Nouvelle Societe

12-03-08

161. Un temps pour l’anarchie

Filed under: Auteur — pierrejcallard @ 10:19

Les G8 sont devenus les spectacles à grand déploiement incontournables du vaudeville contestataire. Pour les effets de cavalerie, mieux vaut à Saint Fargeau qu’à l’Odéon ; on ne les tient donc plus en ville, mais à la campagne, ce qui permet vraiment de s’exprimer. En vedette cette année : le Schwartzer Block (Black Block). Recevra-t-il une ovation ? Surtout, y tiendra-t-il un rôle ou est-ce qu’on improvise ?

Lors des manifestations anti-ZLEA (Zone de Libre Echange des Amériques) de Québec, en avril 2001, j’ai vu un « Black Block » efficacement organisé, incroyablement équipé (avec masques à gaz dernier cri) et dont l’action, pour quiconque y regardait de près, paraissait étrangement coordonnée avec celle des forces de l’ordre. J’avance, tu recules… à vous madame! Tango. Les troupes du Black Block semblaient bien jouer le rôle d’agents provocateurs, à la toute limite de ce que la naïveté populaire pouvait ne pas voir.

Est-ce à dire que le Black Block n’est qu’un outil du pouvoir ? NON, mais sa structure souple le rend vulnérable à l’infiltration et fait qu’il soit systématiquement instrumentalisé. Il faut juger de chacune de ses interventions, de chaque arbre à ses fruits et avec un oeil sur les résultats à moyen terme de chaque action. « Gouverner, c’est prévoir » mais s’opposer au pouvoir l’est aussi.

Il faut d’autant moins faire l’impasse sur les mouvements de type Black Block, toutefois, que c’est leur composante anarchique qui en fait désormais les seuls mouvements efficaces. Seul un mouvement fluide et dont la motivation et les tactiques sont internalisées peut désormais offrir une parade efficace au pouvoir.

Pourquoi ? Parce que le Système Vous avez dit… le Système ? ne sera détruit par aucune organisation. De deux organisations qui s’opposent, la plus forte vaincra ; comment croire que le Système n’est pas plus fort que toute organisation que l’on pourrait constituer pour s’y opposer ?

Il est le plus fort, non seulement dans une bataille rangée, mais surtout entre deux batailles, par le pouvoir de séduction et de corruption que lui confère son contrôle de la richesse qui, devenue virtuelle, est donc devenue aussi une création discrétionnaire du pouvoir. C’est cette capacité de corruption illimitée qui permet au Système de désintégrer, à sa convenance, toutes les organisations qui se forment contre lui et de ne plus avoir comme ennemis sérieux que les mollahs et autres irrationnels. Les alliés circonstanciels

Le terrorisme, cependant, Dieu merci, n’a pas un grand avenir : ce qui est contre nature ne dure jamais très longtemps (Le terrorisme). Et dire « terrorisme », ne veut pas dire seulement des attentats sanglants. Le terrorisme, comme politique de transformation sociale, commence dès qu’on veut obliger quiconque à collaborer contre son gré à cette transformation.

La terreur est là en germe, dès qu’un travailleur en grève veut s’opposer par la force à ce que son compagnon travaille. Cette approche à la Germinal est non seulement immorale, mais inefficace. Elle est bête, parce qu’elle n’est pas adaptée à une société complexe d’interdépendance.

Pourquoi se colleter à la porte de l’usine entre travailleurs ? Croit-on qu’une entreprise industrielle moderne peut fonctionner, si la moitié de son personnel n’entre pas au travail ? Le pourrait-elle, même s’il n’en manquait que le tiers ou une demi-douzaine d’intervenants pivots ?

Pourrait-elle fonctionner efficacement, si ceux qui sont insatisfaits n’atteignaient plus jamais leurs quotas, ou ne respectaient plus jamais leurs échéances ? Quand on en tient déjà à sa merci la rentabilité de la firme, ne comprend-on pas qu’imposer « l’unité des camarades » est une voie vers la zizanie ? Et pourquoi arrêter les transports en communs et s’aliéner la sympathie populaire, quand il n’y aurait qu’à « négliger » la perception et le contrôle des titres de transport ?

