Nouvelle Societe

25-06-09

266 François Legault : en réserve de …. on verra bien

Après Mai 68, quand le Général de Gaulle eu maté la France en révolte sans violence – en lui laissant jeter sa gourme puis s’assoupir après le plaisir – il réfléchit, comme toujours, au lendemain… et au surlendemain. Cette aptitude à lire l’avenir, comme si le manuscrit lui en avait été remis la veille, lui a permis de sauver la France à maintes reprises. Il faudrait des volumes pour en discuter, mais le départ de Francois Legault me rappelle un de ces gambits gagnants du Général.

De Gaulle, après Mai « 68, a limogé son Premier Ministre Pompidou alors que tout – loyauté, compétence, relations – suggérait qu’il lui renouvelât sa confiance. Pourquoi l’a-t-il fait ? Beaucoup ont dit à l’époque qu’il le jetait en pâture aux fauves, pour que les résultats dérisoires de cette spectaculaire insubordination à laquelle ils s’étaient livrés ne leur crée pas de rancœur. Mais ce n’était pas ça. Il mettait simplement sont atout-maitre « en réserve de la République ».

Il l’a dit exactement en ces mots d’ailleurs… mais ils ne l’ont pas cru. Ce n’est que quand Pompidou a succédé à de Gaulle à la Présidence de la République qu’ils ont compris que le Général avait mis sagement son dauphin à l’abri des luttes fratricides et des coups fourrés, durant cette période ou il fallait raccommoder pour faire du neuf sans que le tissu social ne se déchire. C’est une tunique bien proprette que l’Auvergnat a finalement endossée ..

François Legault m’apparaît aujourd’hui une tête au-dessus de tous les autres dans l’arène politique provinciale : il n’y a personne pour lui barrer la route. Pourtant, il se retire… et, dans la conjoncture actuelle, je crois qu’il a raison.

Le problème n’est pas Jean Charest ni le Parti Libéral. Charest est là et sa popularité a même augmenté, mais je n’y vois que le soutien par défaut de ceux qui refusent l’alternative péquiste. Le Parti Libéral ennuie et il sera battu dès qu’il y aura une autre option crédible.

Ce n’est pas non plus sa position minoritaire au sein du PQ qui est l’obstacle à la montée de Legault. Madame Marois suscite si peu d’enthousiasme, surtout après l’échec cinglant dans Rivière-du-loup, qu’un putsch dans la tradition péquiste pourrait la déloger rapidement. Duceppe ? Il y a bien longtemps qu’on le voit. Il n’a plus cette nouveauté « Jument verte » qui, dans un monde d’Internet, fait élire en triomphe des Obamas, parce que c’est leur ascension même qui séduit.

Si quelqu’un barrait la route à Legault au sein du PQ, il pourrait sans doute écarter cet obstacle. Mais il n’a pas intérêt à le faire, car le problème, c’est qu’il n’y a simplement plus d’avenir pour le Parti Québécois. L’idée de l’indépendance est minoritaire et le restera pour l’avenir prévisible. Le PQ perdra d’autant plus sûrement les élections qu’il mettra de l’avant son option indépendantiste… et se désintégrera d’autant plus vite qu’il la mettra sous le boisseau.

Le problème, pour François Legault, c’est qu’il n’y a pas de structure partisane sur laquelle il pourrait s’appuyer pour accéder au pouvoir. Plus rien de passionnant à l’ADQ, rien de crédible à QS ni chez les Verts.

De la France à la mort de De Gaulle, Pompidou avait dit qu’elle était « veuve ». On ne peut même pas dire des Québécois qu’ils sont orphelins, car ceux qui pourraient leur servir de pères spirituels ne sont pas morts… ils sont à la retraite. Les Québécois sont, en politique, comme ces enfants des rues de Mumbai/Bombay dans ce film qu’on vient d’« oscariser ».

Dans ce contexte, il est probable que le PQ se scindera bientôt entre une gauche – qui rejoindra QS et pourra parler d’autant plus aisément d’indépendance qu’elle ne sera pas une option réaliste de gouvernance – et une droite qui absorbera l’ADQ, substituera la notion de souveraineté/autonomie à celle d’indépendance et, libérée de ce boulet, redeviendra le parti de l’alternance.

Il est bon que Francois Legault ne vive pas ces déchirements. Le temps passant, il ne peut que grandir en stature, comme Pompidou. Comme Robert Bourrassa durant ses années d’exil/pèlerinage. Il devient « en réserve » de quoi que ce soit qui se créera au Québec pour faire face à la crise et, surtout, pour proposer un projet de société motivant et RASSEMBLEUR qui nous sortira de l’insignifiance.

