Nouvelle Societe

07-02-05

T9 Les services complexes

Filed under: Auteur — pierrejcallard @ 9:48



Il y a une offre de travail excédentaire pour les petits boulots, mais pas pour les services qui exigent une formation longue. Ici, les ouvriers manquent et la demande est pratiquement infinie. Dans tous les pays, c’est une armée de fournisseurs de services complexes qu’il faudra préparer,pour répondre à cette demande. Deux (2) contraintes économiques rendent cependant bien difficile la création massive d’emplois dans le domaine des services complexes.

La première contrainte économique, c’est que la prestation de services complexes, tout comme la production industrielle, exige un investissement préalable. C’est l’éducation/formation qui est ici le multiplicateur qualitatif de la productivité des services, comme la machine est le multiplicateur quantitatif de la production industrielle. Il existe cependant une différence essentielle entre un investissement dans l’industrie et un investissement en éducation/formation: la machine peut demeurer la propriété de l’investisseur et lui rapporter un profit ou un dividende, alors que l’éducation/formation ne peut être appropriée; elle profite entièrement au travailleur.



À partir de cette donnée, il y a un choix social à faire. Soit qu’on laisse à l’étudiant la charge de payer son éducation/formation, au risque de rendre celle-ci quasi-héréditaire et don un privilège au lieu d’un droit…, soit que l’État accepte la facture, ce qui n’est pas une mesure aussi progressiste qu’il y paraît… 



Si c’est l’individu qui paye, le nombre des individus qui peuvent consentir cet investissement est restreint par leur propre capacité financière; si c’est l’État, ses ressources disponibles pour cette fin sont limitées par ses autres priorités et par la capacité de payer de la sociét qui est, par définition, sans plus, celle de l’ensemble des contribuables. Leur capacité et leur VOLONTÉ de payer pour l’éducation/formation; car, ne l’oublions pas, c’est celui qui reçoit l’éducation/formation qui en sera le premier bénéficiaire. Le contribuable, lui, n’en retirera un avantage que s’il paye encore une fois, plus tard, pour le service rendu… et il le payera cher.



Il le payera ou on le payera pour lui, mais le service rendu sera chèrement payé. La deuxième contrainte économique à la création massive d’emplois dans le domaine des services complexes est que si, dans l’abstrait, la demande pour de tels services est infinie, la demande EFFECTIVE pour de tels services est sévèrement limitée par le prix qu’en exigent ceux qui les rendent.

L’étudiant/travailleur, quand il est devenu fournisseur de services complexes, veut un retour avantageux sur son investissement en éducation/formation. Il veut ce retour conforme à la prévision qu’il en a faite, au vu du prix de ces services quand il a pris la décision d’investir. Il veut ce retour même s’il n’a investi que son temps, ce qui est déjà beaucoup. Il le veut à plus forte raison s’il a assumé le coût total de son éducation/formation.



L’État a un choix social à faire. Mais que ce soit l’individu, comme aux USA, ou la société comme dans la plupart des pays civilisés qui ramasse la facture, le nombre des fournisseurs de services complexes est vite limité par la capacité, individuelle ou collective de payer pour leurs services.

Si aujourd’hui notre société restreint les inscriptions en faculté de médecine, ce n’est pas parce que les médecins chôment; c’est parce que c’est nous, collectivement, qui payons les médecins et que nous n’avons pas les moyens de payer à plus de médecins une rémunération de médecin. Ceci, d’ailleurs, a mené dans certains pays à la scandaleuse absurdité de payer des médecins compétents pour qu’ils cessent d’exercer leur professions !

Il est clair que le développement de notre société passe par l’affectation d’un pourcentage croissant des travailleurs à la prestation de services complexes. Ceci, toutefois, n’est possible que si on trouve une solution au problème du financement d’un effort d’éducation/formation qui, avec l’accélération du rythme des changements technologiques, deviendra inévitablement encore plus important qu’il ne l’est déjà… et si, simultanément, on peut convaincre les fournisseurs de services complexes d’en exiger une rémunération moindre.

Il n’est pas impossible de convaincre celui qui reçoit une formation d’en payer le coût. Son espérance d’un gain accru quand il s’est form est bien suffisante pour justifier qu’il fasse cet investissement. Il faudra bien le faire, car la population n’acceptera plus longtemps la prise en charge des coûts de toute la formation qui sera requise. Mais il faut au moins lui prêter cet argent… !

On peut aussi, en augmentant le nombre de ceux qui les rendent, réduire la rémunération moyenne des fournisseur de services complexes sans diminuer leur espérance de gain en deça du seuil où ils accepteront d’investir dans cette formation. Il le faudra aussi, car si leur nombre augmente et que c’est le travailleur moyen de l’avenir qui devient un fournisseur de services complexes… il faudra bien que sa rémunération moyenne devienne celle du travailleur moyen…

Ce sont des décisions politiques qu’il faut prendre, même si elles ne sont pas immédiatement populaires. Quand nous les prendrons, toutefois, ce ne sont pas des emplois qu’il faudra créer, mais des travailleurs autonomes à qui on devra confier ces tâches. L’intervention d’un employeur entre celui qui rend un service et celui qui le reçoit est néfaste.

Pourquoi tant de gens payent-ils aujourd’hui de leurs deniers des soins de médecine disons, non conventionnelle, dont la valeur n’est pas nécessairement meilleure – et est même parfois douteuse – plutôt que de s’en remettre à de professionnels de la santé qui sont des employés et des fonctionnaires ? Ne serait-ce pas largemet pour échapper à la morgue du salarié et obtenir d’un fournisseur autonome la considération à laquelle ils considèrent qu’ils ont droit plutôt que l’attention ennuyée des fournisseur officiels ?

Ce message ne doit pas être perdu. Il faut rétablir le contact direct entre celui qui offre un service et celui qui le reçoit. Les services complexes gagneront en qualité quand ils seront fournis pas des travailleurs autonomes, encore payés par l’État par capitation, mais dont la rémunération dépendra ainsi ultimement de la satisfaction de leurs clients.

Pierre JC Allard

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