Pourquoi la contestation suit-elle des chemins qui la condamnent à l’échec, alors que le succès est à prendre sans effort ? N’est-ce pas que le Système aiguillonne la contestation vers des interventions futiles, dont il veut nous faire croire qu’il a très peur, alors que la psychosociologie, qui est devenue une science exacte, détermine maintenant avec précision le rapport coût/agacement au bénéfice qui en découle pour le désamorçage des tensions sociales ? Il est difficile de ne pas voir la manipulation comme totale.

Ce calcul du coût bénéfice du désordre est fait au G8, également. On y tolère la contestation, parce que la contestation ne peut rien y accomplir. Les gouvernements modernes gèrent leurs contestataires et en provoquent les manifestations, tout en en contrôlant la durée, l’intensité et les conséquences.

La futilité des actions de revendications sociales, d’ailleurs, trouve son pendant au palier du terrorisme « musclé ». Qu’un pauvre Arabe se fasse exploser au milieu d’autres pauvres Arabes ne constitue pas une attaque dangereuse contre le Système. Pas plus, d’ailleurs, que l’attentat du 11 septembre contre le WTC. Le résultat n’en est qu’un renforcement des moyens de contrôle de la population.

À chaque attentat, le Système marque des points. Il est toujours sage de se demander le rôle qu’ont pu jouer, dans chaque événement, tous et chacun de ceux qui en ont profité. (Is fecit cui prodest ) Il faudrait s’interroger sur le bien fondé d’escalader des murailles qui ne protègent rien, pendant qu’ailleurs de vraies luttes pour plus de justice sont perdues tous les jours.

La logistique de la contestation, sans laquelle un pouvoir devient absolu, doit donc être repensée. Si l’on ne peut s’organiser contre le Système, parce que toute organisation est infiltrée et qu’on ne peut lui résister en masse, parce que toute action collective est manipulée, ceux qui le souhaitent ont-ils encore une façon de garder le pouvoir à sa place ?

OUI. Le système peut être jugulé, abattu, même, en mettant à profit le désir de résistance qui existe en chaque individu. L’interdépendance inhérente à une société complexe technologique donne à l’individu un pouvoir énorme ; le fonctionnement de la société, au quotidien, est une constante démonstration de ce pouvoir.

Que se serait-il passé, si je n’avais pas été là ? Surtout, que ne se serait-il PAS passé, si je n’avais pas été là ? Si je n’avais pas fait ce qu’il est implicite que je fasse dans une société de solidarité à laquelle je m’identifie ?

Si l’individu fait le constat que la société que gère le Système n’est pas une société de solidarité et qu’il décide de ne plus s’y identifier, s’il ne pose plus les gestes implicites que l’on attend de lui, la société s’effondre. Rapidement. Il existe déjà des sociétés dont la solidarité est largement disparue… et qui n’ont plus de société que le nom. Sauver l’Afrique

Il suffit que l’individu comprenne sa propre indispensabilité, sa propre position stratégique et névralgique à l’intérieur du Système pour qu’il puisse, s’il en fait le choix, collaborer bien efficacement à la détruire.

Vivre en société est un acte d’amour. Celui qui laisse paraître qu’il n’y prend pas plaisir le vide de son sens et il en faut de bien peu alors, dans une société de complémentarité, pour que les gestes nécessaires au maintien de cette société ne soient plus posés. La société meurt.

