Nouvelle Societe

23-11-16

Réformes éducatives : Docimologie et Orientation

Filed under: Auteur — Pierre JC Allard @ 1:17

orienteur

 

De récentes consultations publiques au Québec ont mis en lumière des propositions novatrices touchant l’éducation. Ceci est le troisième et dernier article que je propose ici pour attirer l’attention sur quelques unes de ces propositions dont je crois que la France pourrait aussi tirer parti .

Dans mes articles précédents,, j’ai fait allusion: 1) aux Centres de la Petite Enfance au Québec (CPE), 2) à une « formation parentale » courte pour tous afin de rendre parents et gardiens plus compétents à guider les enfants durant la période pré-scolaire, 3) à une programmation télévisuelle à plusieurs niveaux pour améliorer une maitrise progressive du langage, 4) à des choix à pour privilégier l’autodidaxie et 5) à une « approche préceptorale » de l’enseignemnet proche de la pédagogie différenciée

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/france-et-quebec-faire-bouger-l-186579

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/france-et-quebec-faire-bouger-l-186672

 Pour clore cette série de trois (3) articles, j’ajoute ici deux (2) autres concepts – la « docimologie objective » et une « orientation universelle» – qu‘on a aussi évoqués au Québec et qui me semblent porteurs.

 Ce que je dis sur ces deux (2) thèmes, comme sur les cinq (5) précédents, est évidemment du niveau # 1 de la vulgarisation. Un petit appel du pied pour « éveiller l’attention », car je ne crois pas qu’un site comme celui-ci ait vocation d’aller plus loin. Ce sont les réactions qu’auront suscitées ces trois (3) articles qui nous indiqueront si, en restant à ce niveau #1 il est utile, de traiter ici de ce genre de sujets.

 

#6 UNE DOCIMOLOGIE OBJECTIVE

 Aussi important que savoir, il y a de savoir que l’on sait. Si l’enseignant est un guide dans l’univers des connaissances, il lui faut non seulement la boussole de son expertise, mais aussi un plan de cet univers qui ait des coordonnées et ses repères.   Tout ce qui est su doit pouvoir être appris, et donc exister en forme documentaire accessible. Quand il semble opportun de faciliter l’accès au document et sa compréhension, ce qui peut être appris devrait pouvoir être enseigné.

 Or, on ne peut le faire efficacement que si les unités de connaissances sont identifiées, ordonnées, et que les liens entre elles sont explicites. Surtout les liens qui déterminent quels apprentissages doivent nécessairement précéder certains autres.

Considérant ces liens qui n’ont rien d’arbitraire, on peut voir le système d’éducation sous l’angle d’un agencement de « modules » de connaissances à transmettre. Optimiser cette transmission est la fonction des enseignants. L’enseignant est le « pédagogue » au sens strict. Il doit être le seul décideur de la façon dont le contenu est enseigné. Dans une approche préceptorale que nous avons vue à l’article précédent, PERSONNE ne doit intervenir dans la dimension pédagogique de la relation entre l’enseignant et l’apprenant

Qui « garde les gardiens » ? Cette totale liberté quant aux moyens d’enseigner doit être doublement encadrée. Quant aux aspects administratifs de la structure dans laquelle elle s’insère, bien sûr, mais aussi quant aux objectifs de l’enseignement. Dans un système d’éducation public, c’est à l’État de créer et de maintenir cette structure, comme c’est à l’État de déterminer le but du système d’éducation, ainsi que le contenu de chaque module, de même que les critères et les modalités d’évaluation normative de son apprentissage.

 L’interaction doit être continue entre l’enseignant et une autorité – la plupart du temps régionale, mais totalement dirigée par un Ministère de l’Éducation nationale, pour en assurer la cohérence – qui assure l’affectation des ressources humaines et matérielles du système, incluant celle des expertises d’appoint que réclamerait l’enseignant, ainsi que le passage des tests et examens et la diplômation. L’État doit vérifier que l’éduqué a bien appris ce qu’on prétend qu’il a appris. La docimologie est l’affaire du Ministère.

 Pourquoi avoir préciseé : docimologie « objective » ? Parce que s’il ne semble pas opportun que la société se veuille multiculturelle – elle perdrait sa raison d’être et sa cohésion comme sa cohérence – il faut néanmoins, dans un monde qui impose une large cohabitation entre gens « différents », qu’existe, au sein de tout État ou entité politique significative, une TOTALE ADHESION à un minimum consensuel. C’est ce minimum qui devient dès lors l’assise l’une éthique commune indiscutée. ET LA JUSTIFICATION DE LA LOI ! Un État dont la LOI n’est pas le reflet d’un l’éthique commune ne peut évoluer que vers une scission, un schisme… ou une Saint-Barthélemy.

Il est donc nécessaire de bien préciser les contours de ce minimum consensuel et de ne pas introduire à la légère des points de dissension.   Si on considère que le respect de l’égalité homme-femme fait partie du minimum consensuel pour être un bon citoyen français, traitons ce concept comme une valeur essentielle, indéniable. Mais si on accepte que l’on puisse sans déchoir aimer ou ne pas aimer Robespierre, Torquemada, Marx ou Mussolini, par exemple, qu’on ne fasse pas d’une opinion qu’on en a « bonne réponse » à un examen d’Histoire !   Le prof n’est pas là pour biaiser le jugement de son élève, mais pour vérifier sa connaissance de FAITS.

Idem des goûts et de l’esthétique; on a le droit de ne pas aimer Lamartine ni même François Villon. Des qu’on s’écarte du « minimum consensuel », on a le droit de ne PAS partager les mêmes valeurs…. La docimologie dont on conviendra doit en tenir compte.

 La façon normale de procéder doit être que l’élève étudie les modules qui constituent son programme, simultanément ou en séquence, seul ou en équipe, et qu’il le fasse non sous le joug mais avec l’aide de l’enseignant. C’est l’enseignant qui assurera l’évaluation formative de son apprentissage. Quand l’élève croit avoir maitrisé le contenu d’un module, il peut demander à passer un « pre-test » en reflétant le contenu. Quand il le réussit à la satisfaction de l’enseignant, ce dernier peut l’inscrire à l’examen formel du Ministère qui permettra à l’élève d’obtenir l’attestation qui fera la preuve qu’il a bien appris et compris le contenu de ce module.

 L’examen formel pour chaque module vise à être pratiquement exhaustif « en compréhension » du contenu du module dont il atteste la connaissance. Ces examens sont tenus mensuellement sur une base régionale, sous l’autorité du Ministère. La somme des attestations qu’il a reçues fait foi des connaissance acquises par l’apprenant. On comprend qu’en ramenant toute évaluation à un contrôle de connaissances objectives, on escamote volontairement tout jugement qualitatif péremptoire, y substituant un choix d’alternatives. Nous pensons que c’est bien avec cette impartiale rigueur qu’une société doit évaluer son système d’éducation et ses pratiques pédagogiques.

 

#7 Orientation universelle

 Est-il souhaitable que chaque apprenant ait un orienteur ? Il est bon de mettre cette question dans son contexte large. La vie moderne en société impose à chacun une multitude de décisions dont la fréquence, la multiplicité, la complexité et la diversité sont telles qu’il n’a pas la compétence de les prendre. Ces décisions vont de l’achat trivial de tout bien de consommation, à celle VITALE d’accepter une chimiothérapie. En toute matière qui exige une expertise – et quelle démarche n’en exige vraiment aucune ! – le profane qu’est la plupart du temps chacun de nous est si démuni, face au professionnel, qu’on doit douter qu’il puisse donner un consentement éclairé à quoi que ce soit qui lui soit proposé dans le cours de ses démarches courantes.

Une invitation récurrente à la manipulation. Depuis toujours, on a accepté cette arnaque ininterrompue. « Que celui qui achète prenne garde ! » (Caveat emptor) – disait déjà la Droit Romain… Mais ne peut-on pas penser que l’un des aspects de l’évolution de la société par l’éducation soit justement – puisqu’il est impossible de faire de tous des experts en tout – de faire bénéficier peu à peu chacun de l’assistance d’autant de conseillers-experts divers qu’il en faudra pour le protéger de ces arnaques et même pour les prévenir ?

Devenant un spécialiste, chacun devient plus dépendant d’autres spécialistes, et lui en assurer la disponibilité devrait devenir une grande mission de l’État. Chacun devrait déjà avoir son médecin de famille et, par celui-ci, un accès efficace à toutes les ressources médicales, mais ce n’est qu’un premier pas timide dans cette voie d’un accès universel à l’expertise. Il faudra vite que chacun ait son dentiste, son ophtalmo, chaque femme son gynécologue et chaque enfant son pédiatre etc.,

Ceux-là et bien d’autres fournisseurs de services devraient être payés par l’État et rémunérés par capitation. Cette tendance est irréversible, car elle est la seule façon de baliser une croissance illimitée de la richesse de la société tout en orientant la consommation vers les services utiles, en gérant intelligemment les ressource rares et en maintenant une certaine justice sociale, plutôt que de la voir dilapidée en gadgets insignifiants et en réalisations privées somptuaires pour les seuls bien nantis.

Le grand mérite du paiement par capitation, c’est qu’il laisse à la collectivité, représentée par l’État, le pouvoir efficace de répartir richesse et travail selon les priorités sociales, mais sans enlever à l’individu son droit de choisir son fournisseur et d’en changer, ni donc supprimer la pression que doit exercer sur le fournisseur le lien étroit qui devrait toujours exister entre sa rémunération et la satisfaction de son client.

 Il n’y a pas que les ressources médicales dont il faudra offrir les services payés par capitation, mais bien d’autres, dont les juristes et les orienteurs scolaires et professionnels qui devraient accompagner chaque individu durant toute sa vie active. Le choix que fait chacun d’une occupation – métier ou carrière – est sans doute LA décision économique la plus importante de sa vie Son insertion sur le marché du travail est un moment unique, que poursuivra une séquence de décisions-clefs qui a un impact non seulement sur lui, mais sur la société elle-même.

Il est donc étonnant que l’État n’ait pas déjà mis en place une encadrement visant a optimiser l’utilisation des ressources humaines qu’il forme à si grands frais et traite ensuite avec une désinvolture et une absence de suivi qui confine à la grossière négligence. Comment peut on supporter que nul ne prenne le chômeur ou tout assisté par la main et ne l’aide en toute priorité à reprendre sa vie active? Après la sécurit que doit garantir l’ordre public, RIEN N’EST PLUS IMPORTANT que de mettre toute le monde au travail.

Quand on pense à un accompagnement tout au long du parcours scolaire de l’individu, il faut donc y voir la première étape d’un accompagnement tout au long de sa vie de travailleur et comprendre qu’il s’agit d’une même problématique. L’enfant qui manifeste un problème durant sa première enfance sera naturellement vu par un orienteur dès que la DPJE aura décelé le problème, mais l’enfant qui n’a PAS de problèmes le sera aussi, dès la première année du primaire. L’enfant aura son orienteur payé par capitation que choisiront les parents, et qui le restera durant tout le Premier Cycle de l’éducation générale.

 Au moment du passage au Deuxième Cycle, il pourra changer d’orienteur. Etant encore mineur, ce sont encore ses parents qui y veilleront, mais il sera alors considéré normal, à ce moment de sa vie où il devient adolescent, qu’il soit tenu compte de ses propres préférences pour le choix de ce nouvel orienteur. Ce dernier, en effet, jouera un rôle décisif pour le déroulement de la vie de l’adolescent, puisque c’est lui qui l’accompagnera pour le choix crucial de sa transition vers le marché du travail et/ou une formation professionnelle pour adultes.

 

Pierre JC Allard

 

 

15-11-16

Réformes éducatives : Autodidaxie et Préceptorat

Filed under: Auteur — Pierre JC Allard @ 12:47

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 De récentes consultations publiques au Québec ont mis en lumière des propositions novatrices touchant l’éducation. Je veux attirer l’attention sur sept (7) d’entre elles dont je crois que la France pourrait aussi tirer parti . Dans un article précédent, ( http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/france-et-quebec-faire-bouger-l-186579 ) j’ai fait allusion aux trois premières : # 1) les Centres de la Petite Enfance (CPE), #2) une formation courte universelle pour rendre parents et gardiens plus compétents à guider les enfants durant la période pré-scolaire, et #3) une programmation télévisuelle à plusieurs niveaux , pour améliorer la maitrise progressive du langage.  

J’ajoute ici deux (2) autres concepts – autodidaxie et préceptorat – qu‘on a évoqués au Québec et qui me semblent porteurs. S’ils s’imposent, ils transformeront radicalement notre façon d’enseigner. En parler ici est juste un appel du pied, car ces thèmes mériteraient chacun un gros bouquin. Ceux que le sujet intéresse sont donc invités à voir les annexes-références au mémoire soumis dans le cadre de la consultation sur la réussite éducative qui a été menée au Québec. ( https://nouvellesociete.wordpress.com/2016/11/11/consultations-publiques-sur-la-reussite-educative/ ) Qu’on ne s’étonne pas d’y retrouver des éléments déjà acquis en France. Le contraire serait bien inquiétant  J.

 

#4 AUTODIDAXIE.

