Nouvelle Societe

17-09-08

188. Québec français (1)

Filed under: Actualité,Auteur,lesensdesfaits — pierrejcallard @ 10:47

Bouchard-Taylor vient de mettre une gifle au peuple québécois et je crois que la Commission se fiche comme d’une guigne du français au Québec. Moi pas. Pour éviter tout malentendu, je précise que je ne suis pas indépendantiste – je pense que le temps de réclamer l’indépendance est passé – mais la place du français au Québec me tient à coeur. Je me garde pour une autre fois le plaisir de dire du mal de Bouchard et Taylor. Parlons plutôt d’abord de ce qui est important : sauver le Québec français.

L’assise du Québec français, c’est la Loi 101. Il faut la revoir. Entièrement. Présentée comme un geste audacieux, la Loi 101 exprimait en fait notre pusillanimité collective. C’était une fuite, notre refus de régler le véritable problème, couplé au désir de nous donner une belle image en gagnant de petites escarmouches. Je disais, à l’époque, que le Québec agissait comme cet ivrogne qui a perdu ses clefs dans le jardin, mais les cherche sous le réverbère, parce qu’on y voit plus clair… La solution de facilité est évidemment plus facile… mais ce n’est pas une solution.

Je ne dis pas que la Loi 101 a été une abomination – elle a joué un rôle utile, mais elle n’a rien réglé. Le cœur du problème, c’est qu’on ne développe pas une culture nationale forte en finançant l’expansion en son sein d’une contre-culture. Quand on parle de Québec français, on veut dire un État dont la structure est francophone et qui rend à ses citoyens des services en français. Exclusivement en français. Y financer l’enseignement de l’anglais ou y rendre des services en anglais est une aberration.

Posons le principe que quiconque vit au Québec doit recevoir en français tous les services que la société s’engage à offrir. La société ne doit à personne d’autres services qu’en français. Quels sont ces services ? Services administratifs au sens large incluant la gestion d’une infrastructure, éducation, santé, justice, protection, information, un accès à une structure mercantile et financière, a la culture et aux loisirs…. l’État a la responsabilité de voir à ce que tout ça se fasse en français. Et c’est ce que fait l’État qui est important.

C’est dans le domaine public que l’État doit avoir le courage de faire ce qui doit être fait, car ce que font les citoyens entre eux ne regarde qu’eux, est du domaine privé et l’État n’a pas à s’en mêler, sauf si les droits des tiers sont concernés. C’est l’alpha et l’oméga. L’État doit agir en français ou cesser de dire des fadaises et de se rendre ridicule. Selon le vieil adage anglo-saxon bien connu, il faudrait procéder à la satisfaction de nos besoins naturels ou passer à autre chose.

Il faut EDUQUER EN FRANÇAIS. Le projet d’un Québec français a été condamné, lorsque le Mouvement Souveraineté Association, comme le souhaitait René Lévesque, a résolu qu’un Québec souverain maintiendrait un système d’éducation parallèle en anglais. François Aquin à l’époque s’y était opposé. L’avis de René Lévesque – qui ne voulait pas l’indépendance, mais un Québec « souverain » dans une union canadienne – a prévalu. Nous avons eu peur d’offenser la majorité dominante.

Sage décision politique, car cette prise de position conciliante a permis que naisse le Parti Québécois, qu’il prenne le pouvoir, qu’il fasse indéniablement quelque bien et nous amène où nous en sommes aujourd’hui. Marchant entre les croix à Verdun, il faut se souvenir que ce sont ceux qui ont peur au bon moment qui survivent. Mais la vésanie d’un Québec indépendant où l’on aurait continué à payer une éducation en anglais et à offrir des services en anglais ne s’est heureusement jamais réalisée. Heureusement, car ce projet n’aurait jamais atteint son objectif de créer un pays où l’on aurait vécu en français.

L’indépendance n’était pas indispensable et ne l’est toujours pas. C’est imposer VRAIMENT le français comme seule langue officielle au Québec qui était une impérieuse nécessité. On ne l’a pas fait. On a eu peur de faire ce qu’il fallait faire et l’on a fait autre chose, on a impressionné la galerie et l’on s’est donné bonne conscience, mais ce qu’il fallait faire pour que le Québec soit vraiment français reste à faire.

