxygène pour une heure ou pour toute la nuit.  Votre cerveau ne s’en remettrait pas. Bluff ?  Canular, le message d’Anonymous… ou une attaque létale ?

Car si Wall Street s’arrête aujourd’hui, le Système qui gère la planète pourrait bien en mourir.  Pas parce que les transactions auront été interrompues – on le fait de temps en temps, un peu par jeu –  mais parce que la preuve aura été faite que la circulation de l’argent, qui est le sang qui maintient la vie dans le corps mystique de la finance, peut être sérieusement perturbée par une autre volonté que celle des Maîtres du Monde.  Et ça, ce serait la fin du monde que nous connaissons

Nous vivons dans un monde qui fonctionne comme une horloge.  Il y a des imperfections, mais elles ne subsistent que dans les rouages marginaux, sans importance réelle, les engrenages qui ne touchent que la vie des nègres, votre vie ou la mienne par exemple.  Pour l’essentiel – l’argent, le crédit, le pouvoir – la « tolérance » permise est minuscule.

Les ajustements sont apportés sans délai et les aiguilles tournent au rythme dont décident les horlogers.  La part de hasard qu’on croit y voir est programmée pour divertir, amuser, créer un suspense…  Que le coucou sorte avec la tête de Sarko, de Harper ou d’Obama, ce n’en est pas moins toujours l’heure choisie qu’il annonce … et la richesse, elle, ne sort pas de sa niche sans chaperon. Le monde est trop complexe pour aller au hasard.  Le Système s’en occupe.  Le New-York Stock Exchange est le gros cadran ou l’heure s’affiche.

Si  autre chose que le Système pouvait changer heure, le monde n’aurait plus de maîtres.  Il errerait à la guise de la légendaire « main invisible » des penseurs libéraux, celle-ci devenant tout à coup une insupportable réalité… Chaque maître du monde tuerait sans doute, même de sa propre main, pour éviter que cela n‘arrive.  Anonymous a dit qu’il pouvait le faire.

Qui est Anonymous ?  On ne le sait pas. C’est sa force.  Il y a bien 20 ans que je dis qu’aucune organisation ne détruira le  Système, puisqu’aucune ne l’égalera en « organisation ». Par la force, l’astuce, la corruption, la zizanie, le Système écrasera toute organisation révolutionnaire.

Seul des INDIVIDUS agissant seuls – mais unis par un but commun dont chacun déduit ce qu’il lui incombe de faire  selon sa conscience et au vu de sa propre compétence –  pourraient détruire le Système, chacun faisant sa part. Difficile à imaginer. Pourtant, c’est cet ennemi  insaisissable et donc INVINCIBLE que le Système semble s’être suscité : Anonymous.

D’ou sort Anonymous ?  Depuis toujours, des individus brillants sont marginalisés par le pouvoir en place parce qu’ils n’ont pas le profil pour s’y intégrer.  Il y a mille raisons, mais c’est surtout qu’ils sont imprévisibles ou n’obéissent pas.  Des esprits libres ?  Des rebelles ?  Des criminels ?  C’est selon ; le vocabulaire change…  Intelligents et compétents, ces individus sont une menace, mais généralement une menace mineure, car, individualistes, ils ne s’assemblent pas.  Traditionnellement, on les achète ou on les tue. Ça fait des pirates ou des corsaires; il faut des centaines de Cartouche et des circonstances exceptionnelles, pour que puisse apparaître un Bonaparte.

Depuis quelques années, cependant, les structures de production industrielles orientées vers une consommation de masse, ne peuvent amortir leurs investissements assez rapidement pour réaliser  avec profit les innovations que leurs proposent tous ces individus brillants qui disposent d’une compétence dans le domaine de l’informatique où les progrès sont exponentiels.

Le nombre de ceux-ci qui ont été marginalisés a donc augmenté en flèche, car il ne suffit pas de donner un salaire correct à un esprit frondeur pour le motiver et qu’il cesse de vouloir s’exprimer. Les brillants rebelles sont devenus des « hackers ».  Des saboteurs.

Ils se sont contentés, au départ, de se montrer plus habiles que les papys relativement ignares qui les marginalisaient en occupant les postes-clefs du Système. Ils ont joué aux virus…  Ils ont joué pour un temps, mais c’est le propre de l’homme de se chercher un but qui le motive. Certains hackers ont donc cessé de jouer. Ils sont devenus des protestataires et se sont trouvé une MISSION : détruire le Système qui les marginalise et dont l’ignominie et la méchanceté sautent aux yeux.  Ces hackers se sont improvisés justiciers et ils ont trouvé tout seuls la stratégie de base imparable : UN FAISCEAU D’ACTIONS INDIVIDUELLES DISSOCIÉES CONVERGEANT VERS UN BUT COMMUN.

Anonymous semble  bien un  rassemblement de ces hackers.  Ils se sont trouvé des ennemis puissants et honnis de tous dont ils connaissent les failles de la cuirasse. Ils ont la compétence pour les attaquer et les détruire et ils contrôlent les moyens de communication de leurs adversaires… Ils n’ont évidemment eux-mêmes aucun problème à communiquer anonymement – ce sont eux les communicateurs –  et, aussi longtemps qu’ils demeurent inconnus les uns des autres ils sont invulnérables, car on ne les prendra qu’un par un et ils viendront par centaines…

On a ainsi un scénario de science-fiction, où une espèce supérieure munie de « phasers » et de bombes à neutrons vient déloger les méchants tyrans primitifs armés de gourdins.  Anonymous a fait quelques coups d’éclat depuis trois ans  puis maintenant lance brutalement le gant à la face du Système : « Le 10 octobre 2011 » – ont-ils annoncé – « nous arrêterons le New-York Stock Exchange ». Rien que ça !

Délirant…, mais supposons qu’ils le fassent. Il y aurait quelques questions à se poser.

1. Anonymous est-il bien, comme on le prétend, un regroupement spontané de hackers qui veulent protester contre le Système ? Si oui, se rendent ils parfaitement compte que, s’ils réussissent ce coup, ils n’auront pas seulement protesté, mais auront blessé le Système, peut-être mortellement ?   Est-ce ce qu’ils veulent ?

2. Anonymous ne serait-il pas, au contraire, un piège du Système, une démolition contrôlée pour créer une telle panique que le passage du capitalisme au corporatisme avec dictature, censure  et État policier soit non seulement accepté, mais exigé par la population, permettant de donner un nouveau visage  à cette gouvernance occulte des maîtres du monde  dont le masque est en train de tomber ?

3. Pourrait-on penser, aussi, que le geste d’Anonymous soit simplement un épisode particulièrement audacieux et féroce  du jeu entre ces maîtres du monde, une manœuvre d’une faction pour se débarrasser d’un autre faction et établir sa dominance ?  Ou encore, qu’une puissance émergente tout a fait lucide et bien décidée à  « tuer le Systeme » et a y substituer autre chose, soit derrière l’action des hackers d’Anonymous ? Ou pensez aux milliards que feront ceux qui auraient joué à la baisse, sachant que le NYSE serait efficacement saboté ?

Quelle que soit la bonne hypothèse, il n’est pas impossible que des tractations soient en cours pour éviter que cet irréparable geste ne soit posé.  Entre qui et qui ?  Nous n’en savons et n’en saurons sans doute jamais rien.… Mais si ce jour d’hui finit tranquillement comme il a commencé, n’en concluons pas trop vite au canular ou à un échec d’Anonymous. Ce peut être qu’on l’aura dissuadé de le faire… et il n’est pas exclu, en ce cas, que la bombe qu’on aura réussi à désamorcer cette fois soit remontée une autre fois, comme ces volcans qui grondent puis se taisent, nous endorment… puis explosent.

Quoi qu’il arrive aujourd’hui, il faut garder bien présente à l’esprit l’extrême vulnérabilité de notre société qui est devenue un jeu plus qu’un projet pour ceux qui la gouvernent.  Voir aussi combien les disparités croissantes entre riches et pauvres font reposer la vraie gouvernance sur une base trop étroite et qui s’amenuise. Il est inquiétant que la perspective que le Système tout entier soit saboté et détruit paraisse susciter chez tant de gens plus de sympathie que de réprobation.

Pierre JC Allard

396. PS… pour post-scriptum 11.10.16

 

Quand les jeunes bobos que le Club Med amene en Grèce pour y retrouver l’esprit de Byron font la croisiere-excursion à Mykonos, on leur fait chanter « Haut-les mains  » sur le pont du rafiot, histoire de les préparer au pire, puis les G.O les remettent sur le quai entre les mains palpeuses ou avides des vendeurs de breloques ou de rêves, avec quelques admonestations. « Ne ratez pas les lions de Delos !Ne buvez pas d’eau fraîche !Écrivez à vos amis

Le jeune bobo docile visite trois ou quatre boutiques, laisse tomber les lions parce que la houle le fatigue, coupe son ouzo d’eau embouteillée Loutraki, puis écrit des cartes postales…  Pour les lions, il écrira qu’il les a vus; quand on a les images, toutes ces vieilleries se ressemblent. Pour les cartes postales ? N’importe quoi, mais dire en P.S qu’il fait beau.

Brel disait que les toros s’ennuient le dimanche… Mais qu’est-ce qu’on fait en France, les dimanches de primaires, pour retrouver l’esprit de Jaures ? Peut-on laisser tomber les éléphants – toutes ces vieilleries se ressemblent – et se risquer à des idées fraîches ? Que non ! Dans un premier temps, il faut bouter hors du frigo l’eau Montebourg et tout ce qui n’est pas stérile et en bouteille. Ensuite, s’en remettre aux Gentils Organisateurs qui conduiront au meilleur vendeur de breloques. Juste ne pas oublier de dire en post-scriptum qu’on est socialiste…

16 octobre 2011, hold-up consommé et passage à la déchiquetteuse de la « pensée de Gauche ».  Hollande, c’est un pas vers le Centre et donc un pas vers la victoire. Il fait beau au PS. Mais pour ceux qui font de l’arithmétique, ca laisse un peu songeur…

Songeur, parce que la « Gauche de la Gauche  » – qu’on croyait moribonde et que Melenchon devait aller enterrer après un baroud d’honneur – renaît avec Montebourg, qui n’a pas une tronche assez stalinienne pour faire peur, faisant craindre que le vote du PS ne se scinde bien plus également qu’on ne l’aurait cru entre ceux qui ne font que parler de socialisme et ceux qui en voudraient tout de même un peu.  Un repartage qui change tout…

Vous pouvez deviner ce qui se passera, en mai 2012, si tous ceux au PS qui sentent que la limite de la Gauche passe entre eux et Hollande votent pour Melenchon et que les Gauchistes en France se répartissent également entre PS et Front des Gauches ?

Si vous avez répondu « Oui », mettez le bonnet d’âne, car on manque encore de données pour résoudre cette équation… Mais on peut déjà identifier deux (2) scénarios, dépendant de deux (2) grandes inconnues qui pourraient faire une différence.

La première inconnue, c’est la possible émergence météorique au Centre d’un candidat présidentiel crédible. On ne réalise pas à quel point, avec l’internet et le discrédit des médias, l’électorat est devenu volatil. Au Québec, il y a quelques mois, 50 % des électeurs ont modifié leur intention de vote dans les deux (2) dernières semaines de la campagne électorale  ! 

Et ça, sans même une événement déclencheur significatif.  On a changé pour changer. On manquait d’idées neuves, d’espoirs de progrès, d’admiration et même de respect pour les leaders en place… Une étincelle qu’on ne peut même pas identifier a mis le feu à ce maquis qui était trop sec. L’internet a été le mistral qui a fait le reste. Toute la « sagesse politique conventionnelle » a brulé.

C’EST LA MÊME CONJONCTURE QUI PRÉVAUT AUJOURD’HUI EN FRANCE.

Une occurrence encore plus plausible en France, car alors que le Premier Ministre canadien est ce qui ressemble le plus a un dictateur dans nos démocraties, la séparation des pouvoirs entre l’Assemblée et le Président, en France, permet en principe de séparer ce dernier du quotidien et de l’intendance. De l’élire sur la base de grands principes et donc de voter avec son cœur. De chercher, surtout, un homme qui soit un arbitre au-dessus des partis.

C’est ce que voulait de Gaulle. C’est la création d’un parti comme l’UMP, systématiquement inféodé au Président, qui est un dévoiement évident de l’esprit de la Cinquième République. Il suffit donc d’un moment de réflexion, pour que le citoyen se fasse une toute autre idée de la Présidence et ne cherche plus à la confier à un homme prisonnier d’un idéologie, mais à un libre-penseur politique.

Où vivent les libres-penseurs politiques? Le métacentre de la pensée politique citoyenne en France est au Centre-droit. C’est là que le poids des intérêts acquis intersecte la ligne des pressions sociales. Joly, Bayrou, Cohn-Bendit, Villepin, Borloo, Asselineau, Dupont-Aignan et d’autres… Une campagne médiatique ou un simple engouement découlant d’une déclaration ou d’un geste populaire peut en transformer l’un ou l’autre en une  » jument verte« , en un Parsifal, et en faire un favori »: un Golem qui bouffera crû les Sarkozy et Hollande dont le charisme est, disons… imparfait.

La deuxième inconnue, c’est la réaction des Puissants,  des « 147 » commanditaires de l’ordre établi qui sont le vrai pouvoir et donc aujourd’hui derrière l’UMP. Si Nicolas Sarkozy ne remonte pas dans les sondages, ON pourrait lui suggérer de prendre – « pour raison de santé », ou cédant aux objurgations de son épouse – la retraite bien méritée à laquelle il ne s’est pas caché d’aspirer.

On verrait alors toute la géniale stratégie de la droite qui, en concentrant depuis des années toutes la critique sur le bouc émissaire-chef Sarkozy et quelques figures emblématiques de la corruption ou de la bêtise, a laissé pratiquement vierge le dossier de l’UMP.  Qui est vraiment fâché contre Fillon ou Copé … ou n’importe qui de la Droite qui n’est pas mouillé dans un scandale?  La seule Droite méchante, c’est Le Pen, tout le monde l’a dit…. Imaginez la superbe ironie si l’UMP organisait des primaires…

Deux scénarios surprenants ne sont donc pas à écarter.  a) Celui d’un candidat hors-parti – comme Assalineau apportant sa compétence ou Villepin apportant son charisme – apparaissant de nulle part pour saisir la présidence sur un coup de coeur des Français; b) Celui d’une UMP se donnant un autre candidat … et apparaissant cyniquement comme un « renouveau sans rupture » pour faire suite à la rupture… sans renouveau.

Avec ces scénarios et les inconnues qui les sous-tendent, avec les canons « Segolene » et « Montebourg » en libre déferlante sur le pont, avec son candidat Hollande (rose beige vraiment très pâle), on se demande ce que va faire maintenant le PS pour demeurer intéressant cet hiver. Sera-t-il même au deuxième tour en 2012 ?

Si j’écrivais ce soir à maman, de Mykonos, je dirais qu’il semble faire beau, mais qu’il y a une méchante meltemi  qui pousse les nuages à l’horizon…  Je jurerais, surtout, que PS veut dire « Post Scriptum » et pas autre chose. Car au-dela des mots, on ne sent pas de socialisme dans l’air rue Solférino.

Pierre JC Allard

397. Le Chien d’Or au temps de l’impatience   11.10.24

 

Vous connaissez le Chien d’Or ? Vous devriez… C’est un élément de notre patrimoine culturel du Québec à exploiter. L’image est jolie et le texte – la légende – laisse rêveur, en ces jours difficiles que nous vivons. …

« Je suis un chien qui ronge l’o.

En le rongeant je prend mon repos.

Un tems viendra qui n’est pas venu

Que je morderay qui m’aura mordu. »

Voyez l’histoire, d’abord, puis revenez.  Revenez regarder ce chien bien droit dans l’oeil qu’il a bien résolu. Vous ne l’entendez pas grogner ? Vous avez tort, car quand toute la chair aura disparu de cet os qu’on lui a jeté, ce qui ne saurait tarder, il est bien possible que ce chien saute à la gorge de ceux qui l’ont vu comme peu de chose.

C’est peut-être cette image qu’il faudrait envoyer à ceux qui comptent sur l’infinie patience bonasse des Québécois. Car aujourd’hui, au Québec, on a bien des raisons de grogner. Myope ou presbyte, on peut choisir les lunettes qu’on veut, car, tout proches ou un peu plus loin, il y a partout des irritants pour un chien de mauvais poil.

Tiens, à Montréal, par exemple, on « occupe ». Comme à Wall Street. Des tentes sur la Place Victoria, pour réclamer… Réclamer quoi? Peu importe, puisque le vraie demande est que tout change. C’est la scène classique de « Network », où chacun apparaît à sa fenêtre, pour hurler à tous et à tous vents qu’il en a assez de se faire couillonner… et ne l’acceptera plus. Un bras d’honneur collectif au déshonneur. Un défi, à l’ordre qui fait désordre.

Révolution sur la Place Victoria ?  Non. Il fera bientôt trop froid pour que ça dure. Mais chacun va rentrer chez soi avec la frustration d’une facture impayée qui reste à percevoir. Chacun va rentrer avec le goût de briser quelque chose ou de taper sur quelqu’un et – en non-dit, mais en bien pensé – dans l’expectative du déclencheur qui le fera passer à l’acte, chacun pour soi et au moment qu’il choisira.  Si ce moment de ras-le-bol vient, le froid, alors, n’y changera rien : la violence réchauffe. Ce sera un baisser abrupt de rideau, car aucune société complexe ne peut fonctionner contre la volonté d’un part significative de sa population qui ne demande qu’à la saboter.

Changeons la focale, maintenant, et regardez vers Québec. Nos maîtres font ce qu’il faut pour mettre le gros chien en rogne. Un gouvernement honni par une majorité croissante de la population -et qui se vautre dans la corruption la plus éhontée – vient de perdre sa dernière once de légitimité en annonçant une cocasserie d’enquête publique à huis-clos qui est une insulte à l’intelligence de la population. On aura une enquête qui n’assigne pas de témoins et ne les protège pas… Une enquête qui n’accusera personne et ne donnera pas de noms. On fera un slalom élégant autour de la vérité. Jean Charest se moque outrageusement de la population. Dangereusement.

Le chien gruge son os et se demande comment il se débarrassera de ce type et de toute l’engeance qui l’entoure. D’abord, bien sûr, il y a l’action politique. Les partis d’opposition pourraient quitter sine die l’Assemblée nationale, refusant de collaborer davantage avec un gouvernement dont le comportement laisse soupçonner qu’ils est la manifestation, tout au sommet de la pyramide, de cette collusion institutionnalisée avec le banditisme dont on l’accuse, justement, pour ces milliards de dollars de contrats de voirie sur lesquels il refuse de faire la lumière.

Ce ne serait pas bête de laisser Charest et sa clique seuls à l’Assemblée. Si les partis d’opposition demandent la démission du gouvernement et annoncent qu’il seront tous unis pour les élections qui suivront, afin de faire élire un gouvernement provisoire d’unité nationale dont le seul mandat sera de mettre fin au banditisme, ils prendront le pouvoir. Ils pourraient ensuite organiser des élections dont seraient excls le parti et les individus compromis dans ce brigandage.

Ça pourrait marcher tout seul, mais ça marchera encore mieux si le chien grogne. Si le gouvernement résiste, la rue peut parler. Le ras-le-bol mis en veilleuse dont nous avons parlé peut s’eveiller. Il peut dépasser le simple sabotage individuel et prendre une forme organisée. Grève générale ? Des groupes d’autogestion assumant les services à la population, comme les hôpitaux et les transports publics ? Un refus des commerçants de percevoir les taxes à la consommation ? Il y a cent façon de dire NON à l’État.

Cent façons dans la rue, mais il y a plus facile encore que de dire non à l’État. Si le chien montre les dents et que l’ordre public est compromis, le système judiciaire – dont les magistrats sont assez mécontents d’être instrumentés dans cette bouffonnerie d’enquête – pourrait, si un citoyen en faisait la demande, rappeler à Jean Charest qu’il n’est PAS  l’État, mais seulement le premier ministre d’une province et donc soumis à la loi canadienne.

Si l’ordre public était mis en péril et si une accusation sérieuse était portée que Charest est un pion du crime organisé, le complice d’une extorsion massive perpétrée sur la population du Québec, la Cour Supérieure, qui a un droit de surveillance sur le fonctionnement de toutes les institutions en ce pays de Canada dont nous sommes toujours partie prenante, pourrait juridiquement enjoindre Jean Charest de quitter ses fonctions.

Et ça ne s’arrete pas au Québec, car quand le chien commence à montrer les dents et ne regarde plus son os, mais la carotide de ceux qui l’agacent, on le traite avec plus de respect. Notre Premier Ministre à Ottawa pourrait comprendre que les Québécois ne sont pas fiers qu’on ait gaspillé des ressources canadiennes et même fourni un cheerleader aux forces internationales qui sont allées piller la Libye. V novembre

Ils n’aiment pas du tout qu’après avoir envoyé des Canadiens mourir pour rien en Afghanistan, on ait collaboré à tuer des milliers d’innocents en Libye, pour rafler 33 milliards de dollars des fonds du peuple libyen, au profit des banquiers apatrides qui mènent le monde. Ils n’aiment pas qu’on ait aidé une pétrolières française à faire main basse sur les ressources du pays qui était le meilleur  modèle de démocratie et de bonne gestion pour l’Afrique. On lui demandera de cesser ces fusillades. Là et en Afghanistan et de ne plus en faire nulle part ailleurs.

Il se pourrait que notre Premier Ministre ne comprenne pas. Il se pourrait que Jean Charest ne comprenne pas. Il se pourrait que les banquiers ne comprennent pas… Mais il se pourrait aussi, alors, que, laissant son os sur lequel il n’a plus rien à ronger, le gros chien perde patience, bondisse et « morde qui l’aura mordu »

Pierre JC Allard

398. 100 JOURS APRÈS; LA LIBYE DES MÉFAITS   11.10.31

En juillet dernier, je publiais ici un article – « La Libye des faits » – où je décrivais la réalité de la Libye sous Mouammar Khadhafi. Pas de spéculations oiseuses ni préjugés, juste des faits. Amplement suffisant pour montrer le caractère odieux de l’intervention de l’OTAN. Cet article a été reproduit 29 fois et a reçu des milliers de visite

Cent (100) jours plus tard, ce n’est plus, hélas, sur les faits d’une Libye prospère qu’il faut mettre l’accent, mais sur les méfaits de l’Organisation de l’Atlantique Nord (OTAN). L’OTAN a dévasté ce pays heureux et tranquille qu’était la Libye, avec la complaisance que peuvent mettre à détruire ceux qui ont prévu de se faire payer par leur victime pour réparer le mal qu’ils lui auront fait.

J’ai l’âge de me souvenir des horreurs d’Hiroshima, de Dresden, du Vietnam et de l’Algérie. Je me rappelle, comme vous, de celles plus récentes du Rwanda et du Darfour. Aucune de ces horreurs, toutefois, ne m’a plus indigné que cette hécatombe en Libye commise au nom de l’Occident. Je vais vous dire pourquoi, mais avant je vous invite à ouvrir les cinq (5) liens ci-dessous.

En premier lieu, voyez d’abord La description froide et clinique du mal que nous avons fait. Un compte rendu juste un peu biaisé, parce que c’est nous, Occidentaux, qui l’avons écrit, mais qui donne bien le ton.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Intervention_militaire_de_2011_en_Libye

Pour corriger ce biais qui pourrait donner bonne conscience aux plus obtus, voyez maintenant le meme scénario, mais en ajoutant l’émotion. Voyez le témoignage accablant d’une Occidentale qui a vécu le massacre sur place. Un peu d’émotion; c’est Le moment de sa prise de conscience,

http://www.dailymotion.com/video/xluzhc_libye-temoignage-de-lizzy-phelan-journaliste-britannique-independante_news

Dur, ce témoignage, mais si ce mal était pour une bonne cause ? Pour quoi ce massacre ? Pour protéger le peuple libyen opprimé ? Voilà ce que les médias nous disent ad nauseam, mais qui ne tient pas la route. Revoyez d’abord la liste des avantages dont bénéficiaient les Libyens. Sont-ce les conditions de vie d’un peuple opprimé ?

https://nouvellesociete.wordpress.com/2011/07/24/la-libye-des-faits/

Malgré tout,il peut rester un doute. Ces avantages qu’on a vus ne sont que « matériels ». Qui sait si les Libyens, épris de liberté, ne souffraient pas en silence mille morts en n’ayant que cette richesse ? Qui sait si une sourde colère ne bouillonnait pas en eux ?

NON. Voyez ce video de la foule soutenant Kadhafi à Tripoli le 1er juillet – (1 700 000 personnes ont dit les médias indépendants) … Paraissent-ils en colère ? Et ces gens, on leur a distribué des armes ! Devrions-nous croire à ce cas, bien unique dans l’histoire, où un gouvernement que son peuple aurait voulu chasser aurait réagi en le rassemblant et en lui donnant des armes… après quoi ce peuple aurait commencé à sourire ?

http://blogs.mediapart.fr/blog/kafur-altundag/020711/1er-juillet-2011-manifestation-monstre-tripoli

Des blogueurs disciples de BHL, ou devenus ineptes pour d’autres raisons, parlent de ci de là d’une police secrete implacable qui aurait ramassé ce million de gens aux visages souriants ? Combien de gens un flic peut-il faire sourire ?

Mais écoutons à Paris ce jeune libyen occidentalisé, revenant de Libye et interviewé sur la rue. Semble-t-il effrayé ? Tient-il le langage ampoulé et excessif de ceux à qui on a fait la leçon ? Ne serait-ce pas plutôt qu’il dit la vérité, simplement, sans contrainte ? ECOUTEZ-LE

http://www.youtube.com/watch?v=q6FMM2cS4YA

Il y a aussi ceux qui disent que c’est bien triste, mais que c’est la guerre… On a fait la guerre pour des esclaves, du sucre, de l’opium… Pourquoi pas pour quelques unes pour le pétrole ? Pourquoi cette guerre serait-elle différente? D’abord, parce que ce ne devait pas être une guerre, mais une simple protection des civils. Ensuite, voyez le lien ci-dessous. Peut-on encore dire que c’est la guerre… ? Auschwitz, les noyades de Nantes, c’était la guerre ?

http://www.youtube.com/watch?v=_8tPjqMtiu0&feature=player_embedded&skipcontrinter=1

Il y a des milliers de photos comme ça sur Google. Promenez vous un peu. Faites votre propre opinion à la lumière de ces photos, vous souvenant que celles qui critiquent Kadhafi sont l’œuvre de professionnels et que celles qui le défendent on été prises par des amateurs.

Comparez les photos de Syrte en ruines avec celles des matamores costumés qui tiraient du fusil en l’air il y a 6 mois à Benghazi … Ne trouvez–vous pas, comme moi, qu’il y a un hiatus énorme entre ceux qu’on a voulu surtout nous montrer et ceux maintenant qu’on ne nous montre surtout pas ?

Ces guignols figurants, qu’on a filmé pour la BBC en mars, sont-il bien ceux qu’on a envoyés à Syrte tuer tout ce qui bougeait pour terroriser le pays maintenant asservi ? Ou l’Otan a-t-elle, au moment de vérité, importé des mercenaires vétérans de Kandahar ou d’ailleurs pour faire le travail… et tuer Kadhafi ? Je crois qu’on nous ment beaucoup.

Pourquoi moi, qui ai vécu une époque où horreur a été si présente, suis-je si touché par celle-ci ? Pour deux (2) raisons qui en font un cas exceptionnel d’inhumanité

D’abord, la mesquinerie du prétexte. Aucune motif crédible en cette affaire ne ressemble à un principe. Nous avons seulement la totale ignominie de l’âpreté au gain à laquelle se greffe l’indifférence du psychopathe a tout ce qui n’est pas SA souffrance.

On a ici le vol des ressources et de l’argent d’un pays souverain et rien de plus. On a fait ce massacre pour prendre 33 milliards de dollars. C’est le vol de banque le plus meurtrier de l’histoire. L’Otan a été le bras armé d’une association de malfaiteurs.

Ensuite, on a l’insupportable lâcheté de cette opération. C’est celle du chasseur qui n’affronte pas son gibier, mais l’abat de loin ou de haut, bien a l’abri d’une haute branche ou d’une bien-nommée meurtrière. L’Otan a-t-elle perdu un seul homme ? Il semble que nous n’avons perdu que notre âme… On est ici dans l’ultime manifestation de immoralité de celui ne croit ni en Dieu ni en l’Homme. Un de ces dimanches de corrida où c’est le toro qui est un frère.

Cette action en Libye ne mérite aucun respect et ceux qui en ont décidé sont des scélérats. En 1991, René Dumont écrivait déjà, parlant de la premiere guerre en Irak : « Cette guerre nous déshonore ».

Nous sommes désormais COMPLÈTEMENT déshonorés.Notre civilisation moribonde a choisi de mourir dans la honte. J’ai honte de ce que nous Occidentaux nous faisons. Hier en Irak, aujourd’hui en Libye…

L’agression contre la Libye a été un crime de guerre dont les responsables devraient être jugés et condamnés selon les principes de Nuremberg. Nous en avons tous été peu ou prou coupables par notre inconscience, en ne protestant pas assez. Nous sommes à en devenir complices après le fait, en ne prenant pas les mesures pour que les criminels soient inculpés.

Nous sommes ces Nazis qui ont joyeusement crié Sieg Heil ! pendant que les panzers brûlaient en Ukraine les fermes des « sous-hommes ». Nous sommes devenus ces Juifs qui appelaient le sang de l’innocent sur eux et sur leurs enfants…

Il faudrait demander pardon et tenter de réparer. Sans quoi, il se pourrait que cette bravade ne soit pas oubliée. C’est une tunique de Nessus trempée du sang d’Irakiens, d’Afghans de Libyens et de tant d’autres que nous allons léguer et faire endosser à nos enfants… Et s’ils ne sont pas pardonnés, ils en mourront.

Pierre  JC Allard

399. Chine. Désolé pour les narcos… 11.11. 07

Je ne vous parlerai pas vraiment de la Chine. C’est trop grand, c’est trop vieux et ce serait trop long. Juste un mot sur la contrition parfaite et les indulgences que m’inspire la superbe photo de Michel Euler de Reuters Je parlerai seulement d’UN aspect de notre relation avec la Chine. Il y en a d’autres. A ceux qui veulent en savoir plus ou comprendre mieux, je suggère de lire au moins cet article de Wikipedia.

Pour ceux qui ne lisent que la première ligne des affiches, même quand on y a dessiné un crâne et des tibias, je vais résumer ce que nous avons fait en Chine au milieu de XIXe siècle. Ainsi, vous ne tomberez pas de nues, si un jour on vous frappe et que vous ne savez pas qui vous a frappé ni pourquoi. Surtout, vous de crierez pas à l’injustice.

Pour comprendre notre relation avec les Chinois (les Hans seraient plus exact, mais « Chinois » est plus simple) il faut d’abord comprendre qu’ils on été – sans solution de continuité de leur identité culturelle – contemporains de Sumer et des 26 dynasties egyptiennes, des Asssyro-babyloniens, des Perses, des Grecs, des Romains, des Chrétiens (durant une séquence de 265 papes de Pierre à Benoit), des Arabes, des Turcs … et enfin de notre civilisation occidentale. En fait, les Chinois ont toujours été là. Pas nous.

Ils ont été là et bien présents, puisqu’ils représentent encore 20% de l’humanité et que, depuis 5 000 ans que nous, humains, savons lire, c’est leur culture qui a été en tête du peloton presque tout le temps. Ils ont inventé presque tout, du papier à la boussole et à la poudre à canon. Ils ont été les plus riches, ils ont constitué les États les plus puissants et la moyenne de QI des Chinois surpasse la nôtre de 7 centiles… sur des test que c’est pourtant NOUS qui avons construits…

Avec les révolutions industrielle, américaine et française, est née vraiment notre civilisation « occidentale ». Elle s’est mise aux stéroïdes « science » et « techno » et nous avons pris sur les Chinois une bonne longueur d’avance. Mais il faut se souvenir que notre hégémonie occidentale n’a encore duré que le temps de la 18e des 26 dynasties égyptiennes…  Notre civilisation n’a duré que 5% de ce qu’a duré celle de la Chine et elle semble déjà bien essoufflée…  Notre avance n’aurait-elle été qu’un intermède ?

Ce n’est pas impossible, car la Chine, qui semblai dormir et qui démarre en trombe, ça ressemble drôlement à Schumacher qui sort du pit stop et qui remonte la file de ceux qui l’avaient dépassé pendant qu’on changeait ses pneus…!  Nous sommes peut-être la petit sportive impertinente qui a pris la tête du peloton qui s’est constitué pendant que la Chine n’était pas dans la course … et il semble bien que la Chine va nous doubler sous peu.

Question importante: va-t-elle le faire en douceur… ou nous percuter méchamment et nous sortir de la route? Bonne question à se poser, car les Chinois ont quelques raisons de ne pas nous aimer… Et ce n’est pas pour rien que le président Sarkozy a ici l’allure d’un pénitent. On ne s’est pas bien conduit avec la Chine.

C’est qu’on se connaissait depuis longtemps, Chinois et Occidentaux, mais on ne se fréquentait pas tellement. Quelques missionnaires Portugais, mais rien de bien marquant… On ne s’entendait pas mal… Mais un jour, nous leur avons envoyé nos narcotrafiquants. Quand nos marchands sont arrivés en Chine, les Chinois avaient du thé, de la soie et de la porcelaine que nous voulions et ils ne voulaient rien de ce que nous avions.  Triste. Alors on a cherché…  et on a trouvé. Nous leur avons vendu de la drogue.

Quand nous Occidentaux sommes arrivés en Chine, l’opium n’y était connu que comme analgésique. C’est nous qui leur avons montré à y prendre plaisir. Nous sommes devenus les « pushers » des Chinois. Trafic de drogues. Un idée géniale, car, acheté en Inde, l’opium pouvait être vendu en Chine 10 fois plus cher. Il y avait là bien du fric a faire. Comme aujourd’hui la coca de la selva péruvienne peut devenir cocaine et faire gagner bien du fric sur les trottoirs de New-York…

Les Occidentaux, Anglais en tête, ont donc vite compris et ils ont établi dans la Chine des dix-huitième et dix-neuvième siècles un narcotrafic dont la croissance a été spectacuaire. 200 caisses d’opium vendues en Chine en 1729, 40 000 caisses en 1838 … By Jove, how the money rolls in !

Super ! Mais en 1838, on a 2 millions de drogués en Chine …  Le gouvernement chinois n’apprécie pas. Il n’apprécie pas du tout de troquer sa soie et son thé pour cette drogue, car l’opium n’est pas le cannabis. L’opium, c’est lancêtre de la morphine et de l’héroïne. C’est la drogue dure qui peut tuer et tuer vite.

Prohibition, donc, mais le dealer, ici, c’est l’Empire britannique. Difficile de lui passer les menottes… Vous ne voulez pas que vos gens s’empoisonnent ? Entrave à la liberté du commerce, disent les Britanniques… Nous sommes pour le libre échange…. Ca sonne familier ?   Eh oui.. !  Alors discussions, disputes, canonnières… Les Anglais vont faire à la Chine la Première Guerre dite de l’Opium (1839-42).

Les Anglais vont faire la guerre à la Chine, pour garder le droit de s’enrichir à faire mourir des Chinois. Moralement discutable, mais ils vont gagner cette guerre, car les Chinois sont riches et n’ont pas l’instinct prédateur des espèces menacées. Ils sont pacifiques, conciliants… civilisées. La Chine a depuis longtemps dans son coin du monde la bonasserie des gros chiens qui n’on pas à mordre pour être respectés.

Ils ne semblent pas vouloir comprendre qu’on puisse leur faire la guerre. Les « guerres de l’opium » – car il y en aura une autre de 1856 à 1860 et, sous un autre nom, une troisième en 1900 – seront donc pour la Chine une séquence de surprises, de défaites, de pactes rompus, de provocations insupportables, de duperie subies et d’humiliations sans fin…

Les Occidentaux, devenus narcotrafiquants et bien armés, vont obtenir à la pointe du fusil d’abord qu’on tolère, puis finalement qu’on légalise leur commerce de l’opium. Ils passeront aussi, les armes à la main, des « traités inégaux » qui leur cèderont de petits morceaux de la Chine d’où ils en corrompront tout le reste, exploitant commodément dès 1878 un marché de 100 000 000 de drogués et y vendant en 1888 10 000 TONNES d’opium par an ! Voyez le lien ci dessous pour un compte rendu de l’évolution institutionnalisée de ce trafic.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Seconde_guerre_de_l’opium (et seq)

Une affaire en or, la drogue. On ne trouvera plus lucratif qu’au XXe siecle, quand les banksters découvriront qu’on peut, en collusion avec l’État, simplement créer de l’argent, se le répartir entre amis et acheter tout ce qu’on veut. Au XIXe  siècle on en est encore au bassement matériel, ce qui veut dire piller et voler physiquement.

Il y a beaucoup à voler et à piller en Chine ou à s’offrir avec le profit de la vente de la drogue. Il suffit d’avoir la force et de faire les règles. La Chine est faible et c’est le pactole.  À l’Angleterre, chef de meute, se joindront donc d’abord la France, puis les USA et la Russie… Ensuite, viendront participer à la curée l’Allemagne, l’Austro-Hongrie, l’Italie… Même le Japon sera invité ! Nous y étions tous pour piller la Chine.

L’Occident est entré en Chine pour des raisons ignobles et s’y est conduit en narcotrafiquant. Pas en trafiquant un peu « Robin des bois », comme Pablo Escobar qui bâtissait des écoles en Colombie, ou comme Khun Sa qui assurait l’ordre dans le Triangle d’Or, une région frontalière où il n’y avait pas d’autre ordre que le sien. Non. En Chine, les Occidentaux ont été les narcotrafiquants méchants à moustaches des films de kung-fu. Ceux qui tuent, qui pillent, qui vandalisent par plaisir en ricanant.

Les Chinois n’ont pas de raisons de nous aimer.

Un exemple seulement. En octobre 1860, durant la Deuxième Guerre de l’Opium, Français et Anglais ont décidé de bruler l’Ancien Palais d’Été près de Pékin (Beijing).  Saprebleu ! Il fallait bien leur enseigner le respect aux Chinetoques, n’est-ce pas ? C’était une merveille du monde. Versailles, mais en plus gros.

Il fallut trois jours, à 3 500 soldats, pour tout brûler de l’Ancien Palais d’Été et il en restait encore un peu… qu’on détruira d’ailleurs 40 ans plus tard, dans un dernier accès de vandalisme.

C’est ce qui serait arrivé du Louvre et du meilleur de Paris, en 1944, si les instructions de Hitler avaient été suivies. A Paris, c’est un officier allemand, Choltitz, qui a empêché la destruction ; il n’y a pas eu d’officier français ou anglais pour empêcher la destruction du Palais d’Été. Nous avons été les barbares.

« Deux bandits sont entrés dans le Palais d’Été. L’un a pillé, l’autre a incendié (…) Devant l’Histoire, l’un des deux bandits s’appellera la France, l’autre s’appellera l’Angleterre »  Victor Hugo

Ce mépris pour la Chine dans les faits va se developer dans la literature à la fin du siècle, avec Rudyard Kipling qui se plaint du « fardeau de l’homme blanc” qui doit prendre en charge tous ces sauvages multicolores…  Ce mépris va culminer et cibler la Chine avec “Unparalleled invasion ” de Jack London, écrit en 1914, qui explique comment on exterminerait cette vermine chinoise en lui transmettant la peste, si un jour elle causait des ennuis…

Les Chinois n’ont pas de raisons de nous aimer.

Quant je vois Sarkozy, l’ayant-droit, héritier des narcotrafiquants qui ont brulé le Palais d’Été, s’incliner bien bas et sembler demander pardon au Président de la Chine, je suis, toute honte bue, partagé entre deux (2) sentiments et je me pose deux (2) questions:

La première, c’est de me demander si l’Occident a vraiment la contrition et le ferme propos.

Ceux qui veulent un New World Order et qui bombardent maintenant l’Iraq ou la Libye à l’uranium appauvri, ne pensent-ils pas exactement la meme chose que London au siècle dernier ?  Ne cogitent-ils pas un même projet d’extermination, quand ils répandent cette nouvelle peste qui tuera indéfiniment les générations futures de ceux qui ne sont pas “nous” ?

Peut-on croire que nos dirigeants aient une vraie contrition ?  Un autre ferme propos que celui que leur impose la défaillance annoncée de leur pouvoir de nuire ? Méritent-ils la moindre indulgence ? Et nous, qui leur avons donné mandat de nous représenter, en méritons-nous, quand nous leur gardons ce mandat ?

La deuxième question, c’est celle qui me fait peur. Qu’en sera-t-il de nous si cette Chine, à qui nous avons fait tant de mal, retrouve toute sa force et n’a pas l’incroyable générosité de nous donner malgré tout cette absolution que nous ne méritons pas ?

Pierre JC Allard

Epilogue

Ces années 2009-2011 n’ont pas été bonnes pour l’Occident. Nous verrons dans le 5e livre du Sens des faits comment la situation a continué d’évoluer en 2012 et 2013 pour nous amener aux crises que nous devons affronter aujourd’hui.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

16-06-14

Le Sens des faits – Volume 3

Filed under: Auteur — pierrejcallard @ 10:00

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LE SENS DES FAITS

Volume 3

 Chronique-memento

 CENT textes de 2009

 

 

 

INTRODUCTION

Ce Volume #3 marque un changement radical de la stratégie de publication qui avait prévalu jusque là.  Les articles d’actualité ne sont plus occasionels, réagissant à des événements  marquants et servant un peu de faire valoir aux articles de fonds qui allaient devenir le contenu des  neuf (9) tomes de  la Collection Nouvelle Société.  Ils deviennet l’esssentiel. On est au moment où les textes publiés sur Internet  commencent à jouer une rôle important et où les blogues prennent la vedette.     Les articles  que l’on trouve dans ce  Volumes #3 du Sens des faits on été publiés au rythme d’un par jour, entre avrtil et juillet 2009.  L’intention était de suivre l’actualité  internationale, mais avec une nettre dominante pour la couverture de ce qui faisait les manchettes au Québec et en France.

À cette époque, j’étais éditeur du site Les 7 du Quebec, où j’avais pour politique de réunir des hérault de la Gauche comme de la Droite, de la laïcité comme de la pensée religieue, pour en faire un lien de discussion courtoise et intelligente.   Mes articles personnels – ceux qui qui apparaissent ici –  ne visaient pas, eux, l’impartialité, mais la simple objectivité.  J’y dèfends des idées auquelles je crois et qu’on associe généralement à la Gauche.  Tous ces articles ont ete publiés aussi sur d’autres sites: Agoravox, Centpapiers, Les 7 du Québec, etc. où ils ont fait l’objet parfois de douzaines de commentaires.  Je n’ai pas repris ici ces commenatires, mais les curieux les trouveront facilement via Google sur les sites qui les ont alors accueillis

Pierre JC Allard

201. Pendre un amiral  09.04.21

La nouvelle du jour, c’est la torture. On a maintenant les aveux, les faits, les chiffres… En mars 2003, on a torturé Khalid Shaikh Mohammed 183 fois. 6 fois par jour, en moyenne. Un mode de vie… Est-ce qu’on s’y fait ? Des enfants, aussi… Comment l’Amérique de Bush a-t-elle pu s’abaisser au niveau du Troisième Reich, avec cette tranquille certitude des psychopathes d’avoir raison, même dans la plus totale abjection ?

Le Senate Intelligence Committee a commencé une enquête qui devrait durer un an. Justice sera faite… Ou peut-être pas. Obama a déjà dit et va répéter qu’il ne poursuivra pas les coupables.

On passe l’éponge ? Je ne pense pas. Je parie que, sans avoir l’air d’y toucher, il ajoutera qu’il serait inconvenant d’accuser les éxécutants sans accuser les décideurs et que la preuve contre les décideurs est insuffisante.

Ainsi, en laissant partir les petits indemnes, il va se garder des amis dans les milieux CIA qui autrement se refermeraient sur eux-mêmes et détruiraient toutes les preuves. Cette clémence est l’invitation classique à la délation. C’est cette impunité pour les acteurs secondaires qui conduira a la condamntion des grands coupables

Ce faisant, Obama va aussi, assez cyniquement, éviter une scission brutale entre gauche et droite aux USA, alors qu’il a d’autres priorités. Pas de poursuites, pour l’instant, mais il n’en continuera pas moins à faire sortir l’information… Une séquence de révélations bien agencées va peu à peu susciter une véritable tollé en Amérique et ailleurs qui va rendre les conditions de plus en plus favorables à des accusations contre Bush et ses sbires.

Quand une large majorité – disons 75% – des Américains voudront que justice se fasse, le Congres exigera qu’on procède et Obama se laissera convaincre. Il a deja prouvé qu’il peut reconnaitre une erreur et en tirer profit… Quoi de mieux pour détourner l’attention de la crise et de l’austérité qu’un remake de Nuremberg ?

Quand les sondages donneront le feu vert, on commencera à parler aux USA d’exiger des comptes de Bush & Co. Mais, pendant qu’on en parlera, c’est sans doute en Allemagne ou en Espagne qu’on leur intentera un procès pour crimes de guerres. La procédure de la Justice américaine viendra APRES, pour confirmer une condamnation. On va « pendre » quelques amiraux et encourager toute l’Amérique,

On va condamner Bush, Cheney, Rumsfeld et quelques autres… On exécutera une sentence qui sera certes trop légère, mais qui sera bien symbolique et qui redonnera aux USA leur place perdue parmi les pays civilisés. Je crois toujours que nous aurons ce « Nuremberg » sans lequel l’Occident ne pourrait pas faire table rase et repartir du bon pied.

Ne désespérez donc pas si Obama semble hésitant: c’est sans doute une feinte. Je crois que tous les indices sont là pour indiquer la claire détermination d’Obama – et donc de l’Establishment dont il est l’émanation – de faire peau neuve et de vraiment changer l’Amérique. Comme disait le héros du film « Le Guépard », « on va tout changer, afin que rien ne change… »

Pierre JC Allard

202. Le temps des miracles 09.04.22

 Une bonne nouvelle: toutes les grandes banques américaines qu’on croyait moribondes terminent ce trimestre avec des profits! Comme les affaires ne vont pas si bien, que le chômage augmente et que les banques demandent toujours qu’on leur donne du fric, on s’interroge…  Comment ont-elles fait ces profits et, surtout, pourquoi ont-elles le mauvais gout de venir en parler sans meme déposer le chapeau qu’elles nous tendent ?  Miraculeux.

Tout est devenu plus clair, hier, quand le Treasury Department des USA a annoncé, la bouche en coeur,  qu’il n’aurait pas besoin de demander plus d’argent au Congrès pour garder les banques à flot, mais pourrait se débrouiller avec le reliquat des 700 miliards de Paulson.  Comment ? En transformant  les montants que les banques lui doivent déjà en actions ordinaires et en se les appropriant.

Pour l’instant, les montants que le gouvernement USA a avancés aux banques sont des prêts et portent intérêt. Si ces prêts sont transformés en actions ordinaires, toutes sortes de bonnes choses se produisent.  D’abord, les banques auront alors remboursé leurs prêts à l’État en cédant ces actions et, non seulement n’auront plus d’intérêt à payer, mais, cette dette épongée, ils auront  côté crédit une nouvelle virginité à offrir aux investisseurs.

Ensuite, l’État se retrouvera avec une valeur en main.  Il se retrouvera avec une participation de contrôle dans les institutions financières. Il aura donc lui aussi une crédibilité financière accrue  et, ce qui n’est pas rien, il pourra prétendre avoir la possibilité de faire barrage à toutes les magouilles que  ces institutions seraient tentées de faire. Vu le passé récent, c’est une idée rassurante, même si on sait très bien qu’il n’en ferait rien.

Cette transformation de la dette en équité  équivaut concrètement à donner à l’État le contrôle de ces  institutions financières. Donc, à poser le geste dont, dès le premier jour de la crise, je disais qu’il était indispensable à la résolution de cette crise. Sans  les “nationaliser”, ce qui est un mot obscène dans le vocabulaire des USA capitalistes, le gouvernement Obama va  en prendre le contrôle.

Bonne opération, mais qui fait porter le chapeau par les actionaires de ces institutions dont le capital sera significativement dilué. Un sale coup à faire à des copains.   Normal, donc, qu’on rende tout ça moins triste en faisant mousser un peu la valeur de ce capital avant de s’en porter acquéreur.  Et qu’est-ce qui peut faire augmenter la valeur de ces actions dans le contexte actuel où les banques sont en déconfiture ?  Un boursicotage qui permettra de vendre et d’acheter ces actions, de les racheter et de les revendre, encore et encore, sur un marché haussier.

Évidemment, on peut faire un marché haussier à partir de rien, c’est ce qu’on fait depuis 30 ans, mais il n’est pas mauvais d’avoir au moins une excuse pour justifier que ce marché soit à la hausse.  L’excuse ?  Mais les profits qui augmentent, voyons !  Si on marie le projet de transformer la dette en équité et cette hausse providentielle des profits trimestriels, on peut tout à coup voir se créer  une bulle… le temps de tout revendre à l’État.   LE CONTRIBUABLE AMÉRICAIN, À QUI PAULSON  AVAIT DEMANDÉ DE PRETER, VA TOUT À COUP SE RETROUVER L’INVESTISSEUR et porter tout le risque.  Pas tout à fait correct, mais au point où l’on en est…

On comprend ainsi pourquoi les banques mendiantes viennent tout a coup déclarer des profits. Reste à savoir d’où diable peuvent sortir ces profits.  Je parie que, si on allait au fond des choses, on trouverait  des opérations financières purement virtuelles. Les mêmes opérations scabreuses, dissociées de toute réalité, qui ont créé la crise actuelle. On pourrait parler de fuite en avant…

Les Européens en parlent, qui voient leurs économies mises à mal par tout ce crédit que les USA invente et distribue à toute vitesse et qui ne bénéficieront en rien de cette miraculeuse transformation de l’eau en vin  au profit exclusif des institutions USA…  Comprenez-vous pourquoi, au G 20,  Allemands et Français  ne semblaient pas tellement apprécier  la stratégie  américaine ?

Dans un monde d’argent imaginaire, si on attend un peu, il y a toujours un miracle.  Priez très fort.

 Pierre JC Allard

203. Durban II. Israël me les casse… 09.04.23

 A la frontière de l’Inde et du Pakistan, quelque part entre Lahore et Amritsar, il y a Wagha.   Depuis des décennies, chaque soir au coucher du soleil,  l’armée indienne et l’armée pakistanaise s’affrontent.  Chacune sagement de son côté de la frontière, elles font assaut  de patriotisme. Chants martiaux, déclarations fulminantes, drapeaux au vent, compliments pour les siens et quolibets pour l’adversaire, des MILLIERS de spectateurs viennent jouer à la provocation.   On s’amuse bien…

 La cérémonie de Wagha est une tradition. On a rentabilisé une animosité de façade – car on est Punjabi de part et d’autre – en faisant des CD et des vidéos.  Quand New Delhi et Islamabad s’invectivent, c’est à Wagha qu’on comprend que tout n’irait sans doute pas si mal entre les frères ennemis, s’il n’y avait des intérêts étrangers  pour pétroler et leur dire sans cesse qu’ils se détestent.  Mais se voir pour s’insulter n’est pas la meilleure façon de se réconcilier…

Pourquoi cette réunion à Durban sur le racisme ?  Pas que le racisme ne soit pas un problème sérieux, mais a-t-on vraiment du neuf à en dire ?  Quelqu’un va-t-il se lever et défendre le racisme ?  Et s’il n’y a personne de l’autre côté de cette barricade, ne devrait-on pas discuter d’autre chose ? Il y a unanimité à condamner le racisme.  Un “Durban” n’a donc d’autre but que de dénoncer chacun son démon raciste favori, ce qu’ils auraient pu faire chacun chez soi – comme ils le font d’ailleurs tous les jours.  Un Durban n’existe que pour profiter d’une couverture médiatique que le sujet autrement ne se serait pas mérité.

Rien de mal à être sous les projecteurs. L’ennui, c’est que, puisque l’on n’est là que pour être vu, il faut bien se rendre visible…   Visible en n’y allant pas, en n’y allant que pour en partir ou en y envoyant faire des pitreries.  Show business,  au risque de traiter comme une soirée des Oscars un événement  sans doute inutile, mais dont le thème devrait imposer le respect.  Quand on fait du Hollywood avec du sérieux, on se rend ridicule… Ridicule et odieux.

Les Juifs et sympathisants qui sont allé chahuter à Genève se sont rendus ridicules et odieux. Ahmadinejad n’est pas mon leader préféré; il n’est pas ma bête noire non plus… Il fait ce qu’il peut pour gérer un pays qui est devenu le souffre-douleur des Américains, ce qui n’est pas facile.  Allez courir avec le gorille de 800 livres sur le dos !  Et, pour autant que je sache, il n’y a pas de racisme virulent en Iran.  Il y a certes des racistes, il y en a partout, mais l’Iran n’a pas une politique raciste.

Alors se faire un petit succès médiatique  en vociférant comme des cons pour couvrir la voix du Président de l’Iran n’est pas un geste qui honore Israël.  En fait, ca attire surtout l’attention sur le fait qu’on ne tue pas de Juifs en Iran, alors qu’il y a bien, en Israel et en Palestine, des innocents qui sont tués tous les jours, depuis longtemps…

Alors les Elie Wiesels et assimilés rendraient plus service à la cause juive, s’ils rentraient en Israel y dénoncer les exactions de leur propre gouvernement, plutôt que de rendre inconfortables ceux qui, comme moi, ont parfois dit du bien d’Israel… et de créer des antisémites par centaines en venant ajouter la bêtise et la vulgarité à l’équation.

Petit détail. En 1942, ma mère a gagné un prix littéraire au Canada pour un  article intitulé “Petit plaidoyer en faveur des Juifs”.  C’était en 1942 et la judéité n’avait vraiment pas la cote; on pourrait parler d’appui dans l’adversité…  Petit détail, mon premier associé, lorsque j’ai commencé  a pratiquer le droit, était juif…  et il y en a eu d’autres. Détail encore,  il y a quelques années, j’ai écrit ce texte, que personne ne m’avait demandé

Ces petits détails seraient sans aucune pertinence, si je parlais de tout autre sujet.  Parce que je parle d’Israel, c’est moi qui suis présumé avoir le fardeau de prouver que je ne suis pas antisémite.   C’est ça qui me les casse.

Pierre JC Allard

204. Le ballon de Jackie Chan 09.04.24

 Vous savez ce que c’est un ballon ?  Un ballon politique, s’entend ?  C’est une petite rumeur qu’on laisse suinter dans les médias et dont on suit la fortune dans l’opinion publique. Si lambda n’aime pas, le petit ballon passe à la déchiqueteuse et on n’en parle plus. S’il aime bien, on va plus loin, on planifie, on prépare, on pose des gestes…  C’est le plus près qu’on  puisse passer de la vraie démocratie sans tomber dedans, ce que bien sûr on ne voudrait sous aucun prétexte…

N’importe qui peut faire flotter un ballon, mais le meilleur  candidat est la célébrité pipole, s’exprimant à partir de ses émotions, à mille lieues de tout ce qu’il ou elle pourraient être soupçonnés de connaître. Brigitte Bardot sur la chasse aux phoques en est un bon exemple. Ainsi, si le ballon ne vole pas bien haut, le pipole n’a rien perdu et personne ne lui en tiendra rigueur. Si le ballon monte au ciel, on lui dira merci, mais l’idée pourra être reprise par un pro qui pourra prétendre que c’est la sienne, puisque le premier clown n’était pas accrédité comme créateur légitime d’idées…

Cette semaine, on a fait voler une énorme ballon dans le ciel nuageux de notre monde en crise. On l’a lancé de Chine, aussi loin  que possible de ceux aux USA et en Europe dont on veut vraiment connaître la réaction. De loin, car il faut voir venir…  On a mis à contribution Jackie Chan, plus connu des amateurs d’arts martiaux que dans les milieux de la politologie.

Jackie Chan, a dit, avec une grande candeur, qu’il n’était pas certain que la démocratie soit bien un régime politique  adéquat pour gouverner des Chinois.  ÉNORME.  Il y a bien longtemps que personne n’avait osé dire que la démocratie pouvait ne pas être la seule et unique forme acceptable de gouvernance. On a tué des millions de personne pour que  plus JAMAIS personne n’ose dire ça.  Et voilà ce chinetoque qui vient ouvrir ce panier de crabes… !

Le problème, c’est qu’il est bien possible qu’une majorité de ce milliard et plus de « Chinetoques » – qui ont 4 fois notre taux de croissance  et qui semblent le faire tout bien – pensent exactement la même chose de la démocratie sans laquelle ils s’en sortent très ben. Gênant.  Possible, même, que beaucoup de gens, non seulement en Chine ou dans le tiers-monde, mais aussi en Occident, ne soient pas totalement fermés à revoir le dossier « Démocratie ».

Corruption, magouilles, manipulations éhontées de l’opinion publique par des médias inféodés au pouvoir, processus électoraux viciés, désinformation devenue depuis Barnays un science exacte, interventions sans vergogne par la force policière ou militaire, quand le simple conditionnement  et le trucage ne donne pas le résultat programmé… Sommes-nous vraiment en démocratie ?   Et, quel que soit le nom qu’on veuille donner à la gouvernance que nous avons, la crise actuelle ne nous oblige-t-elle pas à poser le constat qu’elle ne fait pas que du bien ?

Le ballon de Jackie Chan pourrait donc voler plus haut et plus loin qu’on ne le pense.  Quand on commence à se demander si le roi n’est pas nu, il n’y a que le premier regard impudique qui coûte.   Que se passera-t-il, si on commence à se demander sérieusement si la démocratie qu’on encense  à l’unisson est VRAIMENT la moins mauvaise des formes de gouvernements ?

Quelqu’un veut tester le soutien qu’on croit inconditionnel à la démocratie. On verra d’ici quelques jours si on a ouvert la boite de Pandore

Pierre JC Allard

205.Vole, pigeon vole… 09.04.25

 On a prêté à Lucky Luciano, à Damon Runyon et à bien d’autres, cette phrase que si, dans une réunion entre truands, vous n’avez pas identifié en 10 minutes qui est le pigeon …. c’est sans doute que c’est vous !  On va en voir une application pratique d’ici quelques jours.

Ses créanciers ont donné à Chrysler jusqu’au 30 avril, pour présenter un plan d’affaires qui se tienne et éviter la faillite. On est dans le dernier droit.  Sur la scène, pour le grand finale, il y la compagnie en déconfiture, ses créanciers et le département du Trésor  des USA, bien sûr, mais aussi trois acteurs de soutien : Cerberus Capital Management, le gros ponte des actionnaires de Chrysler, que suivent les petits actionnaires comme les cannetons la cane; Fiat, la firme italienne qui a aussi ses problèmes, mais dont le Président Marchionne est un pro qui pourrait causer une surprise en faisant un « plus » de la multiplication de ces deux « moins » que sont Fiat et Chrysler… et le syndicat United Auto Workers.

Dans cette réunion de truands, à qui a-t-on a prévu de faire porter le chapeau ?   A première vue, le dossier est clair.  En refusant 7 milliards à Chrysler, le Trésor accule la compagnie à la faillite et condamne  ses actionnaires  et créanciers  à absorber la perte. Fiat fera une bonne affaire en reprenant la compagnie à prix d’aubaines et certains des travailleurs garderont leur emploi.

Un scénario de catastrophe contrôlée.  Mais est-ce bien ce qui se passera… ou y a-t-il un autre agenda ? N’est-il pas étrange que le gouvernement des USA – qui est à distribuer 700  milliards à des institutions financières tarées – n’ait pas 1% de cette somme à mettre pour rescaper l’industrie automobile américaine ? Car après la faillite de Chrysler, viendra le même scenario pour Ford et pour GM…

Tout se passe comme si l’on VOULAIT la faillite de Chrysler.  Mais pourquoi ? Dans le contexte actuel, que Cerberus et autres investisseurs perdent ou non quelques milliards est anodin. Rembourser ou ne pas rembourser  JPMorgan Chase, Citigroup, Morgan Stanley and Goldman Sachs  –  qui ensemble détiennent 70% de la dette de Chrysler –  l’est tout autant, puisqu’on renfloue actuellement ces institutions autrement pour des  montants 10, 20, 30 fois plus importants.  À quoi joue-t-on ?

Tout semble indiquer qu’on est a mesurer le tour de tête des travailleurs…  En cas de faillite, leurs plans de pension  et bénéfices sociaux seraient protégés, mais leurs emplois disparaîtraient.  Pourrait-on les inciter a jouer quitte ou double ? Ne serait-il pas possible de proposer a United Auto Workers de devenir l’actionnaire principal de Chrysler et de gérer cette société en forme plus ou moins coopérative, avec le soutien technico-administratif de Fiat ?

Les travailleurs devenus propriétaires pourraient se consentir des sacrifices qu’ils ne consentiraient à aucun autre acquéreur.  Ils pourraient s’imposer des conditions de travail plus exigeantes, des réajustements de salaire, des mises-à-pied  temporaires, des licenciements au rythme de mises à jour technologiques robotisant des pans complets de la production…  Ils le pourraient : ce serait LEUR compagnie, n’est-ce pas ?