De toutes les prises de conscience à faire en éducation, la plus fondamentale est certes l‘acceptation que ce n’est pas l’enseignement – (qui n’est qu’un moyen parmi d’autres ) – mais l’APPRENTISSAGE qui en est la finalité qui doit être au cœur de la démarche éducative… avec la transformation concomitante de l’apprenant lui–même qu’on espère de cet apprentissage.

Quand on le comprend, on constate qu’il y a bien plus à apprendre qu’on ne peut en enseigner et que faire tous les choix pour l’éduqué est odieux, car c’est son identité qu’on façonne. On voit que RIEN n’est plus important que de rendre l’individu non seulement plus apte à apprendre, mais à apprendre SEUL, sans la médiation d’un tiers, et qu’est donc prioritaire tout ce qui lui permet un accès direct au SAVOIR.

 Comment donner efficacement accès au savoir ? Le « savoir » est la somme de ce qui est su. La somme de ce qui a été appris, compris et conservé. C’est notre patrimoine le plus précieux. Or, le savoir de l’humanité a été conservé principalement par l’écriture. Pourtant., alors que Times, en A.D 2000, a salué en Gutenberg «  l’homme le plus important du millénaire », on en est encore trop souvent à enseigner de bouche a oreille. Comme si on doutait encore que l’écriture puisse traduire fidèlement la pensée, ou que l’impression de l’écrit puisse en garantir la diffusion adéquate ! L’apprenant doit d’abord apprendre à lire, puis à apprendre en lisant… et à comprendre ce qu’il lit.   C’est çà, l’autodidaxie.

 Le rôle de l’enseignant s’en trouve radicalement transformé, car on touche alors du doigt que l’enseignant n’est PAS le créateur du savoir et qu’il n’a pas à s’en prétendre le dépositaire exclusif. Son rôle – qui est crucial, mais ne doit pas être incontournable – est d’être celui qui montre la voie. En France comme au Québec, optimiser la transmission des connaissances exige dès lors qu’on ne considère plus l’enseignant comme la source du savoir, mais comme un guide dans l’univers en expansion des connaissances.

 Attention !   Nul ne conteste que la présence physique puisse permettre un échange verbal et non-verbal qui ajoute au message transmis ; mais cet ajout n’est PAS la connaissance du contenu même du message. Or, ce contenu reste l’essentiel et sa transmission la priorité. Il est faux qu’un tiers intermédiaire soit requis pour décoder ce contenu et l’«enseigner » à un élève ; cette croyance est un vestige des temps de l’illettrisme. Si l’enseignant se veut et se rend indispensable, il est un goulot d’étranglement.

 Ce qui plus que tout étrangle le développement de l’autodidaxie, cependant, c’est que les livres de classe, les manuels, le matériel pédagogique qui pourrait aider l’apprenant à apprendre, tout est rédigé pour les copains, en un langage qui en limite la lecture aux initiés. Tout est préparé à l’usage de l’enseignant-médiateur, de sorte que la matière traitée n’est intelligible qu’à celui qui la connaît déjà. L’aspirant autodidacte n’est donc pas dans la mire ; l’éduqué n’est même pas le lecteur cible.

Il y a eu des efforts pour sortir de ce sabotage à saveur corporatiste du désir de connaître. L’enseignement programmé (programmed learning ), comme il découle de la pensée de Skinner, les avancées indiscutable de Alfred Carrard en formation professionnelle, les méthodes de l’ANIFRMO en France il y a déjà longtemps ou du TWI aux USA qui peuvent faire de l’éduqué un partenaire plus actif de son éducation. .. Mais sur ces tentatives a toujours plané la pensée orthodoxe que ce ne sont pas là des outils pours une ‘vraie éducation’, mais des pis-aller pour faire face à des crises.

 Oh, Il existe bien des manuels d’auto-enseignement, mais l’ensemble de ces manuels d’enseignement programmé, de qualité fort inégale, ne constitue en aucune manière un corpus exhaustif cohérent qui permettrait à qui le désire de procéder dans l’ordre à apprendre seul ce qu’il veut apprendre. Or, c’est de ça que nous avons besoin. Tout le savoir doit faire l’objet d’une rédaction intégrale et être présenté par modules, dans un langage intelligible à quiconque a un développement mental normal et a déjà assimilé les contenus de tous les modules qui en sont identifiés comme des pré-requis.

L’ensemble de ces modules doit former un tout congru à la somme de nos connaissances. On conçoit que la réalisation initiale de ce corpus est un travail d’envergure qu’il faudra des années pour compléter et que la mise à jour devra par la suite en être faite sans relâche, au rythme des progrès du savoir. C’est un travail énorme de re- écrire tout le savoir pour qu’il soit accessible à tous, mais on ne peut pas ne pas le faire. Ce sera le dernier et peut-être le plus important chapitre de « l’abolition des privilèges » qui a débuté un certain 4 août.

 

# 5. UNE ÉDUCATION PRECEPTORALE

 Étroitement liée à la question de l’autodidaxie, il a celle de replacer la formation magistrale traditionnelle par une formation sur mesure répondant aux besoins et désirs de chacun : une éducation préceptorale. Au départ, faisons le constat que les enfants, comme les adultes, ont des besoins et des rythmes d’apprentissage différents. Tirons en la conclusion évidente que l’enseignement magistral, qui consiste à réunir une classe d’élèves pour qu’un enseignant leur transmette oralement la même chose, de la même façon et en même temps, n’est pas une procédure optimale. Elle pourrait se justifier exceptionnellement, en période de crise, si on manquait d’enseignants, de livres et d’espace, mais il est inconcevable que cette approche soit encore aujourd’hui considérée comme la procédure “normale”.

Procuste était ce brigand de l’Antiquité qui “allongeait” ses victimes à la taille de son lit… ou les amputait de ce qui en dépassait. C’est exactement ce que fait notre système d’enseignement magistral, lequel ne transmet que son menu “prix fixe” et prétend standardiser les élèves d’une classe (au dénominateur le plus bas, c’est plus facile), espérant ainsi qu’arrivant différents ils repartiront égaux, les uns “allongés” des connaissances que quelqu’un aura choisi arbitrairement de leur imposer, les autres diminués des talents que le système ne leur aura pas reconnus. 
Il serait temps de mettre fin à ce manège et que chacun puisse faire son lit à sa propre mesure.

Ce dont nous avons besoin, c’est d’une éducation qui procure à chaque éduqué l’attention dont il a besoin et le traite comme un être humain qui a le droit d’être différent. Le devoir, en fait, d’être COMPLÉMENTAIRE. Pour y arriver, il faut remplacer la norme que constitue le cours magistral habituel par une norme personnalisée: un système où un éducateur entretient avec l’éduqué une relation unique, relation évoluant selon les besoins particuliers de l’éduqué dans le cadre des circonstances que la vie apporte à ce dernier. Ceci ne signifie pas que toute relation éducateur-éduqué doive se limiter aux deux protagonistes, mais que l’éducateur doit avoir la discrétion et les moyens matériels de rencontrer ses élèves non seulement dans le cadre contraignant du cours magistral traditionnel, mais individuellement et par sous-groupes.

Cette nouvelle approche n’exige pas qu’on augmente le nombre des enseignants; elle exige: a) que l’on redéfinisse la finalité objective du travail de l’enseignant pour qu’il assume une responsabilité et une autorité d’éducateur, et b) qu’on favorise une relation longue plutôt qu’épisodique entre l’élève et son éducateur.

Une éducation personnalisée et une répartition plus productive du temps de l’enseignant deviennent possibles, dès que celui-ci refuse le rôle auquel on l’a confiné d’un lecteur qui ânonne et rabâche des énoncés répétitifs – un rôle de médiateur entre l’apprenant et des connaissances à demi révélées dans des textes voulus hermétiques – pour assumer celui de GUIDE dont nous avons parlé

Quand il vit cette transformation, l’enseignant peut assumer les responsabilités d’un véritable éducateur et voit sa fonction de médiateur déplacée: il n’est plus là pour dire autrement ce que le texte écrit devrait déjà dire de façon compréhensible, mais pour en situer le contenu cognitif immédiat dans un contexte universel, pour déduire et induire au-delà du message formel, pour éveiller l’intérêt, l’imagination, l’initiative de l’apprenant. L’enseignant-guide devient le médiateur entre l’éduqué et les liens parfois subtils qui permettent de passer d’une connaissance particulière personalisée à la connaissance générale.

 Un point majeur du passage de l’éducation à une approche préceptorale de « sur mesure », c’est qu’il ne sera plus écrit nulle part COMMENT l’éducateur doit éduquer… puisqu’il faudrait définir autant de modèles qu’il peut exister de combinaisons entre des milliers d’enseignants et leurs millions de « guidés ».  C’’est l’éducateur lui-même qui décidera de sa façon d’enseigner en chaque cas, car s’il était possible de lui imposer une procédure stricte et de tracer le plan de ce qui doit être fait et être dit en chaque cas, l’éducateur perdrait sa raison d’être et pourrait être remplacé par une machine, ce qui n’est pas le cas.

Dans un troisième et dernier article sur une éducation en changement, je parlerai d’une docimologie objective et aussi du rôle que devra jouer un intervenant qu’on a vu souvent comme un figurant, mais qui désormais deviendra une vedette : l’orienteur.

 

Pierre JC Allard

 

 

 

13-11-16

Réformes éducatives: la petite enfance

Filed under: Auteur — Pierre JC Allard @ 12:37

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L’éducation est apprentissage de valeurs, de culture, d’expertise et est donc essentiellement un outil de conservation … et de conservatisme. Chaque société à ses savoirs–fétiches et ses moyens d’apprendre : SON système d’éducation. Chacune tient farouchement au sien, mais les moyens d’apprendre n’en évoluent pas moins constamment et c’est alors dans les voies distinctes que prend l’évolution de leurs systèmes d’éducation respectifs que se reflètent leurs spécificités.

Chaque société dépoussière l’éducation à son rythme et innove à sa façon ; mais la problématique de base de transmission du savoir valant pour tous les sapiens sapiens, il est permis de se chiper des idées en toute cordialité … Aujourd’hui, le Québec a entrepris une réflexion sur son système éducatif et, dans la foulée, a lancé une démarche de consultation populaire dont on attend des changements concrets.

https://nouvellesociete.wordpress.com/2016/11/11/consultations-publiques-sur-la-reussite-educative/

Je ne vois pas pourquoi on ne jetterait pas, en France, un coup d’œil sur ces propositions, pour les appliquer mutatis mutandis si on y voit des avantages. On a parfois besoin d’un plus petit que soi… Et c’est à charge de revanche, n’est-ce pas ? Je vais donc, dans cet article, attirer l’attention sur sept (7) nouvelles pistes que devrait explorer bientôt l’éducation au Québec…. et dont je crois que la France pourrait tirer parti. « Que ceux qui ont des oreilles entendent…. »

1. La petite enfance

L’éducation de la toute petite enfance est mal-aimée en France. Il y a quelques années que le Ministre Xavier Darcos a fait scandale, disant en ses propres mots qu’il ne souhaitait pas qu’on perde trop de temps à former des enseignants pour un niveau d’enseignement où ils finiraient par changer des couches. Lapidaire, mais le rejet ne s’est pas arrêté là . Sous le pseudo de Julien Dazay, un éducateur réputé a mené plus loin la charge pour qu’on mette carrément fin à cette formation pour les plus jeunes.

http://www.messageries-adp.com/michalon/-faut-fermer-ecoles/julien-dazay/livre/9782841864416

Une attaque qui a porté fruit. En 2000-2001, en France, plus de 30% des enfants de deux (2) ans étaient scolarisés. En 2006-2007, ils étaient 23,4 % ; en 2015, il en reste 11,5%…. Pendant qu’en France l’Ecole maternelle est critiquée, que la formation pour la petite enfance s’étiole et qu’on on appelle à sa disparition…. La création des Centres de la Petite Enfance (CPE), au Québec en 1997 a été un grand succès.

En 2008, les CPE ont permis à 70 000 mères d’occuper un emploi. On a constaté une hausse du taux d’emploi global au Québec de 1,78 % et une hausse du PIB de 5,1 milliards de dollars ! Un grand bond en avant pour l’économie… et pour l’égalité de la femme. On pense aujourd’hui à ELARGIR le rôle des CPE et les plus hardis voudraient qu’ils accueillent les enfants pratiquement dès la naissance !

Pourquoi cette divergence ? Rien de mystérieux. C’est que la finalité est différente. Distinguant depuis longtemps entre crèches et écoles, la France voudrait que celles-ci soient surtout des lieux d’apprentissage. Tout a fait cartésien. Mais le Québec, tout en cherchant à améliorer ce qui s’apprend dans ses CPE, traite essentiellement ses CPE comme des garderies. Bien pragmatique, car la demande est là…. Sans cesser nécessairement de penser en termes d’apprentissages « premiers » ou « fondamentaux », la France n’aurait-elle pas intérêt à voir de plus près cette approche de simple « gardiennage » pour la petite enfance ? Et intérêt à modifier OUVERTEMENT, ses objectifs pour que le « plan de carrière », si on peut dire, de l’enfant de deux ans, soit d’apprendre, en absolue priorité, à décliner la tolérance dans la joie sous toutes ses formes.

