Nouvelle Societe

14-11-11

Le facteur « psycho »

Filed under: Actualité,Auteur — pierrejcallard @ 8:34

La démocratie se casse la gueule ? C’est peut-tre qu’on a négligé le facteur « Psycho »… Bon, attention, ce n’est pas si simple, on reprend ça dans l’ordre….

Fukuyama avait pourtant monté un bon dossier. « Fin de l’Histoire », disait-il, « puisque l’humanité, avec la démocratie libérale, a terminé le tour de son jardin sociopolitique. Son agitation peut continuer aussi longtemps que celle du petit lapin mû par sa pile Duracell, mais sa façon de s’organiser et de se gouverner ne changera plus. Elle a atteint la Félicité. Bravo ».

Bravo, mais, à l’echelle du monde, il y en a pour qui l’Histoire n’est pas finie et qui semblent plutôt courir dans d’autres directions. Ne parlons même pas du tiers-monde, que nous avons mis en coupe réglée.  Que font ceux qui ont un choix ? Se ruent-ils vers la démocratie ?  La Chine, en possession tranquille de son succès, va plutôt vers une dictature éclairée. Les pays d’Islam, dans la mesure où ils ont le choix, préfèrent un à un fonder leurs sociétés dans l’au-delà, évacuant la question même d’une gouvernance politique.

Même en Occident, paraissons nous si heureux dans nos démocraties libérales, dites porteuses de félicité?   Y a-t-il une faille dans notre rêve de démocratie?  A première vue, il est facile de trouver  cette  faille: c’est l’injustice qui prévaut à tous les paliers ! Mais c’est une faille dont on peut penser qu’elle se corrigera d’elle même.

Une société est le reflet de ceux qui la composent. Nous avons une société d’injustice, parce que l’égoïsme de la nature humaine ne veut PAS une société juste.  Heureusement, la nature humaine changera avec le temps, partie par le travail de chacun sur lui-même, partie par la rétroaction positive sur l’individu de la société elle-même. La société changera, surtout, parce que nous avons atteint l’ABONDANCE. Plus  facile plus d’être justes, quand les désirs peuvent  être mieux satisfaits. Or, l’industrie et la technologie nous enrichissent constamment.

Nous sommes connectés à un picc-line qui nous donne goutte à goutte l’abondance. Au palier des BIENS matériels, globalement, tous les besoins peuvent déjà être comblés. Au palier des SERVICES, ils ne le seront jamais (car la demande est infinie), mais il y en aura de plus en plus.  Surtout, la répartition des services disponibles pourra être plus juste. dans la mesure où elle obéira à des règles que soutiendra une majorité effective de ceux qui sont demandeurs de services…. et l’on en remerciera la démocratie.

Il ne faudra simplement pas oublier que ce soutien n’existe que quand une majorité effective croit que soutenir ces règles leur apporte plus que s’y opposer. Chaque individu a son seuil – qui dépend de sa perception de son besoin comme de son conditionnement – au-dela duquel son égoïsme l’amène à s’opposer à ces règles qui assurent la justice. C’est  la responsabilité de la société de veiller alors à ce que cette opposition ne contrecarre pas l’application des règles qui assurent la justice.

Avec l’abondance, les oppositions vont s’estomper. Le temps travaille pour la démocratie.   Pouvons nous donc considérer le débat comme clos et donner la démocratie gagnante ?  Pas tout à fait… car il y a un espace où l’abondance ne suffit pas.  Celui des désirs que ne peut JAMAIS satisfaire une offre de biens ou de services, car ils n’ont pas d’objets réels, ce sont des créations de l’individu en réaction à ce qu’il est ou à la condition humaine. Quand l’individu cherche à satisfaire ce type de désirs autrement que par une action sur lui-même, il devient dangereux. C’est là qu’entre en scène le facteur « Psycho ».

Certains veulent gagner ou détenir plus de richesses qu’il n’en faut pour satisfaire les désirs qui, objectivement, PEUVENT être satisfaits par la richesse.   Ils sont irrationnels.   Leur  démarche prend la forme d’un jeu à somme nulle qui les oppose à tous les autres, dont les besoins et les sentiments ne les touchent plus.  Il se conduisent comme des psychopathes.

Le psychopathe devient un obstacle à ce que les autres aient accès aux biens et services que permet l’abondance et c’est la responsabilité de la société de veiller à ce qu’il soit mis hors d’état de nuire. De même, s’il cherche tant de pouvoir qu’il en devient un obstacle à ce que d’autres aient toute la liberté à laquelle ils ont droit dans le respect de celle des autres.

Psychopathes ? En juin 2010, François Marginean a écrit sur ce site un article qu’il est bon de relire  Il en découle l’hypothèse que le pouvoir attire davantage  ceux qu’on peut ainsi voir comme des psychopathes… et leur échoit davantage.  Suite à cet article, j’ai été un peu plus loin dans l’étude de cette hypothèse et je ne crois pas qu’elle puisse être rejetée  sans discussions

http://www.realitysandwich.com/psychopathy_financial_meltdown

La faille fondamentale de la démocratie serait-elle dans cet avantage dans la course au pouvoir dont jouiraient précisément ceux dont le comportement sera la plus néfaste pour le reste des citoyens? Si c’est le cas, on comprend qu’il ne faut plus chercher le défaut dans le concept même de démocratie, mais dans une certaine négligence de la population qui ne se prémunit pas contre certains individus qui ne devraient pas accéder au pouvoir.