Ils pourraient même – et c’est là que le chapeau leur est enfoncé jusqu’aux oreilles – modifier les conditions de leurs plans de retraite et de leur couverture santé. Ils garderaient, leur emploi… mais en reprenant des conditions de travail d’il y a 30 ans …  À ces conditions, Chrysler – et demain Ford et GM – peuvent redevenir rentables.

L’industrie américaine tout entière,  suivant la voie ainsi tracée par le secteur automobile, pourrait se rééquiper aux frais des travailleurs et les USA reprendre le leadership mondial de la production. Un plan ambitieux pour un Establishment devenu débonnaire sous la bannière Obama…

La crise financière qui est à faire disparaître tout l’argent virtuel sans valeur était bien nécessaire, pour que le symbolique coïncide raisonnablement avec le réel.   Cette opération monétaire ne peut suffire, toutefois. On a folâtré depuis le début dans l’imaginaire, mais le temps est venu de toucher la réalité.  On se prépare à sortir le scalpel et à couper dans la chair vive du système de production industriel.  Voyons comment le patient réagira…

Pierre JC Allard

206. Le précipité Taliban 09.04.26

 Précipité: Corps insoluble formé par réaction entre deux ou plusieurs substances en solution  ou par une action physique sur une substance en solution (Man.-Man. Méd. 1977).

Un peu tout le monde – et surtout les USA, premiers concernés – ont semblé pris au dépourvu, il y a quelques  jours, quand les milices taliban sont descendues tranquillement et sans coup férir de la frontière afghane vers Islamabad.  On se demande bien pourquoi.  Il n’y a pas un mois que le gouvernement du Pakistan a capitulé sans conditions, pour s’acheter un peu de paix pour un peu de temps, en livrant aux dits Taliban une province du nord du pays où ils font désormais la loi.

Leur loi. Avec la fermeture des écoles pour filles, la justice de la charyia – avec la menace de lapidation et d’amputation – et des femmes fouettées sur video pour avoit été vues publiquement aux côtés d’un homme qui n’était pas leur propriétaire en titre…  Leur loi.  Les  taliban n’ont pas conquis cette province, on la leur a cédée. Le gouvernement du Pakistan a accepté que s’installe sur son territoire un pouvoir qui ne lui est pas soumis.

Aucun État ne peut tolérer cette situation et se prétendre encore l’État. De fait, cette province n’est plus le Pakistan. Elle est un État tampon qui n’attend pour se joindre à l’Afghanistan que le retour des Taliban au pouvoir à Kabul. Croit-on que le gouvernement d’Islamabad l’aurait accepté s’il avait eu la moindre chance de l’empêcher ?

Pourquoi s’étonner qu’il ne réagisse pas à l’avancée suivante des Taliban ? Est-ce qu’on va longtemps feindre de croire qu’il suffirait d’une décision politique pour que l’armée pakistanaise reprenne la situation en main ?  La réalité, c’est que  le nationalisme exacerbé qu’on y cultivait depuis 60 ans  et le fanatisme religieux  qui est revenu en force avec le soutien des USA  à ceux qui luttaient en Afghanistan contre la présence soviétique faisait du Pakistan un précipitant. Maintenant il y a eu condensation: les Talban.  Un précipité au sens strict: un corps insoluble dans la nation pakistanaise.

Ce “corps insoluble” inspire un sentiment d’appartenance plus fort que celui envers l’État à une large partie de la population pakistanaise. Une cinquième colonne omniprésente rend donc vaine toute tentative pour contrer les Taliban.  On ne peut même penser à une situation de guerre civile, car, au contraire des pays du Moyen-Orient où Chiites et Sunnites s’opposent  dont on peut mettre à profit les dissensions, il n’existe pas au Pakistan un autre fanatisme d’intensité  équivalente à opposer aux Taliban.

Il n’y a, face aux Taliban, que des politiciens discrédités par la corruption et le népotisme, dont la laïcité discrète cadre mal avec les fondements de la nation pakistanaise bâtie sur sa spécificité religieuse dès le départ et avec l’État lui-même qui s’affirme islamique dans sa constitution.  Les Taliban sont le résultat tout a fait prévisible des forces qui ont été mises en action au Pakistan.

Le précipité est devenu la masse. Le gouvernement d’Islamabad ne fait pas marcher l’armée contre les Taliban parce qu’on ne sait pas  – ou l’on sait trop bien –  de quel côté, mise à part une petite garde prétorienne, la majorité des troupes se rangerait si l’on en arrivait à un affrontement. C’est ce que viennent de signifier les Taliban, en marchant sur Islamabad, puis en se retirant à leur convenance et sans que le moindre effort ait été fait pour les y contraindre par la force militaire.

Si les Taliban n’ont pas encore pris formellement le pouvoir au Pakistan, c’est qu’ils ont plus a tirer des concessions qu’on leur fait pour qu’ils ne le prennent pas.   Nous ne connaissons pas ces concessions, mais il n’est pas impossible que les Taliban reviennent au pouvoir en Afghanistan, dans un gouvernement de coalition dont on polira l’image pour qu’il semble présentable. Il n’est pas impossible que le contrôle du Pakistan même leur soit abandonné, pour autant qu’ils veuillent bien prétendre ne pas avoir ce contrôle et qu’ils ne touchent pas l’arsenal nucléaire.

Le monstre qu’on a nourri grandit.  Il a atteint la taille où il doit être amadoué. Le défi des USA, maintenant, est de faire en sorte que cette défaite apparaisse comme une victoire.   Des cheveux blancs pour Obama.

Pierre JC Allard

207. Ah, les cochons ! 09.04.27

 Après les oiseaux, les porcs.   Nous avons survécu à la grippe aviaire, survivrons-nous à la grippe porcine ?   Le suspense est commencé.  81 décès au Mexique.Une pandémie menace l’humanité.   Le Journal de Montréal m’invite à me faire vacciner « stat ».

Le J de M. me précise que le vaccin contre la grippe porcine n’est pas disponible. Les stocks de ce vaccin sont insuffisants dans les hôpitaux, ce qui ne me surprend, pas, vu qu’il est difficile de stocker un vaccin qu’on cherche encore  – on me dit que les ressources médicales du monde sont mobilisées – contre une grippe qu’on vient de découvrir…

Vaccinons-nous. À défaut d’un vrai vaccin contre la grippe porcine, il y a tout plein de vaccins contre la grippe ordinaire qui traînent sur les tablettes des hôpitaux et ça pourrait toujours aller. Efficace contre la grippe porcine ? On n’en sait rien, mais bah !… Mieux vaut peu que rien, n’est-ce pas ?  La même campagne pour pousser à la vaccination contre la grippe porcine est en cours aux USA et dans tous les pays européens. 81 morts au Mexique. Sur 111 millions de Mexicains. L’humanité va se défendre…

Je suis sceptique.  Une mauvaise habitude. J’ai horrifié bien des gens, au moment de la Grande Peur du Bogue Informatique de l’An 2 000 (Y2K) en disant – tout en admettant que je n’y connaissais rien – que je ne comprenais pourquoi il faudrait ajouter plus qu’une ligne de code pour qu’un ordinateur passe de 99  à 2 000 plutôt qu’à 00.

La crise du Y2K  est venue et est passée, permettant surtout de virer des MILLIARDS de dollars  dans les comptes de ceux qui nous en protégeraient.  Je suis sceptique… Pas seulement sur l’efficacité des vaccins, ce qui est un autre débat dans lequel je n’entrerai pas, mais sur l’opportunité de sonner le tocsin pour tout et pour rien, sans savoir s’il y a vraiment un danger sérieux et sans savoir si le remède qu’on propose est adéquat.

Attention !  Je ne dis pas qu’il ne faille pas chercher des remèdes à tous nos maux, simplement qu’il ne faut pas s’inventer des monstres imaginaires pour faire marcher le commerce.  Bien sûr, il y aura des pandémies. Et quand l’une viendra, on aura beau jeu pour dire qu’on l’avait bien dit, etc… Mais cela dit, je ne suis pas convaincu de la bonne foi de ceux qui crient au loup, car ils ont généralement un nouveau vaccin à vendre qui sera payé par l’État, ou un stocks de vieux vaccins à écouler avant qu’ils ne soient périmés.

Maintenant que la guerre est devenue totalement absurde, je ne vois pas de meilleure candidate que l’industrie pharmaceutique pour prendre le rôle immonde de celle des armements au XXe siècle ou de la religion auparavant.

Ce rôle, c’est celui de  l’exploitation de la peur de l’inconnu, que peuvent susciter  les cyniques qui savent chez les jocrisses qui ne savent pas. C’est toujours en misant sur la peur, dans cette zone grise entre réalité et imaginaire, que se font les grandes fortunes. Les grandes arnaques.

Banques mises à part, il n’y a rien qu’un gouvernement progressiste devrait étatiser plus promptement que l’industrie pharmaceutique.  Si la vie vous intéresse…

Pierre JC Allard

208. Le plus gros défi d’Obama 09.04.28

Avec la crise financières qui évolue a son pas vers une solution qui ne peut-être qu’un autre nom pour la faillite, la situation en Iraq qui se détériore et celles en Afghanistan et au Pakistan qui commencent à n’en faire plus qu’une, la  torture et l’énergie, il ne semble pas qu’Obama ait le temps d’affronter d’autres adversaires.  Il se prépare cependant, si on en croit les nouvelles, à affronter un adversaire encore plus dangereux : l’American Medical Association et tout ce qui gravite autour.

La médecine aux USA est hors de prix et elle ne donne pas des résultats satisfaisants. Un large pourcentage  de la population américaine n’a pas de couverture médicale. Les USA, sur ce plan, ne sont pas un pays développé. Bien humiliant… Obama, suivant Hillary, a promis de régler ce probleme.  Mais a–t-il pensé aux conséquences ? Est-il prêt a engager uine lutte à finir contre le plus puissant lobby des USA ?

Car c’est de ça qu’il s’agit et c’est une remise en question de toute la structure politique américaine.   Que les grands pourvoyeurs d’armes ou de mercenaires moussent leurs intérêts, cela va de soi et l’on a eu quelques guerres pour en témoigner, mais on parle de transactions discrètes, en haut de la pyramide. C’est une ponction sur toute l’économie et dont ce sont surtout les riches qui payent le coût.

Le lobby médical, lui, est partout. À tous les niveaux.  Sont financés et donc élus les candidats, à tous les paliers, qui soutiennent le système actuel que contrôlent des compagnie  d’assurances en relations incestueuses avec les associations de médecins eux-mêmes. C’est le marché, triangulaire type, où celui qui achète et celui qui vend ont partie liée contre le tiers qui paye.  Le législateur qui pourrait contrôler n’est élu que s’il laisse faire… car son élection dépend des fonds que lui glissent les lobby médicaux

Est-ce dire que tous les médecins participent de cette escroquerie institutionnalisée ?  Bien sûr que non, mais ils en sont les bénéficiaires et ferment les yeux.  Et tout repose, bien sûr, sur la RARETÉ de la compétence médicale qui ne peut qu’aller en augmentant, à mesure qu’elle se ramifie en spécialités et sous-spécialités.

Tout repose sur l’hypothèse d’un médecin formé en 8 ou 10 ans après l’équivalent du bac, qui doit d’abord tout savoir puis auquel, ensuite seulement, on enseignera la spécialité qu’il exercera. Ce médecin coûte cher.  Cher à former, puis sa rareté lui permettra d’exiger des honoraires fabuleux, que personne ne contestera, puisque  l’assureur qui le paye fait lui-même d’autant plus de fric qu’il pourra en justifier  davantage pour lui-même si le fournisseur de services est plus exigeant !

On a cette situation du « cost plus » qui enrichit les contracteurs de l’État. En bout de piste, c’est Quidam Lambda contribuable  qui en supporte les coûts.  L’Américain, en services de santé, paye plus pour moins que  le citoyen des autres pays d’Occident.

Cette situation ne peut changer que si l’on forme des milliers de médecins, transfomant le marché de la santé  afin que ce soit la demande et non l’offre qui ait le haut du pavé. Considérant l’explosion phénoménales des connaissances en médecine, cela n’est possible que si l’on scinde la profession de médecin et ses spécialités afin que les temps d’apprentissage soient moins longs.   Plus de médecins avec une formation plus courte. Des médecins  payés moins cher…

Les médecins et surtout les associations qui les représentent  n’accepteront pas facilement cette nouvelle donne.  Ils ont le pouvoir politique  des contributions qu’ils distribuent avec une expérience et un art consommé.  Obtenir l’appui du Congres pour remettre ces associations à leur place et donner aux Américains les services dont ils ont besoin semble un défi insurmontable. Or la santé est la première demande de la population d’une société d »abondance.

Je suis curieux de voir comment Obama s’en sortira sans prendre de grandes libertés avec les principes de la démocratie représentative…

PIerre JC Allard

209. Rocard, Twitter et le subliminal 09.04 29

Parce que le monde tourne autour de Washington, on se prive trop souvent d’écouter ce que l’Europe a à dire. Dommage, car c’est encore en Europe qu’on pense le plus.  Ainsi Michel Rocard – qu’il est aussi  inutile de présenter qu’un journal de la vieille – prend sa retraite en tirant une dernière flèche sur la TV qui tue la démocratie.

Rien de neuf. On peut retrouver le même message chez McLuhan et Chomsky, mais il est important de ne pas laisser la familiarité nous le faire oublier. Bravo donc à Rocard de le dire et à Rue 89 de le diffuser. La nostalgie n’a pas que son charme, elle a aussi parfois une valeur de rappel.

La TV a exclu du débat public tout ce qui ne peut pas s’expliquer en 40 secondes, dixit Chomsky. Ça fait la part belle aux émotions et l’on peut mener les peuples à  la « vérité » comme les moutons à la bergerie, sans besoin de molosses qui les mordillent aux mollets. Nous allons vers une gouvernance plus bienveillante, dont Obama va nous donner l’exemple… si tout le système ne nous explose pas au visage.  Je parle ailleurs d’explosion. Un mot ici du contrôle bienveillant

Rocard a raison…mais prenons note qu’au-delà de la TV, il y a Twitter. Twitter nous fait faire un pas de plus vers le camouflage de la divergence, en permettant maintenant à tout le monde de contribuer au bruit de fond qui submerge faits et opinions dans une mer d’insignifiance.    La force de Twitter, c’est l’effet de perspective qui permet de voir plus gros ce qui est plus près et donc plus important ce que vous êtes que tout le reste.

En parlant de vous, vous pouvez oublier les autres, lesquels  vous le rendent bien.   La société peut être traitée comme un encadrement acquis, décor à vos vicissitudes, plutôt que comme un outil collectif à remettre en question. (To twit = pépier) Créons la forme transitive et « pépions nous » les uns les autres.

Avec le gazouillis de Twitter, la manipulation par la TV est-elle dépassée ? Oh que non !  On peut compléter le « do-it-yourself- kit » de création d’insignifiance que fournit Twitter, en utilisant toujours la TV pour façonner l’esprit même du téléspectateur,  afin qu’il ne colporte que des insignifiances « correctes ».   La TV donc, encore, mais une TV plus efficace.  Rien n’est plus efficace pour faire une pensée correcte que l’approche subliminale.

Le subliminal a suscité bien des commentaires, il y a déjà une quarantaine d’années, puis on a cessé d’en parler, on l’a dénoncé  et on s’en est servi. Discrètement. Pour vendre, d’abord, mais ce n’est que l’aspect anodin  du phénomène. On nous a aussi bâti une pensée.  Par l’éducation et les médias.  Ici, je ne blâme même pas, je constate.

Pourquoi parler à nouveau du subliminal ? Parce que, bien insidieusement, on a franchi dans le conditionnement une autre étape dont on ne parle jamais.    Avez-vous remarqué ces textes qui défilent en bas de l’écran pendant que le commentateur  vous débite son message parlé ?  À quoi croyez-vous qu’ils servent ?     Ils servent à diviser votre attention, de telle sorte que l’on puisse vous endoctriner plus facilement.

Si vous cherchez à lire ces textes, la vitesse de défilement de ces messages hétéroclites est telle qu’un individu normal ne peut pas en suivre le sens tout en écoutant le message parlé… ce qui ne vous empêche pas de l’entendre. Ce message parlé vous pénètre donc sans résistance et votre inconscient l’accepte comme un fait.

Vous pourrez ensuite le contester consciemment, s’il est vraiment en contradiction de votre expérience ou de vos principes, mais le lent travail de sape fera peu à peu son œuvre.  Vous finirez par résoudre vos dissonance cognitives en les réconciliant dans une vision qui sera plus ou moins subtilement différente de celle que vous aviez au départ.

Même phénomène si vous mettez toute votre attention sur le discours. Ce sont les textes écrits qui se graveront alors dans votre inconscient, sans que vous ayez pu faire le filtrage  que vous faites normalement dans la vie quotidienne quand vous êtes assailli par un idée choquante ou absurde.  Cheminez doucement dans la lavande en suivant le pasteur, vous verrez comme on est bien dans la bergerie..

Ce procédé de conditionnement en utilisant la vision périphérique ou la parole au seuil de l’inaudible n’a rien de révolutionnaire ; c’est l’application politique des méthodes de l’hypnose ericksonnienne, dont plus personne ne met en doute l’efficacité.  Personne sauf ceux qu’on a déjà endormis. Dangereux la TV…

 Pierre JC Allard

210. Habana CU (USA) 09.04.30

Le glas s’est tu, 4 000 000 de Cubains ont défilé devant sa dépouille et l’élite politique du monde, droite mi-repentante et gauche mi-soulagée, s’est jointe aux philosophes et aux artistes pour assister aux obsèques  du Lider Maximo.  Comme Guise, mort, il a l’air plus grand.  Puis, le monde a recommencé à tourner.  Qu’est-ce qu’on fait de Cuba ?

Comment intégrer Cuba à l’économie et à la politique de l’Amérique ? Cuba, qui a l’air d’une zone sinistrée avec ses maisons Art Déco en ruine et ses oasis de luxe aseptique pour touristes, mais qui regorge de ressources  humaines compétentes – dont des médecins dont on a bien besoin.  Cuba, dont la population, même contestataire et bien lasse du socialisme, n’en est pas moins imbibée jusqu’à la moelle  des principes de solidarité et de justice sociale dont on a soigneusement  protégé les habitants des USA.  Cuba, à qui sa diaspora en Floride confère une importance capitale dans la politique interne des USA.

Qu’est-ce qu’on fait avec Cuba ? On peut simplement faire tomber toutes les entraves au commerce et aux échanges économiques et culturels entre les USA et Cuba.  Des centaines de milliards de dollars seront rapidement investis à Cuba pour en faire le paradis touristique exotique dont les Américains ont besoin, maintenant que le terrorisme leur a rendu l’étranger bien inhospitalier. Cuba, un paradis: l’ordre règne…

L’ordre règne…, mais règnera-t-il longtemps si on y déverse ces milliards ?  Cuba, avant Castro, était le domaine de la pègre. Comme le sont aujourd’hui quelques îles environnantes qui font aussi souvent office de paradis fiscaux. Les autorités cubaines, privées du grand rêve de Fidel, pourraient être bien vulnérables à la corruption…  Après le communisme, veut-on le banditisme, comme voisin gênant à 90 kilomètres de Key West ?

Certes pas, mais comment l’éviter ?  En allant surveiller tout ça de très près…  Quelle serait la meilleure façon de gérer ce spectaculaire Klondyke qui va se développer à Cuba ?   ACCUEILLIR CUBA AU SEIN DES USA !

On évite ainsi qu’un pouvoir mafieux ne s’y installe et on s’assure du même coup qu’il n’y aura pas résurgence à Cuba d’une pensée socialiste, car les pouvoirs d’un État dans l’Union américaine sont  limités et, de toute façon, toute velléité marxiste y serait neutralisée par les médias qui seraient alors sous contrôle des grands groupes de presse américains.

En admettant Cuba dans les USA – et sans doute Puerto-Rico par la même occasion – on aurait aussi une expérience pilote, dans les conditions les plus favorables, des effets et des conséquences de l’entrée d’États latinos bilingues dans l’Union.… Le prélude au destin « manifeste » et incontournable des USA.

Bon pour l’image des USA, aussi, car le choix référendaire du rattachement aux USA sera présenté au monde comme le rejet du socialisme, la preuve définitive que si une démocratie eut existé à Cuba, l’hérésie castriste y aurait été dénoncée depuis longtemps…  On justifiera ainsi a posteriori l’injustifiable embargo.  Oncle Sam aura eu raison…

Qu’en diraient les Cubains ?  Je crois qu’ils accepteraient avec enthousiasme.  D’abord, parce que l’image de l’Amérique  au quotidien, relayée aux Cubains par les cousins de Miami, est celle d’un monde plus beau que nature, pas si différent de celui que Voice of America faisait miroiter aux pays de l’Est durant la guerre froide.  Voulez-vous être Américains, s’entend : « Voulez-vous être riches ». Une question à laquelle généralement on dit Oui…

Ensuite, parce qu’à Cuba on aime bien les Américains. La propagande antiaméricaine castriste n’a jamais ciblé le citoyen américain, mais a présenté celui-ci  comme une victime de son gouvernement odieux. Ce sont des frères à retrouver…  Depuis des décennies, d’ailleurs, les Américains qu’on  a vus a Cuba ont été ceux-la seulement qui étaient bien sympathiques… Il n’y a sans doute pas un pays où l’image de l’Américain moyen ait été aussi bien protégée d’une hostilité larvée qu’à Cuba !

On présentera ce choix comme un rejet du castrisme, mais il est probable que les Cubains resteront fermement attachés à l’idée d’eux-mêmes qu’on leur a inculquée et ne perdront pas de sitôt le sentiment de supériorité morale qu’ils retirent de leurs systèmes d’éducation et de santé. Dans Cuba devenu un état américain, ils préserveraient sans doute jalousement les avantage sociaux qu’ils ont acquis et se verraient comme les pionniers d’une conscience sociale au sein des USA.

Ils y seraient alors bien utiles, car, « une plus grande conscience sociale », n’est-ce pas justement la direction que le nouvel Establishment  des USA veut prendre ?  Obama serait-il là,  si la décision n’avait pas été prise de déplacer les USA vers la gauche ?

Cuba peut être, au sein des USA, l’état pauvre sauvé du  communisme  que le « bon capitalisme » enrichit.  Les mécanismes sociaux cubains pourront être tolérés et même copiés sans vergogne, dès qu’on aura convaincu le bon peuple qu’en les rendant « libres » on en a exorcisé la malfaisance qui appauvrissait les Cubain sous Castro et que, capitalistes par adoption, ils sont désormais tout à fait acceptables.

Cuba au sein des USA ?   Une fiction, bien sûr, mais ne la donnez pas trop vite pour invraisemblable….

Pierre JC Allard

( P.S  Si vous aimez la politique fiction, télédéchargez  « Le Printemps de Libertad » un petit divertissement que j’ai publié au moment du Deuxieme Référendum au Québec).

 

211 Le gang des Barbares 09.05.01

Toute la France s’émeut à juste titre. Ils s’y sont mis à plusieurs. Ils ont torturé la victime pendant des jours… Maintenant on va les juger… Il y aura un de ces procès à effets de manches dont on s’efforcera de part et d’autre d’évacuer la justice pour en faire un spectacle et un symbole.

On cherchera des circonstances atténuantes – ce qui est normal – mais on cherchera aussi  des circonstances « aggravantes », ce qui est absurde,  car l’abomination est ici à son comble et vouloir y ajouter ne peut, en bonne logique, que sous entendre qu’elle sera diminuée si ces circonstances aggravantes ne sont pas établies…  Absurde et choquant

On tirera certainement de ce procès le spectacle et le symbole, mais en tirera-t-on le plus important, qui serait une leçon ?  Quelle leçon ? La leçon que la déresponsabilisation des criminels érigée en principe est incompatible avec la protection que la société doit accorder aux citoyens. Ce ne sont pas les barbares qui devraient être notre priorité, mais les innocents.  Il faudrait s’en souvenir.

Je constate que quand Youssouf  Fofana décide de séquestrer Ilan Halimi, il n’arrive pas de la planète Mars. Il a 13 délits à sa fiche de police, il a été condamné cinq fois  pour vols, violences volontaires, braquages et agression et a déjà passé quatre années en prison. Quans il a planifié ce coup, Il n’aurait pas dû être là. S’il n’y avait pas été, sa victime, elle, serait  aujourd’hui  bien vivante.  La société, a fait un mauvais choix. Comme elle a fait le mauvais choix dans un cas bien précis que j’ai eu l’occasion de dénoncer jadis, mais hélas en vain. 

La société a fait pour Fofana le choix de tenter l’improbable rehabilitation d’un récidiviste et a laissé en liberté, sans suivi et sans aide, un individu qui s’est avéré un danger mortel pour un citoyen innocent.  La société a erré.  Il faut corrigé cette erreur pour l’avenir. Il faut cesser de penser que la justice, c’est d’abord la punition et la rehabilitation du coupable. La justice, c’est d’abord la protection des innocents et, le cas échéant, l’indemnisation des victimes.

Pour obtenir ce résultat, il faut changer notre approche  et distinguer clairement entre crimes violents et non-violents. S’il n’y a pas eu violence, les crimes et délits doivent faire l’objet de peines dont le but est la reparation du dommage causé; le système carcéral doit être reservé à ceux dont on craint la violence.  Quand il y a violence, c’est la protection de la société qui doit être prioritaire et le criminel doit être mis à l’écart.

Il ne s’agit pas de le punir mais de protéger les innocents.  Qu’il soit ou non lui-même une victime de la société n’est donc pas pertinent à cette décision de le mettre à l’écart et celui qui commet un deuxième crime de violence grave ne devrait que bien exceptionnellement être réadmis dans la société.  Il n’est pas pertinent non plus qu’il soit fou ou sain d’esprit; c’est quand il sera à l’écart qu’on verra s’il est ou n’est pas nécessaire de le traiter. L’affaire Fofana, me rappelle le cas de la femme Homolka qui a fait les manchettes au Canada il y a quelques années.

Comme il n’est pas question de punition, mais de protection, les conditions de cette mise à l’écart doivent nécessairement être revues.  Elles ne doivent pas être cruelles, mais elles doivent s’appliquer sans faiblesses. La justice pénale et  le système carcéral sont à revoir entièrement.

On ne peut changer le passé… mais il n’est pas trop tard pour s’assurer que Fofona ne nuira plus. Surtout pas trop tard pour décider que les barbares peuvent arriver à l’improviste, mais qu’il faut garder l’oeil ouvert, les voir venir et, quand on les tient, ne plus les lâcher. Jamais

Pierre JC Allard

212 Chrysler : le Rubicon 09.05.02

 Vous n’avez pas lu mon article du 25 avril et ma prévision du stratagème  pour régler les déboires de Chrysler ?  Vous n’avez perdu que quelques jours : Obama vient de le réaliser.  De A à Z, avec la participation dominante des syndicats, le bradage du fond de pension des travailleurs, les concessions dont on est à peaufiner les détails et Fiat, l’entreprise étrangère qui pourra faire des profits en Bourse et payer les pots-de-vin…. On réalise le scénario que j’avais prévu et décrit il y a des semaines, des années, des DÉCENNIES.

En donnant ses directives à Chrysler, Obama vient de franchir le Rubicon. Les USA passent en mode « dirigisme ».  Le nouveau capitalisme américain – celui qui fonctionnera main dans la main avec l’État – fait une entrée réussie et remarquée sur la mappemonde économique. L’Establishment ne renonce pas au pouvoir, mais il semble qu’il ait eu la lucidité de comprendre que sa survie passait par moins d’individualisme et plus de solidarité, une redistribution plus équitable de la richesse et  un capitalisme d’État complétant l’entrepreneuriat du secteur privé.

En vieux militant de gauche, je devrais peut-être déchirer ma tunique, hurler à la trahison et préparer la lutte armée, car ce que fait Obama n’apportera l’équité qu’à moyen terme et, dans l’immédiat, va maintenir au pouvoir une oligarchie détestable.  Pourtant, je suis bien satisfait de la tournure des événements. Il semble que l’on pourra peut être changer la société sans effusion de sang.

Le principe d’intervention de l’État accepté, je crois que la marche vers la justice sera désormais relativement rapide. Je suis heureux que l’Establishment se soit converti à temps, car toute autre solution aurait exigé un recours à la violence qui n’aurait pas accéléré le changement, mais l’aurait retardé.  Nous avons une révolution sans guillotine j’en suis bien content

La révolution a commencé avec la décision de porter Obama à la présidence, bien sûr, puis a prouvé son sérieux en faisant porter aux riches plutôt qu’aux pauvres  le premier effort pour faire  disparaitre l’« argent de trop ». Mais c’est avec la main mise sur Chrysler, qu’on entre dans le vif du changement : la production. Chrysler, d’abord, mais les autres suivront

En associant les travailleurs à la nécessaire transformation de l’industrie, on s’assure que le changement se fera en respectant leurs droits acquis et en mettant à profit leur bonne volonté pour dessiner la nouvelle structure de production qui nous permettra de produire pour nos véritables besoins.  Nous serons plus riches. Plus égaux, aussi, parce que l’interdépendance accrue entre les acteurs donnera à tous plus de pouvoir, exigera la solidarité et imposera une gouvernance de consensus.

Prochaine étape ? Prendre le contrôle des institutions financières, puis ramener dans le giron de  l’État la création de monnaie et le crédit. Ça ne devrait pas tarder, car il faudra une monnaie crédible si on veut investir et progresser, alors que celle que nous utilisons encore ne vaut plus rien.   Cela fait, il faudra stabiliser la situation internationale. En deux (2) volets.

D’abord, les autres pays développés seront invités à marcher au pas de l’Amérique… Ils accepteront, d’autant plus facilement que leurs réserves sont en dollars. Ils deviendront partie d’un ensemble autarcique au sein duquel on parlera de concurrence, mais qui se fermera complètement aux imports des pays hors zone et dont on réduira même les exports, pour sevrer son économie de la dépendance envers une clientèle extérieure

Cette zone créée, le libre-échange cessera entre celle-ci et le reste du monde, remplacé par un protectionnisme féroce.  L’Occident, dirigiste et planifié, va produire pour ses besoins. Les autres pays, s’ils sont émergents, comme la Chine ou l’Inde, seront traités comme des rivaux.  Avec le respect de leurs cultures et en toute justice – c’est le prix de la paix – mais sans complaisance.

Les pays sous-développés seront aidés, dans un même souci de paix et en reconnaissant que le colonialisme a été l’un des facteurs de leur sous-développement, mais on les aidera chez-eux…   Les frontières  avec le tiers-monde sous-développé seront étanches à l’immigration comme aux importations, car un apport constant de main-d’œuvre ne permettrait pas le nivellement progressif des revenus par la complémentarité qui est la voie pour que se développe chez-nous le justice sociale.

Je crois que la collectivisation que vient d’initier Obama est la bonne solution pour une société au stade de développement où nous sommes et ne s’arrêtera pas.  On parlera cogestion plutôt que « soviets », mais le plus grand défi, pour les USA de 2009 comme pour la Russie de 1918, sera de contrer une inévitable tendance de la gouvernance vers l’autoritarisme et la technocratie. Soyons vigilants.

 Pierre JC Allard

213. Du danger des pétards mouillés 09.05.03

 Ceci sera ma dernière intervention sur le thème de cette grippe de cochons et j’invite tous ceux qui s’y intéressent – surtout les vieux sceptiques et cyniques qui ont soupçonné dès le départ qu’il s’agissait d’un pétard mouillé – à se réfugier aussi désormais dans un quant-à-soi dont ils ne sortiront que quand ils auront une solution à proposer au problème.

 Je ne parle évidemment pas du problème que posent les épidémies et pandémies; il y a pour ça des ressources scientifiques qualifiées qui feront pour le mieux, si on veut bien les laisser faire leur boulot au lieu de les en distraire en les affectant prioritairement à promouvoir la vente des vaccins et pilules par des déclarations intempestives. Je parle du problème bien plus grave de l’avènement de la transparence dans la gouvernance

Le système, qui depuis toujours vit sur des mensonges, voit la vérité arriver de partout, comme une  intruse sans papiers, et est bien ennuyé de cette soudaine pugnacité de ses ouailles qui ne veulent plus avaler des couleuvres… Depuis le 911, des cohortes d’anticomplotistes ont donc été envoyées au front pour tenter de discréditer tous ceux qui se posent des questions.  Des questions sur les tours qui tombent, mais aussi sur l’Irak, l’Afghanistan, la valeur de l’argent, celle du travail, les medias, la démocratie… des questions sur TOUT. Plus rien de sacré et c’est dans ce contexte qu’arrive cette ubuesque histoire de pandémie qui aura finalement fait moins de victimes qu’une escarmouche dans l’une ou l’autre de ces contrées où l’on a semé la pagaille. Danger pour le système.

Danger pour système qui, ayant eu l’imprudence de s’en remettre à des menteurs amateurs a fait lui-même ici un travail d’amateurs. Si on a vite douté des évocations d’apocalypse diffusées par les medias, c’est en grande partie à cause des messages déroutants qui sont venus de ces experts appelés à la rescousse pour corroborer les incitations à la panique.  Sortis de leurs labos, ils se sont continuellement enfargés dans la vérité quand on leur a demandé de faire peur sans vraiment inquiéter

La performance des experts a été lamentable. Une incompétence prévisible, car on ne se sort pas un PH.D en chimie en maniant l’ambiguïté.  La prochaine fois, on enfermera les gens à chienne blanche dans leurs labos pour la durée de l’opération – comme les journalistes dans les bars à Bagdad durant “Desert Storm” – et on laissera les pros de Madison Avenue nous bâtir une vérité.

 Parler de la prochaine nous ramène au problème. Le vrai problème. L’industrie pharmaceutique va devenir au XXe siècle la première activité économique. Comment évitera-t-on  les assauts  périodiques de ces commerçants dont la raison de vivre ne peut être que de commercer et pour qui la santé et la vie ne sont donc que des variables à manipuler ?

Ils ne sont ni meilleurs ni plus mauvais que les autres professionnels auxquels l’incontournable spécialisation d’une société d’abondance confère le dangereux pouvoir d’être les seuls à connaître, mais ils doivent faire leurs boniments dans un domaine qui nous tient littéralement bien à coeur.  Il va falloir surveiller ça de près.

La gérance et la surveillance de l’industrie pharmaceutique sont  à revoir et j’en parle ailleurs. Ce que je veux souligner ce matin, c’est uniquement  l’inopportunité de pousser trop loin dans la critique de cette opération médiatique assez mal léchée. On n’empêchera pas Quidam Lambda, qui a porté un masque mal ajusté et n’a pas envoyé ses enfants à l’école pendant des jours, de se demander si on a voulu le berner.   Il va comparer les énoncés douteux exprimés avec tant d’apparente sincérité par les medias sur cette ”terrible menace de pandémie”, avec les autres énoncés sur le même registre par les mêmes médias concernant tant d’autres menaces…

Q.L pourrait bien commencer à rigoler plus souvent. Ou ne plus rigoler du tout, ce qui est le niveau “6” de l’incrédulité. Cette affaire aura bien sans doute apporté quelques milliards aux Roche et Sanofi-Aventis de ce monde, mais au prix d’une spectaculaire perte de crédibilité du système et de ses medias.   En valait-ce la peine ?  Danger pour le système.

Danger aussi pour nous.  Ne soulignez pas trop cette bavure, car si les fausses pandémies savamment orchestrées commencent à faire rigoler, le risque est bien réel, qu’une vraie n’apparaisse nécessaire…. Et si elle est NECESSAIRE, elle viendra.

Pierre JC Allard

214 Vous voulez une petite Indienne ? 09.05.04

 Tout le monde a entendu parler de cette répugnante affaire du journal londonien qui a tendu un piège au père de Rubina Ali – la gamine vedette du film Slumdog Millionaire, grand gagnant des Oscars –  prétendant vouloir l’acheter pour 310 000 livres sterling.   Plein de gens se sont indignés. Beaucoup pour fustiger le père indigne – dont Obey, un quidam sur Rue 89, dont le choix pour avatar d’un croquis aux traits « néroniens » permet  de douter qu’il ait été sérieux – d’autres, comme moi, pour voir cette démarche du journal comme une insulte à la misère.

Pendant que les journalistes anglais s’amusent, Madonna qui cherche à adopter bien légalement une jeune Africaine  en voit tout à coup le père naturel, jusque-là absent, se manifester. Il pourrait – dit-il – « apprendre à aimer cette enfant « …  Suis-je cynique en pensant qu’en bon vendeur de nattes indigènes, il a attendu que l’ « acheteuse » s’attache un peu au « produit » avant d’en faire monter le prix ? Vieille technique, sans doute née à Sumer et encore bien courante dans les souks et bazars du monde entier….

Je trouve le père de la petite Africaine encore plus infâme que celui de la petite Indienne… et le journal encore davantage, mais ce n’est pas mon propos. Gardons 30 secondes de silence pour l’indignation, puis continuons. Mon propos, c’est pourquoi tant de contraintes à l’adoption internationale ?  On joue collectivement le même scénario que Rubina s’est vue imposer à titre individuel et je pense que c’est aussi une infamie.

 Des États dont les enfants crèvent de faim – et qui parfois payent pour stériliser leurs citoyens ! – assument vertueusement le rôle de pères indignes, pour garder ces enfants loin de ceux qui en prendraient soin, mais ont le démérite d’être des étrangers.  Il serait naturellement politiquement bien incorrect, pour un leader de miséreux, d’accepter que certains de ceux-ci puissent préférer que leurs enfants échappent à la misère plutôt que de se draper dans la patriotique posture de les garder dans une  stoïque indigence.

Il y a ainsi, dans le monde entier, un scénario de barrage à l’adoption. Il y a dans les pays d’accueil, pour donner la réplique aux politiciens du tiers-monde, toute une faune de fonctionnaires, d’avocats spécialisés et d’organismes de bienfaisance qui vivent d’être les rabatteurs et les entremetteurs dans un processus d’adoption byzantin, long, coûteux et compliqué à plaisir.  Je pense de cette faune ce que je pense du journal londonien qui a instrumentalisé Rubina Ali et son père pour mousser ses ventes

Attention. Je ne propose pas qu’on mette les enfants en vente. Je dis qu’il faudrait encourager l’adoption internationale, la faciliter  et y consacrer des ressources plus significatives.  On se plaint de la dénatalité en Occident – et l’on veut y palier par une immigration légale ou même illégale importante – mais on stoppe autant qu’on peut l’entrée des meilleurs immigrants qui soient : les enfants.    Ne doit-on pas admettre – si l’on n’est pas biaisé par des relents de racisme – qu’un enfant élevé chez-nous par des gens de chez-nous, selon les valeurs de NOTRE culture, grandira pour devenir, indiscernable de nos propres enfants ?  Ne voit-on pas que c’est le candidat idéal à l’intégration ?

Oui, bien sûr, il y aurait  des contrôles à exercer pour éviter l’exploitation de ces enfants, mais ces contrôles ne sont pas si difficiles  à effectuer. Il suffit, d’abord, qu’on ne négocie dans le pays d’origine  qu’avec un organisme accrédité qui assumera la responsabilité des tractations avec les parents et garantira leur libre consentement, puis qu’on ne se limite pas, dans le pays d’accueil, à une vérification à l’arrivée, mais qu’on ajoute un suivi longitudinal jusqu’à la majorité de l’enfant.   Est-ce si complexe ?  Pourquoi ne pas le faire ?

Pierre JC Allard

215 Le proconsul 09.05.05

 Pendant qu’aux USA on met peu à peu les pendules à l’heure, que les presque-riches se résignent à ce que l’argent ne vale plus rien, que la grippe ci-devant mexicaine a pris un numéro comme un compte en banque suisse et qu’on l’oubliera sans avoir jamais su ce qu’elle contenait…, que se passe-t-il dans les marches septentrionales de l’Empire ?    Au Canada, le peuple en liesse attend que son nouveau proconsul désigné monte les marches du trône.

Ignatieff vient d’être plébiscité à Vancouver.  97% d’appuis à sa nomination sans opposition à la tête du Parti Libéral. Evidemment, on est dans le microcosme d’une convention du dit Parti Lbéral, un milieu bien sympathique, mais ça nous change tout de même des exercices similaires du Parti Conservateur qui sont  la plupart du temps férocement disputés.

 Pourquoi cette différence ? Parce que le Parti Conservateur au pouvoir, c’est l’intermède Tory qu’on accorde pendant qu’on réaménage  la maison des Whigs. Ce n’est pas très sérieux et ça ne dure pas.  Les fonctionnaires prennent  charge le temps que les choses redeviennent normales. On se bât donc âprement pour devenir chef du Parti Conservateur, car c’est un accomplissement auquel ne s’ajoute que bien rarement le plaisir d’aller plus loin. C’est une fin en soi. Un succès personnel.

Devenir chef du Parti libéral, au contraire, n’est qu’une étape dans une marche triomphale vers le pouvoir. Le Parti Libéral est, au Canada, de droit divin, le parti de gouvernance.  Son chef s’attend raisonnablement à conduire ce pays;  sous la tutelle de Washington, bien sûr, mais en ayant tout de même des décisions à prendre.   Il doit bâtir une équipe pour une décennie, peut-être plus. Il a besoin des autres et les autres auront besoin de lui. C’est le Parti qui sera au pouvoir et il y en aura pour tout le monde.   Donc politesse, consensus, unanimité…

Le Parti Libéral n’attend que le moment propice pour revenir au pouvoir. Simple formalité.  S’il n’y est pas revenu plus tôt, c’est qu’il aurait été ennuyeux de devoir suivre les directives d’un administration Bush en fin de règne. Erratique, discréditée, destinée de toute évidence à être le bouc émissaire pour l’histoire de toutes les imperfections de la politique USA depuis 50 ans.  Mieux valait laisser les Conservateurs se compromettre avec ces gens…

 Maintenant,  à Washington, on repart à neuf.  On tourne la page. On s’est donné une nouvelle image : O B A M A ! L’Establishment  va mettre en place une nouvelle forme de gouvernance. Bienveillante. Ouverte au changement. Les grands n’exploiteront pas moins les petits, mais ce sera fait avec plus de délicatesse, dès qu’on aura réglé – aussi brutalement qu’il le faudra – les dossiers hérités d’avant

Une urbanité « Ivy League » va remplacer à Washington la grossièreté ostentatoire d’éleveur de bétail texan  privilégiée par les Bushistes.   Souvenez-vous du film  de Michael Moore : Wolfowitz crachant sur son peigne pour se coiffer… Il n’y aura pas de rustauds dans l’équipe Obama. Du moins pas longtemps. Ils feront le sale travail à faire, puis seront expulsés.

La nouvelle image Obama et le nouveau style de Washington  vont se refléter sur les provinces de l’Empire.  Il faut au Canada un nouveau proconsul, plus acceptable à la Maison Blanche que notre Albertain de transition.  Le Parti Libéral l’a compris. Peut-être tout seul et peut-être parce qu’on le lui a dit, mais l’important est qu’il l’ait compris. Ils sont tous avec lui.

Ignatieff,  issu lui aussi d’Harvard, comme  César lui-même, a reçu la couronne de laurier. Ils sont tous avec lui et les sondages aussi.  Les Libéraux gagneront les prochaines élections en Nouvelle-Écosse, puis attendront le signal pour mettre en marche le cortège triomphal vers Ottawa.

Ave, Proconsul Ignatieff.  Mais souvenons nous qu’il ne fera rien que Cesar Obama n’aura d’abord approuvé.

 Pierre JC Allard

216. Le procès de la sottise 09.05.06

 Nous n’avons pas à porter de jugement sur l’honnêteté du Maire de Montréal.   D’abord, nous n’avons pas tous les faits sur les agissements de la Société d’Habitation de Montréal (SHDM); un élément nouveau pourrait ramener toutes les accusations au rang de commerages. Ensuite, entre ces agissements et le Maire Tremblay, il y a toute une chaine d’intervenants, dont chacun peut être responsable de tout, en supposant qu’il y ait quoi que ce soit dont un responsable devrait être à blamer. Enfin, il y a des tribunaux pour juger des accusations de corruption, si de telles accusations étaient formellement portées.  Laissonc donc pudiquement hors du débat l’honnêteté de Gerald Tremblay.

Interrogeons-nous plutôt sur la sagesse des décisions qui ont été prises.  Ce n’est pas la première fois que des décisiona discutables sont prises à Montréal.  On s’y connait en transactions scabreuses à Montréal, et depuis longtemps… Toute l’opération Expo 67 –  où l’on a dit qu’un milliard de contrats avait été donné sans appels d’offres – aurait pu servir de modèles aux apprentis grenouilleurs du monde entier: créer un besoin, faites en une urgence … puis faites n’importe quoi…

Les Jeux Olympiques de 1976 auraient pu aussi servir de modèle d’indélicatesse et de ridicule, avec le mat du stade et son toit comme images emblématiques permanentes de la magouille, si Expo 67 n’avait pas rendu inutile d’en remettre encore… Pourtant on a bien aimé Drapeau.  Voici ce que j’en disais,  il y a déjà onze ans . Jean Drapeau a peut être fait de colossales erreurs – la question reste ouverte –  mais il ne faisait pas de minables sottises.

Ce que le people pardonne le moins à ses dirigeants, c’est la sottise.  Il peut accepter des faux-pas, des fautes graves, voire des crimes. On a honni Duplessis, mais on rit encore de ses bons mots. On a accueilli en triomphe Camilien Houde, sortant de prison après avoir été incarcéré pour trahison – bien qu’on n’ait pas alors osé le formuler de cette façon – alors que le pays était en guerre… .  Le peuple peut être clément.

Le people peut être bien indulgent, mais il y a des péchés contre l’esprit qu’il ne pardonne pas. Le people ne veut pas d’un leader qui baisse les yeux et les bras et qui bafouille. Le people ne veut rien de minable ni de mesquin chez ses élus. Il rejette les tièdes. Il ne veut pas d’un chef qui, pour ne pas être responsable, assume la posture d’un irresponsable. Il ne veut pas d’un chef qui fait ou laisse faire des sottises, puis les excuse.

Quand on soustrait la SHDM au controle démocratique sans qu’il soit indubitable qu’on en ait le droit, c’est une sottise. Si, dans la foulée de cette decision, des transaction douteuses s’accumulent sans que l’on se donne même la peine de les camoufler habilement, c’est une grande sottise. Si en cours de négociation du plus gros contrat jamais accordé par la Ville de Montréal, le principal responsable du dossier pour la Ville va s’afficher sur le yacht du promoteur qui nous vend 356 milliions de dollars de biens et services, c’est une exemplaire et spectaculaire sottise. Inexcusable.

Le maire qui chapeaute – et qui devrait diriger et inspirer – l’Administration qui fait toutes ces sottises peut être, ou ne pas être, honnête;  les tribunaux auront peut être à en décider, mais ce n’est pas mon propos.   Mon propos, c’est une cause qui est déja entendue et dont il serait bien surprenant qu’il y ait  appel, car les deux-tiers des Montréalais ont déjà donné leur verdict.   Le Maire Gérald Tremblay s’est conduit comme un sot.

Pierre JC Allard

217. Michel Brûlé. L’incontournable 09.05.07

 Quand on sort un pamphlet incendiaire contre les anglo-saxons, leurs petits et gros travers, leurs habitudes alimentaires, leur langue  et même leur façon de la parler, on se fait remarquer. Si sans perdre une minute on convertit l’essai en annonçant sa candidature à la Mairie de Montréal, on devient tout à fait remarquable. En fait on devient incontournable. Quand on est incontournable, on se fait rentrer dedans… C’est déjà commencé et ça n’arrêtera pas…

 Michel Brûlé – que personne jusqu’à présent n’a pris pour un imbécile – dit tout à coup des conneries inacceptables et annonce qu’il va faire une bêtise énorme. À quoi il joue ?  Remarquez que je n’ai pas lu le livre de Brûlé.  Je suis sûr qu’il dit des conneries, parce que Louis Cornellier en cite quelques-unes, mais le reste du bouquin est peut-être génial.  J’en doute, toutefois, car lancer une attaque contre les « Anglaids » et prétendre se faire élire dans une ville où la balance du pouvoir est de toute évidence entre leurs mains ne peut pas être une simple erreur de jugement. À moins qu’on ne parle d’erreur de jugement quand Wladimir se met un pistolet chargé sur la tempe et appuie sur la gâchette.

Il est difficile de penser que Michel Brûlé fait ce doublé en croyant gagner une élection ou simplement pour mousser la vente d’un livre. Il semble plus raisonnable de penser qu’il est à se positionner sur l’échiquier politique du Québec, précisément là où un segment important de la population attend un leader crédible.  Ce segment, c’est un nombre significatif de Québécois qui se disent de gauche  – mais on souvent des réflexes de droite – et qui se définissent moins par un projet précis de société que par l’adhésion à un concept d’indépendance dans lequel on mettra bien tout ce qu’on voudra. Un socialisme, peut-être, mais surtout s’il est national.

Ce segment de la population peut être une force politique s’il maintient sa cohésion. Il ne peut pas la maintenir en proposant un programme détaillé, car il  se fragmenterait en factions, chaque proposition se traduisant pas la défection de ceux qui s’y opposent sans amener un nombre correspondant de nouveaux adeptes. Ce groupe ne constitue donc une force que s’il s’en tient à ce qu’ils détestent tous : les « Anglaids ».   Cette prépondérance du négatif sur le constructif augmentera si la situation économique se détériore.

Voyons donc un scénario. Pure spéculation.  Si Michel Brûlé, grâce a ce livre que certains liront, mais dont on parlera surtout beaucoup, se hisse à la position symbole, devenant une figure de proue et étant perçu simplement  comme «Celui qui n’aime pas les Anglais », il devient de fait le maître à penser et le guide de ceux au Québec … qui n’aiment pas les Anglais.  Ce n’et pas une minorité totalement négligeable.

Imaginez qu’il perde une élection à Montréal à cause du vote « Anglais »  – ou mieux, qu’il soit empêché de se présenter ou traité injustement pas les médias – et il ajoute alors au statut de symbole, celui de victime-héros.  Son prestige peut s’accroître, surtout si les choses vont plus mal, ce qui est possible… et si les gouvernements déçoivent, ce qui est bien probable.  Si 10, 20, 30 % de la population l’écoutent, il devient vraiment incontournable.

Être anti-Anglais  ne fait pas gagner des élections à Montréal, mais à l’échelle du Québec, ce n’est plus aussi certain… A défaut de faire gagner une élection, ça peut faire gagner qui l’on appuie…     Est-ce le plan de Michel Brûlé ?  Je n’en sais rien.  Il m’est simplement plus facile de l’imaginer machiavélique que bête et de lui prêter de noirs desseins que de le croire sans desseins.  Une affaire à suivre…

 Pierre JC Allard

218. L’ultime forfaiture du Capital 09.05.08

Un dur coup, hier pour les « anticomplotistes ». Le Center for Public Integrity (CPI), par la voix de son directeur Bill Buzenberg, annonce que les banques qui prétendaient avoir été prises par surprises par la crise des surprimes qui a déclenché la faillite du système financier ont tout fait pour la provoquer, en facilitant des prêts à très haut risque dont on ne pouvait raisonnablement s’attendre à ce qu’ils soient remboursés.

Le CPI  met carrément la faute sur les agissements de 25 institutions financières.  Ces institutions ont consenti à elles seules 72% du total des mauvais prêts hypothécaires. UN TRILLLION  (USD$ 1 000 000 000 000 ) Des 25 institutions mises en cause, 21 appartiennent ou sont financées par l’une ou l’autre des banques que le Trésor américain inonde actuellement de milliards pour tenter en vain de les rescaper (bail out) aux frais des contribuables.

Parmi les incriminées, Citigroup, HSBC, Barclays… tout le gratin du capitalisme. AIG, en particulier, à qui le Trésor américain , depuis le plan Paulson, a aussi donné directement 180 milliards de dollars (dont une parcelle a servi a payer des boni et à organiser une nouba pour ses agents… !) Toutes les autres escroqueries financières de l’Histoire apparaissent tout à coup comme des peccadilles. ON A SCIEMMENT DÉTRUIT LE SYSTÈME FINANCIER MONDIAL.

 Le cynisme de toute cette opération laisse pantois, car ce sabotage ne peut avoir eu lieu qu’avec la connivence du gouvernement des USA et au su de tous les gouvernements de quelques importance participant à la structure financière qui gère cette planète. L’élite qui dirige le monde nous a trahi et est partie avec la caisse.

Cette étude a été publiée alors que la Chambre des représentants américaine devait approuver hier un projet de loi visant à créer une commission d’enquête indépendante pour examiner les causes de la crise économique.  On avoue juste avant d’être démasqué. Les rats quittent la cale du navire qui sombre.

Que vaut cette information ? L’étude du CPI a porté sur 7,2 millions de prêts consentis entre 2005 et 2007.  Un échantillon significatif. Une conclusion irréfutable.

Que vaut la parole du CPI ?  il suffit de voir la liste des organismes qui le soutiennent depuis sa création, il y a 20 ans, pour voir qu’on n’a pas ici des anarchistes barbus, mais la fleur de l’Establishment.  Ce sont des capitalistes qui dénoncent. C’est une guerre civile au sein du Systéme dont je dis depuis  20 ans que c’est le seul événement qui nous en délivrera.

Jubilation ?  Ne pavoisez pas trop.  Il est clair que l’argent ne sera plus l’outil privilégie de la gouvernance, mais rien ne garantit que les nouveaux moyens qu’utilisera le pouvoir pour dominer seront plus justes, ni surtout plus démocratiques. Au contraire…  Souhaitons-nous une gouvernance bienveillante, car le paternalisme n’est pas le pire des dangers qui nous menacera.

Pierre JC Allard

219. Et tu Brute … 09.05.09

 Il y a longtemps que ça ne va plus pour les Américains en Irak, mais on a passé un autre seuil quand le Sergent-Major Davis a payé de sa vie l’erreur d’avoir tourné le dos à un soldat irakien. Pas une rebelle, pas un insurgé, pas un terroriste, un soldat de l’armée irakienne.  Un collègue de travail, si on peut dire…  Il était là pour les conseiller, pour les former à tuer de l’irakien rebelle. C’est lui qu’on a tué. L’étranger. L’envahisseur.

Davis n’est pas la première victime de ce qu’on a appelle encore parfois pudiquement un “tir ami”. Il y en a beacoup. On se souviendra de ce type qui avait tué quelques G.I dans un camp retranché en Irak, y a déjà quelques années, en jetant une grenade dans leur tente. Il était devenu fou, qu’on a dit à l’époque…  On ne parle plus de folie. Il y a eu sept (7) autres incidents de ce genre depuis six (6) mois dans le nord de l’Irak.

On connaît le meurtrier du Sergent-Major Davis: Saleh Hamadi. Il a fui avec un complice après l’attentat, un véhicule l’attendait.  Un meurtre prémédité. Le soir même,  il a été remis par des gens de sa tribu aux gardes à la frontière syrienne. Rien de crapuleux, meme si l’armée américaine cherche sans conviction à convaincre tout le monde qu’il a sans douté été payé pour le faire.  En fait, c’est un assassinat. Il y a eu une execution. Un geste de résistance et Hamadi un jour sera un héros.

C’est ce qui distingue ce cas de tous les autres.  Comment la justice irakienne le traitera-t-elle ?  Deux de ceux qui l’ont aidé à s’enfuir auraient été condamnés, mais les details manquent… Hamadi, lui, non. Tout traine en longueur. Garde-t-on Hamadi pour la célébration qui marquera le départ du dernier “protecteur” américain ?  On verra…

En attendant, les Marines ont été appelés en renfort pour protéger les conseillers américains contre ceux-la mêmes, leurs élèves, sur qui l’on comptait au depart pour assurer leur protection !  C’est cette insertion des conseillers USA dans l’armée irakienne qui était la stratégie à long terme.  Ils noyauteraient, convaincraient, soudoieraient et assureraient le contrôle du pays conquis, avec la loyale obedience admirative des troupes indigènes.

182  de ces equipes de conseillers sont déja en place. Il ne s’agissait que d’en multiplier le nombre, pour créer une réseau de points d’appuis à une presence américaine indéfinie en Irak – 10 000 de ces conseillers auraient suffi, avec une armée irakienne fidèle et dévouée – puis de ramener le reste des boys au pays. Colonisation coutêuse, mais tout de mëme finalement réussie.

L’affaire Hamadi vient de changer la donne. On vient de comprendre que si les autres partent, les 2 000 conseillers déjà insérés dans l’armée irakienne non seulement ne soutiennent rien, mais sont autant d’otages en puissance.   En rajouter serait encore plus bête que de les y avoir mis.

On vient juste de réaliser que quitter l’Irak n’est pas aussi simple qu’il parait, comme quitter la Russie n’a pas été  une parade de retour pour Napoléon ni pour Hitler. Qu’est-ce qu’on fait quand on décide de se retirer, mais qu’on vous tire dessus ?  Quelques pertes, c’est un retraite  humiliante. Beaucoup de pertes et c’est une déroute ignominieuse.    Le peuple américain ne le permettrait pas.  Va-on faire marche arrière… en reprenant la fuite en avant ?

Tout ça rapelle, mais à grande échelle, les helicoptères quittant le toit de l’Ambassade américaine, a Saigon.  Ou mieux, cette phrase du celèbre roman de Steinbeck  “ The flies have conquered the flypaper…« 

Envahir l’Irak était pire qu’un crime. Talleyrand aurait dit que c’était une erreur.

Pierre JC Allard

220. Le Web thaumaturge 09.05.10

 Il y a bien longtemps qu’on n’avait pas vu la maladie reculer devant la Parole.  Le Christ, Saint Francois, il paraît que…  Mais il y a bien longtemps. Les Preachers américains font aussi des miracles, mais ils concentrent leurs efforts sur les maladies de l’âme. Comme les psychiatres.  Quand on touche au physique, c’est fou comme un degré de fièvre peur être résistant à la Grâce..

On a donc tendance, côté guérison, a se partager les tâches. Ceux qui parlent bien prennent en charge les hystériques, hypocondres et assimilés – ce qui représente tout de même au moins la moitié des malportants – et ceux qui n’ont pas ce talent auscultent, cisaillent ou, tout en bas de l’échelle, PRESCRIVENT.  Aspirine , quinine, Ex-Lax…   Des cures sans surprises ni émotions, mais ça marche.

 La semaine dernière, tout ça a basculé.  L’humanité a été confrontée à un grave péril auquel il n’est pas sûr que le médecine traditionnelle aurait pu parer.  La grippe porcine, mexicaine, ou donnez-lui le nom que vous voulez, est apparue et a provoqué une mobilisation des ressources médicales et médiatiques combinées dont on avait eu auparavant peu d’exemples.  Mexique, puis USA et enfin OMS sont montés aux créneaux sans rien négliger.

 « Un milliard », a dit Obama,  ça lui est venu spontanément. « Crise de niveau 5 », a renchéri l’OMS !  Plus pratique, le Mexique a  accepté avec gratitude un investissement de 100 millions de dollars de Sanofi-Aventis pour produire des vaccins… d’ici quelques mois.  Encore plus pratiques, les autres pays ont simplement diffusé la nouvelle de la pandémie en gestation, jusqu’à ce que les chalands se précipitent pour acheter jusqu’à épuisement les stocks de Tamiflu de Roche qui menaçaient péremption. Braves gens…

 Malgré ces mesures radicales, le mal se propageait toujours. Les écoles se fermaient, les frontières elles-même étaient menacées. La panique était là et tous les médicaments ne suffisaient pas à en enrayer la propagation de bouche à oreille…  C’est là qu’on a redécouvert le pouvoir de la parole. Le pouvoir de l’écrit.  Le pouvoir du WEB.

L’Internet est intervenu. Quelques articles, collant aux faits et les interprétant selon la raison, ont permis en quelques jours de circonscrire l’épidémie. Un pouvoir qu’on doit croire surnaturel s’est manifesté pour que seul le Mexique, où le mal avait quelques jours d’avance, soit sérieusement touché avant que la Parole ne produise son action salvatrice.  Le « Web ange-gardien » a gardé les frontières et le mal a reculé. Ceux qui devaient mourir ne sont pas morts et ceux que la maladie devait atteindre n’ont pas été atteints.

Il y a eu quelques victimes, naturellement, mais bien moins que lors des autres pandémies, quand tant de gens ont péri de la grippe ou des vaccins qu’on leur a imposés.  Il est vrai que la Providence a pu compter, sur le Web, avec la collaboration de centaines de milliers d’internautes qui ont diffusé la Parole.  Au plus fort de la panique, il y avait plus de DEUX MILLIONS  (2 000 000 ) de liens sur Google,  pour « grippe », « grippe porcine » et autres sobriquets de la « pandémie »…

Avec Internet, nous avons une nouvelle arme contre certaines maladies: la Parole. Il faudra s’en souvenir.  Et la prochaine fois, si la Parole se met à l’œuvre rapidement, on évitera peut-être aussi les achats inutiles.  Ce serait bien chouette, car on a besoin de tous nos sous pour défendre VRAIMENT la santé.