2. Une formation parentale

Le succès d’une bonne « éducation » de la petite enfance dépend de qui l’éduque, Depuis toujours, l’instinct et ce qu’on peut croire la grâce divine ont paru suffisants pour qualifier tous les parents afin qu’ils éduquent leurs enfants. Mais maintenant que c’est un peu plus complexe et, surtout, que ce sont des garderies professionnelles ou de voisinages qui, de plus en plus, guideront les premiers pas et les premières phrases de l’enfant, ne serait-il pas opportun d’en faire un peu plus ? Ou, mieux dit, de faire « beaucoup plus » de « beaucoup moins », en se rappelant que « le mieux est parfois l’ennemi du bien » ?

En France, on ne distingue pas entre la formation d’un enseignant du primaire et du préscolaire. C’est ce qui incitait le Ministre Darcos a vitupérer contre ce qui apparait comme une sur-qualification éhontée des enseignants affectés à la toute petite enfance. La controverse a fait rage, prolongeant la distinction entre « crèches » et « écoles » selon le critère de la liberté s’opposant a la contrainte qu’implique toute discipline Mais faut-il sauter de « trop » à rien-du-tout ? Alors que la France doit concilier les us et coutume et les habitus d’un grand nombre de nouveaux arrivant dont la culture d’origine est différente de celle de la majorité des Français , serait-il bien avisé de renoncer à exposer tous ceux qui vont vivre en France à une même influence précoce véhiculant les mêmes valeurs ? Ne faudrait-il pas, au contraire, que cette influence s’exerce davantage et dès le plus jeune âge ?

Pour que cela soit, faut que ceux qui dispensent cette formation sommaire soient nombreux et agissent comme des substituts parentaux. Il faut que leur intervention soit, sinon gratuite, du moins peu coûteuse.  On ne peut y affecter que des parents ordinaires et travailleurs de niveau OS. Comment y parvenir ?

On se souvient que « pour créer un gentleman il faut éduquer son grand-père  ». Au Québec, il est actuellement proposé que 7 modules de formation de 60 heures chacun – introduits au cursus général de niveau secondaire et donc destinés à tous – enseignent à tout venant les rudiments de ce qu’il faut connaître pour prendre soin d’un enfant et le guider et durant sa période préscolaire. Ainsi, parents et gardiens confondus pourront pour la plupart s’en acquitter.

Ne serait-il pas opportun de faire de même en France ? Rapidement, surtout pour éviter les dérapages de l’éducation des enfants qui pourraient surgir parfois, non pas de la malveillance ou de l’entêtement de « fanatiques », mais de la simple IGNORANCE, par de nouveaux arrivants, de ce que la société française souhaiterait que chaque parent transmette à ses enfants pour que celui-ci devienne un bon citoyen ?

3. Une Télévision Éducative

On discute au Québec de créer 7 canaux de télévision qui diffuseraient en permanence une programmation éducative visant respectivement les enfants de 0 ( moins de 1 an révolu), 1, 2, 3, 4, 5 et 6 ans. Une programmation dont la première caractéristique serait de PARLER. Parler un langage grammaticalement correct. Utiliser un vocabulaire qui, selon le canal et donc le niveau choisi, aurait la richesse et la diversité qui conviennent à des enfants de l’âge-cible. Rien n’interdit, au contraire, que des images soient là pour attirer et retenir l’attention de l’enfant ; mais l’accent sera mis sur le LANGAGE. On veut que les enfants de toutes les classes sociales et de toutes origines ethniques aient la chance d’entendre – et inconsciemment d’assimiler – la structure correcte du langage et un vocabulaire de base adéquat.

Ces canaux seront là, en arrière-plan, diffusant en sourdine pendant que les enfants jouent et s’amusent, comme une source additionnelle d’information à laquelle chaque enfant, selon sa personnalité et son développement, prêtera plus ou moins attention, mais dont il retiendra inévitablement quelque chose.

Ces canaux devraient être toujours en marche durant les heures de veille, dans les garderies et classes du premier niveau du préscolaire, sauf quand le gardien lui-même s’adresse en groupe aux enfants. Il serait souhaitable que les parents acceptent de garder aussi cette programmation en marche à la maison, le plus souvent possible, ayant l’humilité d’accepter que le modèle d’expression que proposeront ces canaux aura pour résultat de procurer à leurs enfants une compétence langagière que la majorité des parents ne peuvent leur transmettre parce qu’ils en ont été eux-mêmes privés.

Les conditions qui régissent l’exploitation de la télévision en France ne sont pas celles du Québec. Des adaptations seront nécessaires. Mais ne devrait-on pas examiner les possibilités qu’offre cette suggestion ?

( A suivre) Orientation, Autodidaxie, Préceptorat, Docimologie

 

Pierre JC Allard

11-11-16

Consultations publiques sur la réussite éducative

Filed under: Auteur — Pierre JC Allard @ 7:42

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D’abord, une lettre ouverte au Ministre….

Le ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport

 

Monsieur le Ministre

La création du Ministère de l’Éducation du Québec, le 13 mai 1964, a été peut-être le moment fort de la Révolution Tranquille. Un grand moment d’espoir, d’ambition et de confiance en soi, pour un peuple qui se croyait petit parce que mal nourri de savoir. L’éducation nous ferait grandir. Elle n’était pas que le meilleur outil vers la modernité, c’était aussi le plus beau symbole de notre avenir. On avait trouvé la porte …

Hélas, 55 ans ont passé et s’éduquer est devenu, commun, puis trivial. L’éducation – perçue comme grande pourvoyeuse de jobs mais mangeuse de budgets – a cessé d’être un défi stimulant pour apparaître comme une formalité, une charge ou un pensum. On VOIT qu’il n’y a plus de liens nécessaires entre ce que l’école enseigne et ce que le travail exige, bien peu de passerelles entre la culture qu’on peut apprendre et celle qu’on respecte… et d’énormes dissonances entre les valeurs qu’on encense et celles qu’on applique. Sans encore trop le dire, sans même en être bien consciente, la population déçue referme doucement la porte.

Or « Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée »… Si on ne renoue pas l’histoire d’amour avec l’éducation et qu’on ne la voit pas comme la porte d’entrée vers l’excellence qui justifie des sacrifices, on lui accordera de moins en moins d’attention et le Québec aura un autre destin. Il n’y a pas ici l’espace d’en débattre, mais il fallait poser le problème.

Cela dit, le champ de l’éducation est vaste. Cette consultation aborde le problème en mettant l’accent sur certaines questions. Respectant le gabarit proposé, nous n’avons commenté que les thèmes de l’Axe I. Nous nous sommes cependant prévalus de l’invitation d’y joindre des commentaires « ouverts » qui ratissent bien plus large.

Nous l’avons fait avec plaisir, mais conscients que la présente consultation ne peut se laisser distraire de ses priorités en s’engageant trop avant sur toutes les pistes de réflexion que ces commentaires pourraient laisser entrevoir. Nous n’avons donc pas cherché à faire de chacun d’eux un argumentaire; le but n’a pas été de convaincre, mais seulement de suggérer qu’on y réfléchisse.

Les courts textes que nous avons mis en référence, cependant, ne sont pas des digressions gratuites ; ils visent à « vulgariser » ce débat. Comme nous croyons qu’il devra l’être, car tout le monde devrait réfléchir à l’éducation. C’est une vulgarisation que nous avons déjà initiée, d’ailleurs, puisque plusieurs de ces textes ont déjà été publiés sur la Toile (Web), particulièrement sur les sites Les 7 du Québec, Centpapiers et Agoravox.fr où nous avons accueilli  plus de 8 000 000 de visites.

Nous croyons que cette diffusion populaire préalable de quelques idées novatrices n’aura pas été inutile pour que soient maintenant reçues plus facilement par tous les réponses et recommandations concrètes qui sortiront de cette consultation. Nous saluons votre initiative comme le signal de départ d’un vaste chantier pour repenser l’éducation auquel nous devrions tous nous sentir la responsabilité d’apporter notre pierre. Nous vous remercions de nous permettre d’y participer.

Nouvelle Société

Pierre JC Allard

 

Axe I : L’atteinte du plein potentiel de tous les élèves

« L’atteinte du plein potentiel de tous les élèves est au cœur de la mission de l’école et des services de garde éducatifs à l’enfance. Plusieurs types de stratégies et d’interventions devront être mises en œuvre au cours des prochaines années pour permettre aux élèves d’atteindre leur plein potentiel. Pour alimenter la réflexion sur ce premier axe, des questions sont soumises en fonction de quatre thèmes. »

 

Thème 1 : Une intervention dès la petite enfance

Une société ne peut se désintéresser de l’éducation de ses enfants pendant les premières années de leur vie. Elle doit, à la mesure de ses moyens et dans le respect de la mission naturelle des parents, assurer aux enfants au moins un encadrement large qui équilibre au mieux les chances de tous, protégeant les enfants des milieux défavorisés des conséquences les plus graves d’un mauvais départ. Nous proposons, pour y parvenir, quatre (4) mesures bien concrètes. ,

  1. Une DPJ qui devient DPJE.

Une Direction de Protection de la Jeunesse et de l’Enfance, présence discrète mais constante de l’État pour assurer la protection de l’enfant au sein de ce qui est parfois un milieu familial hostile ou par trop incompétent. La DPJE verra chaque enfant dans les trois (3) mois de sa naissance, puis mensuellement jusqu’à son entrée à l’école primaire. Annuellement, par la suite, ou selon la fréquence que justifiera une situation qu’elle jugera critique. Il s’agit de protéger l’enfant contre la violence, bien sûr, mais aussi contre la simple ineptie.

Il est déraisonnable, en effet, que rien ne soit fait pour remédier au plus tôt aux lacunes qu’on peut déceler chez l’enfant par un diagnostic rapide. Chaque fois que sa visite de l’enfant en suggèrera l’opportunité, la DPJE exigera une visite médicale ou la consultation d’un psychiatre ou psychologue et elle verra à ce que soient faits les suivis nécessaires.

Les problèmes de comportement et d’apprentissage de l’enfant – hyperactivité, dyslexie, etc – seront ainsi identifiés tôt, et les mesures correctives adéquates pourront être appliquées sans délai.

  1. Une Formation Parentale

On a dit que pour « former un gentleman il faut éduquer son grand-père » Le cadre culturel dont bénéficie l’enfant est un élément déterminant de son éducation; or, les parents ne sont pas tous égaux. Pour réaliser l’intégration de l’enfant dans un cadre propice à son développement – sans l’enlever à ses parents, ce qui a déjà été tenté ailleurs et regretté – il faut le pourvoir, autant que faire se peut, de parents qui aient un minimum de compétence pour l’éduquer. Si, comme c’est si souvent le cas aujourd’hui, l’enfant passe une partie significative de son temps en garderie, il convient de s’assurer que ceux qui le gardent aient aussi cette compétence minimale.

Cette compétence minimale peut être inculquée aux parents et gardiens par le biais de modules de « formation parentale » introduits au curriculum du tronc commun de l’éducation générale de niveau secondaire. Savoir éduquer ses propres enfants, n’est-ce pas, la plus essentielle des formations que l’on puisse recevoir? Ainsi, par exemple, un module de 60 heures devrait être mis en place pour enseigner aux futurs parents et gardiens les rudiments essentiels de ce qu’un éducateur compétent devrait savoir, devrait avoir comme comportement, et devrait transmettre comme apprentissage à l’enfant durant une (1) année. 60 heures de formation pour savoir comment orienter le développement d’un enfant durant une année, est-ce assez? Certainement pas; mais c’est un pas en avant. Faisons le plutôt que de tergiverser.

Sept (7) modules de 60 heures chacun pourraient « capaciter » les premiers éducateurs de l’enfant à assumer leur responsabilité envers celui-ci durant les sept (7) premières années de sa vie. On ne devrait pouvoir être reconnu comme gardien d’un enfant que si on a suivi et réussi les modules correspondant à l’âge de celui-ci. C’est une mesure de justice sociale primordiale et il n’en est pas d’autre qui puisse produire autant de résultats pour si peu d’efforts.

  1. Des mini-garderies. 

Considérant le mode de vie qui prévaut désormais dans notre société, il manque un palier dans la structure d’encadrement de nos enfants. Il faut aller au bout du concept  des Centres de la petite enfance (CPE) Entre le milieu familial et le placement en garderie traditionnelle, il devrait exister l’option de la « mini-garderie », réunissant de 1 a 8 enfants dans un local adéquat, sous la garde d’une personne majeure, saine et de bonnes mœurs dont on n’exigera que deux (2) choses : a) qu’elle ait réussi la « formation parentale » appropriée, et b) qu’elle en fasse sa seule occupation rémunérée et n’occupe donc pas un autre emploi.

Pour chaque enfant, jusqu’à un maximum de 8, dont il sera convenu qu’il assure la garde en mini-garderie, le gardien recevra de l’État un dédommagement journalier qui sera inférieur au salaire minimum, mais qui, s’il en accueille plusieurs, lui procurera un revenu d’appoint intéressant. Il faut encourager les voisins à s’entendre pour que certains qui répondent aux exigences se constituent seuls ou ensembles en mini-garderies. Rien d’ailleurs ne devrait interdire que l’un ou l’autre des parents d’un enfant, s’il a la formation parentale requise et répond aux autres exigences, puisse se déclarer comme gardien et recueillir alors le dédommagement prévu pour garder lui-même son ou ses enfants comme ceux des autres.

