Nouvelle Societe

23-11-16

Réformes éducatives : Docimologie et Orientation

Filed under: Auteur — Pierre JC Allard @ 1:17

orienteur

 

De récentes consultations publiques au Québec ont mis en lumière des propositions novatrices touchant l’éducation. Ceci est le troisième et dernier article que je propose ici pour attirer l’attention sur quelques unes de ces propositions dont je crois que la France pourrait aussi tirer parti .

Dans mes articles précédents,, j’ai fait allusion: 1) aux Centres de la Petite Enfance au Québec (CPE), 2) à une « formation parentale » courte pour tous afin de rendre parents et gardiens plus compétents à guider les enfants durant la période pré-scolaire, 3) à une programmation télévisuelle à plusieurs niveaux pour améliorer une maitrise progressive du langage, 4) à des choix à pour privilégier l’autodidaxie et 5) à une « approche préceptorale » de l’enseignemnet proche de la pédagogie différenciée

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/france-et-quebec-faire-bouger-l-186579

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/france-et-quebec-faire-bouger-l-186672

 Pour clore cette série de trois (3) articles, j’ajoute ici deux (2) autres concepts – la « docimologie objective » et une « orientation universelle» – qu‘on a aussi évoqués au Québec et qui me semblent porteurs.

 Ce que je dis sur ces deux (2) thèmes, comme sur les cinq (5) précédents, est évidemment du niveau # 1 de la vulgarisation. Un petit appel du pied pour « éveiller l’attention », car je ne crois pas qu’un site comme celui-ci ait vocation d’aller plus loin. Ce sont les réactions qu’auront suscitées ces trois (3) articles qui nous indiqueront si, en restant à ce niveau #1 il est utile, de traiter ici de ce genre de sujets.

 

#6 UNE DOCIMOLOGIE OBJECTIVE

 Aussi important que savoir, il y a de savoir que l’on sait. Si l’enseignant est un guide dans l’univers des connaissances, il lui faut non seulement la boussole de son expertise, mais aussi un plan de cet univers qui ait des coordonnées et ses repères.   Tout ce qui est su doit pouvoir être appris, et donc exister en forme documentaire accessible. Quand il semble opportun de faciliter l’accès au document et sa compréhension, ce qui peut être appris devrait pouvoir être enseigné.

 Or, on ne peut le faire efficacement que si les unités de connaissances sont identifiées, ordonnées, et que les liens entre elles sont explicites. Surtout les liens qui déterminent quels apprentissages doivent nécessairement précéder certains autres.

Considérant ces liens qui n’ont rien d’arbitraire, on peut voir le système d’éducation sous l’angle d’un agencement de « modules » de connaissances à transmettre. Optimiser cette transmission est la fonction des enseignants. L’enseignant est le « pédagogue » au sens strict. Il doit être le seul décideur de la façon dont le contenu est enseigné. Dans une approche préceptorale que nous avons vue à l’article précédent, PERSONNE ne doit intervenir dans la dimension pédagogique de la relation entre l’enseignant et l’apprenant

Qui « garde les gardiens » ? Cette totale liberté quant aux moyens d’enseigner doit être doublement encadrée. Quant aux aspects administratifs de la structure dans laquelle elle s’insère, bien sûr, mais aussi quant aux objectifs de l’enseignement. Dans un système d’éducation public, c’est à l’État de créer et de maintenir cette structure, comme c’est à l’État de déterminer le but du système d’éducation, ainsi que le contenu de chaque module, de même que les critères et les modalités d’évaluation normative de son apprentissage.

 L’interaction doit être continue entre l’enseignant et une autorité – la plupart du temps régionale, mais totalement dirigée par un Ministère de l’Éducation nationale, pour en assurer la cohérence – qui assure l’affectation des ressources humaines et matérielles du système, incluant celle des expertises d’appoint que réclamerait l’enseignant, ainsi que le passage des tests et examens et la diplômation. L’État doit vérifier que l’éduqué a bien appris ce qu’on prétend qu’il a appris. La docimologie est l’affaire du Ministère.

 Pourquoi avoir préciseé : docimologie « objective » ? Parce que s’il ne semble pas opportun que la société se veuille multiculturelle – elle perdrait sa raison d’être et sa cohésion comme sa cohérence – il faut néanmoins, dans un monde qui impose une large cohabitation entre gens « différents », qu’existe, au sein de tout État ou entité politique significative, une TOTALE ADHESION à un minimum consensuel. C’est ce minimum qui devient dès lors l’assise l’une éthique commune indiscutée. ET LA JUSTIFICATION DE LA LOI ! Un État dont la LOI n’est pas le reflet d’un l’éthique commune ne peut évoluer que vers une scission, un schisme… ou une Saint-Barthélemy.

Il est donc nécessaire de bien préciser les contours de ce minimum consensuel et de ne pas introduire à la légère des points de dissension.   Si on considère que le respect de l’égalité homme-femme fait partie du minimum consensuel pour être un bon citoyen français, traitons ce concept comme une valeur essentielle, indéniable. Mais si on accepte que l’on puisse sans déchoir aimer ou ne pas aimer Robespierre, Torquemada, Marx ou Mussolini, par exemple, qu’on ne fasse pas d’une opinion qu’on en a « bonne réponse » à un examen d’Histoire !   Le prof n’est pas là pour biaiser le jugement de son élève, mais pour vérifier sa connaissance de FAITS.

Idem des goûts et de l’esthétique; on a le droit de ne pas aimer Lamartine ni même François Villon. Des qu’on s’écarte du « minimum consensuel », on a le droit de ne PAS partager les mêmes valeurs…. La docimologie dont on conviendra doit en tenir compte.

 La façon normale de procéder doit être que l’élève étudie les modules qui constituent son programme, simultanément ou en séquence, seul ou en équipe, et qu’il le fasse non sous le joug mais avec l’aide de l’enseignant. C’est l’enseignant qui assurera l’évaluation formative de son apprentissage. Quand l’élève croit avoir maitrisé le contenu d’un module, il peut demander à passer un « pre-test » en reflétant le contenu. Quand il le réussit à la satisfaction de l’enseignant, ce dernier peut l’inscrire à l’examen formel du Ministère qui permettra à l’élève d’obtenir l’attestation qui fera la preuve qu’il a bien appris et compris le contenu de ce module.

 L’examen formel pour chaque module vise à être pratiquement exhaustif « en compréhension » du contenu du module dont il atteste la connaissance. Ces examens sont tenus mensuellement sur une base régionale, sous l’autorité du Ministère. La somme des attestations qu’il a reçues fait foi des connaissance acquises par l’apprenant. On comprend qu’en ramenant toute évaluation à un contrôle de connaissances objectives, on escamote volontairement tout jugement qualitatif péremptoire, y substituant un choix d’alternatives. Nous pensons que c’est bien avec cette impartiale rigueur qu’une société doit évaluer son système d’éducation et ses pratiques pédagogiques.

 

#7 Orientation universelle

 Est-il souhaitable que chaque apprenant ait un orienteur ? Il est bon de mettre cette question dans son contexte large. La vie moderne en société impose à chacun une multitude de décisions dont la fréquence, la multiplicité, la complexité et la diversité sont telles qu’il n’a pas la compétence de les prendre. Ces décisions vont de l’achat trivial de tout bien de consommation, à celle VITALE d’accepter une chimiothérapie. En toute matière qui exige une expertise – et quelle démarche n’en exige vraiment aucune ! – le profane qu’est la plupart du temps chacun de nous est si démuni, face au professionnel, qu’on doit douter qu’il puisse donner un consentement éclairé à quoi que ce soit qui lui soit proposé dans le cours de ses démarches courantes.

Une invitation récurrente à la manipulation. Depuis toujours, on a accepté cette arnaque ininterrompue. « Que celui qui achète prenne garde ! » (Caveat emptor) – disait déjà la Droit Romain… Mais ne peut-on pas penser que l’un des aspects de l’évolution de la société par l’éducation soit justement – puisqu’il est impossible de faire de tous des experts en tout – de faire bénéficier peu à peu chacun de l’assistance d’autant de conseillers-experts divers qu’il en faudra pour le protéger de ces arnaques et même pour les prévenir ?

Devenant un spécialiste, chacun devient plus dépendant d’autres spécialistes, et lui en assurer la disponibilité devrait devenir une grande mission de l’État. Chacun devrait déjà avoir son médecin de famille et, par celui-ci, un accès efficace à toutes les ressources médicales, mais ce n’est qu’un premier pas timide dans cette voie d’un accès universel à l’expertise. Il faudra vite que chacun ait son dentiste, son ophtalmo, chaque femme son gynécologue et chaque enfant son pédiatre etc.,

Ceux-là et bien d’autres fournisseurs de services devraient être payés par l’État et rémunérés par capitation. Cette tendance est irréversible, car elle est la seule façon de baliser une croissance illimitée de la richesse de la société tout en orientant la consommation vers les services utiles, en gérant intelligemment les ressource rares et en maintenant une certaine justice sociale, plutôt que de la voir dilapidée en gadgets insignifiants et en réalisations privées somptuaires pour les seuls bien nantis.

Le grand mérite du paiement par capitation, c’est qu’il laisse à la collectivité, représentée par l’État, le pouvoir efficace de répartir richesse et travail selon les priorités sociales, mais sans enlever à l’individu son droit de choisir son fournisseur et d’en changer, ni donc supprimer la pression que doit exercer sur le fournisseur le lien étroit qui devrait toujours exister entre sa rémunération et la satisfaction de son client.

 Il n’y a pas que les ressources médicales dont il faudra offrir les services payés par capitation, mais bien d’autres, dont les juristes et les orienteurs scolaires et professionnels qui devraient accompagner chaque individu durant toute sa vie active. Le choix que fait chacun d’une occupation – métier ou carrière – est sans doute LA décision économique la plus importante de sa vie Son insertion sur le marché du travail est un moment unique, que poursuivra une séquence de décisions-clefs qui a un impact non seulement sur lui, mais sur la société elle-même.

Il est donc étonnant que l’État n’ait pas déjà mis en place une encadrement visant a optimiser l’utilisation des ressources humaines qu’il forme à si grands frais et traite ensuite avec une désinvolture et une absence de suivi qui confine à la grossière négligence. Comment peut on supporter que nul ne prenne le chômeur ou tout assisté par la main et ne l’aide en toute priorité à reprendre sa vie active? Après la sécurit que doit garantir l’ordre public, RIEN N’EST PLUS IMPORTANT que de mettre toute le monde au travail.

Quand on pense à un accompagnement tout au long du parcours scolaire de l’individu, il faut donc y voir la première étape d’un accompagnement tout au long de sa vie de travailleur et comprendre qu’il s’agit d’une même problématique. L’enfant qui manifeste un problème durant sa première enfance sera naturellement vu par un orienteur dès que la DPJE aura décelé le problème, mais l’enfant qui n’a PAS de problèmes le sera aussi, dès la première année du primaire. L’enfant aura son orienteur payé par capitation que choisiront les parents, et qui le restera durant tout le Premier Cycle de l’éducation générale.

 Au moment du passage au Deuxième Cycle, il pourra changer d’orienteur. Etant encore mineur, ce sont encore ses parents qui y veilleront, mais il sera alors considéré normal, à ce moment de sa vie où il devient adolescent, qu’il soit tenu compte de ses propres préférences pour le choix de ce nouvel orienteur. Ce dernier, en effet, jouera un rôle décisif pour le déroulement de la vie de l’adolescent, puisque c’est lui qui l’accompagnera pour le choix crucial de sa transition vers le marché du travail et/ou une formation professionnelle pour adultes.

 

Pierre JC Allard

 

 

15-11-16

Réformes éducatives : Autodidaxie et Préceptorat

Filed under: Auteur — Pierre JC Allard @ 12:47

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 De récentes consultations publiques au Québec ont mis en lumière des propositions novatrices touchant l’éducation. Je veux attirer l’attention sur sept (7) d’entre elles dont je crois que la France pourrait aussi tirer parti . Dans un article précédent, ( http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/france-et-quebec-faire-bouger-l-186579 ) j’ai fait allusion aux trois premières : # 1) les Centres de la Petite Enfance (CPE), #2) une formation courte universelle pour rendre parents et gardiens plus compétents à guider les enfants durant la période pré-scolaire, et #3) une programmation télévisuelle à plusieurs niveaux , pour améliorer la maitrise progressive du langage.  

J’ajoute ici deux (2) autres concepts – autodidaxie et préceptorat – qu‘on a évoqués au Québec et qui me semblent porteurs. S’ils s’imposent, ils transformeront radicalement notre façon d’enseigner. En parler ici est juste un appel du pied, car ces thèmes mériteraient chacun un gros bouquin. Ceux que le sujet intéresse sont donc invités à voir les annexes-références au mémoire soumis dans le cadre de la consultation sur la réussite éducative qui a été menée au Québec. ( https://nouvellesociete.wordpress.com/2016/11/11/consultations-publiques-sur-la-reussite-educative/ ) Qu’on ne s’étonne pas d’y retrouver des éléments déjà acquis en France. Le contraire serait bien inquiétant  J.

 

#4 AUTODIDAXIE.

De toutes les prises de conscience à faire en éducation, la plus fondamentale est certes l‘acceptation que ce n’est pas l’enseignement – (qui n’est qu’un moyen parmi d’autres ) – mais l’APPRENTISSAGE qui en est la finalité qui doit être au cœur de la démarche éducative… avec la transformation concomitante de l’apprenant lui–même qu’on espère de cet apprentissage.

Quand on le comprend, on constate qu’il y a bien plus à apprendre qu’on ne peut en enseigner et que faire tous les choix pour l’éduqué est odieux, car c’est son identité qu’on façonne. On voit que RIEN n’est plus important que de rendre l’individu non seulement plus apte à apprendre, mais à apprendre SEUL, sans la médiation d’un tiers, et qu’est donc prioritaire tout ce qui lui permet un accès direct au SAVOIR.