Pierre JC Allard

221. Ratzinger, Joseph. Pape  09.05.11

Sa Sainteté  – pas le dalaï-lama ni Raël, l’autre – fait une brève visite au Moyen-Orient.  Courageux de sa part, car il n‘y a pas que des amis. Il s’est forgé de solides inimitiés chez les islamistes, il y a trois ans, en choisissant dans un discours à Ratisbonne de citer un texte chrétien décrivant  le message de Mahomet comme méchant et inhumain.  Il s’en en attiré autant des Juifs, il y a peu, en levant l’excommunication qui avait frappé l’évêque Williamson, un négationniste avoué.   Pour le tact, on est bien loin de Jean-Paul…

Evidemment, les méchantes langues diront que puisque une partie non négligeable des Protestants fondamentalistes croient sans doute encore qu’il a les pieds fourchus et qu’une grande partie des Catholiques, en entendant son nom, lèvent les yeux au ciel, il n’est sans doute pas beaucoup plus impopulaire à Amman que dans une ville d’Occident, mais il lui faut tout de même du courage pour aller au devant des attentes des Juifs et des Arabes.

 Il est bien difficile d’imaginer, en effet, ce qu’il pourra bien dire de bon à ses hôtes au cours de ces quelques jours en Jordanie, puis en Israel.  La récente incursion miitaire d’Israel à Gaza  a fait près de 1 500 victimes. Des civils, surtout des femmes et des enfants. Le pape va-t-il cautionner cette opération, se rendant encore plus odieux aux musulmans et à la grande majorité des populations chrétiennes du monde qui réprouvent ce massacre ?

Va-t-il, au contraire, la dénoncer, devenant persona non grata en Israel, compromettant les liens péniblement établis avec la diaspora juive et réduisant surtout son capital de sympathie auprès de l’administration des États-Unis qui restent indubitablement le pays le plus riche et le plus puissant du monde ?   On voit mal quelle déclaration contenterait tout le monde…

Il pourra tenter – c’est l’ambition de toute diplomatie et l’Église n’y est pas novice – de faire des ronds autour du sujet sans vraiment l’aborder et de ne dire que de pieuses platitudes.  Mais avec la crise financière, le réaménagement de la production qui se dessine, le réajustement des alliances et le nouveau mode de gouvernance qu’Obama est à mettre en place, le monde  n’est plus vraiment tolérant du bavardage.   Tout va trop vite, les changements à faire sont trop urgents et trop importants.

Si Benoit XVI n’a pas le courage d’une opinion et de recommandations concrètes sur la question palestinienne, mais se limite à n’en rien dire, ou pire, a tenir un discours vide, il est probable que des millions de gens dans le monde – et surtout des catholiques – y verront confirmés leurs doutes quant à la signifiance d’une papauté qui se refuse à tenir un message moral qui devrait être sa raison d’être.

 Le Vatican n’a-t-il pas compris que l’ambiguïté n’est plus une vertu dans le monde de transparence que créé l’Internet et qui rend le double discours impossible ? S’il  termine ce périple en zone de guerre sans porter un jugement ETHIQUE sur la situation en Palestine, ni suggérer une action efficace pour y ramener la paix, il aurait mieux valu qu’il n’y aille pas, car ce n’est pas seulement l’homme et son pontificat qui seront jugés.

Au point où l’on en est, si l’on entend un pasteur qui finasse, esquive, radote au lieu de montrer la voie aux brebis, BEAUCOUP, remettront en cause la pertinence même de la fonction. Après « Ratzinger, Joseph pape » – comme après « Capet, Louis, roi » – il pourrait ne pas sembler indispensable de lui chercher un successeur.

N’oublions pas que, selon la prophétie de Saint Malachie, Benoit XVI est le DERNIER PAPE….

Pierre JC Allard

222. Cette mocheté de démocratie 09.05.12

 Je suis depuis toujours un fidèle propagandiste de la démocratie. J’en demeure amoureux et je garde sa photo à mon chevet, mais, avec le début de l’Ere Obama qui va lui donner un nouveau sens, il devient nécessaire d’en parler davantage

La démocratie n’existe pas. C’est un idéal à atteindre. Et encore, il faut préciser qu’elle n’est un idéal que si elle reste à sa place. La démocratie, dans une société, ne doit couvrir de ce que l’interdépendance qui nait de notre besoin les uns des autres, rend opportun de décider en commun.  J’en parle ailleurs, mais ici il ne s’agit pas de ce qu’elle doit couvrir, mais des contraintes qu’on rencontre à l’appliquer, même là où elle est nécessaire.

La démocratie vient dans une société quand celle-ci grandit et se complexifie. Le pouvoir dans un groupe est toujours à qui a la force, mais, dans un groupe où l’on est assez nombreux, la grosseur des biceps devient moins significative que le nombre des individus dans chaque faction. La force brute ne perd pas toute importance, mais le pouvoir réside de fait dans les alliances.  Disons qu’une majorité de gros biceps constitue une « majorité effective » et confère le pouvoir, « gros biceps » avec le temps, devenant gros gourdins, puis des fusils-mitrailleurs.

Chacun, pour satisfaire ses besoins et ses désirs, veut plus de liberté et donc de pouvoir; face au destin et à la nature, mais face aux autres, aussi.. En politique, « pouvoir » est le nom qu’on donne à la liberté de chacun quand elle empiète sur la liberté des autres. Chacun veut plus de pouvoir, mais, dans une société civilisée, cette quête du pouvoir est encadrée par l’ordre que fait régner la majorité effective.  L’ordre qu’exprime la loi imposée par l’État, dirigé par un gouvernement qui est l’émanation de cette majorité effective.

Plus une société est complexe, plus grande est l’interdépendance entre les sociétaires, plus grand est le pouvoir de chacun – à la mesure du besoin qu’ont les autres de lui – et plus un consensus est nécessaire. Si une majorité effective a la conviction que la loi incarne le bon droit, elle prendra toujours fait et cause pour la loi, puisque, dans une société en évolution, le rapport des forces individuelles peut changer et chacun voit qu’il gagnerait moins à s’affranchir de la loi que ce qu’il risquerait de perdre si elle cessait de s’appliquer

Quand cette opinion prévaut, on peut laisser violence et menaces en arrière plan. On peut gérer la société par des promesses dont la loi assure l’accomplissement et des récompenses dont l’État garantit la valeur. La démocratie devient la meilleure façon de réaliser le consensus. Nul, toutefois, ne perd le goût de satisfaire ses désirs, ni donc sa volonté de pouvoir ; il devient simplement  évident que la loi doit demeurer un point de repère et d’ancrage et qu’« avoir ce qu’on veut » ne passe plus par l’usage ostentatoire du fusil-mitrailleur, mais par la manipulation des lois.

En démocratie, la  rapine, pour être efficace, doit être institutionnalisée. On ne peut monter à l’assaut  de l’État chaque fois qu’on a un besoin à satisfaire et il faut donc avoir l’État avec soi. Comment ? Dans une démocratie, les lois sont faites et appliquées pour la majorité effective, par ceux dont les citoyens décident. Ces élus dont les citoyens décident, ont eux aussi des désirs à satisfaire. Ils vont chercher à se servir à leurs propres fins du pouvoir qu’ils ont. Avoir l’État avec soi n’exige donc pas de violence. Il suffit de donner, à quiconque décide, l’outil pour transformer en satisfaction le pouvoir qu’il exerce.  L’outil universel est l’argent, mais il y a mille façons de le faire.

Le pouvoir des politiciens et fonctionnaires n’est pas à eux. On le leur a confié. Quand ils le monnayent, ils l’usurpent et le volent.  C’est le plus grave des abus de confiance.  Mais qui ne le fait pas ? Qui ne le ferait pas ? Qui aurait cette intégrité « à la Robespierre » d’être totalement incorruptible ?  Et croit-on qu’on trouvera jamais assez de ces incorruptibles pour occuper tous les postes de l’État où il y a des décisions à prendre ? La corruption suit la démocratie comme son ombre. Comment la contrôler ?

Il y a un double problème de corruption à résoudre en démocratie. Celle au palier de l’exécution, d’abord, qu’on peut contrôler par la transparence et un processus efficace d’appel de toute décision rendue.  C’est possible, si on extirpe soigneusement du système tout ce qui est dilatoire.  J’en parle ailleurs.

Il y a aussi, toutefois, une corruption au palier décisionnel qui ne peut être réglée que par une fragmentation horizontale et verticale du pouvoir, un changement structurel de fond qui prendra du temps.  Dans l’immédiat, pour contrer la corruption, il faut donc se préparer lucidement à un recul de la démocratie.

Ce recul  peut être temporaire et marquer le passage à une démocratie plus efficace.    Il peut aussi être prévu comme permanent, et être la première étape vers un Nouvel Ordre Mondial dont on a des raisons de se méfier.  Un changement qu’Obama n’est peut-être pas venu empêcher, mais accomplir.  Je vous en reparlerai.

Pierre JC Allard

223. Agoravox et l’inconvenance 09.05.13

J’ai parlé hier de la démocratie et de sa vulnérabilité à la corruption. Il faut bien aussi faire le constat, hélas, qu’elle est sans défense face à la manipulation. J’en ai eu une manifestation caricaturale, hier, quand Agoravox, le media citoyen français rival de Rue 89, a refusé de publier cet article sur la démocratie et la corruption.

Étonnant, car j’en suis à une cinquantaine d’articles sur Agoravox – dont le bestseller de la semaine dernière – et l’article n’est ni raciste, ni injurieux, ni moins d’actualité que la plupart des contributions… Par où ai-je péché ? Je réfléchis….

Le plus probable est qu’un modérateur exceptionnellement peu doué – ils sont quelques-uns – y ait vu un appel à la dictature, mais il ne faut pas négliger l’alternative : un élément de la vie politique française rend le sujet tabou. Hypothèse à ne pas négliger, puisqu’on m’invite à représenter l’article plus tard avec un complément d’information, ce qui, vu la nature du sujet, est surréaliste. Aurais-je écrasé un malencontreux doigt de pied ?

Quel fait divers peut avoir rendu le sujet délicat ? Le plus probable, c’est l’affaire Marleix. Alain Marleix, secrétaire d’État à l’Intérieur et aux Collectivités territoriales au Ministère de l’intérieur a fait pression auprès des autorités de la Sorbonne pour que sa fille, Laurence Saint-Gilles, née Marleix, y obtienne le poste bien convoité de maître de conférence.

Il y a généralement pour ces postes de 100 à 150 candidats et le milieu ne se gêne pas pour dire que la jeune impétrante, ne l’aurait pas eu et n’aurait même pas été appelée en entrevue, si le népotisme n’avait pas faussé la donne… Le milieu, mais aussi Rue 89 dont nous parlions plutôt et qui fait un million de visites par mois. Rue 89 a dénoncé le passe-droit, et tout s’est retrouvé dévoilé en noir sur blanc sous l’appellation “controverse” sur la bio dudit Secrétaire d’État sur Wikipedia. Méchant. Nomination annulée. Circulez, il n’y a rien à voir…

Méchant, mais on n’est pas toujours gentil en politique et un peu de copinage ne devrait inciter personne à déchirer sa tunique, sans quoi on irait nu ou bien dépenaillé sur toutes les routes de France et de Navarre. Si tout s’arrêtait là, on n’en parlerait donc pas plus que des autres indélicatesses qui fleurissent comme des pustules sur la face de l’État Là où tout ça a dérapé sérieusement, c’est quand l’allusion à cette petite pression du politique sur l’académique a été EFFACÉE du site Wikipedia. Bizarre…

Bizarre, qu’on aurait dit, il n’y a pas si longtemps, mais le monde va vers la transparence. Une petite recherche et l’on a vite trouvé que l’auteur de la manipulation avait opéré à partir…. du Ministère de l’intérieur ! Tiens donc ! On nomme sa fille, on fait marche arrière quand la nomination fait scandale puis un sbire “corrige” l’Histoire à la 1984. Vous vous souvenez ? “Qui contrôle le présent contrôle le passé, qui contrôle le passé contrôle l’avenir “ Un type bien, Orwell…. Quand l’État corrige l’information des médias en catimini, elle est bien moche la démocratie…

Quel rapport entre cette histoire et le refus d’un article par Agoravox ? Aucun. Sauf, peut-être, la propension des medias à s’écarter de tout sujet qui pourrait frôler l’inconvenance politique. Les Martiens et les soucoupes, Dieu et son Pape, Bush et les Tours,… ça va. Mais on ne parle pas de corde dans la maison d’un pendu, ni de corruption en France. Du moins pas cette semaine…

Pierre JC

224. RÉFÉRENDUM… Autrement     09.05.1

J’ai reçu quelques courriels qui me reprochent gentiment de ne pas parler du Québec.  “Vous parlez de tout, sauf de ça…”   Une fois ça va, deux fois je prête sérieusement attention, trois fois, je ne discute plus: vous avez raison.  Le problème, c’est que, pour l’instant, il y a plutôt de tristes constats à faire que des solutions à proposer.   La  Caisse a perdu des dizaines de milliards de dollars, les projets FIER laissent soupçonner des indélicatesses, mais que peut-on y faire ?  Nous avons élu un gouvernement majoritaire et il fera bien ce qu’il voudra…

De toute façon, quelles sont nos solutions de rechange ?  Le Parti Québécois  ne défend plus son projet d’indépendance et les éditorialistes en sont à spéculer sur les ambitions à la chefferie de François Legault, même si l’on n’a à lui reprocher que de faire correctement son travail.   L’ADQ se cherche vraiment un chef, mais à l’interne, alors qu’il est clair que l’on n’y trouvera pas le super héros qui pourrait susciter la grande vague de fond populaire qui en ferait une alternative crédible.

Ni les Verts, ni Québec Solidaire ne sont non plus des options réalistes, de sorte que le prochain geste qui allait créer un peu d’animation semblait devoir être le départ  anticipé de Jean Charest vers la scène fédérale.  Ce départ, toutefois, semble maintenant bien improbable à court terme, avec l’arrivée d’Ignatieff dont on voit mal comment il pourrait ne pas gagner les prochaines élections à Ottawa.

Que peut-on faire d’utile au Québec qui pourrait nous distraire  de la crise actuelle qui va créer une profonde morosité  ?  Lisez les commentaires des lecteurs sur Le Devoir et La Presse. On est revenu à la sempiternelle question du référendum.  Je mets donc ici  de l’avant une proposition que j’ai déjà faite:  ne pas faire un referendum sur l’indépendance, mais sur le droit du Québec à la faire.  Ce qui est la souveraineté.

La question ? Simple et claire :

« QUÉBÉCOIS D’ABORD, je donne au Gouvernement du Québec le mandat formel : a) de négocier avec le Gouvernement du Canada les termes d’une constitution qui instaurera un nouveau partage des pouvoirs, au sein d’une Confédération canadienne à laquelle le Québec appartiendra si elle est conforme à ses aspirations, et b) si telle négociation échoue, de procéder, à sa convenance, à la sécession du Québec du Canada, par une déclaration d’indépendance, unilatérale ou négociée selon qu’il le jugera opportun, à la seule condition de l’avoir clairement énoncé à son programme »

Un « OUI » à ce référendum ne signifierait PAS la sécession du Québec, mais signifierait que celle-ci peut être déclarée en tout temps par le Gouvernement du Québec…  Dans la situation ainsi créée, le Québec choisit les modalités de sa participation à une ensemble canadien, disposant même du droit de ne pas y appartenir. Il est donc souverain, puisque la souveraineté ne dépend pas des appartenances qu’on se choisit, mais du droit inaliénable de les choisir.

Si un parti propose la sécession, l’élection devient ipso facto référendaire.  Si une majorité de la population soutient les exigences dont un parti fait ses conditions de l’appartenance du Québec au Canada, elle saura que celui-ci ne se borne pas à instrumentaliser l’idée d’indépendance pour se faire élire… et ne plus en parler.  Il pourra la faire !

Si le gouvernement fédéral ne conteste pas la validité du mandat qui découle de ce référendum — et la contester serait un suicide politique pour le parti fédéral qui le ferait — il reconnaît de facto la souveraineté du Québec. Je crois que c’est cette reconnaissance de la souveraineté du Québec, sans obligation de quitter Canada, qui donnerait satisfaction à une majorité assez substantielle des Québécois pour qu’on puisse raccommoder la déchirure sociale qui persiste ici depuis le premier référendum et faire des choses ensemble.

Si je connais bien les Québécois, ils voteront OUI à ce référendum… puis s’empresseront d’élire un gouvernement qui négociera âprement pour le bien du Québec, mais tout en gardant un préjugé favorable au maintien de liens privilégiés avec le reste du Canada et en disant haut et fort qu’il y restera.

Pour normand qu’il soit, ce choix n’empêcherait pas que le Québec soit devenu souverain et ait dès lors dans sa poche la clef de l’indépendance.  S’il la voulait et quand il la voudrait.

Pierre JC Allard

225. Et alors, les subprimes, ça va ? 09.05.15

Depuis qu’Obama a lancé en mars son plan Making Home Affordable pour venir en aide aux propriétaires catastrophés – et à leurs créanciers, bien sûr – des prêteurs hypothécaires représentant 75% du marché ont accepté d’y souscrire, ce qui devrait permettre à 9 millions de proprios menacés de ne pas être expulsés et de sauver leur mise. Bonne initiative, qui évitera bien des larmes et peut-être du sang dans les rues.

Les créancier vont empocher USD 50 milliards de compensation pour refinancer les prêts et réduire les taux… Il semble qu’aujourd’hui même, Timothy Geithner, Secrétaire au Trésor et Shaun Donovan de l’Habitat (Housing and Urban Development) vont annoncer conjointement qu’on en rallonge encore un peu.

Il est temps. 340 000 avis de défaut de paiement en mars, 342 000 en avril… tout semble se stabiliser, mais, comme la résistance de l’air peut freiner la chute d’un corps en chute libre sans remettre en question les lois de la physique, il semble bien que le marché immobilier aux USA s’effondre aussi vite et pas plus que ce que permet le nombre de huissiers et de sheriffs. Ce qui rappelle l’horrifiante phrase de ce témoin, dans le film « Judgment at Nuremberg » : « tuer est facile, c’est disposer des cadavres qui est le défi… »

On va allonger quelques milliards de plus, ce qui est bon, mais pourquoi le faire si bêtement ? La solution raisonnable ne serait-elle pas que l’État ou un organisme parastatal ad hoc désigné par l’État – comme Fannie Mae ou Freddie Mac, par exemple – deviennent simplement propriétaires des maisons saisies et les LOUENT à leur ex-propriétaire occupant ?

Qu’ils les louent, mais avec la clause que la propriété en sera transportée à ce dernier quand la somme de ses loyers mensuels atteindra la valeur du marché établie aujourd’hui pour l’immeuble, majorée d’un intérêt raisonnable, disons celui du « prime rate » ou du LIBOR, par exemple.

A quel loyer mensuel les louer ? Au prix des paiements mensuels le plus élevé auquel l’ex-proprio a consenti lorsqu’il a obtenu son hypothèque initiale, mais plafonné à 30% de son revenu disponible actuel. Ce loyer demeurera inchangé, car il sera assimilé à un versement sur une vente à terme.

La charge réelle que ce loyer représente pour l’ex-propriétaire devenu locataire-acheteur diminuera donc avec l’inflation. Il n’y a vraiment là rien d’inusité. On fait seulement bénéficier de cet effet une strate de la population que jusqu’ici on ne voulait pas voir, parce qu’elle vit sous le naseau du cheval capitaliste.

Si le paiement est plafonné, il faut introduire une variable, puisque garantir le revenu est un tout autre projet.. ! Cette variable, c’est le temps. Le locataire payerait 10 ans, 30 ans, 50 ans… jusqu’à ce que le prix ait été acquitté. Au pire, il payerait peut être indéfiniment… ce qui ne serait encore que le maintien de sa condition initiale de locataire et sans augmentation de loyer.

On en viendra sans doute à cette approche, dès qu’on aura apprivoisé les Américains à cette intervention – ingérence – de l’État sur le marché. De ce marché de l’immobilier, on passera aux autres; nous entrons dans une nouvelle économie. Le capitalisme est mort, puisque l’argent ne vaut plus rien. On se demande seulement s’il est moins troublant de l’embaumer pour un temps ou de l’enterrer tout de suite.

Pierre JC Allard

226. Tolérance 101   09.05.16

Je participe au blogue collectif « Les 7 du Québec ». Je lis tout ce qui s’y publie, j’y apprends beaucoup et j’en suis heureux. Je l’ai rarement été autant, toutefois, qu’il y a quelques jour, quand mon collègue Lutopium y a traité d’un thème que j’avais complètement occulté : le nouveau cours sur l’éthique et la culture religieuse (ECR) qu’on introduit au Québec. Le sujet est d’autant plus d’actualité, que s’ouvre maitenant à Drummondville le procès qui déterminera si les parents ont le droit, au nom de la liberté de conscience, de demander que leurs enfants en soient exemptés.

En lisant cet article et les nombreux commentaires auxquels il a donné lieu, j’ai repris contact avec un Québec d’il y a cinquante ans que je croyais disparu. Oh, je savais bien que nous avions un cardinal à Québec et un maire au Saguenay qui faisaient encore des déclarations de l’époque pré-laïque, mais je n’y voyais qu’un innocent folklore. Me renseignant, je ne suis aperçu qu’au contraire rien n’est vraiment réglé côté religion et laïcité.

Evidemment, on a ici un amalgame. Aux Chrétiens – surtout catholiques et évangéliques – dépités qu’on puisse laisser savoir qu’ils ne sont pas les seuls, se sont ajoutés les fidèles juifs et musulmans, inquiets que leur religion ne soit pas présentée sous un jour assez favorable, puis les athées, sans doute, dont on découvre avec ébahissement que le ECR prendra pour acquis qu’ils n’existent pas et ne prononcera même pas le mot athéisme.

Ceux qui s’y opposent au cours sur l’éthique et la culture religieuse en raison de leurs croyance sont aussi rejoints par d’autres qui, sans égard à son contenu, contestent en principe l’intrusion de l’État dans ce domaine qu’ils veulent réservé aux parents. Tout ça fait beaucoup de monde, de telle sorte qu’un récent sondage prétend que 45 % des Québécois ne veulent pas de ce cours d’ECR.

Ma première réaction est de penser que l’histoire des religions est une facette de l’Histoire tout court et ne devrait pas mériter plus d’importance que toute autre grande variable sociologique, que l’on parte de l’évolution des techniques, des modalités du travail ou de celles de la propriété, mais la levée de boucliers que soulève cette initiative prouve que ma première réaction n’est pas la bonne. La religion EST le premier déterminant culturel et l’on ne peut pas simplement la contourner en pensant qu’elle disparaîtra d’elle-même avec le progrès.

Il est important de dire que, dans la mesure où elle met la foi au-dessus de la raison et s’arroge le monopole de la vérité, TOUTE RELIGION enlève à cette raison son rôle incontesté d’arbitre entre ceux dont les croyances diffèrent. Elle ne leur laisse plus alors d’autre choix que de régler par la force leurs oppositions, à la mesure de l’exclusivité à laquelle leur foi aspire et avec toute la violence de leurs fanatismes respectifs.

Dans cette optique, toute intrusion de la religion dans la sphère publique ne peut que créer des dissensions et être un obstacle à la concorde que l’on souhaite dans une société. Il faut qu’on en prenne conscience et qu’on le dise. Le droit de chaque individu à ses opinions doit être indissolublement lié à son obligation de respecter totalement celle des autres. Une obligation qui contredit la responsabilité de prosélytisme inhérente aux grandes religions monothéistes.

C’est cette obligation prioritaire de tolérance qui doit être inculquée à l’enfant envers et contre tous. Elle exige une laicité proactive qui devrait aller de soi. Si elle est contestée, c’est qu’il faut l’enseigner.

Pierre JC Allard

227. ABROGEZ HADOPI  09.05.17

La France vient de créer une Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection des Droits sur Internet ( HADOPI ) C’est une mesure liberticide dont on peut en conscience refuser de participer à l’application. Pourquoi ?

Parce que sous couvert de protéger les droits des créateurs – un prétexte fallacieux, car il y a de bien meilleures façons de le faire – on instaure un système permettant à l’État de s’immiscer dans la vie privée des citoyens et de s’arroger l’accès à leurs documents domestiques.

Non seulement cette perquisition en continu est elle odieuse par nature, mais elle pose obstacle à la libre expression de la pensée et fait peser une menace sur toute opinion que le pouvoir en place pourrait declarer illégale. Une menace totalement inacceptable, dans un état de droit, puisque la sanction est l’interruption d’un service de communication qui est aujourd’hui le seul rempart contre la manipulation de l’opinion publique par les medias traditionnels tout entier sous contrôle du pouvoir en place.

D’autant plus inacceptable que l’interruption est décidée et appliquée par simple decision administrative, sans intervention préalable du judiciaire, sans référence à des critères spécifiques au cas lui-même et sans autre recours qu’une demande en justice à posteriori où c’est le sanctioné qui aura le fardeau de la preuve.

Hadopi est une mesure antidémocratique. Une aggression caractérisée dans cette guerre dont Orwell, dans 1984, nous prevenait que tous les gouvernements allaient l’entreprendre contre leur propre population.
“The war is waged by each ruling group against its own subjects”

Cette attaque de notre “ruling group” doit être repoussée. Elle le sera, si chaque citoyen, en son âme et conscience, juge que cette mesure est inique, compromet notre avenir comme peuple voulant vivre en démocratie et doit donc être bloquée à toutes les étapes de sa mise en application.

Tous les moyens légaux, au fond ou à la forme – ou dilatoires – doivent être utilisés, pour ne pas s’en rendre complices, par tous ceux dont l’État veut faire les instruments de cette atteinte à la liberté.

De même, ceux à qui l’on demandera de poser les gestes nécessaires pour en assurer le fonctionnement technique peuvent, s’ils mettent en doute la légitimité morale d’Hadopi, en contrecarrer indefiniment l’application en s’abstenant de le faire. Les avis mal adressés, les fils mal branchés… Hadopi ne fonctionnera pas si le peuple ne veut pas qu’Hadopi fonctionne.

Ce ne sont pas les mots d’ordre syndicaux qui vont sauver la démocratie ; ce sera l’obéissance de chacun aux diktats de sa propre conscience, appuyée sur la compréhension tranquille du pouvoir invincible qui est le sien dans une société d’interdépendance.

GAGNONS CETTE BATAILLE AUJOURD’HUI…

Pierre JC Allard

228. « The One » et l’imperfection programmée   09.05.18

Obama, dont le premiers geste avait été de bannir la torture et les tribunaux d’exception de Guantanamo, a rapidement ensuite pris position pour s’opposer aux poursuites contre ceux qui ont torturé et fait torturer. Il vient, il y a quelques jours de refuser la publication d’un énorme dossier de photographies qui auraient montré encore plus clairement la pleine étendue des sévices commis contre les prisonniers et souligné l’odieux de la guerre américaine en Irak. Il en rajoute encore, finalement, en remettant maintenant en services ces tribunaux militaires dont il avait ordonné la suppression ! Que se passe-t-il ?

Il est important de le comprendre, car c’est de ça que va dépendre l’opinion mondiale… et c’est de cette opinion mondiale que va dépendre le sort de l’Occident. On veut croire que les USA ont changé. On VEUT croire, en Europe, qu’il y a eu une Amérique de Bush, honnie et méprisée parce qu’elle était ignoble, mais qu’un nouvelle Amérique est arrivée, avec Obama, qu’on peut recommencer à respecter et à aimer.

On veut le croire, parce que si la fracture n’est pas réparée entre Europe et Amérique, notre civilisation ne sera plus le phare, mais la lanterne. Mais il faut que le changement annoncé soit crédible… Pourquoi, donc, cette volte-face qui risque de clore la lune de miel et de recréer l’antagonisme des dernières années?

Le scénario le plus simple est qu’Obama ait changé d’avis… mais Obama est parfait. Il est « The One », nous a dit Oprah dès le départ, en référence au film Matrix, ce qui en fait plus qu’un messie, car le héros de Matrix ne se contente pas d’apporter une solution, il dissipe l’illusion et fait disparaître le problème… Le film ne nous dit jamais quelle providence nous envoie ce sauveur, mais, dans le monde réel, ce ne peut être que l’Establishment financier, puisqu’il n’y a simplement pas de pouvoir alternatif sur la planète d’ou Obama pourrait être issu… et il n’y a pas de génération spontanée.

Créature de l’Establishment, Obama a sans doute été créé sur mesure, choisi parmi des milliers de candidats, après des études et des sondages poussés, pour venir transformer un système dont on avait tiré tout ce qu’il pouvait donner. Il n’y a rien dans l’image d’Obama, son discours, son comportement qui n’ait été rendu aussi parfait que le permettent les techniques dont on dispose aujourd’hui.

Or on n’est plus aujourd’hui dans la préhistoire de la manipulation, avec Bernays, Tchakotin et Goebbels. On a créé « The One » et on l’a vendu à la population comme le produit miracle, y mettant financièrement tout ce qu’il fallait, éliminant de sa route tous les obstacles et lui donnant finalement comme adversaire un vieillard peu charismatique assisté d’une colistière caricaturale.

Il a gagné, bien sûr. Il a gagné et un plan se déroule dont il est bien difficile de croire qu’il n’ait pas été minutieusement préparé de longue date. Mais si cette volte-face fait partie du plan, à quoi sert-elle ? Le plus probable est qu’elle est là pour souder l’Amérique en un tout plus solide, en mettant Obama dans un rôle d’arbitre entre les factions libérales et conservatrices de l’Amérique.

Ceux qui veulent la punition des tortionnaires, la publication des photos, et la fermeture de Guantanamo vont sortir de la complaisance où les a faits tomber l’élection d’Obama et remonter aux barricades. Ils obtiendront tout ce qu’ils veulent, puisque cette élection a prouvé qu’ils étaient majoritaires, que le Congrès se fera leur porte parole et que les tribunaux suivront le nouveau vent qui se lève…

Ils l’obtiendront, mais Obama apparaitra comme l’homme du centre. A son corps défendant (!), il aura permis que la démocratie juge les auteurs des exactions – pas les petits, les grands – mais il aura été le protecteur impartial de ceux de la vieille garde…

Les photos qui n’ont pas été publiées pourront plus facilement être versées aux dossiers. Les tribunaux militaires trouveront quelques coupables qu’on punira et quelques innocents qu’on dédommagera…. puis Guantanamo fermera de consensus, puisque son travail n’aura pas été interrompu, mais terminé avec succès.

La Droite verra Obama comme un juste; c’est ce qu’elle respecte. Des que justice aura été faite, la Gauche ne lui ne reprochera plus ses volte-faces. Il aura hésité, mais il en sera arrivé à la bonne décision. La Gauche le verra un peu hésitant, « imparfait », plus humain… c’est ce qu’elle aime.

La perfection, ça se construit… et ça s’entretient.

Pierre JC Allard

229. La gouvernance municipale   09.05.19

On ne peut fréquenter un blogue sans se faire une image de celui qui l’écrit. Je ne parle pas stature, coiffure, garde-robe, mais façon d’être et de penser, vision du monde, attitudes et réactions… Un lecteur vient trois (3)fois et il anticipe les prises de positions du blogueur. On ne l’étonne plus souvent… Serez-vous étonné, si je vous dis que j’ai été candidat à la mairie de Montréal?

Candidat en 1994… Oh, pas bien longtemps et j’ai retiré ma candidature avant le jours du scrutin, afin que quelques voix égarées sur ma personne ne viennent pas brouiller une situation qui était déjà bien confuse, mais j’ai rempli les formalités requises, fait une conférence de presse tout a fait correcte, mis à sa place par une injonction un journaliste qui ne m’avait pas bien cité et, surtout, j’ai présenté un programme. Ce sont les programmes qui m’intéressent.

Je vous raconte ça, parce que 15 ans ont passé et que, hormis le premier point de ce programme – qui demandait la création d’un Grand Montréal et qui est maintenant une réalité – tout les reste est encore tellement d’actualité, qu’on pourrait présenter ce programme aux élections de novembre. Il serait sans doute encore meilleur que ce qu’on nous proposera. Vous pouvez en juger en allant simplement ici et en regardant ces propositions une à une…

Que ces propositions soient toutes raisonnables est affaire d’opinion, mais il y en a une en particulier sur laquelle je voudrais insister, parce que je crois que nous n’aurons pas un administration correcte à Montréal, aussi longtemps que nous n’y aurons pas donné suite : il ne faut pas de PARTIS municipaux.

Un parti, c’est un groupe de gens qui se mettent d’accord… pour être d’accord. Lorsque c’est fait, ils ne pensent plus : ils suivent la ligne du parti. La notion de parti figé dans une certitude commune n’est jamais constructive, mais elle est à son plus néfaste au palier municipal, puisque ce n’est pas l’endroit pour défendre des principes et des idéologies, mais pour décider selon le bon sens et en équité de réalisations bien concrètes.

C’est l’endroit pour concilier des intérêts particuliers qui ne sont pas toujours les mêmes. Quand les élus soumis à un parti disent et font ce que leur impose la direction du parti, sans une pensée pour ceux qui les ont élus, la concertation qui permettrait de concilier ces intérêts n’existe plus… et la vraie démocratie non plus.

Ceux qui représentent, accoutument alors d’acquiescer pour garder un peu de pouvoir, puis leur vient la tentation d’acquiescer pour d’autres avantages et c’est la corruption qui menace. Ceux qui sont représentés comprennent qu’ils ne le sont pas vraiment, s’en désintéressent et tout le processus démocratique devient une caricature de démocratie.

Les conseillers municipaux devraient être élus pour ce qu’ils sont – des notables dans leur arrondissement – veillant aux intérêts de cet arrondissement, tout en constituant le « législatif », composé ainsi de représentants indépendant, qui règlements pour l’administration de la ville tout entière .

Le maire, en plus de sa mission de représentation, devrait être l’ « exécutif » de la gouvernance municipale, le patron de tous ces fonctionnaires qui font fonctionner l’administration et voient à ce que les services soient rendus. C’est le maire qui devrait, en s’appuyant sur l’expertise de ces fonctionnaires, présenter aux conseillers les projets de règlements sur lesquels ceux-ci se prononceront.

C’est cette démocratie de type « présidentiel » qui permettrait l’administration efficace d’une ville, dans le champ des compétences qui lui sont dévolues. Il serait bon qu’on y pense, avant de recommencer cet automne le processus électoral assez décevant qui sévit depuis des décennies.

Pierre JC Allard

230. Vellupillai Prabhakaran est mort… probablement  09.05. 20

Qui ? Un homme qui, depuis 26 ans, dirigeait au Sri Lanka une rebellion qui a fait des milliers de victimes et a presque mené à l’éclatement du pays. Vellupillai Prabhakaran l’a fait pour une “cause”, comme tous les libérateurs. Comme sans doute tous les libérateurs, il l’a fait aussi, sans doute, pour se ”réaliser”.

Pour se réaliser. Avoir sa photo en première page, hier et demain, puis son buste en pierre ou en marbre, pour l’éternité. Pour être immortel. Maintenant, il est mort – peut-être – et, pour l’immense majorité des humains, il pourrait ne pas avoir existé.

Pour 21 millions de Sri Lankais, hélas, il a été bien reel. Sri Lanka, Ceylan, Serendip… peut-être le plus beau pays que j’aie vu, avec une population exceptionnellement souriante et sympathique. Un pays béni des dieux… Sri Lanka était un paradis dont, pendant des années on a réusssi à faire une enfer. Vellupillai Prabhakaran s’en est occupé.

Pas tout seul, naturellement. D’autres voulaient aussi l’indépendance pour les 2 ou 3 millions de Tamils du nord de l’île. Ceux-ci ne la voulaient pas tellement, vers 1960, mais ils la voulaient plus en 1980. À cause de l’injustice, des vexations d’une majorité bouddhiste, toujours souriante, mais prisonnière d’une lutte pour la vie. Une lutte qui insidieusement incite a abuser de la force même dérisoire qu’on a, quand on est prisonniers de la misère… et on ne les aidait pas.

Avec Vellupillai Prabhakaran, les Tamils ont tué des Bouddhistes innocents. Ils n’ont jamais manqué d’armes. Puis, les autres ont tué d’innocents Tamils, jusqu’à ce que ceux-ci la veulent beaucoup, cette indépendance. On a eu 26 ans de violence croissante, coupées de petits répits. Toute une génération d’attentats et d’assassinats.

Je me souviens qu’en 1985, visiter Sri Lanka exigeait, comme au Cambodge, qu’on contourne les zones de « malaise », ainsi qu’on disait pudiquement à Colombo. Allant vers le nord en voiture, il fallait lire dans les physionomies, dont le sourire s’estompait peu à peu, qu’on atteignait progressivement le point où arriver du sud vous rendait malvenu. Décider de rebrousser chemin avant que la population ne devienne hostile.

Pourquoi cette guerre civile ? Peut-on imaginer que les Tamils indépendants allaient être plus riches, plus libres, plus heureux ? On peut l’imaginer, mais rien ne permet objectivement de supposer que l’économie aurait été plus florissante, ni la démocratie plus vibrante dans l’Éelam, cet État tamil que Vellupillai Prabhakaran voulait créer. Pas plus de riz, pas plus de thé, pas plus de touristes.

Durant des années, le pays a été appauvri et la liberté a été réduite, par la violence et les mesures contre la violence. Sri Lanka va sortir de cette guerre exsangue, avec une méfiance entre les ethnies qui durera une ou deux générations… et une armée qui en sera plus contrôlante. Un gachis.

Il est possble, mais loin d’être certain, que Vellupillai Prabhakaran devienne un héros de légende. Ca dépendra des histoires que les Tamils voudront raconter à leurs enfants.

Triste pour les Sri Lankais du nord comme du sud cete guerre de misère. Un peu tard pour eux, mais n’ oublions pas les autres : il y a des centaines et des centaines de millions de « Tamils » sur cette planète… Pas de vrais Tamils, mais des miséreux d’autres ethnies, en Somalie, au Darfour et ailleurs, à qui l’on fait miroiter les mêmes rêves de sortir de leur misère et qui vont mourir parce que d’autres Vellupillai Prabhakaran veulent « se réaliser » et devenir immortels.

Nous, on ne les aide pas à sortir de leur misère. Quand viendra le prochain Vellupillai Prabhakara, on ne le dissuadera pas de se rêver une éternité de marbre. On lui vendra des armes.

Pierre JC Allard

231. La Jaggernauth pharmaceutique 09 05.21

La malice du système capitaliste qui nous gouverne se manifeste évidemment au niveau des grands dossiers qui nous mobilisent tous : les guerres impérialistes, la démocratie sous le talon de la corruption, les inégalités scandaleuses de rémunération, le contrôle et la manipulation de l’information…   Elle ne s’arrête pas là, toutefois. Elle est présente aussi au quotidien et s’acharne encore plus cruellement sur des individus qui n’ont d’autre importance que celle que leur vie revêt pour eux.

Pourquoi dire « plus cruellement » ? Parce que si vous, moi ou quiconque à son heure, tombe seul, par simple déveine, sous les roues de la Jaggernauth pharmaceutique issue du capitalisme, il ne peut pas alors compter sur un grand mouvement de solidarité. Il devient un « dommage collatéral ». Il est seul et il est broyé. Il en sera ainsi aussi longtemps qu’un mouvement ne naitra pas qui fera SYSTEMATIQUENENT sienne la cause de tous ceux que les intérêts du systéme sacrifient sans même y prêter attention.

Cette industrie pharmaceutique qui nous tient tous en otages doit être la première réappropriée et mise au service de l’humanité. Exemple ? Joshua Thompson souffre, depuis 3 ans, d’une maladie dégénérative incurable. ( Voyez, ici, tous les détails de l’affaire). Pour lui, une lueur d’espoir est apparue avec un nouveau médicament: IPLEX. Les tests sont extrêmement prometteurs, mais l’usage n’en est pas encore autorisé. Lui en donnera-t-on ? C’est sa vie, elle s’achève, ce devrait être son risque et sa décision. Mais on ne lui en donne pas…

Principe de précaution ?… Tout dépend des principes qu’on a… et de ce pour quoi on veut prendre tant de précautions… Quand on va au fond des choses du cas Joshua, on trouve une querelle entre deux sociétés pharmaceutiques défendant leur royalties. Pendant qu’elles défendent leurs intérêts financiers, la maladie n’a pas d’adversaires. Les malades dégénèrent et meurent.

Joshua a lutté et finalement obtenu le médicament, après des années d’efforts, presque trop tard… Trop tard, en tout cas, pour lui éviter toutes les séquelles qui auraient pu l’être, si la compassion avait été là au départ. Est-ce que cette attitude est tolérable ? La saga de Joshua Thompson est emblématique d’une attitude sordide de l’industrie pharmaceutique.

Et il y a encore plus révoltant que le cas Joshua. Prenez celui de Frederick Baron. On ne parle plus ici de IPLEX mais de TYSABRI, contre le myelome multipe, même scénario, toutefois, de NE PAS fournir le traitement. Ils sont légions… Pour que Frederick Baron ait son TYSABRI, à quelques heures de son décès annoncé, il a fallu faire appel a Lance Armsrong, à Bill Clinton et ameuter tous les médias. Il a fallu y mettre des sous, ce que tout le monde n’a pas. On a finalement attendri in extremis le responsable … S’il eut été pauvre et sans appuis, Frederick Baron serait mort. Voyez le dossier. Vous pensez quoi de James C. Mullen, PDG de Biogen ?

On parle d’exceptions de compassion… mais la compassion ne devrait elle pas être la norme ? Est-ce qu’il est raisonnable que la vie des gens dépende des humeurs des PDG des fabriques de pilules et de vaccins ? Et quand on gratte un peu, ces gens qui meurent parce que les remèdes pour le Sida sont si chers, est-ce vraiment la fabrication du medicatent qui est onéreuse, ou le coût de la recherche qu’il faut bien amortir ? Ne devrait-on pas structurer la recherche et motiver les chercheurs autrement qu’en gardant la lumière sous le boisseau ?

Il y a quelque chose de pourri dans cette gestion de la santé en fonctions des dividendes des actionnaires. Il est temps que l’État fasse son boulot pour la collectivité. Vite, avant que n’arrive des choses regrettables.

Pensez à ces études largement diffusées de Global Dominance qui disaient sans émotion, juste avant le 911, que seule une catastrophe de l’envergure de Pearl Harbour « éveillerait l’Amérique a ses responsabilités ». Combien de temps avant qu’un simple quidam – conjoint, père, mère, sœur frère ou ami d’un malade à qui l’on refuse le traitement dont dépend sa vie – ne décide d’eveiller à sa façon l’Amerique, en allant chercher le remède qu’il veut manu militari ? Avec un pistolet sur la tempe d’un PDG récalcitrant… ou en prenant les propres enfants de ce dernier en otage ?

On tente le diable. Il faut que la société intervienne et s’assure que l’industrie pharmaceutique réponde aux besoins, sans se laisser détourner de sa mission par des intérêts financiers, ni opposer son veto à ce que réclame l’individu dont la vie en dépend. C’est SA vie. Son choix doit être éclairé, mais doit demeurer SON choix

Pierre JC Allard

232. Les Québécois n’entreront pas dans Gaza   09.05.22

Une delegation de 17 Québécois – syndicalistes, artistes, travailleurs de l’information, incluant des Québécois d’origine juive montant au front au soutien de la tolérance et de la paix – ont voulu visiter aujourd’hui le territore de Gaza, afin de constater sur place ce qu’est la situation et l’ambiance qui y prévaut.

Plusieurs rencontres y avaient été prévues avec des groupes locaux et une activité artistique avec des enfants palestiniens avait été organisée par “Artistes pour la Paix” Cette visite était prévue depuis quelque temps, car cette délégation parcourt depuis dimanche Israël et les Territoires palestiniens occupés de Cisjordanie. Ce matin, 21 mai, la délégation s’est vu refuser l’entrée à la bande de Gaza par les autorités israeliennes au point de contrôle d’Eretz et à été refoulée vers la Cisjordanie.

Dommage. Eut-elle été admise, elle aurait été l’une des premières à entrer à Gaza depuis l’intervention israelienne de l’hiver dernier dont les renseignemenst qui circulent soutiennent pour la pluplart qu’elle aurait fait environ 1 500 morts, dont des civils.

On peut regretter, pour toutes les parties concernées, que cette delegation – en provenance d’un pays qui a toujours soutenu la politique israélienne, mais dont il est notoire qu’une partie de la population est sensible aux doléances palestiniennes – n’ait pas été admise à completer son périple. On peut penser qu’elle aurait rapporté les faits avec impartialité.

Cette vision impartiale est ce qui fait gravement défaut actuellement, dans le dossier Palestine, alors que les sympathisants, de part et d’autres, s’en tiennent à leurs positions figées depuis longtemps et ne semblent pas vouloir comprendre ou accepter que l’élection de Obama à la présidence des USA change radicalement la donne. La récente rencontre Obama-Natanyahu, ne peut pas être un simple coup d’épée dans l’eau. “Not now. Not this time…

Personne ne sait comment la relation USA-Israel va évoluer, mais il est clair que le dossier palestinien pèsera lourd dans la besace d’Obama, maintenant que l’opinion publique américaine devra être sensibilisée à une vision plus complexe du monde. Nul ne peut changer les événements qui ont eu lieu en Palestine, mais toute monde a sans doute intérêt à ce que ces événements soient perçus dorénavant sous un nouvel angle, favorisant la paix et un long processus de réconciliation.

Dans cette optique, un rapport de la délégation québécoise – aussi inoffensive qu’une délégation peut l’être – aurait pu être un jalon posé sur la route d’une re-interprétation pragmatique des discours que tiennent Israëliens et Palestiniens depuis trop longtemps. Il est dommage que cette visite n’ait pas eu lieu et que ce rapport n’ait pu être rédigé et diffusé, car il y a souvent à l’approche québécoise face aux problèmes internationaux, une fraîcheur de bon aloi dont aurait pu sortir du bien. Espérons que ce ne sera que partie remise.

Pierre JC Allard

233. On a égaré USD $ 9 000 000 000 000    09.05.23

Je ne me spécialise pas dans le suivi des rumeurs. Quand on annonce l’équivalent politico-économique de la fin du monde, toutefois, il faut bien prêter attention. Une vidéo circule actuellement sur You Tube qui, si elle n’est pas une pure contrefaçon, risqué de provoquer l’explosion quasi instantanée de la société américaine.

On pourrait l’occulter pour ne pas « créer de panique », mais cette vidéo soutient une rumeur qui se propage sur le Web au rythme de 2 000 téléchargements à l’heure et que personne ne semble en mesure de nier. La question est maintenant d’ARRÊTER la panique. Je cherche présentement à en faite infirmer ou confirmer l’authenticité, mais, en attendant, vue son importance, je crois que cette video doit, sous toutes réserves, être rendue disponible au public français.

De quoi s’agit-il? On voit sur cette vidéo, devant un comité du Senat américain, une inspectrice de la Banque Fédérale de Réserve des USA expliquant, plutôt mal que bien, que PERSONNE ne sait où sont passés neuf (9) TRILLIONS DE DOLLARS. USD $ 9 000 000 000 000. Évidemment, le montant est colossal, mais pourquoi cette admission de l’Inspecteur Sherman est-elle TELLEMENT grave ? Parce qu’il saute aux yeux que tout le monde s’en fout.

Le “bail out” des institutions financières américaines pour un montant cumulatif à ce jour de deux (2) trillions de dollars a ému le Senat, le Congres et la Maison Blanche… mais arrivent tout à coup ces neuf (9) trillions dont non seulement l’on ne sait pas où ils sont allés, mais dont on ne sait pas trop non plus d’où ils viennent… et la nouvelle est accueillie par un haussement d’épaule.

Personne ne les réclame. L’on se doutait déjà que l’argent ne valait plus grand chose, mais on constate tout à coup qu’il n’existe même pas, sauf comme une écriture dans les livres de la FED, car ces neuf trilliona n’apparaissent pas aux livres d’un quelconque débiteur ou créancier. On pourrait les effacer sans gêner personne. C’est sans doute ce qu’on a fait

Ce qui est grave, c’est que si ces 9 trillions de dollars sont imaginaires, le reste de l’argent peut l’être aussi. Or la FED est la banque de rserve. Les autres monnaies, comme l’Euro, ayant le dollar comme monnaie de réserve, le phénomène est global. L’argent dans votre compte en banque peut donc être aussi une pure creation de l’esprit. On savait que sa valeur reposait sur la confiance, mais la disparité entre ce qui dû et ce qui est là prouve que cette confiance a été trompée. Toute cette monnaie ne vaut rien.

A quoi peut-on s’attendre du citoyen ordinaire qui apprend que l’argent dans son compte de banque est une créance sur un débiteur insolvable ? Il n’est pas difficile de prévoir que, si le citoyen fait ce constat, sa réaction inmmédiate sera d’aller retirer tout ce qu’il peut de sa banque, d’acheter tous les biens ayant une valeur réelle sur lesquels il pourra mettre la main, de payer sa consommation en espèces aussi longtemps que quelqu’un voudra bien accepter ces espèces et de se préparer au pire.

Peut-il y avoir pire que cette ruée sur le dollar mettant en évidence qu’il ne vaut rien ? Oui. Il y a les mesures d’urgence qui devront être prises pour assurer alors le fonctionnement de l’économie et qui equivaudront à la prise de contrôle complète au moins temporaire de l’économie par l’État. Si cette prise de contrôle avait été planifiée et était mise en vigueur calmement, parallèlement à l’émission d’une autre monnaie, ce serait une solution. Faite en catastrophe, elle ne peut être… qu’une catastrophe. Et seul pourra gérer cette catastrohe un gouvernement qui suspendra les libertés démocratiques.

Si cette video n’est qu’un canular, QU’ON LE DISE VITE ! Si, cependant, il y a là une once de vérité, il faut non seulement que le gouvernement le dise, mais qu’il intervienne AVANT la panique, la ruée sur les banques et tout ce qui s’ensuivra. Une bombe est là. La mèche est allumée. L’État – AUCUN ÉTAT – ne peut ignorer cette menace.

Pierre JC Allard

234. La RACJ … et la fierté     09.05.24

Comme je voyage beaucoup dans des pays où ce genre de questions est posé, on me demande souvent si je suis fier d’être Québécois. C’est une question rhétorique et qui n’engage à rien, comme « Comment allez-vous », prétexte pour vous faire flagorner votre bled natal et en tirer l’excuse pour vous vanter le sien. Evidemment, on dit toujours oui, mais la prochaine fois je vais dire non. Pas cette semaine. Je ne suis pas fier et je ne le serai pas avant qu’on ait changé des choses.

Je ne puis pas me dire fier d’un pays où une Société d’État, dans le cours de ses opérations, fait de la fausse représentation, du vol de droit d’auteur et dépose un document à la Cour avec l’intention de tromper. Yves Boisvert de Cyberpresse nous dit que c’est grave. Il est bien pudique; je crois que c’est criminel.

Des fonctionnaires responsables d’une Société d’État ont été partie à la commission d’un acte criminel. Je me dirai fier du Québec quand on aura corrigé les renseignements qu’on a donnés à la justice pour l’induire en erreur. Quand on aura réparé les prejudices causés. Quand on aura puni les coupables.

Que s’est-il passé ? La Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) charge Yves Boisvert – pas le journaliste, mais son homonyme, responsable du laboratoire d’éthique publique de l’INRS – de préparer un étude sur les loteries vidéo et le jeu compulsif. Celui-ci s’adjoint trois autres universitaires: Yves Bélanger, Élisabeth Papineau et Harold Vétéré. Ils font et remettent leur rapport. Tout baigne.

Tout baigne, mais la RACJ n’aime pas les conclusions du rapport dont il apparaît, manque de pot, qu’il devra sans doute être versé au dossier d’un recours collectif intenté par les joueurs pathologiques contre Loto-Québec. Beaucoup de fric en jeu… Angst. Que faire ?

Dans un pays sous régime de droit et d’éthique, on respecterait le rapport présenté, en tentant peut être de le contredire. Dans un pays sous régime de magouille – disons régime de bananes, pour être délicat – il y a une autre option. On remplace le rapport qu’on n’aime pas par un rapport qu’on aime – le premier, tout simplement, mais amputé de ce qu’on n’aime pas ! – et on produit ce deuxième rapport au tribunal. TRES indélicat.

On produit le rapport tronqué, changeant simplement le titre sur la page couverture. Au lieu d’une étude sur la gestion des appareils de loterie vidéo mettant en lumière la responsabilité de l’État québécois en matière de jeu pathologique, il ne reste qu’un “Rapport sur la gestion des appareils de loterie video”… qui est essentiellement une analyse de sondage. Et voila !

Un petit subterfuge qui protège les milliards qu’apporte à l’État ce qu’on pourrait appeler la « Regie d’exploitation des vices et assuetudes » : l’organisme qui compense ce que notre fiscalité pourrait avoir de trop progressif, en allant chercher du fric chez les moins riches. Car ce ne sont pas les nantis qui contribuent la plus forte proportion de leur revenu au jeu; ce sont ceux qui n’ont pas beaucoup … et qui ont besoin d’espoir.

Le comportement de la RACJ en cette affaire est immoral et illégal. Raymond Viger, mon collègue sur ce site, s’y connait en moralité... Yves Boisvert – pas le chercheur, le journaliste – s’y connait indubitablement, lui, en légalité. Il accuse ici aussi brutalement que Zola. Il demande si l’on va enquêter sur ce tripotage en haut lieu. Va-t-on lui répondre « en haut lieu » ? Ce n’est pas une question rhétorique, car tout citoyen peut porter plainte. S’il n’y a pas de réponse, on verra à qui la chance et l’honneur de rétablir la dignité du Québec…

Pierre JC Allard

235. Munyaneza, le Rwanda… et la France   09.05.25

 La Cour Supérieure du Québec à Montréal vient de condamner Désiré Munyaneza pour son role dans le genocide de 1994 au Rwanda qui a fait au moins 500 000 et plus probablement 800 000 victimes en trois mois. Réalisé avec des moyens de fortune, mais beaucoup de diligence et un grand entousiasme populaire chez les Hutus, ce genocide, en ne se laissant pas distraire par le problème de la disposition des cadavres, a réussi à massacrer ses victims plus vite qu’on n’avait pu le faire meme à Auschwitz, atteignant ainsi le sommet absolu de l’horreur en ce siècle, sinon pour tous les temps.

Munyaneza était le chef d’un groupe de miliciens Interhamwe (Hutus) dans la region de Butare, ayant commis des dizaines de viols et de meurtres de Tutsis. Sa condamnation est un signe bienvenu que le monde s’interesse enfin à punir les coupables. Au Canada, cette decision contre Munyaneza est importante, car c’est la première condamnation en vertu de la Loi sur les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre qui, depuis 2000, permet à la justice canadienne de juger tout suspect d’actes commis à l’étranger, mais retrouvé au Canada. Le jugement fera jurisprudence au Canada, mais, le plus important, toutefois, ce sont les effets qu’il aura à l’étranger et particulièrement en France.

Les Occidentaux, en effet, ne sont pa à l’abri de toute critique en cette affaire… D’abord, la rivalité entre Tutsis et Hutus existait dejà depuis longtemps, mais elle a été exacerbée, au cours de la période de colonisation belge, par le favoritisme officiel des autorités belges en faveur des Tutsis, considérés comme “racialement supérieurs” aux Hutus, ainsi que le permettaient les theories prévalentes à l’époque. Ce préjugé colonial en faveur des Tutsis est une réalité que personne ne conteste.

Ce qui ne fait pas consensus, toutefois, c’est un autre favoritisme au moment même des massacres, dont c’est la France qui est soupconnée et dont ce sont cette fois les Hutus qui auraient bénéficié. Un favoritisme qui expliquerait les zones d’ombre qui persistent concernant le role des organisations internationales durant les massacres, et auquel un autre Canadien, le general Dallaire, aujourd’hui sénateur, a déjà fait allusion.

Alors que le massacre des Tutsis par les Hutus se poursuit et atteint rapidement ses objectifs, en effet, deux forces militaries étrangères sont présentes au Rwanda. Celle des Nations Unies (MINUAR) et une autre dénommée Turquoise dont la France a le contrôle. Ce que ces deux forces ont fait – et surtout n’ont pas fait – lors du génocide – n’a pas été parfaitement élucidé.

Il est admis de tous qu’une guerre civile se déroulait alors au Rwanda, avec ses périodes de virulence et de latence, et que, dans cette guerre, c’est le gouvernement Hutu qui avait la sympathie de la France alors que les rebelles Tutsis avaient celle d’autres pays étrangers dont l’Uganda. Dans quelle mesure ces sympathies – et les intérêts qu’elles recouvraient – ont elle eu un impact sur les activités des intervenants, dont au premier chef celles de l’Operation Turquoise ?

Bien des gens en France s’interrogent et des enquêtes ont été lancées pour faire jaillir la vérité. Il n’est pas impossible que le jugement Munyaneza au Canada stimule la pousuite de ces enquêtes dont les conclusions auront des consequences sur l’opinion publique en France…et ses choix politiques.

Pierre JC Allard

236. Essai nucléaire en Corée     09.05.26

 La Corée du Nord vient de réussir son deuxième essai nucléaire. On en parle ad nauseam et toujours dans le même registre: elle ne devrait pas… Il serait peut-être temps de mettre les pendules à l’heure de cesser de dire des bêtises.

Tous les vendeurs et les séducteurs du monde savent depuis toujours qu’on ne pose que les questions auxquelles la réponse sera OUI. Quand on demande à la Corée – que l’Amérique a déjà inscrite à l’”Axe du Mal” et qui a sous les yeux l’exemple de l’Irak ! – de renoncer à son programme nucléaire, on sait que la réponse sera NON.

À moins que l’on n’ait l’intention de la payer pour qu’elle y renonce – ce qui serait se porter volontaire pour un chantage à durée illimitée – la réponse sera négative. Est-ce bien créer ce chantage, que l’on veut ? Ou veut-on ce « non » pour avoir en poche un casus belli qu’on pourra utiliser quand on voudra? Il est stupide de demander ce sacrifice à la Corée.

Stupide et inconvenantl, car de quel droit ceux qui possèdent l’arme atomique – dont en premiers de cordée les USA qui l’ont utilisée sur des populations civiles ! – pourraient-ils exiger que les autres y renoncent, s’ils ne sont pas prêts eux-mêmes à s’en priver ? Y a-t-il plus raciste que cette suffisance des Américains et autres détenteurs de la “bombe”, affirmant ainsi sans subtilité que EUX sont des gens sérieux qui y ont droit, alors que les Coréens et un jour les Iraniens sont des voyous à qui l’on ne peut pas le permettre ?

Comment donner un vernis de justice et de bonne foi à cette interdiction, quand on sait que l’on a permis à l’Inde comme au Pakistan d’en disposer tout à fait ouvertement, dès qu’on a eu quelques services à leur demander ? Et cela, même s’ils sont sans doute les candidats les plus probables à une guerre en règle qui les opposerait et pourrait leur donner l’occasion de s’entre éliminer…

Pire, comment concilier cette exigence avec l’infinie discrétion qui a accueilli la nouvelle qu’Israël disposait d’une centaine de têtes nucléaires … et l’autorisation tacite d’en posséder qui semble résulter de cette discrétion ? Pourtant, Israël est certes le pays que sa vulnérabilité à une attaque par des voisins qu’on peut supposer sans pitié pourrait le plus aisément conduire à une riposte nucléaire, si le sort des armes conventionnelles ne lui était pas favorable.

Si je puis dormir dans un monde où Pakistan et Israël ont une capacité nucléaire, ( sans parler des « Grands » qui ne sont pas si dignes de confiance ! ), que la Corée ou l’Iran en aient aussi une petite ne me gardera pas éveillé.

Et pourquoi cette loufoquerie de prétendre qu’on craint que les armes nucléaires ne soient vendues à des terroristes par la Corée ou l’Iran, alors qu’on ne semble pas s’inquiéter que puissent le faire des pays comme l’Ukraine ou le Kazakhstan, qui ont prouvé leur parfaite bonne volonté à participer à tous les “commerces” ? Est-on vraiment si sûr que tout l’arsenal soviétique qui s’y trouvait ait été religieusement enlevé par des militaires et fonctionnaires ne pensant qu’au bien de l’humanité ?

Soyons sérieux. Bien sûr, il vaudrait mieux que PERSONNE n’ait des bombes atomiques. Mais la chance raisonnable que cela arrive passerait par la destruction contrôlée des stocks de ceux qui veulent s’en réserver l’exclusivité. Avant qu’on en soit là, il faudra d’abord que le monde change. En attendant, vouloir que la Corée soit la seule à baisser sa garde est faire preuve d’un incommensurable mépris. Un mépris qui n’es pas sans rapport avec les dangers que les États dits « voyous » pourraient bien invraisemblablement nous faire courir.

Pierre JC Allard

237. Festung Amerika    09.05.29

Les frontières n’existent plus. Ce sont des lignes abstraites qu’on traverse a toute vitesse et sans ralentir. Nous vivons dans une ère de progrès constant et de mondialisation. Le monde est devenu tout petit et, de plus en plus, chacun se sent chez soi partout… Si vous vivez en Europe, bien sûr.