La mini-garderie règle la question du gardiennage de chaque jour, mais offre aussi une solution efficace à plusieurs autres problèmes:

  1. on fixe un plancher minimal de la compétence des éducateurs de première ligne et on met en place un contrôle léger de cette activité
  2. on renforce des liens de voisinage, favorisant ainsi l’éclosion de petites cellules de coopération locale, ce qui est un élément essentiel d’une meilleure société ;
  3.  c) on favorise une socialisation plus efficace de l’enfant, progressive et sans    solution de continuité;
  4. d) on permet l’affectation à cette tâche utile de ceux qui, faute d’une préparation    professionnelle adaptée aux exigences du marché ne peuvent pas trouver aujourd’hui un travail, mais ont les qualités nécessaires pour être gardiens.

L’enfant, pour assurer sa socialisation, passera progressivement à une garderie traditionnelle ayant plus de 8 enfants sous sa garde. Dès l’âge de 3 ans, l’enfant viendra à la « grande » garderie une journée par semaine, puis deux jours à 4 ans, 3 à 5 ans, quatre jours par semaine en Pré-maternelle et 5 en Maternelle.

Cette intégration progressive est non seulement bénéfique pour l’éducation de l’enfant, mais aussi créatrice de travail utile pour les parents et gardiens. Elles est aussi source d’économies substantielles pour la collectivité, puisqu’une partie significative des activités de garde de l’enfant seront alors prises en charge à un coût plus modique.

  1. La vraie « télévision éducative »

Nous donnons ici un sens spécifique restreint à cette appellation. Pour aider parents et gardiens, 7 canaux de télévision devraient être créés qui diffuseraient en permanence une programmation éducative visant respectivement les enfants de 0 ( moins de 1 an révolu), 1, 2, 3, 4, 5 et 6 ans. Une programmation dont la première caractéristique sera de PARLER.

Parler un langage grammaticalement correct. Utiliser un vocabulaire qui, selon le canal et donc le niveau choisi, aura la richesse et la diversité qui conviennent à des enfants de l’âge-cible. Rien n’interdit, au contraire, que des images soient là pour attirer et retenir l’attention de l’enfant; mais l’accent doit être mis sur le LANGAGE. Il faut que les enfants de toutes les classes sociales aient la chance d’entendre – et inconsciemment d’assimiler – la structure correcte du langage et un vocabulaire de base adéquat.

Ces canaux doivent être là, en arrière-plan, pendant que les enfants jouent et s’amusent, comme une source additionnelle d’information à laquelle chaque enfant, selon sa personnalité et son développement, prêtera plus ou moins attention, mais dont il retiendra inévitablement quelque chose.

Ces canaux devraient être toujours en marche dans une mini-garderie durant les heures de veille, sauf quand le gardien lui-même s’adresse en groupe aux enfants. Il serait souhaitable que les parents acceptent de les garder aussi en marche à la maison le plus souvent possible, ayant l’humilité d’accepter que le modèle d’expression que proposeront ces canaux aura pour résultat de procurer à leurs enfants une compétence au niveau du langage que la majorité des parents ne peuvent transmettre parce qu’ils en ont été eux-mêmes privés.

Thème 2 : Une réponse adaptée aux élèves ayant des besoins particuliers

L’école moderne, voulue universelle et démocratique, s’est bâtie au XIXe siècle sur la prémisse parfois implicite que tous les élèves sont égaux… ou presque. La société a donc voulu veiller à ce que tous y maitrisent un tronc commun de valeurs, de culture et de connaissances qu’elle a défini et qu’elle juge indispensable. Si certains n’y arrivent pas sans aide – s’ils sont par exemple affectés d’un handicap ou d’une déficience – ils sont dits « inadaptés » et la société se sent le devoir moral de leur fournir des conditions d’apprentissage qui répondent à leur condition et leur permettent d’y parvenir.   Ils ont des ‘besoins particuliers’. Comment satisfaire ces besoins particuliers?

La solution traditionnelle a été de chercher, soit à adapter le déficient ou l’handicapé aux conditions d’un programme fait pour tous – comme la victime sur le lit de Procuste – soit, au contraire, à adapter à sa condition certaines variables de ce programme. En ce dernier cas, s’ils sont nombreux à partager certains mêmes besoins, la façon la plus efficace de le faire est de regrouper les inadaptés en sous-ensembles quasi-homogènes, selon leurs similitudes et donc la nature de leurs besoins. On peut alors créer des programmes ad hoc pour chaque groupe, lequel aura sa clientèle, son contenu, sa pédagogie, ses outils didactiques appropriés… et, idéalement, sera géré de façon autonome.

Problème résolu ? Pas tout à fait. Car après le Rapport Robbins de 1963, avec l’explosion des connaissances et de la demande « push » et « pull » pour plus d’éducation, on en est arrivé, en Grande Bretagne d’abord puis un peu partout, à une nouvelle compréhension des choses. Voyant que les individus entrent à l’école inégaux et différents, on a souhaité qu’ils en sortent, autant que possible : a) plus ÉGAUX, enrichis d’un « tronc commun » de valeurs et de culture qui les souderait en UNE société cohérente, mais, aussi, b) enrichis de connaissances et de compétences diverses qui ne les rendraient pas similaires, mais COMPLÉMENTAIRES…. Et donc, encore plus dissemblables !

Avec ce double but, l’éducation est devenue bipolaire. Avec un consensus social bien affirmé pour l’égalité citoyenne que doit exprimer ce tronc commun de valeurs et de culture, mais un consensus aussi pour que, sur le plan professionnel, les apprenants divergent et se distinguent au plus tôt, afin de favoriser l’universelle complémentarité qui est la voie vers l’enrichissement collectif. Un équilibre à trouver, mais avec la primauté accordée au matériel et à l’économique, l’aspect professionnel a vite couvert la quasi-totalité du cursus pratique et c’est la complémentarité qui a prévalu. L’éducation comme apport social, introduite pour que les gens se rassemblent et se ressemblent, est donc devenue la plus active des forces de différentiation.

Dans ce contexte de sélectivité et de primauté à l’expertise, on s’applique encore à exfiltrer de la cohorte les malvoyants, malentendants et autres handicapés bien ostensibles pour leur offrir un traitement spécial, mais cette opération encore nécessaire n’est plus la seule. Il faut donner un autre sens à la volonté de répondre aux « besoins particuliers ». Il ne s’agit plus seulement de compenser des déficiences pour adapter les marginaux à des normes, mais de ‘CLASSER’, si on peut dire, TOUS les individus de TOUTE une population, pour offrir à chacun le programme le mieux adapté à ses spécificités positives, à ses buts et intérêts… et aux besoins de la société

     TOUS les élèves ont désormais des « besoins particuliers ». Ce sont les besoins particuliers qui sont devenus la norme. Chaque individu étant différent et devant viser a développer une complémentarité aux autres, il ne peut y avoir de formation efficace et adaptée à ses besoins que si elle est un agencement de connaissances sui generis. On l’a compris, mais on recule encore devant la conclusion incontournable qu’à chaque apprenant doit correspondre un programme « sur mesure » et que l’éducation comme nous la dispensons encore est devenue un rituel sans pertinence dont il faut changer les bases et les principes et surtout le rapport du normé à l’exceptionnel.

L’éducation doit devenir un buffet ouvert de toutes les connaissances accumulées de l’humanité, à partir duquel on compose autant de menus qu’il y a de convives. Chaque « menu » est un agencement unique de connaissances, répondant au « besoin particulier » de l’apprenant … qui doit être de répondre à un besoin particulier de la société ! Ce qui est commun à tous est essentiel, bien sûr, mais n’exige plus qu’une part relativement modeste et décroissante des efforts d’éducation. C’est le discriminant, le distinctif qui est le défi à relever. Il faut donc autant de programmes qu’il y a d’apprenants. Il n’y a plus que des « juments vertes » dans le pré, et il n’y a qu’elles qui intéressent beaucoup, car on prévoit qu’un jour il en faudra de toutes les couleurs… et peut-être pas deux tout a fait de la même teinte…

Aucun expert ne conteste cette évolution. Ce qui est objet de débats, c’est la logistique et l’échéancier de cette transformation vers un universel « sur mesure », son coût comme élément des investissements et dépenses de l’État et, surtout, la stratégie pour informer la population en général, les syndicats et les enseignants que les contenus éducatifs, la pédagogie, la docimologie et la structure d’encadrement de l’éducation sont à revoir entièrement. Les implications politiques sont évidentes. Il va falloir sacrifier beaucoup de notions désuètes, faire une hécatombe de vaches sacrées… Nous croyons suffisant d’en indiquer quelques exemples, car il y a tant à dire… Le système en est plein.

  1. Quand on veut une éducation sur mesure, la première vache sacrée à abattre est la notion que l’enseignement est au coeur du processus d’éducation. Au cœur de l’éducation il y a l’apprentissage. Enseigner n’est que le moyen – un des moyens – vers le but qui est d’apprendre. Le but est la transformation de l’apprenant lui-même par l’acquisition du savoir. Il faut donc accepter et privilégier l’AUTODIDAXIE.   Rien n’est plus important que de rendre l’individu plus apte à apprendre, et à apprendre seul sans la médiation d’un tiers. Est donc prioritaire tout ce qui permet un accès direct au SAVOIR. L’enseignant n’est PAS la source de la connaissance et il n’a pas à s’en prétendre le dépositaire exclusif. Son rôle – qui est crucial, mais ne doit pas être incontournable – est d’être un guide pour des apprenants dans l’univers en expansion des connaissances. Si l’enseignant se veut et se rend indispensable, il est un goulot d’étranglement.
  1. Le « savoir » est la somme de ce qui est su La somme de ce qui a été connu, appris, compris et conservé. C’est notre patrimoine le plus précieux. Le savoir de l’humanité qui a été conservé l’a été principalement par l’écriture. L’apprenant doit donc d’abord apprendre à lire, puis à apprendre en lisant… et à comprendre ce qu’il lit. La notion implicite que l’écriture ne puisse pas traduire fidèlement la pensée – et qu’un intermédiaire soit requis pour verbaliser le message et ainsi « enseigner » à un élève qui écoute – est une sottise; un vestige des temps de l’illettrisme. Réunir des élèves à plusieurs, non pas pour qu’ils échangent, mais pour qu’ils écoutent et apprennent ensemble… est encore plus bête. Le COURS MAGISTRAL est une aberration dont le défaut majeur est naturellement le nivellement par le bas, puisqu’il oblige à fixer les temps d’enseignement au niveau qui convient à l’élève le plus lent. Mais la dévotion à cette vache sacrée a aussi permis à celle-ci de vêler d’autres bêtises…
  1. a) La notion que les manuels scolaires et autres écrits pertinents peuvent (doivent?) être inaccessibles à ceux qui veulent apprendre et qui souhaiteraient les lire et les comprendre. Le plus souvent, ils sont écrits dans un langage abstrus et pédant qui en réserve la lecture aux enseignants et initiés. C’est le sabotage voulu de l’autodidaxie, sacrifiée ainsi aux corporatismes
  2. b) La notion que l’enseignement programmé (programmed learning ) comme il découle de la pensée de Skinner, les avancées indiscutable de Alfred Carrard en formation professionnelle, les méthodes de l’ANIFRMO en France ou du TWI aux USA qui peuvent faire de l’éduqué un partenaire plus actif de son éducation ne sont pas une ‘vraie éducation’, mais des pis-aller pour faire face à des crises.

Rien ne peut justifier cette approche; l’économie des ressources éducatives n’est pas une excuse raisonnable. L’enseignement magistral peut et doit être remplacé par un enseignement « préceptoral » qui permette à un enseignant de répondre, si nécessaire, aux besoins variés de plusieurs élèves.

Thème 3 : Un accompagnement tout au long du parcours scolaire

      Il est bon de mettre cette question dans son contexte large. La vie moderne en société impose à chacun une multitude de décisions dont la fréquence, la multiplicité, la complexité et la diversité sont telles qu’il n’a pas la compétence de les prendre. Ces décisions vont de l’achat trivial de tout bien de consommation, à celle VITALE d’accepter une chimiothérapie. En toute matière qui exige une expertise – et quelle démarche n’en exige vraiment aucune ! – le profane qu’est la plupart du temps chacun de nous est si démuni, face au professionnel, qu’on doit douter qu’il puisse donner un consentement éclairé à quoi que ce soit qui lui soit proposé dans le cours de ses démarches courantes.

Depuis toujours on a accepté cette arnaque ininterrompue. « Que celui qui achète prenne garde ! » (Caveat emptor) – disait déjà la Droit Romain… Mais ne peut-on pas penser que l’un des aspects de l’évolution de la société par l’éducation soit justement – puisqu’il est impossible de faire de tous des experts en tout – de faire bénéficier peu à peu chacun de l’assistance d’autant de conseillers-experts divers qu’il en faudra pour le protéger de ces arnaques et même pour les prévenir ?

Devenant un spécialiste, chacun devient plus dépendant d’autres spécialistes, et lui assurer la disponibilité de ceux-ci devrait devenir une grande mission de l’État. Chacun devrait déjà avoir son médecin de famille et, par celui-ci, un accès efficace à toutes les ressources médicales, mais ce n’est qu’un premier pas timide dans cette voie d’un accès universel à l’expertise. Il faudra vite que chacun ait son dentiste, son ophtalmo, chaque femme son gynécologue et chaque enfant dont pédiatre etc.,

Ceux-là et bien d’autres fournisseurs de services seront payés par l’État et rémunérés par capitation. Cette tendance est irréversible, car elle est la seule façon de baliser une croissance illimitée de la richesse de la société en orientant la consommation vers les services utiles, en gérant intelligemment les ressource et en maintenant une certaine justice sociale, plutôt que de la voir dilapidée en gadgets insignifiants et en réalisations privées somptuaires pour les seuls bien nantis.