 Comment donner efficacement accès au savoir ? Le « savoir » est la somme de ce qui est su. La somme de ce qui a été appris, compris et conservé. C’est notre patrimoine le plus précieux. Or, le savoir de l’humanité a été conservé principalement par l’écriture. Pourtant., alors que Times, en A.D 2000, a salué en Gutenberg «  l’homme le plus important du millénaire », on en est encore trop souvent à enseigner de bouche a oreille. Comme si on doutait encore que l’écriture puisse traduire fidèlement la pensée, ou que l’impression de l’écrit puisse en garantir la diffusion adéquate ! L’apprenant doit d’abord apprendre à lire, puis à apprendre en lisant… et à comprendre ce qu’il lit.   C’est çà, l’autodidaxie.

 Le rôle de l’enseignant s’en trouve radicalement transformé, car on touche alors du doigt que l’enseignant n’est PAS le créateur du savoir et qu’il n’a pas à s’en prétendre le dépositaire exclusif. Son rôle – qui est crucial, mais ne doit pas être incontournable – est d’être celui qui montre la voie. En France comme au Québec, optimiser la transmission des connaissances exige dès lors qu’on ne considère plus l’enseignant comme la source du savoir, mais comme un guide dans l’univers en expansion des connaissances.

 Attention !   Nul ne conteste que la présence physique puisse permettre un échange verbal et non-verbal qui ajoute au message transmis ; mais cet ajout n’est PAS la connaissance du contenu même du message. Or, ce contenu reste l’essentiel et sa transmission la priorité. Il est faux qu’un tiers intermédiaire soit requis pour décoder ce contenu et l’«enseigner » à un élève ; cette croyance est un vestige des temps de l’illettrisme. Si l’enseignant se veut et se rend indispensable, il est un goulot d’étranglement.

 Ce qui plus que tout étrangle le développement de l’autodidaxie, cependant, c’est que les livres de classe, les manuels, le matériel pédagogique qui pourrait aider l’apprenant à apprendre, tout est rédigé pour les copains, en un langage qui en limite la lecture aux initiés. Tout est préparé à l’usage de l’enseignant-médiateur, de sorte que la matière traitée n’est intelligible qu’à celui qui la connaît déjà. L’aspirant autodidacte n’est donc pas dans la mire ; l’éduqué n’est même pas le lecteur cible.

Il y a eu des efforts pour sortir de ce sabotage à saveur corporatiste du désir de connaître. L’enseignement programmé (programmed learning ), comme il découle de la pensée de Skinner, les avancées indiscutable de Alfred Carrard en formation professionnelle, les méthodes de l’ANIFRMO en France il y a déjà longtemps ou du TWI aux USA qui peuvent faire de l’éduqué un partenaire plus actif de son éducation. .. Mais sur ces tentatives a toujours plané la pensée orthodoxe que ce ne sont pas là des outils pours une ‘vraie éducation’, mais des pis-aller pour faire face à des crises.

 Oh, Il existe bien des manuels d’auto-enseignement, mais l’ensemble de ces manuels d’enseignement programmé, de qualité fort inégale, ne constitue en aucune manière un corpus exhaustif cohérent qui permettrait à qui le désire de procéder dans l’ordre à apprendre seul ce qu’il veut apprendre. Or, c’est de ça que nous avons besoin. Tout le savoir doit faire l’objet d’une rédaction intégrale et être présenté par modules, dans un langage intelligible à quiconque a un développement mental normal et a déjà assimilé les contenus de tous les modules qui en sont identifiés comme des pré-requis.

L’ensemble de ces modules doit former un tout congru à la somme de nos connaissances. On conçoit que la réalisation initiale de ce corpus est un travail d’envergure qu’il faudra des années pour compléter et que la mise à jour devra par la suite en être faite sans relâche, au rythme des progrès du savoir. C’est un travail énorme de re- écrire tout le savoir pour qu’il soit accessible à tous, mais on ne peut pas ne pas le faire. Ce sera le dernier et peut-être le plus important chapitre de « l’abolition des privilèges » qui a débuté un certain 4 août.

 

# 5. UNE ÉDUCATION PRECEPTORALE

 Étroitement liée à la question de l’autodidaxie, il a celle de replacer la formation magistrale traditionnelle par une formation sur mesure répondant aux besoins et désirs de chacun : une éducation préceptorale. Au départ, faisons le constat que les enfants, comme les adultes, ont des besoins et des rythmes d’apprentissage différents. Tirons en la conclusion évidente que l’enseignement magistral, qui consiste à réunir une classe d’élèves pour qu’un enseignant leur transmette oralement la même chose, de la même façon et en même temps, n’est pas une procédure optimale. Elle pourrait se justifier exceptionnellement, en période de crise, si on manquait d’enseignants, de livres et d’espace, mais il est inconcevable que cette approche soit encore aujourd’hui considérée comme la procédure “normale”.

Procuste était ce brigand de l’Antiquité qui “allongeait” ses victimes à la taille de son lit… ou les amputait de ce qui en dépassait. C’est exactement ce que fait notre système d’enseignement magistral, lequel ne transmet que son menu “prix fixe” et prétend standardiser les élèves d’une classe (au dénominateur le plus bas, c’est plus facile), espérant ainsi qu’arrivant différents ils repartiront égaux, les uns “allongés” des connaissances que quelqu’un aura choisi arbitrairement de leur imposer, les autres diminués des talents que le système ne leur aura pas reconnus. 
Il serait temps de mettre fin à ce manège et que chacun puisse faire son lit à sa propre mesure.

Ce dont nous avons besoin, c’est d’une éducation qui procure à chaque éduqué l’attention dont il a besoin et le traite comme un être humain qui a le droit d’être différent. Le devoir, en fait, d’être COMPLÉMENTAIRE. Pour y arriver, il faut remplacer la norme que constitue le cours magistral habituel par une norme personnalisée: un système où un éducateur entretient avec l’éduqué une relation unique, relation évoluant selon les besoins particuliers de l’éduqué dans le cadre des circonstances que la vie apporte à ce dernier. Ceci ne signifie pas que toute relation éducateur-éduqué doive se limiter aux deux protagonistes, mais que l’éducateur doit avoir la discrétion et les moyens matériels de rencontrer ses élèves non seulement dans le cadre contraignant du cours magistral traditionnel, mais individuellement et par sous-groupes.

Cette nouvelle approche n’exige pas qu’on augmente le nombre des enseignants; elle exige: a) que l’on redéfinisse la finalité objective du travail de l’enseignant pour qu’il assume une responsabilité et une autorité d’éducateur, et b) qu’on favorise une relation longue plutôt qu’épisodique entre l’élève et son éducateur.

Une éducation personnalisée et une répartition plus productive du temps de l’enseignant deviennent possibles, dès que celui-ci refuse le rôle auquel on l’a confiné d’un lecteur qui ânonne et rabâche des énoncés répétitifs – un rôle de médiateur entre l’apprenant et des connaissances à demi révélées dans des textes voulus hermétiques – pour assumer celui de GUIDE dont nous avons parlé

Quand il vit cette transformation, l’enseignant peut assumer les responsabilités d’un véritable éducateur et voit sa fonction de médiateur déplacée: il n’est plus là pour dire autrement ce que le texte écrit devrait déjà dire de façon compréhensible, mais pour en situer le contenu cognitif immédiat dans un contexte universel, pour déduire et induire au-delà du message formel, pour éveiller l’intérêt, l’imagination, l’initiative de l’apprenant. L’enseignant-guide devient le médiateur entre l’éduqué et les liens parfois subtils qui permettent de passer d’une connaissance particulière personalisée à la connaissance générale.

 Un point majeur du passage de l’éducation à une approche préceptorale de « sur mesure », c’est qu’il ne sera plus écrit nulle part COMMENT l’éducateur doit éduquer… puisqu’il faudrait définir autant de modèles qu’il peut exister de combinaisons entre des milliers d’enseignants et leurs millions de « guidés ».  C’’est l’éducateur lui-même qui décidera de sa façon d’enseigner en chaque cas, car s’il était possible de lui imposer une procédure stricte et de tracer le plan de ce qui doit être fait et être dit en chaque cas, l’éducateur perdrait sa raison d’être et pourrait être remplacé par une machine, ce qui n’est pas le cas.

Dans un troisième et dernier article sur une éducation en changement, je parlerai d’une docimologie objective et aussi du rôle que devra jouer un intervenant qu’on a vu souvent comme un figurant, mais qui désormais deviendra une vedette : l’orienteur.

 

Pierre JC Allard

 

 

 

11-11-16

Consultations publiques sur la réussite éducative

Filed under: Auteur — Pierre JC Allard @ 7:42

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D’abord, une lettre ouverte au Ministre….

Le ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport

 

Monsieur le Ministre

La création du Ministère de l’Éducation du Québec, le 13 mai 1964, a été peut-être le moment fort de la Révolution Tranquille. Un grand moment d’espoir, d’ambition et de confiance en soi, pour un peuple qui se croyait petit parce que mal nourri de savoir. L’éducation nous ferait grandir. Elle n’était pas que le meilleur outil vers la modernité, c’était aussi le plus beau symbole de notre avenir. On avait trouvé la porte …

Hélas, 55 ans ont passé et s’éduquer est devenu, commun, puis trivial. L’éducation – perçue comme grande pourvoyeuse de jobs mais mangeuse de budgets – a cessé d’être un défi stimulant pour apparaître comme une formalité, une charge ou un pensum. On VOIT qu’il n’y a plus de liens nécessaires entre ce que l’école enseigne et ce que le travail exige, bien peu de passerelles entre la culture qu’on peut apprendre et celle qu’on respecte… et d’énormes dissonances entre les valeurs qu’on encense et celles qu’on applique. Sans encore trop le dire, sans même en être bien consciente, la population déçue referme doucement la porte.

Or « Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée »… Si on ne renoue pas l’histoire d’amour avec l’éducation et qu’on ne la voit pas comme la porte d’entrée vers l’excellence qui justifie des sacrifices, on lui accordera de moins en moins d’attention et le Québec aura un autre destin. Il n’y a pas ici l’espace d’en débattre, mais il fallait poser le problème.

Cela dit, le champ de l’éducation est vaste. Cette consultation aborde le problème en mettant l’accent sur certaines questions. Respectant le gabarit proposé, nous n’avons commenté que les thèmes de l’Axe I. Nous nous sommes cependant prévalus de l’invitation d’y joindre des commentaires « ouverts » qui ratissent bien plus large.

Nous l’avons fait avec plaisir, mais conscients que la présente consultation ne peut se laisser distraire de ses priorités en s’engageant trop avant sur toutes les pistes de réflexion que ces commentaires pourraient laisser entrevoir. Nous n’avons donc pas cherché à faire de chacun d’eux un argumentaire; le but n’a pas été de convaincre, mais seulement de suggérer qu’on y réfléchisse.

Les courts textes que nous avons mis en référence, cependant, ne sont pas des digressions gratuites ; ils visent à « vulgariser » ce débat. Comme nous croyons qu’il devra l’être, car tout le monde devrait réfléchir à l’éducation. C’est une vulgarisation que nous avons déjà initiée, d’ailleurs, puisque plusieurs de ces textes ont déjà été publiés sur la Toile (Web), particulièrement sur les sites Les 7 du Québec, Centpapiers et Agoravox.fr où nous avons accueilli  plus de 8 000 000 de visites.

Nous croyons que cette diffusion populaire préalable de quelques idées novatrices n’aura pas été inutile pour que soient maintenant reçues plus facilement par tous les réponses et recommandations concrètes qui sortiront de cette consultation. Nous saluons votre initiative comme le signal de départ d’un vaste chantier pour repenser l’éducation auquel nous devrions tous nous sentir la responsabilité d’apporter notre pierre. Nous vous remercions de nous permettre d’y participer.

Nouvelle Société

Pierre JC Allard

 

Axe I : L’atteinte du plein potentiel de tous les élèves

« L’atteinte du plein potentiel de tous les élèves est au cœur de la mission de l’école et des services de garde éducatifs à l’enfance. Plusieurs types de stratégies et d’interventions devront être mises en œuvre au cours des prochaines années pour permettre aux élèves d’atteindre leur plein potentiel. Pour alimenter la réflexion sur ce premier axe, des questions sont soumises en fonction de quatre thèmes. »

 

Thème 1 : Une intervention dès la petite enfance

Une société ne peut se désintéresser de l’éducation de ses enfants pendant les premières années de leur vie. Elle doit, à la mesure de ses moyens et dans le respect de la mission naturelle des parents, assurer aux enfants au moins un encadrement large qui équilibre au mieux les chances de tous, protégeant les enfants des milieux défavorisés des conséquences les plus graves d’un mauvais départ. Nous proposons, pour y parvenir, quatre (4) mesures bien concrètes. ,

  1. Une DPJ qui devient DPJE.

Une Direction de Protection de la Jeunesse et de l’Enfance, présence discrète mais constante de l’État pour assurer la protection de l’enfant au sein de ce qui est parfois un milieu familial hostile ou par trop incompétent. La DPJE verra chaque enfant dans les trois (3) mois de sa naissance, puis mensuellement jusqu’à son entrée à l’école primaire. Annuellement, par la suite, ou selon la fréquence que justifiera une situation qu’elle jugera critique. Il s’agit de protéger l’enfant contre la violence, bien sûr, mais aussi contre la simple ineptie.

Il est déraisonnable, en effet, que rien ne soit fait pour remédier au plus tôt aux lacunes qu’on peut déceler chez l’enfant par un diagnostic rapide. Chaque fois que sa visite de l’enfant en suggèrera l’opportunité, la DPJE exigera une visite médicale ou la consultation d’un psychiatre ou psychologue et elle verra à ce que soient faits les suivis nécessaires.