Une société moderne ne peut survivre que si elle jouit d’un très large consensus. C’est ce pouvoir de l’individu que le Système veut cacher, en montant des spectacles de contestation

L’individu qui veut détruire la société peut le faire par simple omission, c’est ce qui rend son action ultimement imparable. Il le peut d’autant plus facilement, que cette société est complexe et que les fonctions assignées aux sociétaires sont mutuellement complémentaires. Il peut aussi multiplier l’impact de son inaction essentielle, toutefois, en y joignant des actions ponctuelles. Il peut poser sciemment et consciemment des obstacles indiscernables à la réalisation des tâches des autres.

Il suffit qu’il ait une bonne connaissance du fonctionnement du système. Qu’il sache les moyens qui, en privant le système de son apport, lui permettront d’en saboter le fonctionnement de la façon la moins périlleuse pour lui-même et pour les autres: Dans une société de complémentarité, c’est cette façon ­ qui est à l’opposé du terrorisme ­ que le contestataire sérieux peut choisir.

L’individu peut apprendre seul comment, à partir de ses propres ressources, sans constituer une alliance formelle avec qui que ce soit, sans violence et dans la plus grande discrétion, il peut faire seul sa part pour la déconstruction du système. Les moyens de communication modernes permettent même de le lui enseigner !

La contestation efficace du système ne passe donc plus par la constitution d’organisations de résistance, car regrouper les contestataires ­– en plus du démérite évident de permettre de les stopper en grappe ! – en a aussi deux autres.

D’abord, il est évident que la contestation du système par l’individu vient de sa propre insatisfaction, laquelle vient de sa propre faiblesse. Si l’individu est rendu plus fort, par son appartenance à une organisation, il cesse d’être aussi faible et sa motivation à détruire le système diminue. S’étant défini par son rôle et son opposition, il est insidieusement récupéré par le Système . S’il reste seul, au contraire, l’individu reste faible — et dangereux — jusqu’à ce que sa contestation ait porté ses fruits.

Ensuite, ce que l’individu sait du groupe lui donne aussi un pouvoir. Il devient alors vulnérable à la corruption. S’il est corrompu, il règle son problème personnel – ce qui était toujours, au moins inconsciemment, son premier motif initial – mais l’injustice, elle, demeure et perdure.

Les complots et conspirations sont désormais trop fragiles et n’ont plus d’avenir. C’est la somme des attaques individuelles et rien d’autre, qui abattra le système. Il est donc inévitable que la contestation prenne cette voie.

Ceux qui veulent substituer un nouveau paradigme à celui de la société actuelle vont le faire à partir d’une même problématique et en visant un même but. Ils le feront, cependant, en ajustant leur action à un plan maître découlant de leurs valeurs et qu’ils auront internalisé. Ils le feront sans créer entre eux, au palier de leur action, des liens qui permettraient de les débusquer et de les mettre hors-jeu.

Il faut donc prévoir que la contestation revête de plus en plus la forme d’une myriade de petits sabotages de ce qui est, au profit de ce qu’on voudrait qui soit. Ce sont les points vulnérables de la société – l’organisation et la communication – qui seront surtout visés, détruisant la cohésion de l’ensemble sans que les éléments constitutifs en subissent de dommages importants.

Nous vivrons donc l’équivalent d’une guérilla au niveau des idées, pour valoriser et faire connaître de nouvelles idées de substitution aux idées reçues, mais cette guérilla sera menée par des francs-tireurs, chacun selon son initiative.Cette guérilla intellectuelle est devenue la seule façon de s’opposer efficacement au Système, pour la même raison que la guérilla conventionnelle est la seule façon de s’opposer militairement à une force supérieure. On frappe, on s’esquive, on reste dans l’ombre

Cette nouvelle forme de contestation est inévitable, puisque toutes les autres issues sont bloquées. Sera-ce une amélioration ou une régression ? La bonne nouvelle, c’est que l’approche « 1984 » sera contrée par la pensée personnelle. La population développe déjà des anticorps contre TOUTE manipulation. Le pouvoir ne réussira plus très longtemps à la maintenir en état d’hypnose.