Si vous vivez en Amérique du Nord, l’histoire se déroule à l’envers. Commençant lundi 1er juin, il faudra un passeport pour passer du Canada aux USA, ce qui, de mémoire d’homme, n’avait jamais été nécessaire. Soyons justes: vous pouvez aussi utiliser la carte Nexus que vous délivrera le service U.S de protection des douanes et frontières (CBP) après quelque paperasserie et il y a aussi des règles spéciales pour les marins… Mais la tendance est nette et le résultat sera le même: une énorme perte de temps.

On veut vraiment nous emmerder. La Western Hemisphere Travel Initiative (WHTI) est née après les événements du 911, pour répondre à la demande de la population américaine pour des signes visibles de sécurité contre le terrorisme.

On a d’abord ciblé les aéroports. On a vu les files d’attente s’allonger indéfiniment au gré des rumeurs, elles-mêmes grossissant selon le besoin qu’avait le gouvernement Bush d’attiser les ardeurs belliqueuses de la population… ou de faire oublier quelque bêtise.

Ainsi, quand Israël a envahi et pilonné le Liban, on a découvert un complot rocambolesque qui a servi de prétexte pour confisquer dorénavant parfums et shampooings des bagages en cabine, irritant suffisamment les voyageurs pour qu’ils se sentent menacés… et furieux.

Mais l’Américain est un grand amateur de l’automobile. Avec le Canada tout près et cette longue frontière invitante qu’on pouvait traverser sans formalités, la plupart des voyageurs y venaient par la route, échappant au scénario parano et continuant de penser que le monde n’est pas seulement une longue course à obstacles entre fanatiques barbus.

Maintenant, on pourra combler cette lacune. On ne sortira plus des USA sans affronter au retour les Rangers à lunette obscures et à la mâchoire crispée. Les Canadiens ne pourront pas non plus l’éviter. Peut-être seront-ils moins nombreux cet été a Plattsburgh à Burlington et sur les plages du Lake Champlain.

Moins nombreux, puisque 40 à 45 % des Canadiens n’ont pas de passeport. À quoi bon un passeport, puisque la majorité d’entre eux – et tous ceux qui quittaient le pays par voie terrestre -n’allaient qu’aux USA qui n’en exigeait pas ? Maintenant tout ça va changer…

Peut-être seront-ils BEAUCOUP moins nombreux, car cette frontière qu’on ne voyait pas va réapparaître et il n’est pas sûr que, par-delà l’obstacle physique du passeport devenu nécessaire, un obstacle intangible plus dissuasif ne se manifeste pas. Une prise de conscience de la différence, voire de l’étrangeté de ces voisins à lunettes sombres et un peu paranos…

On ne se fait pas des amis en demandant sans crier gare leurs papiers aux gens qu’on connaît depuis longtemps et qui croyaient avoir mérité qu’on leur fasse confiance. C’est une mesure d’un autre âge – l’Âge de Bush – et il serait opportun qu’on y mette fin au plus tôt.

Un choix crucial à faire, car les Américains peuvent vivre dans une forteresse… mais ils pourraient s’y sentir bien seuls. Le nouveau maître du château devrait vite abaisser à nouveau le pont-levis.

Pierre JC Allard

238. L’Insurrection qui vient  09.05.28

 Pour les lecteurs Français, Julien Coupat est déjà une célébrité. Pour les autres, disons que c’est le leader présumé d’un groupe  de jeunes mis en examen en novembre 2008 pour terrorisme. Ils auraient saboté des caténaires pour protester contre le transport vers l’Allemagne par voie ferroviaire de déchets nucléaires ultra-radioactifs.  Arrestation, procès, prison, ils sont tous redevenus libres… sauf Julien Coupat.  On  garde Coupat à l’œil, car on pense qu’il est l’âme  du complot, mais surtout parce qu’on le soupçonne d’être l’auteur d’un livre  qui énerve beaucoup la justice française : l’Insurrection qui vient.

C’est le livre qui est important, car cet « attentat » n’a pas fait de victimes, ne pouvait pas en faire et a été revendiqué par un groupuscule anarchiste allemand qui s’est excusé auprès des voyageurs de les avoir ennuyés !…La culpabilité de Coupat est si peu certaine, que  Gérard Cherbonnier, trésorier de l’Association de défense de l’édition indépendante, s’est offert le plaisir de citer les Dupondt de Hergé : « Pour une fois que l’on arrête un coupable, il est innocent…! »

La culpabilité de Coupat dans l’affaire est mal prouvée, mais n’a qu’un intérêt marginal. Ce qui passionne la France, c’est de savoir s’il a ou non écrit « l’Insurrection qui vient”.  Il nie l’avoir écrit… mais il avoue l’avoir lu. Exactement ce que ferait à sa place quiconque a un peu le sens des relations publiques.

Le livre est TRES BIEN écrit et ne dit rien qu’une majorité des lecteurs pourrait contester. Il est critique, mais fort poliment. Il n’appelle pas à la révolution, il n’en voit simplement pas de possibles, autre que celle naturelle, spontanée et irrépressible qui viendra du peuple. Il n’appelle pas à l’insurrection, il constate simplement qu’elle viendra…. Doit-on lui reprocher de l’annoncer ? Le livre d’ailleurs n’a pas été interdit. Il y a une douzaine de sites sur la Toile d’où l’on peut en tirer copie gratuitement. (CLIQUEZ ICI )

Alors pourquoi veut-on tant savoir s’il l’a écrit ? Parce que quiconque l’a écrit est dangereux. Le livre dit trop vrai. Il dit trop de choses dont la population est déjà convaincue et sur lesquelles elle n’attend plus qu’une signature pour s’y rallier. Si c’est Coupat, on a le nom, la voix, l’image. On a le mec de l’âge du Christ au moment du finale, intelligent, parfaitement articulé, intellectuel de bonne famille – (eh oui, pour les Chefs, ça compte encore, car la France républicaine est un peu royaliste…). L’attentat a fait de lui un homme d’action et un acharnement policier et judiciaire est à lui conférer les stigmates d’un sauveur.

Astuce ou bêtise, on l’a détenu le temps de mettre le livre en évidence. Mise en évidence de grande classe, via  le Monde et le Nouvel Obs garantissant que le petit bouquin deviendra le succès de librairie de l’année sinon de la décennie. On garantit du même coup que l’insurrection sera le concept à la mode pour les vacances et fera un malheur à la rentrée… Enfin, et ce n’est pas la moindre des choses, on propulse l’auteur inconnu ET Julien Coupat ensemble dans la sublimosphère des options crédibles de renouveau politique, au moment où n’y en a vraiment aucune autre en vue.

Si l’émergence du tandem Auteur-Coupat est bien spontanée, le gouvernement à commis cette norme bourde de médiatiser une alternative providentielle capable de polariser la volonté universelle de changement.

Si Auteur et Coupat sont les deux pôles d’une activité qui pourra doser théorie et pratique en alternance, on aura un mouvement dont la force est imprévisible, mais qui, même à son corps défendant, viendra inévitablement trouver une place sur l’échiquier politique… ni à droite, ni à gauche, mais à l’opposé de ce qui est là. Une nouvelle société. Si les deux images se fondent en une seule, il n’y aura pas de « corps défendant » ; on cherchera bien consciemment à y voir apparaître celle d’un Obama pour la France…

En filigrane, toutefois, il y a toujours la possibilité d’une création machiavélique du système  pour aiguiller le ras-le-bol populaire qui s’en vient vers une cour de triage où l’on tentera de le démanteler… Soyons méfiants. Méfiants, mais attentifs, car il y a aussi des triples jeux..

Pierre JC Allard

239. Trois pas vers un monde nouveau   09.05.29

 Je  n’avais pas prévu cet article.  Je ne viens pas sur le web pour donner le cour d’initiation 101 à la réalité politique, ni même pour informer. Je viens partager mes interprétations et analyses avec celles d’autres dont je présume qu’ils connaissent eux aussi les faits de base. J’ai comparé ailleurs mes interventions à ce qui se discute autour d’un porto, entre gens qui s’intéressent au monde.

Ici, je fais une exception, parce qu’au hasard d’un commentaire sur Agoravox j’ai compris qu’il fallait un rappel. Ça facilitera les débats subséquents.  Je me réfère ici à des articles passés. Mes excuses à ceux qui les ont lus.

D’abord, je voudrais rappeler un fait de base que personne ne conteste vraiment.  Il y a aux USA une classe sociale assez floue d’où est issu ce qu’on nomme l’Establishment. C’est cet Establishment qui contrôle la politique, l’économie et surtout les médias. Il ne faut pas en conclure, toutefois, que ce contrôle vise nécessairement à réaliser de sombres complots. D’abord, il n’est pas monolithique, il est seulement une arène réservée pour des combats musclés entre titans.

Elitiste, oui, mais uni « contre le peuple », non. L’Establishment  se manifeste donc – pas toujours, mais le plus souvent – par des mesures visant le bien des USA… tels que le conçoivent ceux qui y ont la majorité.  Le pouvoir y fluctue et donc les choses changent.  Aujourd’hui, bien des choses changent.

On peut penser que c’est Obama qui les fait changer, mais Obama ne serait jamais devenu Président des USA sans l’appui de l’Establishment. C’est donc une erreur de le voir en conflit avec cette classe sociale. Une autre erreur de penser qu’ il « flip flop » ( change d’avis, pour un oui pour un non, en prenant son café du matin). Ce que fait Obama est programmé depuis longtemps et est l’expression de ce que veut l’Establishment .

Tout le changement que l’on voit aux USA est donc  la manifestation d’une nouvelle « vision du monde »  de cet Establishment qui a compris que les choses ont changé et qu’il faut mettre en place une nouvelle société.  Le mandat d’Obama est d’y parvenir avec pas – ou peu – de sang dans les rues.   Le changement procède en trois (3) étapes.

La première, c’est la reprise en main de l’économique par le politique.   La crise va envoyer à la casse toutes les fortunes sauf les plus colossales, lesquelles sont déjà cooptées dans une nouvelle structure du pouvoir. L’argent ne sera plus la cause, mais la conséquence de l’accession au pouvoir. En ce sens, c’est la fin du capitalisme, que nous connaissons depuis la révolution industrielle.

La deuxième, c’est le transfert aux travailleurs du contrôle de la production industrielle. La compétence remplace le capital fixe comme facteur prioritaire de la production. La troisième, c’est une redéfinition de la démocratie, car celle que nous avons ne donne plus le change et ne joue plus son rôle.  Cette évolution en trois (3) points ne se discute pas tellement, il suffit de lire les journaux.

Ce qui reste bien ouvert à discussions, ce sont les péripéties qui marqueront ces changements et quelques faits divers qui auront une grande portée symbolique. La dématerialisation complète de la monnaie et l’instauration d’un régime de travail-revenu garanti par exemple.

Aussi, il faudra voir si, pour laver l’image des USA à l’interne et à l’externe, Bush et ses comparses seront mis en accusation. N’éliminons aucune hypothèse au départ. Si on a besoin d’un sacrifice humain, Bush pourrait être jugé dans un état où il y a encore la peine de mort !  L’important, cependant, c’est que le monde est à changer comme il n’a pas changé depuis les grandes révolution de la fin du XVIIIe siècle.

Pierre JC Allard

240. Hommage à l’argent…     09.05.30

Julien Coupat est libre, Dieudonné aussi. Segolène et Martine se sourient. Melenchon et Besancenot s’observent. Les Sarkozy sont tranquilles. Chacun retient son souffle en attendant les élections européenes, mais personne ne semble manquer d’air… c’est aux USA que ça se passe. La politique est au neutre, le temps de nous laisser préparer un été douillet. Si on en profitait pour parler de l’important ? L’important : l’argent.

Bien sûr, il y a en politique de débats idéologiques de fond. Ce sont ceux qui reposent sur des principes sacrés, ou sur des préjugés acquis par conditionnement avant que ne se développe le jugement chez l’enfant – la distinction entre les deux n’étant pas toujours faciles à faire – mais le plus clair des vraies luttes vise à mettre la main sur le butin.

Ces vraies luttes se faisant entre ceux qui ont le pouvoir, il n’est évidemment pas question d’inviter le monde ordinaire au festin, au-delà de ce qu’on a jugé bon de lui accorder pour qu’il soit tranquille et rende certains services. Tout ce qui a trait au partage de la richesse dans un État de droit moderne développé et démocratique est donc sagement tenu en marge de la démocratie.

Une administration a Bruxelle – qui n’est pas élue, mais nommée – s’occupe de l’ordinaire. Une Banque européenne, dont les dirigeants sont en fait cooptés par les institutions financières, avise les gouvernements des paramètres qu’il devront respecter : masse monétaire, conditions du crédit, taux d’intérêts. C’est çà l’important.

Pour les autres trivialités, comme l’éducation, la santé, et tout ce qui peut concerner le bonheur des gens, les gouvernement sont souverains, sous l’égide de Francfort et la férule de Bruxelles. Tant qu’il reste dans son enclos, l’État démocratique peut gambader en toute liberté.

Nos institutions financières ne peuvent pas en dire autant, car ce qu’elle font ici d’autres institutions le font dans tous les autres pays et, depuis Bretton-Woods (1944), c’est en se concertant qu’elles conviennent des paramètres mondiaux qui encadreront leurs paramètres nationaux.

« Conviennent » est ici un euphémisme. En fait, ces institutions de taille et d’importance inégales, chacune appuyée des forces militaires et paramilitaires des pays dont elles contrôlent le pouvoir politique, ne cessent de s’entredéchirer que pour opposer un front commun aux revendications des populations économiquement exploitées.

La gestion de ces revendication se fait en créant la zizanie au sein des exploités, les prétextes les plus futiles étant les meilleurs, puisque les chances sont alors qu’ils ne frôleront même pas une remise en question du partage de la richesse. Tout ça n’a pas changé depuis que les Verts et les Bleus en décousaient à Byzance, sur fond de scène de courses de chars à l’Hippodrome…

Maintenant on est Gauche ou Droite, en pensant que ça changera quoi que ce soit, ou, encore plus pathétique, en s’imaginant que cette planète pourrait fonctionner sans une Banque Centrale qui dit aux États ce que leurs gouvernement peuvent et ne peuvent pas faire.

La plus triste c’est quand on dit du mal de l’argent… C’est une habile parade de ceux qui bénéficient d’un partage inacceptable de la richesse d’en faire porter l’odieux au rôle dévolu à l’argent dans la société. « A chacun selon, ses besoins »… On veut bien, mais aussi longtemps que les moyens de les satisfaire ne seront pas surabondants, il faudra arbitrer en bout de ligne l’allocation des ressources entre besoins équivalents.

Quand on arrive à ce moment de vérité, il faut bien s’en remettre à des critère et il n’en est pas en théorie de plus équitable que l’argent, puisqu’il est totalement externalisé et ne doit rien à une qualité intrinsèque de la personne même qui conférerait à celle-ci un privilège. Pas de noblesse innée s’opposant à la roture. Pas de races, pas de couleurs, pas de castes qui tiennent. Money talks !… Taisez vous.

L’argent est injustement distribué, mais il est en lui-même absolument équitable. Démocratique. Avec la mort du capitalisme, cette primauté d’un pouvoir au dessus de tous les préjugés va disparaître. La compétence est à remplacer inexorablement le « capital », comme le facteur rare en production. On va voir désormais s’imposer la compétence comme discriminant. Et derrière la compétence, le talent.

Un discriminant beaucoup plus cruel que la richesse, car on ne peut pas gagner des rangs centiles de Q.I au tiercé ni à Loto-Québec. On regrettera sans doute le « bon vieux temps » où l’on se plaignait du pouvoir de l’argent… Au lieu de vouloir supprimer ce qui pourra rester de pouvoir à l’argent, on ferait mieux de chercher à lui en conserver tant qu’on peut.

Ne cherchons pas à lui enlever ce pouvoir, ce serait une erreur. Ce qu’il faut, c’est assurer une meilleure distribution de la richesse. Si nous ne faisons pas de bêtises, la crise actuelle devrait grandement nous faciliter cette tâche. Profitons en.

Pierre JC Allard

241. Montréal, Labeaume et Sim City…    09.05.31

 Pour ceux qu’amusent les jeux intellos sur ordinateurs, il n’y a pas plus captivant que Sim City. On ne s’attaque pas ici à des devinettes ou à des stratégies primaires: il s’agit de planifier le développement d’une ville ! Budget, règlements, investissements, urbanisme, services… tout est là. Et ça se tient. Faites une erreur de zonage et vous manquez le bateau. Mesquinez sur le service des incendies et le feu dévore des quartiers de votre ville. Allez-y trop fort sur les emprunts et vous finirez en tutelle. Il faut des semaines pour bâtir une Cité Sim.

Bien sûr, si vous êtes un débutant, vous allez vous gourer: on efface tout. Si vous êtes un joueur ordinaire, ca va… Mais, si vous êtes un champion…wow ! Les vrais pros de Sim City ont modélisé les grandes villes du monde et en ont créé d’autres, imaginaires, futuristes, qui n’ont en commun que de respecter les normes d’une saine gestion. Entre le joueur ordinaire et le champion, il y a l’imagination, le feu sacré. Si vous jouez Sim City avec une vision inspirée – tout en équilibrant votre budget et en maintenant vos “citoyens” heureux – vous êtes un champion.

Moi, je m’ennuie de Jean Drapeau. Je m’ennuie de l’imagination et du feu sacré. Et puis, on dira ce qu’on voudra, en ce qui a trait au rapport qualité-prix, la situation financière de la ville n’était pas plus mauvaise à l’époque du Roi Jean. On en avait pour notre argent et, pour ce qui est de faire des “pactes” avec Québec ou Ottawa, le vieux maître ne négociait pas tellement avant… il envoyait la facture. Je ne dis pas que c’est la bonne façon de faire; mais ceux qui l’ont suivi auraient eu avantage à étudier un peu la technique du poker aux pieds du vieux champion… !

Et la fierté, en 1967, pendant l’Expo, on en avait à revendre. Ceux qui n’ont pas l’âge de l’avoir vécu ne peuvent pas savoir ce que ça signifiait, alors, de se dire Montréalais et de SAVOIR que personne n’avait fait, ni ne faisait mieux ailleurs. Nulle part. On était dans le peloton de tête, pas en concurrence avec Cleveland ou Baltimore.

Je m’ennuie d’un temps où nous voulions être les meilleurs. On avait déjà accepté que la revanche des berceaux c’était fini – et qu’on ne serait pas les plus “gros” – mais nous étions convaincus qu’on pouvait être les meilleurs; on se voyait devenir plus « civilisé ». On rêvait d’une ville qui deviendrait plus belle, plus cultivée, une ville de concorde…

Je vois, comme tout le monde, ce que fait le Maire Labeaume à Québec et je suis envieux. Je n’irai simplement pas voter aux élections municipales de novembre à Montréal, si on ne parle que de taxes foncières dans une ville dont la majorité des habitants ne rêvent même pas d’être propriétaires!  Si on ne parle que de dépenser moins, sans un mot sur la nécessité d’offrir plus, de redevenir plus.

Je ne voterai pas, si on propose d’être le maire de Montréal comme si la fonction consistait à en être le comptable ou l’auditeur. Le Maire devrait assumer un rôle de leader. il devrait concevoir le “Projet” qui soit un cheminement vers notre avenir. Ce Projet, il devrait pouvoir l’expliquer, le défendre, nous en convaincre tous…. Il devrait pouvoir le faire accepter à Québec, à Ottawa et à Wall Street. Il devrait pouvoir en proposer de façon cohérente les étapes de réalisation à des conseillers municipaux qui représenteraient leurs électeurs. Le Maire, surtout, devrait être en communication constante avec les citoyens, leur expliquant chaque semaine, via les médias, où l’on en est du Projet et les motivant aux efforts nécessaires pour que ce Projet se réalise.

Le Maire devrait, bien sûr, s’assurer que l’administration municipale dispose de comptables, mais on ne nous demanderait pas de les élire. Un Maire de Montréal, ça respecte les normes d’une saine gestion, mais ça offre aussi l’imagination et le feu sacré. Une flamme, une vision…, c’est ça la différence entre un maire ordinaire et un champion de niveau Drapeau. Et c’est ça qui rendrait les citoyens heureux. On verra ce qu’on nous offre.

Pierre JC Allard

242. Gauche, droite… libertaire ? 09.06.01

 Il y aura bientôt 12 ans que j’écris sur Internet des textes qu’on a un jour décidé d’appeler des blogues. Plus d’un millier de textes parlant de politique, décrivant l’avènement d’une « Nouvelle Société » plus juste. Comme au départ on disait de gauche tout ce qui prônait plus de justice, je me suis vite dit de gauche.

Deux fois candidats pour le Nouveau Parti Démocratique  –  parti centriste selon les critères universels, mais à gauche de l’échiquier politique canadien –  personne ni moi, n’avons plus jamais douté de mon allégeance. Jusqu’à ce que l’on me souligne des divergences entre mes prises de positions et la Gauche orthodoxe.

Par exemple, j’ai un grand respect pour l’ordre.  Pas l’ordre établi, mais un ordre juste, qui reste à établir; quand elle semble s’opposer à la clémence envers les coupables, ma priorité va à la défense des innocents.  De même, quand il apparait que trop de remises en questions  peuvent mener à l’inaction, ma priorité va à l’efficacité.  Suis-je vraiment à gauche ?

J’ai aussi beaucoup de respect pour les appartenances identitaires, avec  un refus des brassages de cultures imposés par la pauvreté ou les impératifs stratégiques.  Ce respect des cultures me rend bien à l’aise au sein de la gauche quand je dénonce férocement l’impérialisme occidental au tiers-monde,  les incursions militaires qu’on y entreprend et quand je soutiens que le mondialisme est une sordide arnaque.

Je m’y sens moins à ma place, toutefois, quand le même respect des cultures m’amène à souhaiter qu’on ne se mêle des affaires des autres que s’ils nous invitent à le faire. Encore moins quand  le respect de NOTRE culture me fait dénoncer l’immigration et que je dis que c’est chez eux et non chez-nous qu’il faut aider les autres. Je me retrouve alors souvent avec une Droite que d’habitude je ne fréquente pas.

Je fais aussi froncer les sourcils de mes camarades de la gauche, lorsque je dis que la redistribution de la richesse ne doit pas conduire à une parfaite égalité, sous peine de réduire dangereusement la motivation dont nous avons besoin pour progresser, mais à une société tendanciellement égalitaire, dont la misère est supprimée, mais où subsistent les inégalités qui récompensent l’effort et qui répondent aux exigences éthiques de la justice commutative.

Je reçois de même, parfois, des oeillades assassines de la gauche tout autant que de la droite, quand  je dis que le véritable clivage, quand on pense à bâtir une nouvelle société, n’est plus entre travailleurs et patrons, mais entre d’une part un capitalisme élitiste s’appuyant sur l’assistanat  et, d’autre part, un entrepreneuriat auquel la créativité et l’initiative inhérentes à une société complexe font désormais accéder tous les travailleurs.

Pour coiffer le tout,  mon coeur est-il bien à gauche, si je crois que l’ultime objectif social du citoyen  n’est pas son enrichissement – qui n’est qu’une condition préalable nécessaire -mais le pouvoir que lui donne cet enrichissement pour affirmer sa liberté et se réaliser comme individu ?  Avec tous ces petits travers, puis-je néanmoins me dire un homme de gauche ?

Je l’espère, car ayant une position ferme pour l’intervention de l’État et soutenant la nécessité d’une redistribution massive  de la richesse, je suis inacceptable à droite.  Ou suis-je ? Qui suis-je ?  Étais-je un libertarien qui s’ignore ?  J’ai consulté les défenseurs du dogme et l’on m’a vite détrompé…

Pourtant, m’interrogeant moi-même, j’en ai conclu que je l’étais à moitié, car la Nouvelle Société que je souhaite est à deux paliers. A la base, un palier qui correspond  à cette division du travail que permet la vie en société et qui nous enrichit.  À ce palier, il faut  reconnaître notre interdépendance et promouvoir la solidarité. Il faut mettre en commun. Il faut accepter l’État et c’est le domaine de la démocratie.

Sur ce basilaire, cependant,  un deuxiéme palier se construit, au rythme de notre enrichissement collectif, où notre individualité  et notre désir de liberté doivent prévaloir.  Ce désir de liberté est légitime. Être de gauche, à mon avis, ce n’est pas s’opposer à la construction de ce piano nobile libertaire dont chacun aménagera sa parcelle à son goût.   C’est s’assurer qu’est construite prioritairement la base collective qui garantit la dignité  de chacun et le bien être de tous, à la mesure des moyens que nous fournit notre société  d’abondance et de la volonté de partage que détermine le consensus social.   En bas, il faut que ce soit tous pour un. À l’étage, vive l’individu et sa liberté !

Pierre JC Allard

243. What’s good for GM…  09.06.02

En 1953, Charles Erwin Wilson, Prèsident de General Motors, appellé au poste de Secrétaire (Ministre) de la Défense par Eisenhower et intérrogé par les Sénateurs sur un possible conflit d’intérêts,  pouvait faire taire ses critiques en disant simplement que “ce qui était bon pour GM était bon pour les États-Unis”.  Aujourd’hui ou demain, cette General Motors, qui a été pendant deux générations le symbole même de la  puissance industrielle américaine sera officiellement en faillite…

Ce qui serait mauvais pour GM serait encore mauvais pour les USA, toutefois;  l’État va donc, après la faillite, en devenir le principal actionnaire.  Eh oui ! Au pays de la libre enterprise… Les créanciers de GM perdront beaucoup, mais n’en souffriront pas tellement, car ce sont les mêmes institutions financières  que le gouvernement abreuve de milliards depuis des mois.  Alors, un peu plus un peu moins… la main gauche qui donne, la main droite qui prend, voilà tout !

Les actionnaires de GM, eux, y perdront vraiment et, parmi ceux-ci, les companies de fiducies dont les avoirs sont souvent les fonds de pension des américains moyens…   Ça, c’est mauvais.  On va donc jongler un peu avec les chiffres, avant d’annoncer à des millions de retraités que leurs projets de retraite dorée devront être radicalement modifiés. C’est sans doute quand le moment de le faire sera venu, que des circonstances “incontrolables” exigeront que le gouvernement contrôle tout.  On posera alors un tendre baiser sur le front de la démocratie et on lui dira d’aller faire un somme… Mais n’anticipons pas.  Voyons aujourd’hui ce qu’il adviendra de GM sous contrôle de l’État

D’abord, les travailleurs, qui ont du devenir aussi actionnaires de GM sous peine de perdre leurs emplois, vont assumer des responsabilités plus larges. Ceux qui s’y intéressent savent déjà depuis longtems que ca ne pouvait finir autrement. Le capitalisme de papa immiscé dans la production était un dinosaure pris au piège: seuls les travailleurs devenus entrepreneurs peuvent faire fonctionner la production d’une économie complexe.

L’État sera le proprio de GM, mais les travailleurs en auront la gérance effective. Que fera ce nouveau duo ?  Ce qu’on appelle aux USA la  Conventional Wisdom (C.W) dit bien haut que le but sera de faire à nouveau de GM un producteur concurrentiel, offrant des produits qui plaisent et reprenant sa place de leader sur le marché national et mondial.  Le New York Times de ce matin abonde dans ce sens, mettant même l’État en garde contre la tentation de gérer GM comme un projet politique, pour preserver des emplos et sauver du naufrage des douzaines de petites villes qui vivent  de l’industrie automobile et de ses fournisseurs…

C’est le discours de la C.W…. mais c’est un mensonge. La vérité, c’est que GM ne pourrait être concurrentielle qu’en s’automatisant brutalement ainsi que ses fournisseurs, créant du même coup des millions de chômeurs. Même le voulant, d’ailleurs, il n’est pas dit qu’on pourrait le faire rapidement, dans une industrie qui a tout fait pour freiner l’automation. C’est un secret mal gardé que le volet assemblage de la grande industrie est encore bien artisanal. Il faudra du temps. En attendant, c’est en Asie qu’il faut fabriquer des voitures

Et tout ça n’est que la surface du problème. Au fond, il y a plus grave. Il y a que le marché de l’industrie automobile aux USA est saturé depuis longtemps.  C’est une marché de replacement qu’on ne maintient  qu’à coup de publicité et d’une obsolescence programée, scandaleuse en cette époque où l’on veut conserver les resources.  Non seulement il faut fabriquer les voitures en Asie, mais c’est aussi en Asie qu’il faut les vendre. Et encore risque-t-on que Asie résiste à la publicité et à la corruption, prenant la decision intelligente de favoriser plutôt le transport en commun !

La vérité, c’est qu’on a besoin de moins de voiture; on peut les produire plus efficacement et pour quelle dure plus longtemps.  L’industrie automobile américaine n’a donc plus besoin que d’une fraction de sa main-d’oeuvre actuelle. Les travailleurs en surnombre doivent être recyclés et assignés à d’autres tâches.  Pas des tâches où l’on produit pour travailler, mais des tâches qui répondent à une demande et où l’on travaille pour produire.

On ne relancera donc pas GM. On va en brader de larges pans et ramener le géant à une taille plus modeste. On a même trouvé l’homme pour le faire:  Brian Deese, 31 ans, dont on entendra bien parler…   GM n’est qu’un début. C’est toute la structure industrielle des USA qu’il faut transformer.  Cette crise est venue pour cà.

Pierre JC Allard

244. Les élections européennes     09.06.03

 Entre les 4 et 7 juin prochain (2009), les 27 Etats membres de l’Union Européenne vont voter au suffrage universel par circonscriptions et se choisir 736 représentants.  En principe, les élus au Parlement de Strasbourg – qui siègent la plupart du temps à Bruxelles – constitueront le volet démocratique de la gouvernance de l’Union Européenne.  Les trois quarts au moins des lois adoptées par les États nationaux devant se conformer aux directives de l’Union, on pourrait penser que ce qui se discute dans ce Parlement n’est pas sans intérêt.    Et pourtant….

Pourtant, les élections européennes n’intéressent pas beaucoup les Français, ni les Allemands et les Anglais encore moins. Les Belges oui, mais c’est chez eux…  Généralement la moitié des Européens ne votent pas à ces élections et il semble que cette fois ce sera pire. Pourquoi ce manque d’intérêt?   Parce que le Parlement européen n’a ni vrai pouvoir ni autorité.

Pas de pouvoir, parce que, même si on lui demande bien son avis et qu’il a un droit de censure, il n’a pas l’initiative législative. Il ne propose pas des lois; il est le tampon sur des lois qu’on lui soumet.  Les lois, c’est la Commission Européenne qui les propose, la Commission, qui est une création des États et non des peuples de l’Europe.

Le Parlement peut bien se prononcer sur ces lois qu’on lui propose, mais sur quelle base ?  Les dossiers sont nombreux, complexes et leur technicité en rend la maitrise ardue.  Les membres de la Commission ont derrière eux chacun une armée de fonctionnaires nationaux pour étudier les dossiers, les députés européens n’ont que des opinions.  Ce sont donc ceux de la Commission qui ont, non seulement l’initiative des lois, mais aussi tous les atouts pour en discuter. Ils ont le haut du pavé, car ils parlent le langage des Eurocrates de Bruxelles et personne ne doute que ce soient eux qui aient le vrai pouvoir.

Les députés au parlement européen n’ont pas le pouvoir, soit, mais pourquoi leur en faire grief ?  Le député au Luxembourg en a-t-il davantage ?  C’est l’expertise, désormais, qui mène le monde et elle est a Bruxelles.  On leur en fait grief, parce qu’ils n’ont pas non plus l’AUTORITÉ.  Si un Président de l’Europe était élu au suffrage universel et devait rendre des comptes à ce Parlement européen, ce Président aurait l’autorité de la légitimité de son mandat populaire et le parlement celle de son mandat de surveillance des gestes de ce Président.

Même sans pouvoir exécutif, le Parlement européen aurait la force de cette autorité. On ne le contredirait pas à la légère, ni à la Commission, ni à Bruxelles.  La population se sentirait REPRÉSENTÉE et elle s’impliquerait dans le choix de ses représentants. Impliquée, elle voterait davantage, augmentant d’autant  la crédibilité des députés européens… et on serait sur la voie de bâtir une appartenance à l’Europe

Une vraie appartenance, car ces députés, responsables d’une politique européenne, ne suivraient que de très haut les méandres de la réglementation; les Eurocrates de Bruxelles peuvent le faire sans un suivi quotidien. Il se consacreraient à imaginer un avenir pour l’Europe et à en concevoir les grandes politiques.  Ils ne se rangeraient plus ipso facto sous les  bannières, Droite (PPE), Centre (ADLE) ou Gauche (PSE) qui font du parlement européen une projection caricaturale des clivages politiques nationaux. Ils se regrouperaient selon des critères pertinents à leur mission.

Les députés européens seraient utiles. Ils seraient intéressants. On voterait aux élections européennes avec passion, plutôt que de souhaiter qu’après 30 ans de leurs inepties, quelque Cromwell vienne enjoindre à ces notables en probation ou en préretraite – au nom du Christ ou du simple bon sens ! – de ramasser leur maroquins en rodage et de rentrer chez eux.

La semaine prochaine, on voudra nous dire ce que signifent les résultats de ces élections.  Une autre démarche inutile, car nous savons déjà ce que signifie l’abstention qui en sera le résultat le plus marquant;  elle  signifie la profonde désaffection des Europens pour une démocratie reduite à un rideau de scène derrière lequel le vrai pouvoir s’agite.

L’attitude envers les élections européennes est emblématique de cette désaffection. On a rendu la démocratie inutile. On l’a rendue rididule et il n’en reste qu’une image de corruption et de non-signifiance. Il faut rebâtir la démocratie. On pourrait commencer à Strasbourg.

Pierre JC Allard

245. Une démocratie en tutelle   09.06.04

 Ce qui se passe au parlement européen intéresse peu. On voit ces gens qui s’agitent sans avoir même le goût d’en changer. Ils inspirent plus de pitié que de colère ou de mépris, car ce serait leur rôle, en cette période de crise, de réaliser un programme que la population aurait choisi en les élisant et de fixer les moyens d’y parvenir, mais on sait qu’ils ne le peuvent pas: le pouvoir est ailleurs.

Les élections européennes nous rendront un grand service, si elles nous ouvrent les yeux et nous font constater que cette situation n’est pas vraie qu’au parlement de l’Europe, mais dans tous les parlements. On aura fait un grand pas vers le renouvellement de nos institutions, si on comprend que le problème fondamental de la démocratie actuelle est que ce ne sont plus les élus qui ont le vrai pouvoir de décision. L’élu est devenu impuissant… et un intermédiaire inutile.

Inutile, parce qu’il faut une connaissance spécialisée des dossiers pour pouvoir faire le choix des moyens. Les élus n’ont pas cette connaissance, puisque leur spécialité, à eux, c’est d’être politiciens. Se faire élire est un job à plein temps et, s’ils voulaient connaître aussi les subtilités de l’éducation ou des finances, les députés et les ministres ne feraient pas leur travail de politiciens. Les élus délèguent donc le choix des moyens aux hauts fonctionnaires.

Mais les hauts fonctionnaires ne peuvent pas non plus être des spécialistes en éducation, en finance ou quoi que ce soit d’autre que l’administration, puisque leur mission est de gérer des centaines ou des milliers d’employés et un budget de centaines de millions ou de milliards d’euros. Le haut fonctionnaire est donc un administrateur.

Qui connaît les dossiers des finances, de l’éducation, de la justice, etc ? Des fonctionnaires, aussi, mais d’un autre niveau. Du niveau “professionnel” qui se situe beaucoup plus bas dans la hiérarchie. Des fonctionnaires qui ne sont pas consultés quand les décisions sont prises, seulement quand il s’agit de les justifier.

Parce que les décideurs sont des administrateurs, c’est la logique administrative qui prévaut quand ils décident des moyens: programmes, critères et procédures. Hélas, le choix des buts étant inextricablement lié à celui des moyens, les objectifs qui ne satisfont pas à la logique administrative – (qui ne permettent pas, par exemple, une utilisation optimale des ressources disponibles) – sont perçus comme impossibles à atteindre. Les buts définis par les représentants du peuple sont alors “reformulés” pour coller aux besoins du système. En fait, ils sont mis au rancart.

La démocratie représentative ne fonctionne plus, parce qu’elle a conduit à une situation où nous ne sommes plus gouvernés, mais sur-administrés. Ceux qui savent ne peuvent pas, ceux qui peuvent ne savent pas et les politiciens, impuissants, sont renvoyés pour des décisions qu’ils n’ont pas vraiment prises… alors que les vrais décideurs, les mandarins en contact direct avec les lobbies, qui ne veulent surtout pas le changement, mais seulement la pérennité du système et son fonctionnement sans heurts, ne portent pas la responsabilité de leurs erreurs ni surtout de leur indécision.

Il faut transformer radicalement le système démocratique. La démocratie, ce serait de soumettre au peuple des choix et de le laisser décider des buts, mais qu’ensuite le mandat d’atteindre ces buts soit confié à “ceux qui savent”, que ceux-ci aient la responsabilité formelle de décider des moyens et qu’ils soient responsables de leur décision, directement devant l’électorat.

Je suis tout à fait conscient des implications énormes de consulter la population sur le choix d’un président de banque centrale ou d’un chef d’Etat-Major. C’est une révolution. C’est l’avènement de la démocratie. Y sommes nous prêts ? Si les coups d’épée dans l’eau qu’on donne au palier de l’Europe nous font comprendre que le problème de l’absence de contrôle de la population sur le fonctionnement des institutions est le même aux autres paliers, cet exercice des élections européennes aura été bien utile.

Pierre JC Allard

246. « The shoah must go on » ?   09.06.05

 Je pense que le élections européennes du 7 juin 2009 auront une certaine importance pour la communauté juive de France. J’ai choisi de reproduire ici – et sur Agoravox si on l’accepte – un article que je publiais en septembre 2005 lorsque les colons juifs ont été forcés de quitter Gaza. Je n’y ajouterai pas de commentaires.

«  » C’est un ami juif qui fait dans le show business -même s’il est juif comme je suis chrétien, ce qui veut dire qu’il porte l’étiquette du produit, mais sans suivre les instructions – qui m’a sorti ce jeu de mot tout à fait spontanément, pendant qu’on parlait de Palestine. Cachère ou pas cachère ? Allez donc savoir….!

Comment dit-on aux Juifs qu’on les aime ? Qu’on ne les aime pas toujours, mais qu’on les aime parfois, comme les autres ? Comme Jean Ferrat aime parfois la marine, quand c’est Potemkine qui est en vedette ? J’ai souvent peine à dire à certains Juifs que je les aime, parce qu’il est si difficile de leur dire quoi que ce soit sans leur faire de la peine. On lui dit qu’il est intelligent, il entend roublard ; on lui dit qu’il est gentil (sans jeu de mot), il entend simplet. On lui donne raison ? C’est un piège… Je comprends qu’à être flagellé longtemps on a la peau qui devient sensible, mais comment s’y prend-on pour embrasser un écorché vif ? Problème pratique, car j’ai des Juifs à embrasser.

Il y a quelques jours, 8 500 Juifs ont été déportés de Gaza. Une goutte d’eau dans la Shoah, mais ces gens, depuis des décennies, s’étaient bâti non seulement une maison, mais un espoir. Une vie. Ce n’est pas rien. Le départ de Gaza n’est pas un sacrifice banal. Pour montrer l’échelle, la Déportation des Acadiens, qui a marqué de façon indélébile, depuis des siècles, les relations entre anglos et francos au Canada, a touché 7 000 personnes. !

Le départ de Gaza n’est pas un sacrifice banal. Je voudrais dire qu’au nom de la paix et de la justice, j’apprécie ce sacrifice. Le monde entier l’apprécie, d’ailleurs. L’image d’Israël a pris du mieux depuis cette opération. Beaucoup de mieux. On n’en est pas encore aux années 60, quand il suffisait, sur un bateau croisière, de dire qu’on venait d’Israël pour être applaudi, mais on est sorti de la spirale descendante qui, depuis des années et au rythme des événements palestiniens, semblait vouloir recréer inexorablement une dynamique d’hostilité envers les Juifs.

Le sacrifice de Gaza a eu son effet. Pas seulement pour la paix au Moyen-Orient, mais pour la perception que l’on se fait partout d’Israël et des Juifs. Je suis sûr que ceux qui suivent la courbe de l’antisémitisme vont en voir les résultats tangibles. Seulement eux, d’ailleurs, puisque c’est quand il n’y a rien à voir que l’antisémitisme est jugulé. On ne verra plus rien et tout ira bien. Gaza a été un beau geste et le résultat sera positif. Tout le monde y gagne…

Tout le monde, sauf, bien sûr, les 8 500 déportés de Gaza. Parce que j’aime bien les Juifs – pas toujours, mais souvent – je pense aux perdants de Gaza. Comme je pense à ceux de Bagdad ou de New Orleans, mais avec une dimension de plus. Une dimension de constance dans le malheur. Faut-il vraiment que la judéité ne survive que de sacrifices en sacrifices ? Quand je demande de façon rhétorique si la Shoah doit continuer, je ne fais évidemment pas allusion à l’extermination ; je pense à la souffrance. J’ai l’impression troublante que le monde n’applaudit les Juifs que quand ils souffrent. Comme si c’était le seul rôle dans lequel ils soient exceptionnels.

Les tragédies grecques sont des escarmouches avec le destin ; elles ont un commencement et une fin, puis, comme le disait Melina Mercouri, « dimanche, tout le monde part pour la plage ». La tragédie juive a un air de permanence. 40 ans dans le Sinaï pour entrer, des générations à Babylone, 2 000 ans pour revenir … C’est une tragédie qui a un air de projet à long terme. Quand votre Dieu en personne vous interpelle, pour vous dire, d’abord qu’il vous a choisis et, tout de suite après, qu’il va vous « éprouver impitoyablement dans le creuset », est-ce qu’on peut se préparer à une partie de plaisir ?

Le creuset, c’est de l’or et c’est du feu. L’or est bien là. Il est absolument indéniable, même pour leurs pires détracteurs que, compte tenu de leur nombre, les Juifs ont contribué beaucoup plus que quelque autre groupe à l’évolution de l’humanité. Le feu aussi, toutefois, car le plaisir n’a pas été souvent de la partie. Bénédiction ou malédiction, la promesse été tenue. Est-ce que les Juifs – ceux qui y croient – peuvent et veulent poursuivre un destin qui soit axé sur autre chose que le malheur ? DEVRAIENT-ils le faire ? Sarah Bernhardt – qui était aussi de la famille – aurait-elle dû laisser la tragédie pour jouer Bécassine et faire les Boulevards ?

Je n’ai pas de réponse à cette question. Une question qu’on ne me pose pas, puisqu’à moi l’on n’a rien promis…. Je n’ai pas de réponse. Je veux seulement dire merci à ceux qui ont organisé le sacrifice de Gaza et exprimer ma sympathie envers ceux qui en ont été les victimes expiatoires. Je souhaiterais sincèrement que de temps en temps, ne serait-ce qu’en rappel, on leur laisse ajouter quelque chose de plus gai à leur répertoire.

En attendant, leur malheur n’a pas été inutile. Comme on le fait aux grands acteurs qui nous touchent vraiment, je veux souffler un baiser de loin à ceux qu’on vient encore d’écorcher. Leur envoyer cette accolade, de loin pour ne pas leur faire mal, et leur dire que je les aime bien, même pendant les entractes. »

Pierre JC Allard

247. Le charme discret de la zizanie   09.06.06

 Qui ne connaît pas Louise Harel ? Une tradition, un monument, une de la première heure. Elle a occupé toute une brochette de fonctions au Parti Québécois, dont celle de Chef par intérim du parti, entre Landry et Boisclair. Elle est une de ceux et celles qui ont eu le courage de leurs convictions et se sont désolidarisés de René Lévesque, quand celui-ci a penché plus vers l’association que la souveraineté en novembre 84. Si l’expression « plus catholique que le pape a un sens », elle ne peut mieux s’appliquer qu’à Louise Harel dans sa foi souverainiste.

Je l’ai rencontrée à quelques reprises. Une personne d’un commerce bien agréable, mais sans complaisance dans ses convictions. Je n’ai que du bien à dire de Louise Harel. Elle a gardé pendant 27 ans la confiance de ses commettants et a été – entre autres – Ministre des Affaires municipales et de la Metropole, connaissant donc la problématique de Montréal aussi bien que quiconque. Si quelqu’un a le profil du candidat sur mesure à la mairie de Montral, c’est bien elle.

Simultanément, l’administration Tremblay a pris des airs de catastrophe et les soupçons de corruption se sont accumulés dont personne n’accuse formellement le maire en poste d’être coupable, mais dont bien peu ne croient pas qu’il ne soit responsable, ne serait ce que par une inacceptable naïveté. Le lit de Madame Harel est donc bien fait. Si bien fait, que le chef de l’opposition, Benoit Labonté, lui cède la place sans discussions. Comment pourrait-elle ne pas être triomphalement élue en novembre ?

Il est bien possible qu’elle ne le soit pas, pourtant, car il est loin d’être assuré que cette élection portera sur la compétence des candidats ou leurs promesses respectives. Il est au contraire presque certain qu’elle opposera deux visions déjà bien campées de ce que doit être Montreal… et aussi des loyautés tribales.

D’une part la vision d’une métropole intégrée, conforme au projet de fusion qu’avait justement piloté Madame Harel et qui avait été mené à bon port en 2002, s’opposant à une vision autonomiste, « confédérale » de la gestion de la conurbation montréalaise. C’est cette vision autonomistes qui a eu le dernier mot, pourtant, suite aux réferendums organisés par le gouvernement Charest en 2004 et qui a permis a 31 villes participantes de reprendre une large part de leur autonomie.

D’autre part, des loyautés tribales. Ce sont les municipalités anglophones qui ont voulu prendre leur distance d’un Grand Montréal encore francophone et qui ont obtenu leur autonomie en 2004, par la grâce du gouvernement Charest, lequel leur devait bien cette récompense pour leur indéfectible soutien au parti libéral. On ne votera pas pour Louise Harel dans ces bastions anglophones.

Pas de surprise dans ce clivage, mais il faut être conscient que les enjeux pour le bien de Montreal ne joueront pas le premier rôle dans les décisions de vote qui seront prises en novembre. La plupart des électeurs y arriveront avec des préjugés solides, totalement imperméables à toute remise en question.

La réalité, c’est qu’on votera pour ou contre une centralisation accrue et que les opposants à la centralisation seront surtout les anglophones. Qui gagnera cette lutte dépendra du talent de chaque parti et des moyens dont ils disposeront l’un et l’autre pour motiver et mobiliser leurs troupes.

Je ne sais pas qui aura l’avantage, mais je suis absolument certain que le candidat qui l’emportera aura gagné pour de bien mauvaises raisons et qu’il en sortira une communauté montréalaise plus divisée que jamais. Je ne vois pas l’intérêt pour Montréal de devenir une simple volet du dossier national et pour un temps le champ de bataille de ceux qui s’affrontent dans ce dossier.

La compétence accrue que pourrait apporter Louise Harel à la gestion de la metropole justifie-t-elle cet antagonisme qu’on va raviver ? Je ne me prononce pas aujourd’hui sur cette question, mais à chacun d’en juger.

Pierre JC Allard

248. Salaam Aleikum !   09.06.07

Obama est allé au Caire offrir la paix : Salaam ! Il en a profité pour dire aux amis juifs d’Israel et de la diaspora qu’ils étaient ses bons amis, mais souligner qu’il ne plaisantait pas lorsqu’il parlait de Palestine. C’est là qu’il va sceller la paix. Je pense au sifflet du train qui passe et vous salue, mais dont le salut est péremptoire : je passe.

Je ne me lasse pas de suivre avec attention – et je l’avoue, avec admiration – les discours d’Obama qui semblent constituer un seul message structuré et bien pédagogique en plusieurs volets, pour faire comprendre à tous que le monde a changé et que ce sont de nouvelles règles qui s’appliquent.

Tout se tient dans cette démarche, tous les rappels sont là, comme dans une symphonie classique et l’on en arrive à prévoir les développements et le phrasé. Rien n’est laissé au hasard dans son périple. Chez Chrysler et GM, la leçon sur le travail. Aujourd’hui, la leçon sur la paix. Demain, en France… on verra. On tire du message d’Obama une double conclusion, alternativement rassurante et inquiétante, selon l’humeur qu’on a.

Rassurante, parce que l’on n’a plus le sentiment d’improvisation qui nous étreignait, il y a quelques années, quand on tentait vainement de suivre la logique de la politique américaine et qu’on ne voyait qu’une foire d’empoigne entre des individualistes balourds, sans idées et sans idéaux, On se sentait à la merci d’une bêtise. Je suis maintenant persuadé qu’il existe un PLAN, que ce plan n’est pas celui d’un homme, mais celui d’une équipe et qu’il n’a pas été conçu il y a quelques semaines, mais il y a des années.

On peut maintenant comprendre ce qui se fait et donc prévoir ce qui sera fait. On peut errer, en faisant ces prévisions. Errer d’autant plus aisément que certains aspects de ce plan ne peuvent se réaliser au mieux que si certains de ceux qu’il concerne agissent spontanément, et que des efforts sont donc faits pour que ce plan leur reste inconnu. Mais la ligne directrice est claire et, si l’on s’égare à un tournant, on peut s’y retrouver au suivant… Il y a un capitaine sur le navire et l’on a mis le cap vers quelque part. Rassurant.

Inquiétant, aussi, cependant, car l’existence d’un plan suppose un déterminisme et une détermination. Un déterminisme incompatible avec la vision d’un monde de libre-arbitre qu’on m’a inculquée depuis que j’ai l’âge de me balader seul. Depuis qu’on m’a dit que c’est moi qui ferait mon destin, dans un monde démocratique dont moi et d’autres comme moi choisirions ensemble la voie. Tous égaux. Tout ça se termine quand il y a un plan.

Quand le cap est choisi, il n’y a qu’à l’accepter. On ne m’a pas consulté. Au mieux, on me consolera si je semble déçu. On le fera si bien que j’en oublierai que j’aurais pu vouloir autre chose. Si quelque chose en moi résiste, tout le monde – et moi le premier, sans doute – saurons que ce quelque chose est une imperfection. En attendant que je m’en corrige, j’aurai devant moi, au service de ce déterminisme, une froide détermination. On me bousculera le moins possible, mais c’est moi qui devrai changer : le plan ne changera pas.

La logique d’un monde d’interdépendance auquel la technologie impose la cohérence vient de nous rejoindre. Les dinosaures qui s’accrochaient à des préjugés et des émotions et qui voulaient gérer le monde selon leurs caprices sont mis à la retraite. Ils étaient souvent bêtes, parfois méchants. Humains, trop humains. Maintenant on va regler les crises une à une, mettant les dinosaures à l’écart, là où ils ne piétineront personne.

On va redistribuer la richesse, lentement, mais sûrement, car la misère est un inconvénient. Produire autre chose et travailler autrement, car on salit le nid et l’on n’en tire même pas ce que l’on veut vraiment . Vivre en paix, car il y a pour tous… Il faudra seulement ne pas trop discuter et, au moins pour un temps, ne parler de liberté qu’en mode poétique.

Pierre JC Allard

249. Partir du pied gauche… 09.06.08

 L’Europe a voté. Sans beaucoup d’enthousiasme et sans se prononcer pour de grands changements. Avec la prudence qui sied à un temps où l’on peut encore se bercer de l’illusion que cette crise n’est pas terminale de la société que nous avons connue. Prudence, mais, ici et là, en Angleterre et aux Pays-Bas, entre autres, une radicalisation se dessine qui n’est pas une surprise… À moins qu’on ne veuille voir comme une surprise que cette radicalisation n’aille que vers la Droite…

Le message le plus clair de ces élections, c’est que la Gauche stagne. Les Écolos font en France un aussi bon carton que les héritiers de Jaures, pendant que les Besancenot et Melenchon ne rejoignent même pas le score d’un Le Pen pourtant bien vieux ! Pourquoi la Gauche ne représente-t-elle plus l’alternative du changement ? Parce que la Gauche s’est scindée en deux factions.

Un Parti Socialiste corporatiste, qui a réussi sa rentrée à la mezzanine, sinon au piano nobile de la société moderne … et les autres. Les autres, c’est-à-dire les démunis, les marginaux, les précaires, les irrécupérables, dont les bien-pensants se sont sommairement délestés pour parvenir à la respectabilité électorale républicaine et dont ils n’assument plus vraiment les combats, sauf du bout de la plume, tenue à longueur de bras par des intellectuels qui ne voient même pas le clivage.

On a un PS de centre-gauche qui se veut « Mouvement Démocrate », n’attendant que la naissance d’un « Mouvement Républicain » à sa droite qui lui donnera les répliques attendues pour devenir la moitié d’une démocratie à l’Américaine où il n’existera qu’un seule politique qui fera consensus et dont tout désir de changement sera exclu. Cette Gauche n’a pas de projet de société, Elle n’a pas un grand dessein à proposer. Cette Gauche ennuie.

À gauche de cette Gauche sans dessein, se coagulent en groupuscules ceux qui voudraient des changements plus radicaux, mais qui n’ont ni la voix ni les moyens de devenir un parti de gouvernance. Ils pourraient innover et tracer les plans pour une nouvelle société, mais seuls ils ne constitueront jamais une option électorale crédible. Il resteront du folklore, si le PS ne leur tend pas la main.

Si le PS préfère se mettre en ligne au centre, pour avoir épisodiquement accès au peu de pouvoir que peuvent avoir les gouvernements élus dans un régime néolibéral, ceux qui veulent de vrais changements ne pourront espérer un progrès lent, mais au moins constant vers la justice sociale par les voies de la démocratie. Tôt ou tard ces démunis, ces marginaux, ces précaires, ces irrécupérables dont le nombre et la colère augmenteront reviendront en force et par la force. Il est dommage qu’on ne lise plus l’Histoire.

Si la Gauche veut se refonder sur ses racines, et non dans une potiche, il faut que le PS aille vers cette gauche radicale et non vers le centre. Il en naitraît une alternative. Une Gauche unie pourrait tout de suite se fixer au moins quelques objectifs…

1. Mettre en place un programme universel de recyclage/formation afin que TOUS puissent être réinsérés dans le processus de production ;
2. Augmenter les salaires et le prix du travail, pour qu’ils coïncident avec le niveau de consommation compatible avec la production;
3. Éliminer toute sécurité d’emploi et la remplacer par une sécurité du revenu par paliers ;
4. Modifier le système électoral pour que les élus représentent leurs électeurs et non des partis ;
5. Nationaliser les banques et redonner à l’État le contrôle direct sur l’émission de monnaie ;
6. Eliminer l’impôt sur le revenu et la TVA, ainsi que toute mesure fiscale à l’exception d’un impôt sur le capital;
7. Rembourser la dette publique en la portant au patrimoine des contribuables au prorata de leurs avoirs;
8. Restructurer la profession médicale et augmenter le nombre des ressources en santé pour en faire la première priorité
9. Nationaliser la recherche médicale et l’industrie pharmaceutique ;
10 Assurer la totale gratuité de tout processus judiciaire et universaliser l’arbitrage en matières contractuelles;
11 Reconnaître la violence comme une pathologie, en tirant les conséquences sur le crime, la récidive et le système carcéral;
12 Rendre toute immigration conditionnelle à l’adhésion formelle à un « Contrat Social » explicitant les valeurs républicaines;
13 Mettre fin à toute immigration illégale, en réservant l’accès aux services aux signataires de ce contrat social ;
14 Alléger la fonction publique et en accélérer les processus, en réglant par Internet la plus grande partie des contacts avec les administrés ;
15 Remplacer le mondialisme par un politique d’import-export en complémentarité avec l’optimisation de la production interne ;
16 Reconnaître les effets négatifs de la colonisation et payer durant 50 ans aux ex-colonies une compensation annuelle à débattre ;
17 Assurer la défense nationale, mais en réaffirmant les principes de non agression et de non ingérence ;
18 Favoriser l’intégration à l’Europe et l’appartenance à des entités supranationales, en ce qui ne contrevient pas aux objectifs ci-dessus.

Cela pour un début, bien sûr, car il y a bien plus à faire… Mais agir vite, car la crise actuelle est une invitation au voyage. Si on ne part pas du pied gauche, on pourrait se retrouver bien loin de ce à quoi profondément l’on aspire.

Pierre JC Allard

250. La gouvernance des timorés 09.06.09

 Pourquoi sui-je si intensément dégoûté de la gouvernance que nous avons en ce pays, en cette province et en cette ville ? Parce que je vois la peur partout. Parce qu’ayant peur on ne bouge pas, que ne bougeant pas on ne fait rien et que ne faisant rien nous ne sommes plus les acteurs, mais les simples spectateurs de ce qui nous arrive. Je ne blâme pas tant Tremblay, Charest et Harper de ce qu’ils font, que de ce qu’ils ne font pas. Et je ne lis pas dans les yeux de ceux qui veulent les remplacer une autre détermination que celle de vouloir les remplacer. Des timorés à l’affût d’autres timorés

Il y a tant, et tant de choses qu’on a peur de faire… Les plus graves méritent qu’on s’y arrête, qu’on en discute en profondeur et je le fais parfois, mais il y a aussi tous les petits dossiers qui trainent et qui cachent les grands. Ceux auxquels on ne prend pas le temps de s’arrêter, mais qui ne sont pas résolus non plus et qu’on a peur de régler aussi… Aujourd’hui je vais en souligner deux (2). J’aurais pu en souligner 20 … Regardez autour de vous, jusqu’à ce que vous soyez aussi parfaitement dégoûtés. Peut-être, alors, exigerons-nous tous ensemble que quelque chose BOUGE

Prenons d’abord cette destitution de Guy Chaput, Président de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) Il a fait des dépenses exagérées et on le vire. Ah bon… Un geste vertueux ? Je trouverais ce geste vertueux si l’on avait réagi à une escroquerie ou à une corruption, mais on ne l’en accuse pas. J’en déduis qu’il n’en est pas coupable. Il a fait des dépenses exagérées, comme une ci-devant lieutenant-gouverneure qu’on avait aussi critiquée. On a jasé un peu, puis tout s’est calmé…

Ici aussi, il semble qu’on attende que les choses se calment. Pourtant, j’aurais bien aimé savoir si Chaput faisait ou ne faisait pas un bon travail. Parce que j’aime mieux payer plus cher pour un bon travail que moins cher pour un travail qui n’est pas fait.

Le travail qui n’est as fait est toujours trop cher. Or, Je vois souvent dans les officines de l’État beaucoup de travail qui n’est pas fait et dont les timorés ne parlent pas… Qu’est ce qu’on fait à la SODEC ? Le fait-on bien ? C’est ça l’important.

On a viré Chaput sans qu’il soit même question du travail fait et à des conditions qui laissent supposer qu’on n’avait rien à lui reprocher. On a acheté son départ. On a eu peur de lui faire un procés – sans doute à raison – mais on l’a donc condamné sans procès. Avait-on une autre raison de livrer une victime expiatoire à la meute des envieux que d’éviter que le bon peuple ne regarde de trop près les comptes de dépenses des autres fonctionnaires et gouvernants ?

N’est-il pas évident qu’on a eu peur de l’opinion publique ? Je ne vois rien de vertueux à avoir pris Chaput comme bouc émissaire, seulement une terrible trouille.. Peur qu’on ne fouille trop dans cettte apparence de corruption qui flotte autour des commandite, des viaducs qui tombent, des compteurs d’eau… de tout ce qui se fait à tous les paliers de la gouvernance de nos timorés.

Autre dossier, ce projet de téléphérique pour relier le Vieux-Port à St-Lambert. La Société du Vieux-Port de Montréal ne permet pas à la compagnie Skyline l’autorisation de le construire. Pourquoi ? Ce n’est pas un projet de Martiens, il y a des télécabines un peu partout dans le monde. Les commerçants de la zone le réclament et le promoteur ne demande des sous à personne. De quoi a-t-on peur ?

Le comité de la Ville de Montréal chargé d’analyser le projet ne s’est pas « prononcé ». Il attend quoi ? Quel geste devrait poser le promoteur pour susciter un peu d’intérêt ? Pourquoi le ministre responsable de la métropole ne se prononce-t-il pas lui non plus ?

il semble que faire quoi que ce soit fait peur. Et quand on a peur des petits projets, on a encore plus peur des grands, comme on a eu peur de ces milliards que le Cirque du Soleil voulait investir dans un projet de casino et qu’on a refusés… Pourquoi prouver qu’on est là seulement en faisant en sorte que rien ne se réalise ? Encore des gestes qu’on n’a pas faits ?

Moi, ce qui me fait peur, c’est qu’à être gouvernés par des gens qui ont peur de tout, on en vienne à ne plus avoir peur de ce dont on devrait vraiment avoir peur: l’immobilisme, l’insignifiance et la décrépitude progressive d’une société à laquelle on ne propose rien.