Le grand mérite du paiement par capitation est qu’il laisse à la collectivité, représentée par l’État, le pouvoir efficace de répartir richesse et travail selon les priorités sociales, mais sans enlever à l’individu son droit de choisir son fournisseur et d’en change, ni donc supprimer la pression que doit exercer sur le fournisseur le lien étroit qui devrait toujours exister entre sa rémunération et la satisfaction de son client.

Il n’y a pas que les ressources médicales dont il faudra offrir les services payés par capitation, mais bien d’autres, dont les juristes et les orientateurs scolaires et professionnels (« conseillers en orientation ») qui devraient accompagner chaque individu durant toute sa vie active. Le choix que fait chacun d’une occupation – métier ou carrière – est sans doute LA décision économique la plus importante de sa vie Son insertion sur le marché du travail est un moment unique, que poursuivra une séquence de décisions-clef qui a un impact non seulement sur lui, mais sur la société elle-même.

Il est étonnant que l’État n’ait pas déjà mis en place une encadrement visant a optimiser l’utilisation des ressources humaines qu’il forme à si grands frais et traite ensuite avec une désinvolture et une absence de suivi qui confine à la grossière négligence. Comment peut on supporter que nul ne prenne le chômeur par la main et ne l’aide en toute priorité à reprendre sa vie active ? Après la sécurit que doit garantir l’ordre public, RIEN N’EST PLUS IMPORTANT que de mettre toute le monde au travail.

Quand on pense à un accompagnement tout au long du parcours scolaire de l’individu, il faut donc y voir la première étape d’un accompagnement tout au long de sa vie de travailleur et comprendre qu’il s’agit d’une même problématique. L’enfant qui manifeste un problème durant sa première enfance sera naturellement vu par un orientateur dès que la DPJE aura décelé le problème – (cf Thème 1, supra) – mais l’enfant qui n’a PAS de problèmes le sera aussi, dès la première année du primaire. L’enfant aura son orientateur payé par capitation que choisiront les parents, et qui le restera durant tout le Premier Cycle de l’éducation générale.

Au moment du passage au Deuxième Cycle, il pourra changer d’orientateur. Etant encore mineur, ce sont encore ses parents qui y veilleront, mais il sera alors considéré normal, à ce moment de sa vie où il devient adolescent, qu’il soit tenu compte de ses propres préférences pour le choix de ce nouvel orientateur. Ce dernier, en effet, jouera un rôle décisif pour le déroulement de la vie de l’adolescent, puisque c’est lui qui l’accompagnera pour le choix crucial de sa transition vers le travail et/ou une formation professionnelle.

Thème 4 : La qualité de l’enseignement et des pratiques pédagogiques

On peut donner à cette question une interprétation pointue et y voir un appel à préciser la problématique de la docimologie qui sera appliquée dans le système d’éducation du Québec. Mettant à profit sa formulation, nous choisissons d’y voir plutôt une invitation à distinguer ici entre une « qualité de l’enseignement » – s’évaluant à la mesure du succès du changement apporté chez ceux qui le reçoivent – et une « qualité des pratiques pédagogiques » qui chercherait à mesurer l’efficacité des méthodes utilisées pour dispenser cet enseignement. On peut juger cette distinction arbitraire ou même spécieuse; mais, si on l’accepte, elle peut faciliter une meilleure compréhension des raisons qui justifient une répartition plus claire des tâches entre deux (2) types d’intervenants en éducation.

Il semble utile, en effet, de distinguer en éducation entre, d’une part, ceux qui interviennent directement auprès de l’apprenant pour lui transmettre un contenu cognitif, ou de toute autre manière le transformer (éduquer) dans le cadre d’une relation humaine interpersonnelle immédiate et, d’autre part, ceux qui contribuent à la définition de ces contenus cognitifs et de tous les autres paramètres qui ne sont pas directement lié à cette relation interpersonnelle pour fin d’enseignement. On peut dire des premiers qu’ils sont les seuls vrais enseignants, des pédagogues « pratiquants », et que c’est à leur seule action que doit se mesurer la « qualité des pratiques pédagogiques » ainsi que la pertinence des modes opératoires de transmission des connaissances et compétences que chacun d’eux utilise.

La « qualité de l’enseignement », elle, ne dépend pas que des seuls enseignants, encore moins de l’un ou l’autre d’entre eux, mais de l’activité aussi de tous les intervenants. Elle doit être évaluée aussi, bien sûr, mais elle ne peut l’être qu’au vu de ses résultats et il ne faut pas tomber dans le piège d’y chercher un outil pour évaluer des performances individuelles, alors qu’il s’agit de toute évidence d’une réalisation collective. On évite bien des malentendus si on ne l’oublie pas. De cette distinction entre enseignants et tous les « éducationnalistes », on peut tirer bien plus que des pratiques docimologiques; on peut en déduire une nouvelle structure du système d’éducation.

Que proposons-nous ?

Que le Ministère définisse ses objectifs, ses programmes par « modules » dont les objectifs de chacun soient précis et quantifiables, ainsi que les tests, examens et critères permettant de juger de l’atteinte de leurs objectifs. Qu’il assure la logistique de ces tests et examens et en confirme la réussite, de même que la diplomation éventuelle par programmes. Planification, administration, logistique, moyens didactiques et docimologie doivent être la responsabilité du Ministère, directement ou via ses instances régionales et locales. Le Ministère ni ses émanations, toutefois, n’ont à intervenir dans le processus d’enseignement lui-même : ILS L’ENCADRENT. Enseigner – la pédagogie, au sens le plus large est l’affaire de l’enseignant. C’est lui, l’expert

Comme le capitaine d’antan sur son navire, l’enseignant qui entre dans sa classe doit y être « Maître après Dieu ». On lui donne un objectif d’enseignement global, mais, sous réserve du respect des bonnes moeurs, comment il y parvient et comment il enseigne ne regarde que lui. Il n’a pas à appliquer une discipline, mais il en décide et elle le sera selon ses directives. Il sera évalué selon sa performance qui sera naturellement évaluée en grande partie à l’aune du succès de ses élèves, mais ce succès sera apprécié au vu des attentes raisonnables et des objectifs concrets réalistes fixés à l’élève après consultation de son orientateur (cf thème 3 supra.). Chaque élève est une PERSONNE. Sa formation est faite pour lui. Son apprentissage est essentiellement autodidactique et l’enseignant n’est pas seulement son guide dans l’univers des connaissances, mais aussi son médiateur auprès de toutes les autres ressources du système d’éducation.

Quand on choisit cette approche « sur mesure », où la relation apprenant-enseignant devient l’axe autour duquel tout le reste tourne, il n’est pas question de remettre l’élève entre les mains d’une cohorte de spécialistes en diverses matières – parfois une douzaine en une seule année ! – qui ignoreront même son nom. L’apprenant ne doit avoir qu’un seul enseignant (Mentor) pour la durée de son éducation de niveau primaire ( Cycle général 1) et à un seul (Précepteur) pour celle de son éducation secondaire ( Cycle général 2).

La façon normale de procéder doit être que l’élève étudie les modules qui constituent son programme, simultanément ou en séquence, seul ou en équipe, suivant les conseils de l’enseignant. C’est l’enseignant qui assure l’évaluation formative de son apprentissage. Quand l’élève croit avoir maitrisé le contenu d’un module, il peut demander à passer un « pre-test » en reflétant le conten. Quand il le réussit à la satisfaction de l’enseignant, ce dernier peut l’inscrire à l’examen formel qui permettra à l’élève d’obtenir l’attestation qui fera la preuve qu’il a bien appris et compris le contenu de ce module.

L’examen formel pour chaque module vise à être pratiquement exhaustif « en compréhension » du contenu du module dont il atteste la connaissance. Ces examens sont tenus mensuellement sur une base régionale, sous l’autorité du Ministère. La somme des attestations qu’il a reçues fait foi des connaissance acquises de l’apprenant. On comprend qu’en ramenant toute évaluation à un contrôle de connaissances objectives, on escamote volontairement tout jugement qualitatif péremptoire, y substituant un choix d’alternatives. Nous pensons que c’est bien avec cette impartiale rigueur qu’une société doit évaluer son système d’éducation et ses pratiques pédagogiques

Recommandations (AXE I)

        Durant la petite enfance, nous recommandons que l’enfant bénéficie: a) – d’un encadrement plus vigilant par l’État (DPJE), pour éviter les inepties et les horreurs de la violence dont les enfants sont trop souvent victimes au foyer et pour permettre de remédier aux lacunes de l’enfant avant qu’il ne soit trop tard;

b) – d’une attention plus grande et d’un premier « coaching » plus compétent en mini-garderie, de la part de ses propres parents ou de voisins proches ayant reçu une formation parentale et étant eux-mêmes assistés de canaux de télévision éducative créés à cette fin.

Nous croyons que TOUS les apprenants ont des ‘besoins particuliers » et que pour y répondre adéquatement il faut privilégier l’autodidaxie, renoncer aux cours magistraux, adopter une approche qui donne à chaque élève – intégré à un groupe permanent – un programme sur mesure… et un seul enseignant (mentor, au Primaire, précepteur au Secondaire.

Nous recommandons que l’orientateur, scolaire ou professionnel, (conseiller en orientation), soit considéré comme une ressource sociale essentielle, au même titre que le médecin et que chacun ait donc le sien, rémunéré par l’État par capitation. Il travaille avec l’enseignant au succès de l’apprenant visant a réaliser son potentiel, et aide ensuite le travailleur dans ses choix de carrière.

Nous recommandons que toute l’éducation soit définie en termes de « modules », ‘valant’ chacun pour fins d’évaluation un nombre d’heures normé de formation, et que toute évaluation soit faite et toutes attestations et tous diplômes accordés par l’État, par modules, suite a des examens visant a une connaissance exhaustive du contenu dudit module.

Evidemment, c’est une affaire à suivre…

Pierre JC Allard

ANNEXES:

https://nouvellesociete.wordpress.com/2014/02/10/education-formation-et-culture/

 

10-10-16

Dans les griffes de la médecine loup-garou

Filed under: Auteur — Pierre JC Allard @ 10:14

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Mais il y des faits qui ne sont pas « naturels » Ce qui n’est PAS naturel, c’est d’abord que, dans cette hausse des couts de la santé, le vieillissement de la population qu’on pointe du doigt n’exerce qu’une très faible influence sur l’accroissement des dépenses (seulement 0,8 % annuellement)…alors que le revenu des médecins, à 6,8% par année est le plus important facteur d’augmentation. Pour éviter toute ambiguïté, précisons que plus de la moitié de cette croissance, soit 3,6 % annuellement, est attribuable à la hausse des barèmes tarifaires des médecins ! Un peu gênant….

Gênant, mais simple effet d’une cause, le problème de fonds des coûts dans le domaine de la santé, qui est que les tâches et les budgets en sont repartis de façon capricieuse pour réserver au médecin – l’Oint du Seigneur adoubé par une mafia de ses pairs – un monopole sur plus de tâches qu’il n’en peut faire. Une banale analyse de ces tâches établirait FACILEMENT que l’immense majorité d’entre elles pourraient être exécutées par des professionnels de diverses qualifications ayant reçu des formations complémentaires plus courtes et ayant donc des exigences monétaires moindres, ce qui permettrait d’en avoir plus. D’en avoir assez… J’en parle plus en détail dans d’autres textes, dont celui ci-dessous qui a le mérite de la simplicité et pourra aiguiller vers d’autres textes

https://nouvellesociete.wordpress.com/2008/03/11/152-la-sante-le-fric…-et-le-bon-sens/

Un autre comportement contre nature est la volonté déchainée de diversifier l’offre de médicaments, alors qu’une récente étude en France indique que cette diversification ne correspond pas du tout à une nécessité. Un groupe de 24 médecins a établi une liste de 151 médicaments essentiels (suffisants ?) pour le soin de 95% des maladies les plus courantes… Quid des dizaines de milliers d’autres médicaments qu’on nous concocte ?

http://www.franceculture.fr/emissions/science-publique/la-medecine-prescrit-elle-des-medicaments-inutiles

La connivence avec l’industrie pharmaceutique est évidente et c’est celle-ci qui engrange la plus grande partie du butin. Mais ce n’est pas une excuse pour la médecine, car c’est sur le « préjugé favorable » ancestral envers les médecins que repose la crédibilité parvenue de l’arnaque des vendeurs d’huiles de serpents. …

Une arnaque époustouflante. Pour entendre vraiment hurler le loup garou, qui se manifeste souvent aux USA avant d’être vu au Gévaudan, rien de mieux que de suivre CNN à la TV américaine… Encore impensable en France, la publicité ouverte pour des soins médicaux et des potions magiques inonde les réseaux de télévision américains. 38 % des messages sur CNN appellent le patient à exiger de son médecin des soins et remèdes divers… que celui-ci sera heureux de lui proposer, puisqu’il touchera alprs non seulement des honoraires additionnels, mais aussi souvent une ristourne discrète sur les médicaments qu’il aura prescrits. En plus des boni et cadeaux dont on l’abreuvera…

Le Dr Knock peut aller se rhabiller ! Sublime ironie et cynisme décontracté, le boniment des marchands de drogues légales alterne à l’écran avec les messages des grands cabinets d’avocats qui proposent à tous de participer à la curée en trouvant à se faufiler dans recours collectifs intentés contre les fabricants des mêmes produits qu’on annonce ! Allez. Vite. IL FAUT LE VOIR POUR LE CROIRE.