La mauvaise, c’est qu’en devenant une initiative personnelle, plutôt que la simple substitution d’un contrôle à un autre, la nouvelle contestation du Système devient largement « inprogrammée ». Le risque est donc grand que soit sciée la branche sur laquelle nous sommes assis, sans qu’il n’existe de points de soutien auxquels on puisse se raccrocher.

Le système ne doit pas disparaître pour laisser la place au vide, à l’ataxie. Il faut que, simultanément à la déconstruction du Système, des efforts encore plus grands soient consentis pour l’établissement des structures qu’on y substituera. Des structures qui devront être établies par consensus, puisqu’elles sont si faciles à détruire. C’est ce à quoi vise le concept d’une nouvelle société. Une Nouvelle Société … en 3 minutes .

Dans une société d’interdépendance et donc de diffusion plus large du pouvoir, il est clair que va se développer une forme d’anarchie dans le sens étymologique du terme. Il faut en tenir compte. Ce qu’on en fera reste une histoire à écrire.

Pierre JC Allard

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30 commentaires »

  1. Les insurrections qui viennent
    Quand l’imbécile regarde le doigt qui lui montre la Lune, j’ai tendance à regarder le type qui tend le doigt. Que nous veut-il donc, avec sa condescendance d’intellectuel bien nourri, dont la hargne ressentie envers tout ce que nous représentons n’a d’égal que son mépris exprimé pour tout ce que nous tentons de construire? Quand je dis nous je parle des personnes que j’ai pour habitude de fréquenter, gens de peu, gens de rien, mais gens de cœur, je veux dire autant généreux que courageux, aimant le travail qu’il font et désirant le faire correctement, dans de bonnes conditions, sans rien prendre d’indu à quiconque, mais souhaitant comme beaucoup la disparition du système qui exploite leur travail. Ils n’ont pas fait de hautes études, mais connaissent le sens des mots décrivant leur situation de vie et de lutte. Ils ne confondent pas abolition du travail et abolition du salariat, ils ne confondent pas débrouilles solidaires et apologie du vol, ils ne confondent pas résistance justifiée et collective et apologie de l’émeute. La violence du monde, ils la subissent trop au quotidien pour vouloir la généraliser dans toutes […]

    Commentaire par Hivert Christian — 06-07-09 @ 5:16

  2. @ HC

    Vu votre site et j’invite tout le monde à en faire autant. Sur le fond, bien sûr, les choses sont, les gestes sont posés et il y a une réalité. Mais vous comme moi savons, que c’est le sens qu’on lui donne qui en fait la valeur. On peut être ou ne pas être bien nourri, se vouloir ou être perçu comme condescendant -ou les deux – mais on ne peut pas ne pas être un intellectuel. Pour soi-même, d’abord, pour faire les liens et se donner un sens et au moins une sensation de continuité. Avec les autres, aussi, pour que s’y ajoute la sensation d’objectivité. On fait ainsi la boucle avec la réalité. L’intellectuel fait des formes.

    Sur la forme, vous écrivez fort bien… l’auteur de l’Insurrection aussi. S’il avait écrit ce texte dont on voit ci-haut un extrait, aurait-il eu à y changer quoi que ce soit avant de VOUS l’adresser ? Ou de ME l’adresser ? Changer le monde se conclut toujours par changer l’image que l’on s’en fait. Je ne suis pas un inconditionnel de l’auteur de l’Insurrection. Je ne vois pas le désordre comme un état stable dans une société, puisqu’une société est justement une petite zone d’ordre dans laquelle on peut se faire des images qui nous plaisent, dans un univers qui nous apparait chaotique.

    Je n’appelle pas le désordre, je constate qu’il va venir. Inévitablement. L’important, c’est ce qui viendra après le désordre. Je sais qu’après les structures capitalistes d’autres structures seront établies dont on peut espérer, mais sans en être certain, qu’elles permettront plus de bonheur en posant moins de contraintes aux images qu’on voudra s’en faire.

