Nouvelle Societe

12-03-08

173. Un brin de causette

Filed under: Auteur — pierrejcallard @ 10:48

 » La dictature, c’est ‘ferme ta gueule’; la démocratie, c’est ’cause toujours..’.  » Ce mot, qu’on a prêté à Coluche et à Woody Allen, est en fait de Jean-Louis Barrault. Bien d’actualité, au moment où le gouvernement Charest, bien démocratique, vient d’inviter les Québécois à faire un brin de causette sur l’immigration, l’hospitalité, les accommodements raisonnables, la tolérance et l’altérité en général, toutes choses au demeurant fort sympathiques. Nous sommes tous démocratiquement invités à aller en parler chez les Bouchard-Taylor, un couple de papis de mon âge, eux aussi bien sympathiques. Venez, on va jaser…

Disons tout de suite que je n’aime pas l’immigration et que je suis pour l’hospitalité quand c’est moi qui ai invité. Je suis tout à fait pour la tolérance de laisser les gens être ce qu’ils veulent être, mais pas celle de leur permettre de vouloir changer ce que je suis. Ce qui m’amène à trouver tout accommodement déraisonnable. J’aurais pu traduire ce texte en « politically correct », mais je suis sûr que d’autres le feront et je pense que nous avons mieux à faire.

D’abord, avant qu’on me traite de sale facho ou de raciste, je précise que j’ai vécu la moitié de la vie ailleurs, côtoyant les autres et, parfois, m’immergeant dans des cultures fort distinctes avec lesquelles j’ai fait bon ménage. J’ai trouvé à toutes ces cultures des vertus et, chez la plupart, des leçons à apprendre que j’aimerais bien que nous apprenions. En un mot, j’aime bien les « Autres ».

Je dis bien « les Autres », car étranger serait ici bien mal choisi ; je les ai vus chez eux et c’était moi, l’étranger. Un étranger qui les respectait et s’accommodait. Depuis 50 ans, j’ai écrit des centaines de textes qui n’ont eu d’autre but que de nous rapprocher les uns des autres. Prétendre que je suis xénophobe serait incongru. Pourtant, je n’aime pas qu’on fronce les sourcils quand les Québécois s’expriment chez les Bouchard-Taylor. Je n’aime pas qu’on leur dise que ce qu’ils disent n’est pas bien…

Je suis contre l’immigration, parce que je crois qu’aucune culture ne devrait être forcée de devenir différente de ce que veulent qu’elle devienne ceux qui s’en réclament. Parce qu’aucun individu ne devrait être obligé, non plus, par les circonstances, de renier sa culture propre pour en accepter une autre. Il peut le faire si c’est sa propre évolution qui l’a librement convaincu de faire ce choix, mais pas autrement. Pas parce qu’il crève de faim ou est pourchassé par une police politique.

C’est un consternant déni de la vérité de prétendre que l’immigrant qui nous arrive aujourd’hui au Québec est venu ici parce qu’il préfère notre culture. Ce sont les circonstances économiques et politiques de son propre milieu qui l’y ont poussé. Il ne s’est pas embarqué pour Cythère, il débarque du radeau de la Méduse…

Et à qui la faute, s’il l’a fait ? C’est nous, les Occidentaux qui avons détruit son foyer. Acceptons en la faute, mais ne créons pas un second problème sans aucun espoir de régler le premier. Ceux qui pensent qu’un peu de générosité ici, à l’accueil d’une minuscule fraction de la population de ces pays ,va régler les horreurs commise là-bas mériteraient une paire de baffes. En facilitant l’immigration, on compromet irrémédiablement l’évolution normale de la culture postchrétienne laïque qui est celle de l’Occident… ET ON NE RÈGLE RIEN !

Si on veut vraiment aider le tiers-monde, Il faut d’abord sortir de chez eux, où nous allons uniquement pour exploiter, piller, voler leurs ressources. Il faut ensuite cesser de feindre qu’on les accueille ici pour leur rendre service. On les a jadis importé comme du bétail sur pied pour avoir une main-d’oeuvre bon marché et on veut maintenant continuer à les exploiter, en mode génisses gestantes, pour rebâtir notre pyramide des âges. C’est une infamie.

Il faut leur donner une aide pour qu’ils construisent leur propre maison chez-eux.. Avec discernement, car il y a deux (2) tiers-mondes. Le premier n’est pas une victime, il est un concurrent. Ce sont des pays qui s’enrichissent et qui montent à l’assaut de nos privilèges. Ce qui est de bonne guerre… mais reste une forme de guerre. Il n’ y a rien de raisonnable à aider les pays d’Asie à nous rattraper et à nous dépasser. Le monde tourne et ils le feront certainement sans nous. Je ne vois pas l’utilité de les y aiguillonner.

C’est le deuxième tiers-monde qu’il faut aider, une zone sinistrée que nous avons saccagée et à laquelle nous devons certainement une réparation. On devrait donner des milliards à l’Afrique – à qui l’on a fait tant de mal – et à beaucoup de pays en Amérique latine, aussi, à qui l’on n’a pas fait que du bien non plus. C’est à ça que servirait la taxe Tobin que préconise ATTAC, si ceux qui nous dirigent en comprenaient le sens et la portée d’abord et avaient ensuite la dignité de l’accepter.