Les problèmes de comportement et d’apprentissage de l’enfant – hyperactivité, dyslexie, etc – seront ainsi identifiés tôt, et les mesures correctives adéquates pourront être appliquées sans délai.

  1. Une Formation Parentale

On a dit que pour « former un gentleman il faut éduquer son grand-père » Le cadre culturel dont bénéficie l’enfant est un élément déterminant de son éducation; or, les parents ne sont pas tous égaux. Pour réaliser l’intégration de l’enfant dans un cadre propice à son développement – sans l’enlever à ses parents, ce qui a déjà été tenté ailleurs et regretté – il faut le pourvoir, autant que faire se peut, de parents qui aient un minimum de compétence pour l’éduquer. Si, comme c’est si souvent le cas aujourd’hui, l’enfant passe une partie significative de son temps en garderie, il convient de s’assurer que ceux qui le gardent aient aussi cette compétence minimale.

Cette compétence minimale peut être inculquée aux parents et gardiens par le biais de modules de « formation parentale » introduits au curriculum du tronc commun de l’éducation générale de niveau secondaire. Savoir éduquer ses propres enfants, n’est-ce pas, la plus essentielle des formations que l’on puisse recevoir? Ainsi, par exemple, un module de 60 heures devrait être mis en place pour enseigner aux futurs parents et gardiens les rudiments essentiels de ce qu’un éducateur compétent devrait savoir, devrait avoir comme comportement, et devrait transmettre comme apprentissage à l’enfant durant une (1) année. 60 heures de formation pour savoir comment orienter le développement d’un enfant durant une année, est-ce assez? Certainement pas; mais c’est un pas en avant. Faisons le plutôt que de tergiverser.

Sept (7) modules de 60 heures chacun pourraient « capaciter » les premiers éducateurs de l’enfant à assumer leur responsabilité envers celui-ci durant les sept (7) premières années de sa vie. On ne devrait pouvoir être reconnu comme gardien d’un enfant que si on a suivi et réussi les modules correspondant à l’âge de celui-ci. C’est une mesure de justice sociale primordiale et il n’en est pas d’autre qui puisse produire autant de résultats pour si peu d’efforts.

  1. Des mini-garderies. 

Considérant le mode de vie qui prévaut désormais dans notre société, il manque un palier dans la structure d’encadrement de nos enfants. Il faut aller au bout du concept  des Centres de la petite enfance (CPE) Entre le milieu familial et le placement en garderie traditionnelle, il devrait exister l’option de la « mini-garderie », réunissant de 1 a 8 enfants dans un local adéquat, sous la garde d’une personne majeure, saine et de bonnes mœurs dont on n’exigera que deux (2) choses : a) qu’elle ait réussi la « formation parentale » appropriée, et b) qu’elle en fasse sa seule occupation rémunérée et n’occupe donc pas un autre emploi.

Pour chaque enfant, jusqu’à un maximum de 8, dont il sera convenu qu’il assure la garde en mini-garderie, le gardien recevra de l’État un dédommagement journalier qui sera inférieur au salaire minimum, mais qui, s’il en accueille plusieurs, lui procurera un revenu d’appoint intéressant. Il faut encourager les voisins à s’entendre pour que certains qui répondent aux exigences se constituent seuls ou ensembles en mini-garderies. Rien d’ailleurs ne devrait interdire que l’un ou l’autre des parents d’un enfant, s’il a la formation parentale requise et répond aux autres exigences, puisse se déclarer comme gardien et recueillir alors le dédommagement prévu pour garder lui-même son ou ses enfants comme ceux des autres.

La mini-garderie règle la question du gardiennage de chaque jour, mais offre aussi une solution efficace à plusieurs autres problèmes:

  1. on fixe un plancher minimal de la compétence des éducateurs de première ligne et on met en place un contrôle léger de cette activité
  2. on renforce des liens de voisinage, favorisant ainsi l’éclosion de petites cellules de coopération locale, ce qui est un élément essentiel d’une meilleure société ;
  3.  c) on favorise une socialisation plus efficace de l’enfant, progressive et sans    solution de continuité;
  4. d) on permet l’affectation à cette tâche utile de ceux qui, faute d’une préparation    professionnelle adaptée aux exigences du marché ne peuvent pas trouver aujourd’hui un travail, mais ont les qualités nécessaires pour être gardiens.

L’enfant, pour assurer sa socialisation, passera progressivement à une garderie traditionnelle ayant plus de 8 enfants sous sa garde. Dès l’âge de 3 ans, l’enfant viendra à la « grande » garderie une journée par semaine, puis deux jours à 4 ans, 3 à 5 ans, quatre jours par semaine en Pré-maternelle et 5 en Maternelle.

Cette intégration progressive est non seulement bénéfique pour l’éducation de l’enfant, mais aussi créatrice de travail utile pour les parents et gardiens. Elles est aussi source d’économies substantielles pour la collectivité, puisqu’une partie significative des activités de garde de l’enfant seront alors prises en charge à un coût plus modique.

  1. La vraie « télévision éducative »

Nous donnons ici un sens spécifique restreint à cette appellation. Pour aider parents et gardiens, 7 canaux de télévision devraient être créés qui diffuseraient en permanence une programmation éducative visant respectivement les enfants de 0 ( moins de 1 an révolu), 1, 2, 3, 4, 5 et 6 ans. Une programmation dont la première caractéristique sera de PARLER.

Parler un langage grammaticalement correct. Utiliser un vocabulaire qui, selon le canal et donc le niveau choisi, aura la richesse et la diversité qui conviennent à des enfants de l’âge-cible. Rien n’interdit, au contraire, que des images soient là pour attirer et retenir l’attention de l’enfant; mais l’accent doit être mis sur le LANGAGE. Il faut que les enfants de toutes les classes sociales aient la chance d’entendre – et inconsciemment d’assimiler – la structure correcte du langage et un vocabulaire de base adéquat.

Ces canaux doivent être là, en arrière-plan, pendant que les enfants jouent et s’amusent, comme une source additionnelle d’information à laquelle chaque enfant, selon sa personnalité et son développement, prêtera plus ou moins attention, mais dont il retiendra inévitablement quelque chose.

Ces canaux devraient être toujours en marche dans une mini-garderie durant les heures de veille, sauf quand le gardien lui-même s’adresse en groupe aux enfants. Il serait souhaitable que les parents acceptent de les garder aussi en marche à la maison le plus souvent possible, ayant l’humilité d’accepter que le modèle d’expression que proposeront ces canaux aura pour résultat de procurer à leurs enfants une compétence au niveau du langage que la majorité des parents ne peuvent transmettre parce qu’ils en ont été eux-mêmes privés.

Thème 2 : Une réponse adaptée aux élèves ayant des besoins particuliers

L’école moderne, voulue universelle et démocratique, s’est bâtie au XIXe siècle sur la prémisse parfois implicite que tous les élèves sont égaux… ou presque. La société a donc voulu veiller à ce que tous y maitrisent un tronc commun de valeurs, de culture et de connaissances qu’elle a défini et qu’elle juge indispensable. Si certains n’y arrivent pas sans aide – s’ils sont par exemple affectés d’un handicap ou d’une déficience – ils sont dits « inadaptés » et la société se sent le devoir moral de leur fournir des conditions d’apprentissage qui répondent à leur condition et leur permettent d’y parvenir.   Ils ont des ‘besoins particuliers’. Comment satisfaire ces besoins particuliers?

La solution traditionnelle a été de chercher, soit à adapter le déficient ou l’handicapé aux conditions d’un programme fait pour tous – comme la victime sur le lit de Procuste – soit, au contraire, à adapter à sa condition certaines variables de ce programme. En ce dernier cas, s’ils sont nombreux à partager certains mêmes besoins, la façon la plus efficace de le faire est de regrouper les inadaptés en sous-ensembles quasi-homogènes, selon leurs similitudes et donc la nature de leurs besoins. On peut alors créer des programmes ad hoc pour chaque groupe, lequel aura sa clientèle, son contenu, sa pédagogie, ses outils didactiques appropriés… et, idéalement, sera géré de façon autonome.

Problème résolu ? Pas tout à fait. Car après le Rapport Robbins de 1963, avec l’explosion des connaissances et de la demande « push » et « pull » pour plus d’éducation, on en est arrivé, en Grande Bretagne d’abord puis un peu partout, à une nouvelle compréhension des choses. Voyant que les individus entrent à l’école inégaux et différents, on a souhaité qu’ils en sortent, autant que possible : a) plus ÉGAUX, enrichis d’un « tronc commun » de valeurs et de culture qui les souderait en UNE société cohérente, mais, aussi, b) enrichis de connaissances et de compétences diverses qui ne les rendraient pas similaires, mais COMPLÉMENTAIRES…. Et donc, encore plus dissemblables !

Avec ce double but, l’éducation est devenue bipolaire. Avec un consensus social bien affirmé pour l’égalité citoyenne que doit exprimer ce tronc commun de valeurs et de culture, mais un consensus aussi pour que, sur le plan professionnel, les apprenants divergent et se distinguent au plus tôt, afin de favoriser l’universelle complémentarité qui est la voie vers l’enrichissement collectif. Un équilibre à trouver, mais avec la primauté accordée au matériel et à l’économique, l’aspect professionnel a vite couvert la quasi-totalité du cursus pratique et c’est la complémentarité qui a prévalu. L’éducation comme apport social, introduite pour que les gens se rassemblent et se ressemblent, est donc devenue la plus active des forces de différentiation.

Dans ce contexte de sélectivité et de primauté à l’expertise, on s’applique encore à exfiltrer de la cohorte les malvoyants, malentendants et autres handicapés bien ostensibles pour leur offrir un traitement spécial, mais cette opération encore nécessaire n’est plus la seule. Il faut donner un autre sens à la volonté de répondre aux « besoins particuliers ». Il ne s’agit plus seulement de compenser des déficiences pour adapter les marginaux à des normes, mais de ‘CLASSER’, si on peut dire, TOUS les individus de TOUTE une population, pour offrir à chacun le programme le mieux adapté à ses spécificités positives, à ses buts et intérêts… et aux besoins de la société

     TOUS les élèves ont désormais des « besoins particuliers ». Ce sont les besoins particuliers qui sont devenus la norme. Chaque individu étant différent et devant viser a développer une complémentarité aux autres, il ne peut y avoir de formation efficace et adaptée à ses besoins que si elle est un agencement de connaissances sui generis. On l’a compris, mais on recule encore devant la conclusion incontournable qu’à chaque apprenant doit correspondre un programme « sur mesure » et que l’éducation comme nous la dispensons encore est devenue un rituel sans pertinence dont il faut changer les bases et les principes et surtout le rapport du normé à l’exceptionnel.

L’éducation doit devenir un buffet ouvert de toutes les connaissances accumulées de l’humanité, à partir duquel on compose autant de menus qu’il y a de convives. Chaque « menu » est un agencement unique de connaissances, répondant au « besoin particulier » de l’apprenant … qui doit être de répondre à un besoin particulier de la société ! Ce qui est commun à tous est essentiel, bien sûr, mais n’exige plus qu’une part relativement modeste et décroissante des efforts d’éducation. C’est le discriminant, le distinctif qui est le défi à relever. Il faut donc autant de programmes qu’il y a d’apprenants. Il n’y a plus que des « juments vertes » dans le pré, et il n’y a qu’elles qui intéressent beaucoup, car on prévoit qu’un jour il en faudra de toutes les couleurs… et peut-être pas deux tout a fait de la même teinte…

Aucun expert ne conteste cette évolution. Ce qui est objet de débats, c’est la logistique et l’échéancier de cette transformation vers un universel « sur mesure », son coût comme élément des investissements et dépenses de l’État et, surtout, la stratégie pour informer la population en général, les syndicats et les enseignants que les contenus éducatifs, la pédagogie, la docimologie et la structure d’encadrement de l’éducation sont à revoir entièrement. Les implications politiques sont évidentes. Il va falloir sacrifier beaucoup de notions désuètes, faire une hécatombe de vaches sacrées… Nous croyons suffisant d’en indiquer quelques exemples, car il y a tant à dire… Le système en est plein.

  1. Quand on veut une éducation sur mesure, la première vache sacrée à abattre est la notion que l’enseignement est au coeur du processus d’éducation. Au cœur de l’éducation il y a l’apprentissage. Enseigner n’est que le moyen – un des moyens – vers le but qui est d’apprendre. Le but est la transformation de l’apprenant lui-même par l’acquisition du savoir. Il faut donc accepter et privilégier l’AUTODIDAXIE.   Rien n’est plus important que de rendre l’individu plus apte à apprendre, et à apprendre seul sans la médiation d’un tiers. Est donc prioritaire tout ce qui permet un accès direct au SAVOIR. L’enseignant n’est PAS la source de la connaissance et il n’a pas à s’en prétendre le dépositaire exclusif. Son rôle – qui est crucial, mais ne doit pas être incontournable – est d’être un guide pour des apprenants dans l’univers en expansion des connaissances. Si l’enseignant se veut et se rend indispensable, il est un goulot d’étranglement.
  1. Le « savoir » est la somme de ce qui est su La somme de ce qui a été connu, appris, compris et conservé. C’est notre patrimoine le plus précieux. Le savoir de l’humanité qui a été conservé l’a été principalement par l’écriture. L’apprenant doit donc d’abord apprendre à lire, puis à apprendre en lisant… et à comprendre ce qu’il lit. La notion implicite que l’écriture ne puisse pas traduire fidèlement la pensée – et qu’un intermédiaire soit requis pour verbaliser le message et ainsi « enseigner » à un élève qui écoute – est une sottise; un vestige des temps de l’illettrisme. Réunir des élèves à plusieurs, non pas pour qu’ils échangent, mais pour qu’ils écoutent et apprennent ensemble… est encore plus bête. Le COURS MAGISTRAL est une aberration dont le défaut majeur est naturellement le nivellement par le bas, puisqu’il oblige à fixer les temps d’enseignement au niveau qui convient à l’élève le plus lent. Mais la dévotion à cette vache sacrée a aussi permis à celle-ci de vêler d’autres bêtises…
  1. a) La notion que les manuels scolaires et autres écrits pertinents peuvent (doivent?) être inaccessibles à ceux qui veulent apprendre et qui souhaiteraient les lire et les comprendre. Le plus souvent, ils sont écrits dans un langage abstrus et pédant qui en réserve la lecture aux enseignants et initiés. C’est le sabotage voulu de l’autodidaxie, sacrifiée ainsi aux corporatismes
  2. b) La notion que l’enseignement programmé (programmed learning ) comme il découle de la pensée de Skinner, les avancées indiscutable de Alfred Carrard en formation professionnelle, les méthodes de l’ANIFRMO en France ou du TWI aux USA qui peuvent faire de l’éduqué un partenaire plus actif de son éducation ne sont pas une ‘vraie éducation’, mais des pis-aller pour faire face à des crises.

