Nouvelle Societe

26-04-11

Tuer le système

Filed under: Actualité,Auteur — pierrejcallard @ 10:39

Le systeme de gouvernement que nous avons au Canada ne va plus. Il y a mille choses à faire pour la santé, l’éducation, la justice, la redistribution du travail et de la richesse, maintenir la paix dans le monde, mettre fin à la misère dans un société globale d’abondance et rebâtir TOUT DE SUITE  une structure monétaire et financière stable avant que tout ne s’effondre. On ne les fait pas.

Mille choses à faire, mais l’oligarchie au pouvoir n’acceptera pas de bon gré la réforme d’un ordre social privilégiant les forts et les nantis en fonction directe de la force et de la richesse de chacun. La plupart de ceux qui comprennent le fonctionnement du Système admettent discrètement que celui-ci va vers sa perte, mais une majorité effective de nos dirigeants se plaisent encore à penser que le déluge ne commencera que le lendemain de leurs obsèques. Si on veut entreprendre la transformation de nos institutions, il faudra le faire en opposition au Pouvoir et donc créer d’abord un large consensus contre l’ordre établi.

Qu’on ne rêve surtout pas que ce consensus se bâtira autour d’un ensemble complexe de propositions, comme le Programme pour une Nouvelle Société, par exemple. Le consensus large qui engagera le processus de renversement du Système n’est possible que s’il présente une seule revendication. Une seule. Il faut frapper un seul coup fatal à la jugulaire du Système

Cette revendication doit être extrêmement simple – donc facile à comprendre – et immensément populaire. Il faut que le Système ne puisse la rejeter, mais que, l’acceptant, il ouvre la porte à des changements irréversibles. Y a-t-il une revendication qui puisse satisfaire à ces deux (2) exigences?  OUI. C’est celle d’instaurer une véritable démocratie. C’est au nom de la démocratie et sur le terrain de la réforme des institutions démocratiques qu’il est possible d’établir un vaste consensus contre l’ordre établi.

Qu’est-ce qui permet de penser que l’on puisse réussir ce coup de force? La conjoncture de deux (2) faits dont résulte une situation explosive. Le premier, c’est que pour lutter efficacement contre le fascisme et le communisme à la fois, le système a si totalement conditionné la population à vénérer le mot  “démocratie” qu’il s’est piégé à ne pouvoir la lui refuser. Le second, c’est que  la démocratie a été si ostensiblement mise au rancart, que tout le monde peut constater qu’elle n’existe plus.

La démocratie n’existe plus, car nous avons rompu avec l’idéal du citoyen se prononçant sur les grandes orientations de la société et confiant à ses représentants le mandat de réaliser ses voeux. Ce que nous avons, désormais, c’est une structure politique pseudo-démocratique à trois volets d’importances bien inégales.

En première ligne de la pseudo-démocratie actuelle, il y a le député, devenu désormais sans importance réelle. C’est pour lui que l’électeur vote et c’est lui, en principe, le représentant de l’électeur. En fait, cependant, l’électeur doit voter à la fois pour un candidat député et un programme de gouvernement (parti); il choisit donc, la plupart du temps, de sacrifier celui-là à celui-ci, votant pour le parti qu’il préfère sans égard à la personnalité du candidat.

En pratique il a bien raison, car le député élu n’aura jamais le moindre mot à dire dans le processus de gouvernance; mais le résultat en est que le citoyen ne se sent plus vraiment représenté par celui-là même auquel il a accordé son vote et que le député, déjà privé de pouvoir, n’a même plus la légitimité d’un mandat populaire réel.

En deuxième ligne, il y a les partis politiques. Ce sont eux qui ont la mission de réunir en un tout cohérent et de formuler de façon crédible les programmes entre lesquels une société démocratique devrait choisir. S’en acquittent-ils?  Dans la réalité, le Système tend vers l’existence de deux (2) partis seulement, tous deux aussi près du centre que possible et donc pouvant partager un même programme.