    Je suis de tout coeur avec vous, quand vous souhaitez la disparition d’un système qui exploite et la mise en place d’une structure qui soutienne ceux « aimant le travail qu’il font et désirant le faire correctement, dans de bonnes conditions« . Je ne dis pas autre chose dans cet article. J’en dis bien plus ailleurs… https://nouvellesociete.wordpress.com/production/

    PJCA

    Commentaire par pierrejcallard — 06-07-09 @ 10:23

  3. Bonsoir Pierre,

    Je peux en effet vous confirmer que certains « black block » sont de fait des « black cops » en exercice et/ou mission commandée, la tactique n’est pas nouvelle et fut démont(r)ée il y a des années lors de manifestations à Bruxelles.

    Je ne partage pas votre « optimise » quant à l’éventualité d’une ouverture vers une éventuelle « anarchie » prochaine…
    Des insurrections sans doute, c’est bien ce qu’il veulent: des insurrections, oui, une révolution:non!

    La clef reste le fameux « rapport de force » et je doute fort -et l’histoire semble le confirmer- qu’une somme d’actions individuelles et non coordonnées puisse venir à bout de la structure que nous avons laissé se mettre en place.

    Mon impression actuelle est que notre recul (défaite) est tel que je préfère m’investir dans l’éducation des plus jeunes afin d’aider humblement à préparer ceux qui pourront éventuellement -au prix de terrible sacrifices, d’une lutte sans merci et dans un environnement plus qu’hostile pour rester poli- bâtir les bases d’un mouvement de résistance.
    A l’heure actuelle l’abrutissement ou la misère des masses d’une part et l’appareil répressif (pour ceux qui s’éveillent malgré tout)d’autre part ont atteint une telle ampleur que je ne vois pas ce qui va nous éviter la barbarie à venir…

    Au sujet des structures: laissons les s’effondrer si elle s’effondrent mais si elles ne font que vaciller: aidons les à s’étaler!
    Mais de grâce n’en construisons pas d’autres que de simples conseils.
    Tout le pouvoir aux conseils!

    Bien à vous.

    Commentaire par activista — 24-07-09 @ 10:00

  4. @activista.

    Merci de corroborer. Quant à l’action individuelle, vous dites : » je doute fort -et l’histoire semble le confirmer- qu’une somme d’actions individuelles et non coordonnées puisse venir à bout de la structure... » C’est là, que nous différons. Une société complexe devient dépendante de chacun de ses éléments. Vous, moi ou n’importe qui, peut paralyser une ville à lui tout seul ! Je ne dirai pas ici comment – parce que je ne veux pas inciter au désordre – mais il ne faut pas plus d’une heure de réflexion pour trouver dix façons de le faire.

    Une société ne peut fonctionner, désormais, que s’il existe un si large consensus pour qu’elle fonctionne que chacun est prêt a intervenir PERSONNELLEMENT pour en empêcher le sabotage. C’est déjà la situation. Pensez-y sans aucune idée préconçue. Si on peut faire la queue et passer à son tour dans une file, c’est que tout le monde interviendra au besoin pour empêcher une brute de tasser une vieille femme. Il y a des pays où ce consensus n’existe pas. Extrapolez.

    http://nouvellesociete.org/713F2.html

    Commentaire par pierrejcallard — 25-07-09 @ 9:20

  5. Je viens infirmer vos propos sur la perméabilité des black blocks, et je pense que par méconnaissance du sujet vous avez mal interprété les propos d’activista.

    « Est-ce à dire que le Black Block n’est qu’un outil du pouvoir ? NON, mais sa structure souple le rend vulnérable à l’infiltration et fait qu’il soit systématiquement instrumentalisé. »
    Ceci est complètement faux. Les black block dynamiques en action sont presque toujours des petits groupes de 8 personnes extrêmement fermés et paranoïaques. C’est d’ailleurs à la fois une source de force que de faiblesse. Ils sont ainsi, dans une certaine limite, imperméables à l’infiltration, mais sont plutôt repoussant et rendent plus difficile l’action commune organisée, dont la spontanéité connait des limites. Les polices françaises et allemandes commencent à peine à former des agents pour infiltrer plus efficacement ces groupes.