Rien ne peut justifier cette approche; l’économie des ressources éducatives n’est pas une excuse raisonnable. L’enseignement magistral peut et doit être remplacé par un enseignement « préceptoral » qui permette à un enseignant de répondre, si nécessaire, aux besoins variés de plusieurs élèves.

Thème 3 : Un accompagnement tout au long du parcours scolaire

      Il est bon de mettre cette question dans son contexte large. La vie moderne en société impose à chacun une multitude de décisions dont la fréquence, la multiplicité, la complexité et la diversité sont telles qu’il n’a pas la compétence de les prendre. Ces décisions vont de l’achat trivial de tout bien de consommation, à celle VITALE d’accepter une chimiothérapie. En toute matière qui exige une expertise – et quelle démarche n’en exige vraiment aucune ! – le profane qu’est la plupart du temps chacun de nous est si démuni, face au professionnel, qu’on doit douter qu’il puisse donner un consentement éclairé à quoi que ce soit qui lui soit proposé dans le cours de ses démarches courantes.

Depuis toujours on a accepté cette arnaque ininterrompue. « Que celui qui achète prenne garde ! » (Caveat emptor) – disait déjà la Droit Romain… Mais ne peut-on pas penser que l’un des aspects de l’évolution de la société par l’éducation soit justement – puisqu’il est impossible de faire de tous des experts en tout – de faire bénéficier peu à peu chacun de l’assistance d’autant de conseillers-experts divers qu’il en faudra pour le protéger de ces arnaques et même pour les prévenir ?

Devenant un spécialiste, chacun devient plus dépendant d’autres spécialistes, et lui assurer la disponibilité de ceux-ci devrait devenir une grande mission de l’État. Chacun devrait déjà avoir son médecin de famille et, par celui-ci, un accès efficace à toutes les ressources médicales, mais ce n’est qu’un premier pas timide dans cette voie d’un accès universel à l’expertise. Il faudra vite que chacun ait son dentiste, son ophtalmo, chaque femme son gynécologue et chaque enfant dont pédiatre etc.,

Ceux-là et bien d’autres fournisseurs de services seront payés par l’État et rémunérés par capitation. Cette tendance est irréversible, car elle est la seule façon de baliser une croissance illimitée de la richesse de la société en orientant la consommation vers les services utiles, en gérant intelligemment les ressource et en maintenant une certaine justice sociale, plutôt que de la voir dilapidée en gadgets insignifiants et en réalisations privées somptuaires pour les seuls bien nantis.

Le grand mérite du paiement par capitation est qu’il laisse à la collectivité, représentée par l’État, le pouvoir efficace de répartir richesse et travail selon les priorités sociales, mais sans enlever à l’individu son droit de choisir son fournisseur et d’en change, ni donc supprimer la pression que doit exercer sur le fournisseur le lien étroit qui devrait toujours exister entre sa rémunération et la satisfaction de son client.

Il n’y a pas que les ressources médicales dont il faudra offrir les services payés par capitation, mais bien d’autres, dont les juristes et les orientateurs scolaires et professionnels (« conseillers en orientation ») qui devraient accompagner chaque individu durant toute sa vie active. Le choix que fait chacun d’une occupation – métier ou carrière – est sans doute LA décision économique la plus importante de sa vie Son insertion sur le marché du travail est un moment unique, que poursuivra une séquence de décisions-clef qui a un impact non seulement sur lui, mais sur la société elle-même.

Il est étonnant que l’État n’ait pas déjà mis en place une encadrement visant a optimiser l’utilisation des ressources humaines qu’il forme à si grands frais et traite ensuite avec une désinvolture et une absence de suivi qui confine à la grossière négligence. Comment peut on supporter que nul ne prenne le chômeur par la main et ne l’aide en toute priorité à reprendre sa vie active ? Après la sécurit que doit garantir l’ordre public, RIEN N’EST PLUS IMPORTANT que de mettre toute le monde au travail.

Quand on pense à un accompagnement tout au long du parcours scolaire de l’individu, il faut donc y voir la première étape d’un accompagnement tout au long de sa vie de travailleur et comprendre qu’il s’agit d’une même problématique. L’enfant qui manifeste un problème durant sa première enfance sera naturellement vu par un orientateur dès que la DPJE aura décelé le problème – (cf Thème 1, supra) – mais l’enfant qui n’a PAS de problèmes le sera aussi, dès la première année du primaire. L’enfant aura son orientateur payé par capitation que choisiront les parents, et qui le restera durant tout le Premier Cycle de l’éducation générale.

Au moment du passage au Deuxième Cycle, il pourra changer d’orientateur. Etant encore mineur, ce sont encore ses parents qui y veilleront, mais il sera alors considéré normal, à ce moment de sa vie où il devient adolescent, qu’il soit tenu compte de ses propres préférences pour le choix de ce nouvel orientateur. Ce dernier, en effet, jouera un rôle décisif pour le déroulement de la vie de l’adolescent, puisque c’est lui qui l’accompagnera pour le choix crucial de sa transition vers le travail et/ou une formation professionnelle.

Thème 4 : La qualité de l’enseignement et des pratiques pédagogiques

On peut donner à cette question une interprétation pointue et y voir un appel à préciser la problématique de la docimologie qui sera appliquée dans le système d’éducation du Québec. Mettant à profit sa formulation, nous choisissons d’y voir plutôt une invitation à distinguer ici entre une « qualité de l’enseignement » – s’évaluant à la mesure du succès du changement apporté chez ceux qui le reçoivent – et une « qualité des pratiques pédagogiques » qui chercherait à mesurer l’efficacité des méthodes utilisées pour dispenser cet enseignement. On peut juger cette distinction arbitraire ou même spécieuse; mais, si on l’accepte, elle peut faciliter une meilleure compréhension des raisons qui justifient une répartition plus claire des tâches entre deux (2) types d’intervenants en éducation.

Il semble utile, en effet, de distinguer en éducation entre, d’une part, ceux qui interviennent directement auprès de l’apprenant pour lui transmettre un contenu cognitif, ou de toute autre manière le transformer (éduquer) dans le cadre d’une relation humaine interpersonnelle immédiate et, d’autre part, ceux qui contribuent à la définition de ces contenus cognitifs et de tous les autres paramètres qui ne sont pas directement lié à cette relation interpersonnelle pour fin d’enseignement. On peut dire des premiers qu’ils sont les seuls vrais enseignants, des pédagogues « pratiquants », et que c’est à leur seule action que doit se mesurer la « qualité des pratiques pédagogiques » ainsi que la pertinence des modes opératoires de transmission des connaissances et compétences que chacun d’eux utilise.

La « qualité de l’enseignement », elle, ne dépend pas que des seuls enseignants, encore moins de l’un ou l’autre d’entre eux, mais de l’activité aussi de tous les intervenants. Elle doit être évaluée aussi, bien sûr, mais elle ne peut l’être qu’au vu de ses résultats et il ne faut pas tomber dans le piège d’y chercher un outil pour évaluer des performances individuelles, alors qu’il s’agit de toute évidence d’une réalisation collective. On évite bien des malentendus si on ne l’oublie pas. De cette distinction entre enseignants et tous les « éducationnalistes », on peut tirer bien plus que des pratiques docimologiques; on peut en déduire une nouvelle structure du système d’éducation.

Que proposons-nous ?

Que le Ministère définisse ses objectifs, ses programmes par « modules » dont les objectifs de chacun soient précis et quantifiables, ainsi que les tests, examens et critères permettant de juger de l’atteinte de leurs objectifs. Qu’il assure la logistique de ces tests et examens et en confirme la réussite, de même que la diplomation éventuelle par programmes. Planification, administration, logistique, moyens didactiques et docimologie doivent être la responsabilité du Ministère, directement ou via ses instances régionales et locales. Le Ministère ni ses émanations, toutefois, n’ont à intervenir dans le processus d’enseignement lui-même : ILS L’ENCADRENT. Enseigner – la pédagogie, au sens le plus large est l’affaire de l’enseignant. C’est lui, l’expert

Comme le capitaine d’antan sur son navire, l’enseignant qui entre dans sa classe doit y être « Maître après Dieu ». On lui donne un objectif d’enseignement global, mais, sous réserve du respect des bonnes moeurs, comment il y parvient et comment il enseigne ne regarde que lui. Il n’a pas à appliquer une discipline, mais il en décide et elle le sera selon ses directives. Il sera évalué selon sa performance qui sera naturellement évaluée en grande partie à l’aune du succès de ses élèves, mais ce succès sera apprécié au vu des attentes raisonnables et des objectifs concrets réalistes fixés à l’élève après consultation de son orientateur (cf thème 3 supra.). Chaque élève est une PERSONNE. Sa formation est faite pour lui. Son apprentissage est essentiellement autodidactique et l’enseignant n’est pas seulement son guide dans l’univers des connaissances, mais aussi son médiateur auprès de toutes les autres ressources du système d’éducation.

Quand on choisit cette approche « sur mesure », où la relation apprenant-enseignant devient l’axe autour duquel tout le reste tourne, il n’est pas question de remettre l’élève entre les mains d’une cohorte de spécialistes en diverses matières – parfois une douzaine en une seule année ! – qui ignoreront même son nom. L’apprenant ne doit avoir qu’un seul enseignant (Mentor) pour la durée de son éducation de niveau primaire ( Cycle général 1) et à un seul (Précepteur) pour celle de son éducation secondaire ( Cycle général 2).

La façon normale de procéder doit être que l’élève étudie les modules qui constituent son programme, simultanément ou en séquence, seul ou en équipe, suivant les conseils de l’enseignant. C’est l’enseignant qui assure l’évaluation formative de son apprentissage. Quand l’élève croit avoir maitrisé le contenu d’un module, il peut demander à passer un « pre-test » en reflétant le conten. Quand il le réussit à la satisfaction de l’enseignant, ce dernier peut l’inscrire à l’examen formel qui permettra à l’élève d’obtenir l’attestation qui fera la preuve qu’il a bien appris et compris le contenu de ce module.

L’examen formel pour chaque module vise à être pratiquement exhaustif « en compréhension » du contenu du module dont il atteste la connaissance. Ces examens sont tenus mensuellement sur une base régionale, sous l’autorité du Ministère. La somme des attestations qu’il a reçues fait foi des connaissance acquises de l’apprenant. On comprend qu’en ramenant toute évaluation à un contrôle de connaissances objectives, on escamote volontairement tout jugement qualitatif péremptoire, y substituant un choix d’alternatives. Nous pensons que c’est bien avec cette impartiale rigueur qu’une société doit évaluer son système d’éducation et ses pratiques pédagogiques

Recommandations (AXE I)

        Durant la petite enfance, nous recommandons que l’enfant bénéficie: a) – d’un encadrement plus vigilant par l’État (DPJE), pour éviter les inepties et les horreurs de la violence dont les enfants sont trop souvent victimes au foyer et pour permettre de remédier aux lacunes de l’enfant avant qu’il ne soit trop tard;

b) – d’une attention plus grande et d’un premier « coaching » plus compétent en mini-garderie, de la part de ses propres parents ou de voisins proches ayant reçu une formation parentale et étant eux-mêmes assistés de canaux de télévision éducative créés à cette fin.

Nous croyons que TOUS les apprenants ont des ‘besoins particuliers » et que pour y répondre adéquatement il faut privilégier l’autodidaxie, renoncer aux cours magistraux, adopter une approche qui donne à chaque élève – intégré à un groupe permanent – un programme sur mesure… et un seul enseignant (mentor, au Primaire, précepteur au Secondaire.

Nous recommandons que l’orientateur, scolaire ou professionnel, (conseiller en orientation), soit considéré comme une ressource sociale essentielle, au même titre que le médecin et que chacun ait donc le sien, rémunéré par l’État par capitation. Il travaille avec l’enseignant au succès de l’apprenant visant a réaliser son potentiel, et aide ensuite le travailleur dans ses choix de carrière.

Nous recommandons que toute l’éducation soit définie en termes de « modules », ‘valant’ chacun pour fins d’évaluation un nombre d’heures normé de formation, et que toute évaluation soit faite et toutes attestations et tous diplômes accordés par l’État, par modules, suite a des examens visant a une connaissance exhaustive du contenu dudit module.

Evidemment, c’est une affaire à suivre…

Pierre JC Allard

ANNEXES:

https://nouvellesociete.wordpress.com/2014/02/10/education-formation-et-culture/

 

20-06-16

USA Un troisième homme

Filed under: Auteur — Pierre JC Allard @ 10:12

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Le mardi 14 juin a marqué la fin des primaries aux USA, cette longue consultation qui permet traditionnellement de définir les deux (2) programmes – blanc-bonnet et bonnet blanc – entre lesquels on demandera en novembre aux Américains de choisir pour désigner leur Président. Un président connu aussi comme le « leader de l’Occident » ou, plus abusivement, encore comme le « leader du Monde libre ».

