Nouvelle Societe

14-03-11

La crise des ressources naturelles … en 1 000 mots

Filed under: Actualité,Auteur — pierrejcallard @ 12:00

Si vous croyez que la crise des ressources naturelles est que nous allons en manquer, vous lisez trop les journaux. Bien sûr, l’hypothèse malthusienne est à terme incontournable et, si la population augmente suffisamment, nous finirons bien par manquer de tout, mais ce n’est pas le problème aujourd’hui. Ni celui de demain. Même le pétrole, dont on nous fait le cas emblématique des catastrophiques pénuries à venir, est encore disponible pour des siècles dans le pire des scénarios et les alternatives aux hydrocarbures – nucléaire, éolienne et solaire – seront disponibles à meilleur coût bien avant que cette filière ne soit épuisée.

Il y a bien une crise des ressources, mais elle découle de la baisse de rentabilité à laquelle le capital peut s’attendre, maintenant qu’une production plus complexe donne l’avantage à la compétence sur la simple propriété des équipements et que c’est le travail et non plus le capital qui devient le facteur rare et donc dominant de la production. Ne pensez donc pas une minute que le capitalisme va jeter l’éponge et renoncer à contrôler la société. Il va simplement tenter de continuer sa main mise en se repliant sur la méthode traditionnelle d’exploiter les faibles : l’extorsion.

C’est celle qui était là avant que l’industrialisation ne vienne créer une parenthèse durant laquelle il est apparu possible et plus élégant de faire son blé en produisant quelque chose, et donc de tirer avantage des pauvres en prenant seulement la part du lion du prix d’un vrai service rendu. Comme nous l’avons vu la semaine dernière, cet intermède tire a sa fin ; les puissants vont donc revenir à la situation antérieure à l’industrialisation : exiger une rente sur les matières premières AVANT que la production ne débute.

Supposons que j’ai le contrôle d’une oasis et des hommes armés. Vous êtes un nomade qui arrivez du désert, en route vers Babylone avec des moutons et des chèvres qui ont soif. Je vous permets l’accès à la source et vous me donnez quelques brebis gestantes. Pourquoi ? Parce que je suis là.

Cette exigence s’appuie sur un droit de propriété dont la légitimité est nulle, mais est imposée par la force. On est dans Proudhon et l’extorsion pure et simple. Notez que je suis gentil : je pourrais vous zigouiller et garder les ovins. Ma gentillesse vient de ce que mes hommes armés ne veulent pas faire le chemin vers Babylone. Je ne vous prends donc que quelques bêtes… mais autant que je veux.

La crise actuelle ne vient pas de l’extorsion – qui est là depuis toujours et est tenue pour légitime au moins au moins depuis que le servage a remplacé l’esclavage – mais des dissensions entre exploiteurs.

Encore une fois, prenons le pétrole en exemple, mais le scénario est le même pour toutes les matières premières. Quelques bédouins somnolent, ou écrivent des rubas, sur le sable chaud au-dessus d’une mer d’un liquide visqueux et nauséabond auquel ils ne voient pas d’usage, mais les Anglais, si.

Premiere étape, les Anglais le prennent. Deuxième étape, apparaissent à l’horizon des Russes, puis des Américains, des Français, etc … Tout le monde en veut. Tout le monde se prépare à lancer ses méharis, quand un Arménien futé qui se voudrait Portugais trouve l’idée ingénieuse de donner quelques barils aux indigènes et de se partager le reste entre Européens armés. La paix, c’est bien, la connivence dans l’extorsion, c’est mieux. Si vous passez à Lisbonne, ayez une bonne pensée pour Gulbenkian ; il a sauvé bien des vies.

Avec le temps, l’extorsion par le pétrole est devenue la première source de revenu des riches. Tout le monde a besoin d’énergie et le pétrole est de loin la première et la meilleure source d’énergie. Tout le monde carbure et riches comme pauvres sont donc taxés au prorata de leur consommation en énergie, ce qui est loin d’être bête et n’est certes pas la façon la plus inéquitable de taxer tout le monde au profit de ceux qui taxent. Ceux qui taxent sont ceux qui en ont le pouvoir et qu’ils en aient le bon droit est un autre débat.

Cette rente du propriétaire est immorale. Les ressources naturelles ne peuvent en bonne logique appartenir qu’à l’humanité tout entière et leur valeur ne devrait, en bonne justice, être distribuée qu’entre ceux qui les rendent disponibles, chacun au prorata du travail qu’il a mis à le faire. Dans le monde où nous vivons, cette justice est une utopie.

Dans le monde où nous vivons, toutefois, il ne manque pas de gens pour penser que vivre au-dessus d’une mine ne devrait pas donner un droit au minerai qu’on en extrait, pas davantage que d’avoir le fusil pour en exclure les intrus. CRISE ! Sans le dire, on va donc occuper les mines de l’Afghanistan si on a besoin de la ressource… ou faire sauter ceux qui viennent les occuper si on y est et qu’on n’a pas besoin d’occupants.

Maintenant que le travail veut sa part et que l’extorsion d’une rente sur la matière première est redevenue la meilleure façon de s’enrichir, les querelles entre exploiteurs vont se multiplier. Crise des ressources…

Pierre JC Allard

https://nouvellesociete.wordpress.com/ressources-natu

2 commentaires »

  1. Ce qui nous amène à Kadhafi et l’extorsion qu’il commet vis à vis de son peuple libyen.
    n.b. Kadhafi n’est ni Anglais, Russe, Américain, Français, Arménien (futé) et encore moins Portugais

    Commentaire par zelectron — 14-03-11 @ 4:39

  2. Vous souvenez de ce que je disais a propos d’accident artificiellement naturel ?

    et l’arret du système

    1) Tremblement et tsunami au japon

    2) Tchernobil 2 et 3 le retour, par hasard, comme il fait bien les choses le hasard

    3)
     » rationnement de l’énergie au japon »

    Commentaire par K. — 14-03-11 @ 11:10


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