Pierre JC Allard

14-05-09

RÉFÉRENDUM… Autrement

J’ai reçu quelques courriels qui me reprochent gentiment de ne pas parler du Québec.  “Vous parlez de tout, sauf de ça…”   Une fois ça va, deux fois je prête sérieusement attention, trois fois, je ne discute plus: vous avez raison.  Le problème, c’est que, pour l’instant, il y a plutôt de tristes constats à faire que des solutions à proposer.   La  Caisse a perdu des dizaines de milliards de dollars, les projets FIER laissent soupçonner des indélicatesses, mais que peut-on y faire ?  Nous avons élu un gouvernement majoritaire et il fera bien ce qu’il voudra…

De toute façon, quelles sont nos solutions de rechange ?  Le Parti Québécois  ne défend plus son projet d’indépendance et les éditorialistes en sont à spéculer sur les ambitions à la chefferie de François Legault, même si l’on n’a à lui reprocher que de faire correctement son travail.   L’ADQ se cherche vraiment un chef, mais à l’interne, alors qu’il est clair que l’on n’y trouvera pas le super héros qui pourrait susciter la grande vague de fond populaire qui en ferait une alternative crédible.

Ni les Verts, ni Québec Solidaire ne sont non plus des options réalistes, de sorte que le prochain geste qui allait créer un peu d’animation semblait devoir être le départ  anticipé de Jean Charest vers la scène fédérale.  Ce départ, toutefois, semble maintenant bien improbable à court terme, avec l’arrivée d’Ignatieff dont on voit mal comment il pourrait ne pas gagner les prochaines élections à Ottawa.

Que peut-on faire d’utile au Québec qui pourrait nous distraire  de la crise actuelle qui va créer une profonde morosité  ?  Lisez les commentaires des lecteurs sur Le Devoir et La Presse. On est revenu à la sempiternelle question du référendum.  Je mets donc ici  de l’avant une proposition que j’ai déjà faite:  ne pas faire un referendum sur l’indépendance, mais sur le droit du Québec à la faire.  Ce qui est la souveraineté. 

La question ? Simple et claire :

« QUÉBÉCOIS D’ABORD, je donne au Gouvernement du Québec le mandat formel : a) de négocier avec le Gouvernement du Canada les termes d’une constitution qui instaurera un nouveau partage des pouvoirs, au sein d’une Confédération canadienne à laquelle le Québec appartiendra si elle est conforme à ses aspirations, et b) si telle négociation échoue, de procéder, à sa convenance, à la sécession du Québec du Canada, par une déclaration d’indépendance, unilatérale ou négociée selon qu’il le jugera opportun, à la seule condition de l’avoir clairement énoncé à son programme »

Un « OUI » à ce référendum ne signifierait PAS la sécession du Québec, mais signifierait que celle-ci peut être déclarée en tout temps par le Gouvernement du Québec…  Dans la situation ainsi créée, le Québec choisit les modalités de sa participation à une ensemble canadien, disposant même du droit de ne pas y appartenir. Il est donc souverain, puisque la souveraineté ne dépend pas des appartenances qu’on se choisit, mais du droit inaliénable de les choisir.

Si un parti propose la sécession, l’élection devient ipso facto référendaire.  Si une majorité de la population soutient les exigences dont un parti fait ses conditions de l’appartenance du Québec au Canada, elle saura que celui-ci ne se borne pas à instrumentaliser l’idée d’indépendance pour se faire élire… et ne plus en parler.  Il pourra la faire !

Si le gouvernement fédéral ne conteste pas la validité du mandat qui découle de ce référendum — et la contester serait un suicide politique pour le parti fédéral qui le ferait — il reconnaît de facto la souveraineté du Québec. Je crois que c’est cette reconnaissance de la souveraineté du Québec, sans obligation de quitter Canada, qui donnerait satisfaction à une majorité assez substantielle des Québécois pour qu’on puisse raccommoder la déchirure sociale qui persiste ici depuis le premier référendum et faire des choses ensemble.

Si je connais bien les Québécois, ils voteront OUI à ce référendum… puis s’empresseront d’élire un gouvernement qui négociera âprement pour le bien du Québec, mais tout en gardant un préjugé favorable au maintien de liens privilégiés avec le reste du Canada et en disant haut et fort qu’il y restera.

Pour normand qu’il soit, ce choix n’empêcherait pas que le Québec soit devenu souverain et ait dès lors dans sa poche la clef de l’indépendance.  S’il la voulait et quand il la voudrait.

 

Pierre JC Allard

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