Habituellement, à la fin des primaries, on sait déjà ce que sera la politique américaine domestique et internationale du quadriennat qui va commencer et on connaît bien la tronche des (2) deux prétendants à l’appliquer. On a alors aussi appris ad nauseam, par les médias, à corriger laquelle de ses grandes tares sociales l’Amérique moralisatrice entend accorder pour un temps la priorité. Ainsi, en 2008, pour lutter contre racisme, on a eu l’avènement du séduisant et séducteur bronzé Obama, et on prévoit maintenant, en 2016, celui de la futées Hilary présentée en Messaline pour démolir tout à fait le mythe sexiste si peu crédible que la femme qui gouverne ne serait pas l’égale de l’homme en duplicité.

La tradition veut aussi, qu’après les primaries et l’onction des deux conventions partisanes, on entre dans la quiétude des vacances d’été et que, les grandes questions réglées, la campagne électorale devienne un concours de beauté. On devrait se borner, jusqu’en septembre, à peaufiner le discours politique pour que le peuple se reconnaisse dans les deux versions que le pouvoir lui en propose, et puisse se rallier à l’une ou l’autre à l’automne par la plus mince des marges, faisant ainsi la preuve du consensus qui les sous-tend et qui est la clef de voute de la grandeur des USA. 

Le problème, c’est que cette année il semble que rien ne va plus. Le concours de beauté à des airs de foire aux monstres, alors que les deux (2) candidats battent des records historiques d’impopularité.

Trump, à qui il semble qu’on ait donné pour mission de briser les tabous et d’être celui qui rabat le gibier vers les chasseurs, a si consciencieusement joué son rôle et testé les limites de la crédulité et de la patience populaire en insultant tout le monde, qu’il semble maintenant TRES difficile de détacher de Trump ses supporters et de les ramener dans le giron de la bien-pensance, la veille ou même le lendemain des élections… ce qui est gênant, car après la bataille aux USA il est prévu qu’on se donne la main…. Pas cette fois.

Une grande catharsis ça soulage, mais on a découvert que la rogne contre les dirigeants politiques cette année est si vive, qu’il serait possible que subsiste aux USA, après l’élection de novembre, un groupe permanent de 25 à 30 % d’opposants au Système, ce qui serait du jamais vu depuis la Reconstruction qui a suivi la la Guerre de Sécession ! Trump va-t-il réussir à se rendre SUFFISAMENT haïssable pour que ce danger s’écarte, ou devra-t-on l’accepter ?

Et il y a Hillary … Elle semblait avoir le rôle de l’Ointe du Seigneur – mais elle s’est avérée, elle aussi, bien difficile à vendre au peuple, rattrapée par ses erreurs et ses magouilles, mais aussi – sans qu’on le dise, bien sûr – par un vieux puritanisme biblique latent chez une minorité non négligeable des Américains qui ne CROIENT simplement pas qu’il soit raisonnable de mettre une femme en symbole de l’autorité, alors qu’on on sait bien que Dieu est un homme, n’est-ce pas ? 55% des électeurs ne veulent pas d’Hillary 

Non à Trump, non à Hillary… Tout se passe comme si on voulait discréditer la démocratie bipartisane à l’américaine, laquelle pourtant n’est sans doute pas démocratique, mais fonctionne à merveille. Pourquoi ? À quoi joue la caste dirigeante des USA ? Car peut-on imaginer un instant que cette situation n’ait pas été voulue ? Peut-on penser que des forces aveugles et le seul caprice des citoyens aient créé cette situation, une impasse qui semble imposer une solution inédite ? Et si une telle solution prévaut, quelle serait cette solution ? Pourquoi, était-elle nécessaire ? Et comment l’aurait-on rendue incontournable ?

La solution vers laquelle le pays semble se diriger en tapinois est celle d’un troisième candidat Pas un troisième parti, car comment insérer un troisième parti dans une société où presque toutes les fonctions importantes sont électives et où toutes les élections sont organisées à partir de structures qui sont de simples machines à faire élire et qui reprennent toutes, à divers niveaux, le même clivage Démocrates-Républicains … ? Pas un troisième parti, donc, mais un candidat indépendant qui réponde au besoin d’une trêve ponctuelle dans le bipartisme.

Pourquoi faudrait-il une trève dans le bipartisme aux USA ? Parce que l’importance de ces élections est telle, que ni les Démocrates ni les Républicains ne peuvent les perdre sans que ne soit compromise pour longtemps et peut-être sans retour l’alternance politique derrière laquelle se dissimule le vrai Pouvoir. Rien d’étonnant, donc, à ce que ce dernier souhaite leur éviter une défaite cinglante. Pour comprendre l’importance inouïe de ces élections, il faut bien comprendre (3) trois choses.

  1. D’abord, cette singularité des USA que, non seulement une large part des juges y sont élus, mais que même ceux des juridictions fédérales et qui ne le sont pas sont nommés ostensiblement au su de leurs orientations idéologiques clairement énoncées. Un juge n’est pas admiré seulement pour son impartialité quant aux faits, mais aussi – surtout – pour sa loyauté à une certaine vision du monde « progressiste » ou « conservatrice »… et pour l’habileté avec laquelle il mettra son « impartialité » au service de cette vision. 
  2. Ensuite, interprétant la loi avec une large discrétion, ce sont les juges qui façonnent le quotidien de la société américaine. C’est le judiciaire qui est le plus important des « trois pouvoirs » car, au faîte de la pyramide, c’est ce que dicte une majorité des 9 juges de la Cour Suprême qui finalement décide légitimement de ce que sont et deviendront les USA. Le Pouvoir financier fera tout pour maintenir cette légitimité qui est sa justification pour tout le reste… incluant la justice (injustice) sociale
  3. Enfin, le Destin – on ne veut pas penser que ce soit autre choses – a voulu que le décès soudain d’un juge de la Cour Suprême y crée une vacance que le prochain Président avec l’appui du Senat pourrait combler à sa guise, orientant ainsi vers la Gauche ou la Droite, en un temps où des décisions cruciales devront être prises. Des décisions émotives qui, en pratique, ne pourront plus par la suite être inversées, et détermineront donc pour avenir quelle sera la ‘vision du monde’ de l’Amérique.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Syst&egrave ;me_judiciaire_f&eacute ;d&eacute ;ral_am&eacute ;ricain

Le parti qui gagnerait pleinement – (Présidence, Congrès, Sénat) – les prochaines élections américaines pourrait effectuer de tels bouleversements, via une Cour Suprême à ses ordres, que son adversaire ne s’en remettrait pas et qu’un réalignement de tout le système politique des USA serait incontournable. Si c’est ce que veut la caste qui domine les USA, les choses sont bien engagées et l’un des partis traditionnels disparaitra pour laisses la place à un nouveau et déplacer le centre de gravité vers la Gauche ou la Droite.

Je suis pas convaincu, cependant, que le Système veuille un changement aussi radical, et c’est pourquoi je pense à une trêve dans le bipartisme, un troisième candidat, un Président « indépendant », arbitrant les initiatives des (2) deux partis traditionnels dont aucun n’aurait eu à survivre l’humiliation de la victoire totale de l’autre, ce qui leur permettrait a l’un comme a l’autre de se régénérer et de regagner la confiance du peuple qu’ils ont si évidemment perdue. Le providentiel indépendant serait là pour 4 ans….

Si c’est à ça que joue l’oligarchie, reste à trouver l’homme au dessus des partis qui gèrera la trêve. Si on cherche un ré-équilibrage à tendance progressiste, Sanders, déjà formellement évincé, mais gagnant de tous les sondages, serait l’homme tout trouvé. Si on veut faire un pas vers la Droite, Trump – qui pourrait être évincé lui aussi, à la convention républicaine, si on tolère quelques dédits – pourrait alors, à la seule condition de polir une peu son jeu, offrir une option de candidature indépendante.

Et si on allait plus loin, dans cette hypothèse de l’oligarchie suscitant un troisième candidat pour mettre la Maison Blanche hors-concours pour un terme en gardant Ânes et Éléphants du Senat et du Congrès indemnes de leurs ruades intempestives réciproques le temps qu’ils retrouvent leur bon sens ? Il y a une multitude de « génies » et de « héros » encore mal connus que le Système pourrait mener à la Présidence comme indépendants, en appelant les médias à l’aide et en y mettant le prix qu’il faut.… Politique fiction ; mais les conventions pourraient apporter des surprises.

 

Pierre JC Allard

 

05-05-16

JOHN KASIK – USA. Le charme discret d’un embourgeoisé

Filed under: Auteur — Pierre JC Allard @ 7:15

 

 

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Rassurez vous, je n’imposerai pas ici aux lecteurs des allusions contorsionnées aux similitudes entre le fameux film de Bunuel et les rocambolesques rebondissements de la campagne présidentielles de 2016 aux USA ; il y a plus important à dire. Je crois, cependant, que ceux qui se donneront la peine d’en chercher passeront un bon moment…. :-))

Cela dit, le retrait de Tom Cruise – qui a été accueilli et annoncé hier comme une voie royale vers la consécration de Trump à l’investiture du Parti Républicain (GOP) – pourrait bien, au contraire, s’avérer comme la flèche du Parthe de l’Establishment pour en finir avec la révolte des culs-terreux qui ont contesté la mainmise de élites politiques sur le processus électoral.

En effet, le triomphe bien médiatisé de Trump, qui apparaît comme une victoire éclatante de la grogne populaire contre les manigances des leaders du GOP, n’est pas du tout assuré….

Ici, un petit mot d’explication.

La nomination formelle du candidat républicains requiert une majorité absolue des délégués à la convention. Si cette majorité n’est pas acquise, on reprend le vote, jusqu’à ce qu’elle le soit, après deux… ou une multitude de scrutins…. Facile, mais il y a un bémol… Les délégués ne sont commis a soutenir les candidat désignés par le vote populaire de l’État qui les a mandatés que pour le PREMIER TOUR DE SCRUTIN. Après ils suivent leur propre jugement.

On comprend donc que la démocratie cesse avec ce premier tour…. Et que la suite ressemble plutôt aux enchères par lesquelles la Garde Prétorienne de la Rome décadente décidait de conférer la pourpre impériale au plus offrant….

Pour ceux qui veulent jouer, le premier tour est simplement une dure étape à passer. Pas si difficile, car avec le contrôle absolu des medias dont dispose le Système, il est donc non seulement possible, mais FACILE, qu’un autre candidat, en face-a face avec Trump, puisse obtenir assez de délégués dans les neuf (9) primaires restantes pour priver ce dernier de la nomination au premier tour…. et que celle-ci soit ensuite accordée à qui l’on veut. Il suffit que le Système le veuille…

Que veut le Systeme ? Il fallait une grande catharsis, libératoire de la hargne accumulée, pour que la démocratie ne soit pas remise en cause. La victoire de Trump contre Cruise a satisfait à cette exigence. Mais, une fois la purge réussie, le peuple américain veut-il vraiment sa rallier à un Trump qui s’est mis mal avec toutes les minorités ? Un Trump qui a proféré toutes les énormités requises pour qu’on comprenne bien que le peuple peut vraiment faire tout ce qu’il veut… ?.

Il fallait ABSOLUMENT que ce soit le peuple qui décide. Mais maintenant que c’est affaire règlée et que le peuple républicain sait quon l’écoute, est-ce que ce peuple ne se laisserait pas détourner de Trump, pour tomber sous le charme d’un héros plus facile à gérer ?

Le charme discret d’un Monsieur bien sous tous rapports, poli, aimé de tous, parfaitement embourgeoisé à la rectitude morale et politique de l’Amérique profonde, Gouverneur d’un État typique comme l’Ohio, avec de l’expérience à revendre et dont les sondages disent qu’il gagnerait contre TOUS les prétendants Démocrates ?

On vient de créer et de faire accepter en quelques mois aux Américains le « monstre-Golem » Trump. Ne pourrait-on pas, dans les mois avant novembre, y surimposer dans la psyché américaine une image d’Épinal comme celle du bon pere de famille Kasich ? Une intéressante expérience à tenter.

Ce qui incite a penser qu’on pourrait y songer, c’est la discrétion avec laquelle les medias aujourd’hui abordent l’hypothèse Kasik… On sonde présentement la population américaine. Ensuite, il y aura quelques ballons d’essais,….puis on décidera de la marche à suivre pour conclure le dossier « Contestation de l’Establishment », lequel est le plus important de ces Élections 2016. Kasyk ou Trump sera l’option retenue, selon que la population aura exprimé sa préférence pour l’un ou l’autre, sa préférence pour des transformation lentes ou, au contraire, pour des changements radicaux en accéléré.

On veut faire plaisir au peuple…. et de toute façon rien de vital ne changera pour la Pouvoir. Seulement la maniere….

Pour les Américains ordinaires et pour nous, toutefois, il y aura quelques conséquences

Si Kasich est choisi comme candidat républicain, il devrait normalement vaincre les Démocrates sans difficultés en novembre et on peut penser que l’on vivra aux USA une période de paix. Paix sociale à l’intérieur et isolationnisme tolérant à l’international. Si c’est Trump, le suspense demeure, mais tout indique que c’est Hillary Clinton qui alors deviendra Présidente… et les USA continueront une politique interventionniste…. Avec les risques qui en découlent

Il faut aussi se demander l’impact qu’aura ce choix sur l’évolution du second des « grands dossiers » en discussion cette année, celui qui consiste à mettre ou non l’accent sur une redistribution significative de la richesse, en introduisant les propositions de Sanders pour la santé et l’éducation gratuite.