Les tiers partis? Un « tiers parti », naissant à la marge, ne peut accéder au pouvoir que s’il tend rapidement vers le centre et assimile, investit ou détruit l’un des deux partis traditionnels. Ainsi on a vu au Québec l’Union Nationale remplacer les Conservateurs, puis le Parti Québécois remplacer l’Union Nationale.  À Ottawa, on a vu le Reform remplacer le Crédit Social, puis devenir l’Alliance, redevenant finalement les “Conservateurs” et  recréant le bipartisme qui permet de garder l’apparence d’un choix des électeurs… mais le forçant à choisir au centre entre bonnet blanc et blanc bonnet.

En troisième ligne, derrière les députés-poteaux totalement inutiles et les partis interchangeables qui n’offrent plus que le choix entre deux visages de leaders, il y a le vrai pouvoir politique: un fonctionnariat inamovible qui poursuit, quels que soient les élus, la réalisation d’un seul et même programme de gouvernement: l’agenda néo-libéral de l’hyper-pouvoir financier. On maquille cet agenda en bleu ou en rouge, mais nul ne le remet en question.

Cette structure à trois volets dont le troisième est occulté n’a de démocratie que le nom et le peuple en est bien conscient. C’est à cette structure pseudo-démocratique que, selon un sondage de l’Actualité publié il y a quelques années et qui a fait grand bruit, 96% de la population ne fait plus “entièrement confiance”, ni donc aux politiciens …  Elle a bien raison !  Mais si ce 96% de la population qui ne lui fait plus “entièrement confiance”… ne lui fait plus du tout confiance, le système est discrédité et meurt.

Il meurt, parce que le système ne peut pas modifier les règles du jeu politique CONTRE la démocratie par la répression dure à laquelle donnerait lieu, par exemple, une tentative même timide de redistribution de la richesse. Dénoncer la démocratie dont on a fait la pierre d’assise de la société, ce serait pour la gouvernance inviter une insurrection immédiate.

Instaurer une véritable démocratie, c’est donc  prendre le pouvoir par surprise, peut-être même sans coup férir. Tout le reste viendrait par surcroit, car ce que veut le peuple est aux antipodes des politiques actuelles.  Si le système actuel est discrédité, une vraie démocratie peut naitre.

C’est l’abstention ou l’annulation du vote qui discrédite le Système, en enlevant sa pseudo-légitimité au processus électoral.  Quand une majorité de la population refuse de s’exprimer, la non-représentativité des élus apparaît. On crée une situation où, sans violence, mais sans préjugés, on peut regarder de plus près si le gouvernement ne viole pas les droits du peuple en faisant le contraire de ce que celui-ci demande.

On peut légitimement se demander si le peuple n’en acquiert pas des droits sacrés… et des devoirs dont le premier est celui de la désobéissance. Un système auquel on n’obéit plus est mort. Le discrédit qui découle de l’abstention le tue. Une grave décision, mais y a-t-il une alternative  acceptable réaliste ?

Pierre JC Allard

4 commentaires »

  1. Tout a fait d’accord avec la majeure partie de cet article…. Il faut que ça change ! Vite ! Et en profondeur…

    Commentaire par Yom — 12-09-11 @ 3:55

  2. Il faut comprendre que, quoi qu’il se fasse, ce sera une série et une somme de décisions individuelles qui le feront. Le système actuel est tissé trop serré pour qu’il puisse s’y constituer une résistance organisée. C’est l’INDIVIDU, vous, moi, quidam lambda qui poserons, hélas, les gestes qui détruiront le système, au moment où chacun décidera de poser ces gestes. L’IMAGE EST CELLE D’UNE LAPIDATION, CHACUN TIRANT LA PIERRE DE LA TAILLE QU’IL VEUT, COMME IL VEUT, QUAND IL VEUT…