Pour aucun pays du tiers-monde l’émigration n’est une solution. C’est une aberration de penser que l’on va régler les problèmes du tiers-monde en acceptant chez nous 1, 5, 10 % de leur population, le moindre de ces chiffres représentant déjà cinq (5) fois la population du Québec tout entier. Pour nous ? Pour nous, l’immigration intensive est une MAUVAISE SOLUTION. Il ne faut pas accepter un seul immigrant dont nous ne sommes pas sûrs que nous pouvons l’intégrer à notre culture et en faire un Québécois tricoté aussi serré que si la laine avait été tissée chez nous. Ce n’est pas impossible, mais ce n’est possible que s’ils ne sont pas trop nombreux et s’ils VEULENT s’intégrer à notre culture. A ceux qui ne le veulent pas, Il faut fermer les frontières.

Il faut fermer immédiatement les frontières à l’immigration réticente, quémandeuse, celle qui vient établir ici un avant-poste en pays à conquérir et ne veut pas devenir comme nous, mais nous rendre semblable à elle. Fermons les portes de la maison et aidons plutôt les tenants d’autres cultures à construire la leur. Ailleurs. Plus tard, un jour, une infinie compréhension et une infinie bienveillance prévaudrontet chaque être humain sera chez soi partout, mais ce ne sera pas demain. Pour le moment, nous n’éviterons un choc cataclysmique entre notre culture en agréable décadence et les autres cultures en agressive émergence, que si nous limitons au maximum les contact. chaque culture sur ses propres terres.

Pour que cela soit fait dans l’éthique et la dignité, cependant, il ne faut permettre aucune malveillance envers ceux qui sont devenus citoyens ou immigrants reçus chez-nous. Ils sont désormais des nôtres et doivent être traités comme tels. Ils doivent être acceptés et jouir de tous leurs droits, dans le respect des nôtres. Ils nous respecterons et nous en ferons tout autant…

Le respect, entre autres, c’est d’affirmer que dans l’espace privé chacun a droit à sa religion, à ses croyances et à toutes ses fantaisies. Dans l’espace public, nous sommes un État laïque et il n’y a place pour rien au dessus de la raison, surtout pas pour la foi. Ce pays doit rester laïc. Que ceux qui sont de culture différente, prient comme ils l’entendent, mais qu’ils soient responsables de leurs imans, que je veux bien voir, mais que je ne veux pas entendre.

Cette règle, d’ailleurs, vaut pour tous. Je garde toute ma pugnacité pour ceux qui, comme le cardinal de Québec, font allusion à des croyances dont je trouve regrettable de trouver encore des séquelles mal extirpées dans le grenier de ma propre psyché. Que ceux d’autres cultures gardent tranquilles leurs imans, nous garderons tranquilles nos curés. C’est à ce prix que nous vivrons en paix, chez nous et partout sur cette planète.

Je pense que c’est ce langage que les Québécois sont à tenir chez les Bouchard-Taylor. Je pense qu’il serait irrecevable que le gouvernement Charest n’en tienne pas compte, qu’il nous coupe la parole en parlant de pyramide des âges, d’économie, de production, de dénatalité… Cela, en clair, voudrait dire qu’il lui importe plus de maintenir les indicateurs économiques au vert que d’assurer la survie de notre appartenance culturelle. Si une nation ne peut pas survivre sans sacrifier son identité culturelle, elle ne mérite pas de vivre.

Avant de nous résigner, cependant, nous devrions aller jusqu’au bout de la démocratie. La démocratie commence quand il est acquis que le gouvernement dira poliment au peuple « cause toujours » mais la démocratie ne devient vraiment mature que si le peuple, ayant bien causé et dit ce qu’il avait à dire, peut aussi enjoindre un gouvernement qui ne l’écoute pas de faire ce que le peuple lui dit de faire et de fermer sa gueule.

Pierre JC Allard

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6 commentaires »

  1. […] chez nous. Mais… nous n’avons pas non plus la responsabilité d’accueillir chez nous ces gens. Nous n’avons pas à supporter leurs manières d’être qui, pour nous, sont parfois […]

    Ping par Basta ! « Les 7 du Québec — 31-08-09 @ 12:50

  2. Merci M. Allard. Je partage en tout point votre vision de la chose. Cessons de dépouiller le tiers-monde de ses forces vives. Comme le disait récemment Tiken Jah Fakoly à « Tout le monde en parle », l’Afrique a besoin des africains, pas l’Amérique.

    Commentaire par Terez L. — 04-03-11 @ 11:29

  3. […] chez nous. Mais… nous n’avons pas non plus la responsabilité d’accueillir chez nous ces gens. Nous n’avons pas à supporter leurs manières d’être qui, pour nous, sont parfois […]

    Ping par LE SENS DES FAITS – Volume 3 | Pierre JC Allard — 16-06-14 @ 11:41


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