On sait bien qu’il faudra tôt ou tard la faire, cette redistribution, car on ne pourra pas longtemps maintenir une croissance réelle aux USA sans remettre un peu de pouvoir d’achat aux consommateurs ordinaires. La question qui se pose n’est donc que la priorité qu’on y accorde. Doit on le faire toute de suite… ou attendre ? Chaque vote pour Sanders, maintenant que la victoire de Hillary semble acquise, pousse seulement à le faire sans délai…. Ce sont les résultats des primaires en Californie qui vont, plus que tout autre facteur, déterminer ici la suite des événements.

l reste queslques inconnues…. Que se passerait-il si, contre toute probabilité, Trump était bien le candidat républicain et semblait devoir etre élu ?  Pour l’instant, je n’ai pas d’opinion sur cette hypothèse qui me semble peu plausible…. Mais il faut suivre avec attention : c’est parce que le Pouvoir pense à ce que nous ne prévoyons pas qu’il reste le Pouvoir.

Si on avait un Président Trump, je crois qu’il faudrait alors s’interroger sur le plan que le Pouvoir a en tête…. car je ne crois bas aux ‘bavures ». Il y a aussi d’autres questions qui demeurent en suspens. Patience. Il reste encore 6 mois pour y penser… et la « démocratie-sondage  » des USA suit son cours

 

Pierre JC Allard

 

28-03-16

Trump et le Démon de Midi de l’Amérique

Filed under: Auteur — Pierre JC Allard @ 2:41

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Oubliez Paul Bourget, Savignan et les quinquagénaires en rut. On ne parle pas de ça ; le Démon de Midi qui frappe sous la ceinture est un diablotin qui manque de hauteur car, depuis l’Eden, on sait bien que c’est dans la tête que ca se passe. Le péché mortel n’est pas de faire porter des cornes, mais de se prendre pour un Dieu. C’est ça qui rend bête et méchant.

Tenez, voyez ce qui fait vibrer – un euphémisme – Oncle Sam qui est à vivre son retour d’âge. Le fric ? Mais non, voyons, on en imprime comme on veut ! Le bonheur ? On n’en parle même pas ! Bon pour les Bhoutanais ! Ce qui excite vraiment les Américains, c’est un discours sur le pouvoir qui voudrait leur faire oublier qu’ils n’ont plus 20 ans. Oublier qu’ils ne peuvent plus impunément s’amuser à taper sur les petits voisins. Oublier qu’ils ne sont plus les hardis pionniers et les cowboys d’antan, mais des trop-nourris d’âge mûr au souffle court que guettent le vieillissement, l’impuissance et la décrépitude. Surtout l’impuissance. C’est donc ce discours sur le pouvoir que leur tient Trump.

Trump, c’est le miroir de la Reine, qui a pour mission de lui dire qu’elle est la plus belle… et qu’elle doit le rester envers et contre toutes les Blanche Neige. Mais au Yankee, bien sûr, on ne dit pas qu’il est beau ; on lui dit qu’il est mâle, fort, PUISSANT « Make America great again ! »… Pas besoin d’être grand Freud, pour voir que le patient sur le divan a le rêve faustien de l’éternelle jeunesse et que, élevé dans la violence, il ne veut que plaies et bosses, victoires et conquêtes. On le comprend, mais que faire quand on n’a plus les biceps de naguère ? Il faut choisir ses ennemis avec prudence…

Pour garder heureuse une l’Amérique en mal de virilité qui veut s’imaginer encore invincible, une Amérique et qui ne craint rien tant qu’une baisse de testostérone, pas question de jeter la serviette. Mais l’ennemi idéal n’est pas une superpuissance. Il y a là le risque de prendre un mauvais coup… et un malheur est si vite arrivé. L’Amérique est donc à mettre en veilleuse ses conflits avec la Russie et le Chine : on a jugé qu’avec les forts et les coriaces il était plus habile de négocier la paix. Une paix négociée par Trump, naturellement, avec une guerre qui finit, mais un adversaire qui demeure.

Pour garder l’Amérique heureuse, on a compris qu’il ne faut pas nécessairement une paix parfaite, mais surtout éviter une guerre à l’issue incertaine. , idéalement, Il faut une ambiance générale de paix, entrecoupée de petits conflits permettant une suite incessante de petites victoires gratifiantes. L’ennemi parfait ne doit pas être dangereux pour l’État ou le Système : il ne doit pas pouvoir les détruire, ni même les affronter. Il doit seulement être infiniment agaçant, comme un prurit.

L,’ennemi qui nous agace doit être tout petit, être là sans crier gare, venir, disparaitre, revenir sur demande, suivant le besoin d’adrénaline. L’ennemi parfait…. est une guêpe. On connaît cette vieille histoire de la jeune épousée qui souhaitait que son vieux mari soit encore piqué par une guêpe… Les guêpes nous stimulent. Un individu peut mourir d’une piqure de guêpe, bien sûr, mais c’est rare…

La société, pour l’avenir prévisible aura aussi ses guêpes qui l’agacent et la stimulent, mais ne la tuent jamais… ce sont les terroristes. La societé ne meurt, pas du terrorisme mais s’en plus forte de toutes ces petites victoires sur les terroristes qui la provoquent et la font réagir sans la mettre vraiment en péril. Les USA, en ISIS, se sont trouvé l’ennemi parfait. Trump l’a compris…

Cette stratégie, de substituer des défis boursoufflés qu’elle peut aisément relever à ceux que l’Histoire voudrait lui présenter, permettra peut-être à Amérique, en se réfugiant dans un simulacre de puissance, de vivre sans défier la Russie ni la Chine un crépuscule plus serein que celui que son karma semblait lui promettre. Alléluia ! Ainsi détourné, son Démon de Midi – qui est de se vouloir éternellement puissante – se blottira dans imaginaire et sera devenu son péché mignon…. et un facteur de survie…

Si Trump n’avait que cet impact sur l’Amérique, tout serait pour le mieux. Helas, il en a un autre plus insidieux, néfaste, qui découle de son instrumentation à ses propres fins de cette volonté de puissance qui est le Démon de Midi de Amérique. Les USA, en effet, portent en eux comme une tare, l’effroyable mépris les uns des autres qui découle d’un individualisme débridé… et qui est la négation même du désir de vivre ensemble qu’exige la vie en société. Ce mépris est tempéré aujourd’hui par une bienséance de façade qui n’est donc pas inutile….

Prendre la lutte au terrorisme comme priorité, toutefois, va exacerber la méfiance et ce mépris. On voit déjà dans la psyché des quidams lambdas, se développer, comme une métaphore de la volonté de puissance collective, une volonté de puissance personnelle qui revêt la forme d’un affranchissement des contraintes qu’impose le consensus social à l’expression de certains mots et de certains sentiments. Le discours politique des candidats Républicains aux USA, par l’action de Trump, s’en est déjà complètement déjà détaché.

Cette nouvelle permissivité quant a la violence verbale a été accueillie avec délectation par une population dont les sentiments étaient depuis longtemps réprimés… mais on en a abusé. On a désormais dépassé de loin le seuil a partir duquel un gentleman d’une époque pas si lointaine aurait envoyé ses témoins demander réparation.

On a cru briser les tabous du « politically correct » et de l’hypocrisie, mais on a plutôt donné à tous la licence d’insulter tout le monde… et on a ouvert les vannes d’un immense réservoir de hargne et de haine qu’on ne soupçonnait pas… Or l’injure – surtout si son effet n’est pas affadi par une longue tradition d’impolitesse, n’est qu’à un pas de agression physique… En modifiant ainsi brutalement les normes de ce consensus, Trump est l’apprenti sorcier qui peut déclencher une guerre civile.

Pierre JC Allard

15-02-16

Trump, Sanders… la politique USA expliquée aux Français

Filed under: Auteur — Pierre JC Allard @ 10:25

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Peut-on, aux USA, gagner une élection présidentielle sans offrir un véritable choix ni même aborder de front une seule question sérieuse ? Ne ricanez pas. Bien sûr, on le peut. Et pas seulement aux USA. PARTOUT ! Vous n’avez pas compris que c’est ce qu’on fait toujours, dès qu’on parle de démocratie ?

Il est pourtant bien évident que le citoyen lambda n’a ni les connaissances ni la sagacité de comprendre comment fonctionne la société ni sa gouvernance. Il n’a pas davantage celle de prévoir les conséquences des gestes qu’on posera en son nom après l’avoir convaincu que c’est lui qui les a éxigés…. On ne parle donc jamais des questions sérieuses à Quidam Lambda….

Quand les observateurs politiques européens constatent, aujourd’hui, que Donald Trump ne propose RIEN d’autre aux Américains que la foi aveugle en leur prédestination – et REFUSE le débat sur quoi que ce soit, gardant la discussion au palier des insultes et des pitreries – ils manifestent un ébahissement incrédule… mais hypocrite. Les analystes subtils qui pérorent sur les malheurs de l’U.E n’ont-ils donc jamais comparé les programmes aux réalisations des divers partis des divers États européens depuis que l’U.E est là ? N’ont-ils jamais fait le constat que la même vacuité est à Bruxelles comme à Washington … et que les choses ne seraient pas différentes, si tous ces gens, pendant tout ce temps, s’étaient simplement crachés au visage et traités de noms d’oiseaux à la manière Trump ?

On rigole en France, parce qu’on voit les Américains se voir refuser l’occasion de débattre….. Mais où est la surprise ? Y a-t-il eu UN SEUL vrai débat politique en Occident, depuis sept (7) décennies, un débat sur la seule vraie question politique sérieuse – qui est le partage de la richesse ? Cette question est taboue partout

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/d-abord-passez-le-fric-156448

La surprise de 2016, aux USA, n’est pas que le débat politique soit escamoté : il l’a toujours toujours été ! La vraie question, c’est POURQUOI l’est-il maintenant de cette façon inusitée, dissimulé malhabilement sous une épaisse couche OSTENTATOIRE d’insignifiance et de vulgarité qui et un appel du pied à regarder sous la couverture ? Au lieu de se demander naïvement ce qu’on veut encore nous cacher aux USA, il faudrait plutôt se demander ce qu’on veut tellement aujourd’hui nous faire voir de ce qu’auparavant le système ne jugeait pas opportun de nous informer…. !

Je vais poser une hypothèse sur ce que ce magicien-illusionniste qu’est le système américain feint de cacher dans sa manche cette année…. en s’assurant de bien nous le montrer. Mais, avant, je dois résumer ce qu’est le régime américain

La caste des nantis

Les USA sont gouvernés et administrés par une caste de nantis, essentiellement héréditaire, mais ouverte à l’adjonction des compétences par le biais d’un système d’éducation méritocratique et férocement élitiste. Le pouvoir réel est exercé par le contrôle de l’argent et de l’information, s’exerçant via un processus dit démocratique qui est ainsi totalement manipulé.

Ce pouvoir manipulé est toujours aux mains de cette même caste de nantis, assistée des mêmes experts qui font vraiment tourner les roues, mais aussi, en alternance, par des équipes de politiciens – se disant « Démocrates » ou « Républicains » – mais en fait interchangeables. Ces derniers ne participent pas à la vraie gouvernance, mais apportent une image de participation populaire et de dynamisme, tout en jouant un rôle actif dans la corruption locale quotidienne qui sert de motivation universelle à toute démocratie.

Cette alternance entre Démocrates et Républicains, qui rappelle les Bleus et les Verts à Byzance, maintient aux USA un suspense électoral ininterrompu qui est là pour distraire des vraies questions. On n’arrête de voter aux USA que le temps de reprendre son souffle ! Les résultats électoraux aux plus hauts paliers – Présidence, Senat, Congrès – sont pourtant sans importance sur les décisions, car on ne tient même pas compte des palabres de ces instances. La caste dominante a ses mandarins qui appliquent sa politique… et elle n’en a qu’une seule : celle que ses experts lui montrent comme la plus efficace pour atteindre ses objectifs. Le bavardage des élus ne change pas les décisions.

Le hiatus entre politique et gouvernance

Le bavardage des élus ne change pas les décisions, sauf pour faire ajoutter quelques gratification pour ces élus. Le processus électoral américain, est néanmoins d’une extrême importance : ll est, en fait, un SONDAGE CONTINU DES OPINIONS ET DE L’ÉTAT D’ESPRIT DE LA POPULATION qui permet que les politiques mises en places aux USA soient toujours largement CONSENSUELLES

Le génie des USA en effet, depuis la crise du Vietnam, a été de dissocier la politique de la vraie gouvernance. Le régime américain a compris qu’on peut TOUT faire accepter à la population, si on le lui propose sans la brusquer et selon les termes qui lui conviennent. Il suffit de choisir les bons mots… et de maitriser totalement les médias. On a ainsi réussi, à amener les USA en Afghanistan, en Iraq, en Libye…. et à les garder à Guantanamo, sans même que le citoyen s’aperçoive que ce n’était pas ça qu’il voulait ! Il a été convaincu, habilement, mais contre toute vraisemblance, que c’est une majorité démocratique qui chaque fois s’est imposée et qui lui a donné tort… !

Le résultat pratique de ce consensualisme patient est que les USA sont sous l’égide d’une sorte de fascisme collégial relativement bienveillant qui est sans doute le mode de gouvernance pragmatique le plus efficace qu’on ait connu. C’est le type de pouvoir dont Sun Tsu disait qu’il est incontesté, car on ne voit pas qu’il s’exerce… La caste dirigeante américaine réussit ce tour de force en étant parfaitement flexible et conciliante sur tout ce qui n’est pas l’essentiel. Depuis le Vietnam, la gouvernance aux USA ne s’est jamais opposée au peuple : elle le séduit et le berne à quia, avec la grâce d’un Manolete qui, à genoux, offre une rose au Miura avant le coup d’estoc .

