Nouvelle Societe

12-07-12

Jean François Lisée : un Grand Vizir pour le califat Marois

Filed under: Auteur — pierrejcallard @ 8:58

  

Quand Bernard Landry a renoncé à gouverner le Québec, la question attendue s’est posée du fossé transgénérationnel entre ceux de l’équipe de René Levesque et une nouvelle garde. Une période de turbulences s’est ouverte au Parti Québécois, digne des péripéties d’une fin de siècle chez les Ottomans, cette époque où héritait du trône celui qui avait survécu à ses frères…

Déjà, au moment où quitte Landry, il flotte sur notre Sublime Porte à nous, au Québec, une odeur de zizanie fratricide, avec la création de Québec Solidaire annonçant la rupture de l’alliance entre nationalistes et gauchistes qui avait fait au départ le succès du Parti Québécois. Mauvais présage…

Il allait vite s’y greffer une lutte épique pour la succession. Une lutte opposant d’abord des « Anciens » – Madame Marois et Gilles Duceppe – mais qu’allait « mettre d’accord en croquant l’une et l’autre » André Boisclair, un Raminagrobis « Moderne », audacieux et mieux organisé…

La fortune qui sourit aux audacieux, pourtant, ne leur est pas toujours fidèle. Boisclair allait servir de victime sacrificielle et c’est vite l’Impératrice Pauline qui allait monter sur le trone. Son règne serait aussi mouvementé qu’une fin de califat.

D’abord Legault – le Grand Vizir en titre – va rentrer dans ses terres, d’où on le soupçonne de comploter et de lever une armée. Un peu de temps, puis ce sont les revendicateurs gauchistes du SPQ-libre, Laviolette et Dubuc en tête, qui, à défaut d’être étranglés dans leur berceau selon l’usage turc, seront éliminés dans une version locale de la « Nuit des longs couteaux ». Ensuite, ce sont les autres supposés dauphins présomptifs qui, on ne sait trop pourquoi, vont s’immoler par grappes.

Beaudoin, Lapointe, mais surtout Curzi, un « sérieux ». Aussant, aussi, qui quitte la cour et se crée une satrapie dans les marches de l’Empire. Il y a aussi Drainville, un janissaire prometteur, qui tergiverse et vacille et prouve, hors de tout doute, qu’il n’est pas l’inconditionnel qu’on croyait.

Restait Duceppe, blessé dans l’écrasement de son parti fédéral, mais qui respirait encore… Le destin a voulu, toutefois, qu’il choisisse de s’autodétruire une fois pour toute, en ratant un rétablissement en forme de putsch et en retombant dans les ruines fumantes de son Bloc Québécois. Et tous ces aspirants de partir, revenir, se rallier… Et hop, ça repart, et ca complote, et ça trahit … L’hécatombe des prétendants au trône a été digne des rives du Bosphore. Sans pitié, spectaculaire.

Aujourd’hui ? Le ciel ou quelque diable ayant fait que soient éliminés, poussés au suicide politique ou à l’exil, tous ceux qui convoitaient son trône, l’Impératrice Pauline règne toujours. Mais elle est désormais bien seule. Sa situation est mouvante, volatile, car Legault a levé son armée et campe sous les murs de la Ville qu’il assiège. En qui peut-elle avoir confiance, pour la seconder et éventuellement lui succéder ? ….

Qui a la stature d’un nouveau Grand Vizir ? Qui est l’oint du Seigneur, celui qui fait le poids et qui pourrait reprendre avec elle les choses au point où Parizeau les a laissées ?

Jean François Lisée. Candidat probable du PQ dans Rosemont. Il y a des années que je souligne qu’il est le candidat naturel.

http://les7duquebec.com/2010/09/06/tout-changer…-pour-que-rien-ne-change/

Si quelqu’un peut obtenir, sinon l’indépendance du Québec – une idée maintenant un peu vieillie – au moins un meilleur partage des pouvoirs entre Québec et Ottawa, puis une meilleure position de négociation pour les Québécois au moment de l’intégration à l’Union Nord-américaine, c’est bien JFL.

Il a l’expérience, l’intelligence, l’habileté qu’il faut. Je ne sais pas ce qu’il veut,– et encore moins comment il y parviendra – mais depuis plus de 20 ans, il a eu un parcours parfait. Dans la mesure où le passé peut laisser prévoir l’avenir, ce qu’il a dit et ce qu’il a fait est garant de ce qu’il fera. JFL n’est jamais arrivé trop tard et, surtout, il n’est jamais arrivé trop tôt ni trop vite…

Tous ses livres, tous ses postes sont arrivés à point nommé, comme si un destin précurseur était venu opportunément « aplanir la voie du Seigneur ». Stratège brillant – discret, mais tout le monde le sait – du référendun de 1995 (dont le consensus populaire a lentement fait une victoire qui a été volée), il est passé sans heurts de Parizeau-le-Pur à Bouchard-le-Lucide, mais servant celui-ci sans jamais être accusé d’avoir été au coeur des compromissions qu’on a reprochées à ce dernier.

JFL est brillant, mais est-il intégrable dans le contexte d’envie mesquine, de méfiance et d’hyper quérulence qui est aujourd’hui celui du PQ ? Sans doute mieux que personne… Car, depuis des années maintenant que les couteaux volent bas au PQ, JFL est resté sagement en retrait du derby-démolition des prétendants péquistes. On ne peut lui reprocher que tous ceux qui auraient pu avoir préséance sur lui dans l’ordre de succession se soient mis hors jeu…

Un détail important pour une intégration. JFL a dix ans de moins que Madame Marois. Il n’est pas déraisonnable de penser qu’il pourrait jouer un rôle de premier plan auprès d’elle et attendre son tour sans lui porter ombrage, comme il a toujours joué avec discrétion et loyauté le rôle de Pere Joseph des leaders qui ont fait appel à lui et à qui il n’a jamais disputé le feu des projecteurs.

Je souhaite bonne chance à Jean François Lisée. J’avais déjà fait mon deuil du Parti Québécois, mais un Parti n’est jamais moins que la somme des ressources qui y collaborent. Un PQ avec Lisée m’apparaît plus stimulant. Plus crédible. De loin le meilleur des choix qui nous sont offerts.

https://nouvellesociete.wordpress.com/2009/06/26/le-parti-quebecois-arretons-les-frais/

Pierre JC Allard

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