Nouvelle Societe

10-10-16

FIDEL…90 ans

Filed under: Auteur — Pierre JC Allard @ 9:15

 

 

Même quand on est devenu immortel par ses oeuvres, devenir nonagénaire, ça se souligne…. Je reprends ici une texte que j’ai publié en 2004, il y a 11 ans…….

***

 Moi, si j’étais vous… 04.03.13

« Monsieur le Président,

Je n’ai pas d’idoles, mais si j’en avais une, ce serait vous ! Évidemment, je suis un peu biaisé, puisque vous m’avez serré la pince au début des années soixante, quand je vous faisais livrer à partir du Canada du catgut, des aiguilles chirurgicales et autres armes dangereuses de guérison massive dont les Américains voulaient vous priver. Je vous dois aussi d’avoir serré la main de Gagarine, ce qui n’est pas rien non plus.

Bon, je suis biaisé, mais j’ai vu de mes yeux Cuba sortir de la régence du gangster Lansky pour retrouver sa dignité. J’ai vu se faire la réforme agraire et la campagne d’alphabétisation. J’ai jasé avec des gens qui étaient à la Baie des Cochons. J’ai écouté de mes propres oreilles des pêcheurs de Isla de Pinos me dire, les larmes aux yeux, qu’ils pouvaient enfin mettre le cap droit au large plutôt que de contourner la zone réservée aux yachts des millionnaires yanquis. Un détail, mais c’est ça la liberté.

Je suis biaisé, mais les chiffres, eux, ne le sont pas. Les logements qu’on a bâtis à Cuba sont bien là. Ce n’est pas un mythe si maintenant, à Cuba, non seulement on sait lire mais on va au collège plus que partout ailleurs en Amérique latine. Et quand les gusanos de Miami dénoncent le fait que les médecins cubains soignent des Américains à Cuba plutôt – disent-ils – que de soigner des Cubains – ne comprennent-ils donc pas qu’ils proclament du même coup, d’abord la qualité des soins à Cuba et, ensuite, que malgré la propagande les Américains y accordent assez confiance pour aller s’y faire traiter ?

Et vous avez réalisé tout ça en supportant un embargo, une invasion, du sabotage et des épizooties made in U.S.A. Je pense que l’Histoire va vous tirer bien bas son chapeau. J’ai hâte qu’elle le fasse et moi, Monsieur le Président, si j’étais vous, je ferais en sorte qu’elle le fasse tout de suite. Vous n’avez qu’à lui donner rendez-vous.

Regardons la situation. Bush Jr. – qui a déjà fait ses preuves, si on peut dire – va avoir, en fin d’été sur les bras, plus de 100 000 soldats revenant d’Iraq et à mettre au travail dans une économie qui clopine déjà. Pas facile. Et si les « boys » promus héros se plaignent, ce sera bien mauvais pour sa réélection en novembre.

Mais il y a une autre solution. Ces 100 000 soldats qui ont reçu le baptême du feu peuvent être utilisés d’une façon « positive », pour défendre le monde libre et la démocratie En Iran, en Syrie, en Corée ou chez vous. Plutôt chez vous. C’est plus petit, et c’est tellement plus près ! Et ça lui permettrait de gagner vraiment, cette fois-ci, cette élection en Floride qui lui a donné la présidence mais dont tant de gens disent qu’il l’a volée. Si j’étais vous, je craindrais cette mauvaise coïncidence. Et pour les prétextes, on sait maintenant, depuis cette affaire d’Irak, qu’ils peuvent inventer n’importe quoi. Mais voyons un autre scénario

Qu’arriverait-il si, ayant atteint l’âge de la retraite – nous vieillissons bien tous les deux, vous et moi, n’est-ce pas ? – vous décidiez demain, alors que rien en apparence ne vous menace et que vous avez largement prouvé depuis près de cinquante ans votre capacité de survie, d’organiser à Cuba des élections parfaitement honnêtes sous la surveillance des Nations Unies… disons le 4 novembre prochain ? J’aime assez cette coïncidence qui rendrait impossible, non seulement une intervention armée, mais même une immixtion américaine sérieuse dans la politique cubaine.

Pourquoi la CIA ne viendrait-elle pas acheter les électeurs et falsifier les résultats d’ une élection tenue à Cuba le 4 novembre, comme elle le fait partout ailleurs ? Parce que, pendant la campagne électorale américaine, tous ceux qui sont contre Junior sont vos alliés circonstanciels. Ce sont les Démocrates américains qui vont surveiller la CIA pour piéger Bush. Et si quelqu’un triche malgré tout, vous êtes toujours là. Vous êtes là jusqu’à la passation des pouvoirs au nouveau président et je n’ai pas de raisons de penser, d’ailleurs, que le nouveau président élu à CUBA sera votre ennemi. Je pense même que sera élu sans peine le candidat de la continuité, celui qui dira « Cuba si, Yanquis no ! ».

Ils diront quoi le 5 novembre, à Washington, après une élection surveillée ,disons par des Canadiens, des Indiens et des Suisses, et par laquelle les Cubains auront choisi la continuité plutôt que la rupture ? Ils bredouillent quoi, quand on leur demande pourquoi ils étaient si certains depuis des décennies que la réponse serait non… alors que la réponse, maintenant, est oui ? Ils répondront quoi, quand Cuba demandera la levée de l’embargo ?

Et pendant ce temps, qui se promène à travers le monde avec la triple auréole d’avoir sorti son pays du sous-développement, de l’avoir tiré des griffes amerloques – (ils ne sont pas très populaires par les temps qui courent) – et d’y avoir rétabli, enfin, une démocratie libre de toute influence étrangère, ce qu’on ne peut pas dire de beaucoup de démocraties ? La légende revient en rappel. Ovation dans la salle.

Quelle capitale refusera de vous recevoir ? Quelle tribune ne vous sera pas ouverte ? Y a-t-il une seule ville au monde, incluant Washington, où vous ne serez pas accueilli avec enthousiasme ? Depuis Cincinnatus, il n’y a pas beaucoup d’hommes qui aient volontairement renoncé au pouvoir, mais ils manquaient d’imagination … Je me régale à la pensée de ce que vous pourriez dire si vous n’aviez plus qu’à parler. Vous avez fait à Cuba tout ce que vous pouviez y faire, pourquoi ne pas présenter partout le modèle « fidelista » ? Exporter une révolution a laquelle, après ces élections, personne ne peut plus rien reprocher ?

Et je me demande quelle excuse trouveraient les U.S.A pour y opposer leur veto, si une large majorité des membres des Nations Unies.vous choisissait comme prochain Secrétaire Général… »

***

Évidement, les choses ne se sont pas passées de cette façon…. mais en est-on si loin ? Bonne fête, Monsieur le Président émérite

Pierre JC Allard

 

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