Pierre JC Allard

251. Bayrou. Météores et juments vertes   09.96.10

Qui aujourd’hui miserait cent sous sur l’avenir politique de François Bayrou ?   “Mort” et “cuit” sont les épithètes que lui accollent les blogueurs.  Le  météore apparu aux dernières présidentielles – et qu’on avait voulu garder en résere pour un match revanche en 2012 – vient de disparaitre du firmament politique en quelques heures. Il aura suffi de quelques quitte ou double qu’il a perdus contre Cohn-Bendit et Sofres, puis des medias.   Il ne reviendra pas . «Un mort qui ressuscite déçoit toujours un peu son monde» –  disait Marcel Aymé…  On  ne permettra pas à Bayrou de décevoir davantage

On ne laissera pas Bayrou gâcher l’espoir du Centre en 2012. Un grand espoir, car l’égregore du Modem est toujours là. Il y a sa clientèle de rénovateurs idéalistes à prendre, avec, juste  à côté, celles des Écolos jeunes et vieux et des nostalgiques de Mai 68 ou même de Lecanuet !   C’est une base à laquelle il faut ajouter tous ces abstentionnistes qui ne sont vraiment ni à gauche ni a droite,  pas vraiment fâchés, mais pas tres heureux non plus.  C’est ce magma centriste qui est la source la plus probable du prochain pouvoir.

Tous ces tièdes sociaux voient que l’UMP est le parti d’un seul homme – parfois bien irritant ! – et que la Gauche n’est qu’une idée qu’on s’est partagée et qu’on a mise en dormance.  Avec la crise, on louchera vers les extrêmes, mais il suffit, pour que le Centre s’impose, qu’aparaisse l’homme ou la femme charismatique qui viendra dire aux Français que le salut passe par le rejet de la Gauche comme de la Droite et que leur abstention aux européennes a été un geste de lucidité et de courage… La priorité ?  Construire un large consensus…

Ce mouvement vers le centre a commencé avec  Ségolène, arrachant l’investiture du PS en prenant de front les éléphants. Segolene avait la cote d’amour et les sondages pour elle. Elle allait vers un triomphe… mais un mauvais virage vers la Gauche, alors que le Centre l’attendait, et Bayrou l’a doublée sur sa droite, lui ravissant ce centre qui bascule à gauche ou à droite et qui donne les victoires.

Si Segolène avait été plus machiavélique, elle aurait  laissé la presidence à Bayrou en échange de son soutien aux Législatives.  Forte de cet appui, elle aurait mené son équipe  à une victoire facile contre  l’UMP puis, s’appuyant sur la structure du PS  – dont Bayrou n’avait pas l’équivalent – elle aurait exercé le vrai pouvoir.  La France aurait été au centre… mais teintée de gauche.   Elle ne l’a pas fait.  Son heure a passé. 

L’heure est maintenant  à un « Extreme-Centre », teinté de rien.   Un consensus  s’appuyant sur les désenchantés de la politiques qui apparaissent  comme la seule majorité.  N’est-ce pas l’heure de Bayrou ?   NON. La France voudrait un Bayrou… mais pas Bayrou.  Parce qu’il a déçu ?   Il n’aurait pas déçu qu’elle n’en voudrait pas plus !  Il a déjà servi.

On est désormais en démocratie pipole. Bayrou est « usagé », alors qu’on veut du neuf.  Comme aux USA, ou les candiats battus ne reviennent pas. Même Al Gore, qui avait tout pour revenir, a compris que la plèbe veut toujours un nouveau gladiateur dans l’arène.

Dans un monde ou les idées sont façonnées sur mesure au gré des sondages –  et où ce qui sera fait  ne devra rien à ce qui aura été dit – la politique doit être conçue comme pure imagerie. Le peuple veut un conte de fées.  Il veut un héros qui parte de très bas pour pouvoir monter très haut, tres vite, car c’est à l’ascension du météore que la foule veut s’identifier, C’est là qu’elle trouve son plaisir.. Elle exige que l’on gagne du premier coup, comme Obama, ou qu’on disparaisse.

Il y a une prime de popularité qui accompagne la curiosité pour la dernière trouvaille.   On cherche donc le candidat qui va surprendre. Tant mieux si le cheval court, mais d’abord qu’il étonne !  On a parlé  de Marcel Aymé ?  Disons que le peuple cherche une « jument verte ».  Ceux qui n’étonnent pas ne se rendent même pas au départ.  Segolene ou Bayrou ?  C’était hier.  Besancenot ?  C’était ce matin et il semble bien qu’il va vers la sortie…

Si quelqu’un peut vaincre Sarkozy en 2012, ne le cherchez pas: il est trop tôt.  On verra bientôt trotter sous les vivas, sur la piste Internet, Melenchon,  Cohn-Bendit, Joly, tous les vieux  et  quelques jeunes  aussi, sans doute, mais la Jument verte n’arrivera que vers la fin 2011. Elle arrivera en météore, comme Bayrou.  Elle ne galopera pas avant 2011, sans quoi on s’en lasserait… comme de Bayrou…

Pierre JC Allard

252. Des référendums sectoriels à bas prix ?   09.06.11

Madame Marois nous parle de référendums sectoriels et Monsieur Parizeau apporte sa caution, en introduisant toutefois un caveat :  Allons-y mollo, car chaque  réferendum coute tout de même 85  million !  Je suis heureux qu’on aborde ce sujet, car je parle depuis 20 ans de consultations populaires sectorielles.  Bien heureux, car je crois qu’il y a une solution pratique à la question des coûts et des efforts qu’exige une consultation référendaire.

Quand je suggérais des consultations  populaires fréquentes, il ne s’agissait  pas pour moi de départager les compétences fédérales et provinciales, mais plutôt de donner à l’État quelques mandats impératifs en divers domaines. Je reviendrai sur ces consultation et ces mandats imperatifs, car je crois cette question importante, mais il s’agit uniquement ici de constater que la méthode que je proposais pour réaliser ces consultations populaires est parfaitement applicable au réferendums sectoriels dont il est maintenant question. … ce qui permet de les réaliser à bon prix.

Comment ?  En utilisant le réseau Interac qui relie les institutions financières et permet la compensation des transactions.  Imaginons une entité – le Bureau des Élections –  pouvant accéder au réseau Interac comme une institution financière et ouvrant d’abord à chaque citoyen-électeur un compte “électoral”. À chacun d’eux on remet aussi un “Carte Citoyenne”, semblable  à ces cartes de debit que nous connaissons tous et à laquelle le détenteur assigne un mot de passe,

Il ne s’agit pas d’argent, dans ce compte, mais de droits de vote.  Au départ le compte est vide, mais l’État qui veut faire voter ses citoyens, ou tout segment d’entre eux, peut leur créditer à chacun  UN (1) vote au moment qu’il juge opportun.

Quand le compte a été ainsi “approvisionné”, le citoyen peut voter à tout guichet automatique en introduisant sa carte et son mot de passe. La machine rend son vote disponible, débite son compte, puis coupe le lien avec ce compte pour fins de confidentialité du scrutin, après quoi seulement elle lui émet un numéro aléatoire généré par ordinateur et fait apparaitre à l’écran les options de vote dont il dispose pour cette consultation.  L’électeur fait son choix et reçoit confirmation écrite du vote exprimé, portant reference du numéro d’identification aléatoire.

A tout moment, pour une période qu’on détermine, l’électeur peut introduire son numéro d’identification aléatoire et se verra alors confirmer le vote qu’il a exprimé. Une possibilité de contrôle citoyen bien dissuasive de toute manipulation, puisque l’électeur qui prétendra que le vote que lui indique le système n’est pas celui qu’il a fait en aura en main la preuve écrite !

C’est la sommation de tous les votes identifés par les numéros  aléatoires qui donne le résultat de l’élection et la confidentialité des électeurs est totalement préservée.   On comprend, cependant, que le même processus peut servir a sonder formellement la population avec régularité sur toute question d’intérêt.

Si on veut alors obtenir des échantillonnages statistiquement valides, on peut mettre à la carte citoyenne des codes générant des nombres aléatoire à l’intérieur de catégories pré-identifiées et indiquant les catégories démographiques ou socioéconomiques du détenteur sans devoir dévoiler son identité,

Non seulement les référenduns sectoriels deviennent faciles, mais des sondages préalables peu couteux permettent de savoir ce que l’électeur veut et de lui poser la question qui correspond  à ses désirs. N’est-ce pas ça, la vraie démocratie ?

Pierre JC Allard

253. Tien-an-Mein  09.06.12

Tien-an-Mein, il y a 20 ans, ça vous dit quelque chose ?  Ce type face aux tanks, c’était il y a dix ans, vingt ans, cent ans ? L’immense majorité des gens ne savent plus trop.  Il s’est passé tant de choses à Pékin, Peiping, Beijing  depuis des siècles et des siècles…  On ne commémorera rien à Beijing cette année.

Les événements de 1989 ?  Les survivants qui voudraient en parler sont bloqués à la frontière. Ceux qui voudraient distribuer des tracts seront houspillés et on ne les verra même pas, dans le flot des millions de voitures à Beijing. Dans le flux des milliards de dollars qui vont et viennent,  entre un monde qui ne sait plus si son fric vaut encore quelque chose pour rembourser cette Chine  à qui on doit des trillions. Une Chine qui passe impassible comme la proverbiales caravane,  pendant que ça jappe autour de l’empire du Milieu redevenu le centre.

On parlera de 1989 sur l’Internet, mais ce n’est pas ça que les Chinois regardent  sur Internet.  Les 250 millions d’internautes chinois – ils sont maintenant plus nombreux qu’aux USA, – regardent  les nouvelles d’une Chine qui progresse, d’une pauvreté qui régresse, des Jeux Olympiques qui ont été un colossal succès, d’un monde qui maintenant les respecte.   Ils regardent Jackie Chan, leur idole du King Fu qui leur dit que la démocratie n’est pas nécessairement une option pour la Chine.  Et ils n’en sont pas choqués

Les Chinois ne sont choqués de rien de ce qui nous choque. Oui, oui, il y a encore des Tibétains, mais si peu et ils sont si loin de Tien-an-Mein….   Il y a des Ouighours, aussi, une vague tribu de Turcomans, à la frontière ouest, dans les sables, sur la route de la soie. Pittoresques. On leur bâtira un train, aussi, comme aux Tibétains, quand on aura le temps.  Tibétains et Ouighours sont à la Chine ce que sont les Albanais à l’Europe.  On n’en parle que s’ils font des problemes. Et même s’ils font des problèmes, ce sont des problèmes sans grand intérêt. L’important, c’est le prochain super-périphérique à Shanghai. C’est gérer trois cents millions de ruraux qui veulent s’urbaniser.

Tien-an-Mein  ?  Le grand non-dit, c’est ce soupçon que, si la Chine de 1989 eut été celle d ‘aujourd’hui, ils n’auraient pas été si nombreux sur la place… Les Chinois trouveraient regrettable que les Français fassent tout un plat de ces échaffourées, d’il y a 20 ans, mais s’ils en font un, on ne paniquera pas dans les rizières.  On haussera les épaules.  Les Chinois sont contents.  Ce que nous  pensons de la politique chinoise n’intéresse plus les Chinois. La Chine, c’est 20 fois la France.

Alors on regarde comment le géant marche et on en est plutôt a prendre des leçons qu’à en donner.   Comment fait-on pour que l’ordre règne en Chine ?  Comment peut-on tant faire produire  et pourquoi si peu de récriminations ?  Comment reussit-on a faire l’impasse sur les droits de l’homme, sur la liberté d’expression, sur la mémoire collective, sélectivement épurée du mal pour ne plus être qu’une ascension droite vers le progrès et la richesse. ?

Évidemment, ce n’est pas le modèle que nous voudrions, mais nous voudrions bien que le modèle que nous voulons fasse un tel consensus.   Pourquoi NOTRE modèle démocratique est-il si contesté, alors que la tyrannie à la chinoise l’est si peu ?  Est-ce uniquement que la contestation est visible chez nous, dans un contexte de liberté, alors qu’elle est la-bas invisible sous la répression ?   C’est ce qu’on veut croire,  mais ne serait-ce pas un peu, aussi, que des moyens que nous jugeons  inacceptables le semblent moins à ceux qui en voient des effets positifs ?  Alors que la mansuétude ne suffit pas à rendre populaires nos politiques européennes qui semblent incohérentes.

Il y a longtemps qu’on se gargarise du mot « liberté », mais Eluard n’a rien dit de l’écrire sur l’hypocrisie, la corruption, l’insignifiance…  Il semble que les Chinois ont d’autres priorités. Est-on bien sûr que même les Occidentaux, aujourd’hui, ne sacrifieraient pas une part de cette liberté qu’on idolâtre , pour qu’on leur offre plus d’égalité, plus de fraternité et la dignité d’un projet de société qui ne se limite pas au constat résigné du déclin de notre civilisation ?  Je n’ai pas de réponse. Je m’interroge. Il faut s’interroger

Pierre JC Allard

254. Élections en Iran… et le « bazargan » 09.06.13

12 juin 2009, élections en Iran.  Le Président Ahmadinejad  joue sa carrière politique.  Pour beaucoup – pas pour vous, qui êtes des aficionados de politique, mais pour Quidam Lambda, ses copains et son beauf – des élections en Iran, c’est déjà une surprise.  On ne s’attend pas vraiment à ce que les gens votent au Moyen-Orient.   On s’y attend encore moins en Iran, dont la propagande américaine, depuis des années, a fait la pièce maîtresse de l’Axe du Mal.

Ils votent !  Étonnant.. On s’est déjà étonné qu’on puisse même être Persan, alors imaginez, Persan et démocrate… ! Comment peut-on être démocrate et assez méchant pour faire de bombes atomiques !   N’y pensez pas, vous allez développer des dissonances cognitives…  Sachez seulement qu’ils votent. 47 millions d’électeurs, pour une population qui a maintenant dépassé celle de la France.

 Démocrates, donc ?  Oui.. mais avec un bémol. Ce n’est pas Ahmadinejad, ni Mir Hossein Moussavi, son opposant  à la présidence qui aura vraiment le pouvoir. Le vrai pouvoir, en Iran, c’est le Guide Suprême qui l’exerce : Ali Khamenei, l’héritier spirituel de l’Ayatollah Khomeiny.  Il n’est pas élu. Son pouvoir vient du clergé ou de Dieu, une distinction toujours floue dans les théocraties. L’Iran est une théocratie

Le Guide n’est pas élu. Le rapport du Guide au Président, en Iran, n’est donc pas celui  de Sarkozy à Fillon, mais plutôt celui au Parlement européen de la Commission européenne qui n’est pas élue elle non plus.  Peu de vrai pouvoir, donc, pour ce président qu’on va élire. On pourrait se demander pourquoi  les Iraniens se bousculeraient au portillon pour voter, ce que nous n’avons certes pas fait pour nos représentants à Strasbourg,

Pourquoi ? Parce que ce n’est pas si simple…  Souvenons-nous que les Ottomans – qui ont préservé pour nous le mot « byzantin » et s’y connaissent en intrigues –  en ont appris l’art aux pieds de leurs maîtres persans…   Les astuces que nous pouvons imaginer concernant ces élections en Iran sont sans doute vénielles à côté de ce qui s’y passe vraiment.  Et il y a, sur la scène iranienne, un personnage bien intéressant : Hachemi Rafsandjani

Rafsandjani est un bazargan, un de ces hommes d’affaires milliardaires qui sont bien respectés et font parfois l’objet d’une crainte révérencielle en Iran. Il a été proche de l’Ayatollah Khomeiny.  Assez versatile pour négocier des achats d’armes avec la France, être nommé commandant en chef des armées iraniennes le temps de faire la paix avec l’Irak, régler – au téléphone ! – avec Bush père le déblocage de USD$ 12 milliards d’avoir iraniens gelés aux USA, ordonner au Hezbollah d’interrompre les exécutions d’otages au Liban… puis devenir Président de la République iranienne en 1989.

Il le restera jusqu’en 1997, mais même après ne disparaîtra pas. Alternativement conservateur et reformateur, aussi important que peut l’être un laic dans une théocratie. Peut-être trop important…  En 2005, il se représente favori à la présidence, mais est battu par Ahmadinejad. Que Ahmadinejad ait pu triompher de Rafsandjani est la plus sérieuse indication qu’une véritable démocratie  puisse existe en Iran.   On peut aussi penser cyniquement que le Guide Ali Khamenei lui-même ait soutenu Ahmadinejad, se débarrassant ainsi de Rafsandjani, un pouvoir inquiétant derrière le trone.

Ne s’en débarrassant pas tout à fait, cependant… Rafsandjani, devenu leader du Conseil de Discernement – qui exerce sur le Parlement le même contrôle non-démocratique que le Guide sur le Président – est encore bien présent…  Il vient justement de se plaindre au Guide d’avoir été, lui et ses fils, accusé de corruption par Ahmadinejad… et le Guide demeure bien silencieux.

Sera-t-on surpris que Rafsandjani soutienne la candidature de Moussavi contre Ahmadinejad à la Présidence ? Même si le pouvoir n’est pas dans la Présidence, le résultat du vote est crucial, car si Ahmadinejad trébuchait – ce qui est bien improbable, mais qui sait les forces qui sont à l’oeuvre – c’est la popularité de toute cette structure théocratique en Iran qu’il faudrait réévaluer.  On le fera cette fois, ou la prochaine…ou plus tard, mais on le fera, un jour, car rien n’est éternel…

Or, dans un Iran laïque, PERSONNE n’en mènerait  plus large que Rafsandjani, le bazargan habile et sans scrupules, ni  réformateur ni conservateur, mais essentiellement pragmatique…. Et qui sait parler aux Américains.

Pierre JC Allard

255. Mexique, drogue et corruption   09.06.14

L’Amérique est en travail.  Changer le système financier, changer le structure industrielle, mettre en place une gouvernance plus paternaliste, avec un couverture sociale digne d’un pays riche civilisé, tout en maintenant le développement de l’entrepreneuriat qui doit être la formule de l’avenir dans une économie tertiaire… Il y a du pain sur la planche.

Tout ca en réhabilitant l’image de l’Amérique dans le monde, en assurant la paix et en mettant fin aux relents de racismes qui alimentent la menace d’un communautarisme que favorise l’immigration en provenance des pays d’Amérique latine.   11 millions d’immigrés illégaux aux USA, dont la grande majorité de culture hispanoaméricaine. Un gros morceau à assimiler.

Surtout que ces Latinos ne sont pas vraiment des orphelins. Ils ont avec eux aux USA  30 millions  d’autres immigrants déjà citoyens ou en passe de le devenir et, surtout, derriere eux, le poids de bientôt 500 millions  d’autres Bresiliens, Mexicains, Colombiens, etc qui ont fait de l’Americain anglo-saxon un minoritaire sur ce qu’il croyait bien être « son » continent, en attendant qu’il le devienne aussi bientôt aux USA.

Cette transformation des USA en un territoire latin au sein d’un continent latin, oblige à gérer comme des problémes domestiques ce qu’on aurait encore vu, il y a 10 ans à peine, comme des dossiers étrangers.  Parmi ces dossiers en voie d’être internalisés, le plus grave est celui de la drogue.   Pas la drogue comme vice ou assuétude ; la drogue comme cause de violence.

Les USA sont à se rendre compte qu’ils ne peuvent pas vivre confortablement chez-eux, si entre en anarchie ou en guerre civile un pays qui les côtoie sur 3 000 kilometres de frontières, est l’un de leurs principaux partenaires commerciaux… et est par surcroit le lieu d’origine d’une part importante et croissante de leur population !

La situation  au Mexique se détériore rapidement. Des douzaines de morts, chaque jour, illustrent l’emprise croissante du narcotrafic sur l’économie et donc sur la société mexicaine et il est évident, pour quiconque a une certaine connaissance des faits et de l’histoire, que la situation ne peut qu’aller de mal en pis.

On feint de voir le phénoméne comme marginal, alors qu’il est l’expression emblématique du naufrage de la société mexicaine, lui-même prémonitoire de la désagrégation sociale de TOUS les pays du tiers-monde.   La problématique se résume en trois (3) phrases.

1) Dans une société pauvre où l’industrie et le commerce ne bénéficient qu’aux détenteurs de capitaux, c’est la criminalité qui est devenue la seule source raisonnable d’enrichissement pour les classes défavorisées.

2) Pour les classes aisées, la voie royale vers plus de richesse est la corruption.  À tous les niveaux et sous toutes ses formes.

3) Quand la criminalité et la corruption sont les activités les plus rentables, le lien entre gouvernants et gouvernés se brise et le désordre s’installe… jusqu’à ce que des factions se créent qui batailleront pour le pouvoir.

C’est la situation au Mexique et, si les USA n’interviennent pas, ils auront l’anarchie à leur frontière.  Des douzaines de Pancho Villa, mais sans romantisme et dont la plupart auront un cousin aux USA, peut-être même dans l’administration américaine…  La gangrène.

S’ils se font inviter à intervenir, pour des actions policières, ils seront eux, les éléments étrangers, les seuls éléments loyaux à l’État.  Il se créera contre eux un antagonisme des forces nationales, certaines sincèrement opposées à ce qui semblera une invasion américaine … d’autres simplement corrompues par les cartels de trafiquants. De ces actions policières à des actions militaires, le passage est facile et tient uniquement l’envergure des opérations. Si les USA interviennent ainsi au Mexique, ils y recréeront peu à peu un autre Irak.

La seule façon d’échapper à ce dilemme serait de saboter la corruption au Mexique en la privant de ses fonds. La priver de ses fonds, c’est la légalisation de la consomation de la drogue aux USA. Une mesure qui demanderait à Obama plus de courage qu’aucune des nombreuses autres décisions qu’il a à prendre…

Pierre JC Allard

256. Un mauvais moment… 09.06.15

J’ai dit souvent récemment, sur mon blogue et ailleurs, que je suis bien satisfait de la façon dont l’Éstablishment américain est à réaliser sa conversion, d’un système capitaliste générateur de trop d’inégalités, vers un système plus paternaliste dont c’est la mission d’Obama de réaliser la mise en place sans effusion de sang.

Quand je dis satisfait, cependant, comprenons bien, que c’est la satisfaction d’un malade en phase terminale qui approuve les arrangements qu’on a fait pour ses obsèques. J’aime la créativité, l’initiative dans l’effort, la liberté d’expression et j’ai passé la plus grande partie de ma vie à fraterniser avec d’autres cultures. Pour ceux qui ont ces idéaux, il y aura un mauvais moment à passer.

Ce n’est pas de gaieté de cœur que je constate que le monde DOIT aller vers un forme de collectivisation, de normalisation, d’enrégimentement, accompagné pour chacun d’un repli sur ses valeurs et ses frontières. Cette orientation m’attriste, mais je l’accepte, car je la vois absolument nécessaire : il n’y a pas d’autre moyen de corriger le mauvais virage que notre civilisation a pris il y a 60 ans.

On aurait pu, il y a 60 ans, prendre un autre virage. Au lieu de la Guerre Froide avec l’URSS, on aurait pu accepter, à la dimension de tout l’Occident, une lente évolution vers un plus grande présence de l’État dans la société, jointe à un respect des droits acquis et d’un nécessaire esprit d’entreprise. On aurait pu choisir de permettre de raisonnables inégalités, tout en faisant barrage à la misère.

Barrage à la misère que nous avions laissée s’installer chez-nous et aussi à celle que nous avions contribué à créer chez les autres. Au lieu de cette décolonisation sauvage qui a transformé les esclaves en serfs, libres surtout de se cannibaliser sous peine de mourir de faim, l’Occident aurait pu assumer la responsabilité de conduire à l’autosuffisance et à une autogouvernance efficace les peuples dont nos prédations avaient interrompu le développement. Si, au lieu d’un Rideau de fer, on avait bâti des ponts entre l’Est et l’Ouest, on aurait pu aussi en créer entre le Nord et le Sud.

Mais on ne l’a pas fait. On a choisi l’antagonisme. On a suivi, dans le monde dit « libre », l’attachement à courte vue à un néoliberalisme en forme de martingale pyramidale, ne pouvant survivre que par une création de richesse fictive dont l’irréalité serait tôt ou tard découverte. Dans le monde des république dites « démocratiques », on a suivi l’attachement doctrinal à des recettes que l’avènement de l’abondance rendait désuètes et à des politiques coercitives fatales à la liberté et à la créativité.

Est et Ouest se sont enlacés comme les scorpions dans la bouteille, dans un conflit qui a perduré jusqu’à la chute du Mur de Berlin. Lorsqu’il est tombé, on s’est aperçu qu’étaient morts non seulement le «socialisme», qui aurait pu donner un idéal à l’humanité – pour dérisoire qu’on ait pu le juger – mais aussi le « capitalisme », déshonoré par le mal qu’il avait causé et qu’on n’attendait pour enterrer que la découverte de la supercherie de cette richesse factice dont il avait voulu faire une raison de vivre.

Le voile est tombé en octobre dernier, quand l’argent a perdu toute valeur. Nous sommes désormais dans un monde où il n’y a plus d’idéal politique crédible, ni de symboles financiers auxquels on puisse accorder confiance. Nous sommes dans une situation où il faudra rebâtir la société, tout en réglant au jour le jour des questions de survie. Il va falloir mettre en mouvement concerté une population désabusée.

On ne pourra le faire que si des directives cohérente sont données et suivies, ce qui ne sera possible que si la population est dirigée avec fermeté et qu’on ne lui laisse que bien peu de discrétion pour s’en écarter. Des gouvernement autoritaires vont donc se mettre en place, refermés sans doute sur des zones identitaires culturelles que leur homogénéité rendra plus faciles à gérer.

J’ai bien peur que la démocratie, déjà bien malade, ne parte en vacance pour la durée des travaux. Elle reviendra, car la liberté est le système par défaut, dans le monde d’interdépendance qui est à se créer et qui ne pourra vraiment fonctionner que par consensus. Elle reviendra, et ceux qui l’accueilleront à son retour vivront une vie meilleure dans un monde meilleur.

Il n’y en aura pas moins un moment à passer où les choses et les idées que nous aimons ne seront peut-être pas là… Un mauvais moment à passer, mais il sera moins long si nous gardons la volonté inchangée d’œuvrer pour l’avenir auquel nous croyons.

Pierre JC Allard

257. Kafka et le quatuor des Bermudes  09.06.16

Oubliez le Triangle des Bermudes. Ces mystérieuses disparitions de navires et d’avions, qui font les beaux dimanches d’août des publications specialisées en Martiens et femmes à barbes à deux têtes, palissent de banalité, maintenant que la petite ile de l’Atlantiue s’est trouvé une véritable vocation au-dela des bicyclettes et des terrain de golf: l’accueil des Ouighours.

Pour le moment, ils sont quatre. Un quatuor de Ouighours qui pataugent dans la mer turquoise. Peut-être en viendra-t-il d’autres, car ceux qui sont là ont l’air d’apprécier. Il faut dire qu’après 7 années de détention à Guantanamo, on aime bien quelques jours de vacances….

Qu’est-ce qu’un Ouighour ? Un musulman de la province chinoise du Sinkiang. Comment un Ouighour va-t-il aux Bermudes ? En se fâchant avec les Chinois et en se refugiant en Afghanistan. C’est tout près. Prenez la Route de la Soie vers l’est, tournez à gauche n’importe où et cherchez des gens qui n’ont pas peur des Chinois. Quand vous trouvez un camp confortable, planquez vous.

Si votre camp est bombardé, c’est sans doute les Américains. Fuyez vers le sud, traversez la première frontière, vous êtes au Pakistan. Tous musulmans. On est entre frères, mais les temp sont durs… Ne vous étonnez donc pas si la population locale, qui n’en a rien à cirer de vous, de la Chine ni de l’Asie Centrale en bloc, vous vend aux autorités pakistanaises pour un chameau ou un yak. Les susdites autorités vous refileront alors pour quelques dollars aux Américains qui cherchent Bin Laden. Vous êtes sur la bonne voie.

Chez les Américains, musulman, vous êtes dangereux. Vous étiez dans un camp ? Ça se gâte… Vous avez eu des mots avec les Chinois ? Impossible. Il n’y a pas de case à cocher pour « Ouighour anti-chinois ». Les Chinois ne sont plus dans l’Axe du Mal – because tous ces trillions qu’on leur doit, n’est-ce pas – mais ils ne sont pas vraiment dans l’Axe du Bien. Votre cas est bien ambigu… Hop, charter sur Guantanamo !

Salahidin Abdulahat, 25 ans, et trois copains vont passer 7 ans à Guantanamo. Sont-il des terroristes ? Avaient-ils l’intention coupable de faire le coup de feu contre les G.I ? On les interroge, mais il y a toujours cette histoire de Chinois qui revient. On va donc les faire interroger aussi par les Chinois. C’est là que Kafka pourrait nous aider car, pendant 7 ans, on ne s’est pas aperçu qu’ils n’avaient pas le profil Al-Qaeda. Mauvaises questions, sans doute.

7 ans. Jusqu’à ce qu’Obama décide que Guantanamo est bien encombré. Là, la lumière s’est faite. Parmi tous les gens à qui l’on n‘avait rien a reprocher, il n‘y en avait pas de plus inoffensifs que les Ouighours. Allez, sortez-moi ça de là ! Mais les Américains n’en veulent pas aux USA et les renvoyer chez eux serait mauvais pour l’image, car le Sinkiang est toujours en Chine où ils risqueraient la version orientale du waterboarding. Donc…

Donc, vite dans la cour du voisin. Le voisin, c’est les Bermudes. On peut s’arranger… Le quatuor Ouighour se retrouve ainsi sur le sable blanc des Bermudes au frais du contribuable américain et ça pourrait durer longtemps. Moins cher que de les garder en tôle, de toute façon…. Ils y auront peut-être des enfants et des petits enfants… Peut-être un mystère pour les anthropologues de l’avenir.

Agréable dépaysement pour Abdulahat, qui a maintenant 32 ans, car il est difficile sur cette planète de vivre plus loin de la mer qu’au Sinkiang. Il dit qu’il n‘en veut pas du tout aux Américains pour ces années à Guantanamo. Khaleel Mamut, un autre du quatuor, dit qu’il adore les Bermudes. “Vous lancez un appât, le poisson mord toute de suite… “

Il y a 13 autres Ouighours encore à Guantanamo, et ils adoreraient aussi, sans doute. Prenez des Américains, des Ouighours, des Chinois, une plage aux Bermudes… et on peut faire du vaudeville avec Kafka. Tout est bien qui finit bien. Pourquoi « les » Bermudes, alors qu’il n’y en a qu’une ? Souvenez vous seulement que Dieu est grand et que les dieux rendent fous ceux qu’ils veulent perdre.

Pierre JC Allard

258. Yekaterinbourg   09.06.17

C’est à Yekaterinbourg, en juillet 1918, qu’ont été exécutés le Tsar Nicolas II et toute sa famille, rendant irréversible la Révolution bolchévique. Une raison suffisante pour se souvenir que cette ville industrielle de l’Oural existe. Sans doute la seule, jusqu’à aujourd’hui, car je me souviens d’y avoir fait un arrêt en route vers le Kazhakhstan sans avoir eu même la curiosité de descendre du train.

Sans même savoir que j’y étais, puisque personne sur ce train n’appelait cette ville autrement que Sverdlovsk… Aujourd’hui, Yekaterinbourg a une deuxième chance ce passer à l’Histoire. Chinois, Brésiliens et Indiens sont venus y rejoindre les Russes et, ensemble, ils vont contester aux Américains le leadership du monde.

Un improbable site pour accueillir un improbable défi car, même ensemble, ceux qu’on appelle le BRIC ne pèsent encore que 15% dans l’économie mondiale. Ils sont encore peu de chose, si on les compare aux USA ou à l’Union Européenne… Mais ça, c’est aujourd’hui.

Ensemble, ils ont 8 fois la population des USA, 5 fois celle de l’Europe et plus de ressources que quiconque. Ils détiennent 40% des réserves monétaires mondiales et leurs économies croissent trois (3) fois plus vite que celles des pays occidentaux. Leurs gouvernements sont stables, leurs populations dociles et, surtout, ne se sentent pas à la fin, mais au commencement de quelque chose. Ensemble, demain, ils seront formidables. Ensemble…

Mais justement, ils ne sont pas “ensemble ». Chacun d’eux a son agenda, son lebensraum, sa culture, ses ambitions et de bonnes raisons de penser qu’il les réalisera. Ils n’ont guère en commun que leur commune méfiance envers le système actuel et leur défiance de ceux qui le dirigent. Cette méfiance et cette défiance sont elles un ciment suffisant pour lier de façon efficace ces nations qui ont des intérêts si disparates ?

À long terme, inconcevable. Mais, pour une action concertée immédiate, qui sait…? Peut-être le temps d’imposer une nouvelle monnaie internationale, par exemple ?… Ils ont sans doute le pouvoir de l’exiger, mais trouveraient-ils intérêt à remettre en question le dollar et donc, en fait, la valeur de leurs créances ? Voudront-ils chambarder une structure des échanges commerciaux qui est clef de leur développement ? Vont-ils agir pour modifier une situation qui fait d’eux les victimes d’une constante arnaque… mais dont, en bout de piste, il est clair qu’ils sortiront gagnants ?

Il est difficile de penser que ces pays pour qui le temps travaille vont risquer beaucoup pour accélérer le processus. Alors pourquoi cette réunion ? Bien malin qui le saurait, mais l’un des résultats peut être une coordination de leurs exigences qui évitera qu’on les divise pour mieux les exploiter comme on l’a toujours fait.

Un autre effet – mais qu’on cachera soigneusement si on parvient à le provoquer – serait un partage effectif de leurs zones d’influence dans le vrai tiers-monde. En Afrique, au Moyen-Orient, en Amérique latine, ils sont en rivalité avec les Occidentaux implantés depuis longtemps. Ne pas se tirer dans les pattes les uns les autres serait un énorme avantage. Un financement chinois de projets brésiliens en Amérique du sud, par exemple, garderait les USA à distance

Une politique commune d’importation des produits petroliers serait aussi un succès… dont c’est l’Europe qui ferait surtout les frais, si la Russie privilégiait le développement de ses exportations vers l’Asie. Sans oublier que toute l’Asie Centrale peut être verrouillée facilement, si la Chine et la Russie en conviennent, à plus forte raison si l’Inde est de la partie…

Ne pas penser trop vite, donc, que cette réunion n’est qu’un coup d’épée dans l’eau. La presence américaine en Afghanistan est peut être à se décider sans meme que Washington n’ai été t invité ! Le monde n’a pas encore changé… mais il change. Qui sait si on ne se souviendra pas beaucoup mieux demain de Yekaterinbourg ?

Pierre JC Allard

259. Bongo; le temps béni des colonies  09. 06. 18

Le président Sarkozy et l’ex-président Chirac sont aujourd’hui à Libreville pour les obsèques du Président Bongo. Beaucoup d’égards pour le chef d’un petit pays – avec la population d’un modeste département français – et qui est si loin… Quitte à faire rigoler les cyniques, on peut penser qu’ils ont eu tous deux une certaine amitié, pour cet homme qui, actif bien avant eux dans de cette entité géopolitique virtuelle qu’on appelle la « Françafrique », leur en avait peut-être enseigné les subtilités et les rouages.

Un département français. C’était bien ce qu’aurait voulu devenir le Gabon, si De Gaulle ne s’y était opposé. Pourquoi celui-ci ne l’a-t-il pas voulu ? Dans doute parce que le Génèral, qui voyait toujours plus loin que son nez, qu’il avait pourtant fort long, avait perçu que ce petit pays avait toutes les qualités qui en ferait un solide point d’ancrage pour une présence indéfinie de la France en Afrique. Un rôle dont, en 41 ans de règne, Omar Bongo a fait que le Gabon ne s’écarte jamais.

Dans les années « 80, représentant d’une compagnie canadienne pour quelques négociations, j’ai passé plusieurs fois des semaines, parfois des mois au Gabon. J’ai coulé des jours confortables et tranquille, dans ce pays presque tenu indemne des vicissitudes de l’indépendance. La taille du Gabon – et la nature de ses ressources – en avaiemt fait le modèle, impossible à reproduire ailleurs, d’une Françafrique demeurée coloniale en esprit et dont les dirigeants « pensaient français ».

Le Gabon était un pays improbable, dont on aurait pu greffer la capitale entre Nice et Cannes sur la Méditerrannée sans qu’elle y parût déplacée, mais dont l’hinterland abritait la mythique Lambarene du Docteur Schweitzer. Un pays béni d’assez de pétrole pour le garder riche, avec un compagnie pétrolière payant ce qu’il fallait de salaires pour que vive sans griefs cette petite proportion veinarde de la population qu’elle employait… et une Ambassade de France dont on disait qu’elle venait bien discrètement ajuster les fins de mois…

Il y avait du pétrole au Gabon. D’immenses arbres… et la paix. Des ressources minières abondantes, aussi, mais qu’il ne paraissait pas si urgent exploiter. Ce qui permettait de le faire avec désinvolture, puis de ne plus le faire, puis de recommencer… Une large proportion de la population gabonaise, répartie en ethnies, chacune de celles-ci le fief d’un des ministres de Bongo, vivait souvent plus de la générosité de celui qui lui servait ainsi de parrain que de quelque lien entre un travail et un revenu. Arrivait un hôpital, une école, une route…

Cette population, épiphyte sur une nature généreuse dont on lui laissait la jouissance après en avoir tiré ce qu’il fallait pour les exportations, récriminait peu et on ne la dérangeait pas trop. Le peuple gabonais ne semblait pas tant opprimé qu’un peu laissé à l’abandon… On n’en parlait jamais d’ailleurs… Si jamais « le temps béni des colonie » a eu un sens autre que sarcastique, c’est sans doute au Gabon

Je soupçonne les Chefs d’État français d’avoir rêvé la Francafrique comme un énorme Gabon. Avec des élites assez riches et sécures pour être débonnaires et des populations sans angoisses. Mais le Tchad, le Congo, la Côte d’Ivoire et tous les autres n’étaient pas le Gabon…

Aujourd’hui que d’autres parrains – Américains, Chinois et que sais-je – viennent prendre la relève d’une France qui à besoin de toute son attention en Europe, je comprend bien que l’on vienne de si bonne grâce verser un pleur sur la tombe de Bongo. Car la Francafrique s’évanouit et c’est aussi de cette relation spéciale avec ses anciennes colonies que la France se prépare à porter le deuil.

Il est juste et bon de le faire au Gabon, car nulle part ailleurs, sans doute, la France ne sera regrettée aussi sincèrement. Et si on voulait commencer un nouveau partenariat avec l’Afrique – ce qui serait LA SEULE SOLUTION aux problèmes des anciennes colonies – il n’y aurait pas de meilleure occasion qu’à Libreville. Maintenant.

Pierre JC Allard

260. Carter en Palestine 09.06.19

Jimmy Carter, ex-président des Etats Unis, est cette rarissime exception : un homme de pouvoir devenu un homme de morale. Hier, dans le cadre d’un périple en Israel et en Palestine, il a eu des mots très durs pour décrire la situation à Gaza et le comportement d’Israel. Des mots qu’on n’entend pas souvent sortir de la bouche d’un Américain. « Les habitants de Gaza » – a dit Carter – sont traités « plutôt comme des animaux que comme des êtres humains » Brutal.

« Jamais auparavant dans l’Histoire » – a-t-il ajouté – « une collectivité n’a été bombardée de façon aussi sauvage, puis privée des moyens de réparer les dommages subis. C’est un terrible crime contre les droits de l’homme. Cela doit cesser et l’on doit enquêter sur ces crimes. Le mur (construit par Israel pour isoler les Palestiniens) doit être abattu et le droit fondamental des habitants de Gaza à la liberté doit leur être rendu ». Très brutal.

C’est que, depuis son offensive meurtrière en décembre dernier, Israel n’a pas seulement interdit les voyages, stoppé les importations et imposé des contraintes financières et économiques graves à Gaza, mais il y a également empêché toute reconstruction. On ne saurait dire plus clairement que l’on souhaite que cette communauté palestinienne de Gaza disparaisse. À partir de quel seuil parle-t-on de génocide ?

Il y a des circonstances où il vaut mieux ne pas commenter. Des circonstances où il vaut mieux laisser parler ceux qui ont vu et qui savent, ceux qui, comme Carter ont la crédibilité voulue pour dire de choses brutales et qui comme lui ont le courage de dire ce qui doit être dit. Je n’ajouterai donc rien à son témoignage.

Je souligne, cependant, qu’un responsable du Secretariat d’État américain a voulu préciser que Jimmy Carter voyageait à titre personnel et que son opinion n’était don pas nécessairement celle des USA. On peut donc penser ce qu’on veut de Jimmy Carter, sans devoir en aucune façon avoir la même opinion de la politique américaine…

Rappelons-nous, toutefois, que lors de sa récente visite au Caire, Obama lui-même a aussi demandé poliment a Israel un peu plus de retenue en Palestine. Carter le fait maintenant en termes beaucoup plus durs. Ce qui me rappelle cette expression latino-américaine bien connue qu’on adresse aux enfants récalcitrants : « Te lo dije ayer por lo bueno, te lo digo hoy por lo malo… quizas, manana te pego… » Je te l’ai dit hier gentiment, je te le dis aujourd’hui brutalement, peut-etre demain vais-je te frapper…

Se pourrait-il que le soutien inconditionnel des USA à Israel soit remis en question ? Et pendant ce temps, la marine américaine a pris en chasse un navire nord-coréen soupçonné de transporter du « materiel nucleaire »… Une provocation dangereuse et bien gratuite. Y a-t-il un lien ? On se souvient de la dernière diversion…

Pierre JC Allard

261. Twitter et démocratie   09.06.20

Juin 2009, élections en Iran. On le sait depuis longtemps et personne ne s’énervait. D’abord, parce que le vrai pouvoir n’est pas en jeu; les mollahs que représente le Guide supreme Khamenei l’ont bien en main et ils le garderont, quel que soit le résultat de ces elections; le Président n’est qu’une concession au désir de la population de s’exprimer. Ensuite, parce que l’on savait qui serait élu. Qu’ils soient réalisés par des firmes étangères ou nationales, tous les sondages étaient unanimes: Ahmadinejad, haut la main,

Pourquoi serait-t-il réélu ? Parce qu’il est déjà en poste – et ça compte, dans un pays de traditions, de fonctionaires et de favoritisme millénaire – et, aussi, parce qu’il est populaire, ce qui compte aussi, quand on veut jouer à la démocratie. Ahmadinejad est un homme du peuple qui nourrit ses chèvres, cultive son jardin et à fait plus pour les petites gens en Iran que tous ceux qui l’ont précédé. C’est ça qui séduit l’Iranien moyen, lequel, comme tous les quidams lambdas de tous les pays du monde, ne s’intéresse que médiocrement à la géopolitique et au sens de l’histoire.

Personne ne doutait qu’Ahmadinehad serait réélu et, comme l’annonçaient les sondages, il a recueilli les deux-tiers des suffrages. Pas de surprise, voilà qui est fait… Mais arrive un élément nouveau : TWITTER.

Twitter, c’est la pénultième étape de la plongée de la civilisation vers la simplicité et les raccourcis. Apres Twitter, il ne reste que le retour à la perfection initiale simiesque des grimaces et des onomatopées. Pour « twitter », écrivez en 140 caractères ce que vous avez a dire. Si vous êtes Einstein et que c’est E=MC 2 que vous tapez au clavier, c’est génial ; mais autrement, si vous voulez partager avec quelqu’un le secret du nez de Cyrano, par exemple, oubliez Rostand. Vous n’avez que l’espace pour dire qu’il est gros et signer « sot ».

La fin du génie ? Oh, que non ! Twitter est génial autrement. Genial en politique pour manipuler le peuple. Pas d’idées, juste des slogans. Goebbels, parfaitement réalisé. L’outil parfait pour Big Brother. Alors quand on a vu ces tristes résultats sans surprise en Iran…. Pourquoi ne pas tester Twitter in vivo ? Rien a perdre puisque ces élections étaient déjà passées aux profits et perte…

Sitôt dit, sitôt fait. Un coup de fil du Secrétariat d’État américain aux gens de Twitter et c’est parti. Grâce a Twitter, on va pouvoir exciter la populace par des message sans queue ni tête, diffusés sur les portables dont on a distribué des millions et des millions en Iran. Le candidat Moussavi va cesser d’être le signet marquant la page pour le magouilleur Rafsandjani tapi dans l’ombre et qui attend sa chance. Il va devenir le champion de l’Occident.

Mousssavi. L’homme qui s’oppose aux mollahs, défend les droits de la femme, récuse le programme nucléaire iranien et n’a vraiment rien contre Israel. Tout ca en Occident, bien sûr. Car en Iran, il n’est pas ça, n’a jamais prétendu être ça, ne pourrait pas être ça même s’il le voulait et, surtout, CE NEST PAS CE QUE VEUT LE PEUPLE IRANIEN !

Ce que diffuse Twitter en Iran, ce n’est donc pas ça. Pas un mot d’un quelconque programme de Moussavi. Juste un appel à se plaindre de n’importe quoi. N’importe quoi qu’on peut dire en 140 caractères…. On distribue aussi, à ce qu’il paraît, un Guide pratique de la révolution en Iran, mais je n’en ai pas la preuve Ce dont on a la preuve, c’est que Twitter met dans chaque main qui peut bercer un téléphone des conseils pratiques pour foutre le bordel.

Où que vous soyez dans le monde, vous pouvez aider à nuire:
 régler les comptes Twitter sur le fuseau horaire de Téhéran, centraliser les messages sur les comptes Twitter @stopAhmadi, #iranelection et #gr88, etc. 
Mis en application, ces conseils empêchent toute authentification des messages Twitter et l’on ne peut plus distinguer le vrai du faux. On ne peut plus savoir ce qui est envoyé par des témoins des manifestations à Téhéran et ce qui l’est par des agents de la CIA à Langley ou en Angleterre.

Bordel à Téhéran. On a une nouvelle méthode de subversion. Plus efficace, sans doute qu’un putsch ou qu’une grève de camionneurs contre Allende au Chili, puisqu’elle s’en remet au désir de désordre toujours présent dns une population encadrée et n’exige pas que le people comprenne quoi que ce soit: Il suffit de l’amener à libérer une pulsion

Mais c’est une arme bien dangereuse… Qu’arrivera-t-il si elle est retournée contre ceux qui aujourd’hui l’utilise ? Imaginez un énorme Mai 68 ou, portable en main et Twitter en ligne, tous les gens qui n’ont jamais protesté choisissent un beau matin de libérer leur pulsion… Un temps pour l’anarchie. L’Insurrection qui vient

Pierrre JC Allard

262 Les trois (3) problèmes en Iran  09.06.21

Je ne reviens pas souvent deux fois sur une même question. Exception aujourd’hui que je crois nécessaire, car j’ai passé une bonne partie de ma journée en discussions sur divers médias, sur ce thème que j’abordais hier de l’intrusion des Américains dans la démocratie iranienne à grands coups de Twitter

Il y a présentement en Iran deux (2) problèmes domestiques graves: celui de sa gouvernance et celui de la démocratie. Le troisième problème, qui lui vient d’ailleurs, est qu’on confond les deux premiers problèmes à plaisir pour des intérêts inavouables.

1. Le problème de la gouvernance en Iran, c’est celui d’un peuple qui a connu de meilleurs jours, que le pétrole a enrichi par castes et donc de façon bien inégale, d’un pays manipulé par des intérêts étrangers et leurs alliés nationaux et dont la couche la moins prospère et la moins éduquée s’est réfugiée dans sa religion.

Ce qui exerce le pouvoir réel en Iran – et on ne devrait pas prétendre le connaître – fonctionne sous l’étendard d’une théocratie chiite, dont le pouvoir s’étend en vertical, d’une tête sans doute aussi agnostique et corrompue que celle des autres religions, jusqu’à un bas clergé, parfaitement obscurantiste, sans doute pas si différent dans ses moeurs que celui qui occupait l’Europe au Moyen-Âge. Ce qui nous amène au deuxième problème.

2) Le deuxième problème est celui de la démocratie. Ce bas clergé en Iran est assez intégré dans cette cette couche majoritaire « moins prospère et moins éduquée » de la population et il y est si dominant, que toute décision qui sera prise démocratiquement en Iran le sera selon les instructions de ce clergé. La démocratie en Iran conduit à l’obscurantisme. Toute évolution en Iran passe donc par une mise en veilleuse de la démocratie le temps de diffuser une éducation moderne.

Ce qui donne beau jeu pour intervenir à ceux qui ne souhaitent PAS une évolution en Iran. Le Shah a tenté cette évolution et, bien sûr, on lui a opposé une résistance populaire quand on a voulu s’en défaire. Ce qui est original, aujourd’hui, c’est que les Américains prétendent se débarrasser de la démocratie obscurantiste en lui opposant une autre « démocratie ».

C’est du Novlang à la 1984, car c’est une « démocratie » conforme à la vision USA et dont le peuple ne veut pas. Cette gouvernance peut être évolutive si on veut, mais certes pas démocratique au sens réel du terme qui est de correspondre au désir de la majorité. Si on parvient à imposer une rvolution, on aura tout sauf une démocratie. On aura une mainmise étrangère et c’est le troisième problème. Immédiat.

Les Américains tentent d’installer en Iran, pour des raison que nous n’avons pas à discuter ici, un bypass qui va contrôler la psyché des Iraniens le temps de changer pour eux le gouvernement contre la volonté de la majorité et de dire qu’ils l’ont voulu. C’est du Goebbels 2.0.

Pour le justifier, on veut convaincre l’Occident qu’il y a en Iran une contestation qui est le fait de tous les Iraniens, alors qu’elle n’intéresse qu’une petite partie de la population. J’ai passé des décennies dans des pays pourtant opprimées, où la liberté telle que nous a concevons n’entrait pas à l’agenda des populations. C’est le cas en Iran. La majorité de la population iranienne aime les mollahs et a voté pour Ahmadinejad.

On veut donc feindre une décision démocratique en s’appuyant sur une élite contre la majorité. Cette approche est dangereuse. Bien sûr, on a aussi fait la révolution française en s’appuyant sur une élite, mais il suffisait alors d’une toute petite partie de la population pour la faire. Aujourd’hui, le développement des communications rend la démocratie, au sens réel de consensus, de plus en plus incontournable

En imposant une « démocratie » contre le consensus, on va donc va faire face à de graves dissonances cognitives qui vont mener à une catastrophe. Comme partout où les Américains sont intervenus récemment.

Si le gouvernement en place en Iran et auquel la population vient d’accorder sa confiance est évincé, on va créer un espace ininterrompu d’anti-occidentalisme, d’anarchie et de rébellions plus ou moins ouvertes de Herat à Gaza. Même les USA ne peuvent pas contrôler un tel espace hostile, lequel, incidemment, est encerclé par la Russie, la Chine et l’Inde.

Ne me voyez surtout pas comme pro-islamiste. Je n’ai aucune amitié pour la théocratie ni le brassage des cultures. Je ne veux que la paix, le respect des autres et notre propre développement comme Occidentaux. Je dis seulement que l’on fait des bêtises.

Pierre JC Allard

263. Montréal: de la corruption à l’extorsion  09. 06.22

Encore une odeur de soufre qui se dégage des officines de l’administration de la Ville de Montreal. Il n’y a pas si longtemps qu’on a parlé de scandales à la Société d’Habitation et de Développement de Montréal, privatisée dans des circonstances qui ont soulevé des questions, puis utilisée pour des transactions qui en suggèrent encore plus et sur lesquelles la police enquête. Pas bien longtemps, non plus, que l’auditeur-général a lancé la sienne, sur une transaction de 355 millions de dollars pour des compteurs d’eau. Beaucoup d’argent et pas très clair. Maintenant, c’est le toît de l’Hotel de Ville…!

Corruption ? On parle de 10 000 000 $. Une bagatelle. A-t-on une minute a perdre sur ces dix millions ? Surtout, qu’il ne s’agit pas vraiment de ces 10 millions, mais d’une somme de 40 000 $ qu’aurait réclamé un sieur qu’il serait prématuré de nommer, pour s’assurer le complaisance de deux (2) conseillers municipaux sur lesquels je demeurerai tout aussi discret, même si leurs noms sont partout, puisque qui ils sont est ici sans importance.

On parle de bien peu d’argent, cette fois. Un des conseillers d’opposition dit bien haut que le Maire n’a plus l’autorité morale de gouverner, mais, dans le contexte des scandales en cours c’est un platitude. Un autre y va dans la casuistique, en soulignant que ce scandale est moins grave que les autres, puisqu’il n’implique pas des gens nommés par le Maire lui-même et qu’on n’a pas cette fois, comme pour l’affaire de la SHDM, perverti le systeme en privatisant ce qui n’aurait pas dû l’être… Ah bon… vous êtes soulagés ? Ce n’est pas la peste, braves gens, ce n’est que le choléra …

Une toute petite corruption… Pourquoi s’énerver ? On en a vu d’autres, n’est-ce pas ? Je m’énerve parce qu’il y a ici une circonstance aggravante. Ces 40 000 dollars, on ne les a pas demandés poliment. Le contracteur a recu des menaces. Pas des paroles en l’air, puisqu’on s’en est pris à ses équipements. Une grue de 500 000 $ a éte brulée. Kaput. Détruite.

On peut dire qu’il est assuré, mais ca ne regle rien. On l’a aussi menacé de mort… La corruption est une chose, l’extorsion sous menace de mort en est une autre. Bien sûr, il a averti la Sureté du Québec, qui elle aussi enquête, mais on n’est jamais trop prudent. Le contracteur nous dit donc, bien candidement, qu’il aussi demandé à un Hells Angel du chapitre de Trois Rivières d’intervenir pour faciliter – ( « smooth out », dit The Gazette ) – ses relations avec l’industrie de la construction.

On peut présumer qu’il se sent plus tranquille. Tant mieux pour lui, mais quand il faut aller chercher protection ailleurs qu’auprès des corps policiers dont c’est la tâche de protéger les citoyens, on a quitté la corruption et l’on est à un tout autre niveau. On est au niveau où ce sont les gangs qui font la loi et où il n’y a plus d’État de droit.

Le Ministre de la sécurité publique du Québec, Jacques Dupuis, nous dit qu’il serait « prématuré » de faire une enquête publique sur les allégations de corruption dans l’industrie de la construction. Vraiment ? N’est-ce pas plutôt qu’on ne sait plus du tout à qui se fier, que la frontiére devient floue entre accusateurs et accusés, que personne n’est à l’abri des menaces et que l’on se rend compte que le droit n’a plus la force pour lui ? Comment remet-on la force au service du droit quand elle ne l’est plus ?

Cette situation n’est pas propre au Québec. Dans la moitié du monde, c’est la force qui prime, le vrai pouvoir change de côté et l’extorsion remplace peu peu la corruption. On ne quémande plus, on exige. Comment remet-on la force au service du droit quand elle ne l’est plus ? Il faut qu’une éthique l’impose. Si une société ne génère pas cette éthique, elle meurt.

Pierre JC Allard

264. Le GRAND EMPRUNT NATIONAL   09.96.23

Le Président Nicolas Sarkozy nous annonce un GRAND EMPRUNT NATIONAL On pleure ou on se réjouit ? Comme vous voudrez, car non seulement vous n’y pouvez rien, mais il n’y a pas d’alternative. Songez que la planète Terre va aussi disparaître dans quelques milliards d’années. Vous voulez vous faire du mouron avec ça ?

En octobre dernier, quand la crise est venue et que la Federal Reserve Bank a « rassuré » les badauds en annonçant qu’elle prêterait des dollars en « quantité illimitée » aux banque centrales européennes, ceux qui savent lire entre les colones de chiffres ont compris que le dollar ne valait plus rien : il n’y a que du vide sidéral dont on peut disposer en quantité illimitée.

J’ai alors écrit qu’on résoudrait la crise financière en nationalisant les institutions financières et en remboursant la dette publique, ce qu’il ne fallait pas beaucoup de talent pour prévoir, mais un certain courage pour dire. La crise de la production, elle, serait résolue en remettant la clef des industries aux travailleurs et le malaise social en mettant la démocratie en veilleuse. Pas de mérite à ça, je le disais depuis 20 ans ! Ce plan suit son cours.

Les USA ont maintenant pris le contrôle de leurs institutions financières et refinanceront leur dette dès qu’ils auront testé in vivo la procédure. C’est pour ce test que la France va sans doute servir de cobaye. Vous voyez à quel point on nous fait confiance ?

Pourquoi cet emprunt ? Je vous engage à lire beaucoup sur le sujet, mais, en quelques phrases, voici ce qui se passe,

1. Il y a bien plus de monnaie en circulation que de biens à acheter. Certains disent 40 fois plus, ce qui signifierait que tout ce qui est exprimé en monnaie – vos fonds de retraite entre autres – vaudrait en termes réels 2,5% de sa valeur nominale. Inflation à craindre. Il y a des précédents. Très désagréable.

2. La moins désagréable des solutions est de faire disparaître cet « argent de trop » entre les mains de ceux dont on juge qu’ils en ont trop. On a ainsi vu s’égarer USD $ 9 trillions à la FRB même, vu saisir des milliards en petites coupures – des millions – à la frontière italienne et l’on sait que ce n’est que la pointe du iceberg. Simultanément, on lance la rumeur que la Corée du Nord imprime de faux billets… On fait ce qu’on peut.

3. Ceux qui en ont beaucoup, toutefois ne sont pas tous persuadés qu’ils en ont trop. Au lieu d’un affrontement brutal pour le leur prendre, on va donc le leur emprunter. Ceux des riches qui sont doués vont comprendre qu’on leur rend un grand service. Cet argent NE VAUT RIEN. S’ils cherchaient à l’utiliser, une inflation inouïe en réduirait la valeur à rien En le prêtant à l’État, ils le mettent en animation suspendue. Cet argent ne circulera plus et la monnaie gardera sa valeur nominale.

4. On leur rendra cet argent dans 20, 30 ou 50 ans. Une inflation – calculée exactement pour ça – n’aura préservé de cet argent, en valeur réelle, que la part qu’on aura voulu leur laisser de la richesse nationale; mais, durant ce temps, ils seront restés des « riches » et ils auront gardé le pouvoir. Ce qui est bien ce qu’on veut.

5. Ils souscriront donc à l’emprunt. On empruntera pour relancer l’économie, mais aussi pour substituer à la dette publique actuelle une nouvelle dette qui portera un intérêt moins lourd. Et si les bas de laine ne s’ouvraient pas… ? Ce serait bien bête, car une guerre ou une crise – une épidémie ? – justifierait qu’on aille chercher cet argent de toute façon.

6. Chaque Euro qui sera confié à l’État dans le cadre de cet emprunt diminuera la disparité entre la valeur du stock monétaire en circulation et celle des biens réels… réduisant d’autant l’inflation requise pour distribuer les pertes, rétablir l’équilibre et donc mater la crise. Quels génies sont nos dirigeants ! De toute façon, il ne peuvent se tromper, car c’est l’inflation qui ajustera tout et l’ajustement sera donc parfait.

Evidemment, en distribuant les pertes, chacun va jouer dur pour que ce soit le voisin et pas lui qui porte le chapeau. Mais ça, ce ne sera en rien différent de ce que l’on fait depuis toujours. On fera pour le mieux… Et les pauvres étant plus nombreux et plus braillards, ils y gagneront peut être même un peu !

Pierre JC Allard

265. La nation à naître  09.06.24

Qu’est-ce qu’on fête le 24 juin? Ça dépend… On a dit que ceux qui ignorent l’Histoire sont condamnés à la répéter; il n’est donc pas mauvais de se rappeler que, de mémoire d’homme – j’en suis la preuve vivante – la Saint-Jean-Baptiste a été d’abord la Fête de la Race. Nous étions “nés d’une race fière”, notre berceau avait été béni et notre carrière tracée par le Ciel. Le genre de contexte qui n’incite pas à des remises en question, de sorte que l’on ne s’en posait pas trop, des questions.

La “parade” de la St-Jean montrait des zouaves pontificaux, moins nombreux chaque année; les orphéons des orphelinats – ils étaient encore pleins – jouaient des marches mussoliniennes pudiquement présentées en chants scouts; le petit Saint-Jean-Baptiste fermait la marche, gagnant d’un concours de beauté entre enfants de notables. Des enfants blonds, bien sûr. En ce temps-là, les notables se portaient bien et le blond se portait beaucoup. Pas de questions.

Quand est venue la Révolution tranquille et le temps des questions, Saint-Jean-Baptiste s’est mué en Précurseur. Un prophète adulte, musclé, vêtu d’une peau de bête. Un type sérieux qui erre dans le désert et qui pourrait chercher des ennuis. On les a eu, les ennuis: les bombes de l’ALQ et des deux FLQ, les “trois colombes” – dont Pierre Trudeau – et, pour finir, les événements d’Octobre “70. Après ça, Saint-Jean-Baptiste version II a été mis en veilleuse, comme un écran d’ordinateur.

Quand la St-Jean s’est rallumée en version III, il y a quelques années, c’était en Fête nationale, avec réjouissances populaires et allégories triomphalistes commanditées par le gouvernement et le secteur privé. Le secteur privé se porte bien, la coopération entre l’État et les nouveaux notables est revenue au zénith. Plus de questions. Ou plutôt, si: on fête quoi, le 24 juin? Il faudrait le dire vite et le redire souvent, avant qu’il ne se crée des malentendus: nous fêtons une nation qui n’existe pas. Nous fêtons une nation à naître.

