Nouvelle Societe

07-02-05

T12 Le travail assuré

Filed under: Auteur — pierrejcallard @ 10:58

ll est absurde qu’il n’existe pas, aujourd’hui, dans chaque pays développé, un système adéquat de revenu garanti. Les fonds pour faire fonctionner un tel système sont toujours là, puisqu’ils sont déjà utilisés ! Personne ne meurt de faim dans un pays développé. Mais on y meurt parfois d’angoisse et de désespoir. Il faut arrêter cette barbarie.

Seules empêchent la mise en place d’un système de revenu garanti les luttes sordides de pouvoir au sein de la caste dominante pour maximiser le rendement sur un capital qui, souvent, s’est monétarisé au point d’être dépourvu de toute réalité. On laisse mourir des êtres humains pour modifier des préséances symboliques dans un monde imaginaire.

Il faut que le revenu garanti soit mis en place. Il serait absurde qu’il ne le soit pas, mais tout aussi absurde, cependant, que quiconque est apte au travail touche un revenu de la société sans avoir à travailler. Il faut mettre un terme à cette aberration que trois travailleurs sur quatre aient continuellement à partager le fruit de leur labeur avec le « quatrième travailleur» », lequel reste oisif parfois parce qu’il est une profiteur, mais le plus souvent simplement parce que notre société est trop bête pour utiliser correctement ses services.

Nous avons bâti un assistanat tentaculaire, qui n’est pas une réponse à la mauvaise distribution de la richesse, mais une activité complice de l’exploitation. En donnant au travailleur exclus son plat de lentilles, on lui instille insidieusement la peur d’en être privé et on lui retire donc de facto le droit de protester ou de proposer une alternative. Ne parlons donc plus d’un revenu minimum garanti sans contrepartie.

Le revenu garanti doit aller de paire avec une prestation adéquate de travail, sans quoi nous allons à la ruine. Nous y allons sans autre excuse que la négligence, car il est possible de remettre tout le monde au travail à brève échéance. Il faut exiger de tous une contribution à l’effort collectif. Pour que cette contribution soit possible, il faut que l’État à qui on demande de garantir un revenu à tous les travailleurs, garantisse aussi à chacun d’eux un travail. L’État doit absolument mettre au travail le « bénéficiaire de la solidarité collective ». S’il ne le fait pas, les conséquences négatives s’accumulent.

D’abord, il est injuste pour les autres travailleurs que celui-ci soit payé à ne rien faire; ensuite, notre société n’a pas les moyens de perdre la valeur que représente le travail de l’inactif; troisièmement, la nature humaine étant ce qu’elle est, il est probable que le bénéficiaire qu’on laisse inactif fera quelque travail au noir, sabotant un peu plus le marché du travail légal; enfin, le bénéficiaire ne peut retrouver sa dignité que s’il redevient un participant à l’effort de production collectif. Il faut qu’il travaille.

Ce doit être la responsabilité absolue de l’État de procurer un emploi à chaque travailleur. Tout travailleur apte au travail, s’il ne trouve pas un emploi par ses propres moyens, doit pouvoir se présenter à un « Bureau du Travail  » et y recevoir sur-le-champ une affectation compatible avec sa compétence. Idéalement, cette affectation ferait appel à toute ses compétences, mais cela ne sera pas toujours possible. Disons donc un emploi qui utilise la plus grande part possible de ses compétences. Si, sain de corps et d’esprit, il refuse cette affectation, il n’y a pas à lui donner un revenu.

D’autre part, s’il l’accepte, il mérite son salaire. Pas une aumône, mais son plein salaire, un salaire de manoeuvre s’il est manoeuvre, de plombier s’il est plombier, de médecin s’il est médecin, Il doit être payé le salaire qui correspond aux compétences qu’il a acquises et que la société lui a reconnues. L’État doit assurer au travailleur un salaire selon ses qualifications reconnues.

Exceptionnellement, on devra peut-être affecter un travailleur à des fonctions inférieures à sa compétence, mais pourquoi serait-ce alors au travailleur de supporter une perte de revenu quand il est évincé de son emploi par des changements technologiques ? A-t-il commis une faute? Que l’État assume le coût de la différence entre le prix payé par le marché pour la fonction qu’on va lui confier et celui qui correspond à sa compétence.

Quelle est la rationalité de payer un salaire d’architecte, par exemple, pour un travail de dessinateur ? Celle de la disponibilité. La disponibilité a une valeur et doit avoir son prix.Tout comme les employés d’une entreprise et les fonctionnaires sont payés pour être à la disposition de leur employeur – et que c’est à celui-ci de bien les utiliser – l’État doit être responsable du plein-emploi. Il est l’employeur de dernier recours: qu’il assume ses responsabilités.

C’est la structure de planification et de formation de l’État qui a conduit a créer un travailleur ayant les caractéristiques de celui qui est tout à coup sans emploi. La structure, ce faisant, a voulu qu’il soit disponible. Une ressource en réserve. Il doit recevoir le prix qu’on lui a implicitement offert, en lui laissant croire qu’il y avait un emploi exigeant cette compétence.

Comment déterminer le revenu auquel le travailleur a droit ? Au départ, on utilisera des indicateurs, dont son salaire actuel s’il est salarié, et aussi les normes de la Fonction publique. Ceci ne signifie pas que ces normes soient parfaites, loin de là, mais elles ont le mérite d’être immédiatement disponibles et représentent une forme de consensus, puisqu’elles on déjà été négociées par les parties pour que soient acceptées les conventions en vigueur entre l’État et les diverses catégories de ses fonctionnaires. Ces normes sont une base de départ. À partir de cette base, on pourra modifier ou compléter au besoin.

Ces indicateurs, toutefois, sont des outils d’estimation transitoires. Le principe de base vers lequel on ira est que le revenu garanti de l’individu est établi selon ses compétences acquises, reconnues par une « Certification » dont nous parlons à l’article suivant. La valeur relative des compétences, elle, est déterminée par une négociation interprofessionnelle dont nous verrons dans un autre texte les conditions d’application

Pierre JC Allard

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