Cela dit,quelles sont les responsabilités que devraient assumer une société pour les en empêcher ? Dans une démocratie parfaite, ces responsabilités serient déterminées par consensus. Mais cette démocratie parfaite ne serait possible, hélas, que si chacun était irremplaçable, ce vers quoi tend une société, mais sans jamais l’atteindre. En pratique, les responsabilités de la société sont donc déterminées par les règles qu’y établit sa majorité effective.

Il en résulte une démocratie imparfaite, où joue à plein, justement, si cette hypothèse est avérée, l’influence de ceux qu’on peut pourrait considérer comme psychopathes !  Dans ces circonstances, il devient clairement  impossible qu’une société où ces derniers exercent le pouvoir effectif puisse en arriver démocratiquement à mettre en place des mesures qui les en excluraient.

Dns cette démocratie imparfaite, la seule défense qui reste  contre les psychopathes en marche vers le pouvoir est celle d’une action individuelle. Le remède d’une « subsidiarité inversée » qui incite tout échelon inférieur de la société, incluant l’individu, à réaliser lui-même ce qu’un échelon supérieur devrait faire, mais ne fait pas.

On a ainsi un « principe de supplétivité » dont l’individu, prisonnier d’un régime dit démocratique,  mais manipulé par des psychopathes et fondamentalement néfaste, pourrait s’autoriser pour poser, même seul, des gestes par définition illégaux… mais dont  sa conscience lui dirait qu’ils sont légitimes.

La mise hors d’état de nuire des psychopathes serait le cas d’espèce emblématique de ce genre de gestes à poser. Cela, hélas, sans garantie aucune que celui qui les pose ne soit pas lui-même un psychopathe…

C’est dans cette optique qu’un contestataire indigné, un rebelle ou un révolutionnaire devrait voir son action et chacun de ses gestes, puis assumer ses responsabilités, leurs conséquences et son propre destin

Pierre JC Allard

https://nouvellesociete.wordpress.com/2008/03/12/161-un-temps-pour-lanarchie/

https://nouvellesociete.wordpress.com/2011/05/31/puerta-del-sol-on-brise-la-boussole…/

https://nouvellesociete.wordpress.com/2011/06/26/quand-lindividu-se-fache-2/

4 commentaires »

  1. Du coup, pour « assurer » la démocratie, que les représentants (jeunes) du peuple soient à la fois aidés, surveillés et sanctionnés par le biais des « tirés au sort » (pourquoi pas choisis parmi des retraités? [ça coûte moins cher]) ne vous semblerait pas si utopique que ça ?
    D’autant que toutes les lois et règlements actuels n’ont absolument pas besoin d’être touchées (des dizaines de millions de discutailleries) sauf après la mise en œuvre effective ci-dessus, bien entendu, auquel cas que de travail !

    Commentaire par zelectron — 30-11-11 @ 3:25

  2. Zelectron

    Des qu’on accepte que ce sont des experts qui doivent tout régler, la démocratie devient un droit de veto et rien de plus. On peut bien à ce point, choisir des représentants au sort, mais, la democaratie directe par internet devient plus efficace et plus gratifiante.

    La question est¨donc de décider si on veut cette approche où des experts seuls decident de tout … ou croit-on encore possible que des esprits éclairés, généralistes intelligents, dévoués et honnêtes interviennent à la gouvernance? En ce cas, c’est le peuple – et non le hasard – qui doit nécessairement les CHOISIR

    pjca

    Commentaire par pierrejcallard — 30-11-11 @ 6:20

  3. Merci pour cet article,

    Je me permets de vous signaler que dans le système politique préconisé par l’Islam, les personnes désirant le pouvoir, la gloire ou autre, sont proscrites d’exercer une fonction liée au pouvoir politique, cela concerne premièrement le calife, équivalent du président de la république.

    Les 4 premiers califes, nommés « bien guidés » de part leur attitude irréprochable et leur respect strict de la morale musulmane sont, normalement, le modèle à suivre comme système politique.

    Ces derniers sont caractérisés dans leurs biographies, outre leur religiosité hors norme, par un souci et un remords face à l’injustice qu’ils pourraient commettre à l’égard du peuple de la Oumma.

    A cet égard, il est établi qu’il n’existe actuellement aucun pays musulman qui gouverne et qui est régi par la constitution islamique ou califat à notre époque.

    La plupart des pays musulmans sont des pays démocratiques (même les royaumes le sont à des degrés, comme la Chine ou la Corée du Nord peuvent aussi être appelées démocraties : pouvoir par/pour le peuple).

    Abdellatif de Bruxelles.

    Commentaire par Abdellatif — 04-06-12 @ 8:53

  4. @ Abdelatif

    On peut prendre la grille de lecture de l’Islam, ce qui n’est absolument pas utopique, et en arriver à des scénarios de gouvernance différents de ceux qu’on étudie généralement en Occident. La notion de Califat est la conclusion logique de celle de Oumma.

    Le problème auquel je fais allusion ici, toutefois, se situe en AMONT des choix de gouvernance. Si la thèse de Lobaczewski est avérée, on est au niveau de l’évolution de l’espèce humaine et les préférence politiques ou religieuses dans ce contexte sont relativement de bien peu d’importance
    pjca.

    Commentaire par pierrejcallard — 05-06-12 @ 8:39


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