Un nouveau consensus

Aussi récemment qu’en 2008, il existait aux USA un très large consensus pour l’individualisme. On en était encore à voir toute redistribution de la richesse comme blasphématoire du Plan Divin…. C’était çà, l’essentiel. Un « socialiste » était un sale type, un stalinien… Infréquentable. Barack était à la toute limite du possible.

https://nouvellesociete.wordpress.com/2009/07/12/barack-le-rouge/

Mais cette année, tout semble faséyer. Que s’est-il passé depuis 2008 ?. Bien des choses. L’Amérique est ruinée de crédit comme de réputation, avec le tiers de la population qui courtise la pauvreté, une base industrielle redevenue en friches, une monnaie dont la valeur n’est plus que ce qu’on veut bien en croire… et une puissance militaire si mésadaptée aux réalités présentes qu’elle n’a plus de menace crédible à faire valoir que celle de se suicider au nucléaire avec toute la planète…. ! Le discours est donc à changer…. Mais le plus grave n’est pas là

Le plus grave, c’est l’inversion survenue du rapport de force entre le Pouvoir et Argent. Car avec l’information qui domine tout – et toute richesse significative devenue symbolique et virtuelle – la mainmise de l’argent sur le pouvoir politique a disparu. La richesse n’est plus vraiment une source directe du Pouvoir…. Mais un de ses outils… car c’est le Pouvoir qui crée l’argent et le donne à qui il veut… …Il n’y a plus que le Pouvoir (politique) qui soit essentiel.

C’est une nouvelle problématique, et c’est dans cette optique du rôle diminué de la richesse, je crois, qu’il faut voir ce qui se passe maintenant aux USA. Parce que la richesse dans le sens traditionnel n’étant plus l’essentiel….. – son accumulation devenant triviale à côté du Pouvoir qui permet d’en acquérir à discrétion – on peut désormais parler avec plus de désinvolture de partage, de solidarité et DE REDISTRIBUTION DE LA RICHESSE … Le consensus auparavant était pour l’individualisme. On parle désormais un autre langage.

Le langage de Sanders, par exemple, qui est celui de la Gauche française d’avant Mitterrand. Perçu il y a peu comme gentiment maboul sauf dans son bled, Sanders, un candidat sorti de nulle part, mais qui semble CARICATURALEMENT, honnête, intègre, digne d’une absolue confiance …. se présente comme un « socialiste démocrate  »…. Et tous les médias l’encensent. Il inspire la confiance comme Obama inspirait l’enthousiasme. Il est parfait. Naturellement. Depuis Nixon, on ne fait plus d’erreurs de casting en politique américaine : la démocratie est une science exacte

NON, Sanders ne sera pas élu. Il a 74 ans et il est là pour qu’on apprivoise l’idée du partage ; il deviendra directement une légende. On en parlera…. et aux Présidentielles de 2020, l’idée de la redistribution de la richesse aura été reformulée et fera consensus autour d’un candidat jeune et charismatique

C’est une grande volte-face…. Mais attention ! Gardons en mémoire que la caste des Tres Très Riches (TTR) – celle du 0,0001@ qui a TOUT le pouvoir et la majorité de la richesse – n’entend pas en perdre une parcelle. Elle est seulement ouverte à tout nouveau consensus qui ne remettra pas sa domination en question. …. Un accord, par exemple, pour que le fric du « Petit Riche » Américain moyen aisé, repus et obèse – qui vaut entre 500 000 et 3 millions de dollarse et est dépouvu de tout de vrai pouvoir – soit redistribué au profit des défavorisés. …

Cet accord sera facile, puisqu’une vaste majorité des citoyens y gagneront…. Ils seront heureux qu’on leur dise qu’il est maintenant « juste et bon » de « « redistribuer »… et les perdants accepteront l’austérité relative d’une Amérique où le partage sera devenu une vertu.  Il suffira de leur dire quil en est bien ainsi… Du consensus est née l’obéissance. Quant aux TTR, ce ne sera pour eux qu’un jeu d’écritures ; Ils ne perdront rien puisque ce sont eux qui gèreront l’opération.

On la fera comment cette redistribution ? La première phase est déjà annoncée. D’abord, par la mise en place d’un système de santé qui èlevera les USA au niveau des autres pays civilisés. On insinue déjà qu’il faudra 14 000 milliards de dollars pour doter les USA d’un système de santé gratuit et universel, mais on sait bien qu’il en faudra le triple… C’est sans importance. Il faut un peu plus d’argent aux mains des pauvres pour relancer la consommation. On ajustera sur 4,8 ou 12 ans pour que l’effet de redistribution soit EXACTEMENT au rythme où on le souhaitera…. Et il y aura ensuite l’éducation gratuite qui attend son tour….

En quelques anéées et sans désordre, on aura changé le consensus essentiel de la société américaine…. sans que ne se brise le consensus. On pose le premier geste cette annéee…

Trump ? Sanders est pour le nécessaire ; Trump est pour le rêve…. L’Amérique en a assez de ses politiciens minables, corrompus et sans éclats. Pionniers et cowboys en esprit se rebiffent contre des hierarchies syrupeuses… Allez hop ! On profite du changement utile pour s’offrir l’agréable et on met tout ça aux ordures.

Il serait TRES surprenant que Trump soit élu, mais ce n’est pas exclu…. Les primaires seront là pour en décider, mais surtout pour juger du soutien populaire à la remise a en question de certaines idées devenues désuètes.

Il y a une demande forte pour en finir avec le syndicalisme, par exemple, qui n’a plus d’utilité dans une économie tertiaire entrepreneuriale. Aussi, pour Briser le monopole terrifiant de l’industrie des médicaments et des autres drogues. Ou encore, pour arrêter l’antagonisme Russie-USA, vestige de rivalités idéologique et économiques fossiles, et qui est délétère pour un Occident… qui a maintenant de vrais rivaux et devrat être uni.

Pour poser de tels gestes symboliquement audacieux, quoi de mieux qu’un président imprévisible qui se situe hors de toute continuité partisane ? Si l’Amérique veut les poser, elle choisira Trump….. Improbable, mais même si elle ne va pas jusqu’au bout de cette démarche, l’Amérique par son soutien à Trump, donnera la mesure de son désir de non conformisme….. et ce ne sera pas en vain..

 

Pierre JC Allard

 

24-11-15

Nouveau Paradigme (2) : Le « faire-ensemble »

Filed under: Auteur — Pierre JC Allard @ 12:05

 

Dans mon article précédent – (Nouveau Paradigme (1) : La satiété) – j’ai musardé un peu sur cette première manifestation d’un changement de paradigme qu’a été la prise de conscience d’une possible satiété. C’est qu’elle est CRUCIALE et que je ne voulais vraiment pas qu’elle passe inaperçue. Pas si facile, car des poids lourds comme Schumacher ont dû dire : « small is beautiful » souvent, pour qu’on accepte de les prendre au sérieux, et Leopold Spohr, malgré son quasi-Nobel, n’y est jamais vraiment parvenu !

C’est qu’il n’est pas intuitif que ‘’PLUS ‘’ puisse ne pas être MIEUX. Et le petit singe doit APPRENDRE que c’est en lâchant les cacahuètes, que sa main ouverte pourra sortir de la cage dont son poing fermé ne sortirait jamais…

Il y a eu résistance, mais on a finalement compris, au vu des rapports des éclaireurs revenant du Pays de Cocagne de l’abondance, que celle-ci n’apportait pas le bonheur et qu’on pouvait même songer à contourner cette pseudo Terre Promise. Ils sont de plus en plus nombreux, aujourd’hui, à renier l’obsession de la possession du matériel.

Le nouveau paradigme n’est pas un rejet doctrinaire du matérialisme, du moins pas encore, mais les transgressions au dogme, les compromis et les accommodement, avec une réalité plus équivoque où tout ne se mesure pas, sont bien fréquentes.

Ainsi, le passage vers une économie tertiaire. Comprend-on bien que 80% de ce qu’on « veut », ne consiste plus en « biens »… mais en « services » qui sont, par définition sans substance et donc INAPPROPRIABLES ? Maintenant, ce qu’on cherche, c’est à créer  cen soi ou autour de soi des états éphémères, des situations en mouvance, des abstractions souvent subjectives… La vie devient une recherche d’événements, et on voit bien que le rapport de ceux qui possèdent à ceux qui ne possèdent pas. mais travaillent et consomment, n’est plus du tout celui du seigneur à SA glèbe sur laquelle son serf devait s’activer ou périr….

Toute possession est devenue impermanente, voire aléatoire. Il faudra s’y faire. Le nouveau paradigme, c’est que dans une société basée sur le commerce et la concurrence, le rapport du proprio aux non-proprios, s’est même inversé ! Quand un producteur est privé d’acheteurs, il va à la ruine bien plus vite que le consommateur auquel son fournisseur fait faux bond ! 

Et quand à la désuétude technique vient s’ajouter une obsolescence planifiée qui est une arnaque prévue et consentie, on comprend que posséder une richesse matérielle ne soit plus rassurant… On la remplace donc par une richesse immatérielle de pure confiance, entre les mains d’un banquier….  Ce qui est bien pire, mais est conforme à la tendance vers la dématérialisation. Et toutes les corporations sont maintenant de fait « de mainmorte » car on sait bien que les lois ne durent pas plus que leur opportunité et que le capital, de toute façon, mourra lentement de l’inflation.

Bâtir sa sécurité et son bonheur sur la richesse est donc devenu un acte de foi, et toute l’Histoire est témoin que cette foi a toujours été trahie. Quand on la voit comme inconstante autant que triviale, la désaffection envers la richesse croît encore. Le danger est grand, d’ailleurs, qu’on prenne la richesse de notre société pour acquise et qu’on néglige d’en prendre soin. (Les prophètes du revenu pour tous sans contrepartie-travail me font frémir).

Mais cela est a contrario, et donc un autre débat. Mon présent propos, c’est qu’après un premier pas qui été la prise de conscience de la satiété, le deuxième vers le changement de paradigme a été le constat de la précarité de tout équilibre durable du matériel, dans un monde où la seule constante est la nécessité de la constante adaptation au changement. Chacun sait qu’il est lui-même – comme le système tout entier – en équilibre en mouvement sur sa bicyclette… et qu’il ne freinera pas sans mettre pied à terre ou tomber

Dans ce contexte, l’enrichissement matériel qui implique permanence et continuité apparaît comme un autre leurre du paradigme que nous délaissons. En avons-nous tiré toutes les conséquences ? Avons-nous insisté suffisamment sur celle, inéluctable, que cette précarité conduit à une préférence croissante pour le « faire-ensemble » ?

J’ai lu récemment que, comptant non seulement les intervenants directs, mais tous ceux qui indirectement doivent apporter leur soutien à une chirurgie de pointe, par exemple, c’est par milliers qu’on doit noter tous ceux qui ont contribué à la formation et à l’entretien de ces intervenants, ainsi que ceux en aval qui, à multiples paliers, ont mis la main à la pâte pour l’entretien et la formation de ces derniers.

C’est par milliers aussi qu’il faut compter ceux dont l’apport a été indispensable, tout au long d’un processus sans failles, pour qu’à toutes les étapes de l’aménagement des lieux, comme de la conception et réalisation des équipements requis – du scalpel, au ventilateur, à l’ambulance – naissent les conditions et la disponibilité des ressources permettant cette intervention.

Ajouter la variable administration et les autres services, et on a une implication qui tend a être exhaustive de tous dans la réalisation de tout. Il est important de prendre conscience de cette INTERDÉPENDANCE. Car si la satiété qui nous advient est une gifle à Malthus, la collaboration qui s’impose maintenant en est une à Darwin.

La complexité d’une société de services met en évidence, comme jamais auparvant, la nécessaire complémentarité qui seule permet de transcender « ensemble » les contraintes que la nature nous impose comme individus. Le seul avenir raisonnable pour les humains est de se percevoir comme humanité. Le nouveau paradigme exclut donc une société d’individualistes. Il en est à exclure l’existence même de sociétés libérales se réclamant de l’individualisme.

La prochaine société sera celle qu’on bâtira avec son prochain. Elle sera une adaptation – religieuse ou laïque, peu importe – du message christique de s’aimer, et non la vision darwinienne d’une incessante destruction les uns des autres dans le refus fanatique de la solidarité. Cette Nouvelle Société sera entrepreneuriale, mais dans le cadre d’un respect strict de l’essentielle collaboration sans laquelle aucune société n’est viable, ni aucun vrai progrès possible.

Il y au Nouveau Paradigme, un autre volet que certains trouveront bien étonnant. J’en parlerai dans le troisième article de cette série.

 

Pierre JC Allard

 

11-10-15

Au-delà de la Syrie et du FN. La révolte des « sans-dessein »

Filed under: Auteur — pierrejcallard @ 4:37

 
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On dénonce beaucoup, avec pertinence, les libertés que prend la France de Hollande avec le droit international, en allant bombarder en Syrie les forces du gouvernement syrien légitime qui n’a pas l’heur de lui plaire. Quand on cède à ces sautes d’humeur. que reste-t-il, en effet, autre qu’un rapport de force, pour régler les différends entre Etats ?

Selon la déclaration de la déléguée russe M.Zakharova, les frappes françaises en Syrie peuvent être considérées comme la « destruction du droit international au vu et au su de la communauté internationale ». Elle a bien raison…

Après l’Irak, l’Afghanistan, la Libye, voici la Syrie, agressée pour des raisons frivoles ou mensongère, et s’ajoutant à la longue liste des interventions militaires discrétionnaires des USA que rien n’a jamais justifiées que leur appétit prédateur. il faut être bien jocrisse, pout croire qu’il existe encore une quelconque règle de droit qui s’applique aux relations internationales.