Cette montée en force de la médecine/pharmacie correspond à un nouveau paradigme et va de paire avec d’autres transformations, comme une implication constante de l’État qui devient le Saint-Esprit des opération trinitaires où celui qui décide n’est pas celui qui paye, et qui sont le nec plus ultra de la consommation contemporaine. « JE vends, TU achètes, IL paye… Tu as droit à toute ma gratitude….. » Les ingrats ne restent pas en piste bien longtemps. C’est un système qui a d’abord fait ses preuves dans la coopération internationale, mais qui a maintenant remplacé presque totalement la corruption grossière de naguère.

On vit déjà dans un monde plus délicat où la violence déplait et qui a permis que, pour le transfert rapide de richesse du faible au plus fort, des magouilles boursières aient largement remplacé le brigandage et la piraterie d’antan. Dans la même trajectoire, on verra sans doute bientôt le trafic des substances dites aujourd’hui illégales réaliser sa jonction avec la distribution des drogues de prescription en un seul système unifié de distribution tout ce qui est nécessaire pour que la population soit heureuse… et docile. Ce sont les nouveaux druides, nos médecins, qui pourront gérer efficacement la cueillette du gui et cette distribution du soma…

Un grand bond en avant pour la civilisation, car on pourra faire plus avec moins et il sera alors définitivement acquis que, l’abondance ayant pris la place des pénuries, on gouverne mieux par la promesse et les récompenses que par la menace et les châtiments. Les guerres ne seront plus utiles ; un peu de terrorisme, saupoudré avec parcimonie, suffira à garder vive la mémoire d’une époque où le monde n’était pas si clément ni les maitres si bons. Le meilleur des meilleurs des mondes….

Si vous aimez cette évolution bien prévisible, souriez…. Si vous n’aimez pas, prêtez l’oreille et soyez vigilants, car les pas les plus inquiétants qu’on peut entendre derrière la pauvre humanité, en ce XXIe siècle, ce ne sont peut-être pas ceux des terroristes ou des fauteurs de guerre qui s’approchent comme Jack l’Éventreur dans le brouillard de la nuit londonienne… mais ceux d’une caste de médecins à qui leur expertise va donner un droit de vie ou mort et donc la première place dans la hiérarchie socio-professionnelle. Espérons qu’ils seront bien bons….

Car dans un monde où la compétence signifie le pouvoir et où une manipulation généralisée est devenue le mode privilégié de communication imposé au monde ordinaire par ses diverses élites – les médias assurant la dominance de chacune dans sa chasse-gardée ! – rien ne pourrait être plus menaçant que l’émergence d’unherrenvolk disposant de cette super-compétence sur la vie, dont certains individus sans foi ni lois, sans scrupules et sans vergogne, seraient premiers de cordée pour profiter… et en abuser.

Il est facile de plonger dans la fiction et de faire une parodie de cette évolution…

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/terra-une-inspection-de-routine-171061

Mais, sans céder à la paranoia,  je trouve inquiétant que l’arrivée d’un médecin à la tête du Gouvernement du Québec ait conduit à la nominations d’autres médecins à des postes clefs de l’État…. et à une augmentation immédiate démesurée de la rémunération et des privilèges des médecins. Gardons l’oeil ouvert…

Pierre JC Allard

Les druides au pouvoir. Médecins, thaumaturges… et loups garous

Filed under: Auteur — Pierre JC Allard @ 10:01

 

Aujourd’hui, la science fait des miracles, elle a bonne presse et suscite même de grandes passions. Dame, si on n’en est plus à s’épouiller les uns les autre dans les arbres en poussant de petits cris, c’est bien grâce à la science, n’est-ce pas ? On peut dire « science », mais aussi technologie, culture, expertise… Ce sont les facettes d’une même fringale de SAVOIR. La Science, c’est la somme de ce qui est su. C’est en cherchant à en savoir plus, que les singes de notre quartier se sont civilisés. Elle a ses détracteurs, mais même si, comme le chante Brel, ce faisant on a inventé le fer à empaler et la bombe atomique – on est plutôt satisfait du résultat.

Savoir a pris une telle importance que tout le reste en est devenu trivial. Hobbes nous avait dit que le savoir était le pouvoir (« knowledge is power  ») , mais ca demeurait un peu abstrait…. Maintenant, on voit CONCRÈTEMENT la compétence dominer le monde, alors que même la richesse, réduite à des symboles, n’est plus qu’un outil docile entre les mains de ceux qui savent les manipuler. On a compris la primauté du savoir.

On l’a comprise en voyant comment le savoir permet de gagner au jeu sociétal que nous jouons aujourd’hui, basé sur l’acquisition et la possession, mais avons nous bien assimilé que le savoir – la science – qui grandit conduit inéluctablement à jouer un autre jeu ? … Compris que ceux qui « sauront » gagner à ce nouveau jeu en tireront un pouvoir incomparablement plus grand que celui des gagnants actuels ? Dangereux ?

Le meilleur chemin vers le pouvoir sur les hommes est celui de satisfaire leurs désirs. Or, il est évident que notre monde arrive à la limite de ce qu’il peut offrir d’objets matériels significatifs à désirer. Il faut un effort constant, pour maintenir sur cette planète une pauvreté sélective, une pauvreté fragile, menacée par l’abondance. Le défi des « dominants » est de maintenir la foi en une carence généralisée, une pénurie qui puisse justifier le travail auquel ils souhaitent astreindre les « dominés », puisqu’ils ont fait de cette contrainte et de cette domination le sens même de leur vie !

Quand on comprend que les ressources et la compétence sont là, on comprend que la pauvreté est un choix politique. On comprend que la seule demande matérielle sensées qui ne puisse aujourd’hui être pleinement satisfaite est la demande pour « de la vie » elle-même. Une vie en santé, bien sûr… On comprend que tout autre pouvoir devient dérisoire à côté de celui dont disposera le ‘druide’ qui pourra offrir plus de cette vie.

Offrir aussi, puisqu’on doit se rallier à l’absenthéisme – (car si un dieu est peut être en ligne, il ne prend certes pas les appels !) – le seul ersatz d’immortalité qui paraisse crédible

On doit accepter que nos druides montent ainsi en puissance, mais tout pouvoir est une menace implicite pour qui n’en a pas. Que doit-on attendre de ces nouveaux seigneurs ? La science a son côté sombre, et ce qui est vrai de la science l’est a fortiori de la médecine, puisque de tous les aspects de la science aucun ne nous interpelle autant que ce qui a trait à ce corps-a-corps désespéré avec la mort ; un combat qui serait bien insensé, s’il n’apportait à la vie le sens de l’héroïsme et de l’abnégation avec lequel il est mené.

Parce que son impitoyable conclusion en est connue, on ne veut pas penser qu’il puisse exister à cette lutte du médecin contre le mal quoi que ce soit de vil ou de mesquin. Le médecin doit être vu pur et sans reproches. Un héros. La caste des médecins arrive donc au pouvoir en jouissant d’un solide préjugé favorable et qui n’est pas récent….

Ainsi, à la fin du XIXe siècle, quand Robert Louis Stevenson a écrit l’histoire du bipolaire le plus célèbre de la littérature, il a pris bien soin de dépouiller le bon Dr Jekyll de ses épaulettes de médecin quand celui-ci passe du côté obscur… Dans l’imagerie populaire, le médecin incarnait l’Autorité jointe à la Bonté ; il était le père devant qui on se dévêt sans pudeur, puisqu’il dit ‘’déshabillez vous’’ sans arrière-pensée. Le médecin était un thaumaturge. Il était le Bien…. Il ne pouvait exister de Dr Hyde, juste un MISTER Hyde. 

Aujourd’hui encore, dans le continuum social, le médecin est le meilleur point d’ancrage des « Petits » aux « Grands » et des « Faibles » aux « Puissants », tous égaux devant la maladie, la souffrance, la mort. Mais ce préjugé favorable a son envers. C’est parce qu’ils incarnent nos derniers héros qu’il faut voir de près ce que font les médecins et il faut être vigilant ; il y a des druides bipolaires qui, les soirs de pleine lune se changent en loups garous

La médecine thaumaturge fait des miracles comme jamais auparavant, mais on a des reproches à lui faire, dont, au premier chef, une cupidité chez les médecins, dont on a longtemps hésité à les soupçonner. On a hésité, mais en France, un radiologue ou un anesthésiste « vaut » maintenant 189 000 euros par an, alors que le salaire moyen mensuel BRUT d’un non-cadre est de 1 556 euros…. Ça fait grincer des dents.

http://www.latribune.fr/economie/france/le-salaire-brut-mensuel-moyen-des-non-cadres-s-eleve-a-1-556-euros-518035.html

http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/02/12/combien-gagnent-les-medecins-en-france_4575552_3224.html

Et ce n’est pas qu’en France…. En matières de dépenses de santé l’expérience de la France se compare à celle des autres pays de l’OCDE. Même corrélation positive entre la croissance économique et celle des couts de santé incluant celles du secteur public une même tendance à privilégier la hausse du revenu du médecin plutôt qu’une augmentation des effectifs qui pourrait freiner cette hausse.

Il est donc permis de rapprocher la réaction des Français aux honoraires élevés de leurs médecins spécialistes des froncements de sourcils qui ont accueilli récemment au Québec – (où la médecine est gratuite et où les honoraires médicaux sont payés par l’État ) – la révélation que plusieurs médecins y présentaient chaque année des factures excédant le million de dollars. (1 000 000 $)… En fait, le médecin spécialiste MOYEN au Québec touche annuellement 420 000 $ et le Québécois ordinaire 42 000 $… et bon an mal an, l’écart se creuse. On s’en indigne

http://www.stat.gouv.qc.ca/docs-hmi/statistiques/travail-remuneration/remuneration-globale/globale-salaires/index.html

http://www.lapresse.ca/actualites/sante/201605/05/01-4978310-medecins-specialistes-un-revenu-moyen-net-de-420-000.php

Pourquoi cette indignation ? D’autres n’en touchent-ils pas autant, qui peut-être le méritent encore moins … ? Il semble que quand un banquier ou une multinationale l’exploite, Quidam Lambda ne s’émeut plus : tout le monde sait que les requins se nourrissent de la chair des petits poissons. Mais quand c’est l’homme en blanc « au service de l’humanité souffrante » qui vient racler de 20 à 50 fois le salaire d’un travailleur, ca fait désordre. Les millions versés aux toubibs choquent, parce que ce n’est pas seulement une affaire de fric. C’est comme le meilleur ami qui fait du pied à votre épouse. On a l’impression que la caste de « ceux-qui-ont » serre les rangs, et qu’une volonté commune d’exploiter à fond les autres les anime tous jusqu’au dernier. Le pauvre se demande s’il a encore un seul ami chez les « riches et puissants ».

Et ça, c’est très grave. Comment remettre sans appréhension sa vie entre les mains d’un médecin qui, comme individu, peut paraître un modèle de désintéressement, mais dont il est clair que l’activité se déroule dans un cadre mercantile où il projette image d’un exploiteur comme les autres ?

Au moment même où sa santé deviendra pour lui plus prioritaire que jamais – parce que la médecine pourra lui donner tellement plus – , le malade lambda n’est plus du tout certain d’être la priorité de son médecin…. Il faudra le rassurer.

(À SUIVRE)

Pierre JC Allard

FIDEL…90 ans

Filed under: Auteur — Pierre JC Allard @ 9:15

 

 

Même quand on est devenu immortel par ses oeuvres, devenir nonagénaire, ça se souligne…. Je reprends ici une texte que j’ai publié en 2004, il y a 11 ans…….

***

 Moi, si j’étais vous… 04.03.13

« Monsieur le Président,

Je n’ai pas d’idoles, mais si j’en avais une, ce serait vous ! Évidemment, je suis un peu biaisé, puisque vous m’avez serré la pince au début des années soixante, quand je vous faisais livrer à partir du Canada du catgut, des aiguilles chirurgicales et autres armes dangereuses de guérison massive dont les Américains voulaient vous priver. Je vous dois aussi d’avoir serré la main de Gagarine, ce qui n’est pas rien non plus.

Bon, je suis biaisé, mais j’ai vu de mes yeux Cuba sortir de la régence du gangster Lansky pour retrouver sa dignité. J’ai vu se faire la réforme agraire et la campagne d’alphabétisation. J’ai jasé avec des gens qui étaient à la Baie des Cochons. J’ai écouté de mes propres oreilles des pêcheurs de Isla de Pinos me dire, les larmes aux yeux, qu’ils pouvaient enfin mettre le cap droit au large plutôt que de contourner la zone réservée aux yachts des millionnaires yanquis. Un détail, mais c’est ça la liberté.

