Nouvelle Societe

08-02-05

T17 Les non-travailleurs

Filed under: Auteur — pierrejcallard @ 3:16

Il y a dans toute société le groupe de ceux qui ne travaillent pas. On ne parle pas ici de ceux dont la participation est simplement occultée mais sera reconnue– comme aujourd’hui celle de la femme au foyer, dont nous parlons ailleurs – mais de ceux qui ne peuvent pas participer à l’effort de production. Une société doit poser les bases de sa relations avec ceux-ci en acceptant deux (2) principes complémentaires

D’abord, celui que tous les sociétaires devraient participer à l’effort collectif . Non seulement la participation de tous est-elle indispensable pour maximiser le produit obtenu, mais le sentiment de justice en chacun de nous qui est l’ultime arbitre de nos différends sociaux n’est satisfait que si la distribution de ce produit découle essentiellement à l’apport de chacun à la création des biens et services qui constituent la richesse.

Ensuite, celui qu’à cette justice commutative doit s’ajouter une justice distributive, imposant à la collectivité de subvenir aux besoins de ceux qui sont empêchés pour juste cause de travailler. Cette solidarité n’est pas ue exception, mais la norme. L’élimination des non-productifs dans l’Allemagne nazie à été une phénomène isolé dans l’Occident moderne.

Cette responsabilité de « péréquation » – au sens étymoloqique – est généralement acceptée. Elle ne sera parfaitement satisfaite, cependant, que quand les non-travailleurs involontaires ne reçevront pas une pitance, mais jouiront de conditions de vie comparables à celles de qui peuvent contribuer à la production.

Dans une Nouvelle Société, seuls les enfants, sont absolument exclus de l’effort de production collectif, jusqu’à l’âge dont décide le consensus social. Ceux qui souffrent d’un handicap physique ou mental qui limite leurs activités en sont totalement ou partiellement exemptés, mais à la mesure de ce handicap. Les aînés sont pensionnés à partir d’un âge dont décide aussi le consensus social, mais peuvent continuer de participer à l’effort collectif, à leur discrétion, sous réserve d’une évaluation objective de leur capacité résiduelle.

Dans une Nouvelle Société, les non-producteurs sont dotés d’un revenu d’assistanat à la hauteur de l’évaluation médicale qui est faite de leur handicap physique ou mental. La pension versée aux vieillards et qui leur permet de vivre dans la dignité est la même pour tous. Elle est individuelle et non par famille ou ménage, ces structures sociales étant désormais instables.

L’entretien des incapacités pour motif d âge ou de handicaps constitue déjà une ponction incontournable sur les ressources communes de toute société. Dans une société de haute technicité, toutefois, vient s’ajouter une autre catégorie de « non-producteurs » qui prend une importance énorme et qui peut représenter une charge financière tout aussi considérable: celle des travailleurs en formation. Ils seront de plus en plus nombreux

L’éducation et la formation, sous une forme ou une autre, sont toujours nécessaires et ont toujours existé. Dans une économie avancée, elles vont constituer un prélèvement d’importance sans cesse croissante sur le revenu global de la société. Dans une économie industrielle, à mesure que le travail sous son aspect compétence est apparu comme le facteur le plus critique de la production, on a constaté que le travailleur formé était un « capital fixe » : le plus important et le plus coûteux des investissements pour obtenir une production efficace

Si l’investissement dans la formation du travailleur est déjà la condition sine qua non de la production industrielle d’un bien d’une quelconque valeur, cette exigence est encore exacerbée quand on passe à une économie société postindustrielle.Dans une économie tertiaire, dont la quasi-totalité des activités économiques consiste en services, on voit bien que chaque service est l’expression DIRECTE d’une compétence. Sans cette coompétence, le service n’existe simplement pas ! La formation devient donc la plus importante des activités à promouvoir.

La croissance exponentielle des sciences et des techniques nous a menés au point où un employeur ou un professionnel autonome consciencieux devrait déjà consacrer une part significative de son temps à la mise à jour de sa compétence. Nous en sommes au point où bien des employeurs, dans les secteurs dit « de pointe », reconnaissent se fixer l’objectif à court terme d’avoir continuellement en formation 20% de la main-d’œuvre.

Cela, pour aujourd’hui, mais nul ne sait où cette tendance s’arrêtera. Le besoin de formation augmente quand se réduit le temps qui sépare la découverte d’une nouvelle technique de son application. Le pourcentage de formation augmente, aussi, quand on grimpe dans la hiérarchie des fonctions. Au palier de la recherche, on tend vers 100%, alors que se confondent recherche et apprentissage.

Rien ne nous assure que 30%, 50% ou même plus du temps de la vie professionnelle active du travailleur ne devra pas bientôt être consacrée à sa formation. En production de masse, on tente d’eviter ce grignotage du temps de travail de production réelle par l’apprentissage en réorganisant nos façons d’enseigner et de former, mais il n’est pas dit qu’un jour on ne passera pas plus de temps à apprendre qu’à appliquer ce que l’on aura appris.

Il serait bien trompeur d’assimiler ceux qui sont en formation à des non-travailleurs : la formation est une partie essentielle du travail. Il reste que la formation ne crée pas une valeur qu’on peut consommer sur le champ et constitue donc une épargne forcée, puisqu’il faut en assurer le financement. L’étudiant est un travailleur, mais, dans l’instant présent, il n’est PAS un producteur.

Tout ce temps d’apprentissage pendant lequel il ne produit pas constitue un déboursé énorme pour la société. Une charge que celle-ci ne peut évidemment refuser, puisqu’elle est une condition indispensable de son développement, mais qu’elle doit tenter de détourner de la collectivité vers l’individu.

Que la croissance du nombre des non-producteurs ces variations soit le fait de la démographie, de nos politiques de migration, ou de nos choix sociaux concernant la durée du travail, de l’éducation/formation et du loisir, c’est l’une des variables du travail dont il faut tenir compte. On ne peut gérer correctement la main-d’œuvre que si on tient compte de ses éléments qui ne sont pas « en exploitation » et que l’on en gère les fluctuations.

Pierre JC Allard

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