A quelle ràgle obéit donc maintenent la France ? Un petit commentaire de Njama, sur un article de Rakoski du 29 septembre nous éclaire, rappelant qu’aux termes du Code de la défense (art. L. 1111-1), le Président de la Republique a, « en tout temps et toutes circonstances », le pouvoir de décider des actions des forces armées françaises à l’étranger…

ET voilà ! Contrôle législatif  ? Depuis 2008, un simple avis dans les 4 mois de l’intervention. C’est bien plus de temps qu’il n’en a fallu pour détruire la Libye…

https://nouvellesociete.wordpress.com/2011/10/30/100-jours-apres-la-libye-des-mefaits/ 

Autres contrôles? Néant… La France entre en guerre comme au temps de Louis XIV et elle le fait à mal escient. La France, dans le monde, a pris le parti du Mal. Comme, en France même, sa gouvernance a pris le parti de l’injustice. Le parti des exploiteurs, du 0,0001% qui possède tout contre tous les autres.

La France, dans le monde, a pris le parti du Mal. Le parti des USA. Il fut un temps où l’on pouvait de bonne foi hésiter, croire que les mots « démocratie », « liberté» et autres plates grandiloquences, pouvaient justifier les 92 agressions commises par l’Amérique depuis seulement 50 ans, s’ajoutant à l’extermination de ses autochtones et à son soutien de l’esclavage. Mais il n’y a plus de doutes. L’Amerique est le Mal.

Ceux que n’a pas convaincus le dernier crime de guerre des Américains, ciblant cet hôpital des Médecins sans frontières au nord de l’Afghanistan, ne méritent plus qu’on leur parle, mais doivent leur être associés dans une même définitive réprobation. Comme le tissu hygiénique doit accompagner à l’égout ce qu’il enveloppe et voudrait cacher.

On a fait de nous, et de chacun qui ne proteste pas et ne se dissocie pas de la politique française actuelle, un complice du Mal. Nous sommes les alliés du Mal. Je crois que nous n’en sommes pas fiers…. Et c’est très grave.

On a aujourd’hui toutes les raisons de désespérer, de la France, du Système, de la démocratie, des État de droits et de l’état du monde n’est-ce pas ? Mais y pouvons-nous quoi que ce soit ? Croyons-nous y pouvoir quoi que ce soit ? 

Le plus grave problème, aujourd’hui, n’est pas que tout ce qui est bien soit battu en brèche; le plus grave problème, c’est notre résignation à ce naufrage qui nous laisse sans respect de nous-mêmes, sans espoir, sans grand dessein pour nous ou l’humanité… ON A FAIT DE NOUS DES SANS DESSEIN… Nous laissant avec ce remord lancinant – que nous ne nous avouons pas toujours – d’être par faiblesse les complices du mal.

Nous sommes, et nous SAVONS que nous sommes, complices de la violence en Syrie, de la misère en Inde… et de l’injustice croissante entre nous, que nous encourageons de tous nos gestes par cette fringale pathologique de POSSEDER dont on a fait le but ultime de l’existence.

RIEN ne peut nous sauver de ce remord et de notre INSIGNIFIANCE, si nous ne comprenons pas que posséder NE PEUT PAS être le but de la vie. 

Or,cette prise de conscience est individuelle. En attendant d’y avoir accès, chacun des « sans-dessein » que nous sommes tous en puissance se cherche une raison de vivre… Quand il vit cette prise de conscience sans trouver cette raison, son mal d’être fait de lui un ennemi de la société que nous connaissons. Une société dont il peut conclure qu’elle l’a « damné »….

Ne cherchez pas ailleurs le pourquoi de toutes ces défections « inexplicables » des jeunes vers l’Etat Islamique. Les « sans-desseins » se cherchent un sens.

Mais attention ! Si les « sans-desseins » deviennent vraiment mécontents et sont tout a coup motivés davantage par leur haine du système que par un amour pour l’une ou l’autre des alternatives qu’on pourrait y substituer,la situation de résignation qui permet l’exploitation de presque tous par quelques-uns se transforme. Il pousse des crocs au Dr Jekyll… 

Le Système – invincible contre une opposition organisée – est sans défense contre l’individu qui ne veut que le détruire. Pourquoi ? 

D’abord, parce que l’individu qui n’affiche pas un intérêt personnel apparait irrationnel ; il n’est donc pas prévisible, ne peut être identifié que par hasard et reste donc longtemps indécelable, introuvable. 

C’est le cas Unabomber. 

https://nouvellesociete.wordpress.com/2011/06/26/quand-lindividu-se-fache-2/

Ensuite, parce que la technique moderne met désormaisis des moyens inouïs entre les mains de ces mécontents. Une poignée d’individus peuvent stopper le pays tout entier sans se concerter, sans même se connaitre. Toute action peut découler d’un mot d’ordre lancé à la cantonade et être exécutée par quiconque le veut, et croit en avoir la capacité et bénéficier de circonstances favorables pour la mener à terme.

Le plus grand danger qui nous menace aujourd’hui est qu’on peut faire une ‘gestion par objectifs’ d’une entreprise irrationnelle de destruction massive de la société ! Et il ne faut pas un génie du mal pour le faire…. N’importe qui, hélas, peut faire sa part pour détruire un mécanisme essentiel d’un sociétéa que sa complexite rend infiniment fragile.1

Rien ne peut protéger la société des conséquences d’une « révolte des ‘sans-dessein » devenant malveillants, si ce n’est la propre conscience morale de l’individu lui-même. Le salut est dans la résurgence d’une vraie moralité, avec l’émergence d’un nouveau paradigme – qui soit l’antithèse du Darwinisme et du modèle politique libéral – qui ne nous dresse pas les uns contre les autres, mais valorise la collaboration.

L’ennemi de chacun n’est pas son prochain, mais ses propres limites et ses propres limitations. La concurrence est la rage de dents d’une société infantile. Le but de vivre en société, c’est de faire ensemble ce que nous ne pouvons faire seuls. L’Homme ne peut avoir d’autre but que de créer l’Humanité.

Si on ne prend pas ainsi rapidementt le parti du Bien, nous nous créerons bien des malheurs.

Pierre JC Allard 

24-08-15

Terra, une inspection de routine 

Filed under: Auteur — pierrejcallard @ 3:24

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Fin août, il y a un risque que les vacanciers ne prennent pas ce texte trop au sérieux. Or, IL L’EST ! Enfin…. presque…  Avant de le lire, je vous enjoins donc de lire d’abord les trois articles en liens juste ci-dessous.   On vous y  donnera des faits. Comme d’habitude, on ne vous dira rien entre les lignes; on vous jettera en pâture un fait isolé, confiant que vous vous inquiéterez juste assez pour réagir comme on veut que vous réagissiez, mais pas plus. On ne souhaite pas que vous vous intéressiez aux changements de paradigme.  Il y a des gens que le Système paye pour ça…

http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/sante/201108/19/01-4427443-penurie-de-medicaments-16-produits-sajoutent-sur-la-liste.php

http://www.usinenouvelle.com/article/la-penurie-de-medicaments-sur-le-bureau-de-l-afssaps.N157233

http://fr-ca.actualites.yahoo.com/la-pénurie-médicaments-menace-le-canada-201742525.html

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Terra

Circa  2000 A.D. Temps Local.

De : Agent Adonaï

À : Vénérable Coordonnateur

Copies : Postérité, Archives akashiques

Vénérable Coordonnateur

J’ai profité d’un bref passage dans l’Espace-Temps pour une inspection de routine sur Sol III (alias Terra, Earth, Urantia), où est en cours  une intéressante expérience d’évolution de conscience liée à la matière, basée sur un développement aléatoire de la combinaison ADN.

Disons, pour résumer, que tout se passe bien, malgré les inévitables frustrations inhérentes à cette utilisation de la matière qui exige que les entités individualisées ne puissent vivre qu’en s’assimilant les unes les autres par digestion et que leurs programmes-mémoires soient remis à jour à peu près aux soixante-dix ans en temps local. La motivation demeure forte.

Depuis ma dernière visite (1000 A.D. Temps Local), malgré quelques phases d’obscurantisme, science et technologie ont progressé normalement  et croissent désormais à un rythme exponentiel. L’espèce dominante ( Homo sapiens sapiens) a maintenant déchiffré son code génétique et peut donc commencer à comprendre ses propres paramètres.  À la prochaine visite, vers 3000 A.D. , elle se percevra peut-être dans le contexte de l’expérience dont elle est le sujet, permettant que débute une communication.

Pour l’instant, la spécificité de cette expérience sur Terra – et donc son intérêt parmi l’infinité de celles en progrés – tient surtout à l’originalité de ses essais sur les modes de gouvernance.

On sait, depuis bien longtemps, que le but de ceux qui gouvernent est toujours d’obtenir de ceux qui sont gouverné un maximun de biens et services, en y mettant eux-mêmes un minimum d’efforts et en ne devant supporter de ces derniers qu’un minimum de récriminations.

Ce qui sur Terra a commencé par l’esclavage et les coups de trique est donc devenu démocratie, au fur et à mesure qu’on a compris chez les dominants qu’il est plus efficace de faire des promesses que des menaces et que le fin du fin est une population qui a des besoins qu’elle ne peut satisfaire qu’en faisant ce que ses chefs lui disent de faire.

Cette approche – gérée, par le contrôle des ressources et des moyens de production, puis peaufinée par celui d’une monnaie qui permet de corriger au niveau des symboles ce que la réalité pourrait commettre de petites bavures – a longtemps permis l’exploitation de façon sereine du cheptel humain inférieur en développement.

Depuis 50 ans, avec un système de transfert de la richesse basé sur la consommation d’énergie – un besoin auquel nul n’échappe au prorata de sa consommation –  et la perception d’un intérêt sur le capital présenté comme une loi de la nature, la gouvernance sur Terra a atteint une quasi-perfection.

Récemment, raffinements supplémentaires, le paiement de cet intérêt nécessaire à la stabilité de la richesse et donc du pouvoir a pris la forme de jeux d’écriture byzantins arbitraires, incompréhensibles aux âmes simples et discrètement notés dans des dossiers eux-mêmes dématérialisés. On pense aussi, de plus, à taxer la consommation d’énergie en tout-virtuel par une taxe-carbone. Disons-le tout de go : on peut difficilement faire mieux.

Seule ombre au tableau, le contrôle de l’exécution des ordres par la distribution des récompenses, facile à appliquer dans une situation de pénurie constante, ne l’est plus avec l’avènement par l’industrialisation d’une situation d’abondance globale. Le point faible du système est la nécessité de garder le besoin vivace pour que les ordres soient exécutés; des erreurs d’ajustement peuvent mener à des problèmes locaux, genre famine en Afrique de l’Est… et donc a des insatisfactions.

Mener à du mécontentement, même, quand des millions d’individus meurent de faim, alors que les ressources humaines, matérielles et techniques sont surabondantes et que la logistique de les nourrir serait triviale. Pire, quand on constate qu’un simple conditionnement des habitudes d’accouplement aurait suffi pour qu’ils ne naissent pas…. Des ajustements mineurs pour faire mieux sont donc nécessaires.

Comment faire mieux ? La solution évidente serait de mettre fin à la lutte historique pour les produits d’alimentation, en permettant une légère surproduction globale de nourriture, en conformité  avec un plan lui aussi global de production, de transformation et de distribution des aliments nécessaires, selon la demande estimée.  Le défi crucial serait de maintenir la motivation, mais les élites de Terra y travaillent déjà, par le développement planifié de certaines assuétudes.

Des tests préliminaires ont prouvé, en effet, que des dépendances peuvent être créées dont l’effet est irrésistible, aussi bien chez les humains que chez les souris blanches.  La stratégie consiste donc, en deux (2) volets :

a) à universaliser d’abord l’usage de drogues, et

b) à mettre en place une couverture universelle de santé commençant par les pays développés, qui mettra chaque individu sous la tutelle directe d’un médecin lui prescrivant tous les médicaments nécessaire à sa santé… et les l’anxiolytique/euphorisants qui lui garantiront l’état de béatitude optimal compatible avec l’exécution efficace des tâches qui lui seront confiées.

Cette seule béatitude attendue devrait suffire a créer une dépendance forte et a soutenir la motivation. Mais, pour plus de sécurité, des ajouts chimiques actifs au niveau des neuro récepteurs peuvent être ajoutés pour garantir l’assuétude. La dose étant renouvelée sur une base hebdomadaire, ce suivi médical permettra un contrôle parfait de la population.

Parmi les nombreux avantages, celui de stabiliser rapidement la démographie, qui donne certaines inquiétudes, sans avoir à consulter les sujets ainsi que la longévité dont le coût-bénéfice, dans l’état actuel de nettoyage du profil génétique général de l’espèce, devient présentement négatif entre 65 et 85 ans selon les cas, mais pourrait être allongée à la hauteur de la résistance du matériau biologique de base. Ajoutons la paix universelle et le respect parfait de l’ordre établi.

Où en est-on de ce breakthrough ?   Le système met les bouchées doubles pour trouver le soma parfait, en développant des drogues qui demeurent  illicites le temps que le système puisse en étudier tous les effets sans avoir à assumer la responsabilité des inévitables effets secondaires négatifs occasionnels.   On s’interroge aussi sur l’opportunité de laisser la recherche et la production des medicaments à l’entreprise privée – avec le danger propre aux systèmes de pouvoir héréditaires de passer peu a peu la main à des génération moins douées – ou de confier la pharmaceutique ce qui deviendra rapidement le secteur le plus important de la production et donc la gouverne effective de la société – à un État dont les mécanismes auraient, toutefois, grandement  besoins d’être améliorés.

La décision n’est pas prise, mais les rumeurs de pénuries qui, on l’a vu, commencent à circuler – avec la belle unanimité d’un réseau d’information  totalement sous la houlette de la classe dominante – laissent présager de rapides changements.  Peut-être conviendrait-il de planifier une visite  exceptionnelle sur Terra dans un siècle pour voir où Sapiens en sera rendu de sa santé et de sa manipulation par ses élites médicales et bancaires

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