    Maintenant, que les manifestations telles celles en début d’année à Strasbourg, soit truffées de flics en civil, rg et compagnie, bien sur, ce n’est ni nouveau, ni secret. Leur influence sur les évènements par contre reste très limité, tout comme le fichage qu’il espèrent en tirer.
    Les cops block eux, sont plus démocratisés 🙂 Leur existence était contesté par ces esprits critiques n’ayant jamais pris part à des manifestation, et rejetant toujours le doute sur les manifestants, mais depuis les téléphones portables couteau suisse, il devient plus difficile de réfuter photos, vidéos et témoignages, qu’avec justes ces derniers. Dernier exemple que j’ai en mémoire, le 1er mai à Paris, des encagoulés arrivant en fourgonnette de bleus 🙂
    Ces provocateurs ne sont pas toujours efficaces: un flic en civil balançant une caillasse sur le proviseur suffit à stopper un mouvement lycéen, pour un mouvement étudiant il faut déjà un peu plus de moyen, et pour une manif de dockers mieux vaut éviter :] C’est peut être les mentalités de manifestants qui devraient évoluer pour rendre ces parasitages inefficaces…

    Je préfère ne m’exprimer que sur ce point là, ça vaut mieux :o)

    Commentaire par imhgihlo — 02-10-09 @ 12:46

  6. Je pense que Allard et Imhgihlo sont a nous transmettre un de ces messages qui viennent en deux parties qu’il faut superposer. J’en comprend: priorité à l’action individuelle; si vous êtes en groupe, mettez des coupe-feu partout, changer la mentalité des manifestants qui ne sont plus là seulement pour être vus, mais pour faire quelque chose. Garder l’objectif en tête et ne s’exprimer que sur un point à la fois.

    Commentaire par oeil-de-lynx — 03-10-09 @ 9:21

  7. @ imhgihlo & Oeil-de-lynx

    Il n’est pas nécessaire d’en dire plus. Depuis 15 ans, on a voulu souvent me faire participer à des groupes ou m’inciter à en créer un. J’ai toujours répondu que je ne voyais pas l’utilité de faciliter la travail de répression du système en lui dressant une liste de ceux qui le contestent. Il faut que chacun soit si d’accord sur les objectifs et si conscient du rôle qu’il peut jouer, que personne n’ait à recevoir d’instructions de personne. Il faut qu’on puisse se lancer comme un trapeziste, en sachant qu’il y aura au bon endroit au bon moment une main pour attraper la main qu’on tend. On ne changera pas le système autrement.

    PJCA

    Commentaire par pierrejcallard — 03-10-09 @ 7:32

  8. En haute montagne, on craint énormément les avalanches. Pour réduire les risques, on balance de la dynamite dans une zone sensible, ce qui déclenche une avalanche contrôlée. Les avalanches restent toutefois un problème majeur. Et quand une avalanche surprend tout le monde, ou qu’une avalanche contrôlée ne l’a pas assez été, des mesures de sécurité sont par la suite adoptées. Les skieurs hors pistes ne sont pas pour autant instrumentalisés.

    Commentaire par hvbdfpa — 04-10-09 @ 3:43

  9. @ hvbdfpa: Je pense que la crise financière actuelle est une avalanche contrôlée. Les mesures de sécurité adoptées « par la suite » ont évidemment des avantages bien mitigées .. :-). Si je suggère de rester hors piste et de ne PAS suivre un premier de cordée, c’est que je ne crois pas que les hélicos qui vous suivent sont là pour vous rescaper… mais pour vous tirer dessus…

    PJCA

    Commentaire par pierrejcallard — 05-10-09 @ 10:38

  10. « Un individu qui ne pose plus les gestes implicites que l’on attend de lui ».