Je suis biaisé, mais les chiffres, eux, ne le sont pas. Les logements qu’on a bâtis à Cuba sont bien là. Ce n’est pas un mythe si maintenant, à Cuba, non seulement on sait lire mais on va au collège plus que partout ailleurs en Amérique latine. Et quand les gusanos de Miami dénoncent le fait que les médecins cubains soignent des Américains à Cuba plutôt – disent-ils – que de soigner des Cubains – ne comprennent-ils donc pas qu’ils proclament du même coup, d’abord la qualité des soins à Cuba et, ensuite, que malgré la propagande les Américains y accordent assez confiance pour aller s’y faire traiter ?

Et vous avez réalisé tout ça en supportant un embargo, une invasion, du sabotage et des épizooties made in U.S.A. Je pense que l’Histoire va vous tirer bien bas son chapeau. J’ai hâte qu’elle le fasse et moi, Monsieur le Président, si j’étais vous, je ferais en sorte qu’elle le fasse tout de suite. Vous n’avez qu’à lui donner rendez-vous.

Regardons la situation. Bush Jr. – qui a déjà fait ses preuves, si on peut dire – va avoir, en fin d’été sur les bras, plus de 100 000 soldats revenant d’Iraq et à mettre au travail dans une économie qui clopine déjà. Pas facile. Et si les « boys » promus héros se plaignent, ce sera bien mauvais pour sa réélection en novembre.

Mais il y a une autre solution. Ces 100 000 soldats qui ont reçu le baptême du feu peuvent être utilisés d’une façon « positive », pour défendre le monde libre et la démocratie En Iran, en Syrie, en Corée ou chez vous. Plutôt chez vous. C’est plus petit, et c’est tellement plus près ! Et ça lui permettrait de gagner vraiment, cette fois-ci, cette élection en Floride qui lui a donné la présidence mais dont tant de gens disent qu’il l’a volée. Si j’étais vous, je craindrais cette mauvaise coïncidence. Et pour les prétextes, on sait maintenant, depuis cette affaire d’Irak, qu’ils peuvent inventer n’importe quoi. Mais voyons un autre scénario

Qu’arriverait-il si, ayant atteint l’âge de la retraite – nous vieillissons bien tous les deux, vous et moi, n’est-ce pas ? – vous décidiez demain, alors que rien en apparence ne vous menace et que vous avez largement prouvé depuis près de cinquante ans votre capacité de survie, d’organiser à Cuba des élections parfaitement honnêtes sous la surveillance des Nations Unies… disons le 4 novembre prochain ? J’aime assez cette coïncidence qui rendrait impossible, non seulement une intervention armée, mais même une immixtion américaine sérieuse dans la politique cubaine.

Pourquoi la CIA ne viendrait-elle pas acheter les électeurs et falsifier les résultats d’ une élection tenue à Cuba le 4 novembre, comme elle le fait partout ailleurs ? Parce que, pendant la campagne électorale américaine, tous ceux qui sont contre Junior sont vos alliés circonstanciels. Ce sont les Démocrates américains qui vont surveiller la CIA pour piéger Bush. Et si quelqu’un triche malgré tout, vous êtes toujours là. Vous êtes là jusqu’à la passation des pouvoirs au nouveau président et je n’ai pas de raisons de penser, d’ailleurs, que le nouveau président élu à CUBA sera votre ennemi. Je pense même que sera élu sans peine le candidat de la continuité, celui qui dira « Cuba si, Yanquis no ! ».

Ils diront quoi le 5 novembre, à Washington, après une élection surveillée ,disons par des Canadiens, des Indiens et des Suisses, et par laquelle les Cubains auront choisi la continuité plutôt que la rupture ? Ils bredouillent quoi, quand on leur demande pourquoi ils étaient si certains depuis des décennies que la réponse serait non… alors que la réponse, maintenant, est oui ? Ils répondront quoi, quand Cuba demandera la levée de l’embargo ?

Et pendant ce temps, qui se promène à travers le monde avec la triple auréole d’avoir sorti son pays du sous-développement, de l’avoir tiré des griffes amerloques – (ils ne sont pas très populaires par les temps qui courent) – et d’y avoir rétabli, enfin, une démocratie libre de toute influence étrangère, ce qu’on ne peut pas dire de beaucoup de démocraties ? La légende revient en rappel. Ovation dans la salle.

Quelle capitale refusera de vous recevoir ? Quelle tribune ne vous sera pas ouverte ? Y a-t-il une seule ville au monde, incluant Washington, où vous ne serez pas accueilli avec enthousiasme ? Depuis Cincinnatus, il n’y a pas beaucoup d’hommes qui aient volontairement renoncé au pouvoir, mais ils manquaient d’imagination … Je me régale à la pensée de ce que vous pourriez dire si vous n’aviez plus qu’à parler. Vous avez fait à Cuba tout ce que vous pouviez y faire, pourquoi ne pas présenter partout le modèle « fidelista » ? Exporter une révolution a laquelle, après ces élections, personne ne peut plus rien reprocher ?

Et je me demande quelle excuse trouveraient les U.S.A pour y opposer leur veto, si une large majorité des membres des Nations Unies.vous choisissait comme prochain Secrétaire Général… »

***

Évidement, les choses ne se sont pas passées de cette façon…. mais en est-on si loin ? Bonne fête, Monsieur le Président émérite

Pierre JC Allard

 

15-07-16

NICE: les conséquences du déni

Filed under: Auteur — Pierre JC Allard @ 10:59

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En octobre 2007 – il y a près de dix (10) ans, voici ce que j’écrivais :

« Les techniques modernes mettent entre les mains de tout individu un effroyable pouvoir de nuire. La société doit se protéger contre le désir de nuire de ceux qui voient dans ce pouvoir accru une arme de chantage, de ceux qui ne respectent pas la solution d’un arbitrage démocratique et donc pacifique aux différends qui surgissent dans la collectivité et, plus que tout, de ceux dont le comportement n’obéit simplement pas à la raison.

On pourrait en donner comme preuve le terrorisme, qui aujourd’hui apparaît partout, mais ce serait faire fausse route. Le terrorisme est un phénomène complexe. On ne connaît pas vraiment les méandres de sa genèse, ni de sa fulgurante propagation dans la société actuelle. On sait encore moins à qui vraiment il profite, ni sur quels agendas il s’inscrit. 

On peut penser que le terrorisme découle des injustices de la société — et une Nouvelle Société espère que le terrorisme se résorbera quand ces injustices seront corrigées –, mais il ne faut pas croire que la menace d’un dommage insensé causé à la société, avec ou sans même l’apparence d’une justification, disparaîtra d’une société juste. Cette menace est là pour rester ; elle est inhérente au progrès technique, à ce pouvoir de nuire qu’a acquis l’individu.

Les dommages que peut causer un individu par des moyens chimiques et biologiques – sans même parler du simple camion bourré d’explosifs qui est devenu une réalité quotidienne – sont devenus terrifiants et le deviendront chaque jour davantage. Le pouvoir croissant de l’individu menace la société et les défis à l’ordre public seront de plus en plus graves. On pourra diminuer le risque en réduisant les « irritants » que sont les injustices, mais la menace sera toujours là et peut être plus difficile à contrer que celle des gangs.

Les gangs son visibles et ont des buts, ce qui les rend prévisibles et permet en y mettant les efforts qu’il faut de contrecarrer leur action. L’individu qui agit seul est invisible et n’apparaît que si on le prend sur le fait ou si on l’identifie par les avantages qu’il a retirés de son geste. S’il n’en retire pas d’avantages — agissant au service d’une « cause » ou n’étant simplement pas rationnel – il peut rester invisible indéfiniment.

« Unabomber  », aux USA, a pu tuer impunément durant des années et n’a été pris que quand il a voulu être pris. Il envoyait des lettres piégées, mais supposez qu’il s’en soit pris aux lignes de transmission ou aux pipelines ? Un kilo d’explosif, une marche de santé, deux fois par semaine… et les dommages sont effarants. On estime qu’une personne sur seize en Amérique du nord – plus de quinze millions d’individus ! – auront au cours de leur vie un ou plusieurs épisodes d’irrationalité qui justifieraient leur internement au moins temporaire.

Comment se défendre contre l’individu ? Pour s’en protéger efficacement, ce n’est plus d’une quasi-armée, qu’on a besoin, mais d’autre chose. Cette « autre chose » doit pouvoir prévoir et prévenir. Pour prévoir et prévenir, il faut mettre en place autre chose que des hommes armés. Il faut un service de renseignement ubiquitaire qui soit à la fois le FBI et le CIA, métissé de Gestapo et de KGB, avec une Loi des Suspects à la clef et des relents d’Inquisition. Un service écoutant toute conversation et lisant tout courrier, s’appuyant sur la délation et l’infiltration de toutes les couches de la société par des agents provocateurs. C’est une abomination. L’embryon de cette abomination est en développement aux USA sous le sigle NSA. 40 000 employés y travaillent déjà et le foetus semble bien viable.

Cette abomination est-elle une fatalité, ou peut-on penser à une adaptation intelligente de nos mécanismes de sécurité à ce nouveau rapport de forces entre l’individu et la société ? Une surveillance ubiquitaire qui soit respectueuse de la démocratie et de la liberté individuelle ? Une Nouvelle Société reconnaît le besoin d’un suivi permanent de tout le monde ; c’est une conséquence de l’interdépendance qui se développe dans une société complexe. Pour que ce suivi ne soit pas odieux, cependant, il ne doit devenir la responsabilité professionnelle de spécialistes qu’au palier de l’interprétation des données et des mesures à prendre quand un problème s’est manifesté. Le suivi quotidien et de proximité de tout le monde ne peut être toléré que s’il est fait par tout le monde.

Est-ce dire que tout le monde surveille tout le monde ? Surtout pas ! Il ne faut pas que chaque citoyen fasse l’objet d’un contrôle actif, mais passif. Il faut que ce soit le citoyen lui-même, par son seul comportement, qui déclanche les mécanismes qui permettront de se prémunir de sa malice quand une intervention sera requise. Cela est possible dans une société où est remise en valeur l’appartenance et où est omniprésent un encadrement qui découle de cette appartenance.

Ce n’est pas un secret que le crime crapuleux est rarissime dans les sociétés primitives bâties sur l’appartenance à la famille et au clan. Aujourd’hui même, dans la société fragmentée que nous avons héritée de l’époque industrielle, l’expérience montre une forte corrélation entre solitude et comportements antisociaux. Il y a de notoires exceptions, bien sûr, mais les individus problèmes qui ne sont pas des bandits sont des solitaires. 

Ce pourrait être une lapalissade, mais ils sont généralement EXCEPTIONNELLEMENT solitaires, ce qui n’a rien de surprenant, puisque ceux qui ont des relations doivent avoir un comportement acceptable à leurs pairs. Celui qui est enclin à la délinquance entretient des relations sociales assidues avec d’autres délinquants, ce qui est la genèse des gangs… ou il reste seul. La grégarité est un indice de « normalité » . Elle peut, aussi, être un facteur de normalisation.

Pierre JC Allard « 

Depuis 10 ans, j’ai écrit une masse d’articles sur le pourquoi de cette menace et le comment d’y répondre. On ne le fera que quand chacun s’interrogera, trouvera par lui-même les réponses – qui sont des évidences – et s’investitra PERSONNELLEMENT dans la recherche et l’application de la solution.

PJCA

20-06-16

USA Un troisième homme

Filed under: Auteur — Pierre JC Allard @ 10:12

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Le mardi 14 juin a marqué la fin des primaries aux USA, cette longue consultation qui permet traditionnellement de définir les deux (2) programmes – blanc-bonnet et bonnet blanc – entre lesquels on demandera en novembre aux Américains de choisir pour désigner leur Président. Un président connu aussi comme le « leader de l’Occident » ou, plus abusivement, encore comme le « leader du Monde libre ».

Habituellement, à la fin des primaries, on sait déjà ce que sera la politique américaine domestique et internationale du quadriennat qui va commencer et on connaît bien la tronche des (2) deux prétendants à l’appliquer. On a alors aussi appris ad nauseam, par les médias, à corriger laquelle de ses grandes tares sociales l’Amérique moralisatrice entend accorder pour un temps la priorité. Ainsi, en 2008, pour lutter contre racisme, on a eu l’avènement du séduisant et séducteur bronzé Obama, et on prévoit maintenant, en 2016, celui de la futées Hilary présentée en Messaline pour démolir tout à fait le mythe sexiste si peu crédible que la femme qui gouverne ne serait pas l’égale de l’homme en duplicité.

La tradition veut aussi, qu’après les primaries et l’onction des deux conventions partisanes, on entre dans la quiétude des vacances d’été et que, les grandes questions réglées, la campagne électorale devienne un concours de beauté. On devrait se borner, jusqu’en septembre, à peaufiner le discours politique pour que le peuple se reconnaisse dans les deux versions que le pouvoir lui en propose, et puisse se rallier à l’une ou l’autre à l’automne par la plus mince des marges, faisant ainsi la preuve du consensus qui les sous-tend et qui est la clef de voute de la grandeur des USA. 

Le problème, c’est que cette année il semble que rien ne va plus. Le concours de beauté à des airs de foire aux monstres, alors que les deux (2) candidats battent des records historiques d’impopularité.