Une nation à naître? Mais la “nation québécoise”, alors? “Nous-autres”, au sens de Jacques Parizeau le soir du référendum? “Nous-autres”, nous sommes un peuple de blancs, francophones, étant ou ayant été catholiques et comptant au moins un ancêtre établi ici avant 1760. Nous sommes une grande famille, une tribu, un clan, une ethnie, un peuple … Nous sommes conscients d’être un tout et d’avoir des affinités. Une nation? Mais oui, pourquoi pas! Le malentendu, soigneusement entretenu depuis trente ans, ne consiste pas à dire que nous sommes une nation mais à nous être approprié le vocable “Québécois”.

On dit “Québécois”, c’est plus commode; comme”Américain” sonne mieux que “États-unisien”. Mais quand vous et moi nous disons “nation québécoise” ou “culture québécoise”, c’est à “nous-autres” que nous pensons: les “blancs, francophones, étant ou ayant été catholiques et comptant au moins un ancêtre établi ici avant 1760″. Nous ne pensons pas à un million d’Autres qui ne sont pas “nous-autres” mais qui cohabitent avec nous sur le territoire du Québec. Pas plus que les “Américains” ne pensent aux Boliviens ou aux Guaranis quand ils définissent la culture américaine.

Mais le Autres sont ici, tout comme les Guaranis sont bien en Amérique. De sorte que, malgré le vocabulaire politiquement correct qu’on nous sert – avec souvent, d’ailleurs, pour des motifs électoraux, le ton de ne pas vraiment y croire – nous savons bien que la notion d’une nation québécoise tirant son sentiment d’appartenance de ce qu’elle habite au Québec et se définissant comme telle est une fiction. La nation québécoise “territoriale” n’existe pas. Pas encore.

Ce qui est là aujourd’hui, sur le territoire du Québec – et qu’on partage ou non les options de Jacques Parizeau ne change rien à cette réalité – c’est “nous-autres” … et les autres. Les Autres peuvent chanter et danser avec nous, mais nous savons que, même si officiellement c’est aujourd’hui la fête nationale du Québec, l’immense majorité d’entre eux ne croient pas plus à une “nation québécoise” que le Québécois moyen ne croit que cette fête soit encore celle de Saint-Jean-Baptiste.

Or, si les Autres ne commencent pas à y croire, nous sommes perdus. Perdus, parce que ce million d’étrangers parmi nous – que personne ne songe à chasser ni à exterminer mais qui sont là pour rester – rend inévitable que la population du Québec, bientôt, ne soit plus ni si blanche ni si post-catholique… mais qu’elle se réclame en nombre croissant d’ancêtres venus non pas il y a longtemps de Normandie ou du Poitou, mais de quelque part “ailleurs” et au cours du vingtième siècle.

Pour que se perpétue une nation québécoise de “nous-autres”, il aurait fallu, il y a cent ans, pour le meilleur ou pour le pire, choisir la colonisation plutôt que l’expatriation. Il aurait fallu, il y a cinquante ans, à tort ou à raison, continuer la revanche des berceaux. Désormais, il n’y aura de nation “québécoise” – au sens territorial du terme, qui est le seul correct – que si cette nation intègre les Autres. Ce que nous fêtons aujourd’hui, c’est notre espoir que cette nation naîtra.

Notre espoir que les Québécois de demain – qui ne seront certes plus tout à fait “nous -autres” – garderont néanmoins une culture que nous leur transmettrons et qui les gardera semblables à nous-mêmes. Une culture francophone. Le 24 juin est d’abord l’affirmation de notre volonté de garder le Québec français. Il n`y a pas de logique formelle à ce choix, mais c’est sur ce terrain que nous avons décidé de jouer notre honneur.

Pas de logique formelle, car nous ne serions pas morts de honte si nous étions nés au sein de ces 97% de l’humanité qui ne parlent pas français mais disent néanmoins parfois, en leurs propres mots, des choses intéressantes; la question n’est pas là. Nous serions honteux, toutefois, si, étant de ceux qui l’ont appris de leur mère, nous ou nos enfants CESSIONS de parler français. Honteux comme quelqu’un à qui on a collé les épaules au plancher; parce que nous serions conscients alors que moi, vous, “nous-autres”, n’avons simplement pas dit assez de choses intéressantes pour que les “autres” jugent indispensable de venir nous écouter.

En ce 24 juin, pour que naisse la nation québécoise, prenons donc la résolution de dire des choses “intéressantes”. Il ne s’agit pas de contraindre les Autres à l’usage du français, mais de les séduire. Faisons-le. Disons, en français, plus de choses intéressantes. Rappelons-nous cette réalité triviale qu’il ne faut pas de Loi 101 pour que tous les grands restaurants du monde présentent leur menu en français; il suffit d’être les meilleurs…

Pierre JC Allard

266. Francois Legault en réserve de… on verra bien  09.06.25

Après Mai 68, quand le Général de Gaulle eut maté la France en révolte sans violence – en lui laissant jeter sa gourme puis s’assoupir après le plaisir – il réfléchit, comme toujours, au lendemain… et au surlendemain. Cette aptitude à lire l’avenir, comme si le manuscrit lui en avait été remis la veille, lui a permis de sauver la France à maintes reprises. Il faudrait des volumes pour en discuter, mais le départ de Francois Legault me rappelle un de ces gambits gagnants du Général.

De Gaulle, après Mai « 68, a limogé son Premier Ministre Pompidou alors que tout – loyauté, compétence, relations – suggérait qu’il lui renouvelât sa confiance. Pourquoi l’a-t-il fait ? Beaucoup ont dit à l’époque qu’il le jetait en pâture aux fauves, pour que le résultat dérisoire de cette spectaculaire insubordination à laquelle ils s’étaient livrés ne leur crée pas de rancœur. Mais ce n’était pas ça. Il mettait simplement sont atout-maitre « en réserve de la République ».

Il l’a dit exactement en ces mots d’ailleurs… mais ils ne l’ont pas cru. Ce n’est que quand Pompidou a succédé à de Gaulle à la Présidence de la République qu’ils ont compris que le Général avait mis sagement son dauphin à l’abri des luttes fratricides et des coups fourrés, durant cette période ou il fallait raccommoder pour faire du neuf sans que le tissu social ne se déchire. C’est une tunique bien proprette que l’Auvergnat a finalement endossée

François Legault m’apparaît aujourd’hui une tête au-dessus de tous les autres dans l’arène politique provinciale : il n’y a personne pour lui barrer la route. Pourtant, il se retire… et, dans la conjoncture actuelle, je crois qu’il a raison.

Le problème n’est pas Jean Charest ni le Parti Libéral. Charest est là et sa popularité a même augmenté, mais je n’y vois que le soutien par défaut de ceux qui refusent l’alternative péquiste. Le Parti Libéral ennuie et il sera battu dès qu’il y aura une autre option crédible.

Ce n’est pas non plus sa position minoritaire au sein du PQ qui est l’obstacle à la montée de Legault. Madame Marois suscite si peu d’enthousiasme, surtout après l’échec cinglant dans Rivière-du-loup, qu’un putsch dans la tradition péquiste pourrait la déloger rapidement. Duceppe ? Il y a bien longtemps qu’on le voit. Il n’a plus cette nouveauté « Jument verte » qui, dans un monde d’Internet, fait élire en triomphe des Obamas, parce que c’est leur ascension même qui séduit.

Si quelqu’un barrait la route à Legault au sein du PQ, il pourrait sans doute écarter cet obstacle. Mais il n’a pas intérêt à le faire, car le problème, c’est qu’il n’y a simplement plus d’avenir pour le Parti Québécois. L’idée de l’indépendance est minoritaire et le restera pour l’avenir prévisible. Le PQ perdra d’autant plus sûrement les élections qu’il mettra de l’avant son option indépendantiste… et se désintégrera d’autant plus vite qu’il la mettra sous le boisseau.

Le problème, pour François Legault, c’est qu’il n’y a pas de structure partisane sur laquelle il pourrait s’appuyer pour accéder au pouvoir. Plus rien de passionnant à l’ADQ, rien de crédible à QS ni chez les Verts.

De la France à la mort de De Gaulle, Pompidou avait dit qu’elle était « veuve ». On ne peut même pas dire des Québécois qu’ils sont orphelins, car ceux qui pourraient leur servir de pères spirituels ne sont pas morts… ils sont à la retraite. Les Québécois sont, en politique, comme ces enfants des rues de Mumbai/Bombay dans ce film qu’on vient d’« oscariser ».

Dans ce contexte, il est probable que le PQ se scindera bientôt entre une gauche – qui rejoindra QS et pourra parler d’autant plus aisément d’indépendance qu’elle ne sera pas une option réaliste de gouvernance – et une droite qui absorbera l’ADQ, substituera la notion de souveraineté/autonomie à celle d’indépendance et, libérée de ce boulet, redeviendra le parti de l’alternance.

Il est bon que Francois Legault ne vive pas ces déchirements. Le temps passant, il ne peut que grandir en stature, comme Pompidou. Comme Robert Bourrassa durant ses années d’exil/pèlerinage. Il devient « en réserve » de quoi que ce soit qui se créera au Québec pour faire face à la crise et, surtout, pour proposer un projet de société motivant et RASSEMBLEUR qui nous sortira de l’insignifiance.

Pierre JC Allard

NB: Ce texte a été publié le jour de la démission de François Legault

267. Le Parti Québécois : arrêtons les frais   09.06.26

On peut se raconter des histoires longtemps. Les individus se fantasment des liaisons oniriques avec des vedettes rock pour accueillir la puberté et traverser l’adolescence, puis de grandes passions pour se consoler d’un ou plusieurs mariages tristounets, vivre avec des maîtresses ou s’en passer, puis accepter que la vie passe.. Ils s’inventent aussi des hobbies qui font de chacun le meilleur en quelque chose… puis la vie est passée.

Même chose pour les nations, ça dure juste un peu plus longtemps. En 1960 – j’étais là – nous, Canadiens d’expression française, avons pensé que le rêve d’un État-Nation – qui avait toujours existé depuis les Plaines d’Abraham – pouvait se réaliser. André d’Allemagne – d’autres aussi, mais surtout d’Allemagne – ont vu une fenêtre d’opportunité pour créer une Etat francophone en Amérique. Nous allions être Québécois

Génial, car la fenêtre était là ! Guerre froide, de Gaulle en France, révolution tranquille, explosion de l’éducation…. et cent variables qu’il serait trop long d’expliquer. L’indépendance était souhaitable et POSSIBLE. Bourgault l’a bien montré. François Aquin l’a vu et, via Aquin, Lévesque et Lesage. Surtout, toutefois, Daniel Johnson l’a vu, pour qui l’indépendance, c’était reposséder toute la révolution de Lesage et doubler la mise.

Johnson voulait l’indépendance. D’autres aussi. Suite à l’appui qu’avait audacieusement donné de Gaulle en 1967, du balcon de l’Hôtel de Ville de Montréal, du départ de Aquin du Parti Libéral et de la création du MSA de René Levesque en novembre 1967, l’option souverainiste devenait majoritaire auprès de la clientele libérale comme unioniste.

Avec le triomphe historique de la droite nationaliste en France en juin 1968, suivie de l’arrivée au pouvoir de Pompidou, grand ami du Québec, l’indépendance, à la fin de l’été 1968, n’était plus seulement possible, mais probable. Si Johnson n’était pas mort en septembre 68, une élection en 70 aurait eté référendaire et le Québec aurait été indépendant en 1971.

Il suffit de peu pour s’éveiller d’un rêve. Après la mort de Johnson, l’option souverainiste est devenue minoritaire, à l’Union Nationale comme au Parti Libéral. L’indépendance a cessé d’être possible après la Crise d’Octobre, puis le monde a changé peu à peu et elle à même cessé d’être souhaitable. La fenêtre d’opportunité s’est fermée.

Attention ! Il serait toujours bien chouette d’avoir un passeport québécois, et de se dire indépendant. J’ai voté OUI aux deux autres référendums, et je voterai OUI au prochain si on s’amuse à en faire un autre, mais il n’est plus souhaitable de passer tant de temps à en parler, ni d’en faire le pivot de notre avenir. L’indépendance n’ajouterait RIEN de significatif aux pouvoirs du Québec et RIEN au quotidien des Québécois. De la fierté, et je voterai oui pour ça, mais rien d’autre.

On ne semble pas comprendre que l’indépendance, dans le sens qu’on lui donnait en 1960, n’est plus aujourd’hui l’apanage que de quelques grands espaces autarciques : USA, Chine, Europe… 70 % de la législation française reproduit exactement celle de l’Union Européenne… Les contraintes que doit supporter le Québec sont celles qui lui viennent de Washington et des institutions internationales, pas d’Ottawa.

Dans ce contexte, le clivage pour ou contre l’indépendance est nocif pour le Québec. Il crée un contentieux inutile, non seulement entre la majorité francophone et les minorités, mais au sein de la majorité elle-même. Surtout, aussi longtemps qu’un des deux partis d’alternance au Québec doit porter le boulet d’une option indépendantiste le jeu politique est faussé.

Le vote opposé à l’indépendance suffit à créer une majorité pour les tenants de cette option, même si ne viennent s’y ajouter que les voix d’une minorité réactionnaire, totalement dénuée d’imagination ou d’une volonté de progrès, qui n’a alors aucun besoin d’être représentative de la pensée politique du Québec pour imposer son agenda. L’évolution démographique ne fera qu’aggraver ce biais.

Il faut au Québec une alternative crédible au Parti Libéral. Le Parti Québécois ne peut pas être cette alternative, car il est identifié à une volonté d’indépendance. Mettre cette option en veilleuse ne règle rien, car l’indépendance étant la raison d’être du Parti Québécois, y renoncer serait l’ablation simultanée de ses méninges, de son coeur et de sa créativité. On ne convaincra personne qu’il a fait ce sacrifice.

Ce rêve de l’indépendance a fait son temps. Celle-ci viendra quand, signifiant de moins en moins, elle ne signifiera plus rien et nous échoira comme un fruit mur… En attendant, Il faudrait, pour le bien commun, que le Parti Québécois disparaisse, que le clivage politique se fasse autrement et que les Québécois rêvent à autre chose.

Pierre JC Allard

268 ; M’enfin… Il a raison, Monsieur le président !  09.06.27

Scandale en France. Un contrat, des pots-de-vin, des fonds pour une campagne électorale… Une « affaire des commandites », mais pour des centaines de millions… et en plus musclé. Les ententes n’ont pas été respectées. Attentat, une douzaine de morts… Il y a 14 ans…

Dans son entrevue du 19 juin au Nouvel Obs, largement diffusée et enregistrée sur video, le Président Sarkozy nous assène une grande vérité: “On est dans un monde où tout se sait”. Il nous l’a dit franchement et en toute sincérité. Il a bien raison. La preuve définitive en est à se faire, puisque tous les faits de cette transaction avec le Pakistan pour l’achat de ces sous-marins de la DCN sont a sortir un à un, comme les petites details émoustillants d’une photo porno dans un bain d’acide.

Il n’est pas exclu, d’ailleurs, que le secret qui tombe en cette affaire ne fasse pas tomber celui entourant les frégates de Taïwan, car qui sait si la discrétion concernant l’une n’était pas conditionnelle à celle devant s’appliquer à l’autre…? Tout pourrait bien se savoir.

Il aura fallu 14 ans, mais on commence à voir clairement que quelqu’un a signé un contrat au nom de la France et ne l’a pas respecté. Contrat de corruption, mais celui qui ne paye pas a ici la vertu de celui qui filoute les filles dans une maison de passe: il est moins respectable que sa respectueuse. Voilons-nous la face, mais ayant passé 30 ans de ma vie à négocier des contrats dans le tiers-monde, je dois vous avouer pudiquement que j’ai déjà ouï de semblables pratiques et des bavures auxquelles elles peuvent donner lieu.

Une grande pudeur est ici de rigueur, car un certain demi-monde de violence n’est jamais bien loin des transactions importantes où l’État intervient. L’État, par définition, dispose de la force pour trancher arbitrairement les noeuds gordiens, mais la violence est latente, aussi, de quiconque veut traiter avec l’État ; il serait trop souvent berné s’il ne disposait pas de quelques arguments du même genre. Rien de neuf. Il y a déjà 30 ans que Toffler digressait sur le facteur “yakuza”.

La grande surprise, dans ce dossier, semble son aspect inachevé… Il semble étonnant qu’on ait lancé cet avertissement – car tuer quelques innocents n’est toujours qu’un avertissement – puis que tout le monde soit passé à autre chose. Il semblerait plus logique que la commission ait alors été dûment payée à qui de droit ou que d’autres violences se soient produites. Violences visant plus directement les responsables du défaut de payer… ou faisant table rase des protestataires qui n’auraient pas eu la force de poursuivre jusqu’au bout leur procédure de recouvrement.

http://www.liberation.fr/societe/0101597665-l-argent-au-c-ur-de-l-attentat-de-karachi

http://www.lemonde.fr/politique/article/2009/10/17/attentats-de-karachi-des-commissions-auraient-ete-versees-jusqu-en-2008_1255377_823448.html

http://www.parismatch.com/Actu-Match/Politique/Actu/Charles-Millon-Chirac-m-a-demande-de-bloquer-des-commissions-illicites-106677/

Si quelqu’un veut vraiment suivre cette affaire, il faudrait donc voir si les commissions réclamées n’ont pas été versées à partir d’autres comptes dont un État doit disposer pour faire face à ce genre d’urgences. Il faudrait voir, aussi, si l’un ou l’autre de ceux dont les noms circulent en ce dossier – ou l’un de leurs proches – n’aurait pas été victime d’un accident dans les semaines qui ont suivi l’attentat. Voir, enfin, si quelques-uns des intervenants pakistanais ou des intermédiaires n’auraient pas disparu de la scène publique à cette époque.

Je dis bien : “Si quelqu’un veut vraiment suivre cette affaire”. Je ne le veux pas. Je doute fort que quelqu’un le veuille. La corruption, qui est le péché de Judas et qui a gangrené la gouvernance dans tous les pays qui sont ou se prétendent des démocraties, frôle malheureusement maintenant son niveau d’incompétence : le seuil de désordre où elle doit céder la place à la simple extorsion.

Ce n’est pas une coïncidence, si le capitalisme est en phase terminale. Maintenant que l’industrialisation a apporté l’abondance, le pouvoir ne dépend plus de la richesse; le pouvoir peut s’accaparer la richesse qu’il veut en manipulant les symboles. Il peut reprendre sa place de prédilection. Sa place au bout d’un fusil.

C’est ainsi que meurent les sociétés.

Pierre JC Allard

269. Michael Jackson   09.06.28

Michael Joseph Jackson est mort. Paix à ses cendres et mes sympathies à ses proches. Il avait vendu 750 millions de disques en cours de carrière dont 100 millions de Thriller, le bestseller de tous les temps et il avait été nommé Artiste du Millénaire aux World Music Awards en 2000. Qu’on aime ou non sa musique est sans importance et qu’on aime ou non le personnage n’en a pas davantage. C’est la place qu’il a occupée qui importe.

La place que des gens lui ont accordée dans leurs vies et celle que le système lui a faite. On parle beaucoup de nos politiciens. Assez pour en faire, parfois, les cibles de débats intellectuels sans commune mesure avec leur impact RÉEL sur nos vies. Alors qu’on prend nos artistes pour acquis…

Ceux qui pensent ”politique” – ceux bien rares qui y interviennent et ceux bien plus nombreux qui en discutent plutot que de parler foot, mais avec une pudibonde réticence à en analyser les vrais fonctionnements – ont parfois l’arrogance de penser qu’ils s’occupent, eux, de choses “sérieuses” lors que chanteurs, poètes, romanciers ne sont que des amuseurs… Mais qui sait s’ils n’ont pas tort et si le bon bout de la lorgnette n’est pas celui qui montre l’homme à sa vraie dimension ? Si petit dans une monde si grand qu’il vaut mieux penser d’abord à ses amusements ?

Le politicien, même le plus influent, n’est bien souvent que la résultante des circonstances, une image holographique qui nait à l’intersection des forces qui s’exercent sur lui. Il incarne une idée qui essentiellement est la vôtre et que vous lui prêtez. S’il changeait d’avis en changeriez vous aussi, ou le remplaceriez vous par une autre icône à image de ce que vous aimez ? Le politicien vous écoute, c’est l’amuseur qui vous parle…

Bien sérieux, la politique. On ne s’amuse pas… Mais toute cette politique et le discours politique qui s’y colle a-t-elle un autre but que d’encadrer les plaisirs simples qui vous font la vie à laquelle vous tenez vraiment ? Ce qui est encadré, c’est une vie de moments dont chacun vaudra l’amour ou l’amitié qu’on y aura trouvée, le petit blanc qu’on aura bu, la chanson qu’on aura fredonnée… Dans cette sequence de non sequitur qu’est une vie, les “amuseurs’ n’occupent-ils pas une place bien plus importante que celle qu’on leur concède ?

Que j’écoute Bach ou Michael Jackson, ce que l’un ou l’autre m’apporte n’est pas un aspect négligeable, mais essentiel de ma vie. Bien sûr, il y a ceux qui laissent la France « veuve ». Ceux qu’ont dit ‘”les grands hommes” et qui fixent le cap, à la barre du navire. On les dit irremplaables, mais ils seront remplacés et le navire voguera sans eux..

Quand l’artiste meurt, quelque chose s’arrête. Ce que l’artiste apportait n’était pas que de lui, mais était lui. Unique. Et quand l’artiste a fini son tour de piste, il ne reviendra pas. La mort d’un artiste qu’on a aimé marque une fin et donc une étape. On retournera a ses chansons comme à des souvenirs de soi-même. On dira “avant’”, jadis ou, avec le temps qui passera, “quand j’étais jeune”…

Pour des millions de gens qui l’ont aimé, Michael Jackson aura eu cette importance. À ceux qui ne l’ont pas aimé et à tous les gens sérieux qui regardent de haut les amuseurs, cette importance devrait suggérer un grand acte d’humilité.

Pierre JC Allard

270. Le dernier message de Mikaeel Jackson  09.06.29

Michael Jackson es mort. Arrêt cardiaque à 50 ans. Ah, les artistes, avec la vie qu’ils mènent… La famille n’en demande pas moins une deuxième autopsie. La police n’en interroge pas moins longuement son médecin… C’est que l’on parle d’un homme important. Un homme d’influence.

Il avait annoncé pour cet été la plus spectaculaire tournée de concerts de tous les temps. À prendre avec réserve, car on est en show business et donc loin de la modestie, mais ce n’est quant même pas un débutant qui le dit : c’est l’homme qui a vendu 750 millions de disques en carrière, dont 100 millions pour Thriller seulement. Le bestselle de l’histoire de la musique. Le recordman absolu, devant Elvis, devant les Beatles… On peut croire que sa performance aurait fait jaser…

Beaucoup jaser, car le curieux phénomène de la célébrité qui obnubile tout discernement jouait à plein pour cet homme qu’on avait accusé, mais non condamné et qui, pour des millions de gens aux USA et ailleurs, était resté un modèle. Pour eux, quoi qu’il arrive, ce qu’il faisait était bien, ce qu’il disait était vérité. La musique de Michael Jackson leur manquera, mais aussi quelque message qu’il aurait pu livrer et dont sa mort les aura privés.

Un message ? Quelqu’un peut-il penser que Michael Jackson ait eu quoi que ce soit de transcendant à nous dire ? Eh bien oui, justement. Les videos qui ont filtré de la préparation intensive de son prochain spectacle – dont celui ci par exemple – pointent dans une direction inusitée : la foi. Il semble que Michael, devenu Mikaeel – voulait nous parler de sa conversion à l’Islam. De quoi faire vraiment jaser…

Ce n’est pas la première fois qu’il est question de sa conversion à l’Islam – son frère est déjà musulman et la rumeur en a couru souvent – mais le dire est une chose et le faire une autre. Or, il semble bien que cette fois ait été la bonne. Il aurait prononcé la shahada – le formelle profession de foi à l’Islam – à los Angeles, le 21 novembre dernier. Un engagement irrévocable. Du sérieux car, abjurer l’Islam est punissable de mort.

En quoi sa religion peut-elle nous intéresser ? Pourquoi Mikaeel Jackson devenu musulman est –il plus significatif que Tom Cruise scientologue ou que la conversion jadis de Cassius Clay en Mohammed Ali ? C’est que Tom Cruise peut mettre quelques admiratrices en chaleur, mais ne met pas 50 000 personnes en transe. Une foule qui ovationne un chanteur qui a trouvé la foi en l’islam est dangereusement proche d’AIMER l’Islam.

Dans les circonstances actuelles, avec cette guerre au terrorisme à laquelle on a collé l’image barbue de bin Laden, aimer l’Islam, aux USA, n’est plus l’acceptation tranquille d’une religion comme les autres, même si toute la propagande politiquement correcte voudrait bien le faire croire. C’est – en se reconciliant avec l’image qu’on a associée sans discernement au fanatisme islamique militant – s’inscrire en faux contre toute la vision patriotique qu’on a voulue instiller dans la psyché américaine.

C’est réduire à néant des années d’effort et on ne sait même pas quels transferts pourraient être possibles, dans certaines catégories socioethniques, d’un fanatisme fondamentalisme chrétien qui ne pèche pas par excès de reflexion vers un Islam tout aussi radical

Il aurait été malencontreux que Mikaeel Jackson, surtout converti en un parangon de vertu, vienne semer le doute dans les esprits simples. Sa mort a évité ce problème. Personne n’a accusé personne, mais on verra les circonstances de sa mort d’un peu plus près avant que quelqu’un ne s’avise de s’étonner qu’un homme en parfaite sante en mai – car les commanditaires ne financent pas un tel projet de 50 concerts sans s’être assurés de la condition physique de celui sur qui tout repose – soit mort si brusquement en juin alors qu’il allait dire des bêtises.

Pierre JC Allard

271. Coup d’État au Honduras ? Si on veut… 09 06.30

Ce qui vient de se passer au Honduras apparait comme le Nième épisode d’un soap qui dure depuis que l’Amérique hispanophone a obtenu son indépendance dans les années 1820. Les anciennes colonies, relativement unies pour expulser l’Espagne, se sont ensuite, divisées, recombinées par grappes, fragmentées selon la fantaisie de caudillos locaux, jusqu’à ne plus être qu’une collection de pays allant de guerres civiles en pronunciamientos, guerroyant les uns contre les autres à l’occasion sous l’œil goguenard de l’Oncle Sam.

La doctrine Monroe est venue confirmer qu’on avait ici des protectorats de fait des USA. La colonisation yankee en Amérique latine suivait un modèle standard. Dans chaque pays, deux (2) partis ( Blancos et Colorados) -également bourgeois, également corrompus et, derrière une féroce opposition de façade, intimement connectés par des liens familiaux et financiers ! – allaient lutter indéfiniment pour le pouvoir démocratique.

Une lutte sans véritable conséquence, car les USA traiteraient avec les deux partis qui alterneraient au pouvoir, favorisant seulement avec réserve et discrétion celui qui leur braderait aux meilleures conditions les richesses naturelles nationales. Quoi qu’il advienne, les USA ne cesseraient pas de les exploiter.

Cette alternance entre les deux branches d’une même oligarchie ne permettant aucune mobilité sociale, les USA ont toléré des putsch militaires épisodiques en Amérique latine. Ce sont ces coup d’État qui ont permis d’ajouter un peu de sang neuf à cette aristocratie qui est là, inchangée depuis 6 ou 7 générations. Curieusement, pour ceux qui ne connaissent pas le processus, c’est durant ces dictatures que le peuple a été le plus près du pouvoir. Jamais pour longtemps, toutefois.

Dès que l’homme fort que l’Armée a sorti de la roture comprend les règles du jeu démocratique et peut porter des Gucci sans claudiquer, il est intégré à la bourgeoisie locale rouge ou blanche et peut se joindre aux grandes familles prédatrices qui sont la caste dirigeante. L’intermède populiste cesse et la « démocratie » est rétablie. Cette adjonction des compétences peut sembler un processus lent… mais, dans certains pays, on a eu plus de cent (100) de ces dictatures en moins de deux siècles…

Comme les oligarchies bourgeoises, ces dictateurs ne gouvernent généralement qu’avec l’accord et sous la houlette des USA … ou ne durent pas assez pour créer des domages. Il a fallu des circonstances exceptionnelles, pour que vrais révolutionnaires – Castro d’abord, Chavez ensuite – connaissent du succès en Amérique latine. La liste des tentatives avortées, au contraire, ne tiendrait pas sur cette page…

Dans ce contexte, un coup d’État au Honduras n’est donc pas une surprise et absolument personne ne doute qu’il ait été fomenté par les USA. Le Président Zelaya a fait un virage à gauche, les corps bourgeois constitués – incluant les gros pontes de son propre parti – on demandé sa tête à Washington et ils l’ont obtenue. Exit.

Ça semblerait banal, mais, cette fois, ça ne sonne pas juste. Si on lit entre les coulisses de marc de café sur la tasse, on a l’impression que Zelaya reviendra. Obama ne joue donc pas le jeu habituel. Si Zelaya revient, écartons d’emblée l’hypothèse que Washington aurait changé d’avis. Il n’aurait été chassé que pour qu’on puisse le ramener ce qui, tout le monde le sait, ne se fera qu’avec l’appui de Washington. Pourquoi cette mise en scène ? Il y a deux scénarios.

Le premier, c’est qu’on aura voulu susciter, au sein des Gauches latinoaméricaines, une alternative charismatique à Chavez. Dans un pays plus proche, moins riche, totalement dépendant des USA. C’est l’hypothèse du Cheval de Troie. Une manœuvre conventionnelle. Mais peut être veut-on plus…

Si la position des USA évolue subitement et qu’ils prennent bien ostensiblement la tête du mouvement pour ramener Zelaya, on aura le deuxième scénario. Obama n’aura rien cédé, puisqu’il a toujours soutenu la légitimité de Zelaya, mais Chavez pourra prendre le crédit d’avoir provoqué cette évolution… et on pourra le laisser dire. Ce sera alors une spectaculaire déclaration de paix des USA, non seulement à Chavez, mais aussi peut-être à Castro. On saura que l’Establishment américain à vraiment changé de stratégie.

Silva et toutes les Gauches d’Amérique pourront alors saluer Obama, le leader éclairé d’une nouvelle Amérique qui aura soutenu la démocratie. L’Europe, séduite, applaudira. L’Amérique, devenue monolithique du nord au sud, n’aura plus de contentieux. On sera prêt pour le libre échange continental (ZLEA). Peut-être même serait-on prêt pour l’Union Nord Américaine, si on décidait de régler le sort des trafiquants mexicains…

Ayant ainsi protégé ses arrières sur son propre continent – et poursuivant son discret dégagement déjà amorcé en Irak – L’Amérique pourrait dès lors s’occuper des choses sérieuses : la crise financière, sa reconstruction industrielle … et les Chinois.

Pierre JC Allard

272. Les Américains quittent Bagdad !  09.07.01

On en parlait, on en parlait… et puis aujourd’hui c’est fait. Ce 30 juin 2009, les troupes américaines achèvent de se retirer de Bagdad et de toutes les villes irakiennes, conformément au calendrier prévu. Jour de fête en Irak. Tout le monde chante : c’est le Jour de la Souveraineté Nationale. Des célébrations et des chants patriotique. Des feux d’artifice…

Etonnant, les feux d’artifice, car rien ne ressemble plus à des tirs de DCA durant un bombardement que des feux d’artifice… mais bon, c’est leur choix. Peut-être le souvenir nostalgique du temps où c’était LEURS battteries anti-aériennes qui défendaient le ciel d’Irak et tiraient sur les bombardiers américains. En 2003, et aussi en 1991… car ça fait 18 ans qu’on voit des Américains en armes en Irak.

Maintenant ils s’en vont. Les Irakiens jubilent, l’armée irakienne pavoise. On fête le départ des occupants. D’abord, ils vont se retirer des villes, se retrancher dans des camps en rase campagne et en plein désert d’ou ils pourront surveiller, mais ne feront pas de mal. Du moins on l’espère.

Ils en ont fait beaucoup. Des dizaines de milliers d’Irakiens sont morts, peut être des centaines de milliers si on pense aux effets à long terme des bombardements à l’uranium appauvri. Des millions ont été déplacés, se sont exilés… Des milliards de dollars d’infrastructures ont été détruites. Il y aura beaucoup à reconstruire.

Sur terre et dans les esprits, car l’Iraq, seule société laique au Moyen Orient à l’Est de la Turquie a aussi été une victime de la guerre. Le seul régime qui faisait barrière à l’intégrisme islamique n’est plus là. Maintenant, les tchadors sont là où Saddam avait rendu à la femme un statut d’être humain égal à l’homme. Et il y a aussi un milliard de musulmans dans le monde qui ont de bonnes raisons de croire que les Occidentaux sont des ordures.

Maintenant ils vont partir. Il faudra encore trois ans, au moins, pour extirper les dernières mouches du papier tue-mouches dont Steinbeck a écrit l’histoire dans ce roman prémonitoire qu’aura été The Moon is down, mais bientôt les mercenaires de Blackwaters ne tireront plus sur les civils, on ne torturera plus à Abu-Ghraib et les instructeurs américains ne seront plus abattus par les soldats irakiens qu’ils prétendaient former. Les GI vont chanter eux aussi. Ils vont rentrer chez eux.

Sauf les 4 400 qui y sont morts. Tout le monde ne peut pas gagner. Depuis qu’il est décidé qu’ils partiront, on en à parlé de moins en moins aux USA. Tout ca a bien trop des airs de retraite et de défaite… Oh, on ne censure pas, mais on est bien discret. Pourtant, il serait bon d’en parler.

Ce matin je n’ai vu qu’un petit entrefilet « hier, quatre soldats américains ont succombé en Irak à leurs blessures reçues en opération« . Comme un fait divers.. Mais quelqu’un en Iowa, en Akansas ou ailleurs va recevoir la visite de deux Marines qui, kepi à la main, vont lui dire que son fils, son mari ou son père est mort, pendant que les Irakiens fêtaient son départ. Ceux qui l’aimaient pourront penser qu’il est mort pour rien. Penser qu’il aura peut-être été le dernier à mourir pour rien… Le manque de pot de déraper dans le dernier virage… et ça ne les consolera pas.

Dès la première guerre du Golfe, celle qu’on a faite pour protéger le fric d’une famille princière à qui les Anglais avaient jadis donné un morceau d’Irak pour mieux en exploiter le petrole, René Dumont à dit à l’Occident: « cette guerre nous déshonore ». Il avait raison. Cette guerre n’a pas cessé de nous déshonorer, depuis près de 20 ans.

Nous resterons déshonorés jusqu’à ce que Bush et ses comparses aient été jugés, condamnés et punis pour leurs crimes

Pierre JC Allard

245. Une démocratie en tutelle   09.06.04

Chaque année, comme le Premier de l’An suit Noël, la fête du Canada suit celle du Québec, apportant un deuxième long week-end et permettant un sondage par les faits des opinions des Québécois. Malgré des hauts et des bas, la Saint-Jean reste le plus populaire des deux événements. Au Québec francophone, on est indiscutablement, en grande majorité, Québécois d’abord et (parfois) Canadien ensuite.

Bon, et alors ? Est-ce que cet attachement au Québec interdit de penser que, dans le contexte géopolitique actuel, l’appartenance à une confédération canadienne puisse être néanmoins, la meilleure option pour le Québec ? Nous avons deux nations qui ont indubitablement des valeurs communes et qui doivent vivre en relation constante avec le géant USA; n’ont-elles pas intérêt à mettre en commun leurs efforts et à harmoniser leurs politiques ?

Supposons que le Québec eut été indépendant depuis 1763, ou depuis 1931, est-ce qu’on ne serait pas, aujourd’hui même, à proposer une confédération canadienne ? Si nous étions séparés, n’y a-t-il pas des principes sur lesquels nous savons que nous sommes d’accord et donc des choses que voudrions convenir de faire en commun ? Quelles sont ces choses ?

D’abord, illusions et prétentions mises à part, nous savons que, pour l’avenir prévisible, notre politique internationale sera celle des USA et qu’il ne peut en être autrement. Nous savons aussi que notre politique financière et monétaire sera celle du Fonds Monétaire International et que nous en suivrons les directives… comme le font tous les autres pays du monde à qui le Fonds se donne la peine d’en donner. Faut il se mettre à deux pour aller prêter ces allégeances ? Une confédération canadienne peut s’en charger. Ensuite, si dans l’espace économique déjà bien poreux que constitue l’ensemble canadien au sein de l’Alena, des rapports économiques privilégiés peuvent être maintenus, n’est-il pas bon qu’existe un arbitrage ?

Si existaient aujourd’hui au nord des USA, deux ou plusieurs pays, il semblerait bien opportun qu’ils confient tous à une instance confédérale des responsabilités touchant la monnaie, les politiques financières, la défense, les relations internationales et le commerce interprovincial… Peut-être conviendrait-il, aussi, qu’ils affirment haut et fort leur volonté commune de maintenir la gratuité en matière de santé et d’éducation, ainsi que des normes de sécurité sociale, se garantissant un “espace de compassion” de taille suffisante face à la menace du désert social que sont les Etats-Unis.

Si le Canada n’existait pas, il faudrait l’inventer… Avec une répartition différente des pouvoirs entre Ottawa et Québec, peut-être, mais on comprend que c’est une autre question. À la première question qui est de se fédérer, la réponse serait sans doute oui. Oui, si on laissait la porte ouverte à une distribution négociée des pouvoirs que le simple logique des faits se chargerait d’imposer sans peine.

C’est cette porte, que le système actuel fait tout pour fermer. Quand on interroge la population québécoise sur son désir d’appartenance au Canada, on triche sans cesse, en présentant le statu quo de la distribution des pouvoirs comme la seule base de discussions. Cette attitude est bien révélatrice de la sordide manipulation qui est en marche depuis des décennies pour garder la « question nationale » au coeur du débat politique au Québec et voir à ce qu’elle ne soit jamais résolue.

Pourquoi le système ne veut-il pas que nous sortions de cette discussion ad nauseam d’une « indépendance » qui, dans le monde actuel, ne peut être, pour nous comme pour les autres nations, que la précision des conditions d’une universelle interdépendance ? Parce que cette discussion nous met les oeillères qu’on veut que nous portions.

Le système ne veut pas que nous discutions des choses vraiment importantes, comme la place du français au Québec, le partage des responsabilités entre le secteur privé et le secteur public, la politique de développement de nos ressources – commençant par celui de nos ressources humaines ! – et, bien sur, les mesures qui permettraient de réduire l’écart entre pauvres et riches et de créer une société plus juste.

Le système préfère nous garder dans une dichotomie simpliste entre « séparatistes » et « fédérastes », échangeant des invectives au lieu de nous émanciper de notre véritable dépendance; celle qui nous asservit à des patrons économique désuets et à une fausse démocratie inefficace et corrompue.

Il ne serait pas bête que ceux d’entre nous qui voulons des changements, au Québec comme dans le reste du Canada, fédérions nos efforts pour échapper à cette manipulation du grand capital et proposer une confédération canadienne conforme à la volonté populaire.

Pierre JC Allard

274. »Vers demain »   09.07.03

Cet article ne s’adresse qu’aux Québécois. En fait, aux Québécois de plus de 50 ans, car en France vous n’avez pas eu de « Créditistes ». Vous avec eu Poujade et quelques juments vertes qui ont fait un malheur, mais pas de créditistes. Dommage… J’ai écrit cet article il y a 10 ans et que je crois bien que la réalité a rejoint ma fiction.

Quand je vois le Dow-Jones franchir la barre magique des 10 000 sans ralentir et crever 11 000 en un temps record, je n’éprouve pas l’émoi triomphaliste que les prophètes du néo-libéralisme voudraient que nous ressentions. J’ai plutôt la même sainte trouille que m’inspirent certains numéros du Cirque du Soleil, ceux où il semble inéluctable que, tôt ou tard, quelqu’un se casse la gueule. J’ai la trouille, mais je me souviens aussi avec une certaine nostalgie de Réal Caouette, des Créditistes et des Bérets blancs.

Je me souviens d’une époque où des gens simples disaient, en leur propres mots, que l’argent n’était qu’un outil, que les banques étaient des opérations de brigandages institutionnalisées et qu’on ne s’en porterait que mieux si l’État distribuait chaque mois aux citoyens un “dividende” social qui constituerait pour chacun sa juste part de l’enrichissement national.

Parce que ceux qui le disaient n’utilisaient pas le vocabulaire des économistes en titre, on ne se privait pas de se moquer de “la piasse à Caouette” et il était de bon ton de sourire quand quiconque parlait du Crédit Social ou du Ralliement des Créditistes. On souriait, ce qui évitait d’engager le débat. Et quand le journal “Vers demain” répétait ad nauseam les mêmes thèmes, les rieurs avaient beau jeu pour souligner qu’il n’apportait rien de nouveau.

Une génération plus tard – et les Bérets blancs, pour autant que je sache, étant passés à l’histoire – il n’est pas sans intérêt de constater aujourd’hui qu’il n’y a sans doute pas de meilleur mot que “créditiste” pour qualifier le mode de gestion que tous les gouvernements depuis Trudeau ont appliqué au Canada… et les autres gouvernements modernes à leurs États respectifs. La monnaie, dégagée de la contrainte que lui imposait sa relation avec l’or, est bien devenue un outil et, comme le disait le vieux slogan des Créditistes, on a rendu “financièrement possible tout ce qui est techniquement réalisable”. Demain est arrivé.

Nous vivons dans un régime “créditiste”. Évidemment, on n’a pas tout pris du “crédit social”. On a pris le crédit mais on a négligé le social, de sorte que le “dividende” n’a pas été distribué à la population pour soutenir le pouvoir d’achat et faire tourner l’économie; le “dividende” – la plus-value, année après année du progrès technologique – est resté sagement dans le giron des nantis et s’est soldé par une hausse météorique de la valeur des actions en bourse.

Parce que l’argent est resté dans la bourse des riches, il n’y a pas eu cette inflation des prix à la consommation dont nous menaçaient jadis les détracteurs de la “piasse à Caouette”, une inflation qui, d’ailleurs, intelligemment contrôlée, aurait été une bénédiction. Il n’y a eu qu’une explosion de la valeur des titres boursiers. Une enflure exorbitante, démesurée de la richesse virtuelle qui ne représente aucune réalité puisque notre niveau de vie réel, en dollars constants, n’a pas bougé depuis 17 ans alors que le Dow-Jones, depuis 1982, est passé de 750 à 11 000, multipliant sa valeur nominale par 14 !

Pour comprendre toute l’absurdité de cette richesse “virtuelle” que représente un Dow Jones à 11 000, il faut revenir à un langage simple collé à la réalité, le langage qu’auraient adoré les vieux Créditistes. Ça vaut quoi, pour vrai, une action en Bourse?. L’action d’une compagnie en Bourse, vaut l’espérance du profit à réaliser en vendant aux gens les produits de cette compagnie. Si les gens n’on pas plus d’argent qu’il y a 17 ans, on ne peut pas faire plus d’argent qu’il y a 17 ans à leur vendre quoi que ce soit. Une compagnie peut valoir plus, une autre moins mais, en moyenne – ce que tentent de représenter les indices comme le Dow Jones ou Standard & Poor – les actions en Bourse (sauf en fonction de l’accroissement démographique) ne valent pas vraiment plus aujourd’hui qu’il y a 17 ans. La hausse de valeur des actions en bourse est une pure construction mentale.

La réalité, c’est que le régime “créditiste-capitaliste” des trois dernières décennies a créé une situation non seulement plus injuste, mais infiniment plus dangereuse que celle qu’aurait créée un “crédit social”, puisque l’inflation progressive qui aurait résulté de la distribution d’un dividende social aurait pu être progressivement corrigée, alors que la bulle fragile de la valeur boursière illusoire qu’on nous propose comme base de la richesse peut nous éclater au visage à tout moment, donnant un sens nouveau et terrifiant à ce “vers demain” que les Créditistes naïfs de la génération passée proposaient comme un message d’espoir.

Pierre JC Allard

P.S Nous sommes au surlendemain…

275. Ombelix au pays des Chimères   09.07.04

À la fin du XXème siècle, l’Amérique au nord du Rio Grande est tout entière soumise à l’hégémonie anglo-saxonne, à l’exception, au Nord-est, d’une vaste taïga, peuplée de caribous, d’autochtones, d’une myriade de métèques et de deux peuples fondateurs, dont “nous-z’autres” qui ne nous en tirerions pas mal si nous n’avions pas à porter continuellement sur le pavois deux clans d’ irrépressibles totons, les Peurdurix et les Ombelix.

Les Peurdurix se sentent tout petits. Ils peuvent avoir le cheveu plat à la Bourassa ou bouclé à la Charest, ils peuvent être riches – style “Conseil du Patronat” – ou misérabilistes genre “ma pension de vieillesse et rien d’autre”, mais leur caractéristique essentielle est d’avoir peur. Le plus grand nombre d’entre eux ont surtout peur que l’indépendance leur tombe sur la tête, mais il y a aussi des Peurdurix dont la seule phobie est l’inflation et une minorité non négligeable d’entre eux qui ont peur de parler anglais. Leurs pères ont voté “non” à la conscription puis se sont enrôlés volontaires, ont été pour les curés sous Duplessis… puis pour la révolution pour autant qu’elle soit “tranquille”.

Le mot d’ordre des Peurdurix est de passer le risque, la responsabilité et le blâme éventuel aux autres, parce qu’ils ont surtout peur d’eux-mêmes. La majorité d’entre eux sont fédéralistes parce que c’est rassurant, mais il y en a beaucoup au contraire qui sont souverainistes – mais avec association, bien sûr et en souhaitant au fond que ça n’arrrive pas – parce qu’ils ont encore plus besoin d’avoir Ottawa comme bouc émissaire que comme parapluie. Les Peurdurix sont férocement opposés au changement parce que le changement est un risque et qu’ils se sentent trop petits pour courir des risques.

Les Ombelix sont très gros. Ou plutôt, regardant sans cesse leur nombril, ils se voient très gros. Ils sont nés d’une race fière, ils savent que nous avons une culture alors que les anglos sont des Béotiens et que Toronto est une ville ennuyeuse où les bars ferment le dimanche. Riches ou pauvres ils sont convaincus que la Gaspésie est mieux que la Côte-d’Azur, que notre train de vie est bien supérieur à celui des Européens, comme en 1945, que Montréal est la “deuxième ville française du monde” et que le “modèle québécois” est un succès boeuf qui ne doit rien aux modèles scandinaves des années soixante.

Les Ombelix ont l’identification facile. ils sont fiers des succès de Plamondon en France, de Celine Dion aux Etats-Unis et du Cirque du Soleil partout, comme s’il s’agissait là de produits du terroir. La plupart se disent sociaux-démocrates, mais ils sont fiers de Bombardier, de Desmarais et de Québec Inc. La plupart, sont pour l’indépendance, mais on ne manque pas d’Ombelix fédéralistes qui sont bien fiers aussi que l’Unesco dise du Canada que c’est le meilleur pays du monde. Les Ombelix sont férocement opposés au changement parce qu’ils sont gras, qu’ils se croient gros et qu’ils veulent le rester.

De telle sorte que nos Peurdurix – dont la “sage prudence” n’est qu’une profonde lâcheté – et nos Ombelix – dont la complaisante “fierté” repose trop souvent sur une ignorance crasse – constituent, depuis des lustres, une alliance solide contre tout ce qui pourrait être un véritable changement. Au Québec, comme des choeurs de tragédies antiques , on peut toujours s’attendre à ce qu’un “Ne changeons pas, nous sommes parfaits!” vienne donner la réplique à un ” Ne changeons pas, c’est dangereux!” .

Quand on écoute les Peurdurix et les Ombelix et que’on regarde leur gesticulation, on ne voit plus la réalité et on perd le sens même du drame. Les Peurdurix et les Ombelix sont des livreurs de chimères, aussi inutiles que des ménhirs et qui pèsent très lourd sur l’avenir d’un peuple.

Car pendant qu’on rêve, le tiers des Gaspésiens n’ont pas de travail, notre niveau de vie est inférieur à celui d’une bonne demi-douzaine de pays d’Europe et il y a pas mal plus de francophones à Kinshasa ou à Casablanca qu’à Montréal. Est-ce qu’il ne serait pas temps de comprendre que nos deux grands ennemis sont la peur et l’arrogance, les deux se prêtant main forte, depuis des décennies, pour nous priver du courage qui nous permettrait de poser le diagnostic de nos problèmes et d’y apporter de vraies solutions?

J’écoute depuis des mois ce qu’il faut bien appeler le babillage de nos leaders politiques, Charest, Marois, Harper, Ignatieff et même tous les autres auxquels nous avons habitué de donner le bénéfice du doute, parce que, n’ayant aucune chance d’avoir jamais le pouvoir on peut bien s’imaginer qu’ils feraient mieux, mais aucun n’apporte l’ombre d’un projet de société. Je vois des rangées de chimères, en enfilades et en cercles, parfois les unes supportant les autres comme des dolmens.

J’aimerais qu’on se sorte du duo Peurdurix – Ombelix et qu’on passe à autre chose. Je voudrais que, si on a peur, on ait au moins des raisons d’avoir peur et que si l’on est “fier” on nous dise précisément de quoi l’on est fier. Parce que je pense que la peur ça se domine et que la fierté ça doit rester discret. Je pense que le véritable avenir du Québec passe d’abord par une prise de conscience de ce que notre démographie, la géopolitique et le sens que semble se donner l’Histoire contemporaine feront inexorablement du Québec.

Notre avenir, il passe par l’acceptation de cette réalité et la décision de définir notre évolution en fonction d’elle. Sans peur et sans complaisance. Je crois que nous pouvons le faire. Je suis persuadé qu’il y une majorité de Québécois qui ne se pensent pas si petits qu’ils ne puissent survivre ni si gros qu’ils ne puissent encore grandir. Ils ne demanderaient pas mieux que de travailler simplement, sereinement à devenir “plus” et “mieux” que ce qu’ils sont réellement, comme un arbre qui grandit.

Il n’y a pas de honte à grandir. Est-ce que ceux qui nous gouvernent ne pourraient pas nous proposer un but et nous en montrer le chemin? Et nous offrir une bonne lampée de la potion magique que constitue un véritable projet ?

Pierre JC Allard

276. Régler la crise financière   09.07.05

La crise actuelle suit son cours, avec une dissociation progressive entre l’économie réelle en voie de reconstruction et une économie monétaire qui continue son rêve-cauchemar éveillé. Plus de 9% de chômeurs déjà, aux USA, les autres pays à l’avenant et aucune raison pour que ca s’améliore, avant qu’une nouvelle structure du travail ne soit mise en place dont la pierre d’assise devra être une couverture de revenu-travail garanti.

Pendant que la crise du travail prend de l’ampleur dans le monde réel, à mesure que ferment les industries dont les modes de production ne sont plus adéquats et les entreprises de services qui en dépendent, la crise financière qui est là depuis 9 mois arrive à maturité. Tandis que les emplois disparaissent, les indices boursiers fluctuent selon les rumeurs que laissent filtrer le Tresor américain et autres autorités et l’on commence à estimer avec plus de précision le volume de cette masse monétaire qui ne vaut plus rien.

Il faut régler maintenant cette crise financière, car on ne peut maintenir une économie globale basée sur des échanges commerciaux sans une monnaie qui inspire confiance. On verra à l’automne comment le système s’y prendra pour régler cette question, mais il n’est pas interdit de voir comment il DEVRAIT s’y prendre, s’il existait un pouvoir mondial pouvant agir sans contraintes et ne pensant à rien d’autre qu’au bien de la population. On pourrait procéder alors selon les huit (8) règles suivantes.

1. Une monnaie, appelons la « V », est créée et émise sous l’autorité du FMI avec l’accord de tous les États membres.

2. Cette monnaie V a cours légal et est en circulation libre partout. À partir d’une valeur initiale de consensus, son taux de change aux diverses devises fluctue librement.

3. Les États, les institutions financières et les personnes physiques ou morales (corporations) peuvent se procurer un crédit en V à la hauteur des BIENS RÉELS dont ils transportent la propriété au FMI. Ils conservent l’usage de ces biens réels, mais perdent le droit de les aliéner.

4. Les États et entités paraétatiques sont invités à rembourser leur dette publique en l’imputant à leurs contribuables au prorata des actifs de chacun. Ainsi les États élargiront la masse des biens réels dont ils pourront transporter la propriété au FMI.

5. Les contribuables de chaque pays doivent acquitter immédiatement cette dette correspondant à une partie de la dette publique qui leur échoit. Ils pourront le faire, à la discrétion de leur État, en V, en monnaie nationale ou partie en V et partie en monnaie nationale et en transportant à l’État la propriété de biens réels dont ils conserveront l’usage.

6. À partir d’une date convenue, dans tous les pays, tous les salaires jusqu’à la hauteur de 5 fois le revenu moyen per capita et tous les paiements d’assistanat, incluant les pensions de vieillesse et les allocations de chômage, sont effectués exclusivement en V.

7. En sus des autres paiements en V qu’il peut recevoir, tout individu majeur a le droit, chaque jour ouvrable, d’obtenir de l’État la conversion en V d’une somme en monnaie nationale déterminée pas l’État présumée équivaloir à 1/250 du revenu annuel national moyen. Il n’y a pas de contrainte à la conversion de V en monnaies nationales

8. Toutes les autres obligations maintenant en vigueur et les futures transactions demeurent libellées et peuvent être acquitées en monnaies nationales, jusqu’à ce qu’en décide autrement l’Etat qui a juridiction sur leur exécution.

Je suis conscient que cette opération nécessite des changements au rôle du FMI et aux accords internationaux ; elle n’est pas facile à accepter ni à réaliser. 😐 Je suis conscient qu’elle exigerait un complément de détails et peut susciter des interrogations 🙂 Il est évident qu’il est impossible de fournir ce détails et de répondre à ces interrogations dans le cadre de cet article. Je suggère au lecteur de simplement y réfléchir. On en reparlera plus tard.

Pierre JC Allard

277. Crucifix aux oraux ? M’énervez pas avec la laïcité   09.07.06

Petit séisme sur Rue 89, le plus populaire des médias électronique français. Rue 89 n’est pas un “media citoyen”, dans le sens d’Agoravox, où les articles viennent de la base, mais une vitrine de l’opinion française où des milliers de blogueurs passifs viennent commenter les articles écrits par des pros ou quasi-pros et parfois de simples citoyens.

Rue 89 dépasse largement le million de visites par mois. Un article populaire fait facilement 100 000 lecteurs et 500 commentaires. Disons que le commentaire que vous faites en passant sur Rue 89 sera bien plus lu – et pourrait avoir plus d’impact – qu’un article fouillé que vous auriez publié dans Le Devoir.

Le petit séisme sur Rue 89, aujourd’hui, a brisé des carreaux dans la sacro-sainte laïcité du système d’éducation français. De quoi s’agit-il ? Le 30 juin était, cette année, la journée des oraux. Des milliers de candidats au bac vont jouer leur va-tout sur quelques minutes d’entretiens. Le stress d’un premier saut en parachute. Or…

Dans un établissement privé du Val-de-Marne, sous contrat avec l’Etat cette année pour servir de centre d’examen pour le bac, des enseignants du public et des élèves des environs conviés pour passer et faire passer les épreuves se sont trouvés face à face avec des signes religieux, notamment des croix… Dans les couloirs, mais il y avait aussi des crucifix dans les salles de cours où se tenaient les oraux.

Une enseignante se plaint, contact avec l’organisme responsable du Ministere. Fin de non recevoir et l’enseignante est remplacée. Une autre enseignante refuse à son tour de faire passer les oraux sous des crucifix et est elle aussi remerciée. Ça se gâte…

Remerciées ? Que non, explique le directeur du SIEC (Service interacadémique des examens et concours) « Elles étaient convoquées pour faire passer les examens, elles refusent de le faire sous les signes religieux, ce lycée est sous contrat, je n’ai pas à leur préciser selon leurs exigences si elles peuvent, ou pas, faire passer des oraux sous une croix. Elles devaient donc être remplacées faute d’assurer les oraux : ce qui compte, c’est les candidats. »

Ça vous semble clair ? À moi pas… Mais bon, ils ont leurs problèmes en France, nous avons les nôtres au Québec. Souvenez vous de cette algarade qu’on s’est offerte, concernant le cours sur l’éthique et la culture religieuse (ECR). Il semble que la bêtise soit catholique, dans le sens etymologique du terme. J’ai émis une opinion sur Rue 89. J’ai pensé qu’il serait correct de vous en aviser…

« 
Je suis un vieux Québécois, un peu victimisé par les calottes étant enfant. Oh, Pas le drame, genre abus sexuel.. Juste l’emmerdement de l’insolente affirmation de la bêtise, car je comprenais déjà, a huit ans, que tout ce cirque n’avait aucun sens.

Puis, il y a eu l’inquisition genre « billet mensuel de confession », la persécution pour la communion du dimanche, etc. Les Francais qui ont vécu dans la laïcité, ne peuvent pas comprendre le malaise – un euphémisme – qu’on éprouve ne pas être croyant dans une société cléricale.

Puis, adolescent, j’ai physiquement tiré des cailloux aux curés et ensuite j’ai appris de haute lutte l’art de la séduction, dans un monde où, par principes, toute femme doit dire NON. Je l’ai appris. Chaque plaisir a dû être gagné…

Puis, tout a basculé et, entre 1960 et 1970, le Québec est passé de « bondieusard » à « anticlérical », tout se stabilisant vers 1980, dans un pays où moins de 10 % de la population restait pratiquante. Problème réglé.

Quand je lis maintenant cette histoire de crucifix en Val-de-Marne, j’ai l’impression d’un incroyable retour en arrière et ma première réaction est de penser que Christ, Guevara ou Michael Jackson sur un mur ne devrait plus avoir aucune importance…

Puis, je me souviens des popes chevelus et barbus qui sont réapparus en Russie après la chute de l’URSS, après 70 ans de rationalisme, comme des termites d’un vieux morceau de bois. La religion est impossible à éradiquer. Pas parce qu’elle est divine, mais parce qu’elle est humaine, trop humaine…

Un moment d’inattention et elle revient… Donc, amis français, un conseil d’un vieux cousin. Même quand elle semble morte, cette chose qu’on appelle religion peut renaitre et venir nous hanter. Comme disaient les évêques de ma jeunesse, il ne peut y avoir de compromis entre la vérité et le mensonge. Ecrasez l’Infâme.

Alors vous voyez, je ne vous cache rien….

Pierre JC Allard

278. Russie, USA… « Diplomacy »   09.07 07

Aujourd’hui, Obama et Medvedev se sont rencontrés et ont fait la paix. Une rencontre déterminante pour sceller notre avenir immédiat. Ce qui va transparaître de cette rencontre sera un nouveau traité START. Une réduction « spectaculaire » de leurs arsenaux nucléaires respectifs… mais qui, justement, ne sera qu’un spectacle.

Un spectacle, car abaisser de 2200 à 1675 le nombre maximum de têtes nucléaires et de 1500 à 1100 le nombre des “vecteurs nucléaires” – missiles intercontinentaux, sous-marins et bombardiers à long rayon d’action – qu’ils se permettront dans 7 ans ne changera en rien leur capacité réciproque de s’annihiler… Start est un buzz pour médias .. et c’est très bien comme ça.

Une bonne nouvelle qu’on ait maintenu l’«équilibre de la terreur » qui nous inquiétait tant il y a 50 ans, mais qui s’est avérée depuis la stratégie pour la paix la plus efficace de l’histoire moderne. Continuons à nous faire peur…on ne se fera pas de mal. L’important de la rencontre n’est pas cette réduction de leurs arsenaux ; l’important est qu’ils se soient mis d’accord. On vient d’annoncer qu’on veut la paix

Le régime Bush ne voulait pas la paix. Oh, il ne voulait pas la guerre, naturellement, l’équilibre de la terreur était bien en place, mais il ne voulait pas la paix. Il voulait aboyer, semer la zizanie, déstabiliser, fomenter des coups aux frontières de la Russie. Il voulait maintenir cette menace constante qui, en forçant l’URSS à consacrer une part exorbitante de ses ressources à sa défense, l’avait empêchée de satisfaire sa population et avait finalement entraîné sa chute.

Le régime Bush voulait la même paix armée, hargneuse… qui n’est pas la paix. D’où ces insolentes provocations, d’aller former l’armée géorgienne pour venir récupérer l’Ossétie du Sud, de financer l’arrivée au pouvoir de régimes antirusses dans les États limitrophes et le projet sans véritable intérêt stratégique – et donc d’autant plus vexatoire, de venir installer des missiles en Europe de l’Est.

C’est à cette stratégie provocatrice et vexatoire que l’accord actuel semble mettre met fin. Obama n’a pas affirmé que cette histoire de bases en Pologne et en Tchéquie était finie, mais tout le monde a compris… Comme en convenant de reprendre les activités militaires communes Russie – USA, suspendues en août 2008, au moment de la guerre russo-géorgienne, on passe le message bien clair qu’il n’y aura plus de bêtises sur le front du Caucase. Il sera intéressant de voir si les Israéliens aussi sortiront de Georgie…

Plus important encore, la Russie a autorisé l’utilisation de son espace aérien pour le transit de soldats et de matériel militaire américain à destination de l’Afghanistan, un accord qui va faciliter énormément la logistique de l’armée américaine…et qui met en évidence que la Russie est bien d’accord pour que l’on garde l’Islamisme comme croquemitaine universel.