    Si il est authentique et intègre dans ses convictions, cet individu ne devrait-il pas ne fut-ce que temporairement se refuser à tirer un quelconque avantage de cette société qu’il ne supporte plus?

    Suggérez-vous une mode de vie plus autarcique?

    Bien à vous,

    Eric Lacasse

    Commentaire par Lacasse — 06-10-09 @ 2:27

  11. @ Eric Lacasse. On peut s’insurger contre le concept même de société et la voie logique est bien alors vers une forme d’autarcie. On peut aussi, cependant, voir la société comme un pas en avant dans l’évolution par la division du travail et ne protester que contre la gestion des relations sociétales. C’est mon cas. Je constate donc que nous allons inexorablement vers une gouvernance autoritaire, l’anarchie… ou une alternance entre ces deux états instables jusu’a ce que l’on ait construit un nouvel équilibre. je tente d’identifier les paramètres pour un nouvel équilibre. Tout le monde doit enh faire autant et, durant cette recherche, il n’y a aucune raison de se priver de tous les avantages que le Systeme permet de tirer de ce qu’il nous laisse de cette société.

    PJCA

    Commentaire par pierrejcallard — 06-10-09 @ 3:02

  12. Les liens de l’article sont défaillants, merci.

    Commentaire par Dromj — 18-03-10 @ 11:00

  13. @ Dromj

    Merci. Je vais immédiatement les rétablir

    PJCA

    Commentaire par pierrejcallard — 18-03-10 @ 11:37

  14. Cher Pierre, devinez qui a dit:
    La démocratie c’est le pouvoir des plus nombreux, même si ce sont des crétins.

    Commentaire par zelectron — 17-06-10 @ 3:32

  15. @ Zelectron.

    C’est l’essence même de la démocratie. Ceux qui ont des idées contradictoires font arbitrer leur débat par ceux qui n’en ont aucune.

    PJCA

    Commentaire par pierrejcallard — 17-06-10 @ 12:52

  16. La révolte, ça se communique. C’est là l’utilité des organisations. Sans organisation, pas de communication, et donc chacun va se révolter dans son coin quand sa coupe sera pleine. Autant dire que ça restera facile à réprimer tant que ça n’atteindra pas une masse critique, c’est à dire une sorte de révolte généralisée, qu’on ne verra au mieux quand dans un siècle. Votre stratégie est vraiment sur le long terme, en supposant que le système ne trouve pas d’autre parade dans l’intervalle…

    Commentaire par Traroth — 08-07-10 @ 5:17

  17. @ Traroth:

    Il est de l’essence de cette stratégie de ne pas discuter de cette stratégie. A chacun d’agir s’il croit que la coupe est pleine. Si le désir de changement n’est pas généralisé, c’est que le changement est prématuré.

    PJCA

    Commentaire par pierrejcallard — 08-07-10 @ 6:27

  18. réponse: ce serait Bernard Kouchner…

    Commentaire par zelectron — 09-07-10 @ 12:00

  19. @ Zelectron:

    j’aurais parié que c’était le premier Athénien qui a assisté a un meeting au Pnyx… 😉

    PJCA

    Commentaire par pierrejcallard — 09-07-10 @ 12:58

  20. […] Qui est Anonymous ?  On ne le sait pas. C’est sa force.  Il y a bien 20 ans que je dis qu’aucune organisation ne détruira le  Système, puisqu’aucune ne l’égalera en « organisation ». Par la force, l’astuce, la corruption, la zizanie, le Système écrasera toute organisation révol…. […]

    Ping par ANONYMOUS vs New-York Stock Exchange | Les 7 du Québec — 09-10-11 @ 11:56

  21. […] Qui est Anonymous ?  On ne le sait pas. C’est sa force.  Il y a bien 20 ans que je dis qu’aucune organisation ne détruira le  Système, puisqu’aucune ne l’égalera en « organisation ». Par la force, l’astuce, la corruption, la zizanie, le Système écrasera toute organisation révol…. […]