Trump, à qui il semble qu’on ait donné pour mission de briser les tabous et d’être celui qui rabat le gibier vers les chasseurs, a si consciencieusement joué son rôle et testé les limites de la crédulité et de la patience populaire en insultant tout le monde, qu’il semble maintenant TRES difficile de détacher de Trump ses supporters et de les ramener dans le giron de la bien-pensance, la veille ou même le lendemain des élections… ce qui est gênant, car après la bataille aux USA il est prévu qu’on se donne la main…. Pas cette fois.

Une grande catharsis ça soulage, mais on a découvert que la rogne contre les dirigeants politiques cette année est si vive, qu’il serait possible que subsiste aux USA, après l’élection de novembre, un groupe permanent de 25 à 30 % d’opposants au Système, ce qui serait du jamais vu depuis la Reconstruction qui a suivi la la Guerre de Sécession ! Trump va-t-il réussir à se rendre SUFFISAMENT haïssable pour que ce danger s’écarte, ou devra-t-on l’accepter ?

Et il y a Hillary … Elle semblait avoir le rôle de l’Ointe du Seigneur – mais elle s’est avérée, elle aussi, bien difficile à vendre au peuple, rattrapée par ses erreurs et ses magouilles, mais aussi – sans qu’on le dise, bien sûr – par un vieux puritanisme biblique latent chez une minorité non négligeable des Américains qui ne CROIENT simplement pas qu’il soit raisonnable de mettre une femme en symbole de l’autorité, alors qu’on on sait bien que Dieu est un homme, n’est-ce pas ? 55% des électeurs ne veulent pas d’Hillary 

Non à Trump, non à Hillary… Tout se passe comme si on voulait discréditer la démocratie bipartisane à l’américaine, laquelle pourtant n’est sans doute pas démocratique, mais fonctionne à merveille. Pourquoi ? À quoi joue la caste dirigeante des USA ? Car peut-on imaginer un instant que cette situation n’ait pas été voulue ? Peut-on penser que des forces aveugles et le seul caprice des citoyens aient créé cette situation, une impasse qui semble imposer une solution inédite ? Et si une telle solution prévaut, quelle serait cette solution ? Pourquoi, était-elle nécessaire ? Et comment l’aurait-on rendue incontournable ?

La solution vers laquelle le pays semble se diriger en tapinois est celle d’un troisième candidat Pas un troisième parti, car comment insérer un troisième parti dans une société où presque toutes les fonctions importantes sont électives et où toutes les élections sont organisées à partir de structures qui sont de simples machines à faire élire et qui reprennent toutes, à divers niveaux, le même clivage Démocrates-Républicains … ? Pas un troisième parti, donc, mais un candidat indépendant qui réponde au besoin d’une trêve ponctuelle dans le bipartisme.

Pourquoi faudrait-il une trève dans le bipartisme aux USA ? Parce que l’importance de ces élections est telle, que ni les Démocrates ni les Républicains ne peuvent les perdre sans que ne soit compromise pour longtemps et peut-être sans retour l’alternance politique derrière laquelle se dissimule le vrai Pouvoir. Rien d’étonnant, donc, à ce que ce dernier souhaite leur éviter une défaite cinglante. Pour comprendre l’importance inouïe de ces élections, il faut bien comprendre (3) trois choses.

  1. D’abord, cette singularité des USA que, non seulement une large part des juges y sont élus, mais que même ceux des juridictions fédérales et qui ne le sont pas sont nommés ostensiblement au su de leurs orientations idéologiques clairement énoncées. Un juge n’est pas admiré seulement pour son impartialité quant aux faits, mais aussi – surtout – pour sa loyauté à une certaine vision du monde « progressiste » ou « conservatrice »… et pour l’habileté avec laquelle il mettra son « impartialité » au service de cette vision. 
  2. Ensuite, interprétant la loi avec une large discrétion, ce sont les juges qui façonnent le quotidien de la société américaine. C’est le judiciaire qui est le plus important des « trois pouvoirs » car, au faîte de la pyramide, c’est ce que dicte une majorité des 9 juges de la Cour Suprême qui finalement décide légitimement de ce que sont et deviendront les USA. Le Pouvoir financier fera tout pour maintenir cette légitimité qui est sa justification pour tout le reste… incluant la justice (injustice) sociale
  3. Enfin, le Destin – on ne veut pas penser que ce soit autre choses – a voulu que le décès soudain d’un juge de la Cour Suprême y crée une vacance que le prochain Président avec l’appui du Senat pourrait combler à sa guise, orientant ainsi vers la Gauche ou la Droite, en un temps où des décisions cruciales devront être prises. Des décisions émotives qui, en pratique, ne pourront plus par la suite être inversées, et détermineront donc pour avenir quelle sera la ‘vision du monde’ de l’Amérique.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Syst&egrave ;me_judiciaire_f&eacute ;d&eacute ;ral_am&eacute ;ricain

Le parti qui gagnerait pleinement – (Présidence, Congrès, Sénat) – les prochaines élections américaines pourrait effectuer de tels bouleversements, via une Cour Suprême à ses ordres, que son adversaire ne s’en remettrait pas et qu’un réalignement de tout le système politique des USA serait incontournable. Si c’est ce que veut la caste qui domine les USA, les choses sont bien engagées et l’un des partis traditionnels disparaitra pour laisses la place à un nouveau et déplacer le centre de gravité vers la Gauche ou la Droite.

Je suis pas convaincu, cependant, que le Système veuille un changement aussi radical, et c’est pourquoi je pense à une trêve dans le bipartisme, un troisième candidat, un Président « indépendant », arbitrant les initiatives des (2) deux partis traditionnels dont aucun n’aurait eu à survivre l’humiliation de la victoire totale de l’autre, ce qui leur permettrait a l’un comme a l’autre de se régénérer et de regagner la confiance du peuple qu’ils ont si évidemment perdue. Le providentiel indépendant serait là pour 4 ans….

Si c’est à ça que joue l’oligarchie, reste à trouver l’homme au dessus des partis qui gèrera la trêve. Si on cherche un ré-équilibrage à tendance progressiste, Sanders, déjà formellement évincé, mais gagnant de tous les sondages, serait l’homme tout trouvé. Si on veut faire un pas vers la Droite, Trump – qui pourrait être évincé lui aussi, à la convention républicaine, si on tolère quelques dédits – pourrait alors, à la seule condition de polir une peu son jeu, offrir une option de candidature indépendante.

Et si on allait plus loin, dans cette hypothèse de l’oligarchie suscitant un troisième candidat pour mettre la Maison Blanche hors-concours pour un terme en gardant Ânes et Éléphants du Senat et du Congrès indemnes de leurs ruades intempestives réciproques le temps qu’ils retrouvent leur bon sens ? Il y a une multitude de « génies » et de « héros » encore mal connus que le Système pourrait mener à la Présidence comme indépendants, en appelant les médias à l’aide et en y mettant le prix qu’il faut.… Politique fiction ; mais les conventions pourraient apporter des surprises.

 

Pierre JC Allard

 

05-05-16

JOHN KASIK – USA. Le charme discret d’un embourgeoisé

Filed under: Auteur — Pierre JC Allard @ 7:15

 

 

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Rassurez vous, je n’imposerai pas ici aux lecteurs des allusions contorsionnées aux similitudes entre le fameux film de Bunuel et les rocambolesques rebondissements de la campagne présidentielles de 2016 aux USA ; il y a plus important à dire. Je crois, cependant, que ceux qui se donneront la peine d’en chercher passeront un bon moment…. :-))

Cela dit, le retrait de Tom Cruise – qui a été accueilli et annoncé hier comme une voie royale vers la consécration de Trump à l’investiture du Parti Républicain (GOP) – pourrait bien, au contraire, s’avérer comme la flèche du Parthe de l’Establishment pour en finir avec la révolte des culs-terreux qui ont contesté la mainmise de élites politiques sur le processus électoral.

En effet, le triomphe bien médiatisé de Trump, qui apparaît comme une victoire éclatante de la grogne populaire contre les manigances des leaders du GOP, n’est pas du tout assuré….

Ici, un petit mot d’explication.

La nomination formelle du candidat républicains requiert une majorité absolue des délégués à la convention. Si cette majorité n’est pas acquise, on reprend le vote, jusqu’à ce qu’elle le soit, après deux… ou une multitude de scrutins…. Facile, mais il y a un bémol… Les délégués ne sont commis a soutenir les candidat désignés par le vote populaire de l’État qui les a mandatés que pour le PREMIER TOUR DE SCRUTIN. Après ils suivent leur propre jugement.

On comprend donc que la démocratie cesse avec ce premier tour…. Et que la suite ressemble plutôt aux enchères par lesquelles la Garde Prétorienne de la Rome décadente décidait de conférer la pourpre impériale au plus offrant….

Pour ceux qui veulent jouer, le premier tour est simplement une dure étape à passer. Pas si difficile, car avec le contrôle absolu des medias dont dispose le Système, il est donc non seulement possible, mais FACILE, qu’un autre candidat, en face-a face avec Trump, puisse obtenir assez de délégués dans les neuf (9) primaires restantes pour priver ce dernier de la nomination au premier tour…. et que celle-ci soit ensuite accordée à qui l’on veut. Il suffit que le Système le veuille…

Que veut le Systeme ? Il fallait une grande catharsis, libératoire de la hargne accumulée, pour que la démocratie ne soit pas remise en cause. La victoire de Trump contre Cruise a satisfait à cette exigence. Mais, une fois la purge réussie, le peuple américain veut-il vraiment sa rallier à un Trump qui s’est mis mal avec toutes les minorités ? Un Trump qui a proféré toutes les énormités requises pour qu’on comprenne bien que le peuple peut vraiment faire tout ce qu’il veut… ?.

Il fallait ABSOLUMENT que ce soit le peuple qui décide. Mais maintenant que c’est affaire règlée et que le peuple républicain sait quon l’écoute, est-ce que ce peuple ne se laisserait pas détourner de Trump, pour tomber sous le charme d’un héros plus facile à gérer ?

Le charme discret d’un Monsieur bien sous tous rapports, poli, aimé de tous, parfaitement embourgeoisé à la rectitude morale et politique de l’Amérique profonde, Gouverneur d’un État typique comme l’Ohio, avec de l’expérience à revendre et dont les sondages disent qu’il gagnerait contre TOUS les prétendants Démocrates ?

On vient de créer et de faire accepter en quelques mois aux Américains le « monstre-Golem » Trump. Ne pourrait-on pas, dans les mois avant novembre, y surimposer dans la psyché américaine une image d’Épinal comme celle du bon pere de famille Kasich ? Une intéressante expérience à tenter.

Ce qui incite a penser qu’on pourrait y songer, c’est la discrétion avec laquelle les medias aujourd’hui abordent l’hypothèse Kasik… On sonde présentement la population américaine. Ensuite, il y aura quelques ballons d’essais,….puis on décidera de la marche à suivre pour conclure le dossier « Contestation de l’Establishment », lequel est le plus important de ces Élections 2016. Kasyk ou Trump sera l’option retenue, selon que la population aura exprimé sa préférence pour l’un ou l’autre, sa préférence pour des transformation lentes ou, au contraire, pour des changements radicaux en accéléré.

On veut faire plaisir au peuple…. et de toute façon rien de vital ne changera pour la Pouvoir. Seulement la maniere….

Pour les Américains ordinaires et pour nous, toutefois, il y aura quelques conséquences

Si Kasich est choisi comme candidat républicain, il devrait normalement vaincre les Démocrates sans difficultés en novembre et on peut penser que l’on vivra aux USA une période de paix. Paix sociale à l’intérieur et isolationnisme tolérant à l’international. Si c’est Trump, le suspense demeure, mais tout indique que c’est Hillary Clinton qui alors deviendra Présidente… et les USA continueront une politique interventionniste…. Avec les risques qui en découlent

Il faut aussi se demander l’impact qu’aura ce choix sur l’évolution du second des « grands dossiers » en discussion cette année, celui qui consiste à mettre ou non l’accent sur une redistribution significative de la richesse, en introduisant les propositions de Sanders pour la santé et l’éducation gratuite.

On sait bien qu’il faudra tôt ou tard la faire, cette redistribution, car on ne pourra pas longtemps maintenir une croissance réelle aux USA sans remettre un peu de pouvoir d’achat aux consommateurs ordinaires. La question qui se pose n’est donc que la priorité qu’on y accorde. Doit on le faire toute de suite… ou attendre ? Chaque vote pour Sanders, maintenant que la victoire de Hillary semble acquise, pousse seulement à le faire sans délai…. Ce sont les résultats des primaires en Californie qui vont, plus que tout autre facteur, déterminer ici la suite des événements.

l reste queslques inconnues…. Que se passerait-il si, contre toute probabilité, Trump était bien le candidat républicain et semblait devoir etre élu ?  Pour l’instant, je n’ai pas d’opinion sur cette hypothèse qui me semble peu plausible…. Mais il faut suivre avec attention : c’est parce que le Pouvoir pense à ce que nous ne prévoyons pas qu’il reste le Pouvoir.

Si on avait un Président Trump, je crois qu’il faudrait alors s’interroger sur le plan que le Pouvoir a en tête…. car je ne crois bas aux ‘bavures ». Il y a aussi d’autres questions qui demeurent en suspens. Patience. Il reste encore 6 mois pour y penser… et la « démocratie-sondage  » des USA suit son cours

 

Pierre JC Allard

 

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