    NON, Je ne trouve pas cette solution agréable. NON, ce n’est pas celle que je voulais, il y a trente ans, quand j’ai commencé à publier sur le thème d’une Nouvelle Société. Je vois simplement que c’est ce qui va se produire, car les occasions de faire autre chose sont passées et on ne les a pas saisies. Aujourd’hui, quiconque regarde le monde voit la même chose. La seule chose qui varie, c’est pour chacun la décision de le dire ou non, la manière et l’opportunité du moment pour le dire… et la décision d’y participer ou de s’y opposer selon sa conscience.

    l’Insurrection qui vient

    Quand l’individu se fache

    pjca

    Commentaire par pierrejcallard — 15-09-11 @ 3:44

  3. Je me demande si votre article, très intéressant au demeurant, ne se base pas sur un postulat erroné. J’ai dut mal à croire que 98% de la population veulent un changement de situation global. Je pense qu’une grande majorité aimerai voir leur situation personnelle évoluer, mais celle des autres…
    J’ai l’impression que nous avons un gros problème individualisme.

    « C’est l’abstention ou l’annulation du vote qui discrédite le Système », ça c’est de l’utopie. Chaque élection est accompagné d’un taux abstention monstrueux, sans parlé des votes blancs. Ceux qui n’ont pas été voté ce découpe en deux groupe: ceux qui s’en foute (il y en a beaucoup) et ceux qui proteste. Et de toute façon les élus considère qu’ils sont légitimes car nous sommes dans une « démocratie » représentative. En gros ceux qui ne se déplace pas ne veulent pas être représenté. Ne pas aller voter n’est pas la solution. En revanche se battre pour que le vote blanc soit pris en compte est plus pertinent. Si le président, député ou maire élu et un vote blanc, la des questions se posent.

    « on peut regarder de plus près si le gouvernement ne viole pas les droits du peuple en faisant le contraire de ce que celui-ci demande ». Bien sûr que le gouvernement viole les lois, la preuve combien sont déjà passé devant les tribunaux? Tout cela est su et ne fait réagir personne car tout le monde s’en tape. La société à glisser dans une instantanéité qui empêche toute prise de recul. Une info en chasse une autre. L’illusion de la liberté.

    Nous somme esclave de notre système et j’ai la mauvaise impression qu’il est trop tard pour agir en douceur. Nous avons tellement tirée sur la corde, tellement remis à demain les décision importante que de toute façon c’est foutu.
    Nous somme trop nombreux en France. Nos ressources naturelle ne permettent pas de faire vivre une population de cette taille. Les sols s’appauvrissent, la pollution galope, le travail manque. Je pourrais étendre cella à l’échelle de la planète. Régulièrement je pense à la réplique du film Matrix: L’homme est le cancer de la planète. Plus j’y pense et plus je suis d’accord. Un cancer ce sont des cellules qui on un comportement anarchique. Qui se reproduise sans contrôle, qui sont immortel, qui détruise le corps. L’ Homme est pareil. Je sait que cela fait extrémiste, mais nos technologie on accélérer tout cela. Il suffit de regardé les courbes de la démographie mondial et les courbes des espérance de vie…

    Vous voulez changer le système de manière pacifiste? Expliquer moi comment…

    PS: j’avoue que le dernier paragraphe est totalement hors sujet… mais je réagissais sur le fait que je pense pas que quoi que ce soit peut changer de manière pacifiste.

    Commentaire par borisdu — 02-12-11 @ 6:18

  4. @ Borisdu

    Excellent commentaire, lucide, cohérent et vous exprimez très bien votre pensée. Je crois que dans le respect des balises que nous nous imposons, chacun les nôtres, nous tenons des discours dont les prémisses sont les mêmes et qui convergent. je me permets de vous suggérer de présenter des articles à CentPapiers ce qui vous permettra de diffuser davantage vos idées et d’apporter votre pierre au chantier.

    PJCA

    Commentaire par pierrejcallard — 02-12-11 @ 10:46


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