    Ping par ANONYMOUS vs New-York Stock Exchange | CentPapiers — 10-10-11 @ 12:02

  22. […] Qui est Anonymous ?  On ne le sait pas. C’est sa force.  Il y a bien 20 ans que je dis qu’aucune organisation ne détruira le  Système, puisqu’aucune ne l’égalera en « organisation ». Par la force, l’astuce, la corruption, la zizanie, le Système écrasera toute organisation révol…. […]

    Ping par Les Voix du PANDA » Blog Archive » ANONYMOUS vs New-York Stock Exchange — 10-10-11 @ 5:54

  23. […] Rien d’autre ne transformera plus notre société qu’une myriade d’actions individuelles, sans liens formels entre elles. Des actions qui seront rendues convergentes uniquement par leur adhésion à des principes communs … et deviendront efficaces  par la seule volonté ferme de chacun de poser SEUL les gestes qui faciliteront l’atteinte des objectifs qui découlent de ces principes.  Avec les contrôles que permettent les technique modernes, c’est la seule révolution qui reste aujourd’hui concevable. […]

    Ping par Gesca et censure anodine | Les 7 du Québec — 25-04-13 @ 9:48

  24. Je suis tombé par hasard TOTAL sur cet article, et on dirait mon profil psychologique… ça fait limite peur, mais rassurant :). Étant jeune, je me demandais pourquoi j’étais autant solitaire, et voulant surtout le rester (sauf petite amie hein ;)) mais dans un système pareil, plus rien ne m’étonne :).
    Vous avez totalement raison sur le fait que le système produit lui-même ses « anticorps » contre la manipulation, c’est un ressenti au niveau personnel et que je n’explique à pratiquement personne, si ce n’est les personnes qui ont exactement le même ressenti.

    Il n’est pas difficile de changer les choses au niveau personnel, il en faut juste du temps, que les consciences s’éveillent (ou se RÉveillent plutôt, car je ne peux pas croire que l’humanité ait été assez conne jusqu’à ce point pour construire ces systèmes à la con où tout le monde est étiqueté à qui veut bien le croire et l’entendre.

    Une chose est sûre, c’est que la révolution de nos jours est devenue personnelle et faudra du temps pour que ceci s’organise dans l’subconscient de l’inconscience collective. On y arrivera sans véritable maux car mine de rien nous incarnons le futur, la résistance est la seule solution, et il y a plusieurs manières de résister comme si bien expliqué dans cet article :).

    Commentaire par Atrahasis — 07-05-14 @ 9:26

  25. Lisez ma complete incomprehension dans mon regard; comme dirait Lacan, c’est la preuve qu’on se comprend bien 🙂

    PJCA

    Commentaire par pierrejcallard — 07-05-14 @ 12:01

  26. […] De même, ceux à qui l’on demandera de poser les gestes nécessaires pour en assurer le fonctionnement technique peuvent, s’ils mettent en doute la légitimité morale d’Hadopi, en contrecarrer indefiniment l’application en s’abstenant de le faire. Les avis mal adressés, les fils mal branchés… Hadopi ne fonctionnera pas si le peuple ne veut pas qu’Hadopi fonctionne. […]

    Ping par LE SENS DES FAITS – Volume 3 | Pierre JC Allard — 16-06-14 @ 11:39

  27. […] Rien d’autre ne transformera plus notre société qu’une myriade d’actions individuelles, sans liens formels entre elles. Des actions qui seront rendues convergentes uniquement par leur adhésion à des principes communs … et deviendront efficaces par la seule volonté ferme de chacun de poser SEUL les gestes qui faciliteront l’atteinte des objectifs qui découlent de ces principes. Avec les contrôles que permettent les technique modernes, c’est la seule révolution qui reste aujourd’hui concevable. […]

    Ping par Pierre JC Allard — 24-06-14 @ 9:41


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