Parions qu’il se sera dit bien des choses, aujourd’hui, concernant les Ouighours et tout se pétrole que l’on pourrait exploiter au Sinkiang… Sans parler de celui des autres pays d’Asie Centrale, qu’il serait plus facile d’exploiter si les Russes faisaient régner l’ordre dans cette zone, sinistrée depuis la fin de l’URSS.

Les USA d’une autre époque avaient rêvé d’exploiter eux-mêmes ce pétrole, mais ils se sont sans doute aperçus qu’ils ne pourraient le faire qu’au risque de créer une demi-douzaine de « situations afghanes »… Alors que rebâtir l’économie américaine sera un job à plein temps. Alors on se parle…

Parions aussi qu’on aura parlé de l’Iran. Pas plus que les Américains, les Russes ne sont sans doute heureux de voir cet État sous la coupe de fanatiques religieux. Si Russes et Américains s’entendent, l’avenir de l’Iran se décidera, comme toujours, sans que les Iraniens ne soient vraiment consultés. Et ce qui vaut pour l’Iran vaut pour bien d’autres…

Ce qui semble découler logiquement de la géopolitique actuelle, c’est que si Russie et USA se sont vraiment entendus, ils vont modeler le monde à leur convenance pour longtemps. S’ils n’ont que feint de s’entendre, Chine, Europe, Japon, Islam et les Autres reviendront à la table, dans une partie à multiples joueurs et dans un réseau d’intrigues d’une exquise duplicité.

La situation globale, en ce cas, ne ressemblera à rien tant qu’à une partie de Diplomacy, jouée sur une carte du monde d’aujourd’hui, plutôt que sur celle de l’Europe d’il y a cent ans. C’est la solution imminente qu’il va falloir donner à la crise monétaire qui nous dira quelle hypothèse est la bonne.

Pierre JC Allard

279. Le déclin   09.07.08

Magnifique billet à mon avis de Michel David dans Le Devoir d’aujourd’hui. Je vais ajouter mon grain de sel ci-dessous, mais ce n’est qu’un commentaire. Lisez d’abord le billet de David. http://www.ledevoir.com/2009/07/04/257812.html Voyez aussi les quatre (4) articles de Yan Barcelo qui traitent plus en profondeur du même phénomène sur les 7 du Québec

***

Toute notre civilisation se délite et s’effrite. Le déclin n’est pas un phénomène local, mais un problème mondial. A divers degrés, ce que l’on vit chacun chez-soi n’est qu’une facette de ce qui se passe partout. Nous avons un problème de désordre  On aurait voulu croire que pauvreté et désordre allaient de paire et que le temps apporterait une commune solution dans un enrichissement collectif. Le désordre, hélas, ne croît plus seulement dans la pauvreté, mais partout.

Dans le monde sous-développé, en Afrique, en Amérique latine, une partie de l’Asie, une pauvreté objective abjecte crée, bien sûr, une crise permanente. Le pouvoir formel y devient précaire, son emprise réelle faible, sa légitimité nulle. Parfois, un pouvoir clanique, arbitraire, devenant toujours de plus en plus mafieux – puisque la criminalité y est le seul secteur porteur de l’économie – peut s’exercer de fait, ici ou là, mais sur des territoires trop restreints pour que puisse s’y maintenir une structure de développement stable. Le désordre est presque total ; on meurt au jour le jour, sans attirer l’attention

Dans certains pays dits « en voie de développement », s’établit souvent un pouvoir totalitaire. Ces régimes sont dénoncés et souvent sabotés par le reste des nations; pour ce motif de dictature, ou ce prétexte en cachant de moins avouables. Ces pays, de toute façon, ont perdu la partie de créer le bonheur, lequel n’est vraiment possible que dans la liberté. D’autres feignent une forme de démocratie, mais celle-ci tout entière soumise à une omniprésente corruption et leurs assises sont sapées par les deux (2) problèmes systémiques, auxquels ils n’échappent jamais: un chômage endémique et une dette publique en croissance ininterrompue

Ajouter, dans le tiers-monde, les guerres spontanées ou fomentées qui viennent et vont, comme toujours, mais plus que jamais inutiles, plus désespérantes, car elles se terminent sans que la paix ne revienne vraiment; la violence se poursuit, plus ou moins larvée, dans un désordre permanent. Les oasis de sécurité se font plus rares sur cette planète et, là où elles subsistent, deviennent sans cesse plus précaires, moins sereines….

Dans les pays dits développés, les USA offrent l’exemple qui semble prémonitoire d’une fracture sociale entre les pauvres et les riches, entre les blancs et les autres. Une fracture qui, si elle s’élargit, conduira à un inévitable éclatement et dont l’imminence est occultée par un cirque médiatique: un déluge d’informations incohérentes qui, paradoxalement, sert de censure. Le citoyen moyen n’a plus qu’une vision de plus en plus floue de l’ensemble de la situation. Il ne reste qu’un espoir qui sert de digue : Obama.

L’Europe suit la même voie. Les inégalités inhérentes à une expansion qui y fait cohabiter ses nations riches et pauvres et une immigration incontrôlée y créent des opposition ethniques et raciales à la mesure de celles de l’Amérique. Cette voie est balisée par la concentration de la richesse, l’exclusion progressive des travailleurs, la récupération de la démocratie par la manipulation des médias, la rupture de la solidarité sociale, le choix de la décroissance, la diminution inexorable des services sociaux et une perte d’éthique.

Cette perte d’éthique favorise la criminalité dans les pays riches comme dans les pays pauvres, mais elle y prend d’abord une autre forme. Celle de la délinquance et d’une désaffection croissante envers les valeurs sociales sans lesquelles une société complexe ne peut survivre. On assiste de plus en plus à l’abus de biens publics, à la fraude fiscale généralisée, au travail au noir et, surtout, toutes ces tares deviennent socialement tolérées. Il devient acceptable de ne pas respecter les règles qui ne nous conviennent pas et l’on peut compter sur l’indulgence des autres, puisqu’ils en font tout autant.

Le seuil à partir duquel le désordre s’impose grimpe sans cesse plus haut sur l’échelle de la richesse et de la respectabilité. Voyez en Europe des ministres convaincus de gestes criminels se représenter sans gêne devant les électeurs; voyez, aux USA, une vedette de la télévision signer des contrats à partir de sa cellule de prison et sourire aux photographes invités. Il n’y a plus de véritable opprobre à l’illégalité. Institutions, méthodes, mécanismes, objectifs ne font plus consensus.

Chacun prend donc ses distances de l’ordre établi dont le capitalisme ne l’a pas invité à être partie prenante. Il est devenu acceptable de ne plus EN être. Chacun s’en dégage presque en catimini, mais sans trop de pudeur, content d’en sortir, mais sans entendre l’appel d’une alternative autre que son propre individualisme. Chacun le quitte sans se sentir encadré par autre chose et devient donc ainsi vulnérable et même plus ou moins consciemment, réceptif au désordre.

Le « système » qui gère la société n’inspire plus aucun respect. Que ce soit à tort ou à raison, regrettable ou non, ce sont d’autres débats. Ce qu’il faut d’abord s’admettre, c’est qu’une société ne vit pas sans un système qui la gère et des lois qu’on y respecte. Sans une large adhésion aux valeurs d’un système qui sert de référentiel pour déterminer ce qui est bien, il n’y a pas de société possible. Elle s’étiole, entre en crise et meurt. C’est la voie de la décadence.

Les principes, les valeurs les raisons de vivre qui devraient encadrer notre société et y maintenir l’ordre ne collent plus avec la réalité et l’esprit du monde actuel. Sans solidarité au soutien de l’ordre, le désordre s’installe partout. La croissance du nombre de ceux qui rejettent le système est exponentielle. Qu’on les appelle exclus ou rebelles, leur refus est le signe d’une société bien malade. Il n’est pas sûr qu’elle guérisse.

Pierre JC Allard

280. Caritas in veritate 09.07.09

Par cette encyclique, Benoît XVI se mérite une place dans l’Histoire. D’abord par l’importance de ce qu’il dit – qui permet de penser que l’Église va prendre enfin la part des déshérités – ensuite, par le courage de l’avoir dit de cette façon. Car en disant que cette encyclique est le « Rerum novarum de l’époque contemporaine » qui éclaire le chemin de l’humanité en voie d’unification, il va aussi loin dans la voie d’une révision des positions de l’Église que peut aller une organisation qui se prétend infaillible. Ce faisant, il nous permet de penser qu’elle peut parfois avoir raison

Laissons de côté ce qui est ronds de jambes pour dire que rien n’a changé, et acceptons ce message actuel de l’Église. Les casuistes nous diront s’il est ou non novateur, mais seuls d’autres casuistes s’en préoccuperont. Je ne répéterai pas le texte, il est ici pour consultation. Je vais vous dire ce que j’y lis.

1. Il faut repenser l’Économique

L’activité économique ne peut résoudre tous les problèmes sociaux par la simple extension de la logique marchande. Une activité financière mal utilisée – et, qui plus est, spéculative – ne soutient qu’une croissance artificielle liée à une consommation excessive. Vouloir séparer la gestion de l’Économique, dont le seul objectif serait de produire la richesse, de celle de la Politique, dont ce serait la seule mission de rechercher la justice au moyen de la redistribution, est une cause de graves déséquilibres

2. Il faut repenser le Politique

L’État vient de faire la preuve de son utilité, en s’attelant à corriger les erreurs et les dysfonctionnements de l’économique. La crise actuelle nous oblige à créer de nouvelle règles du jeu et c’est l’occasion d’élaborer et de mettre en place de nouveaux projets. Non seulement ceux qui ont donné la gouvernance de l’État pour désuète ont-il eu tort, mais il serait temps de mettre en place un autre palier de gouvernance: une véritable autorité politique mondiale.

3. Il faut repenser la justice distributive.

Même du point de vue économique, les pauvres ne sont pas à considérer comme un fardeau, mais au contraire comme une ressource. Pour fonctionner correctement, l’économie mondialisée a besoin de la logique du don sans contrepartie. Gratuité et don de soi sont des vecteurs de la prospérité et l’économie a donc besoin de l’éthique.

4. Il faut repenser l’entrepreneuriat

À côté des entreprises dont les objectifs sont économiques, il faut concevoir des entreprises dont le but soit social. Il faut concevoir des microprojets. Il faut créer des coopératives de consommation. Il faut consommer de façon plus sobre et assurer à tous ceux qui travaillent une rétribution décente. On pourrait même penser à la « subsidiarité fiscale » qui permettrait aux citoyens de décider de la destination d’une part de leurs impôts versés à l’État, de façon à aider les pays en voie de développement.

5. Il faut soutenir les réseaux de protection sociale

Benoît XVI suggère de favoriser davantage la liberté syndicale. « Plus pertinente encore aujourd’hui qu’hier», dit-il, car il faut «se donner comme objectif prioritaire l’accès au travail». C »est l’amende honorable pour Rerum Novarum.

Je ne croyais pas voir le jour où j’applaudirais une encyclique papale. Pourtant, non seulement suis-je d’accord avec tout ce qu’elle propose – même si le rôle dévolu aux syndicats parait aujourd’hui dépassé – mais, si je n’avais peur de rendre ce texte illisible, je pourrais faire un lien de chacune des phrases vers un texte soutenant la même idée, que j’ai écrit il y a 5, 10 ou 20 ans ! Dire que je suis d’accord est en-deçà de la vérité.

Je sais que beaucoup de ceux qui mènent les mêmes combats que moi y verront in piège, une manœuvre pour avancer l’agenda néolibéral de mondialisation. Mais je ne veux voir qu’à sa face même le message qui est ici livré: ce qui est ici écrit restera écrit et c’est un gain net pour la justice sociale.

L’Église a son propre agenda, qui a été néolibéral quand il a été opportun qu’il le soit; je crois qu’elle a décidé que ce ne l’était plus. Ceux qui voudraient l’instrumentaliser – et je ne doute pas qu’ils soient nombreux – devraient méditer sur la fameuse phrase le Lincoln. When you have got an elephant by the hind leg, and he is trying to run away, it’s best to let him run. »

Pierre JC Allard

281. Le G8 attentiste    09.07.10

Le G8 qui vient de se réunir à L’Aquila en Italie se solde par un report des décisions significatives vers deux nouvelles échéances : a) le prochain G20 qui se tiendra à Pittsburgh les 24 et 25 septembre prochain pour apporter une solution à la crise financière, et b) la négociation internationale sur le climat qui se tiendra à Copenhague en décembre.

On parle bien plus du second de ces deux événements. Apparemment à raison, car si le réchauffement présumé de la planete est averé, c’est bien en effet, sub specie aeternitatis, le probleme qui rend futile tous les autres. On a donc un plan.

Pour éviter que l’augmentation de la température de la planète ne dépasse les deux (2) degrés Celsius d’ici à la fin du siècle, le G8 propose de réduire de moitié les émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici à 2050. Pour persuader les pays en développement – surtout la Chine et l’Inde – de collaborer à cet objectif, le G8 s’engagerait à ce que celles des pays industrialisés baissent de 80%

Généreux. Mais il faut se souvenir que c’est demander aux pays émergents de ne pas se developper aussi vite qu’ils le pourraient et donc de rester pauvres plus longtemps, en se privant des moyesn qui ont permis aux pays riches de s’enrichir… De plus, en ne précisant pas l’année de départ de référence pour la réduction des émissions de CO2, Les pays développés trichent encore un peu… Une discussion musclée en perspective à Copenhague. Et pourtant…

Pourtant, Copenhague sert de diversion, car de ces deux rendez-vous, c’est celui de Pittsburgh qui est de loin le plus important. Pas pour l’éternité, pour tout de suite.

Lorsque le G20 s’est réuni à Londres en avril dernier, la crise financière n’avait pas encore révélé toute sa malice. Un désaccord se dessinait entre les USA et les autres, mais les alliances qui auraient permis de connaître les soutiens et donc la force des joueurs n’avaient pas encore été scellées.

Mis a part un engagement d’augmenter les ressources du FMI et de la Banque Mondiale – mais bien en deçà de ce qui aurait été nécessaire pour vraiment regler cette crise – un consensus tacite s’est donc établi à Londres pour ne s’entendre sur rien. Mais le G20 de Pittsburgh DOIT apporter une solution à la crise financière.

La situation ne sera plus du tout la même. Quand les mêmes 20 participants se rencontreront à Pittsburgh en septembre, la crise aura été là depuis environ un an et il faudra y mettre fin rapidement, en garantissant une stabilité monétaire avant que le commerce international ne s’effondre.

On pourra le faire, car on connaît maintenant l’ordre de grandeur de l’insolvabilité du systéme financier global – on parle de USD $ 600 T – et l’on sait que cette dette ne peut qu’être dénoncée ; il ne s’agit donc que de s’entendre sur la façon de le faire. Les gestes préalables à une cessation de paiement auront été ou seront sur le point d’être posés.

Aux USA, des centaines de milliards ont été distribués aux copains par le plan Paulson et autrement. Ailleurs – dont en France – on va incessament lancer des emprunts nationaux. Les sommes en seront dérisoires, au vu des montants dûs, mais ils suffiront à mettre aussi à l’abri la richesse amie. Tout ce qui importe sera déjà dans les chaloupes de sauvetage et Chrysler et GM sont là pour servir de modèles à une reprise de l’industrie par l’État et les travailleurs.

Si on en parle moins de Pittsburgh que de Copenhague, c’est qu’il n’est pas si opportun d’en parler. L’ intérêt des USA, dont le dollar sert aux autres de devise de réserve, est de continuer à en émettre le plus possible, exportant en fait leurs problèmes sur les autres… Celui des autres est d’empêcher les USA de poursuivre cette dilution de leurs obligations.

Ostensiblement, ce sont les 4 de Yekaterinbourg qui monteront au front à Pittsburgh et ils ne pèsent pas encore bien lourd. Mais il est clair que les intérêts de l’Europe – et en fait du monde entier – s’opposent ici à ceux des USA. La discussion ne sera donc pas aussi inegale qu’il y parait. On saura à Pitsburgh quelle voie le monde va prendre et il n’est pas sûr que ce soit celle des USA

Pierre JC Allard

282. Peut-on aider l’Afrique ?    09.07.11

Omar Bongo est mort et la Françafrique est bien malade. Obama est à Accra, le G8 parle de 15 puis de 20 milliards pour contrer la faim dans le monde… Tout le monde pense « Afrique ». Aujourd’hui. Qui pensera à l’Afrique dans une semaine ?

Pas la maghrébine, l’égyptienne ou celle de l’or et des diamants du Transvaal, mais celle qu’on imagine dans les cauchemars : la subsaharienne. Avec les chèvres qui broutent les dernières racines pour que le désert avance au Sahel, les Hutus et les Tutsis qui se massacrent à tour de rôle, ou ces gens du Darfour dont c’est toujours le tour d’être massacrés. L’Afrique des familles de six ou huit enfants dont la moitié périront en bas âge, celle des espaces de palu, de piat, de désordre permanent, comme la Somalie. Qui va penser à l’Afrique ?

Personne ne pensera à l’Afrique demain que ceux qui penseront en tirer quelques choses. Même les Africains préfèrent ne pas penser à l’Afrique. Ni les uns, ni les autres. Les uns, qui sont l’oligarchie des affranchis enrichis par leur service complaisant de l’ancient colonisateur – culturellement plus blanchis que Jackson n’aura jamais réussi à l’être sur sa peau – et ne s’identifiant plus du tout aux populations qu’ils dominent. Les autres, les dominés, dont le plan de carrière passe par l’émigration vers l’Europe et qui se méprisent d’être enchaînés à ce continent africain qui est leur malédiction.

Personne ne veut penser à l’Afrique. Dans le sillage de la colonisation occidentale – qui n’en a pas été vraiment une, dans le sens d’une population étrangère qui serait venu s’y établir en masse – puis de la décolonisation, qui n’a été que le passage d’un quasi-esclavage à un servage, plus rentable pour l’exploitant, des pays se sont créés en Afrique subsaharienne sans homogénéité ni cohésion. Des pays qui n’en sont pas.

Pour gérer cette Afrique de faux pays, on y a surimposé aux réalités une structure politique artificielle dont les plans ont été tracés ailleurs et dont le développement n’a d’autre but que la rentabilisation des investissements étrangers. Dans cette Afrique de pays sans cohésion ni cohérence, aucune émancipation ni progrès ne sont possibles qui seraient générés de l’intérieur, puisqu’en l’absence du sentiment d’appartenance qui naîtrait de cette cohésion aucune solidarité sincère ne peut se développer.

Attention, ne pas en conclure que l’Africain est pur égoïsme ! Au contraire, il peut être d’une loyauté exemplaire. Mais son appartenance et donc sa loyauté sont au niveau de la famille élargie, du clan, de la tribu, de l’ethnie, à des paliers où les entités politiques correspondantes qui auraient permis de tirer avantage d’une solidarité n’ont été que bien rarement constituées.

La loyauté envers un ensemble comme le Congo/Zaïre ou le Nigeria, par exemple, est une fiction. En l’absence de solidarité, la gouvernance y ressemble donc vite à l’exploitation d’un cheptel et l’administration à un système de fermage dont il n’est pas dit, mais accepté, que chacun tirera son revenu de redevances exigées des administrés. Des administré qui, quand on monte dans la hiérarchie, sont vite perçus comme d’une autre caste.

Ce qui nous apparaît de l’extérieur comme une corruption généralisée, n’en est donc en fait au sens strict, la plupart du temps, que quand c’est l’étranger qui l’introduit. Dans le cours des relations entre Africains, celui qui a le pouvoir ne quémande pas : il exige et il prend. Ce n’est donc pas tant de corruption que d’une forme d’extorsion qu’il s’agit.

Dans ce modèle, être élu est vu comme un raccourci vers l’enrichissement personnel. Il est illusoire de penser que la démocratie représentative conduira au pouvoir un régime dont le bien commun serait le véritable but. C’est un leurre, et l’Afrique subsaharienne ne peut donc aller que de mal en pis. Y mettre des milliards d’aide, comme on l’a dit souvent, n’a pour effet que de faire contribuer les pauvres des pays riches à l’enrichissement des riches des pays pauvres….

Y a-t-il une solution ? OUI, si les Africains acceptaient d’importer leur gouvernance, le temps que des solidarités nationales naissent en Afrique. Mais ils ne le veulent pas. Pas encore.

Pierre JC Allard

(Ceux qu’intéresse cette question peuvent passer ici à un texte beaucoup plus élaboré.

283. Barack-le-Rouge    09.07.12

Les choses semblent se précipiter et on voit poindre aux USA un autoritarisme qui se propagera sans doute partout après le G 20 de Pittsburgh fin-septembre. Je reproduis donc ici un article que j’avais publié l’an dernier et dont on pourrait voir bientôt qu’il était prémonitoire.

***
On a dit des choses terribles d’Obama, durant la campagne électorale américaine: on a dit qu’il était socialiste. Des gens qui dorment dans leur vieille bagnole parce qu’ils n’ont plus de logement sont venus vociférer à ses meetings. On l’a accusé de vouloir redistribuer la richesse… !

Dans ce pays qui se veut de liberté, on a vu la servitude d’un lumpenproletariat conditionné depuis des générations par une petite élite fasciste à défendre l’idéologie libérale. On a touché du doigt l’abyssale ignorance, au sein de cette nation née sous l’inspiration des Lumières…. Mais les choses vont changer.

Ne pas croire que l’Amérique changera parce qu’Obama l’aura voulu. La béatitude dans l’injustice et l’inégalité sont sur le point de prendre fin aux USA, mais ce ne sera par la volonté de personne, car ceux qui auraient pu le vouloir étaient trop faibles et ceux qui en profitaient ne voulaient rien changer.

C’est l’évolution des technologies qui a fait que le capitalisme industriel atteigne son apogée en apportant l’abondance en Occident, puis soit trahi par cette nouvelle réalité qu’il avait créée. Quand est venue l’abondance, y a maintenant 50 ans, le capitalisme a été confronté à la sursatisfaction des besoins matériels et donc au défi d’une société où la vraie demande devenait pour les services : l’éducation, la santé, les loisirs…

Dans une société tertiaire, le capital traditionnel perd de son importance au profit de la compétence, laquelle est un capital de connaissances qu’on ne peut s’approprier de celui qui l’a acquis, ce qui change la relation entre capitaliste et travailleur

Le capitalisme à longtemps maintenu la primauté de l’industrie sur les services, en créant une société de consommation factice basée sur la possession de l’éphémère et de l’insignifiant. On a détourné la société de ses vrais besoins en lui offrant plus de joujoux: caméras, vidéos, télévisions, téléphones cellulaires, ordinateurs portables, des voitures surtout..

Mais la satiété est venue et avec elle le dégoût de tout ce qui ne sert à rien, alors même qu’on s’apercevait que la demande réduite pour la production industrielle pouvait être mieux satisfaite par les importations d’Asie.

On savait bien qu’en y mettant des efforts, on pourrait mécaniser encore davantage l’industrie nord-américaine et produire à moindre coût toutes ces babioles, mais on savait aussi que ce serait reculer pour mieux sauter, car la société américaine en était repue et il faudrait la manipuler toujours plus pour lui en redonner le goût qu’elle n’avait plus alors qu’elle se mourrait d’avoir plus de services..

Mécaniser davantage – en compressant la main-d’œuvre – ne permettrait pas, d’ailleurs, de distribuer le pouvoir d’achat pour rendre effective la demande globale. On irait vers un système de plus en plus dépendant de diverses formes d’assistanat… tandis que les relations avec les pays exportateurs se gâteraient et nous conduiraient vers une grave crise internationale, peut-être militaire.

On a donc joué le jeu de satisfaire tout le monde en imprimant une monnaie de singe qui ne représentait aucune valeur, les riches ayant l’élégance de ne pas la dépenser pour consommer, mais seulement pour investir, évitant ainsi l’inflation. Pour un temps…

C’était gambader dans l’hyperespace, sur les bords d’un « trou noir ». On y est tombé. Il y a maintenant un crise financière à rÉgler, avec tout cet argent qui ne vaut rien… On verra à le faire disparaître: voyez la bourse comme un four à billets. On n’aura à dévaluer que ce qui restera quand on aura incinéré tout ce qu’on peut.

Il ne faut pas penser, toutefois, que le crise ne soit que financière. La crise monétaire n’est que le reflet de la réalité. Le grand défi d’Obama, c’est qu’il devra changer les choses là où ça compte dans un pays industrialisé: au palier de la production. Le mandat que lui confient ceux à qui ce pays appartient est de voir à ce que les USA produisent autre chose et le produisent autrement. Tout tient à ça.

Il faut sortir le travailleur du secteur secondaire et le mettre à la production de services. Produire des quantités énormes de services divers, allant de la médecine au tourisme et de la culture aux jeux videos. Il faut former et recycler, pour qu’elle s’orientente vers la production de services, la plus grande partie de la main-d‘œuvre qui travaille encore au secteur secondaire.

Ce qui n’est pas un simple recyclage, mais une transformation de la culture du travail, car les nouveaux emplois exigent de l’initiative, de la créativité, souvent un talent de communicateur, la motivation, surtout, qui va de paire avec l’entrepreneuriat. Plus souvent qu’autrement, les services qu’ils devront rendre le seront mieux si ce sont des travailleurs autonomes qui les offrent.

La relation du capital à la compétence doit donc changer et les entreprises industrielles géantes ne peuvent survivre que si elles se scindent en une multitude de petites entreprises de taille humaine, au sein de chacune desquelles le travailleur aura le comportement et la motivation d’un entrepreneur.

Le cas emblématique qui va faire la preuve de cette évolution sera l’achat et la prise en charge de General Motors et autres fabricants automobiles par leurs employés et la transformation de tout ce secteur en un vaste réseau de sous-traitance s‘inspirant de la structure qui prévaut déjà dans le secteur tertiaire. Pour éviter que toute l’économie ne sombre, l’État devra donner son aval aux engagements que prendront les travailleurs acquérants envers les propriétaires actuels.

Cette transformation des travailleurs salariés en entrepreneurs autonomes ne sera possible, que si la sécurité d’emploi – devenue illusoire quand les technologies changent rapidement – est remplacée par une sécurité du revenu. Il faudra un filet sous le trapèze d’où les travailleurs seront forcés de bondir d’un emploi a un autre

L’État, pour garantir que la demande soit effective, devra aussi garantir la valeur indexée des fonds de pension et des paiements de transferts. Il faut donc aux USA un système de sécurité sociale comme ils n’en ont jamais connu. Obama ne pourra le faire qu’en nationalisant les institutions financières et en contrôlant la monnaie et le crédit.

Les USA, vont devoir faire face au défi de gérer une économie dont tous les paramètres changent, sans que la population ne comprenne vraiment les subtilités des changement, ni leur raison d’être. On voudra un système compatissant, mais sans complaisance. Sans indulgence envers ceux qui voudront en abuser.

C’était le défi de l’URSS, au début des années 20. On peut penser, heureusement, que ce nouveau « socialisme » a appris que la liberté et l’initiative personnelle sont les compléments indispensables à la solidarité que l’interdépendance impose aux économies développées. Ceux qui parlaient de socialisme vont néanmoins devoir apprendre le sens des mots.

Pierre JC Allard

284. Adéquistes, surprenez nous !   09.07.13

On ne parle pas assez de l’ADQ. On voit un parti qui est né, a grandi et semble vouloir disparaître avec Mario Dumont. Ce qui n’est pas tout à fait faux – car l’un sans l’autre, ils ne seraient certes pas passés si près du but en 2007 – mais n’est peut-être pas tout à fait vrai, non plus…

Dumont même sans l’ADQ pourrait un jour nous réserver des surprises … et l’ADQ sans Dumont pourrait bien nous surprendre encore plus vite. Ceux qui sont prêts à jeter l’ADQ dans la première fosse commune, sans même lui fermer les yeux, mélangent bien imprudemment structure et conjoncture.

La conjoncture, c’était, en 2007 une profonde désaffection envers Jean Charest se combinant avec une non moins profonde hésitation de la population québécoise à s’identifier au très atypique André Boisclair. Le Québec s’est engouffrée dans la troisième voie, l’ADQ qui était là entre la montagne et le ravin. On pourrait parler d’un vote CONTRE les autres…

La conjoncture, en 2008, c’était faire le choix, non plus tant d’un Premier Ministre – Charest, sécurisant dans son absence d’idées neuves, était unanimement donné gagnant en cette période de grande inquiétude ! – que d’une opposition capable de lui tenir la bride. Entre un PQ pouvant mobiliser la valeur contestataire sûre du mouvement syndical et une ADQ en désarroi d’une victoire dont elle n’avait pas su tirer profit, c’est vers le premier que la population s’est portée. Un vote conjoncturel contre l’ADQ, cette fois, punie de ses atermoiements.

Mais il n’y a pas que la conjoncture qui importe. Il y a la réalité sous-jacente de la structure de l’électorat québécois et de ce que veut cet électorat. Or cette structure favorise l’ADQ. Pas tellement l’ADQ vue comme comme un chef et un programme, que le parti, quel qu’il soit, qui est là où est aujourd’hui l’ADQ dans l’éventail des options politiques qui s’offrent aux Québécois.

L’ADQ incarne un centre-droit nationaliste – mais nationaliste plus de l’association que de la souveraineté – autonomiste, donc, plutôt qu’indépendantiste, traditionaliste et bien enraciné dans le pays réel. C’est l’auditoire de Duplessis, puis de Real Caouette. Parce que les journalistes aiment se penser à gauche, les médias sous-estiment les effectifs de ce groupe de centre-droit dont le biais systématiques de la carte électorale en faveur des régions rurales augmente pourtant encore l’importance.

Ce segment de la population, en 2007, n’a pas voté contre quoi que ce soit, mais POUR les valeurs de l’ADQ. A ce niveau structurel, les électeurs qui en 2008 ont puni l’ADQ qui les avait déçus n’avaient pas, et n’ont pas aujourd’hui, changé leurs valeurs profondes. Il suffit que l’ADQ, ou un parti occupant la même position sur l’échiquier, prône les mêmes valeurs et présente un chef crédible et charismatique, pour que ce vote lui revienne. Et lui revienne augmenté de celui des Libéraux que Charest irrite et des Péquistes qui n’aiment pas Marois, deux sous-groupes qui sont loin d’être négligeables…

En fait, il ne serait absolument pas surprenant que l’ADQ qui aurait cherché et trouvé le chef idoine bondisse immédiatement en tête des sondages. Ce qui est crucial, car seul le doute que peut entretenir l’électorat de centre-droit quant à une éventuelle victoire est un obstacle sérieux à ce que cette victoire n’arrive. Si les sondages prédisent une victoire de l’ADQ, cette victoire devient probable.

Il suffirait que ce chef apporte quelques véritables innovations à son programme pour séduire l’électorat urbain nationaliste de droite sans effrayer ses supporters plus conservateurs, pour que l’ADQ soit identifié au changement… et gagne haut la main les prochaines élections contre un PQ et un PLQ qui n’inspirent aucune passion.

Si les élus de l’ADQ se concertaient et décidaient UNANIMEMENT de proposer le leadership du Parti à une vedette capable de susciter un enthousiasme populaires, ils seraient tous ministres dans un gouvernement adéquiste après les prochaines élections, ce qui serait sans doute la meilleure solution pour le Québec… !

Ils devraient y songer. Quant aux innovations, ils n’auraient qu’à interroger un peu les gens. On serait nombreux à leur en proposer.

Pierre JC Allard

285.  Simplicité volontaire: la clef  09.07.14

En tuant Dieu et en rendant bien minces ses propres espoirs d’éternité, l’Homme a limité à la seule voie hédoniste ses options raisonnables pour donner un sens à sa vie. On aurait donc pu croire que, l’industrialisation ayant apporté l’abondance, il se serait empressé d’obéir au conseil de l’Ecclésiaste au Juste craignant Dieu : « boire son vin d’un cœur content, jouir de la vie avec une femme qui il aime… » et accepter que là était sa part…

Hélas, c’était mal connaître « l’anmal à la nuque raide » dont parle la Bible. Ses besoins essentiels satisfaits, l’Homme s’en est trouvé d’autres accessoires et a maintenu le cap, continuant à se donner pour but d’avoir PLUS. Chercher à posséder est l’activité humaine par excellence.

Ce qui est faire notre propre malheur, car s’il y en a déjà bien assez pour tous, il ne pourra jamais y en avoir « plus » pour tous … que la moyenne pour tous… Un constat qui suggére que s’impose une simplicité volontaire collective.

Idéalement, une gouvernance responsable verrait à ce que les ressources humaines comme techniques soient assignées prioritairement à la production du necessaire, puis de l’utile, privilégiant ensuite parfois le simple loisir à la production obsessionelle de n’importe quoi. C’est ce que nous voudrions, mais n’oublions pas que, si l’État se fait sourd à cette requête, nous avons tous et chacun d’entre nous la possibilité de le faire…

Nous pouvons CHOISIR de ne vouloir qu’assez. Et il faut le faire.

Nous vivons dans une société qu’on a gavée et dont le foie éclate. On a dit que la pauvreté cesse lorsqu’on a un pantalon et que la richesse commence quand on en a deux, puisque l’on n’en porte qu’un. Il faudrait ajouter que la pauvreté revient quand on en veut un troisième, car on est toujours pauvre quand on a un désir qui n’est pas satisfait et le système de production actuel, en ce sens, s’est donné pour but principal de nous appauvrir. De nous appauvrir et de nous engraisser. Comme ces roitelets des îles mélanésiennes qui voient l’obésité comme un signe de succès, dans une culture dont la faim n’a jamais été éradiquée.

Toute notre structure sociale est imprégnée d’une volonté d’avoir plus, plutôt que de devenir mieux : on est ce que l’on a. Tout est fait pour faire de la consommation le but central de l’existence. Ce n’est pas une évolution naturelle : la tendance normale est d’arrêter de consommer quand le besoin est satisfait. La boulimie est un désordre qui prend sa source dans la crainte déraisonnable d’une carence. Quand ce sentiment est exacerbé et mène à une gratification secondaire à laquelle on ne peut résister, même si elle est nuisible pour l’organisme, on peut parler d’assuétude.

En fait, le système nous conditionne à une consommation excessive de la même façon qu’utilisent les fabricants de cigarette et autres marchands de drogue pour créer une dépendance : rendre facile la consommation initiale puis monter les prix. Pourquoi la télévision est-elle gratuite ? Pourquoi l’accès au réseau routier est-il gratuit ? Prenez-en l’habitude Après, on vous vendra bien quelque chose.

Il ne faut pas croire que seule la publicité formelle qu’on voit dans les médias nous pousse à consommer ; ce n’est que la pointe du iceberg. C’est la partie visible d’un dispositif de conditionnement qui valorise la possession pour la possession et qui se met en marche pour toucher l’enfant dès qu’il peut voir des dessins animés. L’attaque continue de l’école primaire à l’université et ne s’arrête jamais. La gratification secondaire offerte, c’est le respect des autres : la position sociale se mesure en richesse ostentatoire. Ce qui est nuisible pour le corps social, c’est l’envie pathologique que cette approche suscite entre les partenaires sociaux – (Keep up with the Jones !.) – et l’incroyable gaspillage de nos ressources.

Quand tous les besoins que l’on éprouve spontanément ont pu être comblés, le système industriel a continué sur sa lancée et nous en a créé d’autres, artificiels. Il en est résulté la constitution presque obligée, par chaque citoyen qui se veut respectable, d’un invraisemblable patrimoine d’objets matériels hétéroclites dont l’utilité est souvent douteuse, mais le potentiel d’embarras bien évident. Dans un monde où la mobilité s’affirme comme condition de succès, mais aussi de joie, l’industrie en déclin a imposé, par un conditionnement incessant, le modèle pervers de l’accumulation. La masse des choses que l’on possède – et dont il faut prendre soin – occupe une place démesurée dans la vie de l’individu moyen. C’est une contribution non négligeable de l’industrie à la menace qui pèse sur chaque être humain de limiter sa vie à gérer l’insignifiance. On a créé une société obèse.

Dans le contexte d’un sursis qui prend fin pour une industrie qui a tout donné, le credo de la Simplicité Volontaire (SV), qui fait chaque jour des adeptes, est porté par l’esprit du temps et peut apporter la rationalisation dont ils ont besoin pour changer à ceux qui comprennent qu’une consommation boulimique est incompatible avec le bonheur.

La SV peut ratisser très large : c’est ce qui en fait une solution particulièrement valable. La SV peut mener à l’ascèse, mais aussi au choix, tout à fait hédoniste, de ne pas se laisser détourner du bonheur et du plaisir véritable par les sirènes du « consumérisme » qui voudraient nous faire croire qu’on ne vit heureux qu’entouré – et en fait alourdi – par un fatras de babioles. La SV peut amener à manger des lentilles et à cuire son propre pain, mais propose aussi l’option de ne rien acheter que l’on peut louer et d’aller de palace en palace, en n’apportant pour tout bagage que deux kilos de soie et cachemire et une carte de crédit Platine. Pour riches comme pauvres, la SV est la voie intelligente de la fuite hors d’une société obèse. Jusqu’à ce qu’elle devienne la cure de minceur pour tous et donc le salut pour la société elle-même.

Quand nous disons que l’industrie conserve sa dominance en créant des besoins artificiels, nous ne pensons pas aux nouveaux « besoins » que crée la technologie. On peut vivre sans un téléphone cellulaire, un iPod et un Blackberry, être en forme sans utiliser une planche à voile, ni un deltaplane, mais certaines de ses innovations apportent vraiment un ajout, ne serait-ce qu’au niveau du plaisir, ce qui n’est pas négligeable. On est certes dans le domaine du superflu, mais si la société s’enrichit et que la technique le permet, pourquoi s’en priver ?

Le problème d’obésité de notre société ne vient pas de ce qu’on fait une place dans notre quotidien à 200 grammes de métal où se sont incarnées des décennies de science : les truffes blanches engraissent peu. La boursouflure littéralement viscérale dont notre société doit se débarrasser, c’est celle qu’entraîne la consommation sans réflexion et sans plaisir d’une production itérative de l’inutile en transit rapide vers le sac à déchet et le dépotoir.

Surproduction et surconsommation se manifestent sur les biens de consommation courante, mais aussi sur les produits semi-durables, mettant seulement en oeuvre pour ceux-ci les raffinements additionnels dans l’arnaque que justifie leur valeur supérieure et que permet l’ambiguïté des attentes qu’ils suscitent.

Choisir collectivement la Simplicité Volontaire serait un nouveau paradigme : une nouvelle société. Mais la choisir un a un est une déclaration de guerre à la société de consommation. Ne nous leurrons pas sur les effets cataclysmique sur notre société fragilisée qui résulteraient d’une baisse VOULUE de la consommation que n’accompagnerait pas une réaffectation planifiée du travail.

Mais nul ne peut empêcher quiconque de le faire. C’est l’arme imparable entre les mains de l’individu qui vient compléter « en douceur » le terrible pouvoir de violence et de destruction que la technologie lui donne.

Bien risqué, car c’est scier volontairement la branche sur laquelle nous sommes assis, avec la foi d’atterrir en douceur dans un monde meilleur…  Mais s’il n’y a pas d’autre issue hors du cul-de-sac, il faudra bien prendre cette route…

Pierre JC Allard

286. Un temps pour l’audace… 09.07.15

À Cap Kennedy, on vient de reporter, pour la cinquième fois, le lancement de la navette spatiale “Endeavour”. C’est la température… Bien sûr. Un été pluvieux. Mais est-ce que ce ne serait pas, aussi, que ce vieux tacot qui a 136 910 237 kilomètres sous le capot, si on peut dire, donne des sueurs froides à tout le monde ?

Endeavour est la plus récente des navettes, mais elle vole depuis 17 ans. Elle a été conçue il y a un quart de siècle, quand on passait du Commodore 64 au Mac 128… On est loin de la technologie de pointe. L’exploration spatiale, qui a été conçue comme une operation de prestige, fonctionne maintenant avec des budgets à rabais. Julie Payette est une audacieuse. Si elle était ma fille, je ne suis pas sûr que je la laisserais voyager la-dedans…

Pourquoi n‘y aura-t-il pas une “Endeavour 2009” au prochain Salon du Bourget ? Parce qu’il n’y a pas de demande. Pas de demande, parce que c’est inutile, bien sûr, mais ça, on le savait depuis le début. Pas de demande, surtout, parce qu’on ne peut pas penser exploration spatiale sans se sentir bien nostalgique. L’espace, c’était un rêve ; il s’est effiloché, perturbé par le train train de la rue. Un rêve ca s’entretient…

En mettant un homme sur la Lune, il y a 40 ans, on faisait un “grand pas pour l’humanité”. En fait, on voulait que ce soit un grand pas pour la civilisation occidentale, mouture USA, dont les Soviétiques étaient exclus. L’Occident vivait une querelle de famille. Grande delectation solitaire, donc, ces ébats dans l’espace, qui est devenue morose ensuite, quand le désir de recommencer nous a quittés. Les Russes ont continué un peu, mais, sans nous pour les talonner – et nous sans eux pour nous émoustiller – ce n’était pas la même chose… Alors toute la famille Occident s’est endormie.

En ne faisant rien pour nous dépasser, depuis 40 ans, nous avons fait de la conquête de l’espace un opéra dont les héros meurent au premier acte ou se réconcilient avec leurs familles… Pour suivre le reste du livret, il faut bien aimer le bavardage… Mettre le programme spatial en veilleuse a été l’annonce discrète que la civilisation occidentale, essoufflée, entrait en pré-retraite. Ensuite, on a renoncé au supersonique et on a laissé le Concorde devenir désuet. Comme ce jour où l’on fait un peu de goutte et où l’on feint d’oublier la raquette de tennis au grenier, sans penser qu’on ne l’y reprendra plus. L’Occident s’est mis au potinage et aux jeux de rôles sur ordinateurs.

Maintenant, on est fier de maîtriser les subtilités des rôles de député, de vedette, de truand ou de président. On suit avec une passion virtuelle les déboires de Paris Hilton, de Sarkozy, de Maddof, de Michael Jackson… Notre civilisation babille, surfe, passe le temps. On attend qu’un Chinois ou un Indien aille planter son drapeau là-bas, sur la Lune…. puis continue vers Mars, Venus… vers l’avenir. On suivra ça de loin, sur un écran japonais.

On sourira, comme les vieux, on deviendra grabataire puis on passera à l’Histoire. On y entrera en beauté, car Chirac ne nous a-t-il pas dit, en 1998, que gagner la Coupe du Monde de football était « un des grands moments de l’Histoire de France ? “ Ne serait ce pas nous demander trop, d’exiger de nous un autre ultime dépassement ?

Alors, les navette, l’espace, l’avenir, laissons s’en occuper ceux qui s’y intéressent vraiment. Ramenons nos astronautes sains et saufs sur la terre, mettons la vieille carcasse d’Endeavou au rebut et ne tentons plus le destin. Plus de sauts périlleux. Étant Québécois, je serai particulièrement heureux quand Julie sera revenue.

Étant Québécois, je serais heureux aussi que Guy Laliberté, qui s’y connaît en sauts périlleux, quand il aura participé au cirque de la NASA en septembre et vu nos problèmes de loin, vienne les voir de tout près en s’impliquant dans la politique québécoise. On aurait bien besoin, dans notre Québec qui déçoit et parfois déchoit, de “forts et de hasardeux » qui viennent enseigner à nos politiciens l’art de vivre dangereusement. Des audacieux qui viennent remplacer, sur la corde raide tendue au dessus de la crise, nos faiseurs de pirouettes amateurs qui, hélas, n’ont pas le pied sûr ni le talent des pros du Cirque du Soleil

Pierre JC Allard

287. Cheney dans la mire    09.07.16

J’ai écrit, il ya quelques semaines, que les criminels de guerre de l’administration Bush ne perdaient dans doute rien pour attendre. À la première bonne occasion, l’Amérique d’Obama s’offrirait leur liberté sinon leur têtes, pour se donner bonne conscience et, aussi, pour redorer son blason après ces années d’infamie qui l’avaient conduite au nadir absolu de sa popularité. Il semble bien que le moment soit venu.

Pour lancer l’opération qui restituerait sa vertu à Amérique, on a ciblé celui qui a été généralement perçu comme la véritable âme damnée de l’administration précédente: Dick Cheney. Cheney, largement soupçonné d’avoir été le copilote que l’Establishment avait imposé à Georges Bush père, avant de permettre que son fils moins doué ne mette la main sur le volant. Cheney, qui a réussi à attirer sur lui tout le mepris et toute la haine de ceux qui maudissaient cette administration. S’il faut un sacrifice humain pour régénérer l’Amérique, Dick Cheney est la personne idoine. C’est donc lui que l’on a ciblé

Il y a quelque jours, le rapport d’un quelconque inspecteur général est venu révéler le rôle-clef du Vice-Président Cheney pour liniter à un tout petit nombre de fonctionnaire les détails du programme d’écoute téléphonique sans mandat de la NSA; une discrétion exagérée, a conclu le rapport, qui a nui à l’efficacité des efforts pour surveiller les activités terroristes. De quoi faire froncer les sourcils, mais c’est hier qu’est venu le véritable assaut.

C’est Leon E. Panetta lui-même cette fois, Directeur de la CIA, qui a lancé la bombe. Pendant huit (8) ans, dit-il, sur les ordres personnels de Dich Cheney, l’Agence a du cacher au Congrès et au Sénat l’existence d’un « programme spécial » de lutte antiterroriste. Prétendant qu’il vient d’en apprendre l’existence, Panetta met fin au programme et en avise les Comités de surveillance des activités de contre-espionnage (intelligence committees) du Sénat et du Congrès. C’est une très grave accusation.

Est-ce objectivement la plus grave des félonies qu’on pourrait reprocher à Cheney ? Avant de devenir Vice-Président des USA, il a été le numéro #1 de Halliburton, la société qui a sans doute profité le plus effrontément de la guerre en Irak; n’aurait-on pas pu chercher contre lui des preuves de corruption ? Il s’est aussi prononcé ouvertement pour la torture a Guantanamo et l’y a maintenue, malgré des décisions judiciaires ordonnant qu’on y mette fin. Abus de pouvoir ?

On aurait pu aussi lui faire grief d’avoir fomenté l’invasion de l’Irak en inventant de toutes pièces cette histoire d’armes de destruction massive… et l’accuser de tant d’autres choses… Pourquoi l’attaquer sur ce point particulier d’avoir caché la vérité aux sénateurs et congressistes ? Parce qu’en le faisant, il a porté atteinte à l’équilibre sur lequel repose tout l’édifice de la démocratie aux USA.

La constitution américaine est là depuis plus de deux siècles, avec quelques amendments occasionnels qu’on numérote scrupuleusement, mais qui n’en changent pas l’essence, ce qui fait des USA l’un des plus vieux États du monde. Les « vieux pays » d’Europe, la Grande Bretagne exceptée, ont des gouvernances plus volatiles.. C’est ainsi que la France, depuis que les USA maintiennent leur première et seule constitution, a passé par 3 monarchies, 2 empires, 5 republiques et quelques autres singularités, genre Directoire, Consulat, Communes, etc. Les USA tiennent à leur constitution.

Une constitution dont la pierre d’accise est justement cet l’équilibre à maintenir entre les trois (3) pouvoirs, executif, legislatif et judiciaire. Quels que soient les crimes qu’ait pu commettre Cheney, il n’en est donc pas de pire que celui de les avoir commis sans que le législatif ( Sénat et Congrès) n’en aient été dûment informés et n’en soient donc devenus complices: c’est cette connivence qui seule aurait évité que les USA ne soient une dictature.

En reconnaisant que, pendant huit (8) ans, l’Exécutif a agi sans que Sénat et Congrès n’aient donné leur aval, on avoue a posteriori que la Présidence Bush a agi hors de la légalité et, en fait, s’est comportée comme une dictature. On trouvera bien l’excuse de la raison d’État, mais personne n’y croira. Un dur choc pour la population américaine.

Quand la population aura digéré cette information et que les médias l’auront expliquée comme il se doit, il ne restera plus à Obama qu’à sévir. Sans doute à la fin septembre, quand le G20 de Pittsburgh fera connaitre les nouvelles règles du jeu international et qu’on pourrait avoir intéret à ce que la politique domestique reçoive toute l’attention. Et de un.

Pierre JC Allard

288. Il se passe quelque chose en « Absurdistan »    09.07.17

On écoute les nouvelles, on connaît l’Afghanistan. On croit connaître cet étrange pays, où j’ai été il y a bien longtemps, mais on ne le connait un peu que si l’on comprend que l’Afghanistan n’est pas vraiment un pays. C’est le territoire où se sont développés jadis des empires qui ont recouvert aussi le Pakistan, la plus grande partie de l’Iran et une part non négligeable de l’Inde mais qui a été réduit, au XIX eme siècle, à un espace tampon résiduel laissé entre les Russes et les Anglais quand ils se sont partagé l’Asie centrale.

Pas un pays, encore moins une nation. Un espace de désordre. Il n’y a pas vraiment des « Afghans », mais des ethnies souvent hostiles les unes aux autres, chacune scindée en clans semi-autonomes qui ne s’entendent pas non plus très bien, sauf quand une présence étrangère veut s’y établir. Quand une telle présence se manifeste, les ethnies rivales se ressoudent… et elles connaissent bien leurs montagnes. Elles constituent alors un adversaire redoutable. Elles ont infligé d’humiliantes défaites aux Britanniques au siècle dernier. De même, il y a 30 ans, aux Russes qui voulaient y établir un peu d’ordre et de même encore, tous les jours, aux Américains qui y sont encore aujourd’hui à tenter d’y réduire un peu le désordre.

L’Afghanistan a été longtemps le seul État indépendant, dans cette partie du monde entre la Russie, l’Inde, la Chine et l’Iran dont la grande rue est la Route de la Soie et qu’on peut appeler l’Asie Centrale, le Turkestan élargi.. ou n’importe quoi. Quand l’URSS a été démantelée, il y est apparu 5 autres pays et les diplomates, politiquement incorrects, ont compris qu’il n’en sortirait pas que du bien. Ils ont parlé d’Absurdistan. Une région du monde riche en matières premières, mais divisée en pays absurdes, dont aucun ne possèdait seul les ressources humaines financières et techniques qu’il lui fallait pour survivre.

Avant, il n’y avait que l’Afghanistan d’indépendant dans cette région et il pouvait à lui seul être une grande source d’ennuis. Maintenant; il y en aurait six (6). Chiffre trompeur, d’ailleurs, car il n’y en a pas un qui n’ait quelques bonnes raisons de se scinder en deux, en trois, ou en une multitude de parcelles ethniques et tribales. 6 pays reconnus, mais aussi des morceaux épars d’Absurdistan encore sous domination chinoise, russe, iranienne… pakistanaise.

Des territoires peuplés d’ethnies plutôt fâchées d’être soumises à d’autres et qui, elles aussi, connaissent bien leurs montagnes. La semaine dernière, c’étaient les Ouïgours qui se révoltaient, au Turkestan oriental sous contrôle chinois; cette semaine, c’est le Balouchistan – la province pakistanaise de Absurdistan – qui retient l’attention.

Quelques leaders nationalistes balouch – en mal d’autonomie ou d’indépendance, comme ils le sont tous – ont été assassinés et la population locale soupçonne les services secrets pakistanais d’en être les responsables. La population baluch a des raisons d’être méfiante, car des centaines sinon des milliers de Baluchis ont été interpellés, emprisonnée, parfois torturés et tués durant la présidence de Musharraf au Pakistan.

Musharaff n’est plus là, mais rien n’a pas changé, car le gouvernement d’Islamabad ne compte pas laisser les Baluchis faire sécession et priver le Pakistan du tiers de son territoire, rendant dérisoires ses velléités de s’opposer aux prétentions hégémoniques de l’Inde sur le sous-continent. Bras de fer, donc, car la population baluch donne tous les signes avant-coureurs habituels des provinces qui se voient comme des pays.

Un drapeau national apparaît, les écoliers chahute l’hymne pakistanais, des témoins se manifestent des exactions commises sur la population locale par les forces d’Islamabad depuis des années. Une Armée de Libération du Balouchistan s’est même créée qui a pu, en février, enlever son premier citoyen américain: John Solecki, responsable à Quetta de l’Office des Nations Unies pour les réfugiés. Un enlèvement d’Americain est un signe tangible traditionnel de maturité dans l’insurrection.

Plus grave encore, c’est justement alors qu’il intervenait pour faire libèrer Solecki que Gul Muhammad – l’un des leaders nationalistes balouch dont nous parlions plus tôt – a été assassiné, laissant planer le doute qu’il l’ait été pour provoquer les ravisseurs, les inciter à exécuter Solecki… et pousser les USA a classer Armée de Libération du Balouchistan comme entité terroriste.

Solecki a néanmoins été libéré, mais la méfiance est a son comble au Balouchistan, suscitant une résistance qui pourrait conduire éventuellement à l’accession de cette province pakistanaise a l’indépendance. Un septième visage à la réalité de l’Absurdistan… et rien ne dit que ce sera le dernier…. Il pourrait s’y passer encore bien des choses.

Pierre JC Allard

289. Le Japon: l’agenda inconnu   09.07.18

Quand on regarde l’évolution de la crise financière mondiale et ses conséquences économiques et politiques prévisibles, tout pointe vers un choix entre: a) encore un peu de « capitalisme » hyperspéculatif qui amusera les badauds – mais qui aura de moins en moins de liens avec la réalité de la production, laquelle sera confiée aux travailleurs sous la surveillance attentive des divers États – ou b) des changements plus radicaux qui seront mis en place immédiatement, par lesquels on renoncera à la fiction des États nationaux comme des « pouvoirs financiers » et l’on implantera un « nouvel ordre mondial » : une gouvernance globale plus ou moins ostensible, qui reposera sur la possession tranquille du pouvoir… par ceux qui l’ont déjà.

Ce choix devra être consensuel, entre ceux qui ont voix au chapitre et qui placent aujourd’hui leurs pions, car il est exclus qu’on recoure à la violence entre gens bien élevés. On pourrait bien détruire quelques États voyous, mais il ne s’agirait que d’une diversion. Le monde – enfin, ce qui est présumé en avoir une certaine d’importance – est maintenant UNE société. On discute.

Quatre gros joueurs – USA, Chine, Europe, Russie – ont déjà exprimé leurs exigences pour le changement à venir; les autres qui comptent un peu, comme l’Inde et le Brésil, ont eu leur tour à Yekaterinbourg, comme participants du BRIC. Les autres, les figurants qui ont au moins une réplique à donner, seront au G 20 de Pittsburgh où il faudrait se mettre d’accord. Est-ce qu’il manque un dossier ? Un seul. Le Japon.

Le Japon n’a pas raté le coche ; il a simplement une question préalable à régler. La question de savoir qui gouverne au Japon. Le Parti Liberal Democrate (PLD), au pouvoir pratiquement depuis 50 ans, est en bien mauvaise posture, avec un Premier Ministre Taro Aso qui ne fait pas 20% d’appuis dans les sondages. On ne peut interpréter sa décision de tenir un scrutin le 30 août que comme un digne hara-kiri, pour passer le gouvernail à son rival du Parti Démocrate du Japon (DPJ) avant que le navire ne sombre : la production du Japon est en recul de 29,5% depuis une an…

Le Japon est sans doute la première victime de la crise actuelle. Pourtant on en parle peu. Le Japon ne se plaint pas… Il ne faut pas penser, toutefois, que, parce qu’il est stoïque, le Japon soit résigné. Il regarde ses cartes et prépare ses mises. Il est encore la deuxième économie du monde; après les USA, mais avant la Chine, l’Allemagne et tous les autres. On peut chercher à deviner ce que veut le Japon, mais il serait bien téméraire d’en être sûr ; c’est le gouvernement japonais élu le 30 août qui en décidera.

Or, s’il s’agit d’un nouveau gouvernement DPJ, il pourra rompre sans opprobre ni complexe avec les politiques pro-américaines du PLD. Une développement si opportun, qu’on peut, sans être parano, se demander si les « adversaires » politiques à Tokyo n’ont pas mis l’intérêt national au dessus de leurs rivalités, pour orchestrer ce changement de régime. Le Japon, sans paraître laisser tomber son partenaire USA dans le malheur, pourra jouer sans complaisance l’atout de ce trillion de dollars que ceux-ci lui doivent…

Comme la Chine, le Japon peut hésiter à scier la branche dollar sur laquelle son économie est assise; mais il y d’autres considérations. Le Japon n’a pas les problèmes de la Chine. Il a un système de production mature et une consommation domestique énorme; il n’est donc pas la bicyclette qui choit si on freine. Il a une homogénéité que la Chine n’a pas et une composante nationaliste en veilleuse qui ne demande qu’à s’animer. Bien des Japonais ne sont pas si heureux d’un pacifisme ostentatoire – qui lui a tout de même été imposé pas ses vainqueurs – et qui le force à trembler devant quelques bombettes nord-coréennes.

À noter que personne ne mourrait de surprise, si on apprenait que le Japon, soi disant « désarmé », a en fait quelques centaines d’ogives nucléaires discrètement blotties dans une caverne. Même s’il n’en avait pas, d’ailleurs, personne, ne doute qu’il ait la compétence d’en produire en moins de temps qu’il n’en faut pour cultiver un bonsaï. Le rôle effacé du Japon sur l’échiquier politique a été un choix. Cette crise pourrait être l’occasion d’un autre choix. Le monde en serait significativement changé.

Il ne serait pas étonnant que le Japon arrive au G 20 de Pittsburgh avec une agenda bien précis. Cet agenda reste aujourd’hui la grande inconnue de l’équation que le monde en crise a à résoudre.

Pierre JC Allard

290. « Sales Noirs », « sales Juifs »… et « pauv’cons » 09.07.19

Rien en France ne passionne autant l’opinion publique cet été que l’affaire Fofana, son procès et son appel. Ni la crise, ni les émeutes, ni l’emprunt national. Un Noir et son gang séquestrent un jeune Juif, exigent une rançon, le torturent et le tuent. Un procès du racisme à la clef… Sales Noirs ? Mais non, voyons, sales Juifs ! Contrairement aux mauvais usages habituels. où l’on accuse parfois tout un groupe à cause de la race du criminel, on le fait maintenant à cause de la « race » (!) de la victime. Et, comme disait Brassens, ils sont bien plus de quatre à le faire…

Le procès a eu lieu, les condamnations sont tombées dont aucune, civilisation oblige, n’a été que l’on jette les coupables aux crocodiles, ce que je trouve correct. Aucune, toutefois, ne garantit que l’assassin ne sera pas un jour remis en liberté, ce que je trouve incorrect, mais c’est un autre sujet. Le sujet, ici, c’est que malgré le mot bien senti du Président Sarkozy qui aurait pu avoir un effet dissuasif, il y a encore en France tout plein de “pauv cons” qui ne veulent pas se tasser.

Je crois et j’ai dit souvent qu’être raciste est une connerie. Rien de nouveau, on circule. Ce qui est nouveau, ici, c’est que beaucoup d’antiracistes peuvent aussi se conduire comme des cons, ce qui fait beaucoup plus de mal. Car on peut se défendre contre les loups, mais qu’est-ce qu’on fait quand l’ours, votre ami, prend un pavé ? Se réveiller rapidement…

Il faudrait que les Français se réveillent rapidement, avant de prendre le pavé du racisme sur la gueule. La bévue des antiracistes, ici, a été de jouer d’influence pour que le ministère public en appelle et exige des peines plus lourdes, à l’issue d’un processus judiciaire que l’avocat général a jugé exemplaire.

C’est une bévue, parce que quelques années de plus à la sentence des bourreaux ne changeront rien, alors que beaucoup de badauds vont se dire que « ces gens » en mènent vraiment très large. Pire si on ne le dit pas, mais qu’on le chuchote, car c’est la « judéophobie », alors, qu’on invite… et la peur peut faire faire des bêtises. Avant que le nombre des sales Noirs, des sales Juifs, des sales Arabes, des sales Chinois et des sales Autres augmente dans l’imaginaire des Gaulois et assimilés, il serait important que les Richard Prasquier de ce monde rangent leurs pavés et se tassent.

Richard Prasquier ? Voici ce que dit Monsieur Richard Prasquier Président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), cité sur Rue 89 :

« … même si un procès est avant tout procès d’individus, on ne peut en négliger sa valeur d’exemplarité. Qu’on a le devoir de réfléchir sur sa portée pédagogique, car ce procès est celui de notre société. Ne pas négliger que la vraie justice ne peut se faire derrière des portes fermées. Et ne pas négliger non plus que tant d’années après la Shoah, après tant d’actions de mise en garde, un Juif a de nouveau été assassiné dans des conditions abominables simplement parce qu’il était Juif. ” »

Pieuse intention, mais l’énoncé est absurde. Il est absurde, de dire ici qu’un Juif a de nouveau été assassiné dans des conditions abominables simplement parce qu’il était Juif., car si quelqu’un veut tuer des Juifs « parce qu’ils sont Juifs », il en tue. N’importe qui peut en tuer des douzaines au hasard et presque sans risque, puisque, en l’absence d’un lien entre le meurtrier et la victime et d’un mobile raisonnable, il peut courir longtemps.

