Nouvelle Societe

15-05-09

Et alors, les subprimes, ça va ?

Depuis qu’Obama a lancé en mars son plan Making Home Affordable pour venir en aide aux propriétaires catastrophés – et à leurs créanciers, bien sûr – des prêteurs hypothécaires représentant 75% du marché ont accepté d’y souscrire, ce qui devrait permettre à 9 millions de proprios menacés de ne pas être expulsés et de sauver leur mise. Bonne initiative, qui évitera bien des larmes et peut-être du sang dans les rues.

Les créancier vont empocher USD 50 milliards de compensation pour refinancer les prêts et réduire les taux… Il semble qu’aujourd’hui même, Timothy Geithner, Secrétaire au Trésor et Shaun Donovan de l’Habitat (Housing and Urban Development) vont annoncer conjointement qu’on en rallonge encore un peu.

Il est temps. 340 000 avis de défaut de paiement en mars, 342 000 en avril… tout semble se stabiliser, mais, comme la résistance de l’air peut freiner la chute d’un corps en chute libre sans remettre en question les lois de la physique, il semble bien que le marché immobilier aux USA s’effondre aussi vite et pas plus que ce que permet le nombre de huissiers et de sheriffs. Ce qui rappelle l’horrifiante phrase de ce témoin, dans le film « Judgment at Nuremberg » : « tuer est facile, c’est disposer des cadavres qui est le défi… »

On va allonger quelques milliards de plus, ce qui est bon, mais pourquoi le faire si bêtement ? La solution raisonnable ne serait-elle pas que l’État ou un organisme parastatal ad hoc désigné par l’État – comme Fannie Mae ou Freddie Mac, par exemple – deviennent simplement propriétaires des maisons saisies et les LOUENT à leur ex-propriétaire occupant ?

Qu’ils les louent, mais avec la clause que la propriété en sera transportée à ce dernier quand la somme de ses loyers mensuels atteindra la valeur du marché établie aujourd’hui pour l’immeuble, majorée d’un intérêt raisonnable, disons celui du « prime rate » ou du LIBOR, par exemple.

A quel loyer mensuel les louer ? Au prix des paiements mensuels le plus élevé auquel l’ex-proprio a consenti lorsqu’il a obtenu son hypothèque initiale, mais plafonné à 30% de son revenu disponible actuel. Ce loyer demeurera inchangé, car il sera assimilé à un versement sur une vente à terme.

La charge réelle que ce loyer représente pour l’ex-propriétaire devenu locataire-acheteur diminuera donc avec l’inflation. Il n’y a vraiment là rien d’inusité. On fait seulement bénéficier de cet effet une strate de la population que jusqu’ici on ne voulait pas voir, parce qu’elle vit sous le naseau du cheval capitaliste.

Si le paiement est plafonné, il faut introduire une variable, puisque garantir le revenu est un tout autre projet.. ! Cette variable, c’est le temps. Le locataire payerait 10 ans, 30 ans, 50 ans… jusqu’à ce que le prix ait été acquitté. Au pire, il payerait peut être indéfiniment… ce qui ne serait encore que le maintien de sa condition initiale de locataire et sans augmentation de loyer.

On en viendra sans doute à cette approche, dès qu’on aura apprivoisé les Américains à cette intervention – ingérence – de l’État sur le marché. De ce marché de l’immobilier, on passera aux autres; nous entrons dans une nouvelle économie. Le capitalisme est mort, puisque l’argent ne vaut plus rien. On se demande seulement s’il est moins troublant de l’embaumer pour un temps ou de l’enterrer tout de suite.

Pierre JC Allard

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