Nouvelle Societe

11-11-15

Marx, Asimov, Orwell… le sceau des prophètes laïques

Filed under: Auteur — pierrejcallard @ 1:19

 

 

 

De Jonas, David, Elie, Jeremie – enchâssés dans la Bible – aux « preachers » juchés sur leurs boîtes à savon de Hyde Park Corner, le monde n’a jamais manqué de grands prophètes, ni de diseuses de bonne aventure.  Heureusement, car n’est-il pas évident que tout ce qui sera est en germe dans ce qui est, et que, si on regarde bien on verra tout… ? Alors, depuis toujours, on prédit et on « prophétise…. »

Les Chinois s’inspiraient des écailles de tortue, les Romains des entrailles des victimes, puis on a fait co-signer les « scoops » par des Nostradamus ou par Dieu lui-même sous divers pseudos, en attendant que la Science prenne sa place. Quand ce fut fait, on put laisser sortir enfin les futurologues : les prophètes laïques dont nous suivons les oracles.

Instructives leurs prophéties ? Il y a eu des bides amusants, ; comme quand Simon Newcombe, le polymath le mieux coté de son époque, a dit qu’avec les moyens disponibles le plus lourd que l’air ne pourrait jamais voler… alors que l’appareil des frères Wright était pratiquement au décollage…. ! Quelques mauvaises notes, donc, mais, généralement on a assez bien vu venir Côté science et techno, s’entend, car quand on a lu les feuilles de thé pour la politique on s’est surtout gouré. Tyrannie, démocratie…. La boule de cristal est souvent restée opaque, même pour les tendances lourdes.

Qui aurait pu prédire, par exemple, que les USA, pays fondé par des déracinés contestataires, s’en tiendrait à une seule constitution durant des siècles, alors qu’un pays de vieille civilisation comme le France épuiserait trois (3) monarchies, deux (2) empires et cinq (5) républiques, en plus des singularités de type Directoire, Consulat et Etat Français ?

Cela dit il y a eu d’étonnants prophètes. Marx, bien sûr, mais aussi Alvin Tofler qui, dans Le choc du Futur, a prédit à peu près tout. Des visionnaires comme Asimov qui, non seulement a dit son mot sur toute l’épopée humaine, mais en a parfois décrit des aspects avec un luxe de détails digne d’un pro. Ainsi, dans Fondation, quand il nous montre comment, en manipulant les variables culturelles et économiques, un État sagace peut triompher d’un rival militairement plus puissant. Un manuel pour la Guerre Froide….

Personne plus étonnant que Orwell, toutefois, qu’on peut voir pout l’instant comme le sceau des prophètes laiques, puisqu’il a décrit, dans « 1984  » – publié en 1949 – le monde tripolaire qui est à s’organiser aujourd’hui sous nos yeux !

Quel monde ? Celui de trois (3) super-états, ostentatoirement commis à des guerres sans victoire possible – ni même vraiment voulue ! – puisque chacun dirigé pas par sa propre oligarchie, a pour but premier de garder son pouvoi intact et perenne dans une lutte incessante contre … sa propre population !  Les conflits avec les ennemis apparents ne sont là que pour la frime. Chacun, en alternance, peut donc s’opposer aux deux autres, dans le cadre d’alliances en continuel changement. … qui ne sont que des simulacres,

Oceania, Eurasia, Eastasia…. . Les entités politiques que présente Orwell sont si vastes qu’elles ne peuvent être conquises et occupées, faisant de la connivence larvée de chacune une donnée incontournable de la stratégies de l’oligarchie des deux autres. Peut-on ne pas y voir l’Amérique, la Chine et la Russie, cherchant elles aussi l’équilibre global dans un état de « non-guerre » …. mais de rivalité musclée permanente ?

Une rivalité favorable à une dynamique de commerce et d’amusantes intrigues byzantines, pour le plaisir et l’enrichissement du 0,0001%, des mortels, une caste de milliardaires présente chez chacun des Trois Grands. L’Inde et le Japon sont la, en réserve du futur, se faisant – ou ne se faisant pas – un destin pour demain, mais qu’ils devront arracher de ceux déjà bien en place. L’Afrique et l’Islamie sont des territoires destinés au chaos, propices aux aventures et aux grandes ambitions chères à Kipling. « East of Suezwhere the best is like the worst. Where there aren’t no Ten Commandments and a man can raise a thirst… »

Que manque-t-il à notre monde pour qu’il réalise la prophétie orwellienne ? D’abord que l’U.E se détache de l’Amérique et fusionne avec la Russie pour donner à Eurasia  le poids économique qui en fera une entité au moins égale aux deux autres. Ensuite, que toute prétention à une gouvernance démocratique s’estompe pour faire place au fascisme collégial ou dictatorial qui est la gouvernance que laisse supposer Orwell.

Est-ce l’avenir que nous voulons ? Bien sûr que non ! Mais voyons-nous des signes tangibles d’une résistance des individus à cette évolution ? Si l’on ne s’insurge pas contre l’anéantissement progressif de toute référence concrète a la volonté populaire pour déterminer les orientation de nos société, n’est-il pas évident que les vestiges quasi parodiques de démocratie qui subsistent seront très bientôt supprimés ?

Seul un changement de la finalité que nous voulons donner à l’existence humaine empêchera que se réalise la prophétie d’Orwell. J’en parlerai dans mon prochain article.

 

Pierre JC Allard

 

Un commentaire »

  1. Le caillou dans la mécanique d’Orwell, c’est la crise écologique… La constitution de super-états efficaces me semble supposer une richesse en énergie et matières premières, lesquelles risquent de venir à manquer.

    Commentaire par Anonyme — 10-04-16 @ 6:12


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