Ici, la victime a été enlevée et une rançon a été demandée. Faut-il jouir de l’exception ashkénaze pour comprendre que si le criminel voulait obtenir une rançon, c’est que le mobile du crime était l’obtention d’une rançon ? Vous du CRIF, ne pouvez-vous pas comprendre, qu’il est malsain et néfaste de vouloir traiter l’Histoire et l’actualité uniquement comme les péripéties d’une lutte millénaire entre Juifs et Gentils ?

Je ne pense JAMAIS aux Juifs comme collectivité, sauf quand on vient ressortir, pour le nourrir et l’instrumenter, le monstre de l’antisémitisme. Un préjugé qui, laissé à lui-même, serait sans doute mort depuis longtemps. Il ne meurt pas, parce qu’on le nourrit. Ceux qui interviennent sans mesure ni discernement dans tous les dossiers qui touchent les Juifs et Israël le nourrissent, car ils sont souvent agaçants. On ne déteste pas les gens qui agacent, mais on souhaiterait parfois les entendre plus à propos… et moins souvent.

Pierre JC Allard

291. Barack toujours vierge… ou « Soló la mitad » ?   09.07.20

 Ce n’est pas d’hier que les séducteurs latinos cherchent à vaincre les résistances des pucelles craignant Dieu en leur proposant de ne faire les choses qu’à moitié… On a l’impression que Barack Obama pourrair se retrouver d’ici quelques jours devant ce dilemme plus ubuesque que cornélien.   Depuis son élection, il faut dire qu’il a gardé un dossier vierge.

Dans tous ses dossiers, rien que de la vertu. Certains éléments de gauche lui ont reproché ses « hésitations » dans le dossier des procédures contres les tortionnaires de Guantanamo, pour voir tout a coup le couperet prêt à tomber sur un Cheney totalement discrédité pour avoir caché pendant huit ans des informations vitales au Congrès et désormais en simple attente d’un bon moment pour être proprement raccourci.

Idem pour le retrait des troupes d’Irak, où l’on a cru qu’Obama tergiversait, pour se lever un beau matin avec les troupes américaines qui avaient quitté Bagdad si rapidement et si discrètement que cette énorme humiliation avait été avalée par la population américaine sans haut-le-coeur, l’opération aidée par la complaisance remarquable des medias.

Même chose à droite.  Les vociférations se sont faites plus discrètes quand,  avec leur popularité au nadir, les Républicains se sont trouvés aussi menacés par une Sarah Palin pouvant dire et faire n’importe quoi, incroyable incarnation  du proverbial canon en baguenaude sur le pont.   Un doublé, même, à droite, avec les résultats de  Morgan Stanley et de Goldman Sach qui prouvent  que les pirates financiers peuvent encore piller mieux que jamais. On sourit dans les chaumières de Long Island et de Grossinger.

Tout bon, donc, pour Obama. Un dossier immaculé. The ONE a prouvé qu’il avait de nerfs d’acier, qu’il savait parler, mais savait aussi se taire le temps qu’il fallait quand parler pourrait nuire. Parcours sans faute pour Obama, qui,  son bilan toujours vierge, peut penser aux médecins – ses plus dangereux adversaires sur le plan domestique  – et préparer  tranquillement le prochain G 20 de Pittsburgh.

Mais aujourd’hui, cette virginité est tout a coup menacée par deux (2) provocations qui lui arrivent dessus. Des égratignures dont les dégâts matériels sont dérisoires, mais qui revêtent une valeur symbolique  énorme.  On a d’une part ces 20 condos que les Juifs veulent bâtir a Jérusalem -Est et, d’autre part, un président un peu gaucho au Honduras qui s’impatiente et pourrait faire la bêtise d’aller se faire occire.

Des dossiers bêtes à pleurer, mais dont la valeur symbolique est bien réelle, car l’écart est large, sur le plan des symboles, entre ne JAMAIS avoir commis une faute et n’en avoir commis ne serait ce qu’un toute petite. La virginité a sa valeur.  D’où l’importance de ces condos et de ces quelques mois de gouvernance en discussion  au Honduras, pays d’opérette s’il en est.

En froide logique économique, ces appartements qu’on veut bâtir à Jérusalem pourraient être remplacés par un golf.  Mais Obama s’est compromis, en insistant pour qu’ils ne le soient pas,  et Israël vient de dire un « non » ostentatoire à l’Amérique. Un non qui semble suicidaire, car Israël n’a plus un autre ami au monde que les USA, a moins qu’on ne, compte le Canada comme distinct des USA, ce qui serait trompeur.

Le plus simple est de penser que tout a été manigancé pour offrir a Obama une reddition sans condition à un prix qu’on découvrira vite par la suite. En ce cas tout va ; il ne restera à voir que ce qui aura servi de monnaie d’échange.  Mais si ce « non » d’Israel  veut vraiment dire « non »,  comment  Obama sortira-t-il  cette impasse ?  S’il recule devant Israël, il perd la face. Adieu virginité et crédibilité. Son projet sur les soins de santé – et tout le reste – en prendraient un séreux coup.

La question au Honduras semble moins grave, mais on s’étonne  qu’elle soit même posée.   Le monde entier attend le départ des putschistes, condamnés par tous et les USA . En soutenant un gouvernant de gauche  évincé sans raison valable, les USA sont à faire des pas de géants pour regagner la confiance en Amérique latine.

Bravo, mais si Obama reculait devant quelques guignols à Tegucigalpa, c’est le respect qu’on a pour lui  qui s’effondrerait; car personne ne doute une seconde que Washington ait le pouvoir de faire céder l’usurpateur. S’il ne le faisait pas, on ne pensera pas faiblesse, on pensera hypocrisie…

Les enjeux sont  grands.   Cédera, cédera pas… Les paris sont ouverts. Le dossier de Barack restera-t-il vierge ? Tous les scénarios sont possibles, dont celui d’une intervention triomphale au Honduras, masquant un recul sur le dossier de Jérusalem.  Soló la mitad ?  Ca passerait peut-être…. mais ce ne serait plus comme avant…

292. Quand l’argent ne vaut rien… 09.07.21

Tous les chiffres de cet article sont faux; il a été écrit en 1998. Oubliez les chiffres, il faudrait ajouter des zéros et il resterait faux, car on ne sait plus vraiment combien il y a d’argent en circulation. Ce qui est plus vrai que jamais, c’est que le Roi est nu comme un ver… et que ce serait encore bien sympa d’avoir des jetons à s’échanger. Voici l’article, sans modifications.

***

Vous connaissez cette histoire du tailleur peu scrupuleux qui vend au Roi, à prix faramineux, un costume d’une étoffe superbe… mais invisible aux incompétents ? Comme prévu, tout le monde et le Roi lui-même s’extasient devant le tissu merveilleux – qui bien sûr n’existe pas – de sorte que le Roi parade devant ses sujets, supposément vêtu du costume magique mais en réalité nu comme un ver… jusqu’au moment où un enfant qui n’a pas d’emploi a perdre dise innocemment “le Roi est nu”, au grand dam du tailleur et à la courte honte des courtisans.

On me demande souvent quel est le talon d’Achille du système. Il est visible, totalement vulnérable, et il n’exige pas pour qu’on l’atteigne de violence ni de subtiles conspirations. Si vous pouvez regarder un billet de banque qu’on vous offre, vous esclaffer et ressentir profondément l’absurdité de faire quoi que ce soit pour ce bout de papier, vous avez fait la moitié du chemin vers le salut. Si un nombre significatif de gens en font de même, le Système vacille.

Si le consensus cesse, qui prête une valeur a USD$16 trillions d’argent virtuel sur la planète qui ne représentent rien – et qui peuvent devenir USD$ 17 trillions demain, par la volonté du FMI et des petits copains – le Système crève. Comme le Mark de 1932, le Peso argentin d’il y a dix ans et le Rouble de l’an dernier sont morts, quand on leur a dit qu’ils étaient nus. Mais attention! Faire crever le Système équivaudrait, pour nous tous, à scier la branche sur laquelle nous sommes assis. Avant de dire “le Roi est nu”, il faut penser à une solution de rechange.

La solution de rechange, c’est un autre médium d’échange. Quelque chose qui nous permette, à vous et à moi, de poursuivre la division des tâches qui est la base de la société en troquant votre travail contre le mien, le nôtre contre celui des autres et vice-versa. Quelque chose comme de l’argent… Mais seriez vous très étonné si on vous disait que le Système est TRÈS hostile à l’idée de quelque chose qui puisse être substitué à l’argent?

Beaucoup de gens essayent de temps en temps. On l’a tenté à Vancouver, à Kingston… Je vous donne la formule, mais, si vous tentez l’expérience, regardez bien des deux cotés avant de traverser la rue…

1. créez un Secrétariat et invitez tous les sans-emplois à s’inscrire (les autres aussi, d’ailleurs);

2 imprimez des “Crédits de solidarité” (CS) en précisant bien que ce n’est pas de l’argent et que ça ne vaut rien;

3 distribuez la liste des membres avec leur profession à chacun de vos membres;

4 distribuez aussi à chaque membre 100 CS identifiés à son nom ou par un numéro de code;

5. invitez vos membres à requérir les services des autres membres, les récompensant de 1 CS par heure de travail;

6. celui qui accepte des CS en récompense peut les échanger au Secrétariat pour des CS à son nom;

7. nul ne doit donner plus de 20 CS sans en accepter au moins un, ni en donner 50 de plus que ce qu’il a accepté;

8. celui qui ne respecte pas la règle ci-dessus est suspendu; on peut savoir qui l’est en téléphonant au Secrétariat;

9. les commerçants même non inscrits peuvent accepter un paiement total ou partiel en CS;

10. ces commerçants peuvent échanger ces CS au secrétariat et en obtenir à leur nom qu’ils pourront utiliser ou donner en primes.

Si on évalue le salaire moyen à 13 dollars l’heure, la distribution des CS à ses membres par le Secrétariat est l’équivalent de prêter 1 300 dollars chacun à tous les inscrits pour acheter les services des autres inscrits ou les biens des marchands qui acceptent de collaborer au projet. C’est leur prêter cette somme sur la garantie de leur capacité et de leur volonté de travail. La seule garantie qu’ils possèdent.

C’est une garantie dont le Système ne veut pas tenir compte. Pas seulement parce qu’il n’y a pas de “demande effective” pour les services que peuvent rendre les travailleurs sans emploi – (comprendre: ceux qui ont de l’argent ont déjà ces services et les autres, on s’en fout.) – mais, surtout, parce que permettre aux “pauvres” de payer ces services avec leur travail aurait un effet inflationniste et appauvrirait un peu les gras-dur du système.

Tout ce que chacun peut faire pour contrer cette mauvaise volonté du Système est un beau geste qui met à nu les “rois” qui nous exploitent. C’est aussi une épine au flanc de la Bête et donc un geste courageux. Pourquoi ceux qui peuvent le faire – comme les syndicats, par exemple – ne posent-ils pas ce geste qui créerait, sans aucune mise de fonds, un véritable Fonds de solidarité ?

Pierre JC Allard

293. Goldman Sachs au bûcher !   09.07.21

Goldman Sachs déclare des profits  exceptionnels et des bonis mirobolants.  Des profits ostentatoires. Des bonis scandaleux, en cette période de crise et de supposée austérité. On veut vraiment nous faire fâcher… Pour bien marquer le point, un article dévastateur de Matt Taibbi, dans le numéro de juillet du magazine Rolling Stone, vient expliquerclairementpourquoi Goldman Sachs est, depuis des lustres, l’ennemi du peuple, de l’Amérique et du genre humain.

Goldman Sachs au bûcher ?  Probablement… mais il a encore des inconnues. Car, quoi qu’ait fait Goldman Sachs, il faut voir en arrière plan la totale connivence de l’État et du capital. Il y a quelques années, j’écrivais:

 » Les variables qui déterminent le succès d’une spéculation sont toutes aujourd’hui directement ou indirectement sous le contrôle de l’État.  Même si c’est une catastrophe naturelle qui déclanche une occasion d’affaire, c’est la réaction de l’État pour faire face à la catastrophe qui sera au coeur de la spéculation qui en résultera.

Toutes les roulettes sont mises en mouvement par l’État et seuls peuvent y gagner les amis de ceux qui les font tourner. Seuls ceux qui agissent de connivence avec l’État peuvent désormais spéculer et gagner.  Les gros pontes jouent toujours avec la banque. Ceux qui jouent en s’en remettant au hasard ou même à leur honnête sagacité pour spéculer seront vite ruinés. « 

Cette connivence, depuis le Plan Paulson ( ex-pdg de Goldman Sachs ! )  de l’automne 2008, est plus évidente que jamais. Pourquoi et comment cette information impitoyable sur Goldman Sachs devient elle AUJOURD’HUI  disponible ?  Pourquoi annoncer aussi clairement que tout ça est du chiqué, que l’austérité de façade recouvre en fait une prodigalité des fonds publics comme il n’y en a jamais eu et que l’argent ne vaut plus rien ?

Tout se passe comme si, un transformation radicale du système étant inévitable, on voulait préparer le peuple  à cette nouvelle  à côté de laquelle le New Deal n’était rien. Prise de conscience à faire.  Préparons le peuple… Il ne fait aucun doute qu’on est à dresser le bucher pour quelqu’un.    En octobre, après que le G 20 de Pittsburgh aura donné une nouvelle image du systeme financier et que le plan de santé de Obama  aura connu son sort., on jettera la torche sur les fagots.  Mais n’y aura-t-il que  Goldman Sachs sur le bucher  ? Et quel pouvoir a organisé l’autodafe…?

il y a trois scénarios qui expliquent la divulgation:

1.  Le capitalisme est bien en selle. On s’est mis d »accord sur un bouc émissaire.  Les profits faramineux et les boni ostentatoires, indécents et provocateurs en cette période de crise, ont pour but de ramener la vindicte populaire sur quelques têtes chez Goldman Sachs.   Ces têtes seront tranchées, une montagne de titres d’une valeur monétaire colossale seront saisis et GS mise en faillite.   Mais ce ne sera que du papier. Toute valeur réelle aura été transférée ailleurs, les vrais maitres resteront inconnus et, après cette saignée, le systeme reprendra ses activités comme avant, sous un autre nom

2. Le pouvoir fait peau neuve. Ceux qui ont vraiment le pouvoir ont décidé qu’il n’est plus nécessaire d’avoir cette couverture de l’argent pour l’exercer, une structure qui va de paire avec la démocratie et repose sur une incessante, universelle et fastidieuse corruption.   La crise actuelle est là pour abattre la capitalisme qui sera remplacé par la dictature discrète d’une élite, au sein de laquelle les dirigeants réels seront cooptés.   L’argent ne confere plus le pouvoir, c’est le pouvoir qui crée et distribue l’argent à sa discrétion. Un systeme pas si different de celui de l’ex-URSS.  On ne parlera pas de soviets, mais tout pourra se faire sous couvert de démocratie. La manipulation est devenue une scienhce exacte; les medias peuvent  être contrôlés et, par eux, on peut obtenir l’accord du people à n’importe quoi.

3. L’explosion  des techniques de communication, dont surtout  l’Internet, a pris le pouvoir par surprise et il devient impossible de gouverner dans la discrétion, rendant tous les complots précaires et créant la menace de pouvoirs circonstanciels se formant et se défaisant  selon des événements imprévisibles.  Tout devient possible, y compris un pouvoir populaire et des épisodes de vraie démocratie, mais toute devient du même coup imprévisible.   C’est l’insurrection qui vient, avec une alternance anarchie-dictature qui ne serait pas sans rappeler le moyen-âge.

Qui sait lequel de ces scenarios est en marche ?  Peut être quelqu’un a-t-il les choses bien en main… mais il est possible, aussi, que nous allions totalement  à l’aventure.  Je ne sais pas laquelle des trois (3) hypothèses me fait le plus peur.

Pierre JC Allard

294. Lacroix 18 mois, Dumont 18 ans   09.07.23

Rien n’est plus important pour une société que de se sentir un État de droit. En être un, bien sûr, mais ça c’est complexe et ça se discute. Se sentir un État de droit, ce n’est pas compliqué : c’est la conviction intime que la force de l’État, qui est celle de toute la collectivité y compris  la sienne propre, fait corps pour soutenir les lois qui sont elles-mêmes l’expression de la justice.   Dans un État de droit, on respecte la loi et l’on n’a pas peur.

Mais il faut que la loi, les forces de l’ordre, le processus judiciaire correspondent aux attentes de la population.  Il faut que la justice que le système dispense colle à l’image intuitive qu’ont les citoyens de ce qui est juste …et qu’ils s’y reconnaissent.  Aujourd’hui, au Québec, ce n’est pas le cas.

On vient de donner deux taloches, coup sur coup, sur la confiance des gens en notre système judiciaire.  Une par excès de rigueur et l’autre par excès d’indulgence.  Attention ! Ce n’est pas la loi qui est trop rigoureuse ni trop indulgente;  c’est l’usage qu’on en a fait qui n’a pas répondu du tout à ce que la population en attendait.  Ce qui ne veut pas dire que la justice soit «mauvaise », mais simplement qu’elle ne joue plus son rôle d’être conforme à la volonté populaire

D’abord la rigueur. Michel Dumont a été condamné pour un crime qu’il n’a pas commis.  Il y a de ces erreurs judiciaires, elles sont sans doute inévitables. Il a passé des années en tôle. Il dit qu’il y a été maltraité.  Bien des choses sont obscures et il ne semble pas évident que le Ministère public ait été au-dessus de toute négligence.  Il demande une compensation.  Le tribunal la lui refuse.

Le juge cherche des preuves, il s’intéresse aux délais de prescription, il travaille avec l’art et la science du droit qui, en mettant les règles au-dessus de l’équité, permettent aux juristes d’apprivoiser l’injustice.  Il agit selon loi. Mais le principal témoin qui aurait pu fournir la preuve dont avait besoin Dumont est mort.  La procureure qui l’a fait condamner n’est pas au procès

Le juge a une large discrétion…  Il choisit de croire la version du Ministère public et décide que la poursuite n’était pas malveillante. Il a sans doute raison selon la loi; un appel en décidera peut-être. Mais je n’ai pas de sympathie pour un système qui envoie un innocent en prison et finasse ensuite pour s’abstenir de le dédommager. Une attitude qui me dégoûte.

La poursuite n’était pas malveillante, puisque Sa Seigneurie nous le dit, mais je ne trouve AUCUNE EXCUSE à l’État qui ne répare pas au mieux cette bavure qui a été celle de ses agents… et les conséquences de ses atermoiements. Car, ce qui me fait vomir, en cette affaire, c’est qu’il y a 18 ans que Michel Dumont cherche à obtenir réparation. Pendant ce temps, le témoin principal est mort. Quelqu’un doute-t-il, en conscience. qu’une justice qui met 18 ans  à entendre un cause qui n’exige que quelques jours d’audition ne soit coupable d’une grossière négligence dont aucune défense ne devrait la faire absoudre ?

Il n’y a pas de justice au Québec.  Souvent parce que c’est trop cher, la plupart du temps parce que c’est trop long.  L’État est irresponsable.  Même innocent, comme Dumont, on peut aller en prison et personne ne se précipitera pour apporter réparation. L’État jouera des procédures et des discrétions pour profiter de son irresponsabilité et de sa grossière négligence. Ce n’est pas une pensée consolante pour les citoyens d’un État de droit.

Pendant qu’après 18 ans de délais inacceptables, Michel Dumont, innocent, est abandonné sans compensation à l’injustive qu’il a subie , Vincent Lacroix – qui a escroqué 130 000 000 $ de 9200 petits investisseurs !-  est libéré par la justice après 18 mois de prison.   Dumont a dû purgé les 2/3 de sa sentence, Lacroix 1/6 ….

Apres quelques mois dans une maison de transition de la Rue St-Jacques à St Henri, Vincent Lacroix, pourra peut-être sortir tranquille, quitter le pays et chercher à se souvenir s’il n’aurait pas oublié quelques millions dans un compte de banque à Nassau ou au Luxembourg.  Michel Dumont essayera de recoller les morceaux de sa vie.   Tout à fait légal… mais c’est une ignominie

Je ne suis pas certain que les Québécois se reconnaissent dans cette justice.

Pierre JC Allard

295. Montréal, Capitale de l’Été   09.07.24

On parle de Grand Prix F1 à Montréal. Amusant. Utile, aussi, pour assurer la V I S I B I L I T É. Pourquoi la visibilité ? Pour faire des sous… et surtout pour créer des emplois. Ce qui demande un mot d’explication…

Le monde est en crise, on le sait. Crise financière, bien sûr, mais, en Occident, derrière la crise financière se cache une crise industrielle qui n’a rien à voir avec une quelconque récession; les secteurs de production industrielle qui ont fait notre richesse sont simplement en déclin, leurs marché saturés et leurs méthodes de production désuètes. L’emploie diminue…

Il n’y a qu’une solution définitive à la crise et c’est de remettre tout le monde au travail. Or, ne nous leurrons pas, une ville n’a que peu de marge de manoeuvre pour créer des emplois industriels. Ce n’est pas Montréal qui contrôle, ni ne devrait contrôler, les politiques de main-d’oeuvre ni les politiques monétaires: nous ne règlerons pas la crise du pays par des mesures au palier municipal.

On peut attendre que Québec et Ottawa règlent la crise, mais ce n’est pas très astucieux… car ces secteurs industriels en crise ne créeront plus d’emplois. On peut penser à un protectionnisme qui fermerait les frontières à la concurrence imparable du tiers monde, mais les travailleurs Occidentaux ne veulent pas travailler pour des salaires chinois, ce qui d’ailleurs ne serait pas souhaitable. L’industrie ne reviendra donc qu’en substituant des machines aux travailleurs: ces secteurs peuvent renaître après la crise, mais rien ne permettra jamais d’y créer beaucoup d’emploi.

Si nous voulons que les travailleurs travaillent, il faut donc créer des emplois dans le secteur tertiaire… et là, une ville peut faire quelque chose. Montréal peut créer un foyer de prospérité et générer des revenus qui se diffuseront sur toute sa population, si on met à profit une ressource que Montréal possède en abondance: l’hospitalité et la joie de vivre de sa population.

On néglige trop souvent que le tourisme est devenu la première industrie du monde et que nous possédons des ressources et des avantages concurrentiels importants pour miser sur cette industrie tertiaire à forte intensité de main-d’oeuvre et donc créatrice d’emploi. Montréal est une ville de fêtes. Expo 67, Jeux Olympiques, Festival du Jazz, sa réputation est faite.

Son avantage extraordinaire, en plus des qualités propres à sa population même, c’est qu’elle est une ville d’été. La plupart des villes du monde se vident de leurs habitants en été et en perdent leur âme. Montréal, avec ses festivals et la profusion de théâtres saisonniers qui l’entourent, a cette rare caractéristique d’être une ville où l’été est la saison active. Il faut exploiter le potentiel touristique de cette singularité en y joignant l’effet d’attraction du visage français et multiculturel de Montréal.

Grand Prix ? Si on veut, mais on peut faire bien plus pour beaucoup moins… L’administration muicipale pourrait agencer les événements déjà récurrents chaque année à Montréal de la fin mai à la fin septembre – et en ajouter d’autres – de façon à offrir au touriste un calendrier ininterrompu d’activités qui ferait de Montréal la 
“CAPITALE DE L’ÉTÉ” en Amérique.

Dans le cadre de ce calendrier, chaque communauté culturelle de Montréal qui en ferait la demande recevrait la collaboration technique et une aide financière de la ville pour organiser, au cours de l’été, un festival mettant en évidence sa spécificité culturelle dans un secteur de Montréal signifiant pour cette communauté. Quartier Italien, Grec, Juif, Latino. Haïtien, libanais, etc…

Cette communauté deviendrait alors, durant cette période, non seulement l’hôte des autres éthnies de Montréal, mais aussi, si elle fait de cet événement un succès, le point de ralliement en Amérique du Nord de tous les membres de cette communauté. Avec un peu d’aide, elle générerait sa propre visibilité sur sa clientèle ciblée. À coût modique.

Mettant à profit la relâche des activités culturelles en France durant la période estivale, Montréal pourrait aussi établir, dans le Parc Jean-Drapeau ou ailleurs, avec la collaboration des industries culturelles et des restaurateurs de France, une ambiance complètement française à prix nord-américains qui compléterait la séduction de la clientèle américaine.

RIEN ne peut apporter à Montréal un essor économique et des emplois aussi rapidement que le tourisme, surtout si on y joint la promotion de l’industrie des congrès, où Montréal est déjà très bien positionnée en Amérique du Nord et le serait bien sûr davantage si elle devenait cette Capitale de l’Été.

Cette hospitalité est la meilleure clef de notre développement. Il faudrait invoquer la mémoire de Jean Drapeau et évoquer ses mânes pour que l’imagination et l’enthousiasme se réincarnent à Montréal au plus tôt et que l’on joue habilement nos atouts.

Pierre JC Allard

296. Tuer à Kingston. Une affaire d’honneur    09.07.25

La police vient d’arrêter et d’accuser de meurtres prémédités et de complot pour meurtre, trois Afghans: Mohammed Shafi, Touba Yahya et Mohammed Hamed Shafi, respectivement le père, la mère et le frère de de trois soeurs – 19, 17, 13 ans – trouvées mortes dans une écluse du canal Rideau le 30 juin dernier. Morte aussi dans cette affaire, Rona Amir Mohammed, âgée de 52 ans, première épouse de Mohammed Shafi. Mobile présumé de ce quadruple meurtre: une affaire d’honneur.

Affaire d’honneur ? Eh oui… Dans certains pays musulmans, les coutumes tribales permettent les meurtres de personnes, surtout des femmes, ayant sali l’honneur et la réputation d’une famille ou d’un clan. Ces crimes d’honneur sont souvent perpétrés pour des fautes jugées graves, comme l’adultère, par exemple. Alors tout le monde s’y met et collabore père, mère, frère… On les tue.

19, 17, 13 ans… il y a deux ans, qu’elles sont au Canada. En arrivant elles ont été assaillies par des influences culturelles… danger pour des adolescentes, qui deviennent alors des jeunes filles « rebelles ». « Bien difficile pour le père » – explique Sadeqa Siddiqui, coordonnatrice au Centre communautaire des femmes sud-asiatiques de Montréal… « Dans la culture de l’Islam, c’est la femme qui est responsable du foyer. S’il y a des comportements déviants qui s’y manifestent, c’est la femme qui est coupable« …

Ah bon.. Si c’est difficile, n’est-ce pas, ça explique tout… Tout est clair… Je précise que l’on n’a pas ici affaire à de pauvres réfugiés. Ils arrivent de Dubai. Ils viennent de passer des vacances aux chutes Niagara, Ils rentrent à Montréal dans une Lexus SUV de 150 000 $. Des gens bien… Mais bien différents.

Tout ça pour moi – et pour vous, je l’espère – est tellement absurde et révoltant qu’on hésite à le croire. Mais c’est LEUR culture. Un résidant de Sherbrooke, Shah Ismatullah Habibi, afghan d’origine et qui a grandi à Kaboul, directeur général de l’Association éducative transculturelle qui accueille surtout des Afghans se dit « mal à l’aise« . Je le comprends. « C’est très rare…« – qu’il nous dit. Mais là, je ne le comprends pas…

Ce n’est pas rare. Ce n’est pas vrai. Je ne connais pas bien l’Afghanistan, où je n’ai fait que passer brièvement, mais j’ai passé au total presue deux ans au Pakistan, au Tadjikistan, au Kirgystan, en Inde surtout… NON, ce n’est pas rare. Il n’y a pas une semaine qui passe, dans cette région, sans qu’un histoire de ce genre ne soit dans les journaux. Pas en première page, mais dans un entrefilet en page 6 ou 8… car c’est une affaire banale.

La police a arrêté les accusés hier, craignant qu’ils ne se réfugient dans un pays où il n’y a pas de traité d’extradition, comme le Pakistan. Ils seront peut-être remis en liberté sous caution. Alors, je sais qu’on va traiter de tous les noms, mais je ne trouverais pas catastrophique qu’ils partent au Pakistan.

Pourquoi le Canada devrait-il payer pendant des années la pension carcérale de ces gens qui, en leur âme et conscience, croient qu’ils ont eu raison ? Au Pakistan, après une réprobation formelle, ils seront sans doute bien accueillis. Ils sont bien nantis et, leur honneur étant sauf, ils ne tueront plus personne. Les victimes ? On ne ressuscitera pas les victimes.

Ce qui m’intéresse au plus haut point, ce n’est pas que la famille Shafi parte au Pakistan; c’est que toutes les autres familles Shafi du monde restent au Pakistan, en Afghanistan, ou n’importe où dont Allah décidera. Qu’elles y vivent selon leurs coutumes, leurs principes, leurs traditions. La culture occidentale n’a pas le mandat « kiplingesque » d’éduquer le reste de l’humanité. Le Canada n’a pas la responsabilité d’envoyer ses soldats mourir pour enseigner à d’autres cultures comment vivre. Restons chez nous.

Restons chez nous. Mais… nous n’avons pas non plus la responsabilité d’accueillir chez nous ces gens. Nous n’avons pas à supporter leurs manières d’être qui, pour nous, sont parfois répugnantes – comme quand ils tuent leurs femmes pour des affaires d’honneur – mais qui sont toujours, même dans le meilleur des cas, bien dérangeantes… Nous n’avons aucun besoin de subir la cohabitation de leur culture avec la nôtre.

Il faut respecter les promesses que nous avons faites à ceux d’entre eux que nous avons commis l’erreur de laisser s’établir chez nous. Respectons les; c’est notre honneur à nous. MAIS N’EN ACCEPTONS PLUS D’AUTRES. Assez ! Basta !

Pierre JC Allard

297. Sondages; la mission d’informer  09.07.26

Petit brouhaha en France. La Cour des comptes vient de faire quelques remarques qui ont suscité bien des commentaires, sur les sondages effectués pour la Présidence de la République.

La Cour des comptes a ainsi particulièrement souligné une convention tres succincte – elle tient sur une seule page ! – intervenue en juin 2007, entre l’Elysée et un cabinet d’études, pour un coût d’environ 1,5 million d’euros – dépassant donc le seuil au-delà duquel la passation d’un marché est obligatoire – et où les règles de mise en concurrence n’ont pas été appliquées. Au titre de ce contrat, 130 factures ont été réglées par l’Elysée en 2008, pour un montant de 392 288 euros, correspondant notamment à des enquêtes réalisées par l’institut OpinionWay et publiées par Le Figaro et LCI.

Puisqu’il s’agit de la Cour des comptes, on parle d’argent. C’est bien sûr le coût de ces études qui a été mis en lumière, ainsi que les procédures qui en ont entourés le paiement, mais on sait bien que l’essentiel n’est pas là. Ce sont les liens étroits entre l’UMP, certains médias et des instituts de sondage qui font froncer les sourcils.

Le 17 juillet, la société des rédacteurs du Figaro demande à la direction de mettre immédiatement un terme à ce type de « coproduction » avec OpinionWay, un compagnonnage un peu trop intime qui, à son avis, nuit gravement à la crédibilité des titres du groupe. Le Directeur des rédactions du groupe, Etienne Mougeotte, envoie immédiatement ses plumes sur les roses et jure que l’Élysée n’a rien financé des activité du Figaro. Normal.

Un démenti sans surprise à une « révélation » qui n’en est pas une non plus, puisque, lors des dernières présidentielles, Segolene Royal comme Francois Bayrou avaient déjà parlé dix fois plutôt qu’une de ces relations bien intimes… Mais un rapport de la Cour des comptes – présidée par Philippe Seguin, qui n’est pas un homme de gauche – c‘est bien gênant…

Alors on s’agite, de part et d’autre… Le Parti socialiste réclame la création d’une commission d’enquête parlementaire – une demande que Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, rejette du revers de la main – tandis que Opinion Way se plaint que la Cour ne l’ait pas interrogée en cours de contrôle et s’étonne d’être la seule firme nommément citée parmi toutes les prestataires… Les feintes et les parades devraient durer quelque temps.

Normal aussi, mais est-ce ça l’important ? Est-ce qu’on ne pourrait pas profiter du tintamarre pour voir cette question des sondages par le bon bout de la lorgnette ? Il faut comprendre que les sondages sont et resteront un élément fondamental de la politique. Ce qui plus est, ils DOIVENT l’être. Il est bon dans une démocratie que l’État sache ce que pensent ses commettants. Il est bon qu’il en tienne compte. Il DOIT en tenir compte.

Il est inévitable, cependant, que la population soit influencée par cette perception d’elle–même que lui renvoient les sondages. En période électorale, en particulier, le comportement des électeurs peut être fortement biaisé par les sondages. Une influence incontournable à laquelle une population démocratique adulte peut résister, mais il semblerait néanmoins impérieux que cette influence soit impartiale et que les renseignents diffusés donnent au moins une image exacte de l’opinion populaire.

Est-ce que tous les sondages ayant une portée politique ne devraient donc pas être réalisés par un organisme public, en toute transparence et sous contrôle des citoyens et du pouvoir judiciaire ? On aurait ainsi une vision de l’opinion publique au-dessus de tout soupçon.

Cela sans préjudice, à celle que l’on pourrait obtenir de sondages privés, lesquels ne seraient en aucune façon interdits, mais sur lesquels on s’appuierait, au contraire, pour que leurs résultats viennent confirmer ou infirmer les sondages publics.

Le fera-t-on ? Il y a toute une fonction de connaissance et de diffusion de l’opinion publique qui ne demande qu’à se développer, car il n’y a rien de mal dans une démocratie à ce que l’on sache ce que tout le monde pense. Il y a une foule de référendums qui seraient bien utiles. Il faudrait se donner les moyens de les rendre moins coûteux et parfaitement crédibles.

Pierre JC Allard

298. Non aux PPP ? … Ô Felix Culpa..!    09.07.27

« O felix culpa quae talem et tantum meruit habere redemptorem »…

Beaucoup de théologiens on brodé sur le thème de l’ »Heureuse Faute » d’Adam et Eve, le péché originel, source de tous nos déboires, étant récupéré pour sauver la face de la divine providence et présenté comme une bonne affaire pour l’humanité qui y aurait trouvé l’occasion d’un sublime dépassement….

C’est le genre de raisonnement qui me donne le gout de frapper violemment des têtes de théologiens sur des murs de briques, mais ce n’est pas mon propos d’aujourd’hui. Je veux plutot parler ici de l’ »heureuse crise » actuelle, qui semble être arrivée à point pour éviter à la société québécoise une extraordinaire bêtise qui, à terme, nous aurait sans doute fait plus de mal que les virevoltes en Montagnes Russes des Bourses de Toronto ou de New York.

Heureuse crise, car la ministre des Transports, Julie Boulet, vient de confirmer que, la conjoncture n’y étant pas favorable, on annule le processus qui devait conduire au choix d’un consortium privé pour la rénovation/construction en PARTENARIAT PUBLIC-PRIVÉ. (PPP) de l’échangeur Turcot. Il semble bien qu’il en ira de même pour les autres projets du même genre dont nous étions menacés.

Pour comprendre que c’est une bonne nouvelle, il faut voir que, dans le contexte québécois, des PPP sont, disons… un peu incongrus

Il y a divers types de PPP, mais le plus connu est un projet mixte où l’État s’associe à des intérêts privés, en apportant le contrat, la crédibilité, la clientele et une part non négligeable de l’expertise… tandis que la firme privée y ajoute aussi une expertise, mais surtout son nom et son désir sincère de faire du fric et de le distribuer avec générosité.

C’est dans le tiers-monde que ces associations ont permis les plus spectaculaires opérations. La variante la plus juteuse est celle ou une compagnie française, américaine, canadienne, etc. s’associe au gouvernement d’un pays-hôte étranger pour construire un port, un métro, un service public quelconque, en acceptant en paiement les revenus d’exploitation du dit service durant une période a négocier: 20 ans, 30 ans, 50 ans…

Bonne opération pour la compagnie, qui va faire pas mal de profits. Bonne affaire, aussi, pour le gouvernement du pays-hôte, lequel peut réaliser un projet qu’autrement il n’aurait pas eu les moyens d’entreprendre, parce que son partenaire privé – la firme étrangère- va lui apporter les fonds. Fonds qui, bien souvent, seront prêtés ou donnés par le gouvernement du pays d’origine de la firme étrangère.

Dans ce scénario, la population du pays-hôte va jouir d’un service qu’elle payera cher pendant longtemps, mais qu’autrement elle n’aurait pas simplement pas eu, tandis que son gouvernement se fera du capital politique et que ses politiciens et fonctionnaires toucheront souvent de généreux pots de vin. On pourrait dire que le dindon de la farce est le contribuable du pays donateur, mais il a généralement été informé de la politique d’aide au développement de son propre gouvernement; voyons-le donc plutôt comme un mécène.

Pourquoi ce scenario n’est il pas aussi intéressant si on pense à un PPP pour construire une autoroute au Québec, par exemple ? Parce que ce n’est pas la compagnie, ici, qui dispose d’un source de financement dont son partenaire gouvernemental ne dispose pas. Au contraire, elle va chercher ses capitaux à la même source que ce dernier… et en les payant plus cher, car elle ne peut pas avoir une cote de crédit comparable à celle de l’Etat.

Pire si on pense à aller chercher un revenu d’exploitation de la population locale cliente, car le but de l’État québécois ne devrait pas être de faire un profit sur la population québécoise. Alors pourquoi un PPP ? Un bénéfice politique pour le gouvernement ? Doit-on penser que notre gouvernement serait motivé par des considérations aussi mesquines ? Éliminons d’emblée cette hypothèse, comme celle de pots de vins et autres indélicatesses au profit de nos gouvernants et fonctionnaires.

Il semble bien qu’il n’y ait pas d’avantages à des PPP au Québec. Nous sommes donc ramenés à la seule solution possible: cette façon de procéder avait été choisie par inadvertance, dans un moment d’aberration. Felix culpa, donc, si la dégradation des marchés financiers a fait disparaître même l’illusion d’une possible économie à utiliser ce procédé. Veinards que vous sommes…

Pierre JC Allard

299. Ce serait quoi, une nouvelle société ?   09.07.28

Une Nouvelle Société se définit par une nouvelle façon de produire, de gouverner et d’offrir des services à la population. Elle ne découle pas d’une idéologie, mais est construite de façon empirique, pour répondre au besoin de mutation d’une société qui a maîtrisé l’industrialisation et atteint l’abondance, mais où se sont développées des malformations structurelles et des dysfonctionnements dont les signes les plus apparents sont la misère et la violence

Misère et violence briment l’évolution de la société et en mettent en péril la survie même. Ils sont les produits d’inégalités extrêmes dans la société, plus marquées que celles qui résulteraient de la simple volonté de l’être humain d’avoir sans cesse davantage, suggérant que ce n’est pas seulement l’égoïsme qui en est la cause, mais que sont aussi à blâmer la paresse et une certaine inintelligence de la situation, de ses effets négatifs, de son évolution prévisible et des correctifs qu’on pourrait y apporter.

Ceci est une bonne nouvelle, car on ne changera pas la nature humaine, mais on peut souvent inciter les gens à faire moins de mal par inadvertance… si on ne leur enlève rien et que le bien ne leur demande pas plus d’efforts. C’est de cette façon qu’une Nouvelle Société va s’imposer : en montrant qu’on peut faire les choses autrement, que tout le monde y gagne et que personne n’y perd.

Une Nouvelle Société est démocratique, mais par-delà la démocratie elle est libertaire, favorisant les appartenances identitaires. Elle est tolérante et permissive, la culture y étant vue comme un patrimoine collectif, mais son développement comme l’expression de la volonté populaire. L’État assure la sécurité et l’ordre public en mettant l’accent sur la prévention et la protection, plutôt que sur le châtiment et la réhabilitation. La résolution des conflits est immédiate et gratuite, reposant sur une justice d’équité et souvent sur l’arbitrage.

La Nouvelle Société est entrepreneuriale, mais garantit à tous un travail et un revenu adéquat. L’État n’y produit pas lui-même des biens et services, mais en assure la disponibilité et en contrôle la qualité. Les ressources naturelles y sont exploitées dans l’intérêt commun, il est mis fin à leur gaspillage inutile et l’environnement est protégé, mais une Nouvelle Société est essentiellement humaniste et Gaïa y reste au service de l’Homme, non l’inverse.

Les bases de l’éducation sont un corpus exhaustif des connaissances ouvert à tous, une relation personnalisée entre un enseignant et un apprenant et une reconnaissance modulaire des acquis. La santé repose sur une relation permanente entre l’individu et son médecin, à laquelle interviennent au besoin des spécialistes, mais où le patient est toujours le capitaine du navire. L’État prend en charge le coût des services essentiels, mais par capitation, en respectant le libre choix des utilisateurs de services et en y soumettant la rémunération des fournisseurs.

La propriété privée est respectée, personne n’est spolié et la richesse n’est pas confisquée, mais les ressources financières globales sont mises en mouvement au profit de l’entrepreneuriat. L’enrichissement passif, par la simple accumulation d’intérêts, est contrecarré par une politique financière qui rembourse la dette publique, accepte une inflation contrôlée et facilite le crédit, de même que par une politique fiscale qui taxe le capital plutôt que le revenu ou la consommation.

La technologie la plus moderne est appliquée sans retard. L’Internet est rendu gratuitement accessible à tous, devenant le véhicule privilégié pour l’information publique, les communications en général entre les individus et les relations entre l’État ou l’Administration et les citoyens. L’État d’une Nouvelle Société remet périodiquement en question toutes ses méthodes comme ses politiques et a un préjugé favorable en faveur du changement.

Une Nouvelle Société ne peut naître que dans un État développé ou en voie de vrai développement imminent, mais son but est de devenir globale, servant de cadre à une confédération mondiale qui respecte les diverses cultures. Son programme inclut donc que soient consacrés les efforts nécessaires pour que les pays sous-développés soient aidés en priorités à atteindre au plus tôt le seuil à partir duquel les principes et les méthodes d’une Nouvelle Société pourront y être implantés.

Pierre JC Allard

19-05-11

DSK Complot, complot ², complot ³

Filed under: Auteur — pierrejcallard @ 12:34


Dominique Strauss-Kahn, le #1 dans les sondages pour devenir le prochain Président de la France – et accessoirement, pour l’instant, DG du Fond Monétaire International ! – est accusé d’un crime sexuel contre une femme de chambre et arrêté a New York. SCOOP ! Plausible ? Il a une réputation de coureur et c’est le seul véritable argument pour l’instant, le reste étant parole contre parole. Complot ? Ça saute aux yeux.

Avec tous les anti-complotistes qui se disent morts de rire, je suis surpris qu’il reste tant d’imbéciles parmi nous. La vérité c’est que TOUT ce qui se fait en politique est un complot

https://nouvellesociete.wordpress.com/?s=anticomplotistes

La question n’est pas qu’il y ait un complot, mais de trouver lequel. Hier, connaissant peu le dossier, j’ai proposé une fiction sur Rue 89. Le complot au premier degré.

Connaissant les petites faiblesses de DSK, un jolie soubrette correctement soudoyée l’attend à sa sortie de la douche et le prend par son point faible… Dès qu’elle a un échantillon de DNA – repas complet ou mise en bouche – elle prend le portable et lui explique ses exigences, monétaires ou autres. DSK comprend qu’avec ses antécédents il est cuit et file vers l’aeroport… un peu trop tard… »

Vous vous imaginez la France dirigée par une type qui se laisse berner ainsi comme un collégien ? Imaginez-la maintenant dirigée par ceux qui auraient tendu ce piege…   Ce qu’on appelle une « lose-lose situation »… qui est nécessairement une « win-win situation » pour quelqu’un… Simple.

Mais, ça, c’est ce qui sautait aux yeux hier. Comme un lièvre en mon gite, j’ai songé depuis et je pense que ça pourrait être plus subtil. IMAGINEZ que tout se détricote à l’examen et qu’on découvre un DSK innocenté, victime d’une machination. Quel est le résultat ?

Il est triple.

1. DSK se dédouane de toutes les accusations semblables qui trainent dans son placard et qui n’auraient pas manqué de faire surface durant une campagne. Pas qu’on les mettra en doute, mais parce qu’elles seront en quelque sorte « pardonnées » par l’indulgence plenière qui découlerait de son acquittement à cette dernière fausse accusation.

2. Une énorme vague de sympathie se manifeste pour la victime, bafouée pas ces salauds d’Amerloques, vague qui le propulse dans la statosphère des sondages. Rien d’inédit. Un homme politique amputé d’une jambe, suite a une maladie foudroyante, a fait bondir l’option indépendantiste de 10% dans les sondages au Québec lors du dernier référendum et un parti dont le chef marchait péniblement et luttait cotre un cancer a triplé ses appuis aux élections du mois dernier au Canada, sans changer un mot de son programme !

3. Ceux qui auront voulu le piéger – et chacun se fera sa petite idée la-dessus – seront d’autant plus discrédités qu’il y a déjà un large consensus en France pour se méfier et détester TOUS les politiciens. Qui sait si ce n’est pas le résultat final cherché, disculper DSK n’étant aussi qu’une étape vers un but plus insidieux ?

Il n’y a aucune raison aujourd’hui pour croire que le scénario de le disculper – complot au carré ! – soit plus vrai de la vérité que le complot du premier degré … on verra seulement a posteriori quel « complot » a été le mieux ficelé. La seule chose certaine est que, comme d’habitude, ce qui aura été dit au départ par les médias aura étét FAUX… et l’aura été parce qu’on n’aura pas voulu tenir compte de la volonté universelle de comploter… et donc de maquiller les faits.

Et le complot au cube ?…. Le faire accuser et disculper  pour le rendre plus populaire serait-il vraiment la fin de l’Histoire ?  Trop tôt pour le voir.  Si le « complot au carré » se réalise et que Strauss-Kahn est blanchi, on verra s’il n’en découle pas un effet plus grand, plus permanent…  et à qui d’autre que DSK il profite. A suivre….
Pierre JC Allard

DSK. Complot, complot ², complot ³

Filed under: Auteur — pierrejcallard @ 12:27


Dominique Strauss-Kahn, le #1 dans les sondages pour devenir le prochain Président de la France – et accessoirement, pour l’instant, DG du Fond Monétaire International ! – est accusé d’un crime sexuel contre une femme de chambre et arrêté a New York. SCOOP ! Plausible ? Il a une réputation de coureur et c’est le seul véritable argument pour l’instant, le reste étant parole contre parole. Complot ? Ça saute aux yeux.

Avec tous les anti-complotistes qui se disent morts de rire, je suis surpris qu’il reste tant d’imbéciles parmi nous. La vérité c’est que TOUT ce qui se fait en politique est un complot

https://nouvellesociete.wordpress.com/?s=anticomplotistes

La question n’est pas qu’il y ait un complot, mais de trouver lequel. Hier, connaissant peu le dossier, j’ai proposé une fiction sur Rue 89. Le complot au premier degré.

Connaissant les petites faiblesses de DSK, un jolie soubrette correctement soudoyée l’attend à sa sortie de la douche et le prend par son point faible… Dès qu’elle a un échantillon de DNA – repas complet ou mise en bouche – elle prend le portable et lui explique ses exigences, monétaires ou autres. DSK comprend qu’avec ses antécédents il est cuit et file vers l’aeroport… un peu trop tard… »

Vous vous imaginez la France dirigée par une type qui se laisse berner ainsi comme un collégien ? Imaginez-la maintenant dirigée par ceux qui auraient tendu ce piege…   Ce qu’on appelle une « lose-lose situation »… qui est nécessairement une « win-win situation » pour quelqu’un… Simple.

Mais, ça, c’est ce qui sautait aux yeux hier. Comme un lièvre en mon gite, j’ai songé depuis et je pense que ça pourrait être plus subtil. IMAGINEZ que tout se détricote à l’examen et qu’on découvre un DSK innocenté, victime d’une machination. Quel est le résultat ?

Il est triple.

1. DSK se dédouane de toutes les accusations semblables qui trainent dans son placard et qui n’auraient pas manqué de faire surface durant une campagne. Pas qu’on les mettra en doute, mais parce qu’elles seront en quelque sorte « pardonnées » par l’indulgence plenière qui découlerait de son acquittement à cette dernière fausse accusation.

2. Une énorme vague de sympathie se manifeste pour la victime, bafouée pas ces salauds d’Amerloques, vague qui le propulse dans la statosphère des sondages. Rien d’inédit. Un homme politique amputé d’une jambe, suite a une maladie foudroyante, a fait bondir l’option indépendantiste de 10% dans les sondages au Québec lors du dernier référendum et un parti dont le chef marchait péniblement et luttait cotre un cancer a triplé ses appuis aux élections du mois dernier au Canada, sans changer un mot de son programme !

3. Ceux qui auront voulu le piéger – et chacun se fera sa petite idée la-dessus – seront d’autant plus discrédités qu’il y a déjà un large consensus en France pour se méfier et détester TOUS les politiciens. Qui sait si ce n’est pas le résultat final cherché, disculper DSK n’étant aussi qu’une étape vers un but plus insidieux ?

Il n’y a aucune raison aujourd’hui pour croire que le scénario de le disculper – complot au carré ! – soit plus vrai de la vérité que le complot du premier degré … on verra seulement a posteriori quel « complot » a été le mieux ficelé. La seule chose certaine est que, comme d’habitude, ce qui aura été dit au départ par les médias aura étét FAUX… et l’aura été parce qu’on n’aura pas voulu tenir compte de la volonté universelle de comploter… et donc de maquiller les faits.

Et le complot au cube ?…. Le faire accuser et disculper  pour le rendre plus populaire serait-il vraiment la fin de l’Histoire ?  Trop tôt pour le voir.  Si le « complot au carré » se réalise et que Strauss-Kahn est blanchi, on verra s’il n’en découle pas un effet plus grand, plus permanent…  et à qui d’autre que DSK il profite. A suivre….
Pierre JC Allard

08-05-09

L’ultime forfaiture du Capital

 Un dur coup, hier pour les « anticomplotistes ». Le Center for Public Integrity (CPI), par la voix de son directeur Bill Buzenberg, annonce que les banques qui prétendaient avoir été prises par surprises par la crise des surprimes qui a déclenché la faillite du système financier ont tout fait pour la provoquer, en facilitant des prêts à très haut risque dont on ne pouvait raisonnablement s’attendre à ce qu’ils soient remboursés.

Le CPI  met carrément la faute sur les agissements de 25 institutions financières.  Ces institutions ont consenti à elles seules 72% du total des mauvais prêts hypothécaires. UN TRILLLION  (USD$ 1 000 000 000 000 ) Des 25 institutions mises en cause, 21 appartiennent ou sont financées par l’une ou l’autre des banques que le Trésor américain inonde actuellement de milliards pour tenter en vain de les rescaper (bail out) aux frais des contribuables.

Parmi les incriminées, Citigroup, HSBC, Barclays… tout le gratin du capitalisme. AIG, en particulier, à qui le Trésor américain , depuis le plan Paulson, a aussi donné directement 180 milliards de dollars (dont une parcelle a servi a payer des boni et à organiser une nouba pour ses agents… !) Toutes les autres escroqueries financières de l’Histoire apparaissent tout à coup comme des peccadilles. ON A SCIEMMENT DÉTRUIT LE SYSTÈME FINANCIER MONDIAL.  

 Le cynisme de toute cette opération laisse pantois, car ce sabotage ne peut avoir eu lieu qu’avec la connivence du gouvernement des USA et au su de tous les gouvernements de quelques importance participant à la structure financière qui gère cette planète. L’élite qui dirige le monde nous a trahi et est partie avec la caisse.

Cette étude a été publiée alors que la Chambre des représentants américaine devait approuver hier un projet de loi visant à créer une commission d’enquête indépendante pour examiner les causes de la crise économique.  On avoue juste avant d’être démasqué. Les rats quittent la cale du navire qui sombre.

Que vaut cette information ? L’étude du CPI a porté sur 7,2 millions de prêts consentis entre 2005 et 2007.  Un échantillon significatif. Une conclusion irréfutable.

Que vaut la parole du CPI ?  il suffit de voir la liste des organismes qui le soutiennent depuis sa création, il y a 20 ans, pour voir qu’on n’a pas ici des anarchistes barbus, mais la fleur de l’Establishment.  Ce sont des capitalistes qui dénoncent. C’est une guerre civile au sein du Systéme dont je dis depuis  20 ans que c’est le seul événement qui nous en délivrera.

Jubilation ?  Ne pavoisez pas trop.  Il est clair que l’argent ne sera plus l’outil privilégie de la gouvernance, mais rien ne garantit que les nouveaux moyens qu’utilisera le pouvoir pour dominer seront plus justes, ni surtout plus démocratiques. Au contraire…  Souhaitons-nous une gouvernance bienveillante, car le paternalisme n’est pas le pire des dangers qui nous menacera.

 

Pierre JC Allard

03-05-09

Du danger des pétards mouillés

Ceci sera ma dernière intervention sur le thème de cette grippe de cochons et j’invite tous ceux qui s’y intéressent – surtout les vieux sceptiques et cyniques qui ont soupçonné dès le départ qu’il s’agissait d’un pétard mouillé – à se réfugier aussi désormais dans un quant-à-soi  dont ils ne sortiront que quand ils auront une solution à proposer au problème.

 Je ne parle évidemment pas du problème que posent les épidémies et pandémies; il y a pour ça des ressources scientifiques qualifiées qui feront pour le mieux, si on veut bien les laisser faire leur boulot au lieu de les en distraire en les affectant prioritairement à promouvoir la vente des vaccins et pilules par des déclarations intempestives. Je parle du problème bien plus grave de l’avènement de la transparence dans la gouvernance

Le système, qui depuis toujours vit sur des mensonges, voit la vérité arriver de partout, comme une  intruse sans papiers, et est bien ennuyé de cette soudaine pugnacité de ses ouailles qui ne veulent plus avaler des couleuvres… Depuis le 911, des cohortes d’anticomplotistes ont donc été envoyées au front pour tenter de discréditer tous ceux qui se posent des questions.  Des questions sur les tours qui tombent, mais aussi sur l’Irak, l’Afghanistan, la valeur de l’argent, celle du travail, les medias, la démocratie… des questions sur TOUT. Plus rien de sacré et c’est dans ce contexte qu’arrive cette ubuesque histoire de pandémie qui aura finalement fait moins de victimes qu’une escarmouche dans l’une ou l’autre de ces contrées où l’on a semé la pagaille. Danger pour le système.

Danger pour système qui, ayant eu l’imprudence de s’en remettre à des menteurs amateurs a fait lui-même ici un travail d’amateurs. Si on a vite douté des évocations d’apocalypse diffusées par les medias, c’est en grande partie à cause des messages déroutants qui sont venus de ces experts appelés à la rescousse pour corroborer les incitations à la panique.  Sortis de leurs labos, ils se sont continuellement enfargés dans la vérité quand on leur a demandé de faire peur sans vraiment inquiéter

La performance des experts a été lamentable. Une incompétence prévisible, car on ne se sort pas un PH.D en chimie en maniant l’ambiguïté.  La prochaine fois, on enfermera les gens à chienne blanche dans leurs labos pour la durée de l’opération – comme les journalistes dans les bars à Bagdad durant “Desert Storm” – et on laissera les pros de Madison Avenue nous bâtir une vérité.

 Parler de la prochaine nous ramène au problème. Le vrai problème. L’industrie pharmaceutique va devenir au XXe siècle la première activité économique. Comment évitera-t-on  les assauts  périodiques de ces commerçants dont la raison de vivre ne peut être que de commercer et pour qui la santé et la vie ne sont donc que des variables à manipuler ? 

Ils ne sont ni meilleurs ni plus mauvais que les autres professionnels auxquels l’incontournable spécialisation d’une société d’abondance confère le dangereux pouvoir d’être les seuls à connaître, mais ils doivent faire leurs boniments dans un domaine qui nous tient littéralement bien à coeur.  Il va falloir surveiller ça de près.

La gérance et la surveillance de l’industrie pharmaceutique sont  à revoir et j’en parle ailleurs. Ce que je veux souligner ce matin, c’est uniquement  l’inopportunité de pousser trop loin dans la critique de cette opération médiatique assez mal léchée. On n’empêchera pas Quidam Lambda, qui a porté un masque mal ajusté et n’a pas envoyé ses enfants à l’école pendant des jours, de se demander si on a voulu le berner.   Il va comparer les énoncés douteux exprimés avec tant d’apparente sincérité par les medias sur cette ”terrible menace de pandémie”, avec les autres énoncés sur le même registre par les mêmes médias concernant tant d’autres menaces…

Q.L pourrait bien commencer à rigoler plus souvent. Ou ne plus rigoler du tout, ce qui est le niveau “6” de l’incrédulité. Cette affaire aura bien sans doute apporté quelques milliards aux Roche et Sanofi-Aventis de ce monde, mais au prix d’une spectaculaire perte de crédibilité du système et de ses medias.   En valait-ce la peine ?  Danger pour le système.

Danger aussi pour nous.  Ne soulignez pas trop cette bavure, car si les fausses pandémies savamment orchestrées commencent à faire rigoler, le risque est bien réel, qu’une vraie n’apparaisse nécessaire…. Et si elle est NECESSAIRE, elle viendra.

 

Pierre JC Allard

04-03-09

Élections Québec 2008 (33)

Filed under: — pierrejcallard @ 11:13

La campagne électorale en 33 billets


01 En attendant Godot 02 Yes he can ! … Vraiment ? 03 Un pour tous
04 Quand la chance est avec vous 05 Ces dames aux chapeaux verts 06 En vert… et pour tous
07 Les jabs de la gauche 08 4 ans ? Surtout pas ! 09 Revenu garanti indexé
10 Le waterboarding de l’information 11 La complexité volontaire 12 La joie électorale
13 QS: un temps pour faire des plans 14Le jour des excuses 15 L’inexcusable.
16 Le vrai pouvoir 17 Honneur aux soldats inconnus 18 La grosse Caisse
19 Hippocrate et les hypocrites 20 La liberté complaisante 21 Les vraies affaires
22  À bien y penser… 23  Un temps pour ressentir 24 Notre Obama
25  Le charismatique 26  L’anémomètre 27  Demos vous dit m…..
28 Les anticomplotistes 29  Les priorités 30  Les Français sont des veaux
31  Attention, danger ! 32  Du pareil au même, mais … 33  Plus jamais ça !

02-12-08

LES ÉLECTIONS 2008 AU QUÉBEC – 33 jours et 33 billets -28

Chaque jour un sujet de réflexion et des questions à se poser…

2 décembre (28/33)

Les Anticomplotistes

Tout n’a pas commencé avec la chute des tours du World Trade Center le « 911 », mais c’est à partir de là que c’est devenu très grave. Il y a toujours eu des gens pour penser que l’explosion du « Maine », le bombardement de Pearl Harbour, le soin qu’on a mis a ce que Hess ne raconte jamais son histoire et mille autre faits pouvaient cacher autre chose. Pour chacun qui l’a pensé, il y a eu quelqu’un pour dire « paranoia ! ».

A chaque complot vrai ou présumé, il y a ceux qui y croient… et ceux qui n’y croient pas. Il y a toujours eu des gens naïfs qui croient à toutes les rumeurs de complots… et d’autre encore plus naïfs qui pensent qu’il n’y a jamais de complots : les « anticomplotistes ». A partir d’un certain seuil, l’anticomplotisme est une forme de stupidité.

Une stupidité, car dès que deux personnes qui visent un but arriment leurs actions et font en sorte que les autres ne le sachent pas, il y a un complot. Toutes les transaction d’affaires sont des complots. Toutes les stratégies sont des complots. La plupart des rendez-vous galants sont des complots et ce qu’on en dit dans les « powder rooms » en est bien souvent d’autres…

Penser que les partis politiques relatent des faits véridiques et les commentent en toute franchise, sans autre but que le bien du peuple, est d’une naïveté qui confine à la stupidité. Croire que quoi que ce soit qu’on nous dit est bien « toute la vérité et rien que la vérité » est une faiblesse de jocrisse. Je suis donc un peu las de voir des gens qu’on souhaiterait plus doués ou moins hypocrites, déchirer leurs vêtements d’indignation quand on leur dit que la crise financière actuelle est un complot.

Elle n’est pas un complot parce qu’elle n’est pas pas bien réelle, mais parce qu’elle n’a pas eu les causes qu’on nous dit et mènera encore moins aux conséquences qu’on nous annonce. Elle est un complot parce que tout ce qui bouge dans l’univers politico-financier ne cherche pas à la regler, mais à en tirer parti pour ses propres intérêts.

Cela vaut aussi pour ceux chez-nous qui proposent des solutions à la crise, en en disant le moins possible sur les moyens qu’ils prendront pour la résoudre, ce qui leur donne la plus grande liberté de manœuvre pour danser ça en tango quand vous vous serez jeté dans leur bras. Un pas en arrière aussi souvent qu’un pas en avant… et vous coller de très près.

Ne croyez pas trop que vos partenaires vous aiment. Le tango a été d »abord une danse de voyous. Regardez votre danseur mondain dans les yeux : vous verrez « complot » au fond de sa prunelle.

Pierre JC Allard

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