Il faut affirmer que, si on veut vivre au Québec, il faut une connaissance minimale du français,sans laquelle il vaudrait mieux aller vivre ailleurs. Cette connaissance minimale du français – (disons Français # 1) – devrait être acquise par un apprentissage intensif du français au niveau préscolaire, permettant à tous les Québécois non-francophones d’arriver au palier de l’école primaire avec cette connaissance minimale qui leur permettrait de recevoir leur éducation complète en français.

Personne ne devrait être admis dans une classe de niveau primaire du secteur public d’éducation s’il n’a pas cette connaissance minimale du français, car toute éducation gratuite au Québec ne devrait être offerte qu’en français. Du primaire à l’universitaire, la langue d’enseignement du système d’éducation financé par l’État doit être le français.

Seulement le français., sans quoi ce n’est pas un pays français qu’on construit. La société n’a pas à financer l’essor au Québec d’une langue concurrente au français. Elle ne doit en accepter tout au plus que l’enseignement de certains élements, insérés au programme aux moments jugés pédagogiquement opportuns.

Cela dit, quiconque, après le préscolaire, doit pouvoir passer à une école privée où l’on enseigne en anglais, en chinois, en ourdou ou en toute langue de son choix. Il peut ensuite – aussi en institutions privées – poursuivre des études secondaires, puis passer à des études collégiales et universitaires, suivant à tous les niveaux des études en anglais, ou en tout autre langue. Il a le choix… mais il doit alors le faire à ses frais.

Corollairement, une institution d’enseignement peut bien faire tout ce qu’elle veut, mais pas aux frais des citoyens. Elle peut enseigner et décerner des diplômes, mais la compétence au Québec de ceux qui les obtiennent ne doit être reconnue que s’ils ont aussi la compétence linguistique requise.

Évidemment le cas McGill vient à l’esprit. McGill – ou tout autre institution – recevra des subventions proportionnelles à la part de ses activités académiques et de recherche qui auront lieu en français. Pour le reste, elle dépendra de son financement privé avec lequel elle aura toute discrétion d’agir. Même chose pour les institutions juives enseignant en anglais, même chose pour quiconque veut enseigner en tout autre langue.

Le moment de vérité c’est que, quoi que l’on ait appris, on ne pourra l’utiliser au Québec que si on a atteint aussi la maîtrise du français exigée pour le faire. Il importe peu que le médecin suive ses cours en anglais, mais ses cours en anglais seront payés par un financement privé… et il ne sera pas admis à la pratique de la médecine au Québec, s’il n’a pas une maîtrise du français du niveau exigé.

Avant tout, il faut qu’on apprenne en français. Quand l’individu passe au marché du travail, à quelque niveau qu’il le fasse, la connaissance minimale du français (Français # 1) qu’il a acquise au préscolaire doit lui permettre de recevoir et de rendre des services dans un pays où l’on vit en français. Rien d’autre que la connaissance minimale du français ne doit être requis pour vivre au Québec comme rentier, comme personne à charge, ou en n’y exécutant que des travaux qui n’exigent pas de contact avec le public consommateur. Pour coudre des boutons dans une usine, par exemple, le Français # 1 suffit.

On n’en exige pas plus du non-francophone qui est né au Québec, ni de l’immigrant, lequel, toutefois, ne pourra être formellement « reçu » que lorsqu’il aura passé l’examen faisant foi de cette connaissance du Français # 1. Il recevra – mais adaptée pour adulte – une formation qui lui permettra d’acquérir le même niveau minimal de français que celui qui sera enseigné au préscolaire. Pour vivre et travailler au Québec, on n’en demandera pas plus. De celui qui veut travailler en contact avec le public, toutefois, ou exercer une profession qui exige une formation universitaire, un pays où l’on veut vivre en français devra en exiger davantage… Nous en parlons dans le deuxième volet de cet article.

( à suivre)

Pierre JC Allard

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3 commentaires »

  1. bonjour. Vous m apprenez une chose avec la loi 101 et merci que cela soit écrit en français.JP Giroux amis de bien des professeurs université de français.

    Commentaire par GIROUX — 13-04-10 @ 12:32

  2. Bonjour . En France il y a eu plus de 45 milles postes de professeur de français supprimé en trois ans et cela continue vitesse grand V.manif action régulière depuis plus de 15 Ans. JP Giroux Paris

    Commentaire par GIROUX — 13-04-10 @ 12:44

  3. @ Giroux

    Merci pour votre commentaire

    PJCA

    Commentaire par pierrejcallard — 